Magali Nonjon

Maître de conférences
Science politique.
Sciences Po Aix

Croyance, Histoire, Espace, Régulation Politique et Administrative
Laboratoire des sciences Juridiques, Politique, Économiques et de Gestion
  • THESE

    Quand la démocratie se professionnalise : enquête sur les experts de la participation, soutenue en 2006 à Lille 2 sous la direction de Frédéric Sawicki

  • Magali Nonjon, Alice Mazeaud, Le marché de la démocratie participative, Éditions du Croquant, 2018, Sociopo, 365 p.  

    La 4e de couv. indique : "Aujourd'hui la démocratie participative ne s'affiche plus seulement dans les discours, elle s'incarne dans des règles juridiques, des dispositifs participatifs, des services administratifs, des échanges marchands, etc. Les militants d'hier sont pour l'essentiel concurrencés par des professionnels (agents publics, consultants, salariés de grandes entreprises d'aménagement) qui vivent de l'offre de participation et ont, à ce titre, intérêt à l'entretenir. La demande de participation tend ainsi désormais à devenir la finalité et l'alibi de ce que les auteures qualifient de marché de la démocratie participative. En s'intéressant à la construction savante de l'impératif participatif, aux luttes d'expertises professionnelles qui l'ont accompagnée tout comme à la sociologie et aux pratiques concrètes de ces acteurs auxquels les autorités publiques ont confié la charge d'animer, d'organiser ou encore d'évaluer des dispositifs participatifs, cet ouvrage rappelle combien la qualité démocratique ne peut à elle seule expliquer le développement des politiques participatives en France. Les dynamiques de professionnalisation y ont joué un rôle majeur. C'est ce que montre cet ouvrage qui éclaire également les logiques sociales et politiques de la sophistication croissante des technologies de gouvernement et plus largement l'ambivalence politique du tournant participatif contemporain. Remise en cause sur le plan symbolique par la promotion du citoyen-expert et des formes participatives de légitimation politique, la division du travail politique entre le professionnel et le profane semble en pratique plus solide que jamais"

    Magali Nonjon, Participation des habitants aux décisions publiques d'aménagement urbain et démocratie locale: l'exemple de l'atelier d'urbanisme participatif du quartier du petit belgique à Haubourdin, 1999, 155 p. 

  • Magali Nonjon, Alice Mazeaud, Guillaume Gourgues, « Du tournant participatif des administrations à la bureaucratisation de la démocratie participative : étude à partir du cas français », Revue internationale des sciences administratives, 2022, n°4, pp. 921-936   

    Magali Nonjon, Guillaume Gourgues, Alice Mazeaud, « From the participatory turn of administrations to the bureaucratisation of participatory democracy: study based on the French case », International Review of Administrative Sciences, 2021, p. 002085232110031 

    Magali Nonjon, « Personnes accompagnées », Lien Social , 2020, n° ° 1271, pp. 18-24   

    Magali Nonjon, « Une sociologie critique de la démocratie participative est-elle utile ? », Participations , 2018, n° ° 19, pp. 221-242   

    Magali Nonjon, « Encore une révolution informatique ? Open et big data dans les organisations administratives », Informations sociales , 2016, n° ° 191, pp. 8-18    

    En proposant de lire l’émergence de l’open et du big data dans la continuité des réformes de l’administration par l’information, cet article décrit la mise en place d’une nouvelle « configuration de réformes », au sein de laquelle les positions historiquement stabilisées d’acteurs clés dans le processus de réforme de l’État ont été contestées tandis que de nouveaux acteurs parvenaient à émerger. Cette « révolution » n’est toutefois pas que de palais : elle engage d’importantes transformations dans les relations que l’État entretient avec le marché, avec la science et avec sa population, transformations dont les conséquences sont encore incertaines.

