Mikhaïl Xifaras

Professeur
Droit public.

École de Droit de Sciences Po
  • THESE

    Propriété et justice : Recherche sur les modes de conceptualisation de la propriété chez les commentateurs du Code Napoléon au XIXe siècle, soutenue en 2001 à Besançon sous la direction de Robert Damien 

  • Mikhaïl Xifaras, Julie Saada-Gendron (dir.), Le droit, entre théorie et critique: Le droit, entre théorie et critique, Université Savoie Mont Blanc, 2016, 205 p. 

    Mikhaïl Xifaras, Gregory Lewkowicz (dir.), Repenser le contrat, Dalloz, 2009, Méthodes du droit, 305 p.   

    Mikhaïl Xifaras (dir.), Généalogie des savoirs juridiques contemporains: le carrefour des Lumières, Bruylant, 2007, Penser le droit, 197 p. 

    Mikhaïl Xifaras, Thomas Berns, Jean-Claude K. Dupont (dir.), Philosophie de l'impôt: [actes d'un colloque international, Université libre de Bruxelles, 29 avril 2004], Bruylant, 2006, Penser le droit, 270 p. 

    Mikhaïl Xifaras, La propriété : étude de philosophie du droit, 124281e éd., Presses universitaires de France, 2004, Fondements de la politique ( Série essais ), 539 p.   

    Mikhaïl Xifaras, Kenta Ohji, Éprouver l'universel , Editions Kimé, 1999, 154 p.   

    Mikhaïl Xifaras, Kenta Ōji, Eprouver l'universel: essai de géophilosophie, Ed. Kimé, 1999, Philosophie-Epistémologie, 154 p. 

  • Mikhaïl Xifaras, « Teoria jurídica e globalização », in Marilda Rosado de Sá Ribeiro, José Augusto Fontoura Costa, Diego P. Fernández Arroyo (dir.), GOVERNANÇA GLOBAL - VOLUME 2 : Dê Sua Opinião Sobre o Produto, Arraes Editores, 2023, pp. 29-64 

    Mikhaïl Xifaras, « L'autorité ludique en démocratie. Eloge de Robert Damien », in Vincent Bourdeau, Arnaud Macé (dir.), Penser les pratiques collectives : Hommages à André Tosel et Robert Damien, Presses universitaires de France-Comté, 2022 

    Mikhaïl Xifaras, « Eloge de Michel Vivant », in Jean-Michel Bruguière, hristophe Geiger (dir.), Penser le droit de la pensée : mélanges en l'honneur de Michel Vivant, Dalloz, 2020, pp. 939-942 

    Mikhaïl Xifaras, « Conférence d’introduction », in Charles-Edouard Aubert, Lauren Bakir (dir.), L'opposition doctrinale. Sous la direction de Charles-Edouard Aubert et Lauren Bakir, Mare et Martin, 2019, pp. 19-30   

    Mikhaïl Xifaras, « L'analyse structurale du droit (avec Barthes) », in Jacqueline Guittard, Émeric Nicolas (dir.), Barthes face à la norme, Editions Mare & Martin, 2019, pp. 31-66 

    Mikhaïl Xifaras, « Comment rendre le passé contemporain ? », in Nicolas Laurent-Bonne, Xavier Prévost (dir.), Penser l'ancien droit privé, L.G.D.J., 2018, pp. 13-38 

    Mikhaïl Xifaras, « Conclusions », Le constitutionnalisme global, Dalloz, 2018, pp. 135-146 

    Mikhaïl Xifaras, « Illegalisms and the Law of Civil Society: From Foucault to Marx »: from Foucault to Marx, in THANOS ZARTALOUDIS (dir.), Law and Philosophical Theory : Critical Intersections, Rowman and Littlefield International, 2018, pp. 13-25 

    Mikhaïl Xifaras, « Présentation de P. J. Proudhon, « Qu'est-ce que la philosophie ? », in Wanda Mastor, Julie Benetti, Pierre Egéa, Xavier Magnon (dir.), Les Grands discours de la culture juridique, Dalloz, 2017 

    Mikhaïl Xifaras, « Kant, droit rationnel et droit romain. Remarques sur le Conflit des facultés », in Mikhaïl Xifaras, Mikhaïl Xifaras (dir.), Généalogie des savoirs juridiques contemporains : Le carrefour des lumières, Éditions Bruylant, 2008, pp. 129-159 

    Mikhaïl Xifaras, « Commentaire sur 'Les ambivalences impériales' de Nathaniel Berman », in Emmanuelle Jouannet, Hélène Ruiz-Fabri (dir.), Impérialisme et droit international en Europe et aux Etats-Unis : mondialisation et fragmentation du droit : recherches sur un humanisme juridique critique, Société de Législation Comparée, 2007, pp. 183-209 

    Mikhaïl Xifaras, « L'individualisme possessif, spéculatif (et néamoins romain) de Hegel, quelques remarques sur la théorie hégelienne de la propriété », in Marmasse Gilles, Kervégan Jean-François (dir.), Hegel, penseur du droit, CNRS Editions, 2004, pp. 63-79   

    Mikhaïl Xifaras, « Science sociale, science morale ? Note sur la pénétration de l'économie dans la pensée juridique française au XIXe siècle », in Mohnhaupt Heinz, Kervégan Jean-François (dir.), Wirtschaft und Wirtschaftstheorien in Rechtsgeschichte und Philosophie = Économie et théories économiques en histoire du droit et en philosophie, Klostermann, 2004, pp. 185-225   

