Cécile Blatrix

Professeur
Science politique.
Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement (AgroParisTech)

Centre Européen de Sociologie et de Science Politique
  • THESE

    La "démocratie participative", de mai 68 aux mobilisations anti-TGV. Processus de consolidation d'institutions sociales émergentes., soutenue en 2000 à Paris 1 sous la direction de Daniel Gaxie et Daniel Gaxie, membres du jury : Bastien François, Pierre Lascoumes, Erik Neveu et Pierre Muller   

  • Cécile Blatrix, Raphaël Brett, Aude Farinetti, Nathalie Frascaria Lacoste (dir.), L'évaluation environnementale face à l'impératif écologique: actes du colloque annuel 2022 de la Société Française pour le droit de l'Environnement organisé par la SFDE Île-de-France en partenariat avec PEGASE - programme ITTECOP, les 20 et 21 octobre 2022, à Sceaux , Société française pour le droit de l'environnement, 2024, 323 p. 

    Cécile Blatrix, Annie Bartoli, Le grand livre du management public: sens et performance, modernisation et évaluation, défis et logiques d'action, 5e éd., Dunod et Cairn, 2023, 389 p.  

    Cet ouvrage de référence analyse les démarches de management conçues et mises en oeuvre pour répondre aux spécificités sociales, organisationnelles et culturelles de la sphère publique. Cette 5e édition entièrement remaniée et enrichie intègre désormais les préoccupations et processus les plus récents du management public comme ceux liés aux transformations digitales, aux enjeux écologiques et sanitaires, aux nécessaires évolutions organisationnelles, au rôle des citoyens dans l'action publique, ou à la mise en oeuvre et à l'évaluation des politiques publiques. À la fois théorique et pratique, ce livre intéressera les acteurs, élus, et dirigeants des organisations publiques, ainsi que les chercheurs et les étudiants. Ce que vous allez apprendre // Comprendre les évolutions de la sphère publique en matière de modes de gestion et de gouvernance, de management par le sens, de performance et de logiques d'action. // Décrypter les questions, controverses et enjeux actuels du management public. // Identifier les conceptions et pratiques mises en oeuvre dans le secteur public pour faire face aux nouveaux défis sociétaux. Ouvrage labellisé par la FNEGE (Fondation Nationale pour l'Enseignement de la Gestion des Entreprises) en 2016

    Cécile Blatrix, Nathalie Frascaria-Lacoste, Hélène Barbé, Pierre Chassé, Jane Lecomte [et alii], Incarner l'écologie : s'ouvrir aux mondes vivants, Les Liens qui Libèrent, 2022, Petits manuels de la grande transition, 135 p. 

    Cécile Blatrix, Frédéric Edel, Philippe Ledenvic (dir.), L'action publique au défi de l'urgence écologique, Université Paris et ENA, 2021, 521 p. 

    Cécile Blatrix, Jacques Méry (dir.), LA CONCERTATION EST-ELLE RENTABLE ?: environnement, conflits et participation du public, Éditions Quae, 2019, Matière à débattre et décider, 234 p.   

    Cécile Blatrix, Jacques Mery (dir.), La concertation est-elle rentable ?: environnement, conflits et participation du public, Éditions Quae, 2019, Matière à débattre et à décider  

    Le site de l'éditeur indique : "À quoi sert la concertation? Mérite-t-elle le temps, l'énergie et les budgets qui y sont consacrés? Que peut-on, ou ne peut-on pas en attendre? À l'inverse, à quoi s'expose-t-on faute de concertation? En interrogeant les coûts et, symétriquement, les « bénéfices » de la concertation, cet ouvrage aborde un sujet peu exploré dans la littérature pourtant aujourd'hui surabondante consacrée à la concertation. L'ouvrage présente des contributions de scientifiques issus de différentes disciplines (économie, droit, science politique, sociologie, géographie…) et confronte des études de cas dans le secteur des déchets mais aussi de l'aménagement, de l'eau et de l'assainissement."

    Cécile Blatrix, Laurent Gervereau (dir.), Tout Vert ! Le grand tournant de l'écologie 1969-1975 : le grand tournant de l'écologie 1969-1975, Musée du Vivant - AgroParisTech, 2016, 242 p.   

    Cécile Blatrix, Cléo Lossouarn, Vasudha Pangare, Sun Fenghua, Emilio J. Lentini [et alii], Eau, Mégapoles et Changement global: Portraits de 15 villes emblématiques du monde, UNESCO & ARCEAU-IdF, 2016   

    Cécile Blatrix, Cléo Lossouarn, Vasudha Pangare, Sun Fenghua, Emilio J. Lentini [et alii], Water, Megacities and Global Change: Portraits of 15 Emblematic Cities of the World, UNESCO & ARCEAU-IdF, 2016   

    Cécile Blatrix, Cléo Lossouarn, Vasudha Pangare, Sun Fenghua, Emilio J. Lentini [et alii], Agua, Megaciudades y Cambio Climatico: Retrato de 15 ciudades emblemáticas del mundo, UNESCO & ARCEAU-IdF, 2016   

    Cécile Blatrix, Annie Bartoli, Management dans les organisations publiques : défis et logiques d'action, 4e éd., Dunod, 2015, Stratégies et management, 384 p. 

    Cécile Blatrix, Annie Bartoli (dir.), L'action publique en crise(s)? , Lavoisier, 2012, 277 p. 

    Cécile Blatrix, LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE, DE MAI 68 AUX MOBILISATIONS ANTI-TGV: PROCESSUS DE CONSOLIDATION D'INSTITUTIONS SOCIALES EMERGENTES,, 2012    

    QU'EST-CE QUE LA > ? CETTE NOTION DANS L'AIR DU TEMPS, ESTELLE REDUCTIBLE A DE SIMPLES DISCOURS, A UNE POLITIQUE SYMBOLIQUE ? OU FAUT-IL Y VOIR UNE TRANSFORMATION EN PROFONDEUR DES RELATIONS ENTRE GOUVERNANTS ET GOUVERNES ? LA > RENVOIE AUSSI BIEN A DES REPRESENTATIONS DIFFUSES, QU'A DES PROCEDURES ET DES INITIATIVES QUI SE MULTIPLIENT DANS LESDOMAINES LES PLUS VARIES ET SOUS LES FORMES LES PLUS DIVERSES : ENQUETES PUBLIQUES, REFERENDUMS LOCAUX, CONSEILS MUNICIPAUX ASSOCIES, DEBATS BIANCO, COMMISSION NATIONALE DU DEBAT PUBLIC... ANALYSER LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE, C'EST ABORDER UN ENSEMBLE COMPLEXE D'INSTITUTIONS SOCIALES D'INEGALE IMPORTANCE, RENVOYANT A DES ACTEURS ET DES SECTEURS SOCIAUX DISTINCTS. L'EMERGENCE DE CE THEME A L'ISSUE DES EVENEMENTS DE MAI 68 ET SON ESSOR DANS LES ANNEES QUATRE-VINGT RENVOIENT A DES PHENOMENES CONCOMITANTS, CUMULATIFS MAIS NON CONCERTES. LE CARACTERE INSAISISSABLE DE CETTE NOTION, QU'IL EST IMPOSSIBLE DE CERNER TOUTE ENTIERE, EST POUR PARTIE AU PRINCIPE DE SON RENFORCEMENT. LA CONSOLIDATION DE LA > SE FAIT TOUTEFOIS AVEC UN INEGAL SUCCES SELON LES SECTEURS ET LES CONTEXTES CONSIDERES. AINSI TOUT SEMBLE CONCOURIR A CE QUE LA THEMATIQUE DE LA > ET CELLE DE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT S'ETAYENT MUTUELLEMENT. DANS QUELLE MESURE L'EXISTENCE DE PROCEDURES PARTICIPATIVES AFFECTE-T-ELLE L'ACTION PUBLIQUE ET L'ACTION COLLECTIVE ? COMMENT LA > EST-ELLE TRAVAILLEE EN RETOUR PAR LE FONCTIONNEMENT DE CES PROCEDURES ? L'ANALYSE DE LA PRATIQUE D'UN DEBAT PUBLIC AUTOUR D'UN PROJET DE TGV PERMET DE MONTRER COMMENT LES PROCEDURES PARTICIPATIVES PEUVENT FAVORISER, VOIRE SUSCITER, DES DEMANDES NOUVELLES DE PARTICIPATION, CONTRIBUANT AINSI A LA CONSTRUCTION D'UN >, ET A LA CONSOLIDATION DE LA >.

    Cécile Blatrix, Loïc Blondiaux, Jean-Michel Fourniau, Rémi Lefevre, Martine Legris Revel, Bertrand Hériard Dubreuil (dir.), Le débat public: une expérience française de démocratie participative, Cairn et La Découverte, 2010, Recherches  

    Le modèle de débat public qu’incarne la Commission nationale de débat public (CNDP) suscite autant d’espoirs que de critiques. Depuis la loi Barnier de 1995, qui en a posé les fondements, jusqu’aux débats organisés en 2006 sur l’EPR, ITER ou la gestion des déchets nucléaires, cette forme de concertation nouvelle des citoyens sur les projets qui les regardent s’est imposée comme un terrain d’expérimentation privilégié des transformations de la démocratie contemporaine. Cet ouvrage collectif dresse un bilan de cette expérience de démocratie participative unique en Europe. Dans quelle mesure conduit-elle à ancrer dans l’action publique le droit à la « participation du public aux processus décisionnels » ouvert par la Convention d’Ärhus et la Charte de l’environnement ? Une trentaine de chercheurs de toutes provenances (science politique, sociologie, sciences de l’information et la communication, droit, aménagement…) partagent ici leurs analyses autour de l’objet politique encore mal identifié qu’est le débat public et sur les effets réels de l’intervention de la CNDP dans l’élaboration des grands projets d’aménagement

    Cécile Blatrix, Martine Legris Revel, Loïc Blondiaux, Jean-Michel Fourniau, Bertrand Hériard Dubreuil, Rémi Lefebvre (dir.), Le débat public, La Découverte, 2007, Recherches, 412 p. 

