Sciences Po - Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne
Colloque
La forme et le sens
Dire, écrire, interpréter le droit
Paris
12-13 juin 2015
COMITE D'ORGANISATION
Isabelle Alfandary, Professeur de littérature américaine, Université Paris Sorbonne Nouvelle
Vincent Forray, Professeur de droit, Université McGill
Jean-François Kervégan, Professeur de philosophie, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne/IUF
Rainer Maria Kiesow, Directeur d'études à l'EHESS
Gilda Nicolau, Professeure de droit, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Sébastien Pimont, Professeur de droit, Université de Chambéry
Julie Saada, Maître de conférences en philosophie, Université d'Artois
Mikhaïl Xifaras, Professeur de droit, Ecole de droit de Sciences Po
PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
Ecole de droit de Sciences Po
Collège international de philosophie
Ecole de droit de l'Université McGill
Laboratoire d'anthropologie juridique de Paris/UMR 8103, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Philosophies Contemporaines, EA 3562, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Centre Georg Simmel, UMR 8131, EHESS.
Présentation
«Interpréter et formaliser sont devenues les deux grandes formes d'analyse de notre âge : à vrai dire, nous n'en connaissons pas d'autres.»
Michel Foucault
Toute activité juridique engage deux opérations – donner forme et donner sens – qui constituent à la fois des processus de formalisation et d'interprétation. Mais ce que l'on entend par interprétation est ambivalent. Tantôt elle apparaît comme un élément du raisonnement juridique qui doit viser la cohérence formelle et conduire à une “right answer” – elle est constitutive de la rationalité juridique et produit une certaine réalité formelle du droit –, tantôt comme ce qui révèle dans toute décision judiciaire son élément discrétionnaire, c'est-à-dire la manifestation des conceptions du bien ou des intérêts des acteurs du droit, alors même que les processus décisionnels se veulent neutres et formalisés. Dans le cadre des sociétés postmodernes caractérisées par la pluralité des conceptions du bien ou le dissensus, la nécessité de justifier les interprétations en droit et de les ordonner selon des formes spécifiques semble alors ne conduire qu'à des justifications locales, partielles, nécessairement contestées, et dont les caractéristiques formelles masquent en réalité des préférences substantielles.
La critique de l'interprétation juridique et le « tournant interprétatif », déterminants pour les sciences sociales et le droit au XXe siècle, ont été marqués par le « tournant herméneutique », par la critique du formalisme juridique menée par les réalistes, enfin, par la mise en avant de la réalité langagière du droit et, au-delà, par la prise en compte de ses dimensions linguistiques, narratives, littéraires et fictionnelles. De fait, l'interprétation est commune au droit et à d'autres activités se rapportant à des textes ou à des formes langagières. L'interprétation – et son processus de formalisation – constitue-t-elle une activité ne variant que par ses objets, rendant possible une théorie unifiée de l'interprétation, ou bien est-elle une activité parcellaire, instable, variable selon ses contextes, ses usages, ses objets et donc aussi selon les processus de formalisation qu'elle sollicite, mettant aussi en question les frontières entre le droit, la littérature et les sciences sociales, ou la philosophie du droit ?
L'objet de ce colloque est de penser les processus d'interprétation et de formalisation dans les activités juridiques en évaluant la pertinence au présent de la comparaison entre droit et littérature, et en explorant différentes modalités de leur mise en relation.
PROGRAMME
Vendredi 12 juin 2015
Ecole de Droit de Sciences Po, 13 rue de l'Université, 75007 Paris, 3e étage, amphithéâtre Erignac
9h-18h
La formation du sens en droit (1) : interprétation et constitution
Présidence de séance: Sébastien Pimont (Université de Savoie)
Michel Rosenfeld (Cardozo School of Law, Yeshiva University, chaire Justice Sydney L. Robins): Le sujet de la constitution et son double sens: discours d'inclusion et d'exclusion de l'autre
Laureline Fontaine (Université Sorbonne Nouvelle - Paris III): Fiction, réalité, autorité et légitimité dans les constitutions contemporaines
Stefan Goltzberg (Université Libre de Bruxelles): La méthode du «Reading in» en droit comparé, entre fiction, assimilation et torsion.