    Magali Nonjon, « Les circulations transnationales de l’ingénierie participative », Participations , 2016, n° ° 14, pp. 5-35    

    À partir d’une lecture croisée des articles rassemblés dans ce dossier, cette introduction interroge l’existence d’un « tournant participatif mondial » en analysant les dynamiques transnationales de circulation verticale (de l’international vers le national ou le local) et horizontale (territoires entre eux, acteurs appartenant aux mêmes espaces institutionnels et sociaux) de l’ingénierie participative. En situant l’analyse de ces dynamiques circulatoires au croisement des travaux de sociologie et d’anthropologie (circulation des formes démocratiques et sociologie fine des acteurs de la circulation), de sociologie des sciences (circulation des innovations) ainsi que ceux de science politique (transnationalisation des politiques publiques), cet article invite d’une part à relativiser la dimension coercitive exercée par les organisations internationales développée par les approches critiques de la « tyrannie » de la participation. D’autre part, à rebours d’une vision trop déterministe qui fait de l’appropriation du discours et des pratiques participatives par les acteurs locaux le signe mécanique de leur adhésion à la rhétorique participative, l’article met en exergue la pluralité des investissements, plus ou moins intéressés, dans la participation. Enfin, la valorisation systématique de « bonnes pratiques » et d’expériences modèles dans les processus circulatoires étudiés conduit à mettre l’accent sur le rôle des réseaux professionnels et les usages stratégiques de l’international dans le cadre de la compétition entre les territoires.

    Magali Nonjon, « Vers un standard participatif mondial ? Enjeux, conditions et limites de la standardisation internationale de la participation publique », Participations , 2016, n° ° 14, pp. 121-151    

    Consacré à l’étude de l’Association internationale pour la participation publique (IAP2), cet article se propose d’analyser les enjeux, les modalités, les conditions et les limites de la standardisation internationale de l’ingénierie participative, des outils et des savoir-faire participatifs. En première lecture, le travail réalisé par cette association pour standardiser, codifier et diffuser des valeurs et des outils de la participation publique mobilisables partout dans le monde semble illustrer la standardisation et l’internationalisation croissante de l’ingénierie participative. En deuxième lecture, l’activité d’IAP2 révèle la fragilité de ce processus : d’une part, le brouillage entre une logique de diffusion et de marchandisation de ces standards est source de tensions et, d’autre part, la communauté des professionnels de la participation demeure fragmentée, concurrentielle et faiblement internationalisée.

    Magali Nonjon, « La conversion managériale des hauts fonctionnaires : un mythe utile pour l’Etat Social local français ? », Revue Internationale des Sciences Administratives , 2016, n° 82, pp. 203-221    

    Le New Public Management s’est-il vraiment diffusé partout, d’une façon large et homogène ? A partir d’une recherche sur les discours et les pratiques d’une catégorie bien particulière de hauts fonctionnaires territoriaux en France (ceux qui sont responsables des politiques sociales décentralisées), cet article discute d’une façon critique cette hypothèse de la convergence vers le NPM. Derrière une convergence discursive, superficielle et partielle, on observe plutôt des appropriations hétérogènes et contextualisées des nouveaux référentiels du management public conduisant souvent au renouvellement des formes bureaucratiques. Dans un contexte qui les fragilise, les responsables publics semblent surtout se saisir du ‘management’ comme d’une ressource de légitimation professionnelle. En adoptant ainsi une posture managériale bien utile, ils contribuent eux-mêmes à entretenir le mythe de la convergence. Remarques à l’intention des praticiensNous présentons ici des résultats issus d’une étude approfondie sur les discours et les pratiques de direction du demi-millier de hauts fonctionnaires responsables des politiques sociales décentralisées dans les départements français. Quels rapports entretiennent-ils avec le vocabulaire managérial et les outils de gestion, alors même que leur secteur est marqué par des réactions contradictoires face aux logiques économiques et gestionnaires ? Le renouvellement du management public auquel ils contribuent ne saurait être assimilé à une importation des méthodes éprouvées dans le secteur privé : il semble surtout répondre aux nouveaux impératifs sur lesquels leur légitimité professionnelle doit aujourd’hui se construire.

    Magali Nonjon, Jean-Robert Alcaras, Guillaume Marrel, Christèle Marchand, « La conversion managériale des hauts fonctionnaires : un mythe utile pour l’Etat Social local français ? », Revue internationale des sciences administratives, 2016, n°1, p. 203 

    Magali Nonjon, « Gouverner par les architectures informatiques : Logiciels et progiciels de gestion intégrée dans le secteur social », Gouvernement et action publique , 2015, n° VOL. 4, pp. 9-24    