    Cécile Blatrix, José-Frédéric Deroubaix, Arthur Jobert, Évaluer, débattre ou négocier l'utilité publique ?: mémoire des acteurs et interactions des projets, INRETS, 2001, Rapport de recherche, 230 p. 

    Cécile Blatrix, Des enquêtes publiques sans public?: quand les enquêtes publiques trouvent un public ..., l'auteur, 1994, 144 p. 

  • Cécile Blatrix, Cyril Fiorini, Jacques Méry, « Monétariser les externalités de gouvernance dans la gestion des déchets », in Cécile Blatrix, Jacques Méry (dir.), La concertation est-elle rentable ?, Quae, 2019, pp. 77-95 

    Cécile Blatrix, C. Blatrix, Gérard Monédiaire, Marguerite Prieur, Sandrine Rui, « Soumettre au public l'activité réglementaire en matière d'environnement : exigence démocratique, nécessité juridique et difficultés pratiques », in Laurent Mermet, Denis Salles (dir.) (dir.), Environnement : la concertation apprivoisée, contestée, dépassée ?, De Boeck, 2015, pp. 169-186 

    Cécile Blatrix, E. Malbrand, C. Blatrix, José-Frédéric Deroubaix, « Cadrages, recadrages et hors champ du débat public : le cas de l'assainissement en Ile-de-France », in F. De Coninck;J. F. Deroubaix (dir.), Ville éphémère, ville durable, Nouveaux usages, nouveaux pouvoirs., L'OEil d'Or, 2008, pp. 41-58 

  • Cécile Blatrix, Lola Guillot, « Alimentation, État et territoires Diffusion et reconnaissance des Projets Alimentaires Territoriaux en France (2014–2021) », Géographie, Économie, Société, 2021, n°4, pp. 437-459   

    Cécile Blatrix, Pierre Chassé, Nathalie Frascaria-Lacoste, « Determining the location of protected areas in France: Does “scientific interest” matter? », Perspectives in Ecology and Conservation, 2021, n°3, pp. 379-386   

    Cécile Blatrix, Hélène Barbé, Caroline Vincent, Nathalie Frascaria-Lacoste, « Une science de la rencontre. L’écologie scientifique au service de formations interdisciplinaires », Annales des mines - Série Responsabilité et environnement, 2021, n°101, pp. 37-40   

    Cécile Blatrix, Pierre Chassé, « Des vents contraires : retour sur dix ans de recomposition du paysage institutionnel de la protection de la nature », Revue française d’administration publique, 2021, n°3, pp. 571-587   

    Cécile Blatrix, Frédéric Edel, Philippe Ledenvic, « L’action publique au défi de l’urgence écologique », Revue française d’administration publique, 2021, n°179 

    Cécile Blatrix, Pierre Chassé, Nathalie Frascaria-Lacoste, « What is wrong between ecological science and policy? », Ecology Letters, 2020, n°12, pp. 1736-1738   

    Cécile Blatrix, « Moderniser un droit moderne ? Origines et significations de la simplification de l’action publique environnementale », Revue française d’administration publique, 2016, n°1, pp. 67-82 

    Cécile Blatrix, Jean-Pierre Tabuchi, Bruno Tassin, « Grand Paris : Eau et Changement Global », TSM. Techniques Sciences Méthodes – Génie urbain, génie rural, 2016   

    Cécile Blatrix, Annie Bartoli, « Des sciences modestes de l’action publique ? Politiques et management publics face à la crise », 2012  

    Introduction « À chaque endroit, quelqu’un comptait sur quelqu’un d’autre, et chacun pensait qu’il faisait ce qu’il fallait faire . Ainsi s’exprimait en novembre 2008 un professeur de management britannique à propos de « la crise »… Le quotidien Les Échos, qui rapporte cette phrase en août 2012, titrait l’article duquel est extraite cette citation « Le grand doute de la science économique ». Le questionnement du primat de l’économie et/ou de la science économique était au cœur de l’appel à co...

    Cécile Blatrix, « Des sciences de la participation. Paysage participatif et marché des biens savants en France  », Quaderni, 2012, n°79, pp. 59-80 

    Cécile Blatrix, Annie Bartoli, « Des sciences modestes de l’action publique ? Politiques et management publics face à la crise », Politiques et Management public, 2012, n°3, pp. 289-304 

    Cécile Blatrix, « Devoir débattre. Les effets de l'institutionnalisation de la participation sur les formes de l'action collective », 2002, pp. 79-102    

    Devoir débattre. Les effets de l'institutionnalisation de la participation sur les formes de l'action collectiveCécile Blatrix Cet article s'appuie sur l'analyse du cas d'un grand projet d'infrastructure pour montrer que l'institutionnalisation des procédures de débat public a des effets ambivalents sur l'activité de protestation. Présenté comme public et pourtant borné par toute une série de facteurs à un nombre limité de participants, le débat peut donc paraître un instrument de légitimation du projet et de neutralisation de la contestation, ainsi détournée de modes d'action plus directs. Cependant les effets de l'institutionnalisation de la délibération sur l'activité de contestation sont beaucoup plus complexes et contrastés. Pour les opposants, le débat est un lieu certes incontournable mais non exclusif de la contestation, qui n'exclut pas le recours à des formes d'action moins conventionnelles. Même si les effets sur la décision des avis exprimés à l'occasion de ces débats restent problématiques, ils permettent de rendre certaines options alternatives visibles et plus crédibles.

    Cécile Blatrix, M. Paoletti, La démocratie locale et le référendum, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1997, pp. 155-160    

    Blatrix Cécile. M. Paoletti, La démocratie locale et le référendum. In: Politix, vol. 10, n°38, Deuxième trimestre 1997. L'institution des rôles politiques, sous la direction de Brigitte Gaïti et Frédéric Sawicki. pp. 155-160.

  • Cécile Blatrix, Gérard Monédiaire, Michel Prieur, Fabien Reix, Sandrine Rui, [La] participation du public à l'élaboration des textes réglementaires nationaux en matière d'environnement en France et à l'étranger. Exigence démocratique, nécessité juridique, 2013 

  • Cécile Blatrix, « L’évaluation environnementale face à l’impératif écologique », le 20 octobre 2022  

    Colloque annuel de la SFDE en partenariat avec PEGASE – programme ITTECOP

    Cécile Blatrix, Nathalie Frascaria-Lacoste, « Is ecology science used at its full potential? », 2022 IENE International Conference "Connecting people, Connecting Landscapes ", Cluj-Napoca Romania (RO), le 19 septembre 2022   

    Cécile Blatrix, « Débat public : Acteurs, structuration, ressources », le 16 mai 2019  

    Organisé par le laboratoire Sage et Sciences Po Strasbourg sous la direction de Philippe Juhem & Francisco Roa Bastos

    Cécile Blatrix, « Contestations, résistances et négociations environnementales à l’échelle locale dans les sociétés industrialisées », le 08 décembre 2016  

    Organisé par Anne-Claude Ambroise-Rendu, CRIHAM, Univ. de Limoges ; Émilie Chevalier, CRIDEAU, Univ. de Limoges ; Antoine Gatet, CRIDEAU, Univ. de Limoges ; Anna Trespeuch-Berthelot, CRIHAM, Univ. de Limoges et Alexis Vrignon, CRIHAM, Univ. de Limoges.

    Cécile Blatrix, Michel Nakhla, « Innovative forms of water governance: “new public regies” and the turn from a market management to egalitarian management of a common good », International conference on water, megacities and global change. Conférence internationale Eau, mégapoles et changement global , Paris, le 01 décembre 2015 

    Cécile Blatrix, José-Frédéric Deroubaix, C. Blatrix, E. Malbrand, « Peut-on discuter de l'assainissement en région parisienne? Retour sur une expérience originale de débat public participatif sur l'eau », Les usages de la procédure de débat public dans la planification de l'assainissement en Île-de-France, Créteil, le 01 janvier 2008 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Noé Duprat-lassus, Agir pour durer et durer pour agir , thèse en cours depuis 2024 en co-direction avec Marrel Guillaume  

    La crise écologique globale amène à repenser l'action publique et politique et ses temporalités. L'ajustement des politiques publiques doit être effectué dans des délais très courts pour préserver l'habitabilité de la planète. L'action publique doit par ailleurs intégrer le très long terme (climatique, écosystémique et géochimique) dans sa mise en place et ses bénéfices quantifiables. Ces nouvelles temporalités bouleversent le pilotage de l'action publique par les collectivités territoriales et plus précisément celles et ceux qui la rythment et qui décident dans les démocraties pluralistes : les représentant·e·s élu·e·s. Ils et elles sont désormais tenu·e·s de maîtriser à la fois le très long terme de l'habitabilité de la planète, tout en assurant à court terme leurs réélections en dépit des politiques de sobriété potentiellement impopulaires. La thèse examine cette tension croissante à partir de l'observation de plusieurs cas de gouvernement écologique de grandes villes, depuis 2020.

