Christian Le Bart

Professeur
Science politique.
Sciences Po Rennes

Arènes
  • THESE

    L'imputation au maire du developpement economique local : l'exemple de trois villes moyennes de l'ouest interieur, soutenue en 1989 à Rennes 1 sous la direction de Philippe Braud

  • Christian Le Bart, Eric Treille (dir.), Les livres des politiques: publier pour être élu·e ?, Presses universitaires de Rennes, 2023, Res publica, 287 p.  

    Jamais la présence en librairie des politiques n'a été aussi massive : programmes électoraux, essais historiques, autobiographies, livres de témoignage, mémoires, romans, etc. Les genres sollicités sont divers mais témoignent d'une même obsession : exister par le livre, endosser la posture d'auteur sinon d'écrivain, troquer l'ingrate identité de professionnel de la politique pour celle, tellement plus valorisante, d'homme ou femme de lettres. Cet ouvrage collectif entend analyser les livres des politiques dans toutes leurs dimensions : leurs contenus bien sûr, mais également les contextes de leur publication, de leur diffusion, les succès et les échecs. La perspective choisie est aussi historique et comparative. Le phénomène est-il spécifiquement français ? La dimension littéraire du rôle présidentiel, du général de Gaulle à François Mitterrand, connaît-elle des équivalents dans d'autres pays ? En revenant sur des figures anciennes d'écrivains politiques et de politiques « écrivants », cet ouvrage tente d'analyser les ressorts de ce qui s'apparente de plus en plus à une norme pour qui veut acquérir le statut de « personnalité politique ». Car si on publie pour se distinguer ou pour faire campagne, on publie aussi pour survivre à une défaite politique et même, parfois, pour assurer sa place dans l'Histoire.

    Christian Le Bart, Chercheur confiné ?: Christian LE BART - Politiste, Presses universitaires de Grenoble et Cairn, 2023, Le virus de la recherche  

    On connaissait la catégorie du chercheur confirmé, nous voilà invités à faire avec celle de chercheur confiné. Bien curieuse situation que la nôtre en effet, privés que nous sommes de l’accès au terrain, et condamnés à un face‑à‑face avec des écrans qui, malgré leur capacité à se démultiplier à l’infini, s’apparentent chaque jour un peu plus aux murs ou aux barreaux d’une cellule pénitentiaire.Et voilà le confinement qui tourne à l’épreuve de vérité. Nous rêvions à voix haute d’une semaine de tranquillité pour enfin écrire ce papier fondamental que nous portons en nous depuis si longtemps ? Le virus nous offre un mois, deux peut‑être… Les laboratoires tournent au ralenti. Les universités de même. Les agendas s’allègent au point de provoquer le vertige. Tous les jours vont‑ils se ressembler, comme les grandes vacances des enfants ? Écrire, donc. Mais écrire quoi ? Pas si simple… Pour ceux qui ont la chance de travailler en autonomie, la question qui se pose immédiatement est la suivante : faut‑il écrire comme si de rien n’était ? Comme si la société, une fois la parenthèse sanitaire refermée, allait se remettre à fonctionner comme avant ? 

    Christian Le Bart, L'ego-politique: Essai sur l’individualisation du champ politique, Armand Colin et Cairn, 2022, Individu et société, 254 p.  

    Culte du terrain et de la proximité, hyper-réactivité à l'événement, mise en scène de soi… : les façons de faire de la politique ont profondément changé en quelques décennies. Sous l'influence toujours plus forte des médias et de la logique présidentielle, le champ politique apparaît de plus en plus comme affrontement entre des personnalités. Celles-ci s'émancipent volontiers des rôles institutionnels et des partis politiques pour privilégier le jeu médiatique et mettre en avant un style individuel qui ne craint plus la singularité. Ainsi le capital de visibilité tend-il à concurrencer le capital politique traditionnel : est-il plus important d'avoir sa marionnette aux Guignols de l'Info ou de présider un groupe parlementaire ? Cet essai a pour objectif d'établir le lien entre personnalisation de la vie politique et individualisation du champ politique. L'auteur revient sur les événements récents : présidence Sarkozy, élection de 2012, victoire de François Hollande et premiers pas du gouvernement Ayrault… Mais il s'efforce également de mettre en perspective, sur plusieurs décennies, les transformations constatées, en particulier l'avènement de personnalités jouant moins de leur exemplarité que de leur singularité. L'individu, longtemps suspect dans le champ politique, y est désormais souverain

    Christian Le Bart, Florian Mazel (dir.), Écrire les sciences sociales, écrire en sciences sociales, Presses universitaires de Rennes, 2021, Métier de chercheur-e, 321 p.  

    Thèses, articles, livres... tous les chercheurs en sciences humaines et sociales consacrent une partie de leur temps à écrire. Ce dénominateur commun masque à l'évidence une grande diversité quant aux pratiques d'écriture : écrire un manuel juridique n'est pas écrire un article dans une revue d'économie ; rédiger un rapport de recherche pour un organisme public n'est pas rédiger un essai pour un éditeur soucieux de toucher un lectorat aussi large que possible... Malgré cette diversité, l'acte d'écriture demeure une pratique partagée. L'objectif de ce livre, qui entend croiser témoignages et analyses, est certes de donner à voir la diversité des pratiques d'écriture mais aussi et surtout de faire dialoguer les chercheurs autour des manières de mettre leur idéal scientifique à l'épreuve de l'écriture. Car écrire en sciences humaines et sociales, ce n'est jamais simplement rédiger, ce n'est jamais simplement consigner un résultat de recherche. L'écriture n'est ni simple, ni transparente, ni innocente. En invitant les chercheurs à dire leur rapport à l'écriture, et même à raconter leurs expériences (heureuses ou douloureuses), ce second volet de la collection « Métier de chercheur·e » entend interroger frontalement une pratique trop peu souvent mise en discussion dans l'espace académique.

    Christian Le Bart, Thomas Frinault, Érik Neveu (dir.), Nouvelle sociologie politique de la France, Armand Colin et Cyberlibris, 2021, 303 p.  

    « Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau », écrivait Alexis de Tocqueville découvrant la démocratie américaine. De considérables changements ne travaillent-ils pas aujourd'hui de la même manière le système politique français ? Réformes néolibérales, érosion d'un État traditionnellement « fort », recompositions des savoirs experts, fin du cumul des mandats, féminisation du champ politique, transformation de l'espace public du fait des réseaux sociaux, avènement du macronisme, recours au dispositif des primaires, formes inédites de mobilisation populaire (Nuit Debout, Gilets jaunes)… Ces phénomènes nouveaux viennent interroger les acquis routinisés de la sociologie politique classique. Telle est l'ambition de cette Nouvelle sociologie politique de la France qui, en articulant les outils théoriques des différentes approches sociologiques à l'actualité la plus récente, permet de saisir la singularité française et d'interroger l'avenir de notre démocratie. Avec les contributions de THOMAS AGUILERA (IEP de Rennes), ÉMILIE BILAND (Sciences Po Paris), CHRISTOPHE BOUILLAUD (IEP de Grenoble), JULIEN BOYADJIAN (IEP de Lille), MAGALI DELLA SUDDA (Centre Émile Durkheim-CNRS), RENAUD EPSTEIN (IEP de Saint-Germain-en-Laye), NATACHA GALLY (université Panthéon-Assas), GUILLAUME GOURGUES (université Lyon 2), CHRISTINE GUIONNET (université Rennes 1), MATHIEU HAUCHECORNE (université Paris 8), JEAN-PIERRE LE BOURHIS (Arènes-CNRS), CHRISTOPHE LE DIGOL (université Paris Nanterre), RÉMI LEFEVRE (université Lille 2), SANDRINE LÉVÊQUE (IEP de Lille), GUILLAUME MARREL (université d'Avignon), GILLES PINSON (IEP de Bordeaux), JESSICA SAINTY (université d'Avignon), SÉBASTIEN SÉGAS (université Rennes 2), ANDY SMITH (Centre Émile Durkheim-CNRS), ANAÏS THÉVIOT (université catholique de l'Ouest), ÉRIC TREILLE (Arènes-CNRS)

    Christian Le Bart, Albin Wagener, Renaud Hourcade, Camille Noûs (dir.), Discours climatosceptiques, ENS Éditions, 2021, 127 p. 

    Christian Le Bart, Petite sociologie des Gilets jaunes: la contestation en mode post-institutionnel, Presses universitaires de Rennes, 2020, 212 p. 

    Christian Le Bart, Les émotions du pouvoir: larmes, rires, colères des politiques, Armand Colin, Cairn et Armand Colin, 2018, 253 p.  

    La 4e de couverture indique : "Les larmes de Ségolène Royal, les blagues de François Hollande, les colères de Philippe Seguin, les indignations de Jean-Luc Mélenchon… Les personnalités politiques laissent de plus en plus souvent transparaître des émotions intenses, comme si le temps de la retenue et du sang-froid à toute épreuve, traditionnellement associés aux fonctions politiques, était révolu. Comme si nous attendions désormais des gouvernants qu’ils expriment les mêmes émotions que nous, comme si la communauté des citoyens était devenue avant tout une communauté émotionnelle. Gouverner c’est pleurer ? Cet ouvrage esquisse une histoire des émotions des politiques, entre contrainte institutionnelle de sang-froid et exigence médiatique d’expressivité. Il restitue le travail incessant des commentateurs pour traquer les émotions, en discuter la recevabilité, en mesurer l’authenticité. Il montre comment les personnalités politiques participent d’un gouvernement des émotions qui est aussi gouvernement par les émotions"

    Christian Le Bart, Gérôme Truc, Émilie Née (dir.), Discours post-attentats, ENS Éditions, 2018, 176 p. 

    Christian Le Bart, Johnny H.: construction d'une icône, CELSA Paris-Sorbonne et Les Petits matins, 2018, 116 p. 

    Christian Le Bart, Morgan Donot, Yeny Serrano (dir.), Discours, Identité et Leadership présidentiel en Amérique latine, L'Harmattan, 2017, Inter-National, 258 p. 

    Christian Le Bart, Les Maires: Sociologie d'un rôle, Presses universitaires du Septentrion et OpenEdition, 2017  

    Dans un contexte de relatif désenchantement à l'égard du personnel politique, le maire fait exception : figure familière du paysage institutionnel, il continue à jouir d'une forte popularité auprès des citoyens. L'environnement socio-politique s'est pourtant considérablement transformé en quelques décennies : décentralisation, montée en puissance de l'intercommunalité, concurrence entre les territoires... Le rôle de maire s'est ajusté à ces bouleversements. L'univers municipal s'est professionnalisé, l'action publique s'est recomposée, de nouveaux acteurs ont pénétré la scène municipale... Ces transformations ne peuvent faire oublier la pérennité du travail symbolique accompli par ces élus : ils sont dans l'obligation, aujourd'hui comme hier, d'incarner le territoire, de faire exister la communauté des citoyens. Cette analyse du rôle de maire doit être complétée par une réflexion sur l'élection municipale. Au-delà de la législation en vigueur, il convient de prendre la mesure de la singularité de ce scrutin. Est-il politisé ? Quel rôle les partis politiques jouent-ils ? Comment les électeurs se déterminent-ils ? Quel est le profil des élus ? Cet ouvrage se veut d'abord une synthèse des travaux existant sur les maires français. Sans négliger la diversité de ce groupe (le maire rural n'est pas le maire urbain), il tente de concilier une approche en terme de vie politique et une approche en terme d'action publique. Ainsi pourra-t-on repérer les évolutions les plus manifestes qu'a connues le rôle de maire au fil des décennies, sans pour autant négliger la part d'inertie qui continue à le structurer.

    Christian Le Bart, La politique en librairie: les stratégies de publication des professionnels de la politique, Armand Colin et Cyberlibris, 2016  

    Christian Le Bart analyse ici deux cents livres publiés depuis 1958 : on y voit évoluer les dispositifs d'auto-légitimation construits par les professionnels de la politique. Les auteurs ne prétendent plus guère s'exprimer aujourd‘hui qu'en leur nom personnel. Ils invoquent la sincérité plus que la vérité. Ils débordent des rôles institutionnels pour laisser transparaître une personnalité plus complexe qu'il n'y paraît. Ils laissent à l'occasion entrevoir des moments de doute et de découragement. Descendant du piédestal de l'homme d'État visionnaire, ils s‘efforcent de décrire le monde social à hauteur d'individu, en référence au terrain et à leur expérience personnelle

    Christian Le Bart, Paul Bacot, Chloé Gaboriaux, Damon Mayaffre (dir.), Discours présidentiels et de présidentielles, ENS Éditions, 2016, 162 p. 

    Christian Le Bart, Citoyenneté et démocratie, la Documentation française, 2016, 149 p.    