    Les progiciels et logiciels de gestion intégrée se diffusent aujourd’hui dans les secteurs d’action publique où le service direct à l’usager comporte une dimension « sociale ». Comme d’autres instruments de gestion, ces technologies informatiques sont conçues pour prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler et, in fine, assurer la performance organisationnelle. Ils incorporent des prescriptions gestionnaires qui peuvent cadrer les appropriations, imposer des représentations des activités, du tissu social et des relations entre les acteurs. Analysées par certains auteurs comme des « technologies invisibles », ces logiciels et progiciels de gestion intégrée sont ici appréhendés comme des architectures informatiques tangibles dont certains acteurs s’emparent pour en faire espaces de luttes de statuts et de prérogatives. L’article s’appuie sur les résultats des cinq enquêtes de terrain consacrées au déploiement de ces architectures informatiques dans le secteur de la mise à l’emploi, de l’aide et l’action sociales, du handicap, de la santé et du socio-judiciaire, réalisées par des politistes et des sociologues et présentées dans ce numéro. Il invite à ne pas réduire ces technologies informatiques à de simples outils de standardisation gestionnaire pour les appréhender comme des instruments relationnels.

    Magali Nonjon, « Le progiciel socialisé : Usages des architectures informatiques dans l’aide et l’action sociales départementales », Gouvernement et action publique , 2015, n° VOL. 4, pp. 129-156    

    Cet article s’intéresse au déploiement de progiciels de gestion intégrée (PGI) au sein de deux directions générales adjointes à la Solidarité (DGAS). Il vise à étudier la manière dont les équipes de direction des services d’aide et d’action sociales départementales (AAS) attribuent des finalités à ces dispositifs informatiques et les utilisent. L’enquête de terrain menée entre 2012 et 2013 souligne en première analyse que ces PGI accompagnent les réformes managériales portées par cette population encadrante. À ce titre, les traductions engagées par les directeurs auprès de leurs équipes épousent largement les fonctions de standardisation gestionnaire et de performance organisationnelle conçues et promues par les éditeurs privés et les directions des services informatiques (DSI). Néanmoins, l’extrême variété des appropriations tout comme les usages inattendus identifiés sur le terrain rappellent également l’ambivalence et la singularité des représentations et des pratiques de management des directeurs. Plus largement, cet article invite à réinscrire les appropriations plurielles de ces outils de gestion informatisée dans les trajectoires professionnelles des encadrants a priori déterminantes sur le secteur de l’aide et de l’action sociales.

    Magali Nonjon, Pierre-Yves Baudot, Guillaume Marrel, « Encore une révolution informatique ? Open et big data dans les organisations administratives », Informations sociales, 2015, n°191 

    Magali Nonjon, Jean-Robert Alcaras, Christèle Marchand, Guillaume Marrel, « Quand les directeurs des services sociaux départementaux se saisissent du management : des représentations et des pratiques singulières et équivoques », 2014  

    Introduction Une abondante littérature scientifique consacre l’avènement contemporain d’un New Public Management (NPM) et diffuse l’idée que les acteurs publics du monde entier se convertiraient aujourd’hui à une conception managériale de leur fonction (Ferlie et al., 1996 ; Kickert, 1998 ; Lane, 2000 ; Osborne, 2010 ; Osborne et Gaebler 1993). Il faut pourtant veiller à ne pas confondre ni réduire le management public à la vague idéologique du NPM qui aujourd’hui l’affecte (Gibert, 2008) — l...

    Magali Nonjon, Julia Bonaccorsi, «  La participation en kit  : l’horizon funèbre de l’idéal participatif », 2012  

    Une véritable commande publique participative semble s’être progressivement développée, formalisée et codifiée depuis les années 90 attestant en France de l’existence d’une offre institutionnelle de participation. Ainsi, la plupart des dispositifs participatifs contemporains ont été initiés dans le cadre de commandes publiques réglementées. Des fonds ont été attribués à la gestion, l’animation et l’évaluation des instances participatives créant un véritable marché du conseil en participation....

    Magali Nonjon, « De la  militance  à la  consultance  : les bureaux d’études urbaines, acteurs et reflets de la  procéduralisation  de la participation », 2012  

    Introduction Aujourd’hui, la démocratie participative ne s’affiche plus seulement dans des discours, elle s’incarne dans des pratiques. Depuis les années 70, les formes d’association des citoyens à la décision et aux débats publics se sont multipliées dans l’ensemble des secteurs de l’action publique : politique de la ville, environnement, aménagement, santé publique. Une véritable commande publique participative semble ainsi s’être développée, formalisée et codifiée. Elle traduit le glisseme...

