François Saint-Bonnet

Professeur
Histoire du droit et des institutions.
Université Paris Panthéon-Assas

Institut Michel Villey pour la Culture Juridique et la Philosophie du Droit
  • THESE

    L'état d'exception : histoire et théorie : les justifications de l'adaptation du droit public en temps de crise, soutenue en 1996 à Paris 2 sous la direction de Frédéric Bluche

  • François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, 7e éd., LGDJ, un savoir-faire de Lextenso, 2022, Précis Domat droit public, 504 p. 

    François Saint-Bonnet, Olivier Beaud, La citoyenneté comme appartenance au corps politique, Éditions Panthéon-Assas, 2021, 280 p.   

    François Saint-Bonnet, Blaise Bachofen, Tanja Aitamurto, Marc Crépon, Marthe Fatin-Rouge Stéfanini [et alii], La démocratie participative, Seuil, 2020, 190 p. 

    François Saint-Bonnet, Olivier Beaud (dir.), La citoyenneté comme appartenance au corps politique: [colloque, 9 et 10 mars 2017, à Paris], Éditions Panthéon-Assas, 2020, Colloques, 278 p. 

    François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, 6e éd., LGDJ, une marque de Lextenso, 2019, Précis Domat droit public, 500 p. 

    François Saint-Bonnet, À l'épreuve du terrorisme: les pouvoirs de l'État, Gallimard et Numérique Premium, 2018, L'esprit de la cité 

    François Saint-Bonnet, À l’épreuve du terrorisme: Les pouvoirs de l’État, Gallimard, 2017, L'Esprit de la cité, 176 p.    

    La 4e de couverture indique : "Les États modernes se sont souvent fait la guerre. Ils ont eu également à subir - et à combattre - le terrorisme, confessionnel, anarchiste, politique, nationaliste... Mais face au djihadisme, ils se trouvent confrontés à un nouvel ennemi, évanescent et mondialisé, qui ne reconnaît ni frontières ni lois : l'arsenal juridique, militaire, policier, constitué au fil des siècles pour régler la violence paraît inadapté à la guerre contre le terrorisme. Pour prendre la mesure du défi islamiste et envisager les réponses possibles de l'Etat de droit, cet ouvrage remonte aux manifestations lointaines des violences déréglées au sein des sociétés occidentales - la "belle mort" des Anciens, les croisades, les conflits de Religion, surtout, où protestants et catholiques se sont massacrés au nom de Dieu. François Saint-Bonnet retrouve les voies par lesquelles les Modernes réussirent à "civiliser" la violence ; l'État issu des guerres civiles a créé le dispositif très élaboré qui aura régi nos sociétés jusqu'à nous : sécularisation des institutions, défense des droits, édification des frontières, sécurité des citoyens. C'est cet édifice que le djihadisme entend ébranler, au moment même où nos sociétés, happées par la globalisation, tendent à abandonner des piliers traditionnels du cadre de vie national. Comment dès lors résister à l'épreuve du terrorisme sans renoncer à l'État de droit ? Ce livre pointe, sans complaisance, les choix et les sacrifices auxquels nous expose cette guerre."

    François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, 5e éd., LGDJ, Lextenso éditions, 2015, Domat ( Droit public ), 495 p.  

    La 4e de couverture indique : "Ce livre a l'ambition, et la grande originalité, d'éclairer l'évolution des institutions publiques de l'ancienne France ('v s. - 1789) dans une perspective laissant une très large place à l'idéologie, à la réflexion politique et aux doctrines juridiques qui ont permis l'édification de l'Etat moderne. Il s'attache à relier étroitement les fondements, les formes, les moyens et les fonctions du pouvoir. Pour rendre compte de cette forme singulière de l'exercice du pouvoir - l'Etat - à l'heure où d'aucuns perçoivent son déclin, Yves Sassier et François Saint-Bonnet s'attachent davantage à expliquer la manière dont elle s'est construite qu'à simplement la décrire. Une telle approche est en parfaite harmonie avec l'un des principaux sens du substantif latin institutio d'où dérive notre mot institution". Appliqué au politique, ce mot, avant de désigner principalement le déjà institué", cadre juridique de l'action du gouvernant et de ses agents, a très longtemps signifié l'acte d'instruction ou d'éducation du prince, l'exposé des principes qui doivent guider son comportement individuel comme encadrer ses actes de gouvernement. La dimension idéologique se justifie donc pleinement dans un ouvrage relatant le lent essor des institutions qui, produits des dynamiques d'une société, sont aussi le fruit de la réflexion des hommes sur les principes, les fins et les moyens de l'action gouvernementale. Destiné aux étudiants des facultés de droit, d'histoire et des instituts d'études politiques, ce livre permet de proposer des clefs pour appréhender, avec le recul nécessaire, de nombreux traits de la culture politique, juridique et étatique de la France contemporaine. Cette cinquième édition est augmentée des apports les plus récents de la recherche dans cette discipline, de l'approfondissement et de la maturation des vues des deux auteurs. Les bibliographies thématiques sont actualisées."

    François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, 4e éd., Montchrestien, 2011, Domat ( Droit public ), 474 p.  

    La 4e de couverture indique : "Ce livre a l'ambition, et la grande originalité, d'éclairer l'évolution des institutions publiques de l'ancienne France (Ve s.- 1789) dans une perspective laissant une très large place à l'idéologie, à la réflexion politique et aux doctrines juridiques qui ont permis l'édification de l'Etat moderne. Il s'attache à relier étroitement les fondements, les formes, les moyens et les fonctions du pouvoir. Pour rendre compte de cette forme singulière de l'exercice du pouvoir - l'Etat - à l'heure où d'aucuns perçoivent son déclin, Yves Sassier et François Saint-Bonnet s'attachent davantage à expliquer la manière dont elle s'est construite qu'à simplement la décrire. Une telle approche est en parfaite harmonie avec l'un des principaux sens du substantif latin institutio d'où dérive notre mot "institution". Appliqué au politique, ce mot, avant de désigner principalement le "déjà institué" cadre juridique de l'action du gouvernant et de ses agents, a très longtemps signifié l'acte d'instruction ou d'éducation du prince, l'exposé des principes qui doivent guider son comportement individuel comme encadrer ses actes de gouvernement. La dimension idéologique se justifie donc pleinement dans un ouvrage relatant le lent essor des institutions qui, produits des dynamiques d'une société, sont aussi le fruit de la réflexion des hommes sur les principes, les fins et les moyens de l'action gouvernementale. Destiné aux étudiants des facultés de droit, d'histoire et des instituts d'études politiques, ce livre permet de proposer des clefs pour appréhender, avec le recul nécessaire, de nombreux traits de la culture politique, juridique et étatique de la France contemporaine. Cette quatrième édition est augmentée des apports les plus récents de la recherche dans cette discipline, de l'approfondissement et de la maturation des vues des deux auteurs. Les bibliographies thématiques sont systématiquement actualisées."

    François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, 3e éd., Montchrestien et Lextenso éditions, 2008, Domat ( Droit public ), 468 p. 

    François Saint-Bonnet, Louis de Carbonnières, Denis Alland, Pensées et pratiques de la guerre, Presses universitaires de France, 2007, 276 p. 

    François Saint-Bonnet, Yan Thomas, Alain Joxe, L'exception dans tous ses états, Éd. Parenthèses, 2007, Savoirs à l'oeuvre, 294 p.   

    François Saint-Bonnet, Frédéric Bluche, Manuel d'histoire politique de la France contemporaine, 2e éd., Presses universitaires de France, 2006, Droit fondamental ( Manuels ), 289 p. 

    François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, 2e éd., Montchrestien, 2006, Domat, 451 p. 

    François Saint-Bonnet, Frédéric Bluche, Michel Troper, La Ve République: des institutions libérales ?, Presses universitaires de France, 2006, 255 p. 

    François Saint-Bonnet, Yves Sassier, Histoire des institutions avant 1789, Montchrestien, 2004, Domat droit public, 443 p. 

    François Saint-Bonnet, L'état d'exception, Presses universitaires de France, 2001, Léviathan, 393 p.   

    François Saint-Bonnet, Frédéric Bluche, Manuel d'histoire politique de la France contemporaine, Presses universitaires de France, 2001, Droit fondamental ( Manuels ), 289 p.   

    François Saint-Bonnet, Droit et évidente nécessité: L'autonomie de l'Etat d'exception,, 1999, 29 p. 

  • François Saint-Bonnet, « La répression des propos et des sentiments républicains sous la Restauration et sous Juillet », Ouvrage collectif sous la direction de Patrick Charlot et Oscar Ferreira, Garantir les droits, protéger les libertés. Mélanges en hommage à Patrice Rolland, E.U.D. - Éditions Universitaires de Dijon, 2022, pp. 163-180   

    François Saint-Bonnet, « Le dépassement de l’état d’exception, métamorphose de la modernité politique », Ouvrage collectif sous la direction de Marie Goupy et Yann Rivière, De la dictature à l’état d’exception. Approche historique et philosophique, Ecole Francaise De Rome, 2022, pp. 305-326   

    François Saint-Bonnet, « La quintessence de l’état d’exception. L’état de siège politique à l’époque de la Commune », Ouvrage collectif sous la direction de Pierre-Olivier Chaumet, La Commune de Paris au prisme du droit, Mare & Martin, 2022, pp. 67-76   

    François Saint-Bonnet, « La notion de gouvernement dans une approche historique », Ouvrage collectif sous la direction de Vincent Boyer et Raphaël Reneau. Un colloque a eu lieu autour de cet ouvrage les 2 et 3 février 2023 à la faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion, Université Bretagne Sud., Pour un droit gouvernemental ?, Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie, 2022, pp. 93-106   

    François Saint-Bonnet, « De l’absence d’écoles de droit constitutionnel entre la Révolution et la fin du XXe siècle », Ouvrage collectif sous la direction de Xavier Magnon et Stéphane Mouton, Quelles doctrines constitutionnelles pour quel(s) droit(s) constitutionnel(s) ?, Mare & Martin, 2022, pp. 103-113   

    François Saint-Bonnet, « Métamorphose de l’état d’exception », Ouvrage collectif sous la direction de Françoise Tulkens et Saba Parsa, État de droit, état d'exception et libertés publiques, Anthemis, 2022, pp. 47-58   

    François Saint-Bonnet, « Plaidoyer pour l’histoire du droit des libertés », Ouvrage collectif sous la direction de Nicolas Laurent-Bonne et Xavier Prévost,, Penser l'ancien droit public. Regards croisés sur les méthodes des juristes (III), LGDJ, 2022, pp. 85-97   

    François Saint-Bonnet, « Si l’état d’exception est partout, il n’est nulle part », Ouvrage collectif sous la direction de David Fonseca issu du colloque organisé par le Centre de recherche Léon Duguit le 26 septembre 2019, Logiques des législations antiterroristes : entre reconfiguration et défiguration du droit ?, IFJD - Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie, 2021, pp. 23-35   

    François Saint-Bonnet, « Fichiers, données numériques, big data »: L’absorbation de l’individu par la personne, Ouvrage collectif sous la direction d'Alain Le Gallo, La Personne, fortunes d’une antique singularité juridique, Classiques Garnier, 2021, pp. 223-231     

    François Saint-Bonnet, « La religion, la Révolution et la liberté d’expression »: Remarques d’un historien du droit sur les temps présents, Ouvrage collectif sous la direction d'Emmanuelle Chevreau, Gilduin Davy, Olivier Descamps et Frédérique Lachaud, Droit, pouvoir et société au Moyen Âge – Mélanges en l’honneur d’Yves Sassier, Presses Universitaires de Limoges, 2021, pp. 359-371   

    François Saint-Bonnet, « L’institution aux yeux des citoyens »: La protection juridique des costumes et des drapeaux officiels, Article du colloque "Les équivoques de l’institution : normes, individu et pouvoir" organisé par l'Institut Michel Villey, Université Paris II - Panthéon-Assas le 31 mai et 1er juin 2018., Les Équivoques de l’institution Normes, individu et pouvoir, Classiques Garnier, 2021, pp. 51-67   

    François Saint-Bonnet, « La civilité moderne, garantie de la liberté individuelle », Ouvrage collectif sous la direction d'Olivier Beaud et François Saint-Bonnet issu du colloque organisé les 9 et 10 mars 2017 à l'Institut Michel Villey, Université Panthéon-Assas - Paris II., La citoyenneté comme appartenance au corps politique, Éditions Panthéon-Assas, 2021, pp. 145-158   

    François Saint-Bonnet, « Heyriès, 28 juin 1918 », Ouvrage collectif sous la direction de Jacques Caillosse, Jacques Chevallier, Danièle Lochak et Thomas Perroud, Les grands arrêts politiques de la jurisprudence administrative, LGDJ, 2019, pp. 102-113   

    François Saint-Bonnet, « De l’inadéquation du concept d’état d’exception pour penser le terrorisme »: Réflexions sur l’État moderne, Ouvrage collectif sous la direction de Rafaëlle Maison et Olga Mamoudy, issu des Journées d'étude organisées à l'Institut de Droit public, faculté Jean Monnet les 8 et 9 décembre 2016, Autour de l'état d'urgence français. Le droit politique d'exception, pratique nationale et sources internationales, Institut Universitaire Varenne, 2018, pp. 11-29   

    François Saint-Bonnet, « La Ve république et la métamorphose des législations d’exception »: De la guerre d’Algérie aux attaques terroristes, Ouvrage collectif du Cercle des constitutionnalistes sous la direction de Dominique Chagnollaud de Sabourer et Benoît Montay, préface d’Édouard Balladur., Les 60 ans de la constitution (1958-2018), Dalloz, 2018, pp. 23-33   

    François Saint-Bonnet, « Le renouvellement de la technique en droit des libertés »: Comment faire face aux mutations des sociétés contemporaines ?, Ouvrage collectif sous la direction d'Alexandre Desrameaux et de François Colonna d' Istria issu du colloque organisé les 8 et 9 octobre 2015, faculté de droit de l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Penser la technique juridique, LGDJ, 2018, pp. 109-119   

    François Saint-Bonnet, « Terrorisme et révision de la constitution », Ouvrage collectif sous la direction de François Blanc, Pierre Bourdon, préface de Pascale Gonod, L'État et le terrorisme, Éditions de la Sorbonne, 2018, pp. 253-264   

    François Saint-Bonnet, « The State of Exception and the Terrorist Threat »: An Obsolete Combination, Ouvrage collectif sous la direction de Pierre Auriel, Olivier Beaud et Carl Wellman, issu de la conférence organisée à la Maison Française d'Oxford (avec le soutien de l'Institut de droit européen et comparé, de l'Institut Michel Villey et de l'Oxford Juri, The Rule of Crisis : Terrorism, Emergency Legislation and the Rule of Law, Springer International Publishing, 2018, pp. 61-70   

    François Saint-Bonnet, « Quelle rationalité pour la lutte contre le terrorisme ? », Ouvrage collectif sous la direction de Julie Alix et Olivier Cahn issu du colloque pluridisciplinaire organisé à Lille les 9 et 10 février 2017, L'hypothèse de la guerre contre le terrorisme, Dalloz, 2017, pp. 281-287   

    François Saint-Bonnet, « Commentaire du Discours sur la liberté des cultes de l’abbé Grégoire », Ouvrage collectif sous la direction de Wanda Mastor, Julie Benetti, Pierre Egéa et Xavier Magnon. 2e édition en 2020., Les grands discours de la culture juridique, Dalloz, 2017, pp. 78-88   

    François Saint-Bonnet, « L’explosion des fichiers et les libertés »: Les infortunes d’une ambition prométhéenne, Ouvrage collectif sous la direction de Fouad Eddazi et de Stéphanie Mauclair issu du colloque organisé les 26 et 27 novembre 2015 par le Centre de recherche juridique Pothier de l'Université d'Orléans, Le fichier, LGDJ, 2017, pp. 293-302   

  • François Saint-Bonnet, « La citoyenneté de crise », 2022  

    Il est des moments d’émotion collective que rien ne semble pouvoir affaiblir. La sidération nationale des quelques jours qui ont suivi les assassinats de Montauban et de Toulouse en mars 2012, quand le pays entier suivait, heure par heure, le destin funeste du terroriste qui se terrait dans un appartement transformé en camp retranché en est. Le silence assourdissant des rues de Paris du samedi 14 novembre 2015 en est un autre. Chacun d’entre nous – tout impuissant qu’il était – se sentait plu...