    Caroline Vincent, Une écologie de circonstance ? Conceptions, transformations et effets de l'évaluation environnementale en France de 1976 à aujourd'hui, thèse soutenue en 2024 à université ParisSaclay en co-direction avec Nathalie Frascaria Lacoste, membres du jury : Cécile Robert (Rapp.), Damien Marage (Rapp.), Luc Abbadie, Sylvie Vanpeene-Bruhier et Renaud Epstein  

    Instituée en 1976, en France, par la loi relative à la protection de la nature, l'évaluation environnementale renouvelle les modalités de préservation de l'environnement. En transformant les frontières de l'action publique dans ce domaine - des aires protégées aux projets d'aménagement -, ce dispositif à vocation à pénétrer et d'influencer les processus décisionnels relatifs à l'aménagement du territoire. Par son intervention sur la conception, l'information et la décision, l'évaluation environnementale vise à intégrer l'environnement dans l'élaboration d'un projet, ou d'un document de planification, et ce dès les phases amont de réflexions. Cependant, face au contexte d'incertitudes et de crise écologique globale, il est légitime de se demander, après presque un demi-siècle d'existence, si cette procédure a effectivement permis une meilleure intégration des enjeux environnementaux dans l'aménagement du territoire, ou si elle a, pour reprendre la formule de Serge Hébrard en 1982, servi « davantage la cause des aménageurs que celle des protecteurs de l'environnement ».L'objectif premier de cette recherche a donc consisté à questionner le rôle joué, aujourd'hui, par l'évaluation environnementale pour la préservation de l'environnement. Pour ce faire, notre réflexion s'est premièrement basée sur l'analyse de l'évolution du contenu écologique des études d'impact depuis 1976. En étudiant l'expertise scientifique en écologie mobilisée, nous avons ainsi pu identifier les manières dont les modalités de gestion des problématiques environnementales ont évolué dans le cadre de l'aménagement du territoire. Ces résultats ont mis en évidence l'existence de différent.es rapports de force et routines qui structurent les processus de production de ces études d'impact, et dont l'analyse a permis d'étudier, sous un angle nouveau, l'action publique environnementale et la construction de l'intérêt général. L'étude de l'évolution des connaissances écologiques mobilisées dans ces « expertises scientifiques circonstanciées » (Naim-Gesbert 2015) reflète plus largement l'évolution du « discours expertal » (Robert 2008) de la gestion des crises écologiques. Ce discours est caractérisé, pour le cas des études d'impact, à la fois, par une invisibilisation de certaines conséquences écologiques, mais aussi par une potentielle prise en compte plus vraisemblable des enjeux environnementaux dans l'aménagement du territoire. La mise en évidence d'une très grande diversité de processus à l'œuvre au cours de l'élaboration des études d'impact, et plus largement des processus décisionnels relatifs à l'élaboration des projets, nous a permis de discuter des limites de ce processus pédagogique du fait des exigences paradoxales qui le définissent, tout en soulignant les possibilités offertes par certains de ses leviers pour renouveler la conception de l'aménagement du territoire et la prise en compte de l'environnement. Ce travail interdisciplinaire est basé sur l'usage d'une méthodologie qualitative, qui s'est appuyée sur divers matériaux : un travail sur archives composées d'études d'impact anciennes et contemporaines, analysées via un guide d'évaluation de la qualité écologique spécifiquement conçu ; mais aussi un terrain, des archives et des entretiens permettant l'étude historique approfondie des processus décisionnels relatifs à l'élaboration de projets.

    Pierre Chassé, Des conseillers pour protéger la nature : Analyse socio-historique de la constitution et de l'évolution de l'action publique en matière de protection de la nature, thèse soutenue en 2021 à université ParisSaclay sous la direction de Nathalie Frascaria Lacoste, membres du jury : Gabrielle Bouleau (Rapp.), François Sarrazin (Rapp.), Isabelle Mauz et Patrick Hassenteufel  

    Parmi les principales évolutions de la protection de la nature en France, un certain nombre d’auteurs identifient l’émergence des politiques publiques de conservation de la biodiversité dans les années 1990 comme une véritable rupture dans les modalités d’action publique en la matière. Les effets induits par les réformes entamées depuis cette décennie furent interprétés aussi bien comme une technicisation voire une néo-managérialisation du vivant que comme l’avènement d’une approche plus dynamique et intégrée des anciennes politiques de protection de la nature. A travers une analyse sur le temps long, nous souhaitions réinterroger la nature et l’ampleur des changements qui se sont opérés au fil du temps sur cette politique publique.Depuis le XXème siècle et jusqu’à aujourd’hui, de nombreux textes nationaux et européens se sont succédés pour créer des dispositifs visant à prendre en charge le problème de protection de la nature. Ces instruments sont l’aboutissement de revendications portées par un certain nombre d’acteurs et reflètent les préoccupations et cadrages particuliers de chaque époque pour la protection de la nature. Nous souhaitions nous focaliser sur les revendications, modalités d’action et stratégies d’un groupe d’acteurs en particulier, celui des scientifique et experts naturalistes.Déjà en germe depuis la fin du XIXème siècle, la prise en charge par les pouvoirs publics de la dimension biologique de la protection de la nature s’institutionnalise à partir de 1946 avec la création du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN). La thèse s’intéresse à la genèse de cette instance consultative encore peu étudiée, et qui fut chargée de proposer une législation et de mettre en œuvre une politique de création de parcs nationaux et de réserves naturelles.L’analyse de son activité et des acteurs qui l’ont portée fournit de nouveaux éclairages sur l’institutionnalisation du problème de protection de la nature mais aussi sur les évolutions plus récentes de la politique publique de conservation de la biodiversité.L’étude de la manière dont le CNPN s’est saisi de cette question et de ses missions est d’autant plus intéressante que l’historiographie classique fait bien souvent commencer les préoccupations environnementales au début des années 1960. Témoin précoce de certaines préoccupations environnementales, ce conseil, composé en grande partie d’experts naturalistes, constitue une institution clé pour comprendre le rôle croissant des connaissances scientifiques dans la conduite de l’action publique en matière de protection de la nature.L’analyse de l’émergence et de la consolidation de cette institution permet également de saisir sur le temps long les conditions d’élaboration et de mise en œuvre du dispositif des « réserves naturelles » dont la création constitue la mission centrale du CNPN. L’étude de l’activité du conseil en la matière nous a permis de suivre l’évolution des rationalités qui fondent la protection des milieux naturels.L’analyse combinée de l’évolution des connaissances et idées, du paysage institutionnel, et des instruments déployés, permet ainsi de contribuer aux débats sur la place de l’expertise dans l’action publique ; elle donne un éclairage nouveau quant à la réalité des changements induits par le concept de biodiversité.En mobilisant les concepts de l’écologie et les outils méthodologiques de la sociologie des problèmes publics et de l’étude des sciences et des techniques, la thèse mobilise une approche interdisciplinaire qui permet d’identifier, pour chacune des grandes périodes analysées, la diversité des cadrages existants sur le problème, les solutions qui lui sont associées et les différentes ressources à disposition des acteurs pour imposer et mettre en œuvre leur vision de la politique publique de protection de la nature.

    Noé Gérardin, Vers une centralité de la Région ? Émergence et affirmation du rôle de la Région Île-de-France en matière climat-air-énergie, thèse soutenue en 2018 à Université ParisSaclay ComUE, membres du jury : Romain Pasquier (Rapp.), Raphaël Romi (Rapp.), Patrick Hassenteufel et Florence Jamay  

    La « montée en puissance des Régions » semble aujourd’hui une évidence dans nombre de travaux universitaires, en France comme à l’étranger. Dans quelle mesure l’apparition de nouveaux enjeux comme l’environnement participe-t-elle à ce mouvement ? Cette montée en puissance s’observe-t-elle dans le domaine des politiques climatiques, énergétiques et de qualité de l’air en France ? Si tel est le cas, comment se traduit-elle ? Pour répondre à ces questions, la présente thèse étudie les évolutions du rôle de la Région Île-de-France en matière de politiques énergétiques, climatiques et de qualité de l’air des années 1990 à aujourd’hui. Il est mis en lumière un mouvement de montée en puissance de cette Région sur les questions climat-air-énergie, processus qui se traduit par une place de plus en plus centrale de cette collectivité dans le système d’acteurs intervenant en la matière. Le constat de ce « gain de centralité » de la Région Île-de-France a été permis par une combinaison d’approches relevant du droit et de la science politique. Croiser les apports de ces disciplines a contribué à appréhender à la fois les acteurs en présence, leurs relations, leurs compétences, les contraintes et ressources dont ils disposent, et les usages faits de ces dernières. Sont explorés dans cette thèse les compétences de la Région Île-de-France, ses moyens financiers et humains, son positionnement vis-à-vis des autres acteurs franciliens et son usage des normes juridiques. Deux outils des politiques climat-air-énergie régionales apparaissent comme essentiels dans le positionnement central de la Région : le schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE), d’une part, présenté comme le vecteur d’une approche intégrée, et le chef de filât des Régions en matière de climat, d’air et d’énergie, d’autre part. La logique qui préside à ses outils et les usages qui en sont faits permettent d’avancer l’idée d’une Région Île-de-France de plus en plus au centre du jeu sur les enjeux de climat, d’air et d’énergie.