    Magali Nonjon, « Innovation technologique ou innovation sociale ? Usages et valorisation d'un outil informatisé de gestion dans l'IAE », Innovations , 2012, n° °38, pp. 151-166    

    RésuméL’équipement numérique de l’accompagnement à l’emploi est incontestablement une innovation technologique et organisationnelle au sein d’un Plan Local d’Insertion par l’Économique (PLIE). L’article interroge la qualification « sociale » de cette innovation par les acteurs et promoteurs du logiciel de suivi des parcours d’insertion en question, à partir d’une enquête monographique, et au regard des propositions de consolidation théorique de l’« innovation sociale ». Une « innovation sociale de compétition » ? Les écarts observés entre justification des pratiques et catégorisations académiques, autour de la polysémie du « social », plaident pour une sociologie approfondie des usages de la qualification de l’innovation.Codes JEL : H75, I3, J2, J68, J78, L38, O17, O33, O38, R58

    Magali Nonjon, « La  performance sociale  comme horizon ? Les directeurs départementaux de l'aide et de l'action sociales et leurs perceptions de la managérialisation », Revue française d'administration publique , 2012, n° ° 140 , pp. 757-771    

    Dans un contexte d’exigence de « performance publique », l’usage rhétorique de la notion de « performance sociale » s’est très largement banalisé dans le secteur social. Comment les acteurs de l’État social perçoivent‑ils ces évolutions ? Si au sommet, les « élites du Welfare » ou, à la base, les travailleurs sociaux, ont déjà fait l’objet d’études, on sait peu de choses, à un niveau intermédiaire, des directeurs départementaux de l’aide et de l’action sociales. Pourtant, ce sont bien ces derniers qui pilotent, au sein des conseils généraux, des politiques sociales largement décentralisées. Cet article analyse leurs perceptions de la managérialisation au prisme de la « performance sociale », à partir de données recueillies lors d’une enquête nationale réalisée en 2011.

    Magali Nonjon, Julia Bonaccorsi, « La participation en kit : l’horizon funèbre de l’idéal participatif ? », Quaderni, 2012, n°79, pp. 29-44 

    Magali Nonjon, « Professionnels de la participation : savoir gérer son image militante », Politix , 2005, n° ° 70, pp. 89-112    

    Depuis ces dernières années, les dispositifs de concertation – atelier de travaux urbains, budget participatif, évaluation participative, débat public, conférence de consensus, sondage délibératif, etc. – se sont multipliés en France. D’abord principalement portés et animés par des acteurs au profil militant – ceux des premiers chefs de projet politique de la ville, des travailleurs sociaux, des mouvements d’éducation populaire –, ces dispositifs attirent aujourd’hui des professionnels issus d’autres univers comme ceux de l’architecture, de l’urbanisme, du consulting, du marketing et de la communication. Face à cette ouverture progressive du milieu de la participation, les militants d’origine ont été poussés à reconvertir leurs ressources militantes en véritable savoir-faire professionnel, notamment par la valorisation d’un militantisme d’expertise. Cependant cette reconversion, loin de leur assurer le monopole, semble au contraire avoir accéléré et facilité la captation de ce marché par les nouveaux entrants. Dans un contexte de concurrence accrue, tout se passe comme si la question de « l’authenticité » des origines – et donc du rapport au militantisme – re-surgissait chez les militants et devenait une stratégie de démarcation.

  • Magali Nonjon, François Duchêne, Françoise Lafaye, Emmanuel Martinais, Ouvrir la concertation sur les risques industriels. La constitution du CLIC de Feyzin (69), 2007 

  • Magali Nonjon, Ariane Richard-Bossez, Camille Floderer, Gaël Marsaud, « Les publics des Cités éducatives : une désignation par délégation ? », JE Publics et problèmes en éducation, Créteil, le 12 octobre 2023   

    Magali Nonjon, Camille Floderer, Ariane Richard-Bossez, « La circulation des logiques éducatives dans les politiques partenariales. L'exemple des cités éducatives », Congrès AFS ( Association Française de sociologie ) 2023, Lyon, le 04 juillet 2023 

    Magali Nonjon, Ariane Richard-Bossez, Camille Floderer, « À la recherche des publics des Cités éducatives marseillaises : des enfants et des jeunes en arrière-plan », Colloque Penser l’éducation territorialisée, Bordeaux, le 01 décembre 2022 