    La 4e de couv. indique : "La citoyenneté est plus que jamais au coeur de la vie démocratique. Pour donner des repères sur le rôle du citoyen dans la société et le fonctionnement de notre démocratie, cet ouvrage est organisé autour des thèmes suivants : les principes de la citoyenneté, le vote et les élections, la fonction des élus, l'importance des militantismes, la construction et la mise en oeuvre de l'action publique. Un dernier chapitre présente la place des médias en démocratie. Des questions-réponses pour aborder de manière rapide les connaissances fondamentales (qui est citoyen français ? qu'est-ce que la séparation des pouvoirs ? qu'est-ce que l'éligibilité ?...). Des encadrés pour approfondir des sujets particuliers (l'école républicaine, les modes de scrutin, la féminisation de la vie politique...). Des éclairages historiques pour élargir la perspective (la citoyenneté de l'Antiquité à la Révolution française ; les étapes de la conquête du droit de vote...)."

    Christian Le Bart, Rémi Lefebvre (dir.), La proximité en politique: usages, rhétoriques, pratiques, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2015  

    Justice de proximité, police de proximité, démocratie de proximité... Le pouvoir politique est aujourd'hui avant tout soucieux de paraître proche des citoyens. Le mot proximité est sans cesse utilisé par les élus. Il n'en a pas toujours été ainsi. La proximité s'est imposée, en quelques années, comme une catégorie d'évidence. Nouvelle idéologie ? Nouveau référentiel d'action publique ? Nouveau mythe propre aux sociétés post-modernes ? Mais de quoi parle-t-on exactement ? Proximité géographique ? Sociale ? Matérielle ? Politique ? Symbolique ? L'objectif de ce livre est d'interroger cette catégorie à partir de contributions qui résultent d'enquêtes de terrain précises. L'ouvrage s'efforcera d'abord de mettre en perspective l'économie symbolique de la proximité au regard de différentes disciplines et traditions de pensée. Il s'intéressera ensuite aux façons de faire de la politique dans ce nouveau contexte : comment fait-on campagne à l'ère de la proximité ? Quels liens y a-t-il entre proximité et parité ? On montrera ensuite comment l'injonction à paraître proche transforme l'action publique. Les décisions doivent être prises au plus près de ceux qu'elles concernent, les politiques publiques doivent coller à leurs besoins immédiats. C'est vrai en matière de sécurité, d'action culturelle, de politique de la Ville, de démocratie locale. Enfin, nous restituerons le rôle des médias dans ces transformations. L'injonction à faire proche est en effet aussi forte chez les journalistes que chez les politiques. De même que les professionnels de la politique cherchent en permanence à conjurer la distance qui, objectivement, les sépare des citoyens ordinaires, les médias entretiennent l'illusion…

    Christian Le Bart, Philippe Corcuff, François de Singly (dir.), L'individu aujourd'hui: Débats sociologiques et contrepoints philosophiques, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2015  

    Les sociologies de l'individu, de l'individualisation et de l'individualisme constituent un des secteurs les plus dynamiques des sciences sociales contemporaines. Elles s'efforcent de répondre au moyen d'outils scientifiques à des interrogations émergeant de la société quant au pourquoi, au comment et au sens de certaines de ses mutations fondamentales mettant la notion d'« individu » en son cœur. Les textes rassemblés dans cet ouvrage sont issus du colloque « Individualisme contemporain et individualités : regards des sciences sociales et de la philosophie » qui s'est tenu du 14 au 21 juin 2008 au Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle. Il a rassemblé la plupart des spécialistes qui font vivre de manière pluraliste et parfois contradictoire ce domaine de la connaissance. Les contributions d'une série de philosophes à ce débat ont permis de l'enrichir, en déplaçant les regards

    Christian Le Bart, Lionel Arnaud, Romain Pasquier (dir.), Idéologies et action publique territoriale: la politique change-t-elle encore les politiques ?, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2015  

    On sait aujourd’hui beaucoup de choses sur l’action publique en général, et sur les politiques locales en particulier. Par-delà la complexité des échanges entre ces différents niveaux institutionnels, une hypothèse nourrit l’ensemble des travaux sur ces politiques : celle de leur croissante standardisation. En matière d’action publique, tout le monde ferait à peu près la même chose d’un territoire à l’autre. La variable politique, et bien sûr le clivage droite-gauche au premier chef, aveuglante en période électorale, perdrait toute pertinence à mesure que le processus décisionnel se durcit. L'objectif de cet ouvrage collectif est d’évaluer cette dissolution supposée du politique en intégrant, aux côtés des partis politiques traditionnels, l’analyse des nouveaux acteurs de l’action publique locale : mouvements sociaux, associations, chambres de commerces, cabinets d’expertise... La territorialisation croissante des processus de production de l’action publique s’accompagne en effet de recours croissants à des formes de coopération et d’action fondées sur le partenariat, les dispositifs contractuels ou les dynamiques de projets. Les contributions assemblées dans cet ouvrage mettent ainsi en évidence une série de déplacements. Le déclin des grandes idéologies partisanes a laissé la place à de nouvelles idéologies professionnelles qui s’accommodent parfaitement des logiques de différenciations territoriales.

    Christian Le Bart, Christian Le Bart, Roselyne Ringoot, Roselyne Ringoot, Pierre Leroux, Pierre Leroux (dir.), Les livres de journalistes politiques., 104e éd., Mots. Les langages du politique, 2014, 130 p.   

    Christian Le Bart, Les mots de la vie politique locale en France, Presses universitaires du Mirail, 2014, Les mots de, 128 p.   

    Christian Le Bart, La politique en librairie: les stratégies de publication des professionnels de la politique, A. Colin, 2012, Recherches, 284 p.  

    La 4e de couverture indique : "Mémoires, livres-programmes, témoignages, essais, biographies historiques, romans... l’homme politique se doit de publier un ou plusieurs livres. Faut-il y voir le signe d‘une passion très française pour la posture littéraire ? Un outil de communication parmi d’autres, proche du storytelling, qui confère une visibilité médiatique indispensable à la carrière politique ? Ou le reflet de l‘individualisation contemporaine du champ politique, chaque personnalité cherchant de la sorte à exister par elle-même ? Christian Le Bart analyse ici deux cents livres publiés depuis 1958 : on y voit évoluer les dispositifs d’auto-légitimation construits par les professionnels de la politique. Les auteurs ne prétendent plus guère s’exprimer aujourd‘hui qu’en leur nom personnel. Ils invoquent la sincérité plus que la vérité. Ils débordent des rôles institutionnels pour laisser transparaître une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît. Ils laissent à l’occasion entrevoir des moments de doute et de découragement. Descendant du piédestal de l’homme d’État visionnaire, ils s‘efforcent de décrire le monde social à hauteur d’individu, en référence au terrain et à leur expérience personnelle. L’analyse des ouvrages et de l’accueil (souvent ironique) que leur réservent les journalistes permet de prendre la mesure des rapports de force internes au champ politique. En ce sens, les livres politiques sont un formidable révélateur des transformations contemporaines de la légitimité politique. "

    Christian Le Bart, L'individualisation, Cairn et Presses de Sciences Po, 2011, Références  

    Loin des représentations ordinaires qui font de l'individu une catégorie qui va de soi, les sciences sociales s'efforcent de mettre en évidence un processus relativement continu d'individualisation. L'individu est d'abord une construction façonnée par les institutions les plus diverses (État, Église, école…). Cette genèse de l'individu est explorée à travers l'histoire sociale et économique, l'histoire religieuse, l'histoire politique, l'histoire littéraire et artistique, et à travers les figures les plus diverses de l'individualisation : artiste, électeur, entrepreneur, croyant, élève. Synthèse sur la sociologie de l'individualisation, cet ouvrage permet de réfléchir à la façon dont la question de l’individu se pose. Qu’est-ce qu’être soi aujourd’hui alors que nos sociétés ne cessent de formuler des injonctions à l’authenticité individuelle, et que les identités collectives s’effacent ? À chacun de produire désormais son identité singulière. Mais cette individualisation émancipatrice quand les individus échappent aux identités prescrites, peut générer de nouvelles formes d’inégalités dans l’accès aux ressources identitaires. Selon leur position sociale, les individus sont en effet inégalement en mesure de réussir le travail toujours inabouti de construction de soi

    Christian Le Bart, Philippe Corcuff, François de Singly (dir.), L'individu aujourd'hui: Débats sociologiques et contrepoints philosophiques, Presses universitaires de Rennes, 2010, Res Publica, 400 p. 

    Christian Le Bart, Le discours politique, Cairn et Presses Universitaires de France, 2010, Que sais-je ?  

    Cet ouvrage qui est au carrefour de la science politique, de la sociologie et de la linguistique est le seul du genre sur le sujet

    Christian Le Bart, L'individualisation, Sciences Po, les Presses, 2008, Références, 316 p. 

    Christian Le Bart, Paul Bacot (dir.), Dire la démocratie aujourd'hui, ENS Éditions, 2007, 164 p. 

    Christian Le Bart, Lionel Arnaud, Romain Pasquier (dir.), Idéologies et action publique territoriale: la politique change-t-elle encore les politiques ?, Presses universitaires de Rennes, 2006, Res publica, 253 p. 

    Christian Le Bart, Remi Lefebvre (dir.), La proximité en politique.: Usages, rhétoriques, pratiques, Presses universitaires de Rennes, 2005, Res publica, 305 p. 

    Christian Le Bart, Rémi Lefebvre (dir.), Proximité, ENS Éditions, 2005, 170 p. 

    Christian Le Bart, Lionel Arnaud, Romain Pasquier (dir.), Les idéologies émergentes des politiques territoriales, Presses universitaires du Mirail, 2005, 198 p. 

    Christian Le Bart, Les maires: sociologie d'un rôle, Presses universitaires du Septentrion, 2003, Espaces politiques, 222 p. 

    Christian Le Bart, Jean-Charles Ambroise, Les fans des Beatles: sociologie d'une passion, Presses Universitaires de Rennes, 2000, Le sens social, 242 p.   

    Christian Le Bart, Le discours politique, Presses universitaires de France, 1998, Que sais-je ?, 127 p.    

    La pacification relative de l’univers politique confère au discours une place centrale dans les régimes contemporains. Au carrefour de la sociologie politique et des sciences de langage, cet ouvrage s’efforce d’en démonter les conditions de production et de réception et fait le point sur les techniques d’analyses de contenu.

    Christian Le Bart, Pierre Merle, La citoyenneté étudiante: intégration, participation, mobilisation, Presses universitaires de France et Imprimerie des PUF, 1997, Politique d'aujourd'hui, 274 p.   

    Christian Le Bart, Joseph Fontaine (dir.), Le métier d'élu local, Éditions L'Harmattan, 1994, Logiques politiques, 369 p.   

    Christian Le Bart, La rhétorique du maire entrepreneur: critique de la communication municipale, Pedone, 1992, Vie locale, 192 p.   

    Christian Le Bart, L'imputation au maire du développement économique local: l'exemple de trois villes moyennes de l'ouest intérieur, Atelier national de reproduction des thèses, Université Lille 3, 1989, Lille-thèses 

  • Christian Le Bart, Christophe Gimbert, Florian Mazel, « Écriture sociologique et écriture journalistique. S'entendre pour "écrire vrai" ? », in MSH-PUR (dir.), Écrire les sciences sociales. Écrire en sciences sociales, MSH-PUR, 2021 

    Christian Le Bart, Morgan Donot, Yeny Serrano, « Leadership présidentiel : enjeux de la médiatisation et de la féminisation », Discours, Identité et Leadership présidentiel en Amérique latine, L'Harmattan, 2017, pp. 11-26 

    Christian Le Bart, Christine Guionnet, « Conflit et politisation : des conflits politiques aux conflits de politisation  », in Laurent Bourquin et Philippe Hamon (dir.), La politisation : conflits et construction du politique depuis le Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, 2010, pp. 67-90 

    Christian Le Bart, Lionel Arnaud, Romain Pasquier, « Does ideology matter ? Standardisation de l'action publique territoriale et recompositions du politique », Idéologies et action publique territoriale. La politique change-t-elle encore les politiques ?, PUR, 2006, pp. 11-31 

    Christian Le Bart, Lionel Arnaud, Romain Pasquier, « Déplacements idéologiques et action publique territoriale : les cultures professionnelles comme nouvelles idéologies », Idéologies et action publique territoriale. La politique change-t-elle encore les politiques ?, PUR, 2006, pp. 247-253 

    Christian Le Bart, J. C. Ambroise, « le fan-club des Beatles : une communauté imaginaire ? », Les cultes médiatiques, PUR, 2002, pp. 163-175 

  • Christian Le Bart, Christian Le Bart, « La communication négative intra-partisane : trahir son candidat ? », 2020  

    Il est d’usage de définir les campagnes présidentielles comme des moments d’expression exacerbée de la conflictualité inter-partisane, chaque famille portant son candidat ou sa candidate. Si la civilisation des mœurs politiques impose un contrôle strict des pulsions d’agressivité, on sait que le discours, devenu en démocratie l’arme par excellence de conquête du pouvoir, peut se charger de violence, au moins symbolique : la critique de l’adversaire est alors une figure obligée de toute campag...