    Thais Mere Marques Aveiro, Une analyse du programme Capes-Cofecub entre la coordination pour le perfectionnement du personnel de l’Enseignement Supérieur et le Comité Français d’Evaluation de la Coopération Universitaire et Scientifique avec le Brésil, un outil de coopération internationale, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité en co-direction avec Pierre Jaisson, membres du jury : Ricardo Wahrendorff Caldas (Rapp.), Marco Antonio Rodrigues Dias (Rapp.), Jean-Marc Siroën (Rapp.), Salah Mejri, Leila Chalub Martins et Julie Schmied  

    L'objet de cette recherche est l'analyse du programme CAPES-COFECUB en tant qu’outil decoopération internationale au service du processus d'internationalisation des universités etinstituts de recherche. Nous aborderons des sujets tels que le système brésilien de science,technologie et d’innovation et la performance de la CAPES à l’intérieur de ce système. Nousaborderons également la mise en place du programme CAPES-COFECUB dans le cadre desrelations traditionnelles franco-brésiliennes, ses caractéristiques et résultats. Nous retraceronsl’historique du partenariat depuis 1978, date de la signature de l'Accord Cadre de CoopérationInteruniversitaire entre les gouvernements brésilien et français jusqu’à nos jours. Ainsi, nousnous intéresserons à l'évolution de cette initiative tout au long de ses plus de 35 annéesd’existence. De la tutelle scientifique à la symétrie de la coopération, le programme a toujoursmaintenu son objectif de soutien au développement des ressources humaines de haut niveau,visant aujourd'hui l'excellence des projets financés. En général, nous constatons que leprogramme favorise la recherche commune, rend possible la circulation des chercheurs etétudiants, soutient activement la formation de réseaux évitant l’endogénie et entraîne une plusgrande internationalisation des institutions. En outre, les projets financés reflètent, dans unelarge mesure, les demandes de financement. Les projets soutenus se concentrentmajoritairement dans le sud-est et le sud du Brésil, les domaines où nous trouvons le plus desoumission de projets sont ceux des sciences exactes et des sciences de la Terre,principalement portés par l’Université de Sao Paulo. En général, les responsables de projetssont des chercheurs hommes ayant des bourses de productivité et ayant comme principal canalde communication de la recherche conjointe, la publication dans les revues internationales.Dans la poursuite de l'excellence, le programme rempli ses objectifs. Cependant, cepartenariat présente un certain nombre de défis : l’accueil d’un plus grand nombred’établissements d'enseignement supérieur, une présence plus grande de femmes dans ladirection de recherches mais aussi plus de présence des institutions au niveau del’accompagnement et du soutien aux partenariats, entraînant ainsi plus d'impact et unemultiplication de résultats pour ses mêmes institutions. Ainsi, les agences gouvernementalesne peuvent s’abstenir d’une grande enquête sur les résultats du programme CAPESCOFECUB.Dans les modèles de coopération, aussi bien de la CAPES que du COFECUB, ilest nécessaire une mise au point périodique de leur partenariat pour une plus grande efficacitéde sa conduite. Par ailleurs, son orientation affecte également la direction d’autresprogrammes de coopération des partenaires en question. Ainsi, l'analyse du comportement etdes résultats du programme CAPES-COFECUB peut aider les agences gouvernementalesdans le processus de prise de décision, de financement et de conduite de projets, tout enprenant en compte les objectifs et les politiques scientifiques des pays concernés.

    Patrice Diatta, Du gouvernement des banlieues à l’émergence des périphéries dans la gouvernance urbaine mondiale ?. Mises en récits du global et singularités des champs politiques nationaux. : Mises en récits du global et singularités des champs politiques nationaux, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Alain Faure (Rapp.), Gilles Massardier (Rapp.), Johanna Siméant-Germanos, Maurice Engueleguele, Catherine Laurent et Antoine Pécoud    

    Face aux crises sociales, écologiques et politiques liées au processus d’urbanisation, on assiste au développement d’une sorte de consensus international autour de la « démocratie participative » comme une des meilleures pratiques (best practices) de gestion politique pour relever les défis. L’objet de cette thèse consiste à convoquer à la fois la sociologie des réseaux de politiques publiques pour voir dans quelles conditions et par quelles catégories de groupes d’acteurs se diffuse à l’échelle mondiale et locale ce principe participationniste à prétention universelle, et le courant des instruments d’action publique pour questionner l’idée d’une convergence des dispositifs participatifs conçus comme des outils stabilisés voire labellisés de gestion publique locale. C’est à ces questions que va tenter de répondre la présente recherche à partir de l’analyse de la « démocratie participative » dans trois politiques municipales de trois communes à la périphérie de grandes métropoles : Nanterre (en région parisienne), la Commune I (du District de Bamako) et Yeumbeul-Nord (dans la région de Dakar). Ces trois villes populaires sont toutes membres d’un réseau transnational d’élus locaux de périphérie — Le Réseau FALP - dont le discours politique antilibéral préconi des étropo1es plus inclusives.

  • Cyril Fiorini, La co-production des savoirs en pratiques au tournant du XXIe siècle : études de cas sur la mise en œuvre et la conduite des collaborations entre chercheurs et acteurs associatifs dans les domaines de la santé, de l'environnement et de la lutte contre la pauvreté, thèse soutenue en 2023 à Paris HESAM sous la direction de Jean-Claude Ruano-Borbalan et Bertrand Bocquet, membres du jury : Marion Carrel (Rapp.), Rigas Arvanitis (Rapp.), Jean-Louis Laville et Évelyne Lhoste  

    La régulation et la production de savoirs scientifiques en France ont été soumises à des contestations croissantes à partir du tournant des années 1970. Qu’elles proviennent du champ professionnel scientifique ou de différents mouvements sociaux externes, les critiques portées à l’encontre de pratiques scientifiques dominantes ont constitué un soubassement sur lequel s’est fondée l’émergence de formes alternatives de production de savoirs scientifiques. Caractérisées par l’implication d’acteurs « profanes » issus de la société civile non marchande, certaines de ces pratiques se sont constituées sur la base d’une collaboration étroite entre chercheurs de métier et acteurs associatifs engagés dans des processus de production de savoirs. Parmi celles-ci un ensemble de pratiques de « co-production de savoirs » conduites par ces collectifs de recherche peut être identifié sur les critères d’une mutuelle reconnaissance des savoirs détenus par les acteurs impliqués, par l’engagement le plus précoce possible des acteurs associatifs dans le processus de recherche et le caractère permanent des interactions entre ceux-ci et les chercheurs scientifiques. C’est à l’analyse de ce type de pratiques que cette thèse est consacrée. À travers trois études de cas, nous nous attachons à étudier des pratiques de co-production des savoirs conduites dans les domaines de la santé, de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté. Sont ainsi décrites des organisations et des interactions qui ont été effectivement mises en œuvre avec des ampleurs et des effets variés. Nous nous attachons à restituer plus particulièrement la conception des cadres et le rôle des acteurs tant individuels ou collectifs qui les ont rendu possibles ainsi qu’à analyser les différentes modalités de leurs mises en œuvre. En mettant en lumière les enjeux politiques et les ambitions de renouvellement démocratique des acteurs engagés dans les pratiques ici étudiées, nous cherchons aussi à interroger à travers la mise en regard de ces trois cas, la contribution des pratiques de co-production des savoirs au renforcement de la démocratie.

    Delphine Giney, De l'(in)acceptabilité à l'appropriation sociale et pratique d'un nouveau transport collectif en milieu urbain , thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Pierre Pech  

    La technologie aérienne par câble tend à s’imposer dans nos villes en tant que transport en commun. Nommément cité dans le Grenelle de l’Environnement dès 2007 comme mode de transport alternatif au tout carboné, le transport aérien par câble, qui connait déjà des développements concrets en France, se propose d’être un maillon potentiel des mobilités durables. Le succès rencontré en Amérique Latine depuis une dizaine d’années, permet aujourd’hui d’observer les impacts engendrés, tant positifs que négatifs, et les « stratégies » d’acceptabilité sociale exprimées. Le caractère innovant, en milieu urbain français, de ce type de transport a généré le besoin d’étudier les perceptions et représentations des acteurs concernés, afin d’en déduire leur niveau d’acceptabilité : il s’agit du sujet de cette thèse. Il a également semblé pertinent d’évaluer l’acceptation sociale a posteriori de ce type d’infrastructure afin d’en analyser les représentations et usages. A travers des enquêtes qualitatives et quantitatives, cette thèse se propose d’étudier trois téléphériques urbains en service, à New York, Bolzano et Medellín, ainsi que la propension à l’usage dans l’espace francilien. La mise en perspective internationale a permis, en partie, de mettre en lumière les corrélations entre les différentes installations, l’importance de l’histoire de chaque territoire et le nécessaire besoin d’implication et de reconnaissance sociale des habitants. L’analyse approfondie des représentations et des revendications intéressant ce mode, révèle de très fortes similitudes avec celles constatées sur d’autres types d’aménagements. Ceci nous a amène à nous interroger davantage sur la conception de projets urbains intégrés que sur l’objet en lui-même. Ainsi, ces travaux, menés dans le cadre de cette thèse mais également dans le cadre d’un projet de R&D conduit par le consortium I2TC, rassemblant des acteurs du monde industriel et du monde académique, proposent quelques clés pour l’accompagnement des futurs porteurs de projets dans la conception et la réalisation de projets fidèles aux représentations et aux besoins des acteurs concernés.