    François Saint-Bonnet, « Rapport introductif : Les trois âges de l’état d’exception », 2021, pp. 91-98    

    Saint-Bonnet François. Rapport introductif : Les trois âges de l’état d’exception . In: Annuaire international de justice constitutionnelle, 36-2020, 2021. L'état d'exception, nouveau régime de droit commun des droits et libertés? Du terrorisme à l'urgence sanitaire- L'opinion publique aujourd'hui. Regards pluridisciplinaires. pp. 91-98.

    François Saint-Bonnet, Michel Debacq, Antoine Garapon, Bertrand Warusfel, « La lutte antiterroriste et l’État de droit », Revue Esprit, 2017   

    François Saint-Bonnet, Wanda Mastor, « De l’inadaptation de l’état d’urgence face à la menace djihadiste », Pouvoirs, 2016, n°158, pp. 51-65   

    François Saint-Bonnet, « Les périls du contre-feu doctrinal des absolutistes au xviiie siècle : Des contraintes de l'éristique constitutionnelle coutumière », Droits , 2013, n° ° 54, pp. 81-94   

    François Saint-Bonnet, « Le public lettré et le droit. L’écriture des juristes dans les revues savantes sous le Second Empire », Revue d'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, 2012, pp. 37-47 

    François Saint-Bonnet, « Le constitutionnalisme libéral français en trompe-l’oeil. Actualité de l’autre Montesquieu », Droits , 2006, n° ° 43, pp. 15-32   

    François Saint-Bonnet, « L'Etat d'exception. Présentation de l'ouvrage l'État d'exception, Paris, PUF (Léviathan), 2001 », 2004, pp. 233-247    

    Saint-Bonnet François. L'Etat d'exception. Présentation de l'ouvrage l'État d'exception, Paris, PUF (Léviathan), 2001. In: Revue juridique de l'Ouest, 2004-2. pp. 233-247.

  • François Saint-Bonnet, « Le procès Pétain. Vichy face à ses juges », le 15 mars 2024  

    Table ronde organisée par l'Institut Michel Villey

    François Saint-Bonnet, « Etat d'exception et droit naturel », le 19 septembre 2023  

    Conférence organisée par l'UCO Nantes

    François Saint-Bonnet, « Les états d'exception, hier et aujourd'hui », le 15 septembre 2021  

    Conférence de rentrée du Master Droit des libertés, Faculté de droit de l’Université Grenoble-Alpes

    François Saint-Bonnet, « Les droits du genre humain : la liberté en France et en Angleterre (1159-1793) », le 09 septembre 2021  

    Organisée par la Société de législation comparée

    François Saint-Bonnet, « Les états d’urgence : quelles leçons de l’histoire ? », le 09 décembre 2020  

    Conférence organisée par le Conseil d’Etat, dans le cadre du cycle sur Les états d'urgence.

    François Saint-Bonnet, « Justice transitionnelle et Révolution française », le 17 octobre 2019  

    Organisé par l’Association française pour l’histoire de la justice & la Société des études robespierristes sous la coordination de Hervé Leuwers - AFHJ, SER, Virginie Martin – SER et Denis Salas - AFHJ

    François Saint-Bonnet, « La souveraineté en question », le 12 décembre 2017  

    Organisé dans le cadre du séminaire Lab-Lex COMOD, « Les modernités britanniques, Origines, continuités et ruptures »

    François Saint-Bonnet, « Aujourd'hui l'Empire. Héritage et nouveauté », le 07 avril 2015  

    Journée d'études transdisciplinaires organisée par les doctorant de l'association Réseau Pyrallis.

    François Saint-Bonnet, Martial Mathieu, Grégoire Bigot, « Les chantiers de l’histoire des droits de l’homme et des libertés fondamentales », L’Histoire du droit en France : Nouvelles tendances, nouveaux territoires, Versailles, le 28 janvier 2013   

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Aurélien Clerc, La présidence des assemblées parlementaires, thèse en cours depuis 2023  

    Il s'agit d'étudier l'institution de la présidence des assemblées législatives depuis la Révolution jusqu'au XXe siècle, et de faire émerger une théorisation de cette fonction au regard de l'implantation du parlementarisme dans le fonctionnement des institutions politiques françaises. Ce rôle de lien entre les pouvoirs exécutif et législatif semble devoir faire l'objet d'une étude approfondie, et l'institution de la présidence des assemblées parlementaires s'est développée essentiellement par la pratique des institutions politiques. Ainsi, il est intéressant de comprendre comment cette fonction de la présidence a-t-elle été imaginée sous la Révolution, et comment le regard porté sur elle a pu évoluer sous les différents régimes du XIXe siècle. Cette étude nous porte également à nous demander quelle définition les titulaires de cette fonction lui ont donné, quelles sont les différentes approches et conceptions du rôle de président, comment les présidences pouvaient-elles varier en fonction de leur titulaire ? Il nous faudra donc dans cette étude se référer aux débats parlementaires ainsi qu'aux écrits mémoriaux de présidents illustres, en y ajoutant les monographies consacrées à certains d'entre eux.

    Simon Jouffrey-Verger, La proportionnalité , thèse en cours depuis 2023  

    Modus operandi ubique du contentieux contemporain, le contrôle de proportionnalité s’est imposé comme une technique juridictionnelle de référence des juges civil, administratif et constitutionnel. Bénéficiant de quelques études en droit contemporain, la vulgate sur son origine le réduit à une simple importation du droit allemand, n’envisageant pas l’hypothèse de l’extraction plus lointaine du principe qui l’anime. Notre étude viserait à rechercher si, en droit, la proportionnalité est une institution de souche médiévale que les modernes auraient fait renaître après avoir éprouvé les lacunes du positivisme. Cette provenance idéelle se double de matérialisations institutionnelles dans le droit médiéval. Il faudrait ensuite remonter le temps en étudiant les interactions de la logique proportionnelle avec la modernité juridique, pour interroger l'histoire "événementielle" du phénomène afin de saisir les facteurs explicatifs de sa réintroduction en droit contemporain. L’esprit comparatiste sur le temps long pourrait éventuellement permettre de déceler certaines permanences entre les droits de sociétés radicalement dissemblables.

    Soichi Shimatani, La théorie de l’État dans « Le droit de la guerre et de la paix » de Grotius, thèse en cours depuis 2023  

    Cette étude vise à analyser l’œuvre principale d’Hugo Grotius (1583-1645), « Le droit de la guerre et de la paix » (ci-après dénommée « IBP »), du point de vue du droit constitutionnel en tant qu’ouvrage de l’étude moderne sur l’État. Des études ont été accumulées sur IBP du point de vue du droit international public, et c’est un fait qu’IBP porte également sur le droit des gens positif, détaillé et contraignant à l’extérieur. En revanche, peu d’entre elles abordent IBP sous le prisme de la théorie de l’État. Des études ont également été menées sur le droit naturel et le droit subjectif dans IBP, mais elles n’ont pas nécessairement été discutées en relation suffisante avec cette dernière. Ces études porteront, en particulier sous l’angle de la théorie de l’État d’IBP, sur la dissuasion de la militarisation de l’État et des conflits extérieurs et intérieurs, et examineront le lien entre la théorie du droit naturel et la théorie de l’État. Certes, IBP n’est pas un ouvrage dont le sujet central est la théorie de l’État, mais plutôt une exploration de la théorie générale systématique du droit. Par ailleurs, la dissuasion de la militarisation de l’État n’est pas explicitement abordée dans IBP. Cependant, IBP est, en tant qu’ouvrage de la théorie de l’État, important à étudier par rapport à la théorie contemporaine de l’État. Il est également reconnu comme déterminant d’analyser, du point de vue de la théorie de l’État, la dissuasion de la militarisation, qui n’a pas été suffisamment étudiée. Pour les objectifs de ces études, on examinera l’importance de l’étude sur Grotius dans la théorie de l’État et la théorie du droit naturel et du droit subjectif dans IBP.

    Elisabeth Buisson, Réflexions sur la liberté d'expression comme matrice de l'Etat libéral, thèse en cours depuis 2023  

    La liberté d’expression joue-t-elle un rôle matriciel dans la formation de l’État libéral ? Quelles conséquences un tel rôle serait-il susceptible d’engendrer au point de vue de la marche des institutions ? La recherche supposera dans un premier temps une incursion dans le domaine des libertés fondamentales : une étude de la nature de la liberté d’expression dans l’ensemble de ses dimensions. Sans qu’il soit besoin de réaliser un état des lieux systématique de l’ensemble des écrits relatifs à la liberté d’expression, il sera cependant nécessaire de sélectionner des éléments représentatifs pour donner aux éléments rassemblés une cohérence porteuse de sens, pour en faire une clé d’effraction permettant d’accéder au second temps de la recherche : chercher à identifier ce que la liberté d’expression a de consubstantiel avec l’État libéral. Cette seconde étape de la recherche, plus orientée vers des problématiques de droit constitutionnel et de principes de droit public, consisterait à se plonger dans la lecture des grands auteurs de théorie de l’État à leur âge d’or, entre la fin XIX et le début XXe s, en portant le regard sur deux temps particuliers. Le premier serait consacré à la lecture des écrits spécifiques aux libertés au sein des théories de l’État afin de rechercher un éventuel statut singulier de la liberté d’expression. Un second temps serait consacré à l’analyse des éléments et des événements constitutifs de l’État libéral pour y rechercher les indices d’un rôle endossé par la liberté d’expression, tacitement ou non.

    Louis Terracol, Le gouvernement de fait, de la Révolution à la Libération : un expédient saisi par le droit, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Anne-Sophie Chambost (Rapp.), Sébastien Le Gal (Rapp.), Olivier Beaud, Grégoire Bigot et Laurent Pfister  

    L’histoire des transitions constitutionnelles met en lumière cet irréductible besoin de comprendre des phénomènes qui se déroulent en dehors du cadre légal, mais qui produisent pourtant du droit. Usité de manière protéiforme pour résoudre – parfois pour dissimuler – cette équation, le concept de gouvernement de fait se transforme à mesure que s’impose le positivisme juridique en France. Il semble ainsi l’arbre des mots qui cache la forêt des concepts. Initialement employé pour fustiger une usurpation devant être renvoyée dans le néant juridique d’où elle n’aurait jamais dû sortir, il sert progressivement d’expédient pour qualifier ce gouvernement illégal mais nécessaire pour assurer la vacance du pouvoir dans les meilleures conditions en attendant le retour aux temps paisibles de la normalité et du droit. Il désigne alors un gouvernement illégal, pourtant nécessaire, effectif et bénéficiant d’un assentiment. Ce type de pouvoir se développe durant des périodes de bouleversements constitutionnels et produit des effets juridiques parfois niés a posteriori du fait d’une rupture dans la chaîne de validité juridique et d’une responsabilité introuvable ou fuyante. Le droit s’en empare alors, dans l’espoir de préserver la continuité de l’État.

    Théophane Verniseau, La Constitution césarienne du Consulat et de l'Empire (1799-1814), thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas en co-direction avec Olivier Beaud, membres du jury : Guillaume Richard (Rapp.), Elina Lemaire (Rapp.), Thierry Lentz et Paolo Alvazzi Del Frate  

    Les constitutions napoléoniennes sont généralement qualifiées de « façades » par les juristes. Les auteurs négligent le droit constitutionnel du Consulat et de l’Empire. Il est assimilé à une simple dissimulation de la dictature de Napoléon Bonaparte. Cependant, la constitution de l’an VIII est issue d’un contexte révolutionnaire. Il semble rétrospectif de séparer le gouvernement personnel napoléonien du mouvement constitutionnel initié en 1789. Le constat des insuffisances de la doctrine conduit à réexaminer objectivement l’édifice consulaire et impérial. Quelles raisons permettent d’expliquer qu’un régime autoritaire puisse émerger à partir d’un droit constitutionnel libéral ? Bonaparte surmonte les oppositions politiques pour instaurer une constitution autoritaire aux fondements césariens. Fondée sur l’acceptation populaire de la primauté du chef de l’État, elle entraîne la concentration de l’exercice du pouvoir politique et la primauté de l’ordre au détriment des libertés publiques. La rupture du droit constitutionnel napoléonien avec le projet révolutionnaire est renforcée sous l’Empire. Désormais, le droit constitutionnel devient un instrument au service de la politique de l’empereur. La volonté de consolider la constitution napoléonienne est illustrée par la tentative de créer une monarchie dynastique. C’est à l’examen, souvent négligé, de ce projet de consolidation institutionnelle qu’est consacrée la deuxième partie de ce travail. Cette étude propose une nouvelle analyse des institutions politiques d’une époque importante dans l’Histoire constitutionnelle française.