    Christian Le Bart, « La territorialité des députés français (1958-2017) », Pôle Sud , 2020, n° ° 52, pp. 61-76    

    Les députés français ont longtemps été très inscrits dans leurs circonscriptions, le parachutage demeurant l’exception. Les élus LREM de 2017 s’inscrivent dans cette tradition : l’analyse des trajectoires montre que la « société civile » qu’ils prétendent incarner est souvent très localisée. Ce constat vaut y compris pour les transfuges des autres partis politiques. Sur le terrain des présentations de soi (professions de foi), le territoire invoqué est plus générique que singulier : il est davantage terrain pour manager territorial efficace que lieu singulier pour élu du sol autochtone.

    Christian Le Bart, Alix Galibert, « La territorialité des députés français (1958-2017) », Pôle Sud - Revue de science politique de l'Europe méridionale, 2020, pp. 61-76   

    Christian Le Bart, Gérôme Truc, Christian Le Bart, Émilie Née, « L’attentat comme objet de discours : problématique et enjeux », 2018  

    Rescapé de l’attentat djihadiste contre la rédaction de Charlie Hebdo, le journaliste et écrivain Philippe Lançon écrit dans Le lambeau : « Je ne supporte pas plus les discours anti-musulmans que les discours pro-musulmans. Le problème, ce ne sont pas les musulmans, ce sont les discours » (Lançon, 2018, p. 288). Mais le problème est aussi, pourrait-on ajouter, qu’il n’y a pas d’attentats sans discours – et qu’il ne peut pas y en avoir. Un attentat qui ne fait pas parler de lui, qui ne suscite...

    Christian Le Bart, Christian Le Bart, « Exemplarité et singularité dans le champ politique. Les livres des politiques », 2018  

    Formulée depuis quelques années avec insistance, la thèse de l’individualisation des sociétés occidentales a souvent pris pour objets les pratiques sociales présentant une forte dimension de réflexivité identitaire et d’expressivité (Bauman, 2001 ; Le Bart, 2008 ; Martuccelli et de Singly, 2009). L’individu de la « seconde modernité » post-68 se caractériserait par le souci de s’épanouir, y compris au travail, de se retrouver au travers de loisirs, et de développer d’une façon générale des pr...

    Christian Le Bart, Philippe Braud, Paul Bacot, Christian Le Bart, «  La dimension symbolique de toute pratique sociale se situe dans une surcharge des connotations  », 2018  

    Il n’est pas courant que notre revue rende compte d’un manuel de sociologie politique. C’est pourtant ce qui fut fait lors de la publication de la huitième édition de l’ouvrage de Philippe Braud intitulé Sociologie politique, et dont la première édition date de 1992 (voir Bacot, 2007). La raison en est l’importance reconnue par l’auteur à la dimension lexicale et discursive tant dans le travail de l’acteur politique que dans celui du politiste. Professeur émérite de science politique à Scienc...

    Christian Le Bart, Gérôme Truc, Emilie Née, « L’attentat comme objet de discours : problématique et enjeux », Mots: les langages du politique, 2018, pp. 9-18   

    Christian Le Bart, « Publier pour exister : Le livre politique, un média pour accéder aux médias », Politiques de communication , 2017, n° ° 7, pp. 55-77    

    Cet article interroge le poids de la légitimité médiatique et de la légitimité institutionnelle au sein du champ politique. Il montre comment les personnalités politiques jouent sur les deux tableaux à partir de l’exemple de Bruno Le Maire, dont la médiatisation doit beaucoup à une série de publications bien accueillies par les médias. Les journalistes jugent les ouvrages de Bruno Le Maire bien écrits et précieux par l’éclairage qu’ils apportent sur les coulisses politiques. Ce faisant, ils construisent la figure du politique-écrivain selon des modalités très personnalisées, accentuant ainsi la tendance à l’individualisation du champ politique.

    Christian Le Bart, Paul Bacot, Chloé Gaboriaux, Damon Mayaffre, « Discours présidentiels et de présidentielles [coord. du n°112 de : Mots. Les langages du politique] », Mots: les langages du politique, 2016, n°112, p. 156 

    Christian Le Bart, « Rôle présidentiel et disposition littéraire. Les livres des présidentiables », 2016  

    Pour le chercheur, les livres publiés par les candidats à l’élection présidentielle constituent un matériau facile d’accès, aisément manipulable, qui se prête docilement au jeu de la citation et de l’analyse de discours. Les travaux s’y rapportant ne sont pourtant pas si nombreux. Est-ce le souci de privilégier les médias plus visibles comme la télévision ou Internet ? Le livre politique fait pourtant souvent la Une de l’actualité politique. Sans qu’il soit question de l’ériger en source fiab...

    Christian Le Bart, Pierre Leroux, Roselyne Ringoot, « Les livres de journalistes politiques. Sociologie d’un passage à l’acte », 2014  

    Quiconque s’aventure au rayon « politique » d’une librairie est confronté à un curieux mélange des genres : les ouvrages publiés par les politiques eux-mêmes côtoient et concurrencent ceux signés par des observateurs de la vie politique. Parmi ces observateurs, on notera une présence particulièrement forte des journalistes politiques. Quelques noms viennent immédiatement à l’esprit, dont les publications ont accompagné l’histoire politique des dernières décennies : Catherine Nay, Alain Duhame...

    Christian Le Bart, « Les livres des politiques : de la prérogative présidentielle à la banalisation », Le Temps des médias , 2014, n° ° 22, pp. 149-163    

    Les stratégies de publication des professionnels de la politique ont évolué avec le temps. Le statut d’auteur, voire d’écrivain, fut conféré au général de Gaulle. Ce statut est devenu après lui un attribut présidentiel. Ses successeurs devaient faire leur preuve sur le terrain de l’écriture. On assiste pourtant depuis quelques decennies à une banalisation de l’écriture politique, dans un contexte d’individualisation du champ politique. Toutes les personnalités politiques en quête de visibilité publient désormais des livres politiques.

    Christian Le Bart, Pierre Leroux, Roselyne Ringoot, « Les livres de journalistes politiques. »: "Sociologie d’un passage à l’acte.", Mots: les langages du politique, 2014, n°104, pp. 5-17   

    Christian Le Bart, Thomas Procureur, « Quand les Côtes du Nord sont devenues les Côtes d’Armor. Le département entre identité et attractivité », 2011  

    Sur la base de ce que les juristes appellent la « clause générale de compétence », les collectivités territoriales sont à même de s’investir dans la prise en charge de la plupart des « problèmes » posés à leur échelle. Il en résulte, au niveau de ce que les politistes désignent sous le nom d’« agenda politique », une très grande diversité d’actions publiques visant à résoudre des problèmes eux-mêmes très divers. L’objectif de cette contribution est de mettre l’accent sur les politiques ayant ...

    Christian Le Bart, Thomas Procureur, « Quand les Côtes du Nord sont devenues les Côtes d'Armor »: Le département entre identité et attractivité, Mots: les langages du politique, 2011, n°97, pp. 31-44 

    Christian Le Bart, Paul Bacot, Marlène Coulomb-Gully, Jean-Paul Honoré, Claire Oger [et alii], « Le discours politique n’est pas transparent. Permanence et transformations d’un objet de recherche », 2010  

    Peut-on dire que Mots. Les langages du politique a trente ans ? Rien n’est moins sûr. À l’automne 1980, paraît en effet la première livraison d’une publication qui porte pour titre l’acronyme Mots, dont le développement est « Mots, Ordinateurs, Textes, Sociétés ». Ce n’est que neuf ans plus tard que notre revue prendra son nom actuel. Mais seuls des passionnés du discours feront preuve de tels scrupules onomastiques : notre revue a bien trente ans d’âge ! L’équipe rédactionnelle restait la mê...

    Christian Le Bart, « Parler en politique », 2010  

    Problématique centrale pour toute analyse de discours, la question de savoir qui parle est évidemment plus complexe qu’il n’y paraît. Formellement, bien sûr, le discours est imputable à un locuteur. Mais toute l’histoire des sciences sociales en général, des sciences du langage en particulier, plaide pour ne jamais en rester à cette pseudo-évidence. Freud, Marx, Durkheim, plus récemment Foucault ou Bourdieu (2001) n’ont cessé de nous mettre en garde contre une définition naïvement souverainis...

    Christian Le Bart, « Le pamphlet politique aujourd’hui. Une catégorie honteuse ? », 2009  

    Il y a deux façons d’appréhender scientifiquement le pamphlet. La première, objectiviste, consiste à se servir d’une définition rigoureuse pour construire une catégorie savante. Qu’est-ce qui est pamphlet, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Le genre « pamphlet » sera considéré comme une catégorie en soi renvoyant à des critères objectifs formels. Cette démarche est celle de Marc Angenot dans son ouvrage fondamental sur le pamphlet politique (Angenot, 2005). La recherche s’ouvre sur l’exposé d’une t...

    Christian Le Bart, « Les présidentiables de 2007 entre proximité et surplomb. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal vus par Libération », 2009  

    L’objectif de cet article est de tester sur la campagne présidentielle de 2007 une série d’hypothèses relatives à la montée en puissance de la thématique de la proximité (Le Bart, 2005 ; Le Bart, Lefebvre, 2005). Cette hypothèse avait été formulée, et selon nous validée, à partir d’une analyse de la vie politique de ces dernières années, vie politique locale bien sûr, pour laquelle la référence à la proximité semble presque aller de soi, mais aussi vie politique nationale. Là repose sans dout...

    Christian Le Bart, « L'exemplarité de l'étranger », Revue française de science politique , 2009, n° 59, pp. 629-631   

    Christian Le Bart, Paul Bacot, « Présentation », 2007  

    L’histoire contemporaine est marquée par une spectaculaire mais résistible généralisation de la référence à la démocratie – une démocratie dont le contenu n’a pourtant cessé d’évoluer et a longtemps constitué un enjeu de luttes. Ce dossier, comme la table ronde dont il est issu, est fondé sur un pari : la possibilité de traiter de la démocratie indépendamment d’une posture normative et sans définition a priori. Il ne s’agit donc pas ici de nous interroger sur ce que serait la vraie ou la bonn...

    Christian Le Bart, Rémi Lefebvre, « Présentation », 2005  

    Le succès rencontré par un mot ou une expression constitue toujours un mystère. Nous ne sommes ici pas les premiers à nous étonner des usages de plus en plus fréquents, dans le langage sociopolitique, du terme de « proximité ». Il prend désormais place dans les désignations les plus solennelles : démocratie de proximité, justice de proximité, police de proximité, et finalement République des proximités. Qui plus est, c’est dans la bouche d’un Premier ministre (Jean-Pierre Raffarin), et sous s...

    Christian Le Bart, « La proximité selon Raffarin », 2005  

    La proximité est devenue en quelques années une valeur politique de premier plan. Le mot, sinon la chose qu’il désigne, connait une grande fortune. L’hypothèse qui sous-tend notre travail est qu’il ne s’agit pas là d’une simple mode langagière mais bien de l’indice d’un mouvement de fond quant aux mécanismes de production de la légitimité et de la grandeur politiques au sein de notre société. Le succès de la proximité (entendue comme notion et pas seulement comme mot) s’analyse d’abord comme ...

    Christian Le Bart, Lionel Arnaud, Romain Pasquier, « Déplacements idéologiques et action publique. Le laboratoire des politiques territoriales », Sciences de la société : Les cahiers du LERASS, 2005, n°65, pp. 3-7 

    Christian Le Bart, « A Hard Day’s Night, de Richard Lester : une lecture sociologique », 2004  

    L’analyse du succès des Beatles par la seule invocation de leur talent n’est pas sociologiquement recevable. Au registre des explications s’inspirant des sciences sociales, il faut malheureusement souvent se contenter de contextualisations approximatives évoquant les années soixante, la société de consommation, l’aspiration à la libération des mœurs, la constitution de la jeunesse en groupe social, l’archaïsme des structures d’autorité, etc. Ces explications pêchent par leur hauteur, elles pe...