    Delphine Giney, De l'(in)acceptabilité à l'appropriation sociale et pratique d'un nouveau transport collectif en milieu urbain, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Pierre Pech, membres du jury : Martin Vanier (Rapp.), Marie-Christine Fourny (Rapp.), Samuel Depraz et Pierre Becquart    

    La technologie aérienne par câble tend à s’imposer dans nos villes en tant que transport en commun. Nommément cité dans le Grenelle de l’Environnement dès 2007 comme mode de transport alternatif au tout carboné, le transport aérien par câble, qui connait déjà des développements concrets en France, se propose d’être un maillon potentiel des mobilités durables. Le succès rencontré en Amérique Latine depuis une dizaine d’années, permet aujourd’hui d’observer les impacts engendrés, tant positifs que négatifs, et les « stratégies » d’acceptabilité sociale exprimées. Le caractère innovant, en milieu urbain français, de ce type de transport a généré le besoin d’étudier les perceptions et représentations des acteurs concernés, afin d’en déduire leur niveau d’acceptabilité : il s’agit du sujet de cette thèse. Il a également semblé pertinent d’évaluer l’acceptation sociale a posteriori de ce type d’infrastructure afin d’en analyser les représentations et usages. A travers des enquêtes qualitatives et quantitatives, cette thèse se propose d’étudier trois téléphériques urbains en service, à New York, Bolzano et Medellín, ainsi que la propension à l’usage dans l’espace francilien. La mise en perspective internationale a permis, en partie, de mettre en lumière les corrélations entre les différentes installations, l’importance de l’histoire de chaque territoire et le nécessaire besoin d’implication et de reconnaissance sociale des habitants. L’analyse approfondie des représentations et des revendications intéressant ce mode, révèle de très fortes similitudes avec celles constatées sur d’autres types d’aménagements. Ceci nous a amène à nous interroger davantage sur la conception de projets urbains intégrés que sur l’objet en lui-même. Ainsi, ces travaux, menés dans le cadre de cette thèse mais également dans le cadre d’un projet de R&D conduit par le consortium I2TC, rassemblant des acteurs du monde industriel et du monde académique, proposent quelques clés pour l’accompagnement des futurs porteurs de projets dans la conception et la réalisation de projets fidèles aux représentations et aux besoins des acteurs concernés.

    Carolina Milhorance de Castro, Le rôle du Sud dans la fabrique du développement : l'internationalisation des instruments des politiques publiques brésiliennes pour le secteur rural - le cas du Mozambique et des arènes multilatérales, thèse soutenue en 2016 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Jean-Jacques Gabas, membres du jury : Elsa Tulmets (Rapp.), Chris Alden (Rapp.), Marcel Bursztyn, Éric Sabourin et Tancrède Voituriez  

    La multiplication des mouvements d’exportation et d’importation des modèles de gestion sociale, politique et économique a récemment trouvé un foyer privilégié et peu exploré : celui de l’échange entre acteurs du « Sud ». L’expérience brésilienne de modernisation agricole ou de politiques sociales a attiré l’attention de la communauté internationale dans les années 2000, en manque de réponses politiques face aux défis mondiaux de « lutte contre la pauvreté ». Cet intérêt s’est accru eu égard aux efforts diplomatiques brésiliens pour intensifier la coopération, le commerce et les investissements avec les pays en développement, notamment sur le continent africain. C’est dans le but de saisir le contenu, les processus et les implications politiques de l’internationalisation des instruments des politiques publiques brésiliennes pour le secteur rural que nous réalisons cette étude. Il nous intéresse également d’appréhender de manière plus large les dynamiques de distribution de pouvoir à l’échelle internationale face à l’insertion de nouveaux acteurs et de nouveaux référentiels d’action publique, en tenant compte de la particularité historico-politique des échanges sud-sud. Nous montrerons que l’influence des acteurs brésiliens dans la production et la circulation de normes internationales en matière de développement rural a été plus effective dans le changement organisationnel et normatif au sein des institutions multilatérales telles que la FAO que dans la réorientation des instruments politiques au sein des institutions publiques des pays du Sud, dans notre cas le Mozambique. Cette conclusion repose sur l’idée selon laquelle l’internationalisation d’instruments d’action publique fait l’objet d’un processus politique impliquant des réseaux d’acteurs à de multiples niveaux. Nous identifions trois ordres de facteurs influençant les résultats des interactions entre les acteurs brésiliens et les « récepteurs » des normes au niveau multilatéral aussi bien que national : i) les stratégies d’acteurs impliquant la redistribution des ressources politiques ; ii) le changement du cadre cognitif de la coalition dominante ; et/ou iii) l’altération du contexte intérieur ou extérieur au système politique (structure d’opportunité). Ces étapes devraient nous permettre de mieux saisir les enjeux de la transformation de l’État dans un contexte de mondialisation et de consolidation de nouvelles recettes mondiales de solutions publiques.

    Mathilde Szuba, Gouverner dans un monde fini : des limites globales au rationnement individuel, sociologie environnementale du projet britannique de politique de Carte carbone (1996-2010), thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Alain Gras et Bruno Villalba, membres du jury : Michelle Dobré (Rapp.), Andrew Dobson (Rapp.), Ernest García García  

    Au cours des années 2000, les gouvernements britanniques néo-travaillistes de Tony Blair et Gordon Brown ont porté un projet de politique publique appelé «Carte carbone», consistant à instaurer des quotas individuels d’émissions pour les particuliers. Ce projet avait initialement été formulé en 1996 par des chercheurs écologistes qui, en s’inspirant des politiques de rationnement passées, ont contribué à faire émerger un nouveau référentiel d’action publique structuré par l’idée de la finitude du monde. La mise à l’agenda de ce projet par les néo-travaillistes a cependant été suivie d’un travail de réinterprétation des limites environnementales, tendant à mettre à distance l’idée de finitude pour mieux concilier la carte carbone avec le référentiel environnementaliste de la modernisation écologique. Ce travail d’interprétation s’est doublé d’un processus d’aménagement des limites environnementales, encore éloignées par la rencontre du macrosystème énergétique avec les instruments du nouveau management public. Au terme de ce processus, le report sine die de la carte carbone témoigne d’une nouvelle relégation des limites environnementales aux marges de l’action publique. L’étude sociologique de la trajectoire institutionnelle de ce projet d’action publique vise à nourrir une réflexion plus théorique sur les difficultés d’émergence d’un référentiel de la finitude au temps de la crise écologique globale. À la lumière des travaux de la sociologie environnementale, il s’agira de montrer comment les réflexions politiques sur le rationnement participent à la recherche d’autres modalités de gouvernement dans un monde fini.

    Anne-Charlotte Vaissière, Le recours au principe de compensation écologique dans les politiques publiques en faveur de la biodiversité , thèse soutenue en 2014 à Brest sous la direction de Harold Levrel et Sylvain Pioch  

    La compensation écologique, envisagée dans le respect de la séquence éviter-réduire-compenser les impacts, cherche à apporter des réponses à la crise actuelle d’érosion de la biodiversité. L’objectif de la thèse est de comprendre quels sont les enjeux organisationnels et institutionnels de la mise en œuvre du principe de compensation écologique pour les impacts sur les écosystèmes aquatiques marins et continentaux en Europe et aux Etats-Unis. La thèse mobilise le cadre théorique de l’économie néo-institutionnelle. Les organisations de type hiérarchique (compensation au cas par cas) ont pour principales limites d’avoir une efficacité écologique discutable et de ne pas permettre le suivi et le contrôle des mesures compensatoires ce qui conduit souvent à ce que la compensation ne soit pas ou peu mise en œuvre. Aux Etats-Unis, les banques de compensation consistent en une réponse anticipée et mutualisée aux dommages à l’environnement. Il s’agit d’une forme organisationnelle alternative hybride fortement régulée à mi-chemin entre la hiérarchie et le marché. Cependant, les acteurs ont des stratégies collectives et individuelles qui engendrent des négociations ayant des conséquences sur les enjeux de développement économique et de maintien des objectifs de conservation de la biodiversité. Le système des banques de compensation crée un double phénomène de redistribution des coûts de transaction et de diminution de ceux-ci mais il semble que l’évolution de l’ensemble du cadre d’application de la compensation écologique américain permet aujourd’hui une complémentarité institutionnelle entre ces deux formes organisationnelles plutôt qu’une disparition des formes hiérarchiques.

    Mathilde Soyer, Solidité de l'expertise, prudence de l'innovation : chercheurs et praticiens dans les observatoires d'hydrologie urbaine, thèse soutenue en 2014 à Paris Est sous la direction de Gilles Hubert, membres du jury : Pierre Muller (Rapp.), Rémi Barbier (Rapp.), Sylvie Barraud, José-Frédéric Deroubaix, Bernard de Gouvello et Ronan Quillien    

    Les problèmes croissants posés par la gestion de l'eau en ville ont entraîné ces dernières décennies la structuration d'une expertise en hydrologie urbaine, dont l'objectif est de résoudre les problèmes d'inondations et les dommages environnementaux provoqués par le ruissellement urbain. Cette expertise s'est appuyée sur le développement de coopérations étroites entre des scientifiques et des praticiens des collectivités territoriales, qui ont donné naissance dans les années quatre-vingt-dix, sur les territoires du Grand Lyon, de Nantes Métropole et de la région parisienne, à des formes institutionnelles inédites : les observatoires d'hydrologie urbaine. Ce travail de recherche analyse la constitution de ces dispositifs de production de connaissances en réalisant une socio-histoire de ces collaborations depuis les années soixante-dix. Celle-ci montre comment la structuration des observatoires est déterminée par leur contexte d'origine et le poids de cet héritage sur leurs logiques de fonctionnement actuelles. La trajectoire de chaque observatoire traduit à la fois une histoire singulière et l'existence de « points de passages obligés » empruntés par les trois entités. L'enquête saisit les formes d'organisation particulières des observatoires, la façon dont ils construisent leur double légitimité (dans le champ académique et en s'appuyant sur une demande sociale), l'ambiguïté de leur rapport au politique et les stratégies déployées pour asseoir leur pérennité. Nous questionnons également les modes de production de la science lorsque cette dernière participe à la construction des problèmes et à leur représentation. Cette sociologie de l'expertise est un point de départ à l'analyse des processus d'innovation à l'œuvre dans la gestion des eaux pluviales. Nous mettons en lumière le modèle d'innovation précautionneux induit par cette configuration d'acteurs, qui assigne aux observatoires un rôle d'évaluation et de régulation des pratiques dans un contexte de changement de paradigme de la gestion des eaux urbaines. Une démarche comparative permet de singulariser ce modèle : l'enquête a été élargie à deux terrains témoins « sans observatoire », Rennes Métropole et la communauté d'agglomération du Douaisis, qui présentent un modèle d'innovation plus radical et donnent à voir d'autres conceptions du changement. À travers l'exemple de la communauté scientifique et technique de l'hydrologie urbaine, nous interrogeons ce que produisent ces nouveaux modes d'intervention scientifique et la manière dont ils réorganisent les rapports entre science, technique et politique. L'altérité apportée par les terrains témoins révèle aussi d'autres façons d'envisager « l'agir dans un monde incertain » et de faire face aux risques qui marquent cette politique environnementale en construction