    Mikhaïl Xifaras, « L'École de l'Exégèse était-elle historique ? Le cas de Raymond-Théodore Troplong (1796-1869), lecteur de Friedrich Carl von Savigny », in Mohnhaupt Heinz, Kervégan Jean-François (dir.), Influences et réceptions mutuelles du droit et de la philosophie en France et en Allemagne, Klostermann, 2001, pp. 177-209   

  • Mikhaïl Xifaras, « The Role of the Law in Critical Theory: An Engagement with Hardt and Negri’s Commonwealth », Law and Critique, Springer Verlag, 2024, n°1, pp. 19-62   

    Mikhaïl Xifaras, Michel Troper, « Comment neutraliser l’effet présidentialiste de l’élection présidentielle ? (Entretien) », Grief : Revue sur les mondes du droit, Dalloz ; Éditions EHESS , 2022, n°1 

    Mikhaïl Xifaras, Michel Vivant, « La propriété intellectuelle, une légende urbaine ? »: Un échange entre Mikhail Xifaras et Michel Vivant, Propriétés intellectuelles, Transactive - Institut de recherche en propriété intellectuelle Henri Desbois (IRPI), Université Paris Panthéon-Assas , 2021, n°81 

    Mikhaïl Xifaras, Jean-Christophe Galloux, André Lucas, Pierre Sirinelli, Pierre-Yves Gautier [et alii], « Numéro anniversaire - 20 ans de PI ! », Propriétés intellectuelles, Transactive - Institut de recherche en propriété intellectuelle Henri Desbois (IRPI), Université Paris Panthéon-Assas , 2021, n°81 

    Mikhaïl Xifaras, « The role of law in Critical Theory: the case of property and commons »: Il ruolo del diritto secondo la teoria critica: il caso della proprietà e dei beni comuni, RIVISTA CRITICA DEL DIRITTO PRIVATO, Casa Editrice Dott eugenio Jovene, 2021, n°2, pp. 163-186 

    Mikhaïl Xifaras, Michel Troper, « Pour sauver la gauche, déprésidentialisons ! », Analyse Opinion Critique, Société AOC, 2021, pp. 1-12 

    Mikhaïl Xifaras, « The theory of legal characters », University of Colorado Law Review, Rocky Mountain Law Review, 2021, n°4, pp. 1189-1220 

    Mikhaïl Xifaras, « Qu'est-ce que la critique (du droit)? », Jurisprudence. revue critique, Université de Savoie, 2020, n°9, pp. 39-70 

    Mikhaïl Xifaras, « Démocratie globale et justice constitutionnelle », Annuaire International de Justice Constitutionnelle, Aix-en-Provence : Presses Universitaires d'Aix-Marseille, Paris : Economica et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2018, n°332017, pp. 571-582    

    Xifaras Mikhaïl. Démocratie globale et justice constitutionnelle. In: Annuaire international de justice constitutionnelle, 33-2017, 2018. Juge constitutionnel et interprétation des normes - Le juge constitutionnel face aux transformations de la démocratie. pp. 571-582.

    Mikhaïl Xifaras, « Théorie des personnages juridiques », Revue française de droit administratif, Sirey - Dalloz , 2017, n°2, pp. 275-287   

    Mikhaïl Xifaras, « The Global Turn in Legal Theory », Canadian Journal of Law and Jurisprudence, Cambridge University Press (CUP), 2016, pp. 215-243   

    Mikhaïl Xifaras, « Illégalismes et droit de la société marchande, de Foucault à Marx », Multitudes, Association Multitudes, 2015, n°59, pp. 142-151 

    Mikhaïl Xifaras, Christophe Jamin, « Sur la formation des juristes en France »: Prolégomènes à une enquête, Commentaire, Commentaire SA, 2015, n°150, pp. 385-392 

    Mikhaïl Xifaras, Christophe Jamin, « Retour sur la critique intellectuelle des facultés de droit », La Semaine juridique. Édition générale, Éditions techniques - Éditions du Juris-classeur - LexisNexis , 2015, n°4, pp. 155-161   

    Mikhaïl Xifaras, Christophe Jamin, « De la vocation des facultés de droit (françaises) de notre temps pour la science et l'enseignement », Revue Interdisciplinaire d'Etudes Juridiques, Séminiaire interdisciplinaire d'études juridiques des facultés universitaires Saint-Louis, 2014, n°1, pp. 107-140   

    Mikhaïl Xifaras, Éric Millard, « La Semaine Doctorale Intensive : enjeux et objectifs », Recueil Dalloz, Dalloz , 2012, n°15, p. 1000   

    Mikhaïl Xifaras, « Après les Théories Générales de l’État : le Droit Global ? », Jus Politicum : Revue de droit politique, Dalloz , 2012, n°8 

    Mikhaïl Xifaras, « Le copyleft et la théorie de la propriété », Multitudes, Association Multitudes, 2010, pp. 1-15 

    Mikhaïl Xifaras, « Instruments, dogmes et modèles : note sur quelques théories contemporaines de la propriété », Keio Law Journal, , 2009 

