Antoine Pécoud

Professeur
Sociologie, démographie.
UFR Droit, Sciences politiques et sociales

Institut de droit public, sciences politiques et sociales

Responsabilités administratives et scientifiques :

Responsable de la formation :
  • Antoine Pécoud, Hélène Thiollet (dir.), Research handbook on the institutions of global migration governance, Edward Elgar Publishing Limited et Proquest, 2023, Elgar handbooks in migration series (Online), 428 p. 

    Antoine Pécoud, Martin Geiger (dir.), The International Organization for Migration: the new 'UN migration agency' in critical perspective, 1e éd., Springer International Publishing, 2020, International political economy series, 316 p.  

    'This book recasts with brio the IOM's transformation. The result is impressive and thought-provoking.' -Didier Bigo, Professor of Sociology, Sciences Po Paris, France 'Rich case studies show the interplay between the IOM's soft power and its tendency to serve the will of powerful patrons. For an inside view of a process that continues to unfold, look no further than this volume.' -David Scott FitzGerald, Gildred Chair in U.S.-Mexican Relations and Co-Director, Center for Comparative Immigration Studies, University of California San Diego, USA 'A much needed and timely book. This book critically investigates the new role of the IOM as the UN agency responsible for managing people flows and borders.' -Anna Triandafyllidou, Canada Excellence Research Chair in Migration and Integration, Ryerson University Toronto, Canada 'The most up-to-date and encompassing research on the IOM. A must-read for those who are interested in migration and mobility studies, and the increasing role of the IOM in migration politics.' -Zhenjiang Zhang, Professor and Dean, School of International Studies and Academy of Overseas Chinese Studies, Jinan University Guangzhou, China In 2016, the International Organization for Migration (IOM) became part of the United Nations. With 173 member states and more than 400 field offices, the IOM-the new 'UN migration agency'-plays a key role in migration governance. The contributors in this volume provide an in-depth and comprehensive insight into the IOM, its transformation, current structure and projects, as well as its capacity, self-understanding and political agenda. Martin Geiger is Associate Professor of Politics of Human Migration and Mobility at Carleton University, Canada, Senior Research Fellow at the Center for China and Globalization in Beijing, and Corresponding Member of the Institute for Migration Research and Intercultural Studies in Osnabrueck, Germany. Antoine Pécoud is Professor of Sociology at the University of Paris 13, a Research Associate at CERI/Sciences Po, and a Fellow of the Institut des Migrations, France.

    Antoine Pécoud, Depoliticising migration: global governance and international migration narratives, Palgrave Macmillan, 2015, Mobility & politics, 146 p. 

    Antoine Pécoud, Martin Geiger (dir.), International organisations and the politics of migration, Routledge, 2015, Research in migration and ethnic relations series, 119 p. 

    Antoine Pécoud, Depoliticising migration: global governance and international migration narratives, Palgrave Macmillan, 2014, Mobility & politics 

    Antoine Pécoud, Martin Geiger (dir.), Disciplining the transnational mobility of people, Palgrave Macmillan, 2013, International Political Economy series, 259 p. 

    Antoine Pécoud, Martin Geiger (dir.), The new politics of international mobility: migration management and its discontents, IMIS, 2012, IMIS-Beiträge, 233 p. 

    Antoine Pécoud, Martin Geiger (dir.), The politics of international migration management, Palgrave Macmillan, 2012, Migration, diasporas and citizenship, 305 p. 

    Antoine Pécoud, Étienne Piguet, Paul de Guchteneire (dir.), Migration and climate change, UNESCO Pub., Melbourne et Cambridge University Press, 2011, 442 p. 

    Antoine Pécoud, Martin Geiger (dir.), The politics of international migration management, Palgrave Macmillan, 2010, Migration, minorities, and citizenship, 305 p. 

    Antoine Pécoud, Paul de Guchteneire (dir.), Migrations sans frontières: essais sur la libre circulation des personnes, UNESCO, 2009, Collection études en sciences sociales, 383 p.  

    La 4e de couverture indique : " Qu’arriverait-il si les contrôles aux frontières étaient supprimés et si les personnes pouvaient se déplacer librement à travers le monde ? Le scénario « Migrations sans frontières » – parfois appelé « frontières ouvertes » – est de plus en plus étudié par les universitaires, les ONG et les politiques. Dans un monde globalisé, où les flux migratoires semblent échapper aux efforts de régulation des États, ce scénario est une idée hautement stimulante qui encourage une mise à plat des politiques et des pratiques actuelles de migration et qui soulève la question du droit à la mobilité. Rassemblant les approches régionales de spécialistes des cinq continents, ce livre explore les différents aspects du scénario « Migrations sans frontières », soulignant ses forces et ses faiblesses, et examine les convergences et les contradictions entre les différents points de vue sur la question."

    Antoine Pécoud, Paul de Guchteneire (dir.), Migracion sin fronteras: Ensayos Sobre La Libre Circulacion De Las Personas, United Nations Educational, 2009, Estudios en ciencias sociales, 377 p. 

    Antoine Pécoud, Ryszard Cholewinski, Paul de Guchteneire (dir.), Migration and human rights: the United Nations Convention on Migrant Workers' Rights, UNESCO Publishing et Cambridge University Press, 2009, 452 p. 

    Antoine Pécoud, Paul de Guchteneire (dir.), La convention des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants: enjeux et perspectives, Cité nationale de l'histoire de l'immigration, 2008, 173 p. 

    Antoine Pécoud, Paul de Guchteneire (dir.), Migration without borders: essays on the free movement of people, Berghahn et UNESCO, 2007, Social science studies series, 294 p. 

  • Antoine Pécoud, Charles Heller, « Compter les morts aux frontières : des contre-statistiques de la société civile à la récupération (inter)gouvernementale », 2017  

    Introduction Depuis les soulèvements dans le monde arabe et les conflits qui secouent cette région du monde, la zone euro-méditerranéenne vit au rythme des naufrages en mer, et des milliers de migrants qui perdent la vie au large des côtes européennes. L’attention médiatique et politique suscitée par la « crise des migrants » (ou « crise des réfugiés ») a contribué à rendre visible – voir à spectaculariser – un phénomène déjà ancien : les « morts aux frontières » ne constituent pas, en effet,...

    Antoine Pécoud, « De la  gestion  au contrôle des migrations ? Discours et pratiques de l’Organisation internationale pour les migrations », Critique internationale , 2017, n° ° 76, pp. 81-99    

    L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) est une organisation peu étudiée dont le mandat concerne pourtant l’un des enjeux les plus politisés des pays occidentaux aujourd’hui. La présentation ici de l’histoire, de la doctrine et des pratiques de l’OIM montre qu’elle a été longtemps une organisation fragile, dans un contexte où les politiques migratoires ne faisaient pas l’objet d’un régime international solide, mais qu’elle s’est imposée, depuis les années 1990, comme un acteur incontournable de la mondialisation et de l’externalisation des politiques migratoires. Sa stratégie consiste à dépolitiser les enjeux migratoires et à promouvoir une gestion technique des migrations, centrée sur leur utilité économique pour toutes les parties (pays d’origine, pays de de destination et migrants). Cela lui permet d’apparaître comme un intermédiaire neutre, accepté aussi bien par les États que par les acteurs de la société civile et du secteur privé. Cependant, cette dépolitisation s’accompagne d’un alignement de l’OIM sur les intérêts des pays d’immigration occidentaux, et rend donc possible des interventions hautement politiques, en particulier dans les pays d’origine des migrants.

    Antoine Pécoud, « Liberté de circulation et gouvernance mondiale des migrations », 2015  

    Les migrations ont fait l’objet, depuis environ deux décennies, de débats croissants à l’échelon international. L’Organisation des Nations Unies (ONU) et d’autres organisations intergouvernementales (OI), notamment, se sont intéressées aux défis soulevés par la mobilité transnationale des personnes. Au fil des conférences et des rapports, ces institutions ont élaboré des recommandations politiques qui aspirent à poser les bases de ce qui est souvent qualifié de « gouvernance mondiale des migr...

    Antoine Pécoud, Antonina Levatino, « Une analyse du discours international sur la  fuite des cerveaux . Un consensus en trompe-l’œil », 2014  

    Depuis une à deux décennies, les migrations internationales font l’objet d’une attention croissante au niveau international. Les organisations internationales (oi), en particulier, se sont emparées de ce thème et ont, entre autres efforts, produit plusieurs rapports dont le but est d’esquisser ce qui pourrait (ou devrait) constituer les orientations principales des politiques migratoires. Un des présupposés de ce type d’initiative est que les migrations constituent un enjeu d’importance mondi...