    Christian Le Bart, « Stratégies identitaires de fans : L'optimum de différenciation », Revue française de sociologie , 2004, n° 45, pp. 283-306    

    Cet article présente les résultats d’une enquête par entretiens auprès d’individus ayant comme caractéristique commune de se reconnaître comme fans des Beatles. La méthode de l’entretien compréhensif permet de contourner l’obstacle que constitue la stigmatisation des formes exacerbées de la passion. Les récits de vie collectés mettent en évidence des stratégies identitaires qui, conformément aux acquis des travaux sur le processus contemporain d’individualisation, valorisent la recherche d’une image de soi différenciée. L’optimum de différenciation constitue cependant un point d’équilibre fragile, que le cheminement de la passion remet sans cesse en cause.

    Christian Le Bart, « Fiction héroïque et légitimation : la collection Médecins de l'impossible », 2001, pp. 76-97    

    FICTION HÉROÏQUE ET LÉGITIMATION : LA COLLECTION « MÉDECINS DE L'IMPOSSIBLE » La collection Médecins de l'impossible met en scène, à destination des lecteurs adolescents, un médecin et une journaliste bénévoles d'une organisation humanitaire. Cette collection, liée d'abord à Médecins du Monde, peut s'analyser comme entreprise d'auto-légitimation. Au-delà du charisme fondateur qu'incarne le héros-médecin, l'institution est légitimée à travers des personnages symboles des évolutions récentes de l'aide humanitaire.

    Christian Le Bart, « Nommer les hommes politiques : identités prescrites, stratégiques, polémiques », 2000, pp. 127-133    

    Le Bart Christian. Nommer les hommes politiques : identités prescrites, stratégiques, polémiques. In: Mots, n°63, juillet 2000. Noms propres, sous la direction de Jean-Paul Honoré, Marie-Anne Paveau et Gabriel Périès. pp. 127-133.

    Christian Le Bart, « L'écriture comme modalité d'exercice du métier politique », 1998, pp. 76-96    

    Les hommes politiques français publient de plus en plus, et empruntent à des « genres » de plus en plus diversifiés : livres-programmes, témoignages, mémoires, biographies historiques, et même romans à l'occasion. On peut rendre compte de cette production en établissant des correspondances entre rôles politiques et «genre» ou registre d'écriture. Si tous les hommes politiques ne publient pas, la simple « écrivance » politique est le fait d'un nombre croissant de professionnels de ce secteur, et elle peut s'analyser comme une façon d'accomplir le métier politique. En revanche, le choix de la biographie historique ou de l'autobiographie intimiste exprime une distance au rôle qui vaut stratégie de distinction. On retrouve une singularité française dans l'affinité entre rôle présidentiel et monde littéraire. La réception journalistique et critique des livres politiques se montre, elle, particulièrement vigilante.

    Christian Le Bart, Érik Neveu, « Quand des énarques se font écrivains : un art du Grand Écrit », 1998, pp. 9-26    

    QUAND DES ENARQUES SE FONT ÉCRIVAINS: UN ART DU « GRAND ÉCRIT » A partir d'un échantillon d'une douzaine de volumes, on s'interroge sur la production ď œuvres de fiction par des hauts fonctionnaires issus de l'ENA. Malgré leur diversité, les romans étudiés manifestent de fortes convergences : postures de surplomb du narrateur, exhibition de marqueurs culturels « légitimes », inscription des personnages dans un commerce avec l'Histoire, mais aussi désenchantement des grands commis de l'État.

    Christian Le Bart, « Sur deux récits d'entrée en politique », 1997, pp. 57-71    

    Le Bart Christian. Sur deux récits d'entrée en politique. In: Pôle Sud, n°7, 1997. Elites, politiques et territoires., sous la direction de William Genieys . pp. 57-71.

    Christian Le Bart, « La mairie en héritage. Sur les récits autobiographiques de quelques représentants de dynasties d'élus locaux », 1994, pp. 159-182    

    Le Bart Christian. La mairie en héritage. Sur les récits autobiographiques de quelques représentants de dynasties d'élus locaux. In: Politix, vol. 7, n°27, Troisième trimestre 1994. La biographie. Usages scientifiques et sociaux, sous la direction de Luc Berlivet, Annie Collovald et Frédéric Sawicki. pp. 159-182.

    Christian Le Bart, « La légitimation des politiques publiques : l'exemple de la communication externe à Fougères », 1994, pp. 151-171    

    L'exemple fougerais a permis d'analyser les stratégies déployées par des élus locaux et des professionnels de la communication pour légitimer une politique publique originale centrée sur la diffusion d'une nouvelle image de marque de la ville. Ce méta-discours de légitimation, qu'il est souvent difficile de distinguer de la politique de communication elle-même, est d'autant plus utile que la presse locale semble accueillir avec réticence cette initiative "publicitaire". L'argumentation est la suivante : malgré son caractère éphémère et léger, le slogan doit être considéré comme un outil très sérieux, dont la production, authentique chantier, suppose l'intervention de professionnels. L'accent est mis sur l'évaluation, et un véritable lien de causalité est établi entre politique d'image et créations d'emplois. Enfin, les élus insistent sur l'implication des citoyens, sans lesquels, en ce domaine spécifiquement, rien de décisif ne peut être fait.

    Christian Le Bart, Christine Guionnet, Érik Neveu, « Res publica », 1994   

    Christian Le Bart, « Le système des attributions causales dans le discours des candidats à l'élection présidentielle de 1988 », 1990, pp. 212-229    

    En analysant le mécanisme des attributions causales dans le discours des candidats, on met en évidence un système discursif extrêmement rigide qu'il est possible de formaliser. L'acteur politique s'érige en agent producteur des phénomènes sociaux les plus divers. Il y a sur ce point consensus entre le sortant et ses challengers, même si le contexte de « cohabitation » d'avant 1988 élargit le champ des attributions possibles. Une telle structure explicative doit sa stabilité au mode de fonctionnement de la parole politique, imprégnée de psychologisme et toujours prompte à réduire la causalité à la co-variance. Elle répond également aux attentes des candidats et des électeurs.

    Christian Le Bart, « Sur l'intervention économique des communes », 1989, pp. 104-107    

    Le Bart Christian. Sur l'intervention économique des communes. In: Politix, vol. 2, n°7-8, Octobre-décembre 1989. L'espace du local, sous la direction de Jean-Louis Briquet et Frédéric Sawicki. pp. 104-107.

  • Christian Le Bart, Christian Le Bart, Nicolas Maisetti et Cesare Mattina (dir.), Maudire la ville : socio-histoire comparée des dénonciations de la corruption urbaine, ENS Éditions, 2022  

    Marseille haut-lieu du clientélisme, de la corruption, du grand banditisme et des trafics en tous genres ? Naples gangrenée par la mafia ? Les stéréotypes ont la vie dure s’agissant de métropoles enfermées, et parfois depuis très longtemps, dans un discours de stigmatisation aussi multiple qu’insaisissable. C’est précisément l’objet de ce travail collectif, issu d’un programme de recherche franco-allemand (ANR/DFG), que de s’emparer des rhétoriques de dénonciation des villes pour tout à la fo...

    Christian Le Bart, Christian Le Bart, Marion Ballet, De si hautes espérances : la campagne présidentielle de 2017 vue par ses émotions, ENS Éditions, 2020  

    Il revient à Marion Ballet d’avoir, la première, tenté de mesurer le poids des émotions dans le discours politique, plus précisément dans le discours de campagne présidentielle. Sa thèse, soutenue en 2011 et publiée en 2014 sous le titre Émotions et élections : les campagnes présidentielles françaises (1981-2012), s’inscrivait dans le mouvement contemporain de redécouverte des émotions par les sciences sociales, mouvement auquel les historiens ont donné la première impulsion, mais que l’on ob...

    Christian Le Bart, Christian Le Bart, Ruth Amossy éd., La réparation d’image dans le discours de campagne : perspectives discursives et argumentatives, ENS Éditions, 2019  

    La dernière livraison de la revue Langage & Société porte sur « la réparation d’image dans le discours de campagne ». Elle est coordonnée par Ruth Amossy, dont le texte introductif pose clairement la problématique adoptée : s’inscrire dans la filiation ouverte par l’ouvrage pionnier de William L. Benoit (Accounts, Excuses and Apologies: Image Repair Theory and Research, 1995), ouvrage qui se proposait de « voir comment une instance individuelle ou collective accusée ou soupçonnée d’avoir comm...

    Christian Le Bart, Christian Le Bart, Le tableau politique de la France de l’Ouest. 100 ans après, héritages et postérités, André Siegfried, Presses universitaires de Rennes, 2016  

    Aboutissement d’un colloque tenu à Cerisy en 2013 à l’occasion du centenaire de la publication du Tableau politique de la France de l’Ouest, cet ouvrage opère un retour bienvenu sur l’œuvre fondatrice d’André Siegfried. Il réunit dix-huit contributions mariant avec bonheur les points de vue de la géographie sociale et de la science politique. Pour des raisons très conjoncturelles, cette dernière s’est explicitement attachée à ériger la figure d’André ...

    Christian Le Bart, Les champs de Mars, Cahiers du Centre d'études en sciences sociales de la Défense, 2, printemps-été 1997, ENS Editions, Lyon : ENS Editions et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1999, pp. 180-182    

    Le Bart Christian. Les champs de Mars, Cahiers du Centre d'études en sciences sociales de la Défense, 2, printemps-été 1997. In: Mots, n°58, mars 1999. Argumentations d'extrême-droite, sous la direction de Simone Bonnafous et Pierre Fiala. pp. 180-182.

    Christian Le Bart, Sophie Béroud, René Mouriaux (dir.), Le souffle de décembre, ENS Editions, Lyon : ENS Editions et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1998, pp. 170-172    

    Le Bart Christian. Sophie Béroud, René Mouriaux (dir.), Le souffle de décembre. In: Mots, n°57, décembre 1998. Algérie en crise entre violence et identité, sous la direction de Lamria Chetouani et Maurice Tournier. pp. 170-172.

    Christian Le Bart, La parole manipulée (Philippe Breton), Hermès Science Publications, Paris : Hermès Science Publications et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1997, pp. 185-187    

    Le Bart Christian. La parole manipulée (Philippe Breton). In: Réseaux, volume 15, n°86, 1997. Modèles et acteurs de la production audiovisuelle. pp. 185-187.

    Christian Le Bart, N. Elias, E. Dunning, Sport et civilisation, la violence maîtrisée ; J. Defrance, Sociologie du sport ; A.-M. Waser, Sociologie du tennis, genèse d'une crise, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1996, pp. 1005-1007    

    Le Bart Christian. N. Elias, E. Dunning, Sport et civilisation, la violence maîtrisée ; J. Defrance, Sociologie du sport ; A.-M. Waser, Sociologie du tennis, genèse d'une crise. In: Revue française de science politique, 46ᵉ année, n°6, 1996. pp. 1005-1007.

  • Christian Le Bart, Genre et journalisme - Chercheurs en ville #61 

    Christian Le Bart, Nuit debout - Chercheurs en ville #62 

    Christian Le Bart, L’accompagnement par les pairs dans le champ du handicap - Chercheurs en ville #63 

    Christian Le Bart, Quand le travail tue ! - Chercheurs en ville #64 

    Christian Le Bart, Ecoldar, portrait d'une île - Chercheurs en ville #65 

    Christian Le Bart, Adolescent·e·s des villes et des champs - Chercheurs en ville #66 

    Christian Le Bart, Victimes de la répression nazie, leurs enfants parlent - Chercheurs en ville #67 

    Christian Le Bart, Une jeunesse sacrifiée - Chercheurs en ville #68 

    Christian Le Bart, Les marées vertes - Chercheurs en ville #69 

    Christian Le Bart, Le consentement à l'acte médical - Chercheurs en ville #70 

    Christian Le Bart, De la démocratie participative en sport - Chercheurs en ville #71 

    Christian Le Bart, L'art documentaire et politique contemporain - Chercheurs en ville #72 

    Christian Le Bart, Travailler en étant malade - Chercheurs en ville #73 

    Christian Le Bart, Partir et revenir chez ses parents - Chercheurs en ville #74 

    Christian Le Bart, Deux apprenties-chercheuses explorent les féminismes - Chercheurs en ville #75 

    Christian Le Bart, Recycler la terre - Chercheurs en ville #76 

    Christian Le Bart, Introduction - La recherche SHS au défi de l'engagement | quatrièmes journées "Métier de chercheur·e" 

    Christian Le Bart, Grand témoin : Nathalie Heinich, sociologue, CNRS-EHESS 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Jeanne Toutous, Les univers de l’action collective en faveur des langues régionales et minoritaires : une sociologie de l'engagement pour les langues de Bretagne et de Lusace, thèse soutenue en 2022 à Rennes 1 sous la direction de Nicole Dolowy-Rybinska et Nicole Dołowy-Rybińska, membres du jury : Xabier Itçaina (Rapp.), Lilian Mathieu (Rapp.), Stéphanie Dechézelles, Anne Mévellec et Hugues Pentecouteau  