    Magali Nonjon, Julia Bonaccorsi, « « Pour une culture de la participation » (Une expérience singulière de qualification : la Formation à l’Animation d’Espaces Publics Urbains) », Démocratie participative en Europe. Lerass/Sciences de la Société, Toulouse, le 01 juin 2006 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Paul Cerdan, La rénovation des écoles marseillaises, thèse en cours depuis 2024 en co-direction avec Philippe Aldrin  

    La thèse, réalisée en Cifre, aura pour mission principale d'apporter à la direction de la SPEM une expertise ciblée, éclairée par les dernières avancées de la sociologie de l'action publique, pour concevoir et mettre en œuvre un nouveau cadre de coopération et de concertation avec les différentes parties prenantes du Plan Ecole. Fondamentalement, l'enjeu consistera à mobiliser les savoirs et techniques issus de la recherche sur les expériences de politiques publiques participatives pour proposer une nouvelle culture de la concertation au service des écoles marseillaises. Celle-ci s'adossera à un principe central : garantir la mise en discussion permanente du projet entre les différentes instances décisionnelles d'une part et avec les divers usagers d'autre part, en tâchant d'ouvrir les écoles sur les quartiers et leurs habitants à chaque fois que cela est possible. Le travail du doctorant servira également à laisser le témoignage détaillé d'une expérience de projet inédite mêlant une multiplicité d'acteurs et d'enjeux notamment liés au plan présidentiel « Marseille en Grand ». Il s'agit aussi de profiter de ce projet structurant à l'échelle de la ville pour tirer les potentiels nombreux enseignements qui surgiront de l'expérience et ainsi capitaliser pour les futurs projets menés localement. La thèse pourrait donc être en mesure d'apporter de nouveaux éléments de réflexion à la sociologie du pouvoir local et plus généralement aux études urbaines en tâchant toujours de réinscrire Marseille au sein de dynamiques urbaines, sociales, économiques et politiques qui la dépassent largement. Elle permettrait également d'apprécier plus finement les ruptures comme les continuités dans la fabrique contemporaine de la ville en s'attardant par exemple sur les ajustements d'un pouvoir politique local désormais tenu de s'insérer dans une gouvernance urbaine regroupant une coalition d'acteurs publics comme privés toujours plus large.

    Raphael Godefroid, L'apprentissage de la citoyenneté à l'épreuve de la refondation des temps scolaires , thèse en cours depuis 2023 en co-direction avec Ariane Richard-bossez  

    Ré-établissant l'importance des acteurs péri et extra-scolaires dans le développement de l'enfant, la refondation des temps scolaires a aussi un impact important sur la fabrique de la citoyenneté. Si de nombreux travaux interrogent la création de savoirs citoyens à l'école, ce projet vise à l'étude de l'impact de la collaboration entre acteurs et espaces scolaires, extra-scolaires et péri scolaires dans ce processus. Il s'agit de questionner la continuité pédagogique en matière d'apprentissage de la citoyenneté et de déterminer les effets de la multiplication de lieux de sociabilité sur le rapport des enfants marseillais au monde social et politique.

    Élise Ho-Pun-Cheung, Prophétiser la ville : sociologie d'un champ urbain réformateur aux prises avec la « smart city », thèse soutenue en 2021 à AixMarseille en co-direction avec Philippe Aldrin, membres du jury : Antoine Vauchez (Rapp.), Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Guillaume Marrel et Mathieu Hauchecorne    

    En s’intéressant à des espaces non-institutionnels saisis de la question de la « smart city », cette thèse interroge les mécanismes de fixation d’un futur urbain souhaitable et les modalités de sa mise en œuvre par des acteurs extérieurs à l’État. À partir de deux principaux cas, un « think tank » de prospective urbaine et un groupe de journalistes spécialisés au sein d’un média généraliste, elle invite à considérer le travail de ces intermédiaires de la réforme urbaine. Ces derniers, qui animent des espaces dans lesquels s’incarnent la relative porosité des frontières entre public et privé, œuvrent à produire une vision prospective de la fabrique urbaine. Celle-ci repose en partie sur des outils numériques et technologiques sans pour autant souscrire aux discours de l’économie de la promesse, promus notamment par les grandes firmes technologiques. Ils contribuent au contraire à produire et à diffuser une vision de l’aménagement et de la gestion urbaine en concurrence avec celle que promeuvent les entreprises de l’économie numérique. En retraçant les déplacements dans l’espace social des controverses entourant la « smart city », puis en se focalisant sur des espaces interstitiels à la frontière du public et du privé, de l’économie, du journalisme, de l’universitaire et du politique, cette recherche retrace dans l’ensemble un processus de qualification et de disqualification des savoirs et des acteurs susceptibles de participer à la production d’une vision légitime de la « ville de demain » et, plus largement, à même de participer à son gouvernement