    Arnaud de Solminihac, La vie privée : les racines d'un concept juridique protéiforme, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Christine Mengès-Le Pape (Rapp.), Raphaël Eckert (Rapp.), Capucine Nemo-Pekelman, Franck Roumy, Henri Torrione et Nicolas Sild  

    La notion juridique de vie privée au sens d’un droit générale de mener sa vie comme on l’entend est une notion très récente en droit français. Avant la Seconde Guerre mondiale, la vie privée est essentiellement protégée au travers des supports fonctionnels (le domicile, les correspondances, etc.) et des concepts précis (l’obligation de confidentialité, la diffamation etc.). Cette thèse entend néanmoins montrer par l’histoire la cohérence ancienne qui existe entre ces multiples protections qui entendent protéger la faculté de l’individu de se conduire comme il l’entend dans la mesure où son action n’est pas publique. Les juristes modernes sont marqués par l’idée selon laquelle l’homme doit se voir reconnaître tant par de nombreux juristes modernes un droit naturel à la maîtrise de ses affaires privées. Au-delà du droit de propriété, cette sûreté, qui couvre l’ensemble de la vie privée, est présente dans la property lockéenne et donc dans les différentes déclarations des droits du XVIIIe siècle qui sert de fondement direct à la privacy américaine. Elle désigne initialement une liberté éminemment négative ayant pour vocation de laisser l’homme tranquille contre les intrusions dans la vie privée sans décision politique, sans causes légitimes et de manière à remettre en cause un certain partage fonctionnel entre ce qui relève du public et du privé.

    Agathe Chossat de Montburon, L’ennemi en droit pénal (1789-1886), thèse soutenue en 2021 à Paris 2, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Jacques de Saint-Victor (Rapp.), Olivier Cahn, Anne-Sophie Chambost et Laurent Pfister  

    Cette recherche propose de confronter la figure de l’ennemi politique et les atteintes à la sûreté de l’État, de la Révolution aux lois de proscription du XIXe siècle, sous l’angle des incriminations et des sanctions choisies pour combattre l’ennemi politique. La notion d’ennemi, de crime contre le souverain, contre le Prince fait appel depuis Rome et jusqu’à la Révolution à celle de crime de lèse-majesté mais le vocabulaire spécifique relatif à l’ennemi, intérieur et extérieur, se développe pendant la Révolution. Cette recherche permet de mettre en lumière un paradoxe, reflétant l’adéquation malaisée entre l’appréhension par le droit pénal de l’apport de la philosophie des Lumières, des principes de proportionnalité, nécessité, légalité et la répression indispensable des ennemis de la Nation. Il convient donc de saisir la tension permanente entre la sauvegarde de l’État et l’intensité de la répression pénale à l’égard de celui qui lui porte atteinte, de s’intéresser à l’exclusion de l’ennemi comme paradigme à partir de la Révolution.

    Sara Stauder, La liberté de renoncer à sa liberté chez le religieux profès du Concile de Trente à 1901, thèse en cours depuis 2021  

    Ce projet de thèse étudiera la dimension historique et juridique de la liberté de renoncer à sa liberté, depuis l’apparition de l’État au XVIe siècle jusqu’à l’inscription en droit du principe de dignité humaine dans la Convention universelle des droits de l’homme en 1948. La liberté et la dignité sont toutes deux des notions polysémiques, il importera d’en inventorier les concepts pour mieux affiner l’acte même de renoncement et la capacité à renoncer. D’une part, la liberté peut faire l’objet d’une faculté pour un individu de désirer profondément jouir de ses droits et de développer ses facultés comme il le souhaite, tant qu’il ne nuit pas à autrui. D’autre part, la dignité semble être une valeur intrinsèque et inaliénable à l’homme, tout en caractérisant son humanité. Ces deux attributs apparaissent comme des caractéristiques propres à l’être humain. Cependant, la liberté peut-elle aller jusqu’au renoncement même de sa liberté ? De l’une de ses libertés ? Dans quel cadre ? La liberté de renoncer à sa liberté paraît se heurter de plein fouet avec ce que peut recouvrir l’être humain, y compris la dignité. L’individu qui renoncerait à sa liberté avec en sous-jacent l’atteinte même légère à sa dignité ouvre-t il un interdit tel que l’État ou la société devrait l’empêcher d’agir ? Pour illustrer ces propos, le religieux qui consent à son état et qui serait amené au XVIIIe siècle à subir la sanction de l’in pace, ouvre-t-il cet interdit ? Malgré le consentement de l’individu, l’État doit-il agir pour le protéger pour un motif d’ordre public ou par motif d’un interdit moral ? L’ordre public originellement extérieur à l’individu est-il un motif suffisant pour interférer dans sa sphère privée sans devenir immatériel et envahissant ? La liberté dans la sphère publique est-elle alors une pleine et entière propriété de l’individu ou l’individu en est-il un simple usufruitier ?

    Gaëtan Nory, Maintien de l'ordre et mouvements collectifs dans l'espace public (1815-1935), thèse en cours depuis 2021  

    À partir des archives parlementaires, administratives, judiciaires et de la doctrine, cette étude entend retracer la genèse juridique du modèle contemporain du maintien de l’ordre. La recherche d’un équilibre entre la protection de la paix publique et la tolérance pour la contestation dans l’espace public est un enjeu majeur de ce siècle troublé. Les rébellions, révoltes et révolutions ainsi que les mouvements de fond qui le traversent en font une période particulièrement riche pour l’expérimentation et le perfectionnement du maintien de l’ordre. Il en résulte la mise en place de normes et de pratiques qui caractérisent encore notre modèle actuel de l’encadrement des mouvements collectifs. Les traductions juridiques de ces réponses aux usages collectifs de l’espace public seront l’objet de la présente étude.

    Thomas Michalak, Les Assemblées parlementaires, juge pénal , thèse soutenue en 2020 à Paris 2, membres du jury : Jean-Louis Halpérin (Rapp.), Marcel Morabito (Rapp.), Bernard d' Alteroche, Olivier Cahn, Karen Fiorentino et Cécile Guérin-Bargues  

    L’intitulé renvoie, en première approche, aux expériences institutionnelles de la Cour des pairs (1814-1848) et du Sénat de la IIIe République (1875-1940). Ce sont les manifestations les plus marquantes de la participation d’une assemblée parlementaire à la reddition de la justice. Le procès des ministres de Charles X et celui de Malvy semblent être bien connus mais ils ne le sont en réalité qu’imparfaitement. Dans les deux cas, les Chambres hautes se sont détournées de leur mission de législateur et de contrôleur du gouvernement pour se métamorphoser, de manière très incomplète, en instances judiciaires. Cependant le traitement isolé de ces deux seules expériences ne permet pas de définir la mission d’une juridiction parlementaire. La notion de Haute Cour de justice, quelle que soit sa dénomination, doit alors être appréhendée dans sa globalité et dans son histoire. Une histoire qui, comme beaucoup d’autres, est marquée par la Révolution, qui va influencer le XIXe et le XXe siècles, et imposer un certain « prototype français » de tribunal politique. Ces Hautes Cours se voient confier des compétences spéciales : ratione personae et ratione materiae. À raison des personnes, il s’agit de juger des personnalités politiques et, dès la Révolution, on entrevoit la difficulté de le faire avec un droit criminel, qui n’est guère adapté à la résolution de différends politiques. Enfin, une Haute Cour est aussi un tribunal des grands crimes politiques, c’est-à-dire des graves atteintes à la souveraineté. Il s’agit dès lors de retracer l’histoire du « Tribunal suprême » français afin de faire apparaître le concept même de justice politique, dans toute sa nudité, comme une aporie.

    Quentin Navaro--auburtin, La fonction présidentielle et le pouvoir d'Etat sous la Ve République, thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Marcel Morabito  

    Le projet vise à élaborer une nouvelle la grille d'analyse des institutions de la Ve République, par le recours à la notion de « pouvoir d'Etat » (G. Burdeau), permettant d'éclairer les difficultés institutionnelles contemporaines. La première partie viserait à expliquer l4équilibre institutionnel de la Ve République par la notion de « pouvoir d4Etat » et son incarnation par la fonction présidentielle. Dans la lignée de l'analyse de G. Burdeau, la Constitution du 4 octobre 1958 fait coexister le « pouvoir d4Etat » (où s'exprime la légitimité nationale, la souveraineté du peuple dans sa continuité historique) et le « pouvoir démocratique-parlementaire » (jeu parlementaire normal où se déroule la vie démocratique quotidienne), mais surtout à donner la primauté au premier, faisant de la Ve République une « démocratie exécutive ». La seconde partie porterait sur les évolutions institutionnelles de la Ve République (dans le texte de la constitution comme dans sa pratique interne 4 le Président, les jeux d'acteurs entre les différents pouvoirs 4 et sa pratique externe 4 le rôle des partis, jeu médiatique, les évolutions de l'opinion et du cadre européen4), notamment le passage au quinquennat, le régime de responsabilité (politique et pénale) du Président, et viserait à expliquer ce qui est parfois qualifié de « crise de régime », analysée ici comme conséquence de l'éloignement de la logique originelle de coexistence et délimitation des champs du « pouvoir d4Etat » et du « pouvoir d4assemblée ».

    Laura André, Le droit et l'Etat chez les Idéologues , thèse en cours depuis 2020  

    Véritable cheville ouvrière politique et intellectuelle à l'époque du Directoire, les Idéologues ont été injustement oubliés et négligés par l'historiographie. Pourtant leurs écrits sont riches d'une pensée juridique vaste et originale. C'est en 1796 que Destutt de Tracy créé le terme d' « Idéologie » qui donne bientôt son nom à un courant de pensée, se réclamant de Condillac et Condorcet. Ce courant est constitué d'auteurs tels que Cabanis, Daunou, Volney, Garat, etc. Libéraux et républicains sincères, les Idéologues portent un projet politique fondé sur l'instruction et la connaissance de l'homme. Ils participent à l'élaboration de la Constitution de l'an III et entendent promouvoir une véritable instruction républicaine à travers les écoles centrales, établies par la loi Daunou du 3 brumaire an IV. Néanmoins, déçus du Directoire, ils participent activement au coup d'Etat de Brumaire et concourent à la Constitution de l'an VIII. Ils croient en la nécessité momentanée d'un pouvoir autoritaire, ce qui révèle les paradoxes d'un républicanisme, pourtant hors de tout soupçon. Ce projet de recherche entend mettre au jour la pensée juridique d'auteurs ayant développé une conception originale du droit et de l’État répondant à un projet plus vaste d'organisation sociale et politique, fondé sur les vérités découvertes à travers la méthode idéologique pensée par Destutt de Tracy et Cabanis.

    Diane Angeledei, "Juge unique, juge inique". Une histoire politique et constitutionnelle de la collégialité., thèse en cours depuis 2020  

    Si la formation à juge unique attire du fait de sa « compétitivité » de nos jours, il apparaît que la collégialité a en réalité été développée, paradoxalement, en raison de cette même vertu : au début du XVIe s., le roi multiplie les ventes d'offices de judicature pour renflouer les caisses du Trésor et éviter ainsi d'avoir recours à l'impôt. Mais la volonté royale semble paradoxale. La vision de Saint Louis sous son chêne, rendant seul la justice, de même que l'idée de « fontaine » par laquelle la justice divine coule à travers le roi semblent plaider pour le juge unique. Comment et pourquoi les monarques de la Renaissance ont-ils défendu la conception selon laquelle une justice rendue à plusieurs était meilleure que le modèle qui avait cours depuis des siècles ? Par ailleurs, de nombreux conflits étant à relever entre le roi et ses juges, ceux-ci s'arrogeant, de plus en plus de libertés, nous pouvons nous demander si la collégialité modifie ou non les rapports de force entre le roi et ses juges. Renforce-t-elle l'autorité du roi au détriment de celle des magistrats ou au contraire dessert-elle le monarque au profit de ses juges ? Enfin, il sera nécessaire de dépasser la période de l'Ancien Régime et de réfléchir à l'influence des formes politiques sur ce principe de collégialité. Celui-ci semble ainsi s'épanouir sous des régimes différents et donc ne pas revêtir la même signification. Comment a-t-on pu justifier la collégialité dans un contexte autre qu'une monarchie absolue, comme la période républicaine ou la monarchie constitutionnelle de 1814 et comment la période révolutionnaire puis la Restauration se sont-elles appropriées ce concept ?

    Juan Manuel Hernández Vélez, La procédure, matrice des libertés anciennes : aux origines du droit au procès (XVIe-XVIIIe siècles), thèse soutenue en 2020 à Paris 2, membres du jury : Francesco Di Donato (Rapp.), Soazick Kerneis (Rapp.), Elina Lemaire et Franck Roumy  

    L’étude retrace les fondements dogmatiques du droit au procès en France sous l’Ancien Régime. Pour ce faire, elle propose l’appellation plus abstraite de « droit subjectif aux formes juridiques » et analyse les différents discours qui durant l’époque moderne tendent à rapprocher les formes, formalités et procédures à la garantie de la liberté, jusqu’à faire de celles-ci le rempart par excellence contre l’arbitraire.La procédure constitue la matrice des « libertés anciennes » : elle a été forgée théoriquement par la doctrine, traduite institutionnellement par la magistrature, réalisée légalement par les ordonnances, et mise en application – bien que très difficilement – par les gens de robe. L’analyse des discours sur la procédure permet par ailleurs de repérer que l’affermissement du pouvoir étatique entraîne progressivement la subjectivation des énonces juridiques qui contiennent les normes procédurales. Ainsi, la conception spécifique des libertés anciennes entre en résonance avec sa traduction la plus contemporaine.

    Anne Gaucher, L'indépendance fonctionnelle de la magistrature au XIXème siècle, thèse en cours depuis 2019  

    Ce projet propose de retourner aux racines de la magistrature dans sa forme contemporaine, au XIXème, pour évaluer la réalité de son indépendance, non en termes de statut ou de garanties d'évolution de carrière ; mais dans sa manière de juger concrètement, en s'affranchissant de son rôle de simple exécutant, subordonné, pâle et terne "bouche de la loi". Il s'agit de mettre en évidence le ro;le créateur du juge pour re;interroger l'histoire franc;aise de la séparation des pouvoirs : revoir le postulat originel, tel que les Constituants l'ont compris chez Montesquieu et Beccaria, de la nécessaire soumission du juge a; l'aune de la de;couverte et de l'évaluation exacte des pratiques jurisprudentielles. Quelle place prend l'autorité judiciaire, de fac;on non dite mais pour autant redoutablement efficace, aux côtés des pouvoirs législatif et, parfois, exécutif '

    Victor Martignac, L'action de l'autorité militaire sur le territoire national--approche historique et fondements théoriques en droit public, thèse en cours depuis 2019  

    L'étude propose une recherche globale et approfondie du droit de l'autorité militaire lorsque celle-ci agit sur le territoire national. L'approche de l'objet de recherche est théorique et historique, afin de systématiser les régimes d'emploi de la force armée et d'expliquer les rapports juridiques et politiques entre les autorités civile et militaire. Les fondements théoriques et l'analyse historique doivent ainsi éclairer la nécessité actuelle de coordination interministérielle, et proposer une véritable contribution à la théorie juridique de l'emploi de la force armée sur le territoire national.