    Mikhaïl Xifaras, « La Veritas Iuris selon Raymond Saleilles : Remarques sur un projet de restauration du juridisme », Droits : Revue française de théorie juridique, Presses universitaires de France (Puf) , 2008, n°47, pp. 77-148 

    Mikhaïl Xifaras, « Le Code hors du Code. Le cas de la transposition de la propriété au droit administratif », Droits : Revue française de théorie juridique, Presses universitaires de France (Puf) , 2006, n°42, pp. 49-74 

    Mikhaïl Xifaras, « Y-a-t'il une théorie de la propriété chez Proudhon ? », Corpus, Bases, Corpus, Langage - UMR 7320, 2004, pp. 229-282   

    Mikhaïl Xifaras, « La destination politique de la propriété chez Jean-Jacques Rousseau », Les études philosophiques, Presses universitaires de France, 2003, n°66, pp. 331-370   

    Mikhaïl Xifaras, « Marx, justice et jurisprudence : une lecture des 'Vols de bois' », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, L'Harmattan, 2002, n°15, pp. 63-112   

  • Mikhaïl Xifaras, « La propriété sociale », in Marie Cornu, Fabienne Orsi, Judith Rochfeld (dir.), Dictionnaire des biens communs, Presses Universitaires de France, 2017 

  • Mikhaïl Xifaras, Property, 2009 

  • Mikhaïl Xifaras, « Colloque en hommage à Catherine Colliot-Thélène », le 14 décembre 2023  

    Colloque organisé par l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l'ISJPS (UMR 8103, CNRS-Paris 1), l’HIPHIMO de la Sorbonne (UR1451) sous la direction de Magali Bessone, ISJPS - Katia Genel, Hiphimo - Céline Jouin, Université de Caen, EA Identité et Subjectivité avec l'aide de Etienne Balibar, Patrice Duran, Eva Illouz, Elisabeth Kauffmann et Jacqueline Lagrée

    Mikhaïl Xifaras, « "Le Commun de la liberté. Du droit de propriété au devoir d'hospitalité" », le 23 juin 2023  

    Table Ronde autour de l'ouvrage « Le Commun de la liberté. Du droit de propriété au devoir d'hospitalité » organisée pour l'Institut Michel Villey par Élodie Djordjevic, Maître de conférences à l'Université Paris Panthéon-Assas

    Mikhaïl Xifaras, « Rethinking Race, the Colonial and the Postcolonial in Contemporary France », le 13 décembre 2022  

    Organisé pour Droit et Société par Leora Auslander, University of Chicago ; Abdellali Hajjat, Université Libre de Bruxelles ; Silyane Larcher, CNRS / IRIS et Lionel Zevounou, Université Paris Nanterre

    Mikhaïl Xifaras, « Le Conflit des facultés », le 29 janvier 2021  

    Organisé pour l’Institut Villey par Denis Baranger et Élodie Djordjevic

    Mikhaïl Xifaras, « Personnages, écritures, sources : nouvelles directions en théorie du droit », le 17 mai 2019  

    Organisée par l’Institut Villey en collaboration avec la SFPJ

    Mikhaïl Xifaras, « Contre-révolutions et contre-insurrections », le 06 juin 2018  

    Organisée par le Columbia center for critical thought à l'EHESS

    Mikhaïl Xifaras, « L'opposition doctrinale », le 08 décembre 2017 

    Mikhaïl Xifaras, « Première Université d’été de l’Institut Louis Favoreu », le 04 septembre 2017  

    Université d’été d’Aix suivie de la XXXIIIe table ronde internationale de justice constitutionnelle

    Mikhaïl Xifaras, « À propos des méthodes de la recherche juridique », le 08 juin 2017 

    Mikhaïl Xifaras, « Le constitutionnalisme global », le 29 mai 2017  

    Organisé pour l’Institut Michel Villey et la revue Jus Politicum par Manon Altwegg-Boussac, Professeur à l’Université du Littoral et Denis Baranger, Professeur à l’Université Panthéon-Assas

    Mikhaïl Xifaras, « Penser l’ancien droit privé », le 09 mars 2017  

    Colloque organisé par le Centre aquitain d’histoire du droit (IRM-CAHD)

    Mikhaïl Xifaras, « Barthes face à la Norme : droit, pouvoir, autorité, langages », le 13 octobre 2016  

    Organisé par Jacqueline Guittard, Cerr- Cercll, UPJV, Amiens, et Emeric Nicolas, Ceprisca, UPJV, Amiens

    Mikhaïl Xifaras, « Quelles doctrines constitutionnelles aujourd’hui pour quel(s) droit(s) constitutionnel(s) demain ? », le 29 septembre 2016  

    Qu’est-ce que faire du droit constitutionnel ? Quelle est l’identité du discours doctrinal en droit constitutionnel, ce qui marque sa spécificité, sa scientificité et donc sa visibilité ?