    Antoine Pécoud, « États-nations, mobilité et citoyenneté dans le discours international sur les migrations », Raisons politiques , 2014, n° ° 54, pp. 67-85    

    RésuméLes migrations ont fait l’objet, depuis une quinzaine d’années, d’un processus d’internationalisation, qui voit les États débattre de façon accrue des enjeux soulevés par la mobilité transnationale des personnes. Cet article analyse la manière dont différentes instances internationales (organisations internationales, forums mondiaux, commissions internationales) tentent de penser les migrations comme un processus transnational qui appellerait des politiques concertées ou des formes de « gouvernance mondiale ». Il montre que cette construction internationale des migrations oscille entre un paradigme transnational, selon lequel la mobilité interétatique est une caractéristique d’une planète mondialisée, et un paradigme national, dans lequel l’appartenance nationale reste indépassable, non seulement pour élaborer des mécanismes de « gouvernance » des migrations, mais aussi pour penser l’identité des migrants et la nature même des migrations. La persistance de ce cadre de pensée national est dû à la fois à des facteurs politiques (liés au contexte intergouvernemental dans lequel travaillent ces instances internationales) et à la difficulté intellectuelle de concevoir les migrations hors de tout schéma stato-centré.

    Antoine Pécoud, « The Price of Rights: Regulating International Labor Migration : Princeton, Princeton University Press, 2013, IX-254 pages. », Critique internationale , 2014, n° ° 64, pp. 161-164   

    Antoine Pécoud, « Changements climatiques et migrations : quels risques, quelles politiques ? », L'Information géographique , 2011, n° 75, pp. 86-109    

    RésuméCet article propose un tour d’horizon des débats relatifs aux conséquences migratoires du changement climatique. Après un bref historique, nous examinons l’impact sur les migrations des trois principaux facteurs environnementaux liés aux changements climatiques (cyclones tropicaux, fortes pluies et inondations ; sécheresses et désertification ; élévation du niveau de la mer). Les questions fondamentales que soulève la relation entre changement climatique et migration sont ensuite abordées : la multicausalité des dynamiques migratoires, les déterminants sociaux de la vulnérabilité, la diversité des types de migration et la méthodologie. Les implications politiques sont ensuite discutées, ce qui amène à aborder le cadre juridique des migrations environnementales et la responsabilité des États. La dernière section traite des orientations futures envisageables aux plans analytique et normatif.

    Antoine Pécoud, « Les obstacles à la ratification de la Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants », Droit et société , 2010, n° ° 75, pp. 431-451    

    RésuméCet article analyse les difficultés rencontrées par la Convention internati o nale des Nations Unies sur la protection des droits de tous les travailleurs m i grants et des membres de leur famille, le plus ambitieux instrument de droit international en la matière qui n’a cependant été ratifié que par 42 États. Sur la base d’un projet coordonné par l’UNESCO, il présente les résultats d’études menées dans des pays de destination en Afrique, Amérique du Nord, Asie et Europe et identifie trois obstacles principaux, liés au poids des forces du marché, de la souveraineté et de la sécurité dans les politiques migratoires contemporaines. Il examine également les initiatives récentes prises par la communauté internationale en matière de migration et la place qui y est réservée à la Convention.

    Antoine Pécoud, Céline Nieuwenhuys, « Campagnes d’information et traite des êtres humains à l’est de l’Europe », 2008  

    Introduction Depuis la chute du bloc communiste sont apparues de nouvelles formes de mobilité entre l’Est et l’Ouest de l’Europe. Si, à l’époque du ‘rideau de fer’, les mouvements entre l’Europe occidentale et les pays de l’Est étaient fortement limités, de nouvelles dynamiques migratoires se sont mises en place après 1989 : accroissement des demandes d’asile (en particulier depuis les Balkans), migrations marchandes et pendulaires, ‘voyages touristiques’, migrations de travail (souvent irrég...

    Antoine Pécoud, Paul de Guchteneire, Antoine PÉCOUD, « La Convention des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants », 2008, pp. 6-19    

    Cette introduction présente les grands enjeux soulevés par cette Convention. Après un passage en revue des raisons pour lesquelles il importe de se préoccuper des droits des migrants. elle présente la manière dont fonctionnent les Conventions de l'ONU et la place de la Convention sur les droits des migrants en leur sein, Les principaux articles contenus dans la Convention sont décrits et les auteurs identifient les obstacles à la ratification de ce traite par les États.

    Antoine Pécoud, Antoine PÉCOUD, « Réseaux, ethnicité et institutions dans les économies immigrées », 2004, pp. 13-23    

    Les réseaux ethniques jouent un rôle primordial dans la création d'entreprises. Mais si leur action est fondamentale, elle est souvent exclusivement abordée "par le bas", ce qui rend mal compte de la diversité de l'entreprenariat des populations immigrées. En outre, cette approche occulte l'importance du contexte économique, institutionnel et politique au sein duquel prennent place ces activités commerciales. L'entreprenariat turc à Berlin en est un bon exemple, développé dans cet article.

    Antoine Pécoud, Antoine PÉCOUD, « The cultural dimension of entrepreneurship in Berlin's Turkish economy [La dimension culturelle de l'entrepreunariat : l'économie turque à Berlin] », 2001, pp. 153-168    

    Pécoud Antoine. The cultural dimension of entrepreneurship in Berlin's Turkish economy [La dimension culturelle de l'entrepreunariat : l'économie turque à Berlin]. In: Revue européenne des migrations internationales, vol. 17, n°2,2001. Débats contemporains. pp. 153-168.

  • Antoine Pécoud, Elisa Benker, Céline Cantat, Shoshana Fine, Virginie Guiraudon [et alii], Gouverner les frontières comme politique de vie ?, 2020   

    Antoine Pécoud, Céline Cantat, Hélène Thiollet, Migration as crisis. Framework paper, 2020 

  • Antoine Pécoud, « Migrations et changement climatique », le 22 septembre 2023  

    5ème journée scientifique de l’ICM - Institut Convergences Migrations du CNRS organisée par le département DYNAMICS avec la participation du projet CLIMIG (projet financé ICM)

    Antoine Pécoud, « Dix ans de la Constitution politique de l'Etat en Bolivie », le 27 juin 2019  

    Journée organisée par le CERAL et le LISAA

  • Antoine Pécoud, how does the un talk about human mobility? a textual analysis of narratives by iom and unhcr on migrants and refugees 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Clothilde Facon, International actors in the governance of Syrian refugees in Lebanon : an analysis of the depoliticisation and repoliticisation of humanitarian and border interventions, thèse soutenue en 2023 à Paris 13, membres du jury : Tamirace Fakhoury Mühlbacher (Rapp.), Thomas Lacroix (Rapp.), Mohamed Kamel Doraï, Catherine Colard-Fabregoule et Mona Fawaz  

    Cette thèse porte sur les réponses des acteurs internationaux aux arrivées de réfugiés syriens au Liban depuis 2011. Elle vise à montrer que la dépolitisation est une modalité clé de ces interventions, qui structure leur espace discursif et conduit à la légitimation de leur existence. Je soutiens que cette dépolitisation est profondément ancrée dans l'hégémonie du « paradigme de la faiblesse » pour décrire l'État libanais, un paradigme reposant sur un ensemble d'hypothèses réductrices qui « pathologisent » et technicisent l'État en le présentant comme absent, miné par la fragmentation et la mauvaise gouvernance. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et le Centre International pour le Développement des Politiques Migratoires ont établi un continuum de signifiants et de labels politiques articulés autour de l'absence d'État, de leurs revendications de neutralité et des politiques de vulnérabilité. Cette recherche valide sur le plan empirique l'idée selon laquelle la dépolitisation et la repolitisation entretiennent une relation dialectique. La repolitisation a des conséquences concrètes : en effet, malgré un déséquilibre initial et structurel de pouvoir entre le gouvernement libanais et la communauté internationale, la présence des réfugiés a été instrumentalisée par le premier pour augmenter son pouvoir de négociation. Enfin, je montre que les donateurs et les organisations du Golfe remettent en cause l'hypothèse selon laquelle les acteurs internationaux sont obligés d'avoir recours à la dépolitisation pour gagner en légitimité : en ce qui les concerne, le recours à une forme de politisation et à l'humanitarisme religieux est un moyen d'accéder au terrain et de légitimer leurs interventions sans s'intégrer pleinement dans les structures de l'ONU.

    Roberto Calarco, International humanitarian organizations at the southern european border : (de)politicization and (de)bordering within and beyond the hotspot system in sicily, thèse soutenue en 2021 à Paris 13, membres du jury : Virginie Baby-Collin (Rapp.), Ignazia Maria Bartholini (Rapp.), Paola Bonizzoni et Maurizio Ambrosini  

    Cette thèse explore la contribution des organisations humanitaires à la (dé)politisation du régime européen de gestion de la frontière et à la légitimation, ou la remise en cause, de processus de (dé)frontièrisation. Cette recherche se concentre sur des organisations humanitaires internationales (le HCR, la Croix-Rouge, Medu, Terre des Hommes et Oxfam) qui sont intervenues à la frontière italienne méridionale (en Sicile) durant deux phases clés de ré-frontièrisation (i.e. l’introduction de l’approche hotspot en 2015 et l’adoption du décret sécurité en 2018). Basée sur dix mois d’enquête de terrain en Sicile, cette étude utilise trois méthodes principales : analyse de documents, entretiens semi-directifs et observation directe. Cette thèse montre que les discours et les pratiques des organisations humanitaires internationales contribuent à la fois à dépolitiser et à ré-politiser le régime actuel. Discours et pratiques humanitaires ont des aspects dépolitisants inhérents qui contribuent à perpétuer le système en place de différentes manières : par la légitimation des catégories produites par les états et des processus de sélection des migrants ou par la fourniture de services qui renforcent la capacité des états à gérer les migrations. Cependant, l’intervention humanitaire de ces acteurs est accompagnée par l’intervention politique et contribue dans le même temps à remettre en question le système actuel à travers : l’activité de défense des droits des migrants, la critique des politiques et des pratiques gouvernementales, et la promotion de l’inclusion des migrants par des actions concrètes.