    Guillaume Bergerot, « Oriatur in diebus vestris justitia et abundantia pacis » : La mission de justice du roi de Louis VI à Philippe II Auguste, thèse soutenue en 2019 à Paris 2 en co-direction avec Yves Sassier, membres du jury : Gilduin Davy (Rapp.), Vincent Martin (Rapp.), Olivier Descamps  

    La justice, office immuable de la royauté, permit aux rois du XIIe siècle de recouvrer progressivement leur autorité à l’échelle du regnum. Louis VI, et surtout Louis VII dont le règne mérite d’être réhabilité, y travaillèrent avec pragmatisme, l’exerçant comme une mission autonome reçue lors du sacre en vue de la paix. Ils préparèrent ainsi l’éclat du règne de Philippe Auguste. En 1223, la justice royale manifeste incontestablement la supériorité du roi sur ses sujets : sa majesté. La justice du roi ne se résume pas à son office judiciaire. Elle imposait au roi de conserver à chacun son droit avant même l’émergence des conflits. La juridiction gracieuse permit aux Capétiens d’étendre leur autorité protectrice par l’octroi de chartes de confirmation, de diplômes de sauvegarde et de garanties apportées aux actes juridiques réalisés par leurs sujets. Les Capétiens s’attachèrent à protéger les plus démunis et à soulager leur détresse matérielle, mettant en œuvre une forme de justice sociale. La procédure permit d’attraire dans les juridictions royales les justiciables, confiants dans l’équité des décisions de justice. Les modes alternatifs de règlement des conflits permettaient au roi de rétablir la concorde. Ses jugements étaient tempérés par la miséricorde et la clémence, marques de son autorité. Pour autant, le roi prononçait les peines les plus rigoureuses, selon le principe de la rétribution. La justice était attendue du roi : ses sujets la désiraient ainsi que le révèlent les lettres de plaintes. En répondant à ces requêtes, les Capétiens exercèrent leur devoir, manifestèrent leur légitimité à gouverner et préparèrent le renouveau de la souveraineté royale.

    Samy Fellah, Les origines de la liberté d'aller et venir (XVIe - XIXe siècle), thèse en cours depuis 2018  

    Contrairement au droit de l'Union européenne, la liberté d'aller et venir est conçue en droit international comme une faculté ne pouvant s'exercer qu'à l'échelle nationale, l'État disposant à l'endroit des étrangers d'une prérogative souveraine, celle de les accueillir ou non sur son territoire, de prévoir les modalités de leur présence, et ce sans recourir à quelque motivation que ce soit. Il n'y a donc, par principe, d'exercice de la liberté d'aller et venir concevable qu'à l'échelle nationale. Pour réaliser la généalogie de ce droit, il est possible de partir du XVIe siècle, époque à laquelle la construction de l'État rompt avec la dépendance spatiale des sujets au seigneur. Transposée à l'échelle du royaume, elle devrait entraîner pour les sujets la liberté de se mouvoir à l'intérieur de cet espace. Jusqu'à la fin du XIXe siècle pourtant, des entraves fortes demeurent. Ces restrictions visent maintes catégories de personnes et leurs justifications apparaissent fort variées. Elles peuvent toucher des personnes à la marge de l'ordre social (prostituées, aliénés, pauvres, minorités religieuses) comme des personnes « dans la norme », limitées dans leur faculté de se déplacer par de multiples institutions, à l'instar des passeports intérieurs. Les motifs sont multiples : ordre public, bonnes moeurs, arguments économiques, circonstances exceptionnelles etc. Il faudra donc rechercher à travers les différents régimes juridiques, par le biais des perceptions du législateur, de l'administration, du juge et de la population elle-même ainsi que par les critiques dénonçant les régimes d'autorisation, les causes profondes de cette permanence.

    Thibault Desmoulins, L'Arbitraire, histoire et théorie. Le pouvoir de surmonter l'indétermination de l'Antiquité à nos jours, thèse soutenue en 2018 à Paris 2, membres du jury : Grégoire Bigot (Rapp.), Carlos Miguel Pimentel (Rapp.), Laurent Pfister et Olivier Beaud  

    Le droit ne se réduit pas aux règles. Que cet ancien adage paraisse aujourd’hui sibyllin montre la difficulté des juristes face à ce qu’il faut appeler l’anomie. Le pouvoir confié à une autorité de surmonter cette absence de règles provoque l’émergence de l’arbitraire en droit. Depuis l’Antiquité, ses fonctions répressives et administratives témoignent de son utilité indéfectible. Sous l’emprise du déterminisme juridique intégral d’un Dieu (VIIIe-XIIIe) ou d’un Législateur (XVIIIe-XXe), l’arbitraire se réduit à l’interprétation des normes omniprésentes. Il peut également former une voie de droit extraordinaire en complément des règles fixes (XIIIe-XVIIIe). Son apogée comme principe général de gouvernement voire de répression n’est atteinte qu’à l’occasion du profond bouleversement moderne (XVIe). À travers ces variations, trois formes de légalité se côtoient et proposent les conditions du choix d’un arbitraire légal.

    Benjamin Lloret, La protection internationale des minorités : le regard de la doctrine française de l'entre-deux-guerres, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 en co-direction avec Tomàs de Montagut i Estragués, membres du jury : Miguel Ángel Chamocho Cantudo (Rapp.), Stéphane Pierré-Caps (Rapp.), Silvia Morgades Gil  

    La protection des minorités en Europe est le résultat d’une construction empirique qui trouve ses origines avec la Réforme, avant que les garanties religieuses ne se déplacent au XIXe siècle vers un curseur national. Cette filiation historique est d’ailleurs invoquée par les Grandes puissances pour faire accepter en 1919/1920 aux États débiteurs, des obligations qui apparaissent derechef comme de la realpolitik, justifiée par des intérêts géostratégiques. Pourtant, après la Grande Guerre, l’implosion des empires multinationaux vient bouleverser l’équilibre européen. À défaut de pouvoir appliquer strictement le principe des nationalités, ces mesures de protection interviennent comme une compensation destinée à atténuer les espoirs déçus. Ainsi, l’entre-deux-guerres, période d’expérimentation et de reconstruction, est aussi celle d’une véritable émulation intellectuelle : le droit international se complexifie et se « judiciarise ». Le droit des minorités répond alors à deux objectifs (CPJI 1935) : assurer une égalité de traitement entre les individus mais aussi, sauvegarder leur identité propre. L’autre innovation réside dans le transfert de la garantie de ces mesures des Puissances vers la Société des Nations (SDN). Cette organisation voulue par le président Wilson devait être le pivot d’un nouvel ordre international. Or, la place trop importante accordée aux États, jaloux de préserver leur souveraineté, réduit considérablement l’efficacité des mécanismes de contrôle mis en place. Le tournant des années 1930 met en évidence ces dysfonctionnements qui finissent par paralyser l’institution genevoise. Néanmoins, la protection des minorités reste pour Francesco Capotorti « un des legs les plus importants » de la SDN. C’est à travers le prisme doctrinal et le regard critique du juriste contemporain attentif à ces transformations, que porte cette étude afin de mieux mettre en évidence un tel héritage.

    Paul Chauvin-Hameau, L'obligation militaire sous l'Ancien Régime, thèse soutenue en 2017 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Brigitte Basdevant-Gaudemet, membres du jury : Éric Desmons (Rapp.), Éric Gasparini (Rapp.), François Jankowiak  

    Sous l’Ancien Régime, l’armée française était, en principe, composée de troupes professionnelles recrutées sur le mode du volontariat. Son recrutement était par ailleurs complété par différentes formes d’obligations militaires comme le ban, le guet et garde ou encore la milice provinciale. Les aspects techniques de ces institutions, leurs origines, leur évolution ou encore leur ampleur, sont connues. Il n’en va pas de même des fondements et des limites de l’exercice du pouvoir de contrainte qu’elles supposent. Il existe certes des études classiques sur l’histoire de la conscription, du pro patria mori ou de l’obligation to die for the state. Mais leurs conclusions sont contradictoires, elles négligent la doctrine et la législation d’Ancien Régime, et leur perspective n’embrasse qu’une partie des conditions de légitimité d’une obligation qui impose aux sujets de risquer leur vie et de tuer. L’objet du présent travail est donc d’offrir un exposé des justifications avancées en faveur ou contre l’obligation militaire, et d’identifier les débats auxquels celle-ci a donné lieu entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Pour éclairer et ordonner le syncrétisme des préambules de la législation royale et déceler les obstacles que permettent de surmonter les arguments, il a paru nécessaire de calquer le plan de la thèse sur l’ordre du traitement de l’obligation militaire dans les ouvrages doctrinaux. Or, ceux-ci abordent l’obligation militaire sous trois angles complémentaires, trois séries de conditions cumulatives correspondant aux trois appartenances qui définissent l’état des personnes : citoyens membres du corps politique ; chrétiens membres du corps mystique de l’Église ; hommes intégrés dans un ordre et considérés dans leur individualité. À ces trois séries de personnes correspondent alors trois séries de biens : le bien commun de l’État, le bien divin, commun lui aussi, et le bien propre des individus. Ces trois biens correspondent aux conditions classiques de la légitimité des lois qui, dans la doctrine thomiste, sont orientées vers le bien commun, doivent respecter la loi divine et être justement réparties. Ces séries de considérations permettent de structurer la thèse en trois parties. Deux enseignements peuvent être tirés du tableau des conditions de légitimité de l’obligation militaire sous l’Ancien Régime. En premier lieu, il révèle un besoin constant de légitimation d’un devoir mortel. Tout absolu qu’il était, le roi de France ne pouvait exiger ad nutum l’obligation militaire. Il lui fallait, au moins, avancer une argumentation et, au mieux, respecter certaines conditions. En second lieu, l’histoire des justifications de l’obligation militaire sous l’Ancien Régime est celle de la progression du bien commun qui permet de repousser les limites traditionnelles qui encadrent le pouvoir royal. Cette évolution n’est pas sans susciter des critiques de la doctrine qui, d’une certaine façon, cherche à protéger l’individu.

    Guillaume Quernet, La réparation des dommages de guerre (1914-1918)., thèse en cours depuis 2017  

    Outre les dégâts humains considérables qui marquèrent moralement et physiquement les populations européennes, la Première Guerre mondiale généra aussi d'importants dégâts matériels. Dès le début du conflit, le législateur français prévoyait de mettre en place un régime d'indemnisation des dommages subis par les populations civiles sur leurs biens. Ce régime fut concrétisé par une loi du 17 avril 1919, aussi nommée "Charte des sinistrés". L'étude de ce régime est l'occasion d'apprécier comment l'ampleur de la Grande guerre obligea le droit public français à s'adapter aux conséquences inédites d'une guerre industrielle et totale, en encadrant l'arbitraire autrefois accordé à l'administration dans les circonstances exceptionnelles, et comment elle insuffla une forte dynamique de circulation des techniques de droit entre les droits privé et public. L'exploitation des sources rattachées à l'application de la loi du 17 avril 1919 constitue, enfin, une opportunité d'apprécier la période de l'Entre-deux-guerres sous un angle inédit, en tant que charnière pour l'histoire des garantis fondamentales, et d'appréhender l'implication de la doctrine dans la construction du droit contemporain.

    Benoît Habert, La garantie des libertés. 1852-1870, thèse soutenue en 2017 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Brigitte Basdevant-Gaudemet, membres du jury : Arnaud Vergne (Rapp.), Grégoire Bigot (Rapp.)  

    Le Second Empire a pour réputation d’être un régime politique ennemi des libertés. Pourtant, la constitution du 14 janvier 1852 reconnaît, confirme et garantit les principes de 1789 comme la base du droit public des Français. Elle crée même des mécanismes pour les protéger. Le régime louis-napoléonien, dès son texte fondateur, s’intéresse donc à la garantie des libertés. Cela fait-il du Second Empire un régime politique libéral ?Le règne de Napoléon III est coupé en deux périodes : l’autoritaire et la libérale. L’expression « Empire libéral » doit beaucoup au travail d’Émile Ollivier qui a cherché à réhabiliter, après 1870, son ralliement à l’Empire. Ainsi, quelle pertinence de qualifier de « libérale » la période s’étendant de 1860 à 1870 ou d’« autoritaire » celle s’étendant de 1852 à 1860 ?Fidèle aux idéaux de la Révolution de 1789, l’Empereur resta soucieux de maintenir le système traditionnel selon lequel la garantie des libertés relevait des missions de l’État, même s’il accepta, progressivement, de laisser à la société la capacité de garantir elle-même les libertés. Un changement de paradigme s’est donc opéré. De la protection des libertés par l’État, la doctrine libérale passa à la protection de la liberté sans l’État, voire contre lui. En fonction de la définition retenue, le Second Empire aurait donc toujours ou jamais été libéral.

    Alexandre Lacroix, L'invention juridique du concept de chef de l'État, thèse en cours depuis 2016  

    Ce projet de thèse a pour objectif d'identifier la genèse juridique du concept de chef de l'État en France. Il s'agit de déterminer comment cette institution éminemment politique, voire religieuse, a pu, et par quel processus, être enfermée dans un cadre juridique de plus en plus précis au fil du temps. Cette recherche est également l'occasion de faire l'histoire des différentes traditions de pensée relatives à l'origine, l'exercice du pouvoir, la responsabilité et les finalités de la mission du chef de l'État. En outre, le but de cette recherche sera également de déterminer s'il est possible de dégager une forme juridique pure du chef de l'État français, qui puisse dépasser les différentes traditions de pensée en la matière, et dans cette logique, dans quelle mesure la constitution de 1958 va réussir (ou non) à concilier ces différentes visions.