Pause
Olivier Cayla (EHESS): Qu'interprète-t-on en droit?
Mathieu Carpentier (Université Paris II Panthéon-Assas):L'interprétation constitutionnelle est-elle spécifique?
Discutant: Wanda Mastor (Université Toulouse I Capitole)
14h. La formation du sens en droit (2) : herméneutiques religieuses
Présidence de séance : Julie Saada (Université d'Artois)
François-Xavier Licari (Université de Lorraine): La ratio legis en droit talmudique
Emanuele Coccia (EHESS): Le droit qui raconte ou le récit qui dit la loi. Droit et narration dans les origines chrétiennes
Amr Shalakani (The American University in Cairo):Translating Shari'a
Discutant: Stefan Goltzberg
Pause
La formation du sens en droit (3): textes et cas
Présidence de séance: Jean-François Kervégan
Isabelle Aubert (Université Paris I Panthéon Sorbonne):Interprétation, argumentation et rhétorique
Denis Thouard (CNRS): Les textes juridiques sont-ils des textes comme les autres?
Sandra Travers de Faultrier (avocate): L'interprétation, une réécriture d'outre-mère.
Wanda Mastor: Les zones grises de la littérature juridique
Table ronde : « Ambiguïté des concepts, plasticité du droit »
avec Isabelle Aubert, Jean-François Kervégan (Université Paris I Panthéon Sorbonne/IUF), Wanda Mastor, Emmanuel Picavet (Université Paris I Panthéon Sorbonne), Sandra Travers de Faultrier, Denis Thouard.
Samedi 13 juin 2015
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Faculté de droit, Centre Panthéon, 12 place du Panthéon, 75005 Paris, salle 1 (salle des Conseils)
9h30-18h
Les écritures du droit. Poétique, Rhétorique, Grammaire
Présidence de séance: Isabelle Alfandary (Université Sorbonne Nouvelle - Paris III)
Benoit Frydman (Université Libre de Bruxelles): Du droit dans les mots au droit par les nombres
Denis Baranger (Université Paris II Panthéon-Assas): Ecrire le droit naturel en forme positive : le dix-huitième siècle et la codification morale du monde
Pause
Gisele Sapiro (CNRS, EHESS): La littérature dans le droit
Sébastien Pimont (Université de Savoie) et Vincent Forray (Université McGill): La décriture du droit
Déjeuner
14h. Le droit et la forme (1): Livres, codes, corpus.
Présidence de séance: Gilda Nicolau
Pascale Deumier (Université Lyon III Jean Moulin): Les préfaces des Précis
Anne-Sophie Chambost (Université Lyon III Jean Moulin):Enquête sur les formes de l'écriture pédagogique: écrire pour enseigner le droit
Christian Baldus (Université de Heidelberg): Contre-courant: Le livre au service d'une formation élitiste et responsable.
Pause
Le droit et la forme (2) : une esthétique juridique ?
Présidence de séance: Mikhail Xifaras (Ecole de droit de Sciences Po)
Gilda Nicolau, Diana Villegas (Université Paris II Panthéon-Assas): Droit et cinéma: deux lectures critiques complémentaires
Pierre Schlag (University of Colorado Law School, Byron R. White Professor), Why Aesthetics?
Duncan Kennedy (Harvard Law School, Carter Professor of General Jurisprudence), Is a politically subversive legal aesthetic possible?
Clôture du colloque
Lieux
Vendredi 12 juin 2015 : Ecole de Droit de Sciences Po, 13 rue de l'Université, 75007 Paris, 3e étage, amphithéâtre Erignac
Samedi 13 juin 2015: Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Faculté de droit, Centre Panthéon, 12 place du Panthéon, 75005 Paris, salle 1 (salle des Conseils)
Source: https://www.univ-paris1.fr/fileadmin/UMRdroitcompare/programme_29_mai.pdf