    Mikhaïl Xifaras, « La forme et le sens. Dire, écrire, interpréter le droit », le 12 juin 2015 

    Mikhaïl Xifaras, « L’enseignement du droit en France : Quel droit, pour (par) quel juriste ? », le 13 mai 2014  

    Table ronde organisée à l'École des hautes Etudes en Sciences sociales par la revue Grief. Revue sur les Mondes du Droit (Dalloz / EHESS)

    Mikhaïl Xifaras, « Le copyleft et la théorie de la propriété. », Propriété et Communs. Les nouveaux enjeux de l'accès et de l'innovation partagée., Paris, le 25 avril 2013   

    Mikhaïl Xifaras, « Figures de la doctrine, essai d’une phénoménologie des 'personnages juridiques' », Colloque de l'Association française de droit administratif, Montpellier, le 08 juin 2009 

  • Mikhaïl Xifaras, Table ronde : Nehru. Les débats qui ont fait l'Inde 

    Mikhaïl Xifaras, 2ème session : Autour de Michel Foucault, « La Société punitive (1972-1973) » 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Zeynep Yildirim, International adjudication re-thought : the ECtHR, the WTO dispute settlement, the ICSID and the legal system, thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Ayşe Işıl ERGÜVENÇ (Rapp.), Rasulov Akbar (Rapp.), Duncan Kennedy et Julie Saada-Gendron  

    Le droit ou le système juridique est lui-même en transition, conformément aux restructurations fondamentales de notre époque. Cette transition correspond surement à l’émancipation du système juridique des frontières de l’État national ainsi que des cadres du droit international public et à la reconstitution globale du système juridique en tant que système social fonctionnellement différencié. L’un des principaux moyens par lesquels elle se déroule est certainement « la nouvelle génération de contentieux international », qui se distingue par la juridiction obligatoire/quasi obligatoire, l’implication de parties, intérêts et enjeux non-étatiques et son champ d’application. Je l’appelle aussi le contentieux international « à part entière » dans la mesure où, en dernière analyse, ces tribunaux internationaux sont capables de remplir les fonctions de contentieux dans le système juridique. Afin d’arguer un changement probable et d’anticiper ce qu’un tel changement va apporter, il faut d’abord se tourner vers les structures, les développements et les défis actuels. Une telle démarche est une condition préalable pour saisir l’ensemble des restructurations en cours dans l’État, le droit et la manière dont on élabore les normes juridiques. Une telle démarche est indispensable pour pouvoir spécifier le droit dans les cartes mondiaux de pouvoir et d’influence. La structure, le développement ou bien le défi actuel vers lequel on doit s’orienter est le contentieux international, le contentieux déployé au niveau international. La nouvelle génération de contentieux international permet la (re)constitution globale du système juridique ou la constitution d’un système juridique global et véritablement dénationalise le droit.

    Ghzal Miyar, Human rights by any other name : a reconstructive critique of freedom and expression, thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Helena Alviar García, Vidya S.A. Kumar et Karin Van Marle  

    Il est indéniable que le système des droits de l'homme a contribué à un progrès précieux en matière de liberté et à la fondation d'une société qui respecte les libertés individuelles. Cela dit, il est également indéniable que ce système est imparfait. L'étiquette d’« universalité » des droits de l'homme implique une imposition intransigeante de normes normatives, et sur la base de cette universalité, le système maintient et reproduit le pouvoir social et politique qui peut nuire à la liberté des groupes vulnérables ou marginalisés. Cela conduit à une consolidation supplémentaire des hiérarchies et à la dissolution de la liberté. La question abordée dans cette étude est de savoir si la structure des droits de l'homme est suffisamment adaptée pour conférer, ou même protéger, la liberté. Les délinéation vagues et indéterminées des droits, ainsi que leurs limitations, constituent-elles une structure fiable pour la protection des libertés ? Notre hypothèse est que, malgré les bénéfices qu'ils ont apportés en termes de libération, les structures organisationnelles du système des droits de l'homme ne permettent pas de garantir une libération constante et cohérente dans toutes les situations, et que ce manque de cohérence peut priver les personnes de leur liberté. Notre objectif est de démontrer notre hypothèse en prenant comme exemple la liberté d'expression, en examinant à la fois les limites théoriques et la mise en pratique de ce droit. Cette critique interne sera achevée suivant la méthodologie non téléologique de la liberté, développée dans les œuvres d'Ali Shariati. Ce que nous espérons accomplir est une dialectique efficace entre les droits de l'homme et d'autres épistémologies (non-libérales) comme méthode pour éliminer les hiérarchies et détrôner l'universalité imposée. Notre compréhension de cette dialectique est un échange ouvert, non binaire, de croissance et de découverte vers la libération.

    Arié-Chlomo Levy, Condition(s) séculière(s) du droit , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Sébastien Pimont 

    Alberto Rinaldi, From Byron to the Islamic State : exploring the figure of the ‘Foreign Combatant' in international law (1907 - present), thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques en co-direction avec Emmanuelle Jouannet, membres du jury : Luigi Nuzzo (Rapp.), Anne Orford (Rapp.), Martti Koskenniemi  

    Cela fait maintenant un certain temps que la figure du « combattant/volontaire étranger » hante le droit international. Acteur hybride allant de l'aventurier romantique à l'idéaliste engagé, au mercenaire raciste de droite, et, récemment, au terroriste international, le « combattant étranger » se montre extrêment difficile à systématiser en utilisant les catégories formelles du droit. Plus précisément, ces catégorisations sont aussi le résultat d'évaluations hautement contextuelles et profondément politisées de qui doit être considéré comme un combattant étranger « bon » ou « légitime ». À ce titre, elles ont œuvré à exclure d'autres combattants étrangers présents sur le champ de bataille, ainsi qu'à délégitimer des adversaires politiques dans ces luttes idéologiques dans le contexte des conflits armés non-internationaux. En faisant un détour par trois moments distincts de l'histoire récente de la guerre civile, cette thèse souhaite montrer comment des « figures » différentes du combattant étranger ont façonné et continuent de façonner les conversations juridiques des représentants des États, des législateurs, des avocats internationaux et des tribunaux nationaux à des moments et à des endroits très différents. Ces « figures » sont présentes en arrière-plan des divers arguments et positions des législateurs, imprégnant et donnant forme à leurs imaginaires juridiques. Elles constituent un répertoire ambivalent qui peut être revivifié et utilisé à chaque fois pour caractériser la nature bonne ou mauvaise des causes des combattants étrangers, contribuant en cela à faire du « combattant étranger » une catégorie très ambivalente dont l'héritage ne cessera de hanter le droit international.