    Raphaël Fournier, Rangs, préséances, hiérarchie et constitution du royaume de Louis XIII à la Régence, thèse soutenue en 2015 à Paris 2, membres du jury : Frédéric F. Martin (Rapp.), Denis Baranger, Pierre Bonin, Henri de Coignac et Fanny Cosandey  

    Les conflits de rang sont en France aux XVIIème et XVIIIème siècle une source abondante de contentieux. Si leur dimension sociale et symbolique a été étudiée, leur dimension juridique a moins retenu l’attention. Une approche phénoménologique des rangs, des préséances, des hiérarchies, des conflits dont ils sont l’occasion et de leurs voies de règlement en montrent la nature conflictuelle, juridique et judiciaire. A l’examen, les cérémonies et les actes où s’exprime la puissance publique (audiences publiques des souverains, lits de justice, entrées royales et principales cérémonies de l’information), révèlent le caractère constitutionnel avant la lettre de cette matière, la perméabilité entretenue entre le signe de l’autorité, que l’on peut résumer par le rang, et l’autorité elle-même. En regard, les éléments de doctrine contemporains, pour précieux qu’ils soient, laissent perplexe. Pauvre ou silencieuse, la doctrine semble pécher par prudence. L’autorité du précédent y est tacitement reconnue tandis que la puissance discrétionnaire d’un souverain démiurge indiscrètement exaltée. Cependant, l’époque n’est pas pour autant privée de toute pensée des rangs adéquate à son objet. La littérature contemporaine montre que la hiérarchie constitue pour le public cultivé de l’époque un schème fondamental, une structure implicite du discours. Ce que la doctrine s’efforce de taire et que les sources contemporaines révèlent est le travail concurrent de deux matrices à l’oeuvre dans l’Etat royal à l’âge classique, la contradiction croissante entre la souveraineté et la hiérarchie.

    Antoine Cognon, La réparation juridique de l'honneur , thèse en cours depuis 2015  

    L'honneur est un sentiment ambigu et complexe, à la fois interne (vertu) et externe (réputation). Ce projet de recherche se propose d'étudier la réparation juridique de l'honneur du XVIe au XIXe siècle, en analysant le parcours croisé du duel et de la diffamation. Le duel, dont les implications juridiques et individualistes seront précisées, notamment par l'étude de la doctrine, se développe et se "démocratise" avant d'être réprimé et de disparaître. Une étude juridique sera aussi menée sur la "loi de l'honneur" qui le commande, et ses relations avec les lois de l'Etat. La diffamation, incrimination déjà présente sous l'Ancien Régime, est peu exploitée avant de se développer. L'étude quasi inédite des débats législatifs et doctrinaux de la fin du XVIIIe au XIXe siècle précisera le régime juridique qu'ont voulu élaborer les différents législateurs. Au-delà, il s'agit d'une étude historique de la façon dont l'Etat se rendra en mesure de réprimer efficacement les atteintes à l'honneur en luttant contre la réparation physique et en imposant la réparation symbolique, par la dissolution des atteintes à l'honneur dans le commerce des idées. Il s'agit aussi d'une histoire de la conception étatique de l'ordre public et social et de la liberté d'expression. En effet, cette dématérialisation de la réparation d'une réputation bafouée aurait pour objet de relativiser les sentiments personnels pour garantir une liberté collective d'expression.

    Hugo Rousselle, La genèse intellectuelle et juridique de la notion de droit-créance , thèse en cours depuis 2014  

    Le projet tend à rechercher quelle est l'origine de la notion de droit-créance, autrement dit les droits de la deuxième génération. Pour se faire, il convient d'analyser les sources intellectuelles que sont les textes de la pensée socialiste. Il est également nécessaire d'analyser l'évolution des jurisprudences, tant privées que publiques, tout au long du XIXe siècle jusqu'à l'élaboration de la constitution de la IVe république. Le but est de montrer comment ces droits économiques et sociaux viennent s'imbriquer dans les droits de la première génération pour en constituer aussi bien une limite qu'une confirmation.

    Thomas Branthome, La genèse des libertés sociales : le droit de s'associer face à l'impératif d'ordre, thèse soutenue en 2013 à Paris 2, membres du jury : Frédéric F. Martin (Rapp.), Jacques de Saint-Victor (Rapp.), Frédéric Bluche, Christian Bruschi et Laurent Pfister  

    L’expression « libertés collectives », employée jusqu’à présent pour désigner les libertés de la seconde génération, ne rend pas bien compte du contenu de ces libertés. Elles ne sont pas l’affirmation du droit collectif sur le droit individuel, mais des libertés individuelles qui ne deviennent effectives qu’en étant exercées collectivement. Pour figurer au mieux leur complexité, il convient de proposer une nouvelle appellation : libertés sociales. Il est nécessaire, pour justifier cette expression, d’étudier la genèse de ces libertés, à la faveur d’une analyse législative, jurisprudentielle, politique et doctrinale. L’observation de la corporation organique du Moyen Âge dévoile une différence de nature avec l’association libre. La singularité de cette dernière va apparaître tardivement, à la fin du XIXe siècle, à la faveur d’une définition moderne et d’un renouvellement du paradigme d’ordre.

    Stéphane Roux, Le concept de "convention nationale" sous la Révolution. Contribution à l'étude de la représentation constituante, thèse soutenue en 2011 à Paris 2, membres du jury : Julien Boudon (Rapp.), Éric de Mari (Rapp.), Grégoire Bigot et Frédéric Bluche  

    Dans un système constitutionnel fondé sur la souveraineté de la nation, le pouvoir constituant fait figure de phénomène ambivalent, difficilement analysable en termes juridiques. Par définition réfractaire à tout encadrement impératif, le pouvoir suprême au sein de l’Etat n’en doit pas moins revêtir une forme organisée pour exprimer une volonté normative. Les acteurs de la Révolution française agissent aux confins du droit, tirant profit des ressources de la philosophie politique et de l’histoire pour établir une constitution, principe fondamental du système juridique qu’ils cherchent à établir. Ils se dotent d’outils pour parvenir à leurs fins : le concept de « convention nationale » en est un, auréolé du succès des réalisations américaines. Plutôt qu’à une transposition institutionnelle, les révolutionnaires français procèdent à une adaptation. En devenant « extraordinaire », la représentation constituante qu’ils conceptualisent perd son caractère révolutionnaire pour devenir pleinement juridique. Elle offre une alternative à l’insurrection. Un tel processus présente cependant un revers. Ce pouvoir, en accédant à l’existence investi de l’exercice de la souveraineté, est dégagé de toutes contraintes juridiques autres que celles qui découlent de son organisation. Ces contraintes pèsent sur ses membres, exacerbant les tensions qui déchirent un corps collectif doté des pouvoirs les plus étendus. Les dérives sanglantes qui frappent la Convention nationale ne sont pas inéluctables ; elles découlent de l’exploitation politique des failles inhérentes au fonctionnement d’une représentation souveraine dont les membres ne doivent jouir d’aucun privilège.

    Philippe Pichot-Bravard, Conserver l'ordre constitutionnel (XVIe-XIXe siècle) , thèse soutenue en 2008 à Paris 2  

    Cette thèse soulève la question de la soumission du Souverain au Droit. Cette question anime la réflexion politique et juridique depuis l'Antiquité grecque comme l'atteste l'oeuvre de Sophocle, Antigone. L'objet de cette thèse est de montrer de quelles manières, par delà la diversité des régimes successifs, furent garanties, ou du moins envisagées la soumission du pouvoir souverain sous la civilité du Droit et la conservation de l'ordre constitutionnel. Au XVIe siècle, tout un arsenal juridique atteste la réalité d'un constitutionnalisme coutumier. L'existence d'un ordre juridique supérieur est alors une réalité bien enracinée dans les esprits. La France est régie par des lois fondamentales dont l'objet est de garantir l'indépendance temporelle du Roi et de faire régner dans le royaume la justice de Dieu. De ces lois fondamentales, le Roi est le gardien suprême. Il est aidé dans cette tâche par le Chancelier et par les Cours souveraines qui, vérifient la conformité des lois du Roi aux lois du Royaume, attirent au besoin l'attention du Roi par leurs très humbles remontrances, sans avoir pour autant le droit de s'opposer à sa volonté. Cet ordre constitutionnel subit au cours de la première moitié du XVIIe siécle des métamorphoses, métamorphoses qui suscitent dès la fin du règne de Louis XIV de graves contestations. Celles-ci, tout en permettant d'approfondir la réflexion constitutionnelle, finissent, du fait de la fronde parlementaire, par miner cet ordre, participant à sa destruction en 1789. De cette destruction naît un ordre nouveau dont la conservation s'est avérée délicate du fait du primat de la volonté nationale, de la finalité idéologique et du légicentrisme, difficulté qu'illustrent les échecs subis entre 1789 et 1875 par tous ceux qui plaidèrent un véritable contrôle de la constitutionnalité des lois (projet constitutionnel des Monarchiens, tribunal des censeurs de Kersaint, jury constitutionnaire de Sieyès). Néanmoins, dès cette époque, toute une école de pensée imagina les conditions d'une garantie effective de l'ordre constitutionnel, offrant des pistes de réflexion très stimulantes. Cette école fut illustrée par Benjamin Constant et Germaine de Staël, par François Guizot et les Doctrinaires, par Alexis de Tocqueville et Edouard Laboulaye avant d'alimenter la réflexion des grands constitutionnalistes du premier tiers du XXéme siécle. Ainsi, l'institution à partir de 1971, d'un véritable contrôle de constitutionnalité des lois, que l'on croyait uniquement alimentée par les réflexions de Hans Kelsen, puise également sa source dans sa source dans une tradition constitutionnelle et politique française, ancienne, dont la grande diversité fait toute la richesse.

  • Charles-Edouard Aubert, Observer la loi, obéir au roi : les fondements doctrinaux de la pacification du royaume de l'édit de Nantes à la Paix d'Alès (1598-1629), thèse soutenue en 2021 à Strasbourg sous la direction de Raphaël Eckert, membres du jury : Laurent Bouchard (Rapp.), Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu    

    L’étude des fondements doctrinaux de la pacification entre 1598 et 1629 appelle l’analyse des discours tenus sur la paix entre l’édit de Nantes et celui de Nîmes. Cette période est particulièrement propice pour tenter de mettre en lumière les idées directrices de la construction de la paix de religion dans le royaume de France. L’édit de pacification de Nantes promulgué en 1598 par le roi Henri IV réinstaure encore une fois le principe de tolérance civile. Ses premiers commentateurs, qui appartiennent par leurs idées au courant des Politiques, s’efforcent de montrer que la pacification repose sur l’observation de principes fondamentaux qu’ils se donnent alors pour mission d’expliquer. Il s’agit pour eux de refonder l’autorité du roi de laquelle procède l’obéissance, condition sine qua non d’une paix durable. La mort du roi Henri IV en 1610 retentit comme une mise à l’épreuve de la conduite à tenir établie par les Politiques. Henri IV ne constituant plus la garantie personnelle du texte, les discours produits, tant par les réformés que par les catholiques, témoignent de difficultés d’observation du texte liées à une remise en question de l’autorité royale et de l’obéissance dont le bilan est la reprise des guerres de religion jusqu’en 1629.

    Aïda Manouguian, La juridictionnalisation du droit constitutionnel français : etude d'un phénomène doctrinal, thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Philippe Blachèr, membres du jury : Wanda Mastor (Rapp.), Bruno Daugeron (Rapp.), Alexandre Viala et David Mongoin    

    Le droit constitutionnel français témoigne, à l’époque contemporaine, d’une évolution majeure tenant à l’emprise du juge constitutionnel et de sa jurisprudence sur la discipline. Depuis l’avènement de la justice constitutionnelle sous la Ve République, la question du contrôle juridictionnel de constitutionnalité des lois s’est à tel point diffusée dans les discours doctrinaux qu’il ne paraît plus possible d’envisager le droit constitutionnel sans son juge. Qu’il soit loué ou décrié, nul ne nie l’importance de ce phénomène doctrinal. Après plus d’un demi-siècle de juridictionnalisation du droit constitutionnel, cette recherche a pour ambition de mesurer les conséquences de cette mutation dans la pensée constitutionnelle. Le phénomène doctrinal de juridictionnalisation, qui puise ses racines dans la pensée antimoderne des parlementaires de l’Ancienne France bien davantage que dans le constitutionnalisme moderne, se manifeste à l’époque contemporaine comme une remise en cause de la présentation classique des institutions autant que des sources du droit constitutionnel. Son identification, qui passe par la déconstruction d’un certain nombre de présupposés portant préjudice à sa compréhension, permet alors d’en analyser les effets sur la discipline. De ce point de vue, les bouleversements se révèlent considérables et perturbent tant le statut épistémologique de la discipline que les fondements de l’exercice du pouvoir. Cristallisant, voire aggravant l’ensemble des controverses doctrinales, le juge constitutionnel apparaît ainsi comme l’objet privilégié d’une réflexion générale sur les représentations du droit constitutionnel.

    Frédéric Ponsot, Les immunités en droit constitutionnel dans la doctrine publiciste française de 1789 à aujourd’hui, thèse soutenue en 2020 à Paris 1 sous la direction de Marie-Anne Cohendet, membres du jury : Arnaud Le Pillouer (Rapp.), Julien Boudon (Rapp.), Pierre Brunet et Marie Gren  

    Cette thèse examine la façon dont les privilèges du chef de l'Etat, des ministres et des parlementaires ont été bâtis et pensés par la doctrine publiciste française depuis la Révolution de 1789 jusqu'à aujourd'hui. À cet égard, le traitement doctrinal de cette question n'est pas uniforme tout au long de notre histoire compte tenu d'un environnement constitutionnel et scientifique fluctuant. L'étude des travaux doctrinaux au sens large au cours de cette longue période met en lumière l'existence de deux grandes générations de penseurs. La première génération qualifiée de « fondateurs » (1789-1875) examinée dans la première partie, joue un rôle pionnier dans l'élaboration et la conceptualisation des immunités constitutionnelles. Toutefois, ces derniers réfléchissent encore de manière pragmatique sans véritable systématisation au gré des circonstances politiques agitées, malgré les prémices d'une rationalisation résultant de l'apparition d'une chaire de droit constitutionnel en 1834. La seconde génération, celle des « héritiers » (1875-2020), envisagée dans la seconde partie, liée à l'affirmation d'un corps de professeurs spécialisés en droit constitutionnel, aborde à nouveau, mais de façon synthétique et théorisée, le thème des privilèges exorbitants, forte de l'expérience du régime représentatif et républicain. Cependant, cet héritage tend à être remis en cause par une partie des constitutionnalistes contemporains sous l'influence de l'idéologie du droit commun portée par le concept de l 'Etat de droit. La méthode contextualiste utilisée éclaire ainsi les facteurs historiques, politiques et scientifiques qui structurent la théorie française des immunités constitutionnelles.