    Anne-Charlotte Vaissière, Le recours au principe de compensation écologique dans les politiques publiques en faveur de la biodiversité, thèse soutenue en 2014 sous la direction de Harold Levrel et Sylvain Pioch, membres du jury : Alain Karsenty (Rapp.), Michel Trommetter (Rapp.), Denis Bailly et Olivier Guyader    

    La compensation écologique, envisagée dans le respect de la séquence éviter-réduire-compenser les impacts, cherche à apporter des réponses à la crise actuelle d’érosion de la biodiversité. L’objectif de la thèse est de comprendre quels sont les enjeux organisationnels et institutionnels de la mise en œuvre du principe de compensation écologique pour les impacts sur les écosystèmes aquatiques marins et continentaux en Europe et aux Etats-Unis. La thèse mobilise le cadre théorique de l’économie néo-institutionnelle. Les organisations de type hiérarchique (compensation au cas par cas) ont pour principales limites d’avoir une efficacité écologique discutable et de ne pas permettre le suivi et le contrôle des mesures compensatoires ce qui conduit souvent à ce que la compensation ne soit pas ou peu mise en œuvre. Aux Etats-Unis, les banques de compensation consistent en une réponse anticipée et mutualisée aux dommages à l’environnement. Il s’agit d’une forme organisationnelle alternative hybride fortement régulée à mi-chemin entre la hiérarchie et le marché. Cependant, les acteurs ont des stratégies collectives et individuelles qui engendrent des négociations ayant des conséquences sur les enjeux de développement économique et de maintien des objectifs de conservation de la biodiversité. Le système des banques de compensation crée un double phénomène de redistribution des coûts de transaction et de diminution de ceux-ci mais il semble que l’évolution de l’ensemble du cadre d’application de la compensation écologique américain permet aujourd’hui une complémentarité institutionnelle entre ces deux formes organisationnelles plutôt qu’une disparition des formes hiérarchiques.

  • Jessy Bailly, Les citoyens-contrôleurs de la dette publique, en France, en Espagne et en Belgique, années 2010, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Philippe Aldrin et François Foret, membres du jury : Éric Agrikoliansky, Jean-Benoît Pilet et Magali Nonjon  

    Cette thèse porte sur la comparaison de six collectifs d’audit citoyen de la dette, en France, en Espagne et en Belgique. Mobilisés à partir de la crise de la dette en Europe, à l’aube des années 2010, les auditeurs-citoyens critiquent la manière dont les pouvoirs publics sont intervenus dans la gestion de la crise, assimilant cette dernière à une dépossession de la capacité des pouvoirs publics à agir contre les intérêts les plus lucratifs des acteurs financiers et économiques privés. Ces militants préconisent alors la mise en œuvre de mécanismes de surveillance et de contrôle des gouvernés sur les gouvernants, qui permettent autant de contrôler la forme des décisions financières (décloisonner le débat financier), que leur fond (s’assurer que les décisions publiques contribuent à l’intérêt de la majorité sociale de la population). Par l’audit, ils évaluent ainsi la qualité démocratique de leur système politique, dont l’un des critères est la capacité du gouvernement à favoriser le progrès social des administrés. Dans cette thèse, on a fait le choix d’analyser les mobilisations d’audit citoyen par le prisme de la figure du « citoyen-contrôleur », pour mettre en valeur des comportements politiques et des formes de participation politique extra-électoraux, encore insuffisamment étudiés. On est soucieux de réaliser une analyse par contrastes et par similitudes. Il s’agit de mettre en valeur ces militants essayant communément de s’imposer comme intermédiaires entre décideurs et citoyens, participant de fait à la production de l’action partisane comme de l’action publique

    Marlène Thomassian, L'activité négociatoire dans la fabrique décisionnelle d'un projet urbain de tramway : le cas de l'extension de la ligne B au nord de Bordeaux, thèse soutenue en 2020 à Rennes 1 sous la direction de Arnaud Stimec, membres du jury : Alice Le Flanchec (Rapp.), Benoît Journé, Philippe Lorino, Christian Thuderoz et Sébastien Treyer  

    L’action publique est souvent qualifiée d’opaque et d’illisible. Les décisions publiques suscitent de vives oppositions matérialisées par des conflits récents emblématiques (le projet de barrage de Sivens ou bien encore celui de l’aéroport de Notre- Dame-des-Landes). Ce travail de thèse cherche à rendre intelligible la fabrique des décisions d’un projet urbain de tramway en y questionnant la place et le rôle dévolus à la négociation comparativement à d’autres modes de traitement desinterdépendances-divergences. Plus précisément, cette recherche s’est attelée à comprendre «comment les décisions de l’extension de la ligne B (dite branche Bacalan) au nord de Bordeaux ont été façonnées et prises» en réalisant un double travail d’identification-caractérisation des moments de négociation-composition à l’œuvre dans le processus décisionnel d’un projet urbain de tramway enchâssé dans un système d’action complexe que nous avons nommé «le système de la recomposition urbaine de Bordeaux-nord à partir de la branche Bacalan». Pour ce faire, nous avons développé une grille théorique pluridisciplinaire et des outils dans une double finalité : analytique et prescriptive.

    Quentin Cardi, Les normes de la démocratie à l'épreuve de la participation citoyenne numérique institutionnalisée : une étude de l'appropriation du numérique par le politique dans le cadre des processus de participation citoyenne, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Emmanuel Picavet, membres du jury : André Lacroix (Rapp.), Stéphanie Wojcik  

    Cette thèse étudie la manière dont les institutions utilisent les procédures numériques dans leur application des processus participatifs, afin d'analyser comment cette utilisation peut résoudre certains des problèmes liés à la démocratie participative que nous nommerons « traditionnelle ». L'exemple du Budget Participatif de Paris, notamment, rend possible la mise en valeur d'une nouvelle manière de concevoir la citoyenneté (qui insiste sur le rôle direct du citoyen dans les procédures de prise de décision, voire même qui lui permet de prendre des décisions de manière autonome), la représentation (par une représentation casuelle et ponctuelle) et la délibération (qui motive le questionnement des phénomènes d'agrégation dans les processus de prise de décision collective et l'étude de la valeur attribuée à de tels phénomènes). Ce travail cherche à ouvrir la voie, d'une manière réflexive, à un éventail d'opportunités qui seraient permises par l'utilisation des outils numériques dans le contexte de la perception, par nature évolutive, des problèmes de la démocratie.

    Hélène Sirota-Chelzen, La place de la concertation dans la mise en oeuvre de projets urbains durables à travers l'exemple de l'agglomération parisienne : territoires, acteurs, représentations, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Pierre Pech, membres du jury : Martin Vanier (Rapp.), Anne Jégou et Guillaume Faburel  

    Depuis Rio 1992, la concertation est devenue une pratique politique et sociale incontournable. Elle répond à une demande des citoyens de participer au débat public, à la prise de décision, à la gestion locale et à la fabrique de la ville. La concertation, devenue réglementaire et réunissant une pluralité d'acteurs, est le lieu et le moment où se posent des enjeux de gouvernance, de gestion territoriale et de durabilité urbaine. La thèse cherche à répondre aux questions suivantes : dans quelles mesures les processus de gouvernance, mis en pratique par la concertation et issus des politiques publiques environnementales, sont-ils efficaces dans les stratégies d'aménagement territorial ? Comment mesurer les effets de ces processus ? Quels rôles ces processus jouent-ils dans l'élaboration des modes d'habiter des territoires? La méthodologie mise en œuvre s'est appuyée l'observation de réunions de concertation. Les enquêtes ont été menées dans des territoires de la Métropole du Grand Paris qui se transforme sous l'effet de la métropolisation du territoire et de l'application des principes de durabilité urbaine. L'enquête a permis de mettre en regard les représentations des habitants et celles des porteurs de projet quant à l'évaluation de la participation, aux objets qui font territoire et aux représentations spatiales. Cette confrontation des représentations souligne les dissonances et les points de rencontre entre ces catégories d'acteurs. Un autre volet de la thèse a tenté d'appréhender la motivation des habitants à la participation, leurs attentes et leurs pratiques spatiales. À l'issue de ces enquêtes, il apparaît que la «fabrique de la ville» ne peut désormais se faire sans les habitants - usagers qui veulent être informés des projets urbains et entendus par les porteurs de projet. Cependant, quand la concertation est prise au sérieux par tous les acteurs, elle tend à répondre au mieux aux principes de la durabilité urbaine.