    Mikaël Schinazi, The three ages of international commercial arbitration : between renewal and anxiety, thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques en co-direction avec Emmanuel Gaillard, membres du jury : Carine Jallamion (Rapp.), Joshua Karton (Rapp.), Jérôme Sgard et V. V. Veeder  

    Cette thèse porte sur l’histoire de l’arbitrage commercial international, mode de règlement des différends par lequel les parties soustraient l’examen de leur litige aux juridictions étatiques et en confient la solution à une ou plusieurs personnes privées. Cette histoire peut être divisée en trois grandes périodes. Pendant « l’âge des aspirations » (des années 1800 à 1920 environ), l’arbitrage fut utilisé dans de nombreux contextes, tant sur le plan national (arbitrage corporatif) qu’international (arbitrage interétatique), ce qui a conféré certains traits caractéristiques à la pratique moderne de l’arbitrage commercial international. Pendant l’« âge de l'institutionnalisation » (des années 1920 à 1950 environ), des institutions clés, telles que la Chambre de commerce internationale et sa Cour d’arbitrage, furent créées, et on assista également à la mise en place de systèmes d’arbitrage institutionnels cohérents et efficaces. Enfin, l’« âge de l’autonomie » (depuis les années 1950) fut marqué par une spécialisation accrue et par les tentatives d’auto-instituer un corps de droit séparé et de justifier les fondements théoriques du système d’arbitrage dans son ensemble. Cette recherche démontre que l’histoire de l’arbitrage commercial international oscille entre des phases de « renouveau » et des phases d’« anxiété ». Pendant les périodes de renouveau, de nouveaux instruments, dispositifs et institutions furent conçus pour étendre la portée de l’arbitrage commercial international. De telles mesures furent contrebalancées pendant les périodes d’anxiété ou de remise en question, pendant lesquelles on chercha à limiter la place de l’arbitrage (afin, par exemple, de ne pas empiéter sur la souveraineté des États). Cette tension ou mouvement de balancier entre renouveau et anxiété est un trait caractéristique de l’histoire de l’arbitrage commercial international et permet d’expliquer les forces structurantes qui sous-tendent son évolution.

    Islam Rachi, Droit et conservatisme aux Etats-Unis , thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec Rainer Maria Kiesow 

    Nofar Sheffi, Jurisdiction rehashtagged, thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Gunther Teubner (Rapp.), Mariana Valverde et Thomas Berns  

    S'appuyant sur la réflexion critique récente portant sur la juridiction, cette thèse considère le discours du droit ou l’énoncé de la loi (juris-diction) comme une technologie de ce que Michel Foucault appelle “gouvernement”. La première partie de la thèse explore de façon allégorique le fonctionnement des ordinateurs et réseaux numériques et propose de passer d'un concept de code comme configuration d'instructions écrites envoyées à des ordinateurs numériques à une conception du code comme langage réglementaire utilisé par les opérateurs des ordinateurs. La deuxième partie de la thèse part des notions de loi comme discours dans la pensée juridique critique en repensant l'utilisation des langages réglementaires comme pratique citationnelle par laquelle la juridiction est assumée, affirmée et exercée. Dans une enquête allégorique sur les dynamiques internes d'Airbnb, la deuxième partie découvre le domaine comme un complexe d'actions qui se conditionnent les unes les autres, « réalité transactionnelle » née à l’interface des gouvernants et des gouvernés . Chaque action effectuée par des utilisateurs de l'interface fait une différence qui modifie l'ordre des recherches à venir, l'ordonnancement du marché d'Airbnb et le partage de ses ressources. Chaque clic de souris, chaque touche enfoncée et chaque contact avec l'écran est un acte de gouvernement, à la fois exécution d'un code et ce qui le transforme, et acte d'encodage.

    Eirini Tsoumani, La jurisprudence du juge grec de la constitutionnalité durant la crise économique , thèse en cours depuis 2016 en co-direction avec Guillaume Tusseau 

  • Veronica Pecile, How the commons became government : grassroots mobilizations and institutional cooptation in Palermo, Sicily, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Paolo Napoli et Maria Rosaria Marella, membres du jury : Adalgiso Amendola, Clelia Bartoli et Michele Spanò  