    Cette recherche traite d’un type d’action collective méconnu, l’action collective en faveur des langues régionales et minoritaires. En décloisonnant l’objet « langues régionales et minoritaires » et en l’analysant par un biais comparatif, notre travail permet d’éclairer en quoi la cause linguistique telle que les militants des mouvements de revendications linguistiques minoritaires la définissent influence les répertoires de ce type action collective. Prendre pour objet deux terrains régionaux sous-tendus par quatre communautés d’action collective linguistique au sein de deux États différents permet de mieux saisir l’enchâssement des mouvements d’action collective à des univers de sens et de croyances à forte charge émotionnelle peu à même d’être mis en circulation. Pour nourrir cette problématique, notre travail de thèse élabore une sociologie politique de l’action collective en faveur des langues régionales et minoritaires de Bretagne (langue bretonne et langue gallèse) et de Lusace (langue haute-sorabe et langue basse-sorabe). Tout en situant notre approche dans une sociologie des mouvements sociaux attentive aux ressorts émotionnels de l’engagement, nous enrichissons notre cadre théorique d’emprunts à la sociolinguistique critique. En signalant que l’action collective linguistique présente des spécificités dans sa construction cognitive, symbolique et argumentative ainsi que dans ses modalités d’expression, nous nous proposons d’étudier la tension entre degré d’autonomie de la cause linguistique et inclusion de celle-ci dans des univers sociaux et symboliques tiers. L’enquête comparative s’appuie sur un dispositif cumulant l’observation, à dimension ethnographique, des activités formelles et informelles des organisations militantes, à laquelle s’ajoute la réalisation d’entretiens biographiques avec les individus qui les composent afin de restituer leurs trajectoires. La prise en compte de l’idiosyncrasie des cas étudiés n’empêche pas de souligner une dynamique conjointe de porosité à des causes extérieures permettant in fine la résilience des communautés d’engagement à envisager comme des structures d’abeyance.

    Alice Brégeon-Poirault, Les jeunes et le développement personnel , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Claude Martin 

    Pierre Rouxel, Spatialités syndicales dans le capitalisme global: une ethnographie comparée de quatre collectifs syndicaux en France et en Argentine, thèse soutenue en 2019 sous la direction de Juan Montes Cató, membres du jury : Sophie Béroud (Rapp.), Cédric Lomba (Rapp.), Julian Mischi et Maxime Quijoux    

    Cette thèse prend pour objet les recompositions du syndicalisme dans des espaces industriels bouleversés en profondeur par les restructurations. Pour ce faire, nous effectuons une comparaison entre la France, souvent évoquée pour son syndicalisme « en crise », et l’Argentine, marquée au contraire par un regain d'activité de celui-ci depuis les années 2000, en nous appuyant sur une ethnographie de quatre collectifs syndicaux usiniers. À rebours d'une image d’Épinal actant leur déclin inéluctable, la thèse examine les formes de résiliences de ces collectifs, en s’employant à saisir leur action sur le lieu de travail comme en dehors. Elle apporte ainsi des résultats originaux à la littérature sur le syndicalisme dans le contexte d’une économie globalisée. Elle montre les modifications des inscriptions spatiales de collectifs syndicaux évoluant dans des environnements usiniers transformés, s’affranchissant de considérations générales sur le déclin des bastions industriels du mouvement syndical. Ce travail met également en évidence les recompositions de l’engagement syndical à l’usine et discute la thèse d’une démonétisation des ressources localisées. Enfin, il s’emploie à décloisonner l’objet syndical et montre les logiques de déploiement des syndicalistes dans les réseaux des organisations syndicales, auprès d’autres délégués d’une même entreprise ou dans des mouvements sociaux. Ce faisant, la thèse invite à penser l’action syndicale dans des entreprises globales comme le produit de l’imbrication entre différents espaces et échelles d’action. La démarche comparative conforte cette perspective et permet d’identifier des mécanismes analogues du point de vue des recompositions syndicales, tout en tenant compte des réalités idiosyncrasiques propres à chaque contexte national. La thèse plaide ainsi pour un recours accru à un comparatisme « contrôlé » pour appréhender les manières d’agir syndicales dans le capitalisme global.

    Flavie Ferchaud, Fabriques numériques, action publique et territoire : en quête des living labs, fablabs et hackerspaces (France, Belgique), thèse soutenue en 2018 à Rennes 2 en co-direction avec Marc Dumont, membres du jury : Marie-Christine Fourny (Rapp.), Emmanuel Eveno (Rapp.), Cécile Vignes, Elsa Vivant et Christine Liefooghe    

    Cette thèse part du constat de l’incorporation d’objets appelés « fablab », « hackerspace » ou « living lab » dans les politiques publiques. Le déploiement démultiplié de ces nouveaux « lieux » au coeur ou aux marges de l'action publique des collectivités, s’accompagne d'une sémantique associant l'innovation, l'entrepreneuriat, la flexibilité et la créativité. Cette thèse démontre qu'au-delà de ces effets rhétoriques et de la fascination qu'ils exercent (mais qui s'explique), ces objets de politiques publiques constituent une des réalités de l'action métropolitaine, sous différents registres et modalités. En se distançant des discours laudatifs qui accompagnent leur émergence, la thèse fait de l'analyse de leurs rapports au territoire et de leurs prises avec les dynamiques de l'espace urbain son objet central. La prise en compte de la complexité de l’objet de recherche et de son inscription dans une action publique en constant changement impose de s’intéresser auxlogiques de l’espace propres à la géographie et l’aménagement et de recourir aux apports d’autres disciplines, telles que la sociologie et la science politique. L’enquête articule des espaces, des temps et des méthodes d’enquête différentes. À une première enquête en France portant sur les hackerspaces, les fablabs et les living labs succède une enquête comparative à l'échelle européenne (Rennes et Toulouse en France, Gand en Belgique). La thèse expose et décrypte les promesses portées par ces lieux. Des tensions sont mises en évidence, l'une, majeure, les situant entre héritage de la contre-culture, processus de normalisation et de « récupération ». Ces tensions constituent les fils directeurs de la thèse : elles traversent l’inscription des dispositifs d’expérimentation et de fabrication numérique dans un contexte de mutations spécifiques aux villes contemporaines. La thèse éclaire également, en s'appuyant sur les notions de « monde social », de « communs » et de « communs urbains », leurs dynamiques sociales. Démontant en partie les représentationsenthousiastes dont fablabs, hackerspaces et living labs restent majoritairement l’objet, la thèse relativise leur portée en termes d’intégration et d’ouverture, autant que leur rôle dans la transformation des politiques urbaines locales.

    Thomas Procureur, Le Département, institution caméléon ? : les formes paradoxales d'une légitimation, thèse soutenue en 2013 à Rennes 1  

    Pourquoi semble-t-il impossible de se départir du département ? Comment fonctionne ce sparadrap institutionnel ? Partant du double constat de la longévité du Département et de sa résistance aux tentatives de réforme successives, ce travail de thèse s'intéresse aux (f)acteurs clés de l'apparente immuabilité départementale. Il considère successivement trois dimensions majeures de l'institutionnalisation et de la légitimation du Département (englobant non seulement le Conseil général mais aussi ses ramifications cantonales et nationales par le biais du cumul de mandats et de l'activité de lobbying accompli par l'Assemblée des Départements de France). Afin de saisir les modalités de la naturalisation de cette institution, il revient sur sa plasticité et son multipositionnement en abordant les apports complémentaires d'une (re)légitimation par l'élection (que celle-ci soit politisée ou non), d'une (re)légitimation par l'action publique (bien que celle-ci soit contrainte par les obligations émanant des compétences transférées et des attentes locales) et d'une (re)légitimation via le cumul des mandats et fonctions (qui trouve concrètement à s'exprimer lors des débats parlementaires consacrés à l'organisation territoriale française). Véritable carrefour des carrières politiques, le Département est et demeure ainsi un acteur majeur du paysage politique français, même si, paradoxalement, cela coïncide parfois avec une instrumentation de l'institution.

    Renaud Hourcade, La mémoire de l'esclavage dans les anciens ports négriers européens , thèse soutenue en 2012 à Rennes 1  

    Cette thèse propose une analyse comparée des politiques relatives à la mémoire historique de l'esclavage à Nantes, Bordeaux et Liverpool, trois anciens ports négriers. Nous explorons l'hypothèse selon laquelle l'intervention politique des villes dans le champ de la mémoire historique participe de l'exercice d'un pouvoir symbolique d'accréditation de identités légitimes. Une première logique d'action publique oriente ces politiques de mémoire vers la construction d'une "image sociale" : la gestion du "stigmate" négrier. Une seconde logique d'intervention dans le champ de la mémoire historique relève de la production des imaginaires d'appartenance : la politique de la reconnaissance. Cette thèse étudie d'abord comparativement les "mobilisations mémorielles" en interprétant les cadres de construction du "problème public" mémoriel à la lumière de l'expérience des discriminations raciales et de l'existence, dans certains groupes, d'une mémoire collective de l'esclavage. L'analyse rapporte également le développement de mobilisations et de politiques publiques mémorielles locales à la structure des opportunités offertes par les différents "modèles" de gestion des identité français et britannique. Elle envisage ensuite, pour les trois villes, les jeux d'acteurs qui font de la mémoire une instance de légitimation politique des pouvoirs municipaux, ou au contraire un instrument de déstabilisation. Les interactions qui façonnent les principes légitimes du rappel du passé sont finalement saisies à la hauteur des "instruments" de l'action publique municipale, commémorations, mémoriaux et musées.

    Olivier Gautier, La construction sociale d'un territoire politique , thèse soutenue en 2011 à Rennes 1  

    Depuis 1988, la Vendée est dominée par l’entreprise politique de Philippe de Villiers. Jusqu’en 2010, il conserve la présidence du conseil général alors que le MPF est minoritaire au sein de la majorité départementale. Le parti-pris de la thèse est d’analyser un territoire politique comme un construit social. L’observation sociologique de l’entreprise villiériste sur le terrain au quotidien montre comment la légitimité repose sur les ajustements mutuels entre un acteur défini par ses dispositions sociales et les espaces publics qui déterminent les identités et les rôles dans un territoire donné. Le métier d’entrepreneur de territoire tient dans l’hybridation de trois ressources de légitimité. Philippe de Villiers maîtrise deux institutions, politique et sociale, influentes, le Conseil général et le Puy-du-Fou. Le contrôle du système politico-administratif l’autorise ainsi à représenter le territoire en toutes occasions. D’autre part, la prééminence villiériste est dépendante du milieu partisan. La coalition des droites vendéennes perpétue à son profit une majorité départementale qui, dans le même temps, euphémise une identité partisane controversée. Son influence politique s’appuie enfin sur une action publique territorialisée. Si elle justifie le clientélisme et l’idéologie villiériste, elle fabrique aussi l’image d’un président bienfaiteur du territoire et de la population. Cette façon d’exercer le métier d’élu local explique la personnalisation et la domination de l’entreprise politique de Philippe de Villiers en Vendée. La thèse est ainsi une contribution empirique et pragmatique à la sociologie des espaces politiques locaux.