    Sabine Dini, Gouverner les migrations internationales par le don. Une ethnographie économique de l'intervention du Haut-Comissariat des Nations unies pour les réfugiés et de l'Organisation internationale pour les migrations à Djibouti (1977-2019), thèse soutenue en 2021 à Paris 13, membres du jury : Philippe Steiner (Rapp.), Dominique Vidal (Rapp.), Nora El Qadim, Catherine Colard-Fabregoule et Giulia Scalettaris  

    La thèse interroge les conditions de félicité de l’intervention du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) entre 1977 et 2019 à Djibouti, un petit État de la Corne de l’Afrique. La preuve a été administrée selon une « sévère discipline inductive » : dix-huit mois d’observation participante, l’analyse de 1524 pages d’archives du ministère de l’Intérieur djiboutien, quatre terrains de saturation, et 27 entretiens. Elle a conduit à mettre en perspective les logiques d’intervention des deux OIGs comme deux variations d’une « relation asymétrique » des OIGs avec l’État djiboutien. Si l’intervention mise en œuvre par le HCR s’enlise dans le conflit, à l’inverse celle de l’OIM permet de fonder une alliance avec l’État-hôte. Le régime des migrations internationales met en œuvre une logique de transformation des politiques migratoires nationales qui repose sur un régime d’aide. Dans ce cadre, le travail organisationnel réalisé par les deux OIGs consiste à orchestrer un transfert de ressources, permettant d’apparier des États bailleurs de fonds avec l’État djiboutien récipiendaire. Mobiliser les travaux traitant de la sociologie du don, notamment le concept de « don organisationnel » a permis de rendre compte de la divergence des résultats des interventions fondées sur l’aide des deux cas analysés. Sous quelles conditions, en dépit de leur distance tant normative que géographique, le travail organisationnel permet-il de construire un lien de solidarité entre des États de l’ordre international en situation d’asymétrie, mis en rapport par un transfert de ressources ? La démonstration mobilise le concept de don au sens maussien comme un fait social total doté d’une force contraignante. Elle défend l’idée que, sous certaines conditions, la nature de la relation d’aide forgée par les organisations est à même d’obliger l’État récipiendaire, en instituant une véritable détermination au plan de la relation et en parvenant à enclencher une logique de réciprocité entre les États. La thèse repose sur trois grands arguments théoriques qu’elle ancre empiriquement en décrivant le travail organisationnel des deux OIGs. Le premier souligne l’indistinction entre ordre juridique et échange économique. Il met en valeur la manière dont, la norme de protection pour le HCR, et, le principe de souveraineté pour l’OIM, se confondent avec l’acte matériel du transfert des ressources. Le second met en lumière la manière dont le régime de don fabrique des logiques de valorisation qui gomment la distinction entre les hommes pris dans l’échange, sujets juridiques, et les choses échangés, biens en circulation. Le dernier argument dévoile le mécanisme précis d’effectuation de la contrainte sociale. Il montre comment la possibilité de la contrainte se fonde sur le formalisme et l’artifice qui donnent au don toute son efficace. La thèse a plus généralement pour ambition de montrer que, en situation d’asymétrie, la conditionnalité de la relation contractuelle échoue à fonder une relation d’obligation entre les États. Elle mobilise le paradigme du don afin de défendre l’idée que, tout au contraire, la possibilité d’établir un ordre normatif contraignant entre des États en situation d’asymétrie repose sur un socle relationnel qui ressort du symbolique.

    Anne sofie westh Olsen, Beyond the Migration Divide in Burkina Faso : The role of migration management by sending states, thèse soutenue en 2018 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.), Jane Freedman (Rapp.)  

    Cette thèse s'ajoute aux recherches menées sur le lien entre migration et développement, en introduisant une analyse de la gestion de la migration des États d'origine et de son lien avec la réduction de la pauvreté et la croissance inclusive. Les initiatives des pays d'origine pour l'égalité d'accès à la migration, ou comment les structures impactent l’agence, ont été largement négligées. La thèse propose revenir sur la "fracture migratoire", qui a été analysée comme une conséquence des restrictions de l'immigration dans le grand nord, en ajoutant i) dimensions régionales, ii) une approche de croissance inclusive et iii) perspectives des États d'origine. La thèse cherche à comprendre comment les pays pauvres à forte émigration tentent de tirer parti de la migration pour favoriser le développement, a travers d'une étude de cas sur le Burkina Faso. Cela implique d’enquêter sur l’élaboration des politiques au fil du temps, et sur les lacunes en matière de discours et d’application, tant au niveau national que régional en Afrique. Si de nombreux éléments constitutifs des politiques visant à faciliter la mobilité intrarégionale sont en place, aucun progrès substantiel n’a été accompli pour leur ratification et mise en oeuvre au cours de la dernière décennie. Lors de l'analyse de "l'échec" des politiques migratoires, il est important de prendre en compte à la fois les ‘capacités’ et ‘aspirations’ des décideurs, en réinscrivant la migration dans le phénomène plus général du changement social. Cette recherche révèle un changement du paysage politique en Afrique, mais qu’il y du chemin à parcourir avant que la migration ne devienne une politique «élevée» dans les États d'origine.

  • Marine Denis, Les enjeux de la protection des déplacés environnementaux : du cadre du mandat à l'intérêt politique, contribution à l'étude des fonctions juridiques et humanitaires du HCR et de l'OIM, thèse soutenue en 2023 à Paris 13 sous la direction de Christel Cournil et Catherine Colard-Fabregoule, membres du jury : Bérangère Taxil (Rapp.), Agnès Michelot (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden et Despina Sinou  

    Le HCR et l'OIM ont été créés dans un contexte international post-Seconde Guerre mondiale afin de répondre aux demandes des États relatives au flux de personnes réfugiées et déplacées. Les compétences de protection et d'assistance assurées par ces deux institutions internationales s'inscrivent dans le cadre d'un mandat, délimité par les États. Les déplacements forcés de population en raison des effets du changement climatique ont amené le HCR et l'OIM à se positionner sur ce nouvel enjeu de protection internationale. Au regard de leurs mandats, les deux institutions internationales n'ont pas de compétence spécifique pour assurer la protection, tant juridique qu'opérationnelle de cette nouvelle catégorie de personnes déplacées. Cependant, leurs interventions post-catastrophes naturelles récurrentes depuis les années 90 révèlent une pratique d'assistance humanitaire à destination d'un nouveau public de bénéficiaires qui ne relèvent ni de la Convention de Genève ou du droit international des migrations. La protection des déplacés environnementaux est un enjeu double pour le HCR et l'OIM. Il traduit une environnementalisation progressive des deux institutions, non sans conséquences politiques en interne et à l'égard des États. Par ailleurs, l'intérêt du HCR et de l'OIM pour la question environnementale a été un facteur d'opportunité pour intégrer de nouveaux espaces de gouvernance, du régime climat à la gouvernance internationale des risques.

    Sokhna Fatou Kiné Ndiaye, Contribution à l’étude de l’élargissement de la notion de menace contre la paix : le cas de la qualification d'une crise sanitaire par le conseil de sécurité des Nations Unies, thèse soutenue en 2022 à Paris 13 sous la direction de Jean-René Garcia, membres du jury : Pierre-Yves Monjal (Rapp.), Laurence Vapaille (Rapp.), Mélanie Dubuy et Catherine Colard-Fabregoule  

    Si les conférences sanitaires internationales organisées au milieu du XIXème et au début du XXème siècle eurent comme objectif de limiter la propagation des maladies infectieuses sans pour autant entraver le développement du commerce interétatique, il reste que les pandémies et épidémies présentent des enjeux mondiaux de plus en plus importants de nos jours pour la communauté internationale. Depuis décembre 2019, un virus a vu le jour dans la ville chinoise de Wuhan. La maladie à coronavirus (COVID-19) a ainsi fait, en l'espace de quelques semaines (fin janvier 2020), une centaine de morts et près de 7.000 cas confirmés. Le virus s'est propagé ? outre dans d'autres villes chinoises comme Pékin - en Europe (France et Allemagne), aux États-Unis mais aussi au Moyen-Orient (Arabie Saoudite) avant de gagner presque l'ensemble des États du globe. L'Organisation Mondiale de la Santé a d'ailleurs qualifié l'épidémie d'urgence de santé publique de portée internationale. En 2022, la pandémie est toujours d'actualité même si ses effets restent maîtrisés de façon générale. Cela démontre encore une fois à quel point les risques sanitaires internationales pèsent sur l'humanité. L'avancée spectaculaire de la médecine moderne n'empêche pas que des milliers de victimes des maladies infectieuses soient dénombrées depuis le début du XXIème siècle. Entre l'épidémie du VIH/SIDA, de la tuberculose, de la rougeole, de la maladie à virus Ebola, ou encore du choléra, les maladies infectieuses demeurent un ennemi de longue date du droit international. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a d'ailleurs rappelé son inquiétude à l'égard des épidémies et pandémies qui touchent le monde notamment le VIH/SIDA et la maladie à Virus Ebola. Rappelons que dans la pratique onusienne, les débats sur les questions sanitaires ont généralement lieu à l'Assemblée Générale ou au Conseil Économique et Social des Nations Unies. Pourtant, dans ses résolutions 1308 (2000) du17 juillet 2000 et 1983 (2011) du 7 juin 2011, le Conseil de sécurité n'a pas hésité à exprimer ses inquiétudes à l'égard de la pandémie du VIH/SIDA et ira jusqu'à qualifier, en 2014, l'épidémie à virus Ebola, qui sévit en Afrique de l'Ouest, de menace à la paix et à la sécurité internationale (résolution 2177 (2014) du 18 septembre 2014). Assiste-t-on à une volonté du Conseil de s'approprier certaines questions comme la santé au détriment de l'Assemblée générale ? Quel impact peut avoir la qualification d'une crise sanitaire de menace à la paix et à la sécurité internationales par le Conseil de sécurité dans sa gestion ? Dans ce sillage, nous cherchons, à travers cette thèse, à étudier les conséquences de l'élargissement de la notion de menace contre la paix aux crises sanitaires.