    Vincent Baggioni, Tensions sur l'espace villageois contemporain : les mécanismes de prévention des conflits liés à l'implantation des parcs solaires en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, thèse soutenue en 2017 à AixMarseille sous la direction de Pierre Fournier, membres du jury : Philippe Hamman (Rapp.), Violaine Girard  

    Alors que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a connu des oppositions fortes à l’implantation de grandes infrastructures dans des espaces naturels au début des années 1990, le développement de parcs solaires depuis le milieu des années 2000 n’a pas suscité beaucoup de réactions conflictuelles. Pour expliquer ce contraste, l’auteur dresse un inventaire des projets et des acteurs impliqués dans la filière photovoltaïque, puis documente les processus d’élaboration de six projets particuliers en étant attentif à comment l’histoire politique de la commune, les transformations du peuplement et les expériences récentes d’aménagement du territoire viennent à être prises en compte par les acteurs impliqués dans la promotion des parcs solaires. L’analyse de ces matériaux met au jour un entrelacement de phénomènes localisés de réduction du risque conflictuel qui tiennent d’abord à la manière dont s’invente la déclinaison locale d’une politique publique nationale d’encadrement de ce secteur et aux phénomènes d’apprentissage qu’elle impose aux acteurs des entreprises solaires et des collectivités locales en quête de cadre réglementaire attractif et stable. Le fort développement des parcs solaires en PACA et la faible conflictualité qui l’accompagne expriment ainsi la façon par laquelle une injonction au développement durable vient à s’actualiser dans des territoires à faible densité de population : comme un compromis social conciliant le souci de patrimonialiser les espaces et le besoin d’équipements associés à l’expérience urbaine d’une partie de cette population.

    Mélanie Pommerieux, La construction de la participation environnementale en Afrique du Sud, thèse soutenue en 2017 à Montpellier sous la direction de Ève Fouilleux et Magalie Bourblanc, membres du jury : Rémi Barbier (Rapp.), Laura Michel  

    Depuis les années 1980, les dispositifs participatifs se sont multipliés de par le monde, sans pour autant qu’ils n’aient permis de démocratiser la vie politique. Alors que l’adoption de tels dispositifs est souvent pensée comme un impératif, en particulier pour les pays en développement et dans le domaine de l’environnement, cette thèse s’applique à expliquer la construction de la participation environnementale en Afrique du Sud, à l’aide d’une démarche visant l’identification des acteurs impliqués, l’analyse de leurs motivations et de la manière dont ils l’influencent. Notre cadre d’analyse propose d’étudier le comportement de catégories d’acteurs au travers de quatre dimensions : la compétition entre acteurs politiques ; le poids des structures administratives ; le profil des prestataires professionnalisés ; les combats des acteurs sociaux. Notre enquête s’appuie sur des entretiens semi-directifs, l’observation de réunions, la littérature grise ainsi que la collecte d’archives. Au terme de notre thèse, nous constatons un faible intérêt des acteurs politiques pour les dispositifs participatifs environnementaux en Afrique du Sud. Cela engendre un manque d’incitation à la prise en compte de la voix du public par les structures administratives, conduisant généralement à une organisation a minima de la participation du public par les consultants, qui ne permet qu’à une minorité de la population sud-africaine de s’exprimer. Des fonctionnaires qui ne sont pas soutenus par les structures administratives avec lesquelles ils devraient collaborer cherchent toutefois à les contourner en s’appuyant sur le public pour mettre en œuvre leur mandat de préservation de l’environnement. Afin de trouver une place sur le marché sud-africain de la participation dominé par des consultants environnementaux, des consultants indépendants choisissent également de se spécialiser dans la participation publique et de favoriser l’organisation de dispositifs participatifs adaptés aux contextes locaux.

  • Renaud Fine, Orienter la science en démocratie. Enquête philosophique sur la démocratisation des politiques de recherche, thèse soutenue en 2023 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Stéphanie Ruphy et Séverine Louvel, membres du jury : Vincent Guillin (Rapp.), Pierre-Benoît Joly (Rapp.), Philippe Huneman  

    L'ambition de ces travaux de thèse est la formulation d'une proposition normative concrète concernant la bonne manière d'orienter politiquement l'effort public de recherche dans une démocratie. Qui devrait décider, et comment, des orientations et priorités de l'enquête scientifique pour que son cours puisse être considéré adéquatement axé sur les idéaux démocratiques prônés par nos sociétés occidentales contemporaines ? Les réflexions composant notre tentative de réponse à cette question se structurent en trois étapes.La première vise à comprendre et décrire la situation actuelle de la gouvernance des sciences afin d'en interroger le caractère démocratique. Notre diagnostic est le suivant : si la part croissante de la recherche « sur projet », associée à la prolifération des initiatives visant à renforcer le « dialogue sciences-société », témoignent d'une réelle volonté politique d'indexer les fins de l'enquête sur les désirs des populations, une analyse critique tant des logiques gouvernant ces évolutions que des modalités de leur mise en œuvre dois nous conduire à dénoncer ce qui se présente sous les atours de la démocratisation comme relevant in fine d'une forme de rationalisation distinctement économique de l'action publique en matière de recherche, participant d'une normalisation semblant en définitive contribuer à sa progressive dépolitisation.Constatant le caractère problématique de cette situation vis-à-vis de la réalisation des aspirations démocratiques de nos sociétés, et tenant une réelle mise en politique démocratique de l'enquête scientifique pour désirable, l'enjeu principal de notre réflexion est alors d'en élaborer les principes et d'en explorer les formes pratiques envisageables à la lumière, d'une part, des contraintes épistémologiques conditionnant les points d'entrée légitimes d'une logique démocratique au sein de la dynamique de l'enquête scientifique, et d'autre part, d'une théorie philosophique susceptible de nourrir efficacement l'élaboration d'une réponse politique pertinente au problème ainsi posé.Dans la deuxième étape, nous défendons la cohérence et l'intérêt d'une approche qui replace les arguments épistémologiques de Philip Kitcher - affirmant la nécessité, en démocratie, d'inclure le peuple dans la détermination de ce qui fait sens en science - au sein de la théorie politique de John Dewey pour dessiner les contours d'une résolution pragmatiste de la tension entre exigence (démocratique) d'inclusion et (épistémique) d'expertise au sein de laquelle se trouvent inscrites les décisions de politique scientifique. Bien compris, un tel cadre philosophique donne selon nous les moyens de prescrire et de guider un changement dans les institutions de la recherche, s'appuyant sur une revitalisation de l'idée de représentation politique pour imaginer des dispositifs favorisant l'identification, l'articulation et la résolution collectives de problèmes afin de nourrir à la fois l'enquête scientifique et démocratique.Le dernier moment de notre réflexion est normatif, et consiste à suggérer un ensemble de mesures réalisables susceptibles de contribuer à l'effort de démocratisation des sciences ainsi défini et défendu. Celles-ci participent d'une approche dynamique dans laquelle la mise en démocratie de l'orientation de la recherche, le sens et les formes qu'elle prend, est avant tout fonction de la situation dans laquelle elle s'engage. Appliquant les principes pragmatistes précédemment articulés au cas particulier du système de recherche public français, nous esquissons un mode de fonctionnement alternatif permettant selon nous d'assurer, pour chaque décision définissant le cours suivi par l'enquête scientifique, une prise en charge institutionnelle plus satisfaisante sur le plan démocratique.

    Madeleine Jönsson, Political economics of gender relations in information and communication technologies in agricultural development. The case of knowledge-based platforms for farmers in Kenya, thèse soutenue en 2018 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Catherine Laurent, membres du jury : Guy Faure (Rapp.), Faïz Gallouj et George Nyaguti  

    Face à l’explosion démographique des pays à faible revenu en Afrique sub-saharienne, l’agriculture joue un rôle primordial pour garantir la sécurité alimentaire. Le secteur agricole est de plus la principale source d'emploi dans cette région. Les femmes constituent la principale main-d'œuvre agricole de ces pays. En raison de leur rôle clé dans le secteur agricole, les agricultrices sont prioritaires dans les interventions politiques. Par ailleurs, dans ces pays, le conseil agricole et le partage des connaissances sont nécessaires pour s’adapter à de nouvelles contraintes. Depuis quelques années, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont permis le développement de nouveaux outils visant à améliorer la portée et l’efficacité du conseil. Les gouvernements de ces pays sont cependant confrontés à des critiques concernant l'impact de ces outils, qui peuvent également contribuer à une fracture numérique touchant plus particulièrement les femmes qui travaillent dans les exploitations agricoles familiales.La thèse de doctorat analyse comment les outils TIC tiennent compte des rapports de genre, et de la situation des femmes qui travaillent sur l’exploitation agricole familiale. La thèse est fondée sur le cas du Kenya. Elle est focalisée sur le développement des plateformes de connaissances, un instrument TIC utilisé par le Gouvernement kenyan pour atteindre les objectifs de politiques publiques. Ce pays est emblématique car il fait l'hypothèse que les plateformes peuvent être inclusives des agricultrices.Pour cette recherche, le travail s'appuie sur trois approches d’économie institutionnelle : l’économie féministe, la théorie de la régulation, et l'économie des services. Il présente un cadre méthodologique et conceptuel, développé pour analyser l'intégration des rapports de genre dans les plateformes aux échelles macro, méso et micro.Les résultats montrent que les rapports de genre sont présentés associés à un objectif d'équité pour le Gouvernement Kenyan. L'analyse confirme que les plateformes sont considérées comme de nouveaux outils d'inclusion du système de vulgarisation du gouvernement. La typologie de plateformes développée dans ce travail montre cependant que ces instruments peuvent être une source d'inégalité. Il s'agit en particulier de l'inégalité d'accès pour les agricultrices et de services standardisés qui ne correspondent pas aux attentes de ces femmes. La conjugaison de différentes approches économiques institutionnelles a permis d'analyser comment les évolutions institutionnelles affectent l'inclusion des objectifs d’égalité des sexes dans l’intervention publique et dans le fonctionnement effectif des plateformes. Les résultats présentent des leviers d’action pouvant être pris en considération par les politiques et les concepteurs des plateformes, pour une tenir compte des rapports de genre dans ce système de vulgarisation agricole et éviter d’engendrer de nouvelles discrimination. L'analyse révèle l'importance de disposer d'un espace d'intervention publique et de coordination dans ce nouveau système de conseil agricole basé sur les TICs.