  • Tiffany Matias, Le nouvel esprit de la SNCF : la transformation numérique comme dépassement du tournant néo-managérial de l'entreprise publique, thèse soutenue en 2023 à Université de Montpellier 2022 sous la direction de Jean-Yves Dormagen et Laura Michel, membres du jury : Guillaume Marrel (Rapp.), Nadège Vezinat, Clément Mabi et Éric Savarese  

    Cette thèse examine la signification de la transformation numérique au sein de la SNCF et son lien avec les entreprises de réformes néo-managériales antérieures. Elle est structurée en trois parties, visant à la fois à saisir le projet articulé autour de la notion de transformation numérique, à réaliser une sociologie des acteurs qui le portent, et à identifier les stratégies et les dispositifs de ces derniers pour imposer leur agenda au sein de l’organisation. Concernant le projet, les résultats permettent de souligner que derrière la notion la transformation numérique, le projet de « modernisation » consiste largement en la diffusion d’un nouvel esprit, qui prend pour modèle de référence les géants de l’économie numérique. Dès lors, le projet constitue un dépassement du tournant néo-managérial de la SNCF, favorisant un mouvement de néo-marchandisation, de néo-rationalisation et s’inscrivant dans la tendance plus large du post new public management. Concernant les acteurs, les résultats permettent d’observer que ce projet est porté par des employés distants de l’histoire et du destin de l’organisation, et favorables aux nouveaux objectifs de la SNCF en matière de performance financière. Ils contribuent alors encore davantage à faire de la digitalisation une contribution à la réforme. Cependant, ces acteurs sont encastrés dans des luttes professionnelles et organisationnelles, ce qui limite leur pouvoir d'action. Pour compenser cela, ils cherchent à enrôler l'ensemble des employés de l'organisation à leur projet, en mobilisant largement des dispositifs dont la finalité est de diffuser ce nouvel esprit au sein de l’organisation.

  • Adèle Morland, "Co-construire" un projet de renouvellement urbain : la portée des démarches participatives sur l'action publique locale, thèse soutenue en 2022 à Paris Est sous la direction de Christine Lelévrier et Camille Gardesse, membres du jury : Jodelle Zetlaoui (Rapp.), Laurent Devisme (Rapp.)  

    À la croisée des recherches menées sur l’implication des habitants dans la politique de la ville et des recherches consacrées à l’analyse des processus d’élaboration des projets urbains, notre recherche interroge la portée des démarches participatives consacrées aux projets de renouvellement urbain. Dans un contexte de renforcement de l’injonction participative dans la politique de la ville et dans un contexte municipal volontaire en matière d’implication des habitants, cette thèse questionne plus précisément les conditions d’émergence d’une fabrique urbaine incluant les habitants. Dans ce travail, notre analyse s’appuie sur une posture en immersion auprès d’un acteur public local, maîtrise d’ouvrage des projets de renouvellement urbain de la commune de Miramas dans les Bouches-du-Rhône. À partir d’une démarche participative mise en place à l’initiative de cette municipalité, la thèse examine les transformations générées par cette expérience dans les rôles et les pratiques des acteurs impliqués.La définition des transformations urbaines avec les habitants entraîne des reconfigurations dans les relations et les rapports de pouvoir entre les élus, les acteurs techniques et les habitants. La démarche étudiée permet de mettre en évidence différents repositionnements dans les systèmes d’acteurs consacrés à l’élaboration de ces projets : la légitimation de la municipalité, le rôle croissant des prestataires privés comme les professionnels de la participation, l’émergence d’une figure d’habitants « co-concepteurs » de ces projets. Ces évolutions s’opèrent néanmoins à certaines conditions. Les habitants-participants deviennent « co-concepteurs » à partir de différents apprentissages et à condition de détenir, en amont de l’expérience participative, des prédispositions sociales. Mais de façon plus transversale, ces évolutions s’expliquent par le fait que les différents types d’acteurs ont un intérêt stratégique à s’impliquer dans ce type de démarches. Pour ces acteurs, l’expérience participative émerge comme une ressource positionnelle, sociale et professionnelle. Finalement, cette thèse contribue à renseigner les effets de la diffusion de l’injonction participative sur l’action publique urbaine.