    Philippe Stoesslé, Expériences migratoires et discriminations dans l'accès aux soins des sans-papiers centraméricains au Mexique : le cas de l'État du Nuevo León., thèse soutenue en 2021 à Université Paris Cité sous la direction de Françoise Lestage et Marguerite Cognet, membres du jury : Olga Odgers (Rapp.), Laurence Kotobi (Rapp.), Laëtitia Atlani-Duault et Yerko Castro Neira  

    Durant leur exil vers les États-Unis, les populations centraméricaines en situation irrégulière sont particulièrement exposées à des risques de santé en même temps qu'elles souffrent d'un accès compliqué au système sanitaire mexicain. Pour leur part, les institutions de santé ont beaucoup de mal à atteindre ces populations par définition mobiles. Les traditionnelles interventions de santé publique ne tiennent que rarement compte de la complexité des déterminants sous-jacents de leur santé et n'ont que peu d'effets sur elles. En réalité, la santé des migrants est essentiellement déterminée par des facteurs situés en dehors du secteur de la santé institutionnelle. Leurs conditions de voyage, de travail, de logement et de vie renferment d'importants risques pour leur bien-être physique et psychique; qui est également conditionné par leur accès aux services sociaux et de santé, leur irrégularité administrative, les conséquences des politiques restrictives d'immigration et les sentiments anti-migrants répandus qu'ils affrontent quotidiennement. Aussi, face à leurs souffrances, le Mexique alterne des postures opposées en apparence, proclamant l'accès universel au système de santé comme droit fondamental inhérent à la dignité humaine, mais qui se heurte aux priorités de « sécurité nationale » des politiques migratoires. Les politiques de santé s'inscrivent alors dans un continuum avec celles de contention migratoire. Basé sur un travail de terrain effectué entre 2016 et 2019 dans des centres de santé et des hôpitaux de l'État du Nuevo León (Nord-Est du Mexique, frontalier avec le Texas), nous avons identifié et analysé les conditions d'accès aux soins des sans-papiers centraméricains en fonction de leurs trajectoires migratoires et de vie, ainsi que des logiques institutionnelles d'accès aux soins. Nous avons interrogé les aspects, presque jamais traités, liés à la stigmatisation et aux discriminations. Le système de santé mexicain produit une discrimination systémique dans son rapport à autrui, particulièrement envers les populations centraméricaines, que les fournisseurs de soin tendent à « essentialiser » dans une catégorie stéréotypée et ethnicisée du « migrant sans-papiers centraméricain ». Face à cette situation, ces derniers élaborent des stratégies de résistance au gré de leurs ressources et de leurs trajectoires personnelles. Apparaît alors une dissension entre le droit fondamental à la santé et la situation juridique irrégulière. Le biologique se confond avec le politique, provoquant une tension permanente entre protection et menace à la santé des migrants. La frontière entre médecine et droit, entre soins et répression, devenue floue, ne peut qu'approfondir la crainte et la méfiance des migrants envers les hôpitaux et renforcer leur mise à l'écart.

    Akofa Akpe Fali Hukportie-Lawson Tychus, Contribution à l'étude de la notion de« cycles de guerre» : le cas coréen, thèse soutenue en 2021 à Paris 13 sous la direction de Jean-René Garcia, membres du jury : Patrice Vermeren (Rapp.), Elisabeth Chabanol (Rapp.), Gustavo Chataignier Gadelha  

    La fin de la guerre froide semble avoir entraîné une baisse d’intérêt pour les études stratégiques, mais un renouveau des approches théoriques. Les guerres qui ont suivi la chute de l’Union soviétique, puis les attentats du 11 septembre 2001 ne font que refléter la position prépondérante qu’occupe le recours à la force armée dans les relations internationales. À ce titre, nous avons vu disparaître la traditionnelle déclaration de guerre au profit des « police actions » de l’Organisation des Nations unies. C’est sous cette appellation que la guerre de Corée a débuté en 1950 pour prendre fin avec la signature d’un cessez-le-feu en 1953. Aujourd’hui, les deux Corée n’ont pas signé un traité de paix ; elles sont juridiquement toujours en état de guerre, et connaissent tantôt des escalades de tension, tantôt des périodes d’apaisement. C’est ainsi que ce cas d’étude représente selon nous, un exemple complet pour contribuer à la théorisation de la notion de « cycles de guerre », concept dont l’étude n’a été que très peu développée en science politique. Dans cette thèse, nous tentons d’examiner si le cas de la Corée pourrait être considéré comme un exemple de « cycles de guerre », et quels seraient les facteurs de nature politique qui induiraient le fait que les tensions tendent à se répéter de manière cyclique. Pour répondre à cette problématique, notre analyse prendra en compte des facteurs moins mesurables comme le poids de l’Histoire ou encore les représentations idéologiques, qui sont des éléments pouvant déterminer une décision. Outre ces facteurs, nous examinerons des éléments quantifiables, comme les forces en présence ou les capacités diplomatiques des acteurs en jeu.

    Marine Baron, Contribution à l’étude de la notion de droit objectif chez Léon Duguit, thèse soutenue en 2020 à Paris 13 sous la direction de Jean-René Garcia, membres du jury : Pierre Caye (Rapp.), Laurence Vapaille (Rapp.)  

    Le droit objectif chez Léon Duguit peut se définir comme une notion caractérisée par une appréciation d’ensemble, concrète, d’un droit positif fondé sur la solidarité ou l’interdépendance sociale ; il peut aussi se définir comme le résultat de l’action réciproque des gouvernants sur les gouvernés et des gouvernés sur les gouvernants, en termes d’effets de droit. Cette notion, élaborée durant la période reine du Service Public, permet l'utilisation d'une conception historique du droit pour analyser le droit positif contemporain. Il s'agit en effet de s’attacher à considérer les effets actuels, aussi bien en doctrine qu’en droit positif, de la pensée de Léon Duguit relative à la notion de droit objectif. En ce sens, l’analyse de la notion de droit objectif est inséparable d’un travail en lien avec l’actualité du droit, ayant pour ambition d’éclairer les orientations du droit positif et d’en proposer une lecture originale, notamment sous l’angle du principe de solidarité attaché à la notion de droit objectif, pouvant par exemple s’illustrer en droit du service public.

    Nikolaos Kouloglou, Contribution à l'analyse du concept des "zones grises" en Amérique latine : le cas du Mexique et de la Colombie, thèse soutenue en 2020 à Paris 13 sous la direction de Jean-René Garcia, membres du jury : Alfredo Islas Colín (Rapp.), Despina Sinou, Anne Kupiec et Patrice Vermeren  

    Le concept des « zones grises » a été fondé sur l’idée des espaces non-couverts par les radars afin de permettre une explication à l’ambiguïté. En termes de science politique, ce concept est apparu en vue d’analyser des phénomènes où la souveraineté et l’autorité étatiques ne sont pas claires. Dans le cas de l’Amérique latine, où les frontières extérieures des pays sont plus au moins bien définies, le phénomène des « zones grises » est notamment présent à l’intérieur des États. Il s’agit aussi du cas de la Colombie et du Mexique. Ce doctorat propose une reconceptualisation du phénomène à travers l’analyse comparative des deux cas intrinsèquement différents selon leurs motivations et leur fonctionnement, comme la guérilla des FARC en Colombie et les organisations criminelles (cartels) au Mexique. Néanmoins, via l’analyse des opérations de ces groupes armés illégaux nous apercevons que les raisons de l’apparition des « zones grises » demeurent similaires dans les deux États mettant en lumière la défaillance de l’État moderne latino-américain, la fragilité de l’État de droit dans ces pays -en raison de la fragmentation des institutions pendant la colonisation espagnole- ainsi que l’échec des systèmes politiques d’exprimer la volonté générale. Notre approche se fonde aussi sur l’analyse du contrôle territoriale et la manière dont les FARC ont réussi à dominer des grandes régions du pays de 1964 à 2016 lorsque les accords de paix ont été mises en place ainsi que sur l’émergence d’un autre type du phénomène au Mexique depuis 2006. À travers la comparaison entre les FARC et les organisations criminelles mexicaines nous proposons une nouvelle typologie des « zones grises » qui met l’accent sur la manière de contrôler le terrain. Ainsi, nous appelons les « zones grises de type de présence non-physique » les espaces contrôlés par les organisations criminelles mexicaines et les « zones grises de présence physique » les espaces sous l’occupation des FARC.