    Bleuwenn Lechaux, Scènes et répertoires des engagements des mondes du théâtre , thèse soutenue en 2011 à Rennes 1 en co-direction avec Érik Neveu  

    Cette recherche porte sur les engagements de professionnels du théâtre pour des causes politiques, en France et aux États-Unis (notamment Paris et New York), spécifiquement depuis les années 1990. Notre thèse principale consiste à démontrer que les engagements des artistes de théâtre sont structurés professionnellement. Notre cadre de questionnement permet d’éclairer à la fois les engagements par le prisme des professions du théâtre et les professions du théâtre par le prisme des engagements. L’argumentaire de notre thèse entend démontrer que les types d’engagements (« professionnels », « péri-professionnels », « extra-professionnels »), les modalités d’engagement (individuelles, collectives) et les formes d’engagement (pétition, action de rue artistique, pièce « militante », pièce « politique », etc. ) peuvent être explorés en regard du double positionnement des professionnels rencontrés, à la fois dans le champ du théâtre (hiérarchies professionnelles, systèmes différenciés de légitimation et de consécration artistique, etc. ), et au sein de leur carrière professionnelle (début de carrière, « carrière ascendante », « carrière assise »). En invitant à repérer des réalités à la fois transversales et idiosyncrasiques, la démarche comparative ici investie permet une mise à l’épreuve d’hypothèses théoriques et, partant, rend possible le passage d’un point de vue descriptif à un point de vue analytique. L’architecture de notre thèse articule la problématique énoncée en termes de structuration professionnelle de l’engagement sur différents plans : d’abord, le plan macro-structurel à la fois historique et spatial (partie I) ; ensuite, celui des trajectoires et des carrières professionnelles et d’engagement (partie II) ; enfin, celui des formes artistiques d’engagement (partie III)

    Érik Neveu, Le rôle du territoire dans l'élaboration des politiques publiques , thèse soutenue en 2009 à Rennes 1 

  • David Descamps, Faillir sans méconnaître : une analyse sociologique des lapsus des participants au champ politique, thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Manuel Schotté, membres du jury : Frédéric Lebaron (Rapp.), Chloé Gaboriaux (Rapp.), Isabelle Clair et Wilfried Lignier  

    Notre thèse porte sur le phénomène « lapsus » et vise à en proposer une explication alternative à celles développées en psychanalyse et en linguistique. Nous y défendons l'idée selon laquelle le lapsus constitue un produit social trouvant son origine dans les contraintes vécues par les individus et les structures sociales qu'ils ont intériorisées. Pour ce faire, nous nous appuyons sur un vaste corpus de lapsus (plus de 2 300 cas) commis par des participants au champ politique depuis le 19ème siècle. Après avoir étudié les usages socio-historiques du terme « lapsus » et mis en évidence les limites des explications pionnières apportées aux maladresses verbales, nous expliquons comment nous entendons procéder à une étude sociologique du lapsus. Suite à ce travail, nous dégageons des logiques très générales - de connaissance et d'action - présidant à la production de ce phénomène puis nous montrons, en nous focalisant sur les lapsus d'adresse et les lapsus statutaires, que leur formation trouve ses fondements dans des structures sociales et politiques intériorisées par leurs auteurs. Nous défendons aussi l'idée que, pour apporter une explication pertinente à ces maladresses, il s'avère nécessaire de les articuler à la trajectoire socio-biographique de celles et ceux qui les ont commises ainsi qu'à des éléments circonstanciels. En examinant la forme prise par les lapsus de notre corpus, nous montrons finalement que les lapsus à connotation politique répondent à des contraintes diverses qu'implique la participation de leurs auteurs au champ politique et mettons en évidence que les évolutions que connaissent les lapsus à connotation culturelle, juridique et économique traduisent des transformations affectant les institutions politiques ainsi que la formation et la sélection des gouvernants.

    Éric Jego, Les « petits maires » entre impuissance politique et pouvoir symbolique, thèse soutenue en 2022 à Strasbourg sous la direction de Jean-Philippe Heurtin, membres du jury : Rémi Lefebvre (Rapp.), Virginie Anquetin et Philippe Juhem    

    Ce travail de thèse s’inscrit dans une perspective très « compréhensive » mêlant sociologie interactionniste, sociologie de l'expérience, sociologie des émotions, de réinterroger la conception du rôle et du « métier de maire » de ces « généralistes de tout » tel que les titulaires de ce mandat aiment à se présenter, voire à s'auto-étiqueter. Nous avons choisi de travailler sur les représentations et les perceptions que les maires ont de la quotidienneté de leurs activités, de la gestion des besoins, des attentes, voire des exigences perçues de leurs concitoyens, et donc la façon dont ils incarnent cette « proximité » qui est tout à la fois, une compétence, un idéal vers lequel tendre, etc. Ce sont bien les dimensions symbolique, sensible, performative et figurative de l'activité mayorale qui se trouveront au cœur de cette recherche. Car, nous aurons comme leitmotiv d'essayer d'analyser la façon dont les édiles produisent la représentation d'un mandat local sous tension symbolique.

    Hugo Bouvard, Gays et lesbiennes en politique : Sociohistoire de la représentation des minorités sexuelles en France et aux États-Unis, thèse soutenue en 2020 à Ecole doctorale SDOSE Paris sous la direction de Catherine Achin, membres du jury : Lucie Bargel (Rapp.), Éric Fassin (Rapp.), Laure Bereni et Guillaume Marche  

    En s’appuyant sur des sources variées – archives, observations, entretiens, corpus d’ouvrages autobiographiques –, cette thèse adopte une perspective sociohistorique et comparative pour retracer la construction de la cause de la représentation politique des gays et des lesbiennes en France et aux États- Unis, des années 1960 à nos jours. En mobilisant le concept d’espace de la cause des gays et des lesbiennes, elle analyse d’abord les facteurs politiques et institutionnels qui permettent de comprendre l’échec de cette entreprise en France et son succès aux États-Unis. Elle montre ensuite que les stratégies de présentation sexuelle de soi mises en œuvre par les élu·e·s homosexuel·le·s des deux pays font l’objet d’une coproduction négociée avec les journalistes. En considérant la représentation comme proposition, la thèse met enfin en évidence le caractère processuel et contextuel de tout travail de représentation des intérêts d’un groupe.

    Ali Romdhani, Les conflits d’usage au cœur de l’élevage breton : sociologie des émotions dans l'action collective, thèse soutenue en 2020 à Rennes 2 sous la direction de Véronique Van Tilbeurgh et Philippe Boudes, membres du jury : Denise Van Dam (Rapp.), René Audet et Vololona Rabeharisoa  

    L’industrialisation des exploitations agricoles ainsi que le retour de populations urbaines en campagne préfigurent l’émergence de conflits sur l’usage de l’espace. Ceux-ci seront analysés sous l’angle du processus de révision des émotions. Dans une perspective relationnelle, l’émotion est envisagée comme étant ce qui lie les individus à une situation. Il est avancé que les projets d’élevage provoquent une rupture dans les routines, générant des émotions de sidération, d’angoisse et de colère. Pour renouer avec des routines stables, les acteurs s’engagent dans un travail de révision les menant à questionner leurs attentes et leurs valeurs. L’incertitude propre aux situations de révision plonge aussi les acteurs dans un travail d’enquête pour restaurer la confiance. Ces variables de l’action permettront de répondre à une question très simple : comment émergent et se résolvent les conflits ? Selon quelles logiques d’actions et quels ressorts politiques ? L’objectif de cette thèse est double. D’un côté, il s’agit de conceptualiser un modèle du conflit étape par étape, de son émergence à sa résolution. D’un autre côté, l’objectif est de traiter plus spécifiquement des relations entre conflits et institutions. L’analyse est construite à partir de l’étude de 9 cas de conflit en Bretagne. Ces cas sont étayés de 52 entretiens semi-directifs, d’une revue de presse et d’analyse de dossiers d’enquête publique. Une analyse de contenu thématique a permis d’identifier les différents ressorts de l’action collective. Les résultats montrent une dynamique globale des conflits locaux autour des projets d’élevage. Les émotions et les situations de conflit ont été restituées dans toutes leurs étapes : le concernement, la mobilisation et le dénouement. Au fil de la mobilisation émergent de fortes demandes de redistribution des usages et de reconnaissance des valeurs associées. Celles-ci ont été expliquées par des demandes de prise en charge de problèmes publics qui ont émergé au cours de la mobilisation. Les conflits d’élevage se sont révélés être des micro-mouvements sociaux s’imbriquant dans des demandes plus globales de reconnaissance des valeurs et de contestation de l’ordre social.

    Jeanne Pahun, L’agriculture face aux politiques alimentaires : une analyse comparée dans trois régions françaises, thèse soutenue en 2020 à Paris Est sous la direction de Ève Fouilleux, membres du jury : Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Patrick Hassenteufel (Rapp.), Olivier De Schutter, Marielle Berriet-Solliec et François Dedieu  

    L’émergence du nouveau problème public de l’alimentation dresse les contours d’une controverse des politiques agricoles. En effet, pour « manger mieux » il faudrait d’abord « produire mieux », c’est-à-dire transformer le modèle agricole sur lequel s’adosse notre système alimentaire industriel. Cette thèse analyse la traduction, le cheminement et la portée de cette controverse à l’échelle des gouvernements infranationaux : les volets agricoles des politiques alimentaires territoriales renouvellent-ils la régulation publique locale du secteur agricole ? Pour répondre à cette question, notre enquête s’appuie sur une base de données de cent entretiens menés avec les acteurs clés de neuf politiques alimentaires locales réparties sur les territoires du Grand Est, de Bretagne et d’Occitanie. Mobilisant un cadre d’analyse à la croisée de la sociologie des problèmes publics, de l’analyse cognitive des politiques publiques et de leur territorialisation, cette thèse défend l’idée que les politiques alimentaires territoriales donnent à voir une transformation du secteur agricole, mais que celle-ci demeure marginale dans les faits. À l’échelle des gouvernements urbains, l’accession au pouvoir d’outsiders politiques de l’alimentation est porteuse de propositions alternatives pour le développement agricole local, mais les compétences et les rapports de forces internes des administrations urbaines freinent cependant considérablement la mise en œuvre opérationnelle et la portée de leur programme politique. À l’échelle régionale, les politiques alimentaires de promotion des produits locaux constituent un soutien classique du secteur agroalimentaire, sans transformation du modèle agricole promu sur les territoires. Ces politiques sont largement investies par les élites agricoles locales dont l’action oscille entre neutralisation ou accompagnement des controverses alimentaires. Nous montrons aussi que les politiques alimentaires territoriales s’inscrivent dans des stratégies de communication (marketing territorial ou marketing politique) et constituent de nouvelles ressources symboliques permettant aux autorités publiques et aux élites agricoles locales de réaffirmer leur pouvoir. Cette thèse contribue ainsi au renouvellement de l’analyse du changement politique en étudiant les nouveaux enjeux de territorialisation et de transversalité de la régulation publique

    Audrey Freyermuth, Les facteurs locaux de la question sécuritaire , thèse soutenue en 2009 à Strasbourg sous la direction de Vincent Dubois 

  • Pierre-Nicolas Baudot, Le Parti socialiste et la politisation de la question « immigrés » : analyse idéelle d'une mutation partisane (1971-2017), thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Sylvie Strudel et Rémi Lefebvre, membres du jury : Vincent Tiberj (Rapp.), Carole Bachelot et Mathieu Hauchecorne  

    Avril 2022, le Parti socialiste est éliminé au premier tour de l’élection présidentielle avec six cent mille voix (1,74%), dix ans après en avoir accumulé 18 millions au second tour (51,64%). Cette défaite interroge la capacité du parti à justifier de sa propre existence, à s’adapter aux évolutions du conflit politique et à produire de nouvelles idées. La thèse étudie l’évolution des capacités de production idéelle du PS en analysant, entre 1971 et 2017, la politisation de la question « immigrés » dans le discours partisan. Ce thème, qui ne recoupe qu’imparfaitement le clivage capital/travail autour duquel le PS s’est historiquement constitué, sert de révélateur de la capacité du parti à faire évoluer son offre politique. La thèse met en œuvre un protocole mixte (lexicométrie, archives, 150 entretiens, monographies) et une approche comparée entre niveaux national et local. Sollicitant les outils de la sociologie partisane et de l’histoire sociale des idées politiques, et inscrivant l’analyse depuis l’espace partisan, elle discute les travaux sur les clivages et la politisation d’enjeux. La thèse montre tout d’abord la récurrence des stratégies de neutralisation dans l’expression collective du parti. L’axe culturel de la question « immigrés » est reformulé à partir de la question sociale. Ensuite, elle conclut qu’il n’est possible de comprendre les positions partisanes qu’en considérant, plus largement, le rapport du parti à son expression collective. Elle met en évidence les effets de l’hétérogénéité du parti et l’importance des conflits internes sur une expression collective progressivement destinée à préserver l’unité d’une organisation professionnalisée.

    Vincent Becquet, Au rythme du Flow : la fabrique locale de l'action publique des hiphops saisie par l'équipement, thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Rémi Lefebvre, membres du jury : Frédéric Poulard (Rapp.), Anne-Cécile Douillet, Séverin Guillard et Thomas Helie    

    En octobre 2014, la ville de Lille inaugurait le premier équipement public dédié aux pratiques des hiphops et de leur porteurs. Tout autant vecteur que prolongement d'une action publique local de hiphops, le Flow permet l'analyse de la prise en charge et des effets d'une politique culturelle locale initié au début des années 2000. En suivant l'équipement à son propre rythme, ce travail propose d'étudier la fabrique, l'invention et l'installation dans le paysage culturel local d'un dispositif nouveau.