    Le mouvement pour les communs a émergé après la crise économique de 2007-2008 sous la forme d'une série de pratiques de résistance à la privatisation croissante des ressources et des services promue par la politique néolibérale. Les activistes ont revendiqué le droit d'utiliser et d'accéder à toutes les choses et à tous les espaces de propriété publique ou privée dont l'usage permet l'exercice des droits fondamentaux, également dans l'intérêts des générations futures. Un élément clé du mouvement a donc été la critique de la notion de propriété privée prédominante dans les systèmes juridiques occidentaux et l'expérimentation d'une vision non absolue et non individualiste de la propriété conçue comme un instrument de redistribution des ressources. La relation entre le mouvement pour les communs et le droit est étroite, car dans plusieurs cas les communautés qui les ont revendiqués ont eu recours, parmi leur tactiques, à un usage contre-hégémonique d'outils juridiques.Cette recherche examine la catégorie des communs selon une perspective politico-juridique et intègre cette analyse avec celle d'une étude de cas sur la trajectoire des communs à Palerme dans la décennie d'après-crise 2009-2019. L'investigation des pratiques menées par des activistes revendiquant les beni comuni dans le chef-lieu sicilien montre comment la praxis des communs a été progressivement cooptée dans le cadre administratif de la municipalité et est devenue une technique gouvernementale cruciale pour établir un contrôle public sur l'espace urbain. Dans ce cas le droit n'a pas agi comme un instrument émancipateur entre les mains des activistes, mais plutôt comme un outil mobilisé par l'acteur public afin d'apprivoiser le potentiel transformatif des communs. La trajectoire du mouvement à Palerme offre donc un point de vue sur comment la rationalité néolibérale opère aujourd'hui dans un scénario urbain du sud de l'Europe, c'est-à-dire en extrayant de la valeur des pratiques spatiales informelles historiquement enracinées dans ces contextes.

    Bogdan Ivanel, Unveiling the puppet master : effectively dealing with puppet States in international law, thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Hélène Tigroudja, membres du jury : Eric P. J. Myjer (Rapp.), Cedric Ryngaert (Rapp.), David Kinley et Emmanuelle Jouannet  

    Ce travail porte sur ce qu'il définit comme des États fantoches ou encore des exemples d'occupation masquée. Afin d’éviter les conséquences politiques et particulièrement les obligations légales qu'imposent le droit international humanitaire et le droit international en général au pouvoir d'occupation, de plus en plus d'États créent des entités sécessionnistes à l'intérieur d'autres ¬États. Ces entités sécessionnistes, qui ont tous les aspects d'un État de fait, sont en réalité contrôlées par l’État commanditaire. En outre, ce dernier non seulement utilise la force militaire pour établir un État fantoche, mais contrôle sa vie quotidienne par des moyens militaires, économiques et politiques. Cinq régions dans le monde sont dans cette situation, tandis qu'une sixième est en cours de création en Ukraine de l'Est. En effet, la Chypre du Nord, le Haut Karabakh, la Transnistrie, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie peuvent tous être définis comme des États fantoches. Le statut peu clair de ces régions en fait des lieux d'impunité totale, des régions qui échappent à l'application du droit international. Non seulement les commanditaires de ces entités échappent au droit international humanitaire, mais les États fantoches sont des trous noirs dans le droit international en matière de protection des droits de l'homme, et des lieux où il est facile de se livrer à du trafic et à de la vente illégale d'armes pour le compte des États commanditaires – des zones d'impunité presque totale. La thèse analyse ce phénomène dans une perspective critique et dévoile les lacunes juridiques qui permettent l'utilisation d'états fantoche pour échapper à la charge du droit international humanitaire, tout en traçant les moyens possibles de résoudre ce problème.

  • Michael Koskas, Le Conseil constitutionnel par lui-même : contribution à une analyse de la production du droit, thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Véronique Champeil-Desplats, membres du jury : Anne Levade (Rapp.), Arnaud Le Pillouer et Corinne Luquiens    

    Lorsque les auteurs tentent de dépasser les approches classiques qui inscrivent les décisions du Conseil constitutionnel dans un ordre cohérent, unifié et surplombant, ils s’arment le plus souvent de grands modèles théoriques comme l’analyse stratégique ou l’analyse économique du droit. L’ouverture récente de l’institution sur ses propres pratiques appelle à s’émanciper de ces théorisations héritées de la science politique ou de la théorie des jeux pour mettre au point un modèle explicatif plus proche des réalités empiriques du fonctionnement de l’institution. Rompant avec les dénonciations péremptoires et souvent peu renseignées d’un Conseil constitutionnel tout entier soumis au pouvoir exécutif ou à l’influence de son secrétaire général, la perspective propose une démarche contextuelle, ou « micro », portant son attention sur la manière avec laquelle l’institution organise, par elle-même, la production de ses décisions. En somme, l’analyse interroge l’autodétermination du Conseil constitutionnel.L’étude des décisions en train de se faire amène à explorer l’accélération de la juridictionnalisation du Conseil constitutionnel intervenue au cours des années 1990. Par leur travail de rationalisation de la production des décisions, et non sans mimétisme avec le contentieux administratif, les conseillers et collaborateurs ont favorisé l’instauration d’une forme de routine juridictionnelle plaçant le souci de la cohérence de la jurisprudence et son autoréférencement au cœur de la préparation des décisions. L’entrée en vigueur de la QPC en 2010 et l’accroissement du nombre de collaborateurs n’ont fait qu’accentuer la prédétermination des décisions par le travail préparatoire. Contribuant à percer la boîte noire des délibérations, l’examen des comptes-rendus de séance rendus publics écarte tout déterminisme. Ces archives révèlent en effet la liberté dont disposent les conseillers pour possiblement « redéterminer » les décisions, et ainsi les modalités qui gouvernent leur production.