    Jessy Bailly, Les citoyens-contrôleurs de la dette publique, en France, en Espagne et en Belgique, années 2010, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Philippe Aldrin et François Foret, membres du jury : Cécile Blatrix (Rapp.), Éric Agrikoliansky et Jean-Benoît Pilet  

    Cette thèse porte sur la comparaison de six collectifs d’audit citoyen de la dette, en France, en Espagne et en Belgique. Mobilisés à partir de la crise de la dette en Europe, à l’aube des années 2010, les auditeurs-citoyens critiquent la manière dont les pouvoirs publics sont intervenus dans la gestion de la crise, assimilant cette dernière à une dépossession de la capacité des pouvoirs publics à agir contre les intérêts les plus lucratifs des acteurs financiers et économiques privés. Ces militants préconisent alors la mise en œuvre de mécanismes de surveillance et de contrôle des gouvernés sur les gouvernants, qui permettent autant de contrôler la forme des décisions financières (décloisonner le débat financier), que leur fond (s’assurer que les décisions publiques contribuent à l’intérêt de la majorité sociale de la population). Par l’audit, ils évaluent ainsi la qualité démocratique de leur système politique, dont l’un des critères est la capacité du gouvernement à favoriser le progrès social des administrés. Dans cette thèse, on a fait le choix d’analyser les mobilisations d’audit citoyen par le prisme de la figure du « citoyen-contrôleur », pour mettre en valeur des comportements politiques et des formes de participation politique extra-électoraux, encore insuffisamment étudiés. On est soucieux de réaliser une analyse par contrastes et par similitudes. Il s’agit de mettre en valeur ces militants essayant communément de s’imposer comme intermédiaires entre décideurs et citoyens, participant de fait à la production de l’action partisane comme de l’action publique

    Nicolas Bataille, Experts et consultants au service de l'action publique locale : une approche pragmatique du travail de l'ingénierie privée, thèse soutenue en 2020 à Tours sous la direction de Denis Martouzet et Laurent Devisme, membres du jury : Rémi Barbier (Rapp.), Elsa Vivant (Rapp.), Luca Pattaroni    

    Dans l’aménagement de l’espace et de l’environnement, les acteurs de l’ingénierie privée occupent une place grandissante dans la mise en œuvre des politiques publiques. Ces invisibles des projets, parfois considérés comme des « experts », sont réputés accompagner les collectivités locales sur les dimensions techniques. Du reste, ils ne sont pas imperméables aux mutations contemporaines du capitalisme qui affectent l’action publique locale. Dans ce contexte, ils se veulent acteurs du changement et soutiennent des approches renouvelées pour répondre à une complexification supposée. À partir d’une enquête ethnographique, cette thèse qualifie le travail de ces bureaux d’études, sociétés d’ingénierie et de conseil dans l’action publique locale. Le cadre de la sociologie pragmatique des épreuves permet de comprendre le travail d’élaboration de dispositifs, mais aussi de production de catégories et de critique, qui est au principe de leur activité. Ce travail documente notamment un changement normatif global autour de la notion de projet au détriment d’une rationalité techniciste, modifiant l’action publique locale dont l’ingénierie privée est un miroir. Tout d’abord, dans l’organisation et le travail, les pratiques de l’expert sont dévalorisées face aux capacités d’animation prêtées au chef de projet. Pour autant, ce dernier subit les injonctions contradictoires de la mise en discussion permanente. Ensuite, face au client, l’ingénierie s’affiche de plus en plus comme « consultant », pour transformer la relation d’exécutant en partenariat. Cette coordination engendre un travail de négociation du besoin tout au long de la mission. En outre, les changements globaux dans la division du travail en aménagement favorisent une coordination plus locale et incertaine au détriment d’un État technocrate. Le recours à l’ingénierie privée est vu comme un moyen de retrouver de la souplesse entre des acteurs de plus en plus nombreux. Enfin, le travail de l’ingénierie dans le cours des projets montre, au-delà de la technique, l’important travail politique de composition d’un collectif et d’attribution des rôles pour permettre l’aboutissement du projet. Finalement, cette étude montre l’évolution de la coordination dans la fabrique de l’espace, entre maintien de dispositifs de la décision linéaire et nouvelles modalités d’échanges itératifs. Ce compromis amène à un confinement des débats politiques sur les fins du projet, alors que la priorité est donnée aux moyens de le faire aboutir.