    Cloé Ponzo, Prévenir la délinquance par l'apprentissage à la citoyenneté : Analyse d'une politique publique par ses dispositifs territorialisés, thèse soutenue en 2022 à Université Côte dAzur sous la direction de Christine Pina, membres du jury : Éric Savarese (Rapp.), Carole Gayet-Viaud, Soline Laplanche-Servigne et Julien Talpin  

    La thèse porte sur une analyse ethnographique et comparée de dispositifs de prévention de la délinquance juvénile (DPDJ) par l'apprentissage à la citoyenneté, situés dans un quartier prioritaire au sens de la politique de la ville, et des DPDJ situés dans une commune en zone rurale. La thèse privilégie une analyse des politiques de prévention de la délinquance « par le bas » qui permet d'observer le travail de prévention en train de se faire. En envisageant ces dispositifs comme des « guichets » et en saisissant les interactions entre les encadrants et les usagers de ces dispositifs, la thèse montre comment la perception des usagers comme « délinquants potentiels » conduit les agents à déconflictualiser l'apprentissage à la citoyenneté. Néanmoins, derrière ces logiques de dépolitisation, l'enquête montre un véritable travail de codage puis d'encadrement des usagers, qui, parce qu'ils majoritairement des jeunes issus de l'immigration postcoloniale nord-africaine et subsaharienne, doivent se conformer aux prescriptions véhiculées par ces dispositifs et faire preuve de leur volonté d'intégration. En réalité, l'État, bien qu'il demeure un acteur central dans la régulation du problème public de la délinquance, laisse aux agents de terrain une importante marge de manœuvre dans l'élaboration et le fonctionnement de ces dispositifs. En resserrant la focale, une analyse à l'échelle des territoires permet de souligner le poids des contraintes locales et institutionnelles dans la mise en œuvre de ces dispositifs. L'analyse à l'échelle micro - au plus près des agents du terrain - explique le poids de leurs représentations, leur culture professionnelle et leur trajectoire dans la conduite de ces dispositifs.

    Laura Giraud, La banlieue bleue ? Une analyse du vote de droite en milieu populaire. Le cas du quartier des Moulins à Nice, thèse soutenue en 2018 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Éric Savarese, membres du jury : Jean-Louis Briquet (Rapp.), Christine Pina et Rémi Lefebvre  

    Pourquoi des électeurs membres des classes populaires et socialisés à gauche votent-ils à droite ? Alors que les enquêtes sociologiques portent essentiellement sur l’abstention, le vote à gauche et la présence de l’extrême droite en milieu populaire, cette thèse aborde un phénomène électoral peu étudié : le vote de droite en milieu populaire. Les propriétés sociales des électeurs ne pouvant pas, à elles seules, expliquer ce choix électoral, c’est par une enquête ethnographique associée à une entreprise monographique, menée sur un quartier d’habitat social niçois entre 2014 et 2016 que sont définis les « sens » du vote de droite en milieu populaire. Un suivi au long cours des électeurs dans leur environnement a permis d’établir que ce vote n’est pas simplement le fait d’individus socialisés à droite et/ou appartenant aux franges supérieures des classes populaires et/ou en situation d’ascension sociale. Il concerne aussi des électeurs socialisés à gauche, situés dans les segments les plus précarisés des catégories populaires. La thèse montre qu’ils votent à droite sans exprimer des préférences politiques de droite, mais en cherchant une réponse à leurs demandes sociales. Dans ces conditions, les mêmes attentes sociales peuvent se traduire par des choix électoraux différents, tels qu’un vote à droite à une élection locale et un vote à gauche à l’élection présidentielle. Ces variations électorales, qui font sens pour l’électeur et ne renvoient pas à un déficit de compétence politique, s’expliquent par une entreprise d’ancrage et de travail politiques intenses de candidats situés à droite. Ils endossent leur rôle d’élu de proximité en euphémisant leur affiliation partisane, manifestent des dispositions sociales qui autorisent l’identification des électeurs, redistribuent des biens publics et disposent, sur le terrain, de puissants relais dans le tissu social. Ainsi, une forte dynamique d’encadrement des classes populaires peut produire, localement, une incitation au vote à droite chez les plus précarisés d’entre eux. Le sens qu’ils assignent à ce choix n’est dès lors pas en rupture avec leurs préférences politiques et est ajusté à leurs attentes et dispositions sociales. C’est donc à l’intersection de la sociologie des électeurs et de la sociologie du métier d’élu que se déchiffrent les sens du vote.

    Raphaël Haddad, Le discours de meeting électoral : rituel d'affrontement, médiatisations, communication politique.Analyse du discours de meeting électoral pour l'électionprésidentielle française (2002, 2007, 2012), thèse soutenue en 2017 à Paris Est sous la direction de Caroline Ollivier-Yaniv, membres du jury : Ruth Amossy, Paula Cossart et Jean-Marc Leblanc  

    Cette recherche porte sur un ensemble de déterminismes et contraintes d’ordre symbolique (rituel, endossement progressif du rôle présidentiel, transcendances mobilisables, impératifs scénographiques) et sociopolitique (trajectoires individuelles, rôle des appareils partisans, évolution des publics, interaction avec les autres compétiteurs et compétitrices, transformation des médias) qui pèsent sur le discours de meeting pour l’élection présidentielle française. « Le changement c’est maintenant », « Ensemble, tout devient possible », « Prenez le pouvoir » : alors que la campagne pour l’élection présidentielle vient placer en son coeur cette promesse fondamentale de « transformation du réel », ce qui pourrait laisser croire en une grande liberté énonciative des locuteurs et des locutrices, nous montrons ici qu’à l’inverse le discours de meeting électoral se trouve extraordinairement contraint et déterminé, que chaque candidat ou candidate doit se conformer à un faisceau d’attendus discursifs tacites, tout en répondant aux impératifs de renouvellement de messages inhérent à tout processus de légitimation politique par le discours.Voici résumée en quelques lignes la vocation de ce travail, fondé sur l’exploration lexicométrique menée avec le logiciel d’analyse de données textuelles Lexico 3, puis l’interrogation argumentative, pragmatico-énonciative et ponctuellement narrative d’unThèse préparée au CEDITEC, (Centre d'Étude des Discours, Images, Textes Écrits, Communication) Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC) Centre Pyramide – Bureau 405 80, avenue du Général de Gaulle 94000 Créteil Cedexcorpus composé de quatre-vingt-seize discours de meeting électoral, tenus lors de périodes de campagne dites « officielles », par les candidates et les candidats en lice pour les élections présidentielles de 2002, 2007, 2012 en France.

    Victor Marneur, Rapports sociaux de sexe et pouvoir municipal dans les espaces ruraux : le cas des ₀ petites ε communes de Gironde au tournant des réformes paritaires, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Marion Paoletti et Magali Della Sudda, membres du jury : Delphine Dulong (Rapp.), Nicolas Renahy  

    La parité s’est enrichie d’une consolidation en 2013, avec l’abaissement du seuil pour son application aux communes de plus de 1000 habitants. L’étude de la sélection et des carrières des élu-e-s ruraux-ales des années 1970 à 2015, à partir du cas girondin, permet de saisir la manière dont l’espace des activités politiques est investi par les hommes et par les femmes et le rôle qu’y joue la nouvelle contrainte paritaire. À l’aide d’une méthodologie reposant à la fois sur des techniques qualitatives et quantitatives, cette thèse s’efforce de relier les transformations constatées dans la sélection du personnel politique des « petites » communes aux mutations des mondes ruraux contemporains. Elle se veut tout autant une contribution à la sociologie politique des espaces ruraux qu’à la sociologie du genre en politique.

    Chloé Josse-Durand, Bâtir les mémoires locales, « pluraliser » le récit national : le musée communautaire au prisme des usages politiques de la mémoire et du patrimoine au Kenya et en Éthiopie, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux sous la direction de Dominique Darbon, membres du jury : François-Xavier Fauvelle (Rapp.), Hervé Maupeu  

    Cette recherche aborde la scène politique de deux pays d’Afrique de l’Est (Éthiopie-Kenya) en s’appuyant sur une analyse des enjeux politiques inhérents à la mise en place d’institutions mémorielles telles que les musées, les mausolées et autres lieux de mémoires. Notre thèse est que ces musées sont à comprendre avant tout comme des espaces intermédiaires de négociation entre les groupes qui les portent, l’État qui les finance ou les autorise, et les organisations internationales qui soutiennent et influencent les projets patrimoniaux des gouvernements. Cette recherche se concentre ainsi sur deux études de cas : le musée Konso en Éthiopie et le musée-mausolée de Koitalel Samoei au Kenya. Ces institutions s’inscrivent dans des contextes politiques particuliers au début des années 2000, à savoir l’application effective du pluralisme politique au Kenya et le renforcement de l’autoritarisme en Éthiopie. Au Kenya, la négociation autour de l’interprétation du passé en termes politiques se fait au sein même du musée-mausolée dédié au héros Koitalel Samoei, tandis que le cas éthiopien souligne plutôt que les rapports de pouvoir sont restructurés ou réorganisés par la présence d’un premier musée ethnographique en région, le musée Konso.L’apparition de musées communautaires témoigne, au Kenya comme en Éthiopie, d’un retour de l’identité ethnique en politique, qui est à la fois brandie comme une bannière par les gouvernements, mais également utilisée comme une catégorie opératoire ou une ressource par des acteurs particuliers, qu’on appellera ici des « entrepreneurs de patrimoine ». Par l’usage d’un nouveau capital, le patrimoine et sa préservation, ces « entrepreneurs de patrimoine » s’imposent ainsi à la fois comme des « entrepreneurs de soi » au sens de Michel Foucault, mais également comme des « entrepreneurs du nous » en politique, occupant une position graduelle dans les négociations et les prises de décisions publiques. Dès lors, il faut décentrer le regard pour s’intéresser à ce que le musée fait au politique, et non plus seulement à ce que la politique fait des musées.En incluant également l’analyse des usages politiques de la mémoire étatiques et internationaux, ce travail cherche à renverser la perspective en adoptant une entrée microsociologique et ethnographique en science politique, étudiant les déterminants et les modalités de la reconstruction nationale du point de vue des musées communautaires. Cette approche « par le bas », articulée aux niveaux d’analyse macro (État, idéologie, cadre institutionnel) et micro (les institutions et acteurs du patrimoine, les élites politiques locales) invite ainsi à une réflexion plus générale sur la construction, la qualification et les perceptions des régimes politiques, entamant une réflexion sur la nature de l’État qui se dévoile à travers ces nouvelles politiques mémorielles et patrimoniales, ainsi que sur le rôle joué par ces nouveaux « entrepreneurs de patrimoine » dans la reconfiguration de la compétition politique.

    Cédric Passard, Les pamphlétaires et la politique : contribution à une étude socio-historique des processus de politisation. 1868-1898, thèse soutenue en 2013 à Lille 2 sous la direction de Michel Hastings, membres du jury : Yves Déloye (Rapp.), Jean-Philippe Schreiber et Sylvie Strudel    

    Le dernier tiers du XIXème siècle ne constitue pas un moment pamphlétaire parmi d’autres. Non seulement il survient dans une période de démocratisation inédite qui confère au fait pamphlétaire un statut nouveau en lui permettant d’investir l’espace public officiel, mais il est aussi marqué par l’invention de la figure du pamphlétaire et l’émergence de personnalités reconnues comme telles et accédant parfois à une visibilité de premier plan. En dépit de leurs différences de cultures politiques, ces personnalités contribuent à organiser tout un jeu et tout un monde du pamphlet au croisement de la littérature, du journalisme et de la politique. A travers leur violent répertoire discursif, elles contestent l’ordre politique en cours d’édification et le procès de civilisation des mœurs politiques. Partant de l’hypothèse que ces pamphlétaires ont pu être des médiateurs importants du politique, notre recherche a pour objet d’interroger leur contribution aux processus de politisation. Elle entend examiner, dans une perspective socio-historique, dans quelle mesure ils ont pu représenter, dans cette période d’enracinement de la République et de stabilisation de la démocratie, un cheminement de la politique hors des sentiers battus, en favorisant une forme symbolique de participation non conventionnelle au jeu politique et en incarnant une forme transitoire de la rationalisation des passions politiques, entre l’émeute révolutionnaire et la patience démocratique.