    Paul Sanders, 21st Century Commons , thèse soutenue en 2022 à Paris 8 sous la direction de Yves Sintomer  

    Toute tentative d'appréciation du concept des communs du XXIe siècle est inondée d'une pléthore de revendications souvent très hétérogènes, sans outil évident pour les décrire, ni méthode pour un comparatif structuré. La première partie de la thèse cherche donc de construire une méthodologie appropriée pour entreprendre un tel exercice. Elle conclut que des descriptions harmonisées des communs devraient se concentrer sur cinq dimensions clés ; tandis que les comparaisons structurées peuvent être mieux faites en déterminant la position de chaque commun, relative à un concept-racine sur une échelle de généralité. La deuxième partie de la thèse cherche à utiliser ces outils afin de cartographier le paysage des différentes réclamations des communs. Afin d'être gérable, l'étude est limitée à 20 communs, sélectionnés afin d'inclure la plus grande variété possible de types de commun et de revendiquant. La dernière section présente les conclusions de la partie 2. Parmi celles-ci, la plus importante était qu'il n'y avait aucune caractéristique identifiable commune à toutes les réclamations des communs. Les communs globaux et de l’Internet ont formé des clusters, mais l'étude suggère qu'il existe de solides arguments pour les nommer biens communs plutôt que communs. De nombreuses revendications étant assez récentes, la question se pose de l'existence ou non d'un mouvement des communs. Après avoir étudié les preuves, la thèse conclut qu'un déclin d'intérêt semble possible, bien que cela nécessite d'être confirmé par des recherches supplémentaires. La thèse conclut en suggérant que ses découvertes pourraient constituer un élément constitutif d'une théorie plus générale des communs.

    Paul Sanders, 21st Century Commons, thèse soutenue en 2022 sous la direction de Yves Sintomer, membres du jury : Estelle Ferrarese (Rapp.), Paula Cossart et Mélanie Dulong de Rosnay    

    Toute tentative d'appréciation du concept des communs du XXIe siècle est inondée d'une pléthore de revendications souvent très hétérogènes, sans outil évident pour les décrire, ni méthode pour un comparatif structuré. La première partie de la thèse cherche donc de construire une méthodologie appropriée pour entreprendre un tel exercice. Elle conclut que des descriptions harmonisées des communs devraient se concentrer sur cinq dimensions clés ; tandis que les comparaisons structurées peuvent être mieux faites en déterminant la position de chaque commun, relative à un concept-racine sur une échelle de généralité. La deuxième partie de la thèse cherche à utiliser ces outils afin de cartographier le paysage des différentes réclamations des communs. Afin d'être gérable, l'étude est limitée à 20 communs, sélectionnés afin d'inclure la plus grande variété possible de types de commun et de revendiquant. La dernière section présente les conclusions de la partie 2. Parmi celles-ci, la plus importante était qu'il n'y avait aucune caractéristique identifiable commune à toutes les réclamations des communs. Les communs globaux et de l’Internet ont formé des clusters, mais l'étude suggère qu'il existe de solides arguments pour les nommer biens communs plutôt que communs. De nombreuses revendications étant assez récentes, la question se pose de l'existence ou non d'un mouvement des communs. Après avoir étudié les preuves, la thèse conclut qu'un déclin d'intérêt semble possible, bien que cela nécessite d'être confirmé par des recherches supplémentaires. La thèse conclut en suggérant que ses découvertes pourraient constituer un élément constitutif d'une théorie plus générale des communs.

  • Mathilde Laporte, La distinction public-privé aux États-Unis et la tradition doctrinale du legal process, thèse soutenue en 2020 à Paris 2 sous la direction de Denis Baranger, membres du jury : Julien Jeanneney (Rapp.), David Mongoin (Rapp.), Gwénaële Calvès et Cécile Guérin-Bargues  

    La pensée juridique américaine contemporaine comprend très largement le droit au travers de sa relation à la société. Le droit est un outil d’ordonnancement des rapports sociaux (social ordering), destiné à réaliser les aspirations de la communauté politique. Ces travaux portent sur les origines de cette perspective et sur la contribution majeure de la tradition doctrinale du legal process. Ils éclairent, en premier lieu, l’apport de cette dernière à la construction, par couches successives, de la manière de penser en juriste aux États-Unis. Au-delà de l’apparente discontinuité de la pensée juridique américaine, nos conclusions suggèrent que le XXe siècle est traversé par un projet doctrinal commun, marqué par la synthèse du libéralisme et du développement de l’action de l’État. L’angle d’étude choisi pour rendre compte de ces évolutions est la distinction public-privé. Cette analyse est ainsi consacrée à l’évolution de la conception doctrinale de l’État, comprise à l’aide de l’examen de la définition du droit et des rapports évolutifs entre le droit privé et le droit public. Nos conclusions éclairent donc, dans un second temps, le passage du gouvernement à la gouvernance et le dépassement des enjeux traditionnels de la distinction public-privé. Ces éléments expliquent pourquoi la pensée juridique actuelle, influencée entre autres par le legal process, tend à définir la frontière entre l’action publique et la sphère privée de manière pragmatique, pour répondre efficacement aux objectifs sociaux.