    Radhika Kanchana, The expediency of the contemporary guest worker migration policies that curb mobility : the Arab-Gulf countries and the Indian migrants, thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Gilles Kepel et Christophe Jaffrelot, membres du jury : Andrew Gardner (Rapp.), Aminah Mohammad-Arif  

    Cette thèse soutient que les politiques de migrations temporaires entravent la mobilité de l'individu, à partir du cas des migrants indiens dans la région du golfe persique. La pratique et le droit international définissent la mobilité comme le droit à la « liberté de mouvement » sans dispositions supplémentaires pour faciliter le choix de s’établir, permettant aux Etats de pratiquer ces politiques de convenance. Ce travail interdisciplinaire qui privilégie l’angle sociologique interroge les implications politiques et le droit international. Il montre que le non-respect prolongé des droits des migrants, surtout par les pays d’accueil, produit des conditions et des résultats restrictifs pour tous les acteurs- des indicateurs montrent l’exclusion systématique du migrant dans la société d’accueil. Cinq chapitres présentent empiriquement le « migrant » dans le golfe qui expérimente la vulnérabilité à différentes échelles : entrepreneurs, marchands-patriarches, travailleurs en col blanc, travailleurs en col bleu, et les femmes migrantes. La politique de migration temporaire des six Etats du Conseil de coopération du Golfe (GCC)- Arabie Saoudite, Oman, Émirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn et Koweït- constitue un exemple heuristique. Sans être un cas unique, il montre une exclusion plus sévère en raison de la nature conservatrice de ces monarchies et de la place de l’Islam comme religion d’Etat. Les politiques de migrations circulaires sont populaires aujourd’hui et les Etats en profitent à leur convenance en privilégiant la flexibilité et la non-intégration pour éviter les responsabilités vis-à-vis des migrants. Le migrant temporaire est donc, le travailleur précaire dans le marché mondial du travail. Le statut d’incertitude structurelle est aussi un des principaux éléments qui séparent « l’Indien du golfe » du reste des Indiens non-résidents (NRI).

    Shoshana Fine, Bordering subjects, souls and states : an enquiry into "bordercratic" practices and rationalities in Turkey, thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Catherine Wihtol de Wenden, membres du jury : Georges Prévélakis (Rapp.), Michel Foucher et Martin Geiger  

    Cette thèse aborde la question de la (re)frontiérisation en Turquie face aux problématique liés à la gouvernance des « indésirables ». Par qui et pour qui est-elle faite, et avec quels effets ? Le positionnement particulier de la Turquie comme étant ni entièrement européenne, ni entièrement non-européenne, a alimenté la problématisation du paysage migratoire en Turquie. Ce positionnement ambivalent est d’une part dû à un regard orientaliste qui encadre la manière dont sont perçus la Turquie et les migrants qui y résident, et d’autre part à cette démarche de séduction et de mise en conformité émenant de l’UE et de sa stratégie d’externalisation. En prenant le cas de la Turquie, nous soutenons que nous devons comprendre la gouvernance de la mobilité comme une affaire de pouvoir diffus, dont sont particulièrement investies les organisations intergouvernementales, mais aussi les organisations que l’on pourrait appeler bordercrats périphériques. Nous proposons les concepts de bordercracies, clans bordercratic transnationaux et objets frontierisés pour comprendre l’autorité épistémique, les connectivités et l’agentivité comprisent dans ce pouvoir diffus. Nous affirmons que les clans bordercratic transnationaux dépendent de rationalités gestionnaire, sécuritaire, humanitaire, et orientaliste, imbriquées dans la gouvernance de mobilité, qui génère une logique de filtrage basé sur la sélection des désirables/indésirables. Nous conclurons que les fonctions performatives des clans bordercratic transnationaux incluent, lorsqu’elles intègrent la Turquie dans le cercle à suivre et excluent, lorqu’elles constituent et maintiennent les « indésirables » loin de l’Occident.

    Julien Noble, L’insécurité personnelle des jeunes dans les transports en commun franciliens : une étude dispositionnelle du sentiment d'insécurité, thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Bernard Dolez et Philippe Robert, membres du jury : Renée Zauberman (Rapp.), André Lemaître (Rapp.)  

    L’enquête victimation et sentiment d’insécurité réalisée par l’IAUîdF montre que près d’un francilien sur deux redoute d’être agressé ou volé dans les transports en commun. Basée sur une trentaine d’entretiens réalisés auprès d’étudiants de l’Université Paris 13, cette étude vise à rendre compte des mécanismes de production de ce phénomène social. Deux principaux résultats émergent de cette recherche. On identifie d’abord trois catégories de facteurs à l’origine de l’insécurité personnelle dans les transports collectifs. La première, de nature sociale, insiste sur la perception du risque suscitée par l’isolement et certaines catégories d’usagers. La seconde est liée aux modalités de fonctionnement des transports en commun, dont certaines caractéristiques renforcent la peur des voyageurs. La troisième porte sur l’architecture et plus spécifiquement sur le cloisonnement des espaces et ses différents effets selon le nombre d’usagers. À l’aide du concept de disposition, on propose ensuite une explication aux nombreuses variations individuelles en matière de perception du risque de victimation. On insiste alors sur le passé incorporé des enquêtés, façonné sur la base des expériences menaçantes, des représentations du danger et des caractéristiques individuelles de chacun, pour rendre compte de leurs réactions dans les situations présentes. Cette analyse permet de dégager deux profils d’usagers, chacun subdivisé en trois sous profils. Les sécures d’abord rassemblent les fragiles, les assurés et les tranquilles. Les inquiets ensuite se répartissent entre les vigilants, les protégés et les résistants.

    Pascaline Chappart, Retours volontaires, retours forcés hors d’Europe. Une socio-anthropologie de l’éloignement des étrangers. Le cas de la France, thèse soutenue en 2015 à Poitiers sous la direction de Alain Morice, membres du jury : Jocelyne Streiff-Fénart (Rapp.), Philippe Rygiel (Rapp.), Olivier Clochard et Véronique Lassailly-Jacob  

    A partir du cas de la politique d'aide au retour volontaire en France, cette recherche propose une interprétation des politiques d'éloignement des étrangers en situation irrégulière, telles qu'elles sont formulées à l'échelle de l'Union européenne sous l'angle du « retour ». Le principe d'expulsion est maintenant transposé dans le champ de l'action sociale, sous la forme de divers dispositifs d'assistance humanitaire qui masquent la dimension de contrainte contenue dans l'objectif final de faire sortir les étrangers du territoire. Ce brouillage amène à s'intéresser aux ressorts matériels et symboliques de la domination qui s'exerce sur les « retournés » par le biais de cette assistance, où s'observe un retournement du rapport des expulsables à leur départ, rebaptisé « volontaire ». En tenant bout à bout l'étude des processus de renvoi et des expériences d'après-retour, il s'agit de mettre en perspective les mythologies et les réalités du phénomène. Pour ce faire, on examine, à travers les mécanismes de relégation, l'ensemble des acteurs et des institutions participant à l'aménagement d'un espace transnational de prise en charge sociale reliant les pays de renvoi aux pays d'où venaient les émigrés, particulièrement dans les effets sociopolitiques et anthropologiques que leurs opérations produisent.

  • Franck Bouchetal Pellegri, Se dire homosexuel : analyse des processus d'identification et de construction homosexuelle de 155 demandeurs d'asile hommes ouest-africains, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Régis Schlagdenhauffen, membres du jury : Bruno-Marcel Proth (Rapp.), Klaus Hamberger, Patrick Awondo et Laura Mellini  