    Gaël Franquemagne, Les mobilisations socio-territoriales , thèse soutenue en 2009 à Bordeaux 4 sous la direction de Claude Sorbets  

    Le 12 août 1999, des syndicalistes paysans "démontaient" le chantier d'in McDonald's en construction à Millau dans l'Aveyron. Co-organisateur de cette action, José Bové se voyait dès lors reconnaître comme un des leaders de l'altermondialisme, mobilisation qui commençait à se développer en France. A travers celui qui était alors un des animateurs du Syndicat des producteurs de lait de brebis (SPLB) et de la Confédération paysanne, le Larzac revenait sur le devant de la scène politique et sociale, près de trente ans après le début de l'opposition des paysans concernés par le projet d'extension d'un camp militaire sur le plateau du Larzac. Territoire montagneux du sud de la France, paysage de causse austère au climat hostile, le Larzac avait alors constitué le creuset de tout ce que la France comptait de protestataires engagés dans les luttes antimilitaristes, antinucléaires, autogestionnaires ou encore régionalistes. Dès lors que la quetsion se posait de comprendre pourquoi le Larzac avait pu générer, à des moments différents, des mobilisations socio-territoriales et se voir conférer le statut de point de passage obligé des mouvements protestataires se référant à cette lutte paysanne initiale, ou la tenant pour modèle. Cette thèse vise à expliciter les logiques, les formes et les processus des mobilisations qui se sont développées dans le sillage de ce lieu nodal et stratégique de confluences de causes et de débats. A partir d'une enquête sur les luttes que le Larzac a connues depuis les années soixante dix, de leur actualisations successives, de leurs moments forts, de leur sédimentation organisationnelle (associative et syndicale), ce travail montre que le Larzac doit être considéré comme un site protestataire itératif chargé d'expériences militantes et investi de valeurs spécifiques comme celle de l'authenticité. L'analyse des stratégies discursives des acteurs du Larzac met en exergue un double mécanisme d'appropriation physique et rhétorique des lieux, au terme duquel le Larzac est érigé en Haut-lieu, ou lieu pour l'exemple de la protestation. Aussi la dimension territoriale occupe-t-elle une place à la fois identitaire et instrumentale. L'analyse des bonnes raisons de ces luttes, de leur répertoire d'action, des stratégies connexionnistes qu'elles opèrent permettent de réfléchir sur les dimensions de la construction des problèmes publics (OGM), ainsi que sur les investissements modalisés par le militantisme socio-territorial.

  • Laurence Lemouzy, L’imaginaire dans l’action publique territoriale, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Jacques Caillosse, membres du jury : Cécile Blatrix, Mathieu Doat et Luciano Vandelli  

    S’interrogeant sur leur permanence ou leur déclin. L’imaginaire se présente alors comme une ressource qui aide à « faire société ». A cette performance, le droit administratif, en particulier, n’y est pas étranger, puisqu’il donne corps à l’imaginaire par la création et l’invention de normes.Toutefois, les défaillances de la puissance publique — régulièrement dénoncées — signalent tantôt un affaiblissement, tantôt une saturation, voire même une transformation de l’imaginaire public. L’action publique apparaît comme victime de l’imaginaire, victime à la fois d’un trop plein mais aussi d’une absence d’imaginaire, les deux n’étant pas étranger à une surdétermination économique des enjeux de l’action publique territoriale. Cette tension conduit à s’interroger sur les phénomènes qui vitrifient la capacité d’imagination des acteurs publics. Alors que les collectivités territoriales sont considérées comme des prestataires de services et de droits individuels, quels symboles, quelles représentations, quelles promesses, l’action publique porte-t-elle aujourd’hui ? Quels sont les « nouveaux imaginaires politiques » possibles ? Existe-t-il des ouvertures utopiques qui permettraient de penser une action publique différente de celle que nous connaissons ? Il est ainsi question de mettre à jour les imaginaires qui innervent l’action publique. Les mettre à jour car ils empruntent des souterrains qui les rendent invisibles mais pourtant bien présents dans l’action publique territoriale d’aujourd’hui.

    Marie-Pierre Richard, La citoyenneté locale en Suède : permanences, recompositions et mises à l'épreuve, thèse soutenue en 2014 à Lille 2 sous la direction de Michel Hastings, membres du jury : Jean-Pascal Daloz (Rapp.), Bruno Villalba (Rapp.), Pierre Mathiot    

    Les études françaises sur la citoyenneté en Suède sont généralement centrées sur le niveau national. Or le niveau local des communes, landsting et régions a acquis au cours des dernières décennies une forte légitimité pour la citoyenneté. La citoyenneté sociale est assurée en grande partie par les collectivités locales qui mettent en œuvre le système redistributif de l’État-providence ; grâce à des institutions relativement vertueuses, en dépit des restrictions financières et de la privatisation de services publics le niveau local fournit des services de qualité qui servent de point d’appui essentiel au sentiment d’appartenance des citoyens et à leur degré de confiance dans la société. Mais la citoyenneté locale est en mutation. Le mythe égalitaire qui avait servi de base au Folkhem est remis en cause par des évolutions politiques, économiques et sociétales créatrices d’inégalités. La « communauté imaginée » qui façonnait le lien entre les citoyens est fragilisée par la montée des inégalités, l'apparition de l'extrême-droite dans le paysage politique ainsi que par les conditions créées par l’immigration et le multiculturalisme. Le citoyen exerce moins sa citoyenneté locale dans le cadre du cercle vertueux traditionnel de la civic literacy que dans celui du political trust ; il adopte des comportements civiques pragmatiques, axés par exemple sur ses choix économiques et sur sa responsabilisation dans le domaine environnemental. Dans cette phase de recomposition de la citoyenneté locale, le débat porte essentiellement sur les défis posés par les inégalités sociales et les inégalités socio-ethniques. Cette étude montre que le niveau local fait sens pour la pratique, l’exercice et la représentation de la citoyenneté suédoise.

    Clément Arambourou, Les masculinités du métier politique : contribution à l'étude des logiques de production du genre en politique au temps de la parité, thèse soutenue en 2014 à Bordeaux sous la direction de Marion Paoletti, membres du jury : Antoine Roger, Catherine Achin et Margaret Maruani  

    Ce travail de thèse sur les masculinités du métier politique au temps de la paritéentend répondre à la question de la convertibilité des propriétés masculines en capitalpolitique, question d'autant plus intéressante à poser que ces masculinités sontproduites dans un contexte marqué par les critiques des manières masculinesd'endosser les rôles de représentant. Ces masculinités sont diverses. Leursproductions et leurs usages dépendent des propriétés sociales, politiques et sexuellesde ceux qui les incarnent. Surtout, ces identités masculines peuvent faire l'objet d'uneadaptation aux critères de légitimité liés à l'émergence d'un second individualisme –pourtant symboliquement associé au féminin. Elles contribuent alors à la légitimationdu personnel politique en général et des établis du champ politique en particulier. Danssa variante conservatrice-progressiste, le registre de la masculinité participe encore àla légitimation des ordres politique, social et sexuel dans leur ensemble ; il s'agit donclà d'une masculinité hégémonique au sens fort du terme.

    Morgan Donot, La pratique discursive post-péroniste, au fondement d'une nouvelle identité partisane ou nationale. Les cas de Carlos Menem (1989-1995) et de Nestor Kirchner (2003-2007), thèse soutenue en 2014 à Paris 3 sous la direction de Jean-Michel Blanquer, membres du jury : Sophie Moirand, Michel Hastings, Renée Fregosi et Victor Armony    

    Le péronisme reste la première force politique de l’Argentine. Ce mouvement politique, qui se caractérise par l’absence d’une idéologie propre et une faible institutionnalisation, ne peut se comprendre, s’analyser qu’au regard des trajectoires des leaders qui l’ont incarné au cours du temps, chacun le transformant et le personnalisant de telle sorte que chaque courant qui a représenté le Parti justicialiste est aujourd’hui caractérisé par le nom de son leader du moment ; ainsi en est-il du péronisme, du ménémisme, du duhaldisme, du kirchnérisme et dorénavant du cristinisme. L’objectif de ce travail est de dresser un portrait des deux post-péronistes qui se sont succédé depuis la transition à la démocratie en 1983, à travers une comparaison de l’usage de la parole politique par ses principales figures représentatives que sont Carlos Menem (1989-1995) et Néstor Kirchner (2003-2007). Les thématiques clés des discours de ces deux hommes politiques, ainsi que leurs formes spécifiques de mise en discours, doivent être étudiées conjointement, afin de pouvoir comprendre le processus de légitimation énonciative qui leur a permis de se positionner en tant que leader, dans une certaine conjoncture, de la scène politique argentine. Ainsi, l’objet de cette recherche correspond à une analyse des discours de Carlos Menem et de Néstor Kirchner en tant que discours antagonistes en lutte pour la définition d’un même objet, d’une même réalité : la nation argentine. Quelles sont les valeurs de l’argentinité que ces deux figures politiques ont cherché à incarner ? Quels sont les modèles et les projets de société qu’ils ont proposés et tenté de construire discursivement afin de consolider leur légitimité et de fonder une identité, proprement ménémiste ou kirchnériste ? Quelles sont les valeurs qu’ils ont prônées et qu’ils ont réussi à instituer comme garantes et représentatives d’un nouvel ordre politique ? En se basant sur des antagonismes fondateurs, ces deux présidents ont donné naissance à de nouveaux imaginaires qui sont aujourd’hui liés et investis du sens qui leur a été attribué lors de leur émergence dans l’espace discursif post-péroniste et dont les multiples significations ne peuvent être abordées en dehors d’une analyse approfondie de la parole politique de ces deux leaders. Le discours de Carlos Menem et le discours de Néstor Kirchner se présentent donc comme des espaces énonciatifs concurrents, en lutte pour le sens de la réalité et de l’histoire argentines.

    Émilie Née, Sûreté, sécurité, insécurité. D'une description lexicologique à une etude du discours de presse : la campagne electorale 2001-2002 dans le quotidien Le Monde, thèse soutenue en 2009 à Paris 3 sous la direction de Sonia Branca-Rosoff, membres du jury : Sophie Moirand, Jacques Guilhaumou, André Salem et Gilles Siouffi    

    Nous sommes partie de l’intensification d’emploi du mot insécurité observable pendant la campagne électorale 2001-2002 pour réfléchir sur le rôle des médias en lien avec l’agir politique. Afin d’éclairer l’usage qu’a fait le Monde du mot insécurité, notre étude a d’abord fait le détour d’un travail en langue sur insécurité, sûreté, sécurité comme mots construits et comme noms abstraits. Une première partie en décrit l’origine et la structure morpho-sémantique, le but étant de mettre en évidence des structures abstraites fondamentales dans lesquelles entrent ces mots. Une deuxième partie analyse l’évolution des usages des trois termes, et en particulier leur fonctionnement dans le discours politique, à partir de la base Frantext (du Moyen Âge au XXe siècle). Cette partie insiste sur l’ambivalence de mots comme sécurité-insécurité, qui dénotent un sentiment subjectif ou une réalité objective. La troisième partie travaille sur le Monde en prenant pour entrée l’unité insécurité. Trois outils d’analyse sont privilégiés, l’intensification d’emploi d’insécurité abordée avec les outils de la statistique textuelle, l’étude du consensus qui semble se construire autour du mot jusqu’au premier tour de la campagne, enfin le trajet argumentatif du mot.

    Jean-Philippe Ury-Petesch, Production d'un discours. Invention d'un public. Le cas d'un groupe de Heavy Metal de l'East End de Londres de 1976 à nos jours., thèse soutenue en 2009 à Paris 3 sous la direction de Antoine Hennion, membres du jury : Christian Corre, Alex Boulton, Fabien Hein et Robert Culat  

    Depuis 1976, le groupe de heavy metal britannique Iron Maiden travaille à la production d’un discours musical et lyrique abordant des sujets existentiels et métaphysiques en s’inspirant de la littérature, du cinéma et de l’histoire. 80 millions d’albums vendus et près de 2000 concerts à travers le monde semblent confirmer l’engouement d’un public pour ce type d’écriture. Cette étude caractérise le discours de ce groupe aux moyens d’une double analyse [électronique et traditionnelle] des paroles. Elle s’intéresse tout particulièrement aux thèmes, aux leitmotive et aux intertextualités présentes dans les chansons pour tenter ensuite de mettre à jour et de mesurer les différents degrés d’influence du discours d’Iron Maiden sur la vie des membres d’une tribu de 4476 supporters internautes originaires de 70 pays.

    Julien Fragnon, Le discours antiterroriste : la gestion politique du 11 septembre en France, thèse soutenue en 2009 à Lyon 2 sous la direction de Paul Bacot, membres du jury : Xavier Crettiez et Gabriel Périès  

    Les discours politiques sur le terrorisme sont avant tout des discours contre le terrorisme. Pour répondre aux incertitudes produites par un attentat, les responsables politiques poursuivent trois objectifs : mobiliser la population, la rassurer et lui expliquer le problème social en le politisant. La visée mobilisatrice s’effectue à l’aide d’un partage de sentiments et de valeurs communes et de la réprobation de l’ennemi terroriste. Ce discours émotionnel se conjugue à un discours décisionnel qui vise à rassurer la population. Celui-ci s’illustre par la diffusion d’un ethos de maitrise et par la légitimation de la judiciarisation présentée comme une approche équilibrée de la lutte contre le terrorisme. Enfin, les dirigeants intègrent le terrorisme dans un méta-récit susceptible d’expliquer la continuité des réponses politiques depuis les années 1980 et le rattache aux désordres du monde.