    Pierre-Marie Raynal, De la fiction constituante. Contribution à la théorie du droit politique, thèse soutenue en 2014 à Paris 2 sous la direction de Denis Baranger, membres du jury : Arnaud Le Pillouer (Rapp.), Alexandre Viala (Rapp.), Olivier Beaud  

    Inspiré par une démarche de droit politique, le présent travail se propose d’envisager la fiction en droit à travers le prisme inédit de la légitimité, afin d’étudier sous un angle théorique son utilité dans la constitution de la réalité juridique, c’est-à-dire dans les fondations du droit en vigueur. Caractérisée en référence à la réalité politique, la fiction constituante est une technique justificative dont la fonction relève soit de la connaissance, soit du gouvernement. En tant qu’instrument de connaissance, la fiction constituante se trouve au coeur de l’épistémologie du positivisme juridique, et sert à reléguer la légitimité en son sens le plus profondément politique à une simple affaire de "Sein", c’est-à-dire « extra-juridique » ; tel est notamment l’objet de la "Grundnorm" de Kelsen. Le propos de la première partie de ce travail est de montrer que cet isolement de la chose juridique empêche d’approfondir la connaissance de ses fondations ; ce faisant, il s’agira de poser les bases de ce que pourrait être une épistémologie de droit politique. En tant qu’instrument de gouvernement, la fiction constituante se trouve au coeur de l’État, et sert à légitimer l’exercice du pouvoir politique par le biais de la représentation. En s’appuyant sur des auteurs classiques tels que Hobbes, Locke et Rousseau, le propos de la seconde partie de ce travail est de montrer que ce sont les caractéristiques de ce système d’organisation politique, quelle que soit au demeurant la forme de gouvernement retenue, qui rendent nécessaire le recours au registre fictionnel "lato sensu" ; celui-ci étant en effet susceptible de s’inscrire dans trois catégories discursives distinctes : la fiction "stricto sensu", le mensonge ou le mythe.

    Ivana Isailović, (Mis)recognition : essay on transnational law, identities and marginalization, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Horatia Muir Watt, membres du jury : Isabelle Rorive (Rapp.), Geneviève Saumier (Rapp.), Éric Fassin  

    Cette étude examine à la lumière des notions de reconnaissance et du déni de reconnaissance qui sont toutes les deux issues de la philosophie politique, l’articulation entre le droit international privé (« le DIP ») et la discipline des droits de l’Homme dans le contexte transnational. La problématique centrale étudiée ici est la suivante : de quelle manière est-ce que les luttes politiques pour la reconnaissance des identités marginalisées, modifient-elles les raisonnements et les techniques de résolution des conflits transnationaux employées par les juges nationaux ? En philosophie politique, la reconnaissance suppose le respect de l’altérité et de la différence de l’Autre. Contrairement à la reconnaissance, le déni de reconnaissance renvoie aux processus culturels et économiques qui engendrent et renforcent l’humiliation et le mépris quotidiens pour ceux dont les identités diffèrent de la norme sociale. L’argument général défendu dans ce travail est le suivant : les processus de décision dans l’espace transnational, c’est-à-dire les modes de raisonnements juridiques, reproduisent les stigmatisations des identités individuelles et collectives. Le DIP et les droits de l’Homme légitiment et participent ainsi à des processus politiques d’exclusion des communautés qui ont été culturellement marginalisées au cour de l’histoire et continuent de l’être. Le droit légitime ainsi le déni de reconnaissance qui constitue déjà l’espace politique.

    Thomas Boccon-Gibod, Les principes démocratiques de l’autorité : fondements et modalités de l'exercice du pouvoir dans les sociétés contemporaines, thèse soutenue en 2011 à Paris 10 sous la direction de Robert Damien, membres du jury : Hélène L'Heuillet (Rapp.), Thierry Ménissier (Rapp.), Stéphane Haber, Éric Millard et Pierre-Yves Quiviger    

    L’objet de cette étude consiste à rendre raison du phénomène de l’autorité, dans les deux sens du terme : en définir la nature et en examiner la justification. Ainsi est-ce seulement par un examen critique des usages de la raison qu’il paraît possible d’en déterminer les principes. Dans une première partie, nous nous attachons à dégager pour lui-même un usage critique et réflexif de la raison par opposition aux usages visant la production de connaissances objectives. Nous dégageons de ce fait l’espace dévolu à la philosophie politique dans la configuration moderne des savoirs, entre sciences de la nature et sciences humaines. Dans un second temps, nous examinons les fondements modernes de l’autorité sous sa forme étatique, à savoir la notion de volonté individuelle, sous ses deux modes de théorisations positives que sont, sur son versant épistémologique, l’anthropologie politique, et sur son versant pratico-légal, la théorie de la représentation. Nous nous attachons ainsi, en particulier, à analyser ce qu’on peut entendre par le terme d’institution, et ce qu’il y a de démocratique dans la notion de gouvernement représentatif. Dans un troisième temps, nous nous tournons vers les modalités concrètes de l’autorité à travers l’esquisse d’une généalogie des institutions gouvernementales. Prenant appui notamment sur les origines doctrinales du droit administratif français, nous sommes ainsi conduits à identifier deux modalités essentielles du gouvernement moderne : « l’Etat social », défini par les médiations collectives de la liberté individuelle, et « l’Etat régulateur », défini par l’assomption individuelle des mythes caractéristiques de la modernité.