    Cette thèse repose sur les verbatim de 1376 entretiens d’explicitation de récit de vie conduits avec155 demandeurs d’asile hommes ouest-africains s’identifiant comme homosexuels dans le cadre d’un accompagnement dans leur demande d’asile pour ce motif au sein d’une association LGBTI parisienne entre 2014 et 2022. L’étude de ces documents d’archives selon une méthode inductive croisant des approches quantitatives et qualitatives a identifié 47 faits récurrents à partir desquels lesindividus se définissent homosexuels. Ceux-ci ont été catégorisés, leur fréquence ou leurs variabilité sont été précisées et leurs modalités d’explicitations ou leurs incidences sur les constructions identitaires homosexuelles explorées. L’ensemble a été présenté au travers de 762 citations regroupées selon la méthode des idéaux-types dans 16 histoires illustratives. Ont ainsi été décrits et interprétés les éléments en relation avec le ressenti de la déviance, ceux ayant trait à la sexualité ou aux partenariats entre hommes, et ceux correspondant plutôt à des formes d’inscription dans une identité sociale gay locale. Au-delà de cette étude phénoménologique qui apporte des connaissances nouvelles sur les vécus et les constructions dans des identités gays dans les contextes d’origines des individus, quatre interprétations en rapport avec les modèles de cheminements identitaires ont été développées. Dans la première, en partant d’une analyse des temporalités, il a été dégagé une chronologie des faits permettant de proposer un modèle de construction des individus en neuf étapes qui ont été décrites au travers de la construction de 16 récits idéaux-typiques. Dans la seconde, sur la base d’une analyse de l’incidence des lieux et des mobilités sur les parcours, il a été montré leur importance dans les évolutions individuelles. Cette approche a également permis d’invalider le concept de désert gay et le modèle d’exil gay dans le cas du public étudié. Dans la troisième, sur la base d’une étude des interactions sociales clés, il a été mis en évidence le rôle des différents acteurs entourant les individus et leur influence sur leurs constructions identitaires notamment lors de situations charnières. Enfin, dans la quatrième, a été conduit une analyse fine des choix de vie que les réfugiés ont dû faire à l’occasion de six moments clés de leur parcours qui a permis d’éclairer les processus décisionnels et de montrer comment leur évolution identitaire se fait en réponse à des crises successives. L’ensemble a permis de proposer un modèle de cheminement intégrant la construction dans la masculinité et l’homosexualité à la fois en tant que représentation de soi et expressions d’une identité sociale. Celui-ci repose sur différentes formes de conception de l’identité gay. Au final, l’étude a écarté l’idée d’un cheminement opportuniste au profit d’un modèle dans lequel la construction individuelle est portée par des projections de soi et se développe par étape à partir des références rencontrées au gré des interactions sociales. De cette manière, ce travail met en lumière les parcours de demandeurs d’asile hommes homosexuels d’origine africaine apportant des connaissances nouvelles et des perspectives de recherches ultérieures.

    Maaï Youssef, Faire la Révolution côte à côte : contestataires syriens exilés dans l'Égypte post-2011, thèse soutenue en 2023 à Paris 1 sous la direction de Gilles Dorronsoro, membres du jury : Myriam Catusse (Rapp.), Laura Ruiz de Elvira Carrascal  

    Cette thèse contribue à une sociologie du maintien de l’engagement contestataire en exil, à travers une approche qualitative, valorisant l’échelle individuelle. Elle porte sur les cas de protagonistes du mouvement révolutionnaire syrien, initié en 2011, ayant quitté leur pays pour se réfugier en Égypte. L’Égypte post-Révolution du 25 janvier est alors en pleine transition politique et connait à partir de l’été 2013 une reconfiguration autoritaire brutale et violente. Comment maintenir son engagement contestataire dans un contexte où les individus syriens sont d’abord accueillis en « Frères de Révolution » puis traités avec hostilité ? Cette recherche analyse le truchement entre carrières contestataire et migratoire des individus concernés. Ce faisant, elle révèle les stratégies d’adaptation, de reconversion et d’extension de l’engagement que les individus mettent en œuvre afin de rester mobilisés, malgré des conditions d’exil marquées par une forte imprévisibilité et beaucoup d’incertitude. Ce travail met ainsi en lumière ce que l’exil fait à l’engagement, mais aussi ce que l’engagement fait à l’exil et quelles circulations ils occasionnent, notamment entre révolutionnaires syriens et égyptiens, mobilisés côte à côte dans le cadre des dits Printemps arabes.

    Sarah Roux, Lutter contre la traite des êtres humains : une analyse comparative de l'action publique de la France et des Pays-Bas, thèse soutenue en 2023 à Bordeaux sous la direction de Daniel Compagnon, membres du jury : Laurie Boussaguet (Rapp.)  

    La traite des êtres humains (TEH) connaît un grand développement depuis la fin du XXème siècle. Elle toucherait jusqu’à 25 millions de personnes selon le Département d’État des Etats-Unis. Elle constitue la troisième forme de trafic la plus répandue, après les drogues et les armes. Très lucrative, la TEH générerait 150 milliards de dollars de profits par an selon l’Organisation internationale du Travail. Non seulement ce phénomène porte atteinte aux droits de l’Homme, mais il remet en cause l’autorité des États sur leurs territoires. Dans ce contexte, la TEH devient progressivement un enjeu majeur sur les scènes nationales, régionales et internationales. Particulièrement touchés, les pays occidentaux sont généralement reconnus comme des « bons élèves » en matière de lutte contre la TEH par la communauté internationale. A travers l’étude des cas de la France et des Pays-Bas des années 1980 à 2018, nous proposons de questionner le présupposé selon lequel non seulement les États occidentaux mettent en place des politiques publiques de lutte contre la TEH, mais ces dernières comptent parmi les plus accomplies en la matière. Nous argumentons que les apparences cachent de fortes disparités dans la priorité qu’ils accordent à cette problématique. Ce faisant, nous explorons certaines zones d’ombre de la littérature sur la TEH. Si cette dernière a surtout étudié les réponses occidentales à la TEH, elle privilégie une approche globale et homogénéisante à l’échelle occidentale ou européenne au détriment d’une analyse plus fine au niveau national. Elle se focalise bien souvent sur les mesures législatives au détriment d’autres aspects des réponses publiques développées par les États occidentaux. Enfin, elle se concentre majoritairement sur la traite sexuelle et tend à négliger les autres formes de TEH. Plus encore, nous proposons d’ouvrir une réflexion autour des déterminants de la priorité consacrée à la lutte contre la TEH. Dans ce but, nous comparons les processus d’émergence et de mise à l’agenda de la TEH en France et aux Pays-Bas, de même que les processus de construction de ce problème public. Notre recherche repose sur le recueil et l’analyse qualitative de documents produits par les acteurs de la lutte contre la TEH au sein des deux pays (qu’il s’agisse des acteurs associatifs, militants, politiques et institutionnels), et d’une quarantaine d’entretiens conduits auprès de ces acteurs.

    Marie-Dominique Aguillon, Monde de l'expertise en migration et carrières d'experts au Sénégal, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Sylvie Brédeloup et Sophie Bava, membres du jury : Sandrine Revet (Rapp.), Mamadou dit Ndongo Dimé    

    Dans un contexte de doxa néolibérale, des lieux d’expertise tels que les organisations internationales élaborent des normes à l’échelle euro-africaine en matière de politiques migratoires conduisant à légitimer le contrôle des flux migratoires. Depuis le début des années 2000, ces commanditaires participent non pas à la création, mais à la structuration d’un « monde » de l’expertise en migration ainsi qu’au renforcement et à la professionnalisation d’un marché de l’expertise. La professionnalisation de ce marché contribue à l’émergence de registres paradoxaux pour penser la migration, produits et réappropriés par celles et ceux, issus des sphères universitaire, associative, politique et de la consultance, que je nomme « experts ». À partir d’un travail biographique et d’observation mené au Sénégal (2016-2019), cette thèse cherche à décrypter le fonctionnement, les parcours et les récits de ces experts africains intervenant dans le domaine des migrations. Elle interroge leurs carrières et propose d’analyser la sédimentation de ce monde de l’expertise sur les migrations. Par le biais de diffusion de normes aux États, de pratiques discursives et de manières de concevoir les politiques migratoires, des hiérarchies s’instaurent ainsi que des enjeux sociaux et l’exercice de nouvelles formes de dominations. Située à la croisée de la sociologie des migrations et de la sociologie de l’expertise, cette recherche s’attache à décrire puis analyser un processus au cours duquel des experts aux carrières socialement hétérogènes et aux points de vue antagonistes sur les migrations, se retrouvent réunis autour d’une table pour écrire une page de la politique migratoire sénégalaise.

    Mickael Idrac llanes, Une sociologie de l'éducation en contexte de camp aux portes de l'Union européenne : à l'école des outsiders, thèse soutenue en 2020 à Université Paris Cité sous la direction de Véronique Petit, membres du jury : Constance de Gourcy (Rapp.), Jean-Baptiste Meyer, Olivier Clochard, Lilyane Rachédi et Hugues Moussy  

    Depuis l'aggravation du conflit syrien et la chute du régime libyen, la multiplication des camps de migrants aux portes de l'Union européenne devient une réalité. Ceux-ci sont souvent invisibilisés comme dans les Balkans, parfois médiatisés comme à Calais en France, mais aussi et surtout régulièrement instrumentalisés comme sur les îles de la mer Égée en Grèce. Ils consacrent en effet une « Europe forteresse » dont l'approche hotspots est devenue la pierre angulaire. Dès lors, les États de l'Union européenne mettent en œuvre des stratégies de plus en plus savantes pour ne pas inclure les enfants des camps dans un parcours scolaire formel et des dynamiques éducatives prennent vie à l'intérieur des camps. La fonction de l'éducation en situation d'urgence se trouve alors bouleversée tant elle devient un outil au service de la survie et non plus d'un redéveloppement post-crise ou post-conflit. Au-delà d'une réflexion sur les mécanismes conduisant au développement d'écoles dans les camps, cette thèse propose une confrontation des influences réciproques entretenues par ces deux objets et analyse leurs conséquences sur la vie quotidienne des migrants. Elle apporte une contribution au champ de la sociologie des migrations en décrivant la production de rapports sociaux modifiant durablement et en profondeur la structure des camps. Jusqu'alors, au-delà du fait que la littérature sur l'éducation en contexte de camp soit peu fournie, elle était essentiellement issue des agences onusiennes. Par conséquent, elle se concentrait sur des aspects pratiques, focalisés sur l'enfant et sur les modalités d'apprentissages ou encore sur les techniques de soutien psychosocial. De fait, les réflexions sur la raison d'être d'un complexe éducatif à l'intérieur du camp, son importance pour la famille des élèves ou sa contribution au parcours migratoire d'adultes parfois sans enfants restaient des dimensions peu explorées. Afin d'y remédier, ce travail s'inspire de la littérature interactionniste de l'École de Chicago pour dépasser le cadre des destinataires traditionnels de l'école que sont les enfants et s'intéresser à tous ses usagers. Enfin, les trois années d'enquête en France, Grèce, Italie, Macédoine du Nord et Serbie ont permis de catégoriser certains camps en tant qu'institutions totales, prenant le contrôle de migrants qui ne parviennent plus à agir ou penser par eux-mêmes. Cette recherche doctorale, en décrivant un processus initié par l'école et qui aboutit potentiellement à une détotalisation des camps interroge alors plus largement la sociologie des institutions.