    Lauren Bakir, Liberté religieuse et valeurs de la République : contribution à l'étude d'une articulation en tension, thèse soutenue en 2018 à Strasbourg sous la direction de Vincente Fortier, membres du jury : Anne Levade (Rapp.), Gérard Gonzalez (Rapp.), Anne Fornerod    

    Depuis la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public adoptée le 11 octobre 2010 jusqu’à aujourd’hui, la tension entre la liberté religieuse et les valeurs de la République est prégnante. Les valeurs de la République, qui renvoient stricto sensu à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », sont conjuguées avec d’autres notions. Dans le processus d’élaboration de la loi de 2010, elles sont articulées à la dignité et l’égalité des sexes. Depuis, elles sont conjuguées avec, voire identifiées à la laïcité, érigée en valeur, et les citoyens sont appelés à adhérer à cet ensemble axiologique. Cette évolution des cadres de référence dans la prise en compte du religieux par l’État, et la tension qu’elle emporte entre la liberté religieuse et les valeurs de la République, doivent être interrogées.

    Bruno Martin-Gay, L' agent public confronté à l'enjeu de la candidature officielle (1852-1870) : contribution à une réévaluation du césarisme démocratique et libéral, thèse soutenue en 2012 à Paris 11 sous la direction de Brigitte Basdevant-Gaudemet, membres du jury : Caroula Argyriadis-Kervegan (Rapp.), Patrice Rolland (Rapp.), Nathalie Goedert  

    Dans l’inconscient collectif et la culture nationale, l’image du Second Empire fut longtemps couverte par un voile d’opprobre. La défaite de Sedan, les diatribes de Victor Hugo et le coup d’État se conjuguèrent pour fixer durablement une légende noire. Des travaux historiographiques ont en partie réparé cette image, en montrant la réalité de la mutation libérale durant la décennie 1860 et la particularité de la conception du suffrage universel. Il restait à envisager les conséquences sur l’agent de l’État, en particulier dans son rapport avec l’une des spécificités de l’Empire : la candidature officielle. L’idéologie césarienne consiste à subordonner l’existence de l’Empire à la victoire du candidat recommandé par le Gouvernement lors de chaque élection, locale ou nationale. Le salut impérial requiert donc de placer tous les « fonctionnaires » sous la dépendance de ce candidat. L’opération est facilitée par deux points : d’une part, il n’existe pas de statut protégeant les fonctionnaires ; d’autre part, les libertés publiques sont sévèrement contrôlées. Mais la dépendance ne saurait être absolue. Le rôle de l’État évolue et les agents compétents qui parviennent à se rendre indispensables s’ouvrent un espace d’autonomie. Surtout, la législation électorale promouvant les grands principes modernes relatifs à la liberté des scrutins commence à être appliquée par la jurisprudence du Conseil d’État. L’agent devient donc partagé entre les nécessités inhérentes au soutien du candidat patronné et les obligations légales contrôlées par le Conseil d’État.

  • Julien Constantin, Constituer sans Constituante (1789-1962) : une histoire de l'autorité constituante en France, thèse soutenue en 2023 à Nantes Université sous la direction de Grégoire Bigot et Frédéric F. Martin, membres du jury : Anne-Sophie Chambost (Rapp.), Lucien Jaume  

    La France a vécu, dans son histoire, sous plus de constitutions écrites édictées par un pouvoir exécutif que par une Assemblée constituante. Ce constat est contrintuitif au regard de l’importance doctrinale du constitutionnalisme révolutionnaire et de ses présupposés démocratiques. Il contredit par ailleurs la prégnance du modèle d’Assemblée constituante dans la culture constitutionnelle française. Cette étude propose d’expliquer pourquoi et comment les données de l’histoire constitutionnelle française semblent autant s’éloigner de ces présupposés révolutionnaires.Pour ce faire, une notion est construite, définie et mobilisée : l’autorité constituante. Elle permet d’articuler les dimensions spécifiquement politiques et juridiques de l’opération constituante, en éclairant sur les influences réciproques qu’elles exercent sur la manière dont est élaborée la Constitution. Cette approche conduit notamment à décrire l’importance des fondements politiques dans le processus constituant. Cette étude propose ainsi une histoire de l’autorité constituante en France. Son objet est d’éclairer les justifications et les conditions d’exercice des pouvoirs constituants non démocratiques de l’histoire constitutionnelle française.

    Jérémy Brzenczek, L'historicisme dans le constitutionnalisme écrit contemporain, thèse soutenue en 2021 à Université de Lorraine sous la direction de Stéphane Pierré-Caps, membres du jury : Marie-Élisabeth Baudoin (Rapp.), Thibault Guilluy et Alberto López Basaguren  

    En droit constitutionnel, l’historicisme est une doctrine qui justifie des institutions politiques et leurs prérogatives sur des fondements antérieurs à la Constitution positive. En d’autres termes, elle légitime les pouvoirs publics par l’histoire. Cette pensée, qui procède du mouvement contre-révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle et du romantisme allemand du début du XIXe, perpétue en réalité une vision archaïque du droit qui récuse la conception rationnelle-normative du constitutionnalisme écrit naissant à la fin du XVIIIe siècle et qui continue de régir nos régimes politiques. Or, on peut observer dans certains systèmes constitutionnels écrits contemporains une persistance du phénomène historiciste. Ce qui peut produire de véritables difficultés constitutionnelles. La première partie de cette étude sera consacré l’analyse du concept de droits historiques étatiques qui exprime pour une communauté humaine, identifiée comme une nation et/ou ayant au cours de l’histoire déjà eu une existence étatique (le plus souvent un royaume médiéval), le droit de se constituer en État et de disposer d’un territoire qui lui soit propre. Dans ce paradigme, l’État est donc légitime en raison d’une histoire nationale. Des corpus juridiques archaïques sont généralement invoqués pour démontrer la présence dans le passé d’une structure politique particulière. L’Espagne contemporaine a consacré dans sa Constitution du 27 décembre 1978 le concept de droits historiques en vue de garantir un particularisme régional, un droit autonomique fondé sur l’histoire. Au regard de la disposition additionnelle de la Constitution, le juge constitutionnel a cherché à préserver les éléments essentiels des institutions forales, c’est-à-dire les anciennes institutions coutumières du Pays Basque et de la Navarre. La seconde partie concernera en revanche le concept de Constitution historique qui traduit l’idée de rétablir une ancienne Constitution coutumière disparue. La f ormation progressive de ce type de Constitution lui donnerait une légitimité supérieure aux Constitutions écrites. Cette forme d’historicisme se retrouve particulièrement dans le constitutionnalisme hongrois contemporain. La Loi fondamentale du 25 avril 2011 reconnaît ainsi une valeur supra-constitutionnelle à la « Constitution historique de Hongrie ».

    François-Xavier Arnoux, Histoire du vote blanc et de l'abstention. : Analyse juridique d'un refus (apparent) de choisir, thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de Louis-Augustin Barrière et Anne-Sophie Chambost, membres du jury : Jérôme Henning (Rapp.), Philippe Blachèr et Karen Fiorentino    

    L’approche des élections soulève inéluctablement la question de la participation électorale. Pour certains, voter est un devoir citoyen et une nécessité pour le bon fonctionnement démocratique de notre système. Dans ces conditions, l’importance de l’abstention interroge et inquiète. Pour d’autres, l’abstention est un silence éloquent, un acte de résistance passive ou de désobéissance civile. L’abstention permettrait d’envoyer un signal au pouvoir pour exiger un changement ou l’organisation de nouvelles élections.Pour le juriste, cette vision du vote blanc se construit en dehors de la conception représentative de l’élection. L’élection étant un outil de désignation ; ne pas désigner est un non-sens électoral. L’abstention (physique) et le vote blanc ne comptent donc pas dans les suffrages dits exprimés.En observant l’historicité des concepts de l’abstention et du vote blanc, sur la période de 1789 à 1871, nous avons voulu apporter un éclairage sur cette problématique contemporaine. Il s’agit d’abord de comprendre la construction du système électoral en France et la justification de l’exclusion des abstentions. Il est ensuite nécessaire de définir et distinguer l’abstention (physique) du vote blanc. L’objectif est d’appréhender le refus de choisir de l’électeur lors du vote. Du point de vue de l’État, cette question s’entend ainsi : comment construire un système électoral qui n’est pas remis en cause par la désaffection des titulaires de la souveraineté ? Alors que pour le théoricien politique cette problématique résonne davantage dans les questions suivantes : pourquoi et comment l’expression du titulaire de la souveraineté peut-elle être garantie par les élections ? Dès lors, notre analyse se construit à partir du dialogue entre l’intention du législateur et les idées politiques qui y répondent. Nous étudierons ces questions sur trois périodes. De 1789 à 1799 d’abord, lors de la naissance du droit électoral, où nous verrons comment les révolutionnaires font face à une abstention considérable lors des élections en particulier venant des contre-révolutionnaires. De 1799 à 1848 ensuite, nous montrerons comment la conception des abstentions évolue, tant dans le vocabulaire juridique que dans la pensée politique qui vient moraliser la participation aux élections. Enfin, de 1848 à 1871, nous analyserons comment, sous le régime du suffrage universel, se sont développées les théories abstentionnistes.

    Edern de Barros, Le régime mixte chez Condillac et Mably : l'histoire contre le "despotisme légal" des économistes, thèse soutenue en 2021 à Paris 13 sous la direction de Jacques de Saint-Victor, membres du jury : François Quastana (Rapp.), Éric Desmons et Elina Lemaire  

    Nos recherches se concentrent sur l'étude comparée de l'oeuvre de Condillac et de Mably, ainsi que l'étude des sources qu'ils mobilisent, en histoire du droit, pour la formation de leur pensée politique et morale commune. Nous étudions leur théorie du régime mixte puisée dans l'étude de l'histoire, que nous mettons en comparaison avec la théorie du "despotisme légal" des économistes physiocrates. Il s'agit de réinterroger la tradition historiographique qui tend à présenter Condillac et Mably comme deux frères ennemis

    Margaux Bouaziz, Significations et interprétations de l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : contribution à l'histoire de la notion de constitution, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Michel Verpeaux, membres du jury : Arnaud Le Pillouer (Rapp.), Guillaume Tusseau  

    L’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose que « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. » La thèse a pour objet de reconstruire la signification historique de cet article, afin de la comparer avec les interprétations contemporaines qu’en donnent la doctrine constitutionnaliste et le Conseil constitutionnel. Premièrement, en s’appuyant sur les méthodes de l’histoire linguistique, elle montre que cette disposition a pour origine les mutations des conceptions du pouvoir politique et l’invention de la notion de constitution aux XVlle et XVIlIe siècles. Cette notion, et celle de constitution de la société en particulier, sont des créations des philosophes jusnaturalistes et contractualistes. Elles sont par la suite reprises et adaptées au contexte français afin de les utiliser comme une arme politique, ce qui conduit à l’émergence de trois constitutionnalismes : parlementaire, patriote et royaliste. Deuxièmement, l’étude se concentre sur l’adoption de l‘article 16, qui représente la consécration de la conception patriote de la constitution. Cette disposition est le symbole de la victoire des patriotes sur les conservateurs et royalistes en 1789. Elle est également la consécration juridique de leur conception de la constitution. Troisièmement, la recherche permet de révéler le caractère essentiellement mythique des significations attribuées à l’article 16 aux XXe et XIXe siècles et elle analyse ce processus de mythification de l’article 16, à la fois comme élément de théorie politique et comme norme constitutionnelle.

    Nicolas Werba, La législation sociale du Second Empire, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Norbert Olszak, membres du jury : Olivier Vernier (Rapp.), Anne Rousselet-Pimont  

    Cette thèse a pour titre la législation sociale du Second Empire. Depuis la dichotomie imposée par Ernest Lavisse, ce régime est traditionnellement divisé en deux périodes : une autoritaire et une libérale. Un tel changement de cap est généralement expliqué par la perte des soutiens traditionnels du régime. Tentant de séduire l'électorat ouvrier, le gouvernement aurait alors décidé de se lancer dans une législation sociale plus ambitieuse. Un tel schéma voit donc dans l'accélération des mesures sociales de la deuxième moitié du règne, une simple réponse circonstanciée à un contexte politique défavorable ; la législation sociale du Second Empire laissant dès lors peu de place à une cohérence d'ensemble. Il ressort de cette étude que Louis-Napoléon Bonaparte s’est, dès ses premiers écrits de jeunesse, penché sur la question sociale. Ses solutions en la matière tenant en deux principes essentiels : l’ordre et le progrès. En favorisant la prospérité et le développement économique, la stabilité était considérée par le futur Empereur comme le premier remède aux difficultés des classes laborieuses. L’ordre retrouvé, Napoléon III souhaitait ensuite l’adoption de mesures sociales plus ambitieuses.Ainsi, loin d’être guidée par des contraintes extérieures, la législation sociale du Second Empire s’inscrit en réalité dans une logique définie dès l’origine du régime, formant dès lors un ensemble cohérent.

    Franck Zarlenga, Le régime juridique des Cultes non reconnus dans la France concordataire (1801-1905), thèse soutenue en 2018 à Paris Est sous la direction de Patrice Rolland, membres du jury : Sébastien Le Gal (Rapp.), Guillaume Richard et François Jankowiak    

    « Masse de granit » de la nouvelle France, la grande loi organique du 18 germinal an X relative à l’organisation des cultes (2 avril 1802) — qui comporte le Concordat du 26 messidor an IX (15 juillet 1801) et les Articles Organiques des Cultes catholique et protestants (calviniste et luthérien) — allait constituer, avec les textes fondateurs de la réglementation du Culte juif de mars 1808, le point de départ d’une nouvelle organisation des rapports entre les Églises et l’État, dont le terminus ad quem sera la loi de Séparation du 9 décembre 1905. L’organisation qui allait naître de cette loi de l’an X, comme de l’ensemble des lois non proprement cultuelles de la période napoléonienne, sera concomitamment structurée autour de la distinction entre Cultes reconnus et Cultes non reconnus, nouvelle summa divisio du droit des Cultes au XIXe siècle. Héritier du modèle forgé par les hommes du Consulat et de l’Empire dans la loi organique du 18 germinal an X et la législation subséquente, l’État concordataire du XIXe siècle allait maintenir la tradition française de l’intervention perpétuelle en matière religieuse. Aussi, de 1801 à 1905, nous ne serons quasiment jamais en présence d’une dualité de système d’encadrement juridique des relations entre les religions et l’État, avec, d’un côté, des Cultes privilégiés, subventionnés, rattachés à un statut de service public, mais étroitement surveillés et notamment largement entamés dans leur liberté d’organisation interne et, de l’autre côté, des Cultes libres, qui, tout en échappant au contrôle de l’État, ne seraient pas des Cultes proscrits puisque, d’une part, ils bénéficieraient du principe de la liberté religieuse commandant le régime de droit commun des Cultes, et que d’autre part, la reconnaissance ne déterminerait pas l’existence légale, mais seulement l’érection au rang de service public. Le régime des Cultes sera au contraire moniste, c’est-à-dire exclusif de tout autre ; l’État ne souffrant pas d’Églises en dehors d’un système organisé de surveillance protectrice et la jouissance de tous les droits accordés aux religions, notamment la liberté du culte, n’étant envisageable que par aspiration dans le cadre concordataire. Ainsi, les Cultes non reconnus feront, au XIXe siècle, l’objet d’une simple tolérance oscillant entre bienveillance et persécutions.