    Laurence Lemouzy, L’imaginaire dans l’action publique territoriale, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Jacques Caillosse, membres du jury : Mathieu Doat, Christian Le Bart et Luciano Vandelli  

    S’interrogeant sur leur permanence ou leur déclin. L’imaginaire se présente alors comme une ressource qui aide à « faire société ». A cette performance, le droit administratif, en particulier, n’y est pas étranger, puisqu’il donne corps à l’imaginaire par la création et l’invention de normes.Toutefois, les défaillances de la puissance publique — régulièrement dénoncées — signalent tantôt un affaiblissement, tantôt une saturation, voire même une transformation de l’imaginaire public. L’action publique apparaît comme victime de l’imaginaire, victime à la fois d’un trop plein mais aussi d’une absence d’imaginaire, les deux n’étant pas étranger à une surdétermination économique des enjeux de l’action publique territoriale. Cette tension conduit à s’interroger sur les phénomènes qui vitrifient la capacité d’imagination des acteurs publics. Alors que les collectivités territoriales sont considérées comme des prestataires de services et de droits individuels, quels symboles, quelles représentations, quelles promesses, l’action publique porte-t-elle aujourd’hui ? Quels sont les « nouveaux imaginaires politiques » possibles ? Existe-t-il des ouvertures utopiques qui permettraient de penser une action publique différente de celle que nous connaissons ? Il est ainsi question de mettre à jour les imaginaires qui innervent l’action publique. Les mettre à jour car ils empruntent des souterrains qui les rendent invisibles mais pourtant bien présents dans l’action publique territoriale d’aujourd’hui.

    Ibrahima Gassama, Du rendement soutenu à l'aménagement forestier durable : Quelle gouvernance pour le Québec ?, thèse soutenue en 2016 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Jean-Marc Douguet et Luc Bouthillier, membres du jury : Olivier Barreteau (Rapp.), Guy Chiasson (Rapp.), Juliette Rouchier et Christophe Voreux  

    Cette thèse est une exploration pour rendre opérationnel le concept d'aménagement forestier durable, en dépassant les perspectives proposées par le rendement soutenu. Dans ce cadre, la démarche n'est pas de calculer l'évolution de la production des volumes de bois pour en garantir un flux constant, mais bien la définition, par la diversité des acteurs, de la cohérence dans le développement d'une diversité d'activités forestières. Cette démarche nécessite non seulement un éclairage associé à la connaissance experte, mais aussi à la connaissance provenant des acteurs des activités forestières et des acteurs de la gouvernance pour comprendre les effets de tels développements sur le territoire. La réalité, sur le terrain montre que la préoccupation des acteurs du milieu forestier va au-delà de la préservation des volumes de bois.Ainsi, la durabilité forestière englobe d’autres valeurs et usages non ligneuses et non monétaires. Une évaluation de ces autres valeurs ne saurait se faire sans la création d’une démarche participative dont la finalité est de construire les préférences par les acteurs eux-mêmes. Ainsi, l’aménagement forestier durable devient un problème de choix social afin d’identifier les formes d’aménagement acceptables par les acteurs du territoire. Cette recherche s’attèlera à ressortir ces préférences sociétales sur le territoire pilote du Saguenay-Lac-Saint-Jean par une démarche délibérative et des outils multimédias de la médiation des connaissances.

    Raphaël Brett, La participation du public à l'élaboration des normes environnementales, thèse soutenue en 2015 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Laurent Fonbaustier, membres du jury : Agathe Van Lang (Rapp.), Fabrice Melleray (Rapp.), Stéphane Duroy, Julien Boudon et Delphine Hédary  

    L’étude de la participation du public à l’élaboration des normes environnementales contribue à l’analyse de la mutation contemporaine de l’action publique. Elle démontre plus précisément que la participation, consacrée sous la forme d’un principe juridique à destination des États et sous la forme d’un droit subjectif à destination des administrés, est appréhendée différemment, mais de manière complémentaire, par les droits international, européens et national. Tenant aussi bien au désir des pouvoirs publics de restaurer leur légitimité qu’à leur volonté d’améliorer le contenu des décisions environnementales, par nature très complexe, la participation vise le perfectionnement des modalités de détermination de l’intérêt général mais n’en change pas la nature intrinsèque. Elle redessine ainsi le fonctionnement du régime représentatif en donnant plus d’importance aux citoyens et aux groupes d’intérêts, sans pour autant faire émerger une réelle post-modernité juridique dans laquelle l’État se contenterait de n’être qu’un simple agent de régulation. Elle est en outre à l’origine d’un renouvellement des modalités de participation politique, les pouvoirs publics créant peu à peu une véritable « trame participative », qui permet au public d’influencer – encore marginalement – le contenu des décisions ayant une incidence sur l’environnement.

    Pauline Landel, Participation et verrouillage technologique dans la transition écologique en agriculture. Le cas de l'Agriculture de Conservation en France et au Brésil., thèse soutenue en 2015 à Paris AgroParisTech sous la direction de Catherine Laurent, membres du jury : Pierre Muller (Rapp.), Philippe V. Baret (Rapp.), Nathalie Jas et Chantal Derkenne  

    Les modèles techniques agricoles fondés sur l’utilisation de produits phytopharmaceutiques (pesticides) ont des impacts environnementaux et sanitaires face auxquels les pouvoirs publics affichent la volonté d’une « transition écologique ». Dans ce contexte, on s’interroge de plus en plus sur la notion de verrouillage technologique pour comprendre la persistance de ces modèles et les obstacles au développement d’alternatives techniques moins consommatrices de ces produits (Cowan, Gunby, 1996 ; Vanloqueren, Baret, 2008). Les analyses mettent en avant l’importance des dimensions cognitives pour expliquer les situations de verrouillage (influence des cadres cognitifs et normes pour l’action, dispositifs matériels d’accès aux connaissances techniques – Stassart, Jamar, 2009 ; Labarthe, 2010). Parallèlement, la « participation » est souvent invoquée comme un moyen d’améliorer la mobilisation des connaissances dans les situations de choix technologiques (Barber, 1984 ; Callon et al., 2001…).L’objectif de cette thèse est de mettre à l’épreuve cette conviction sur la participation, à partir de l’étude du cas de l’agriculture de conservation (AC) en France et au Brésil. L’AC est un modèle technologique innovant qui émerge comme « candidat » à l’agriculture durable dans le débat public, en dépit de la dépendance de certaines techniques à l’utilisation d’herbicides.Pour comprendre les effets de la participation sur la capacité des acteurs à accéder aux connaissances et à faire des choix technologiques, la thèse analyse la façon dont l’idée de participation se décline concrètement dans le régime d’accès aux connaissances en agriculture. L’évolution de la politique agricole en France et le passage d’un référentiel « modernisateur » à un « référentiel de marché » (Muller, 2000) a fait l’objet de nombreuses études, mais peu souvent menées depuis le point de vue des connaissances. Or, de profonds changements sont en cours, suite au tournant libéral des années 1990 et à la transformation du rôle de l’Etat vers la mise en œuvre d’une régulation par l’information (Majone, 1996). L’analyse de ces transformations en France révèle que l’Etat ne s’est pas doté des dispositifs institutionnels et matériels adéquats pour assurer cette fonction de régulation dans le domaine de l’agriculture et de l’utilisation des pesticides. Dans ce contexte, la participation est invoquée pour organiser de grandes consultations nationales (Grenelle de l’Environnement) visant à produire du consensus sur des sujets controversés, tandis que les moyens matériels d’accès à des connaissances adéquates pour évaluer et débattre des options technologiques font défaut dans les services de l’Etat et auprès d’autres acteurs du débat public. adéquats La participation est aussi utilisée pour renvoyer l’innovation à des dispositifs locaux « en partenariat » ou « en réseaux » associant public et privé (et notamment les firmes d’amont fournisseuses de produits phytopharmaceutiques, porteuses de conflits d’intérêt), où les moyens mutualisés pour l’accès aux connaissances manquent. L’analyse des réseaux d’action publique impliqués dans le développement de l’AC confirme cette fragmentation croissante des conditions d’accès aux connaissances, entre accumulation des ressources cognitives par les firmes, et inégalités d’accès aux connaissances entre agriculteurs développant des alternatives. Dans ce contexte, la référence à « la participation » ne permet pas de compenser ces changements structurels à l’œuvre, et masque au contraire le retrait de l’Etat d’une politique volontariste en faveur de la réduction de pesticides et la perte d’un certain nombre de ses prérogatives liées aux connaissances. La dimension comparative avec le Brésil permet de confirmer l’existence de tels effets « pervers » en termes de dépolitisation des débats sur les évolutions du régime d’accès aux connaissances.