    Giulia Breda, (Co) Développement et gestion internationale des migrations : contrôler le savoir pour savoir contrôler, thèse soutenue en 2019 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Christian Rinaudo et Swanie Potot, membres du jury : Thomas Lacroix (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden et Hassan Boubakri  

    Cette thèse interroge la construction du discours des organisations internationales sur le lien entre migration et développement. Les questionnements de recherche partent du constat de la distance entre le discours politique prônant la migration temporaire comme modèle « triplement-gagnant » et les réalités d’exploitation et de précarisation sur le terrain de la main-d’œuvre saisonnière étrangère. Ces observations sont le résultat d’un travail de terrain sur les expériences migratoires de travailleurs saisonniers magrébins mené dans les Bouches-du-Rhône et dans leur pays d’origine (2012-2016). Pour la construction de l’objet de recherche l’autrice utilise une approche diachronique sur l’évolution, depuis l’après-guerre, de la notion de codéveloppement. Cela permet de montrer l’influence du contexte idéologique et géopolitique sur la carrière institutionnelle de certains courants scientifiques participant à l’interprétation et à la production des « savoirs » sur le codéveloppement.L’enquête se focalise sur les relations de pouvoir et le rôle des différents savoirs (scientifiques, « locaux » et institutionnels) dans la construction d’une approche globale de la gestion des migrations internationales. Une observation participante de six mois a été conduite au sein d’une organisation internationale grâce à un stage dans une initiative pour le codéveloppement. L’objectif principal de cette dernière est de fournir aux décideurs politiques des pays du « Sud » des savoirs pour « mieux » gérer les migrations. Ces savoirs sont codifiés dans des « produits de connaissance » à travers une stratégie de « knowledge managment » et présentés comme des « preuves » venant de projets de codéveloppement.Les données de terrain sont analysées, d’une part, à partir d’une approche extensive, permettant de voir comment la position des acteurs en jeux dans le champ du codéveloppement international (organisations internationales, gouvernements nationaux, autorités locales, « société civile » locale, associations de migrants, chercheurs) contraint et influence leurs stratégies dans le processus de production et de mobilisation de savoirs. D’autre part, une approche plus intensive permet de décrire les dynamiques plus fines dans les interactions entre différents acteurs et leur effet sur la traduction et le partage de savoirs ainsi que sur la diffusion des « bonnes pratiques ».Au final, la thèse montre les retombées de la technicisation du discours et de l’action pour le codéveloppement. Tout en s’insérant, comme médiatrices, dans une relation inégalitaire entre pays du « Sud » et pays du « Nord », les organisations internationales doivent s’adapter aux enjeux du champ du développement en empruntant une stratégie de dépolitisation. Celle-ci passe par la construction d’une expertise légitimée par les acteurs locaux du Sud à travers des instruments de co-construction de connaissances qui reproduisent pourtant les biais liés aux rapports de pouvoir entre les acteurs en jeu dans la problématisation des questions traitées.

    Dima El Khouri, Négocier l’espace , thèse soutenue en 2019 à Normandie sous la direction de Pierre Bergel et Nicolas Bautès  

    Recevoir en trois ans un afflux de migrants correspondant à un quart de sa population constitue un défi majeur pour n’importe quelle nation. Cette recherche tente de comprendre comment un tel phénomène, à priori inconcevable, a pu advenir dans les villes du Liban, qui ont accueilli plus d’un million de réfugiés depuis 2011. Partant de ce phénomène brutal, elle examine les facteurs qui ont permis à ces réfugiés urbains de s'installer tant bien que mal dans des espaces marqués par des processus extrêmes d'injustices socio-spatiales. La thèse aborde cette question à trois niveaux : (1 ) à l’échelle urbaine locale, où citadins et réfugiés vivent un cycle continu de négociations dissymétriques concernant l’occupation et l’appropriation de leurs espaces respectifs, reflété dans des situations quotidiennes de tension et de conflit ; (2) au niveau national, dans lequel la géopolitique interne à la société libanaise et les effets de l’action publique du gouvernement, des collectivités territoriales et des ONG prennent un rôle direct, influençant l’accès des réfugiés à la ville ; (3) à l’échelle géopolitique internationale enfin, qui aborde la situation du Moyen-Orient. À cette échelle, l’analyse s’attache aux effets des relations historiques entre le Liban et la Syrie dans l’installation actuelle des réfugiés. Cependant, l’espace de négociation n’est pas exclusivement perçu comme le résultat d’une relation binaire entre réfugiés et société d’accueil. Plus largement, la thèse démontre comment cette relation s’insère dans des mécanismes qui produisent et reproduisent des inégalités exprimées à des échelles multiples et qui opèrent sur l’ensemble des populations citadines, que ces dernières soient d’origines syriennes, palestiniennes, qu’elles appartiennent aux différentes communautés religieuses libanaises ou qu’elles soient originaires de pays étrangers. L’étude repose sur une approche ethnographique qualitative faisant appel à diverses méthodes, particulièrement des entretiens approfondis auprès d’échantillons de population très divers. Ceux-ci sont accompagnés d’observations systématiques menées dans trois quartiers urbains : Tebbeneh à Tripoli, El-Nab’a et le camp palestinien de Bourj el-Barajneh à Beyrouth.

    Dima El Khouri, Négocier l'espace, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Pierre Bergel et Nicolas Bautès, membres du jury : Eric Verdeil (Rapp.), Leïla Vignal et Mohamed Kamel Doraï    

    Recevoir en trois ans un afflux de migrants correspondant à un quart de sa population constitue un défi majeur pour n’importe quelle nation. Cette recherche tente de comprendre comment un tel phénomène, à priori inconcevable, a pu advenir dans les villes du Liban, qui ont accueilli plus d’un million de réfugiés depuis 2011. Partant de ce phénomène brutal, elle examine les facteurs qui ont permis à ces réfugiés urbains de s'installer tant bien que mal dans des espaces marqués par des processus extrêmes d'injustices socio-spatiales. La thèse aborde cette question à trois niveaux : (1 ) à l’échelle urbaine locale, où citadins et réfugiés vivent un cycle continu de négociations dissymétriques concernant l’occupation et l’appropriation de leurs espaces respectifs, reflété dans des situations quotidiennes de tension et de conflit ; (2) au niveau national, dans lequel la géopolitique interne à la société libanaise et les effets de l’action publique du gouvernement, des collectivités territoriales et des ONG prennent un rôle direct, influençant l’accès des réfugiés à la ville ; (3) à l’échelle géopolitique internationale enfin, qui aborde la situation du Moyen-Orient. À cette échelle, l’analyse s’attache aux effets des relations historiques entre le Liban et la Syrie dans l’installation actuelle des réfugiés. Cependant, l’espace de négociation n’est pas exclusivement perçu comme le résultat d’une relation binaire entre réfugiés et société d’accueil. Plus largement, la thèse démontre comment cette relation s’insère dans des mécanismes qui produisent et reproduisent des inégalités exprimées à des échelles multiples et qui opèrent sur l’ensemble des populations citadines, que ces dernières soient d’origines syriennes, palestiniennes, qu’elles appartiennent aux différentes communautés religieuses libanaises ou qu’elles soient originaires de pays étrangers. L’étude repose sur une approche ethnographique qualitative faisant appel à diverses méthodes, particulièrement des entretiens approfondis auprès d’échantillons de population très divers. Ceux-ci sont accompagnés d’observations systématiques menées dans trois quartiers urbains : Tebbeneh à Tripoli, El-Nab’a et le camp palestinien de Bourj el-Barajneh à Beyrouth.