    Jean-Nicolas Robin, La matière pénale à l'épreuve du numérique, thèse soutenue en 2017 à Rennes 1 sous la direction de Claudia Ghica-Lemarchand et Ronan Doaré  

    Il semble aujourd'hui possible de considérer que le numérique et le cyberespace ont complètement changé les rapports de force dans notre société moderne. En se numérisant, la société permet à ses membres un accès quasi illimité et instantané à des millions de ressources et données. Par ailleurs, il facilite largement les relations personnelles et professionnelles entre les individus. Si le numérique peut être présenté comme une véritable révolution, celui-ci expose son utilisateur à de nouvelles vulnérabilités, à de nouveaux risques. Le droit pénal, en ce qu'il régit la société et choisit les valeurs sociales à protéger, s'est donc intéressé au développement du numérique et à ses conséquences. La présente étude constate un arsenal législatif étendu pour lutter le plus efficacement possible contre la délinquance numérique. Néanmoins, l'analyse observe qu'il existe de nombreux obstacles à l'application du droit pénal au cyberespace en raison des particularités liées aux réseaux. La délinquance numérique n'est, en outre, pas la seule menace générée par le numérique, puisque désormais, il est possible de parler du cyberespace comme d'un nouvel espace de confrontation. Ainsi, à la délinquance numérique s'ajoute la menace militaire puisque les États investissent les réseaux par la mise en place d'armes numériques. Il s'agit alors de s'interroger sur la pertinence de ces choix étatiques et sur les solutions permettant d'accentuer la lutte contre la délinquance numérique.

    Audrey Virot, Les négociations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège de 1870-1939, thèse soutenue en 2013 à Paris 11 sous la direction de Brigitte Basdevant-Gaudemet et François Jankowiak, membres du jury : Carlo Fantappiè (Rapp.), Christine Mengès-Le Pape (Rapp.), Jean-Philippe Schreiber (Rapp.), Jean-Jacques Bienvenu  

    Entre 1870 et 1939, les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la France sont sans nul doute tumultueuses. La période est marquée à Rome par la fin de l’État pontifical et la perte consécutive de la souveraineté temporelle pour le Saint-Siège en 1870, rétablie sous la forme de l’État de la Cité du Vatican, par la signature des Accords du Latran avec le royaume d’Italie en 1929. En France, le début de la Troisième République se caractérise par un anticléricalisme actif, qui atteint son paroxysme au début du XXe siècle, avec la suppression de l’ambassade de France près le Saint-Siège, suivie de la loi de séparation de 1905, mettant fin au régime concordataire. À la faveur des évènements de la Première Guerre mondiale, un rapprochement s’opère entre la France et le Saint-Siège, concrétisé en 1921 par le rétablissement de relations diplomatiques officielles.L’existence de relations diplomatiques entre deux États a notamment pour objectif de constituer un cadre privilégié pour la menée de négociations. Pendant la Troisième République, les sujets de débat sont nombreux entre les gouvernements français et pontifical. Le caractère juridique a été utilisé comme critère de sélection des affaires. L’étude des modalités de négociation permet de mettre en évidence trois phases chronologiques distinctes, qui dépendent de la combinaison de deux éléments : l’existence ou non de rapports diplomatiques officiels et le cadre juridique – concordataire ou de séparation – qui sert de toile de fond à ces tractations. Pour appréhender de manière pertinente cette évolution des modalités de négociation, il faut déterminer au préalable le cadre institutionnel français et pontifical, décisif pour l’orientation du rapport de forces dans les tractations. Par cette analyse, on constate un rééquilibrage du rapport de forces dans le temps entre la France et le Saint-Siège et une incapacité à rompre de manière absolue les contacts. La variété des intérêts à défendre, en France, à Rome mais aussi plus largement dans le monde, explique que malgré de vives oppositions, la France et le Saint-Siège trouvent toujours un accord.

    Caroline Regad, Théoriser l'Etat, mesurer l'absolu : les juristes de Louis XIII et de Richelieu, thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de Éric Gasparini et Christian Bruschi, membres du jury : Martial Mathieu (Rapp.), Jean-Louis Mestre et Laurent Reverso  

    Mesurer l'absolu : voilà toute la force imprimée par les juristes de Louis XIII et de Richelieu à la monarchie qui ont contribué de manière significative à la construction de l'Etat par le droit. Les successeurs des Légistes et des Politiques ont précisé le fondement, le critère et l'étendue de l'absolu qu'ils se devaient désormais de mesurer. La souveraineté est au cœur du processus : elle est déployée sous la forme d'une véritable arme de combat. Dans une version défensive lors de la première partie de règne, elle conjugue l'unité et l'indépendance. Dès 1630, la souveraineté se charge d'un sens offensif en lien avec la radicalisation politique. La souveraineté interne poursuit alors son mouvement : à l'unité comme principe structurant est ajoutée l'indivisibilité comme contenu explicitement formulé. La souveraineté externe, pour sa part, change radicalement de visage : ce n'est plus la construction contre l'autre mais avoir des prétentions sur les autres Etats. Ce faisant, la souveraineté interne et externe se confondent dans une souveraineté-puissance plus que dans une souveraineté-liberté sachant qu'aujourd'hui, la première renvoie à l'ordre interne et la seconde à l'ordre international. Il faudra attendre 1648 et la conférence de Westphalie pour que les relations interétatiques soient marquées d'une volonté de stabilité. Autrement dit, si l'Etat a émergé contre les autres entités étatiques, il se consolidera avec celles-ci, dans un cadre pacifié. L'affirmation d'une souveraineté-puissance passe au préalable par la constitution d'une sorte de trinité civile composée du roi, désormais consolidé, de la souveraineté et de l'Etat

    Sébastien Le Gal, Origines de l'état de siège en France (Ancien régime - Révolution), thèse soutenue en 2011 sous la direction de Christian Bruschi, membres du jury : Victor Monnier (Rapp.), Nicole Dockès-Lallement, Louis-Augustin Barrière et Éric Gasparini      

    En France, à la suite de précédentes constitutions, la Constitution de la Ve République consacre l’état de siège (art. 36) ; à l’étranger, de nombreux pays l’ont adopté. Ce constat laisse béant un paradoxe suivant : si la France adopte, la première, une législation d’exception, elle n’offre pas pour autant de réflexion approfondie sur ce qu’est l’état d’exception. L’étude des origines et de l’histoire de l’état de siège met au jour les raisons d’un tel paradoxe. L’état de siège est originellement une disposition technique du droit militaire (loi des 8-10 juillet 1791), qui prévoit que, dans certaines circonstances, l’ordre public et la police passent de l’autorité civile, compétence par principe, à l’autorité militaire. Ainsi, la loi prévoit le renversement du principe selon lequel l’autorité civile prime sur le militaire. Au cours de la Révolution, cette disposition est utilisée afin de réprimer les troubles violents qui se multiplient à l’intérieur du territoire. Durant le XIXe siècle, les régimes successifs y recourent également, jusqu’à ce que la Cour de cassation, en 1832, donne un coup d’arrêt à cette pratique. Le législateur est donc contraint d’adopter un texte – la loi du 9 août 1849 – qui encadre précisément son usage. Cette loi est, véritablement, une législation d’exception, au sens où elle contrevient à un principe consacré par l’ordre constitutionnel, en fonction de circonstances déterminées, pour un temps et un lieu circonscrits. Elle accorde également à l’autorité militaire des pouvoirs étendus qui restreignent les libertés publiques, et consacre la compétence des juridictions militaires pour juger les non-militaires.

    Oscar Ferreira, Le pouvoir royal (1814-1848) : à la recherche du quatrième pouvoir ?, thèse soutenue en 2010 à Paris Est sous la direction de Patrice Rolland, membres du jury : Éric Gojosso (Rapp.), Guillaume Bacot    

    Résumé non transmis

  • Jean d' Andlau, Fonder la République par la loi : le Comité de Législation de la Convention nationale 1792-1795, thèse soutenue en 2021 à Université de Lille 20182021 sous la direction de Hervé Leuwers, membres du jury : Michel Biard (Rapp.), Aurélien Lignereux (Rapp.), Virginie Martin et Marisa Linton      

    Notre thèse, consacrée au Comité de législation de la Convention nationale (1792- 1795), invite à l’étude inédite et approfondie d’un organisme central de l’Assemblée qui a fait entrer la France en République. Fondé sous la Législative (octobre 1791), ce comité d’une importance fondamentale est chargé de préparer les lois qui doivent être débattues au sein de l’Assemblée, mais aussi de veiller à leur juste application dans l’espace national. Notre projet ambitionne d’examiner le fonctionnement d’un organe législatif devenu organe de gouvernement à partir de l’été 1794, de réfléchir à la place de la loi dans la construction républicaine ainsi que d’étudier la participation concrète des citoyens à l’élaboration du droit nouveau. L’objectif de notre recherche est d’approfondir l’analyse d’Hippolyte Taine qui, en faisant allusion aux comités parlementaires, expliquait « qu’il faut au travail et au succès d’une assemblée [...] du silence et de l’ordre, de l’esprit pratique, de la discipline sous des conducteurs compétents et acceptés.». L’étude du Comité vient ainsi éclairer un rouage essentiel de la Première République, un laboratoire de la loi, un réceptacle des aspirations de tout un peuple, mais aussi une communauté de juristes, citoyens et législateurs chargés de fonder l’ordre et d’établir la norme. Nos travaux explorent les réunions quotidiennes de ce comité essentiel et pourtant loin des luttes théoriques ou des effusions politiques qui captivent de manière récurrente l’intérêt des historiens de la Révolution. En adoptant cette focale, notre étude cherche à renouveler l’approche des années 1792-1795 en se détournant de l’analyse des discours, des événements et des postures pour s’atteler à l’étude plus technique des textes, à l’étude de l’ombre où s’ élaboraient, dans des discussions intimes, complexes et souvent tatillonnes, la matière du gouvernement. En s’intéressant à la participation des citoyens à la création du droit nouveau, à l’action des juristes en temps d’exception ou encore aux caractéristiques de notre premier pacte républicain, nos recherches trouvent un écho presque quotidien dans l’actualité la plus récente.

    Jordan Hain, Interpréter la loi 1789 - 1804, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de Jean-Paul Andrieux, membres du jury : Jean-Louis Halpérin (Rapp.), Nicolas Laurent-Bonne (Rapp.), Anne-Marie Voutyras-Pierre et Philippe Galanopoulos  

    En 1789, les révolutionnaires souhaitent interdire aux juges l’interprétation des lois et imposent un système de référé législatif obligeant les tribunaux à s’adresser au législateur toutes les fois qu’ils le croiront nécessaire. La thèse présente, grâce à l’exploitation des sources des Archives nationales et de la Bibliothèque de la Cour de cassation, les différents mécanismes utilisés par les révolutionnaires pour interpréter les lois. Alors que l’Assemblée nationale paraît la seule autorisée à cette interprétation, les sources mettent en lumière de nombreuses institutions pour résoudre les questions posées par les tribunaux. Ainsi les bureaux du Ministère de la justice reçoivent les demandes d’interprétation des juges et y fournissent plusieurs réponses. À ce rôle, sous-estimé, du pouvoir exécutif, s’ajoute celui des différents comités des assemblées révolutionnaires et, notamment, du Comité de législation. Enfin, le Tribunal de cassation dispose, lui aussi, d’une autorité manifeste en la matière. La publication de ses jugements semble bien offrir à la jurisprudence des tribunaux, pourtant si critiquée, un rôle majeur. L’étude de toutes ces institutions pendant la période permet de mieux comprendre comment, d’un pouvoir interdit au juge, interpréter devient un devoir et finalement un droit consacré par les articles 4 et 5 du Code civil.

    Thierry Toutin, Le djihadisme, aspects juridiques et criminologiques, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Patrick Morvan, membres du jury : Emmanuel Dreyer (Rapp.), Xavier Pin (Rapp.), Michel Bénézech et Bernard Cazeneuve  

    Les premiers signes de la radicalisation salafo-djihadiste contemporaine remontent au début des années 80, dans le sillage de l'intervention Soviétique en Afghanistan et de l'instauration de la république islamique d'Iran. Courant minoritaire, totalitaire et ultraconservateur de l’islam, il se considère comme le fédérateur de l'Oumma (communauté des croyants) et l'incarnation de l'islam authentique des origines. Ce mouvement plus proche d’une idéologie révolutionnaire que d’un message religieux, a pris une ampleur internationale, dans le sillage des révoltes du Printemps Arabe fin 2010. Une organisation particulièrement habile dans l'utilisation des moyens modernes de communications et dans la diffusion de la propagande a su créer une dynamique efficace suscitant l'adhésion de jeunes gens et des moins jeunes, depuis tous les continents. Cette organisation terroriste dénommée Daesh ou Etat islamique a réussi à s'imposer là où ses prédécesseurs ont échoué. Comment y est-elle parvenue ? Qui sont les volontaires prêts à mourir pour cette cause ? Quelles sont leurs motivations ? Comment répondre à cette nouvelle forme de menace d’une extraordinaire complexité ? Quelles sont les solutions et les évolutions de ce phénomène d’ampleur ? C’est à toutes ces questions que la présente recherche tente de répondre, sans prétendre à l’exhaustivité, avant de conclure sur quelques perspectives et voies d’exploration, de nature à contrecarrer davantage l’influence et les effets d’une idéologie meurtrière qui marquera durablement le 21ème siècle.

    Antonin Forlen, La dimension historique de la notion d'ordre public (XVIe-XIXe siècles), thèse soutenue en 2016 à Strasbourg sous la direction de Yves Jeanclos, membres du jury : Grégoire Bigot (Rapp.), Renaud Bueb (Rapp.), Yves Charpenel et Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu    

    Cette thèse étudie la dimension historique de la notion d'ordre public. Celle-ci, bien que très usitée en droit positif, est difficile à définir et à déterminer. L'analyse historique de son émergence et de son développement à partir du XVIe siècle permet de comprendre les grandes caractéristiques et problématiques que soulève son utilisation par les juristes. Afin de restreindre le champ d'investigations autrement inépuisable, le cadre d'étude choisi est l'ordre public dans sa dimension étatique. La notion d'ordre public mise en œuvre par l'État suppose la recherche de la stabilité et de la pacification de la société. Elle combine pour ce faire, d'une part des procédés de police administrative visant à prévenir les troubles à l'ordre avant qu'ils ne surviennent ; et d'autre part des outils de droit pénal visant à l'appréhension et à la punition des infractions brisant l'ordre établi. À travers l'histoire, la notion évolue selon deux axes. D'abord, l'ordre public est conçu comme une notion-cadre, permettant de rassembler un ensemble de techniques et d'outils juridique concourant la protection de la société et des personnes, ensemble qui se développe de manière pragmatique sous l'Ancien Régime. Ensuite, l'ordre public est étudié à travers son rôle de vecteur, stimulant l'intervention de l’État et de ses institutions, les amenant à agir sur la société et à la contrôler pour imposer une série de valeurs comme la garantie de la vie humaine, de la propriété, de la cohésion sociale. La dimension historique de la notion révèle la pérennité remarquable d'un modèle né sous l'Ancien Régime, conservé et perfectionné après la Révolution, qui est toujours de droit positif en ce qui concerne ses caractéristiques essentielles.

    Pape Moussa Beye, Libéralisme et exception : l'état de droit et le système onusien de sécurité collective à l'épreuve du jihadisme international, thèse soutenue en 2016 à Paris 2 sous la direction de Philippe Raynaud, membres du jury : Jean-Vincent Holeindre et Jean-Claude Monod  

    Évènement exceptionnel, les attentats du 11 septembre ont marqué l'entrée de la politique mondiale dans l'ère de la crise du jihadisme international. Si l'apparition de la menace jihadiste est antérieure à 2001, l'attaque qaidiste perpétrée à l'encontre des États-Unis a en effet représenté un saut qualitatif d'envergure, en ce qu'elle a été synonyme d'agression commise par des acteurs privés aucœur de l'hyperpuissance d'après-Guerre froide, et en ce qu'elle a constitué le point de départ d'un essor considérable du péril jihadiste. De la destruction du World Trade Center aux attentats du 13 novembre, en passant par le rapt des lycéennes de Chibok ou l'érection de l'État islamique, le jihadisme en est ainsi arrivé à représenter un défi protéiforme et véritablement global. Ciblesprivilégiées des forces jihadistes, les démocraties libérales occidentales ont dès lors répondu à ce challenge en s'engageant dans une « guerre contre le terrorisme » aux facettes multiples (interventions armées, mesures antiterroristes, etc.). Si plusieurs intellectuels d'extrême gauche, inscrits dans une perspective de critique du libéralisme politique, ont considéré, en s'inspirant de la réflexion de Carl Schmitt, que les États occidentaux contemporains sont plongés dans un étatd'exception permanent, dont la lutte contre le jihadisme a constitué soit le déclencheur, soit le révélateur, nous estimons pour notre part, que cette thèse ne permet tout simplement pas de se faire une idée exacte des retombées juridico-politiques de l'anti-jihadisme post-11 septembre. D'où la nécessité de la discuter en procédant à l'étude approfondie des éléments contextuels et principiels auxquels elle renvoie.

    Jean Guiselin, Le Secrétariat général du Gouvernement, thèse soutenue en 2015 à Paris 2 sous la direction de Guillaume Drago, membres du jury : Jean-Éric Gicquel (Rapp.), Pierre de Montalivet (Rapp.), Serge Lasvignes  

    Entablure entre les pouvoirs exécutif et législatif, et donc organe administratif essentiel au fonctionnement de tout État moderne, le Secrétariat général du Gouvernement est pourtant une des institutions administratives françaises les plus méconnues.Existant dans tous les pays, sous des formes très variées, depuis plus ou moins longtemps, le Secrétariat général du Gouvernement est apparu en France dès la Révolution de 1789, le Directoire entérinant sa création par le Comité de salut public. Il s’est maintenu de manière quasi ininterrompue jusqu’à aujourd’hui, jouant un rôle d’autant plus actif que l’instabilité politique était forte. Sous la IVème République, le Secrétariat général du Gouvernement et son secrétaire général ont assuré la permanence de l’État, en compensant l’instabilité chronique du politique.Le positionnement du Secrétariat général auprès du Premier ministre induit la question de sa nature, politique ou administrative. Car le choix n’a pas toujours été fait d’y nommer un haut fonctionnaire neutre et étranger au pouvoir politique, de l’Empire au Front populaire.Dans sa forme moderne, le Secrétariat général du Gouvernement, qui s’est progressivement structuré en une administration peu nombreuse, de très haut niveau et stable, est bien un organe administratif : la permanence exceptionnelle des secrétaires généraux le montre parfaitement.Sous la Vème République, la stabilité du pouvoir politique ne l’a pas affaibli. Son rôle d’organisateur du Conseil des ministres a été conforté. Au-delà de sa fonction de coordination du travail gouvernemental, le Secrétariat général du Gouvernement exerce aujourd’hui de nouvelles missions, comme la défense de la loi devant le Conseil constitutionnel, le suivi de l’application des lois. En outre, le Secrétariat général du Gouvernement a développé sa fonction d’intermédiaire entre le Parlement et le Gouvernement.Preuve de l’importance du Secrétariat général du Gouvernement, la tendance récente à le tenir en dehors du processus décisionnel altère fortement l’efficacité de l’État.

    Vincent Souty, La constitutionnalisation des pouvoirs de crise : essai de droit comparé, thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Lauréline Fontaine, membres du jury : Luis López Guerra, Olivier Corten et Marie-Anne Cohendet    

    L’analyse de l’évolution des normes juridiques relatives aux pouvoirs de crise, principalement depuis le milieu du XXe siècle, permet de mettre en lumière le profond renouvellement de la matière du point de vue du droit international et des droits internes des États. Il existe un processus dynamique entre les deux sphères : l’expérience des États contribue aux développements du droit international qui lui-même nourrit l’évolution du droit interne. Ce processus dynamique est guidé par l’émergence du concept de l’État de droit et par la nécessité pour les États de garantir le respect des droits et libertés des individus. Il engendre la création d’un régime juridique international de l’état d’exception, c’est-à-dire la mise en place d’un ensemble cohérent de règles relatives aux pouvoirs de crise. Ce régime vise à faire de l’état d’exception une institution de l’État de droit, au même titre que la séparation des pouvoirs ou que l’existence de recours juridictionnels visant à protéger le principe de juridicité. Au niveau interne, la grande majorité des États, du moins ceux soumis à la juridiction de la Cour interaméricaine ou à celle de la Cour européenne qui sont l’objet de cette étude comparée, retiennent l’idée d’institutionnalisation des pouvoirs de crise. Les constituants prennent en compte les évolutions internationales en la matière et développent de nombreux mécanismes visant à inscrire l’état d’exception dans les principes de l’État de droit. Il en ressort un travail d’ingénierie constitutionnelle qui s’attelle à encadrer les pouvoirs de crise de manière minutieuse, en espérant ainsi garantir l’existence de ces pouvoirs, dans l’assurance que ceux-ci ne serviront pas à des fins détournées.

    Thomas Roger, La perception de l'étranger dans le droit des marchands et négociants (XVIe - XVIIIe siècles), thèse soutenue en 2014 à Rennes 1 sous la direction de Édouard Richard, membres du jury : Jochen Hoock (Rapp.), Olivier Descamps (Rapp.), Gauthier Aubert et Anthony Mergey  

    La perception de l'étranger dans le droit des marchands et négociants révèle l'existence d'un droit dérogatoire pour les commerçants aubains. En effet, des circonstances politiques telles que des guerres ou des facteurs économiques ont impacté le sort des mercatores et negociatores. Parallèlement, du XVIe au XVIIIe siècle, le développement des pouvoirs royaux a modifié le cadre et les mentalités dans lesquels se mouvaient lesdits commerçants. Ces contextes ont eu des répercussions tant sur le jus mercatorum que sur les règles coutumières, royales ou jurisprudentielles applicables. De la même façon, une analyse juridique comparative sera régulièrement menée afin d'apporter un éclairage extérieur à partir du droit pratiqué au-delà des frontières de l’État royal. Il sera vu que seuls des évènements circonstanciels, momentanés et partiels ont pu mener à une certaine acceptation. La production de normes juridiques encourageant l'installation des commerçants français à l'étranger caractérisera également cette période.

    Bruno Bittmann, L' esprit de la loi et le régime de Vichy , thèse soutenue en 2013 à Limoges sous la direction de François Jankowiak  

    Le 10 juillet 1940, la légalité républicaine est renversée. Obtenant les pleins pouvoirs par le vote de l'Assemblée nationale, Pétain devient le chef d'un régime autoritaire et réactionnaire en totale rupture avec la République. Sympbole de ce boulversement, le programme politique de la "Révolution nationale" est mis en oeuvre sur le fondement de la devise de l'Etat français : "Travail, Famille, Patrie". Traduisant la nouvelle politique du régime, la loi se fait désormais l'instrument de la discrimination et de l'antisémitisme. Cette profonde rupture - politique, idéologique et juridique - ne peut toutefois cacher une interprétation tout aussi valable : Vichy n'est pas né ex nihilo. Il se construit sur un socle juridique, politique, économique et social déjà existant. Et bien que cela soit une évidence, cette succession a impliqué de facto la conservation d'éléments juridiques et sociologiques d'un régime à l'autre. La rupture qu'est Vichy ne se comprend donc qu'à la lumière des continuités dans lesquelles il s'inscrit. Parmi ces continuités, les mutations juridiques entreprises dès la fin du XIXème siècle sont significatives, et celles subies par la loi sont, sans nul doute, les plus notables. Perdant sa place hégémonique au sein de l'ordre normatif, la loi connaît en effet depuis cette période d'importantes attaques. En renversant le modèle républicain, Vichy abandonne dans le même temps la conception de la loi qui y est attachée. Néanmoins, par nombre d'aspects, il est le prolongement des mutations ici envisagées et qui après sa chute, se poursuivent sous l'ère de la nouvelle République.

    Mélody Mock, Le coup d'Etat moderne, formation ajuridique d'un nouvel ordre juridique, thèse soutenue en 2012 à Paris 2 sous la direction de Philippe Raynaud, membres du jury : Guy Carcassonne, Emmanuel Cherrier, Gil Delannoi et Philippe Lauvaux  

    Comment une prise de pouvoir par la force peut-elle donner naissance à un ordre juridique stable? Peu étudié par les juristes, le coup d’Etat moderne n’est pas seulement un procédé permettant l’accession au pouvoir, il est également l’un des modes d’enclenchement du pouvoir constituant originaire, moment de rupture et de reconstruction constitutionnelles. Cette notion se trouve être au croisement de la science politique, de la philosophie du droit, et de l’histoire. Permettant l’instauration d’une nouvelle constitution, le coup d’Etat moderne est une prise de pouvoir soudaine par un petit groupe d'hommes appartenant à l’appareil de l’Etat et utilisant la force. En se fondant sur différents évènements historiques majeurs, comme les coups de Bonaparte, Lénine, Pinochet, etc., il paraît nécessaire de définir ce concept, le distinguant de la révolution. Il est possible d’établir une classification des différents types de coups, selon leurs protagonistes et leur impact sur l’ordre juridique : coup d’Etat révolutionnaire, coup d’Etat classique, coup d’Etat moderne, putsch, et pronunciamiento. Il se dégage alors les techniques de préparation, de mise en oeuvre, et de maintien du coup qui touchent à la fois aux sphères politique et juridique.

    Patricia Ducret, Les professeurs de l'université de Paris au XIXème siècle et le droit romain, thèse soutenue en 2012 à La Rochelle sous la direction de Jacques Bouineau, membres du jury : Christian Chêne (Rapp.), Jean-Louis Halpérin (Rapp.), Philippe Sturmel  

    Notre recherche sur les professeurs de droit romain à l’Université de Paris au XIXe siècle tente de démontrer la constitution d’une école historique. La prosopographie met en lumière le milieu géographique et social des professeurs par le biais des contrats de mariage, des déclarations de successions et des inventaires après décès. Après avoir examiné la vie privée des romanistes, nous avons étudié leur parcours depuis leurs études doctorales jusqu’à l’obtention d’une chaire, en observant le mode d’accès au professorat. Nous avons aussi voulu mettre en exergue leur choix de carrière : la recherche, l’enseignement, la carrière administrative, la pratique juridique, la magistrature ou la politique. Enfin, nous voulions déterminer dans quelle mesure il existait une école historique chez les romanistes, malgré le carcan exégétique. Pour cela nous les avons dissociés des civilistes et avons recherché leurs spécificités puisqu’ils s’en différenciaient dans leurs conceptions et méthodes d’enseignement, comme en témoigne leur production scientifique. Nos sources nous ont conduite à puiser dans le vaste patrimoine que constituent leurs oeuvres pour déterminer les domaines du droit romain qu’ils privilégiaient. Les romanistes ont réussi à faire triompher une méthode évolutive, même sous l’emprise exégétique, pour constituer progressivement ce que nous appelons une « école historique romaniste

    Elodie Andrieu, Le choix du régime politique dans les temps modernes : Machiavel et sa postérité (XVIE-XVIIIE siècles), thèse soutenue en 2011 à AixMarseille 3 sous la direction de Éric Gasparini, membres du jury : Jean-François Brégi, Christian Bruschi, Éric Gojosso et Hélène Thomas  

    Les récentes révolutions du « Printemps des pays arabes » attestent de la vivacité de l’idéal démocratique. Or ce régime est caractéristique d’une manière philosophique de penser le droit et les institutions. En effet, il se conforme mieux que nul autre à l’essence de l’Homme. Alors, malgré le succès des méthodes quantitatives en sciences humaines et l’autonomie désormais incontestée de la science du politique, nos temps contemporains seraient les héritiers d’une vision métaphysique plutôt que scientifique de la matière politique. Pourtant, la thèse explore l’histoire de la première « science des institutions » qui naît et se développe dans les Temps Modernes. Courant méconnu au cœur de l’histoire des institutions, ses tenants sont pourtant des figures incontournables et emblématiques de la pensée politique moderne, qu’il s’agisse de Machiavel, Hobbes, Montesquieu ou encore Hume. La thèse dévoile alors l’ambitieux projet de ces penseurs : proposer des institutions adaptées à la variété des mœurs, des histoires et des sociétés qu’ils étudient. Le choix du régime politique se doit d’être à la fois respectueux de l’humain et adapté à la variété des populations existantes. Dès lors l’universel et le particulier se rejoignent pour servir la première « science » de la Modernité. La thèse serpente les siècles et le continent européen. Au bout de son périple, une rencontre surprenante : celle de philosophes fascinés par les découvertes de ces premiers scientifiques du politique. De cette rencontre devait naître un nouveau régime politique, différent de son homologue athénien : la Démocratie moderne