    Fanny Floremont, Les récits contrastés de la « migration environnementale » : élaboration, usages et effets sur l'action publique, thèse soutenue en 2013 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel Compagnon, membres du jury : Patrick Hassenteufel (Rapp.), Céline Thiriot et Chloé-Anne Vlassopoulou  

    Ce travail de thèse cherche à interroger l’importance, fluctuante, prise par la question des « migrations environnementales », et sa constante re-problématisation. Il s’inscrit dans une perspective de sociologie de l’action publique et entreprend une comparaison transcalaire, entre le plan international et l’échelon national malien. Cette recherche montre que, dans un contexte d’incertitudes politiques et scientifiques multiples, l’élaboration de récits d’action publique relatifs aux « migrations environnementales » permet de dramatiser des enjeux qui dépassent le strict cadre des effets des changements environnementaux sur les déplacements de population, et de les construire en problèmes relevant de l'action publique.Trois récits discordants ont été élaborés dans les arènes internationales : le récit des « réfugiés », le récit des « personnes déplacées par les catastrophes naturelles » et le récit de « la migration comme adaptation ». Leur multiplication s’explique, d’une part par leur visée instrumentale, et d’autre part par les constants efforts de reformulation mis en œuvre par des entrepreneurs politiques afin de les inscrire dans les référentiels dominants. En résultent des récits en décalage avec les résultats des travaux académiques consacrés au lien entre environnement et déplacement. A l’échelon malien, le récit des « réfugiés » s’insère dans un discours plus général venant justifier des mesures de lutte contre les changements environnementaux et climatiques, nouvelle priorité des agences d’aide. Les récits élaborés au plan international sont ainsi sélectionnés et articulés avec des enjeux locaux afin d’être adaptés aux logiques et normes de fonctionnement de l’action publique locale.

  • Mélodie Beaujeu, La "cause des migrants" , thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Virginie Guiraudon  

    Cette thèse porte sur l’émergence de coalitions transnationales de plaidoyer pour la « cause des migrants » entre la fin des années 1990 et le milieu des années 2000. Elle cherche en particulier à élucider un paradoxe : l’apparente contradiction entre, d’une part l’intensité et l’ampleur atteintes en peu d’années par les mobilisations sur ce thème, et d’autre part le recul relatif, non moins rapide, de ces mobilisations. Pour rendre compte de ce qui fait figure de mobilisations éphémères, notre recherche combine trois approches, peu présentes dans la littérature relative à ces objets : une approche historique, une réflexion poussée sur mon expérience de « professionnelle-militante », et la perspective théorique ouverte par Christian Topalov avec la notion de « champ faible ». L’objectif est d’interroger le caractère « nouveau » de ces mobilisations transnationales de plaidoyer, en les envisageant comme des points d’entrée sur un champ ancien de mobilisation qui connaitrait, à partir de la fin des années 1990, une nouvelle mutation; mutation que la thèse a pour objet de caractériser. A cette fin, j’adopte une stratégie de recherche « en entonnoir » : A partir d’un point de vue à la fois historique et très « macro », centré sur l’analyse des contextes et des modalités d’émergence de coalitions d’acteurs divers – religieux, élites administratives, ONG - dans une première partie, je resserre ensuite la focale sur un échelon franco-européen-africain de formation d’alliances transnationales. L’observation de la place qu’occupe l’enjeu migratoire au sein des trajectoires individuelles et organisationnelles permet de rendre compte du caractère éphémère des coalitions.

    Mélodie Beaujeu, La "cause des migrants", thèse soutenue en 2019 sous la direction de Virginie Guiraudon, membres du jury : Éric Agrikoliansky (Rapp.), Philippe Aldrin (Rapp.), Colleen Thouez    

    Cette thèse porte sur l’émergence de coalitions transnationales de plaidoyer pour la « cause des migrants » entre la fin des années 1990 et le milieu des années 2000. Elle cherche en particulier à élucider un paradoxe : l’apparente contradiction entre, d’une part l’intensité et l’ampleur atteintes en peu d’années par les mobilisations sur ce thème, et d’autre part le recul relatif, non moins rapide, de ces mobilisations. Pour rendre compte de ce qui fait figure de mobilisations éphémères, notre recherche combine trois approches, peu présentes dans la littérature relative à ces objets : une approche historique, une réflexion poussée sur mon expérience de « professionnelle-militante », et la perspective théorique ouverte par Christian Topalov avec la notion de « champ faible ». L’objectif est d’interroger le caractère « nouveau » de ces mobilisations transnationales de plaidoyer, en les envisageant comme des points d’entrée sur un champ ancien de mobilisation qui connaitrait, à partir de la fin des années 1990, une nouvelle mutation; mutation que la thèse a pour objet de caractériser. A cette fin, j’adopte une stratégie de recherche « en entonnoir » : A partir d’un point de vue à la fois historique et très « macro », centré sur l’analyse des contextes et des modalités d’émergence de coalitions d’acteurs divers – religieux, élites administratives, ONG - dans une première partie, je resserre ensuite la focale sur un échelon franco-européen-africain de formation d’alliances transnationales. L’observation de la place qu’occupe l’enjeu migratoire au sein des trajectoires individuelles et organisationnelles permet de rendre compte du caractère éphémère des coalitions.

    Abdourahmane Mangane, Le contrôle des transferts de fonds par les émigrés sénégalais : Processus d'individualisation et réaménagement de la solidarité communautaire en situation migratoire, thèse soutenue en 2017 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Jocelyne Streiff-Fénart, membres du jury : Jacques Barou (Rapp.), Mahamet Timera et Christophe Daum  

    Les transferts d’argent des émigrés attirent l’intérêt des organismes internationaux qui les considèrent comme une manne financière à mettre au service du développement des pays d’origine. Ils constituent également un objet d’étude qui occupe une place centrale dans la littérature scientifique notamment dans le domaine de l’économie. Dans cette thèse, les transferts d’argents seront considérés dans une perspective socio-anthropologique, mettant en perspective les remises des émigrés par rapport au processus d’individualisation à l’oeuvre en situation migratoire et dans les sociétés africaines. Les enquêtes par entretien semi-directif réalisées qui viennent en appoint des observations classiques et netnographiques permettent de mettre en évidence le sens que les émigrés accordent à l’aide financière individuelle et collective qu’ils apportent à leurs proches, les différentes stratégies qu’ils mettent en place pour en contrôler l’usage, et les interprétations qu’ils font des normes de redistribution communautaire.

    Céline Gabarro, L’attribution de l’aide médicale d’Etat (AME) par les agents de l’Assurance maladie : entre soupçon de fraude, figures de l'étranger et injonctions gestionnaires, thèse soutenue en 2017 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Alain Morice, membres du jury : Danièle Linhart (Rapp.), Laurence Kotobi (Rapp.), Gilles Jeannot et Marguerite Cognet    

    Dans cette thèse nous nous intéressons à la question de l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière à travers l’étude de l’attribution de l’aide médicale d’Etat (AME), une couverture maladie qui leur est réservée. A partir d’une enquête ethnographique menée des deux côtés du guichet des caisses primaires d’Assurance maladie (CPAM), nous interrogeons les effets du développement d’une conception gestionnaire de la santé et des mutations du travail dans les CPAM sur l’attribution de l’AME. Nous montrons qu’une rhétorique du soupçon se développe dans cette administration, et ce plus particulièrement à l’égard des étrangers. Bien que cette rhétorique soit institutionnalisée, nous verrons qu’elle donne aussi lieu à des réappropriations individuelles, dans un contexte de forte remise en question du sens du travail et de déstabilisation des identités professionnelles. Nous verrons que si l’ensemble des agents partagent ce discours sur la lutte contre la fraude sociale, ils usent néanmoins de cette logique de diverses façons. Cette dernière peut ainsi leur permettre de valoriser un savoir-faire gestionnaire, un savoir-faire social, ou encore un savoir-faire de gardien du système. Enfin, la thèse montre que l’usage de la rhétorique du soupçon n’engendre pas forcément une lecture rigoriste de l’AME, même si cette dernière reste dominante. Elle peut au contraire, quand elle permet de mobiliser un sens social ou gestionnaire, du fait de la spécificité de l’AME et de son traitement à l’écart, s’avérer aussi faciliter l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière.

    Patrice Diatta, Du gouvernement des banlieues à l’émergence des périphéries dans la gouvernance urbaine mondiale ?. Mises en récits du global et singularités des champs politiques nationaux. : Mises en récits du global et singularités des champs politiques nationaux, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Cécile Blatrix, membres du jury : Alain Faure (Rapp.), Gilles Massardier (Rapp.), Johanna Siméant-Germanos, Maurice Engueleguele et Catherine Laurent    

    Face aux crises sociales, écologiques et politiques liées au processus d’urbanisation, on assiste au développement d’une sorte de consensus international autour de la « démocratie participative » comme une des meilleures pratiques (best practices) de gestion politique pour relever les défis. L’objet de cette thèse consiste à convoquer à la fois la sociologie des réseaux de politiques publiques pour voir dans quelles conditions et par quelles catégories de groupes d’acteurs se diffuse à l’échelle mondiale et locale ce principe participationniste à prétention universelle, et le courant des instruments d’action publique pour questionner l’idée d’une convergence des dispositifs participatifs conçus comme des outils stabilisés voire labellisés de gestion publique locale. C’est à ces questions que va tenter de répondre la présente recherche à partir de l’analyse de la « démocratie participative » dans trois politiques municipales de trois communes à la périphérie de grandes métropoles : Nanterre (en région parisienne), la Commune I (du District de Bamako) et Yeumbeul-Nord (dans la région de Dakar). Ces trois villes populaires sont toutes membres d’un réseau transnational d’élus locaux de périphérie — Le Réseau FALP - dont le discours politique antilibéral préconi des étropo1es plus inclusives.