Ramu de Bellescize

Professeur
Droit public.
Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales

Centre de Recherche Droits et Perspectives du Droit
ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Clément Chevalier, COMMANDER ET ADMINISTRER LES ARMEES DU ROI , thèse en cours depuis 2022  

    Le sujet dont j'entreprends l'étude soulève des questions administratives et juridiques au sein des régiments d'Ancien régime. La problématique concerne non seulement l'histoire militaire, mais touche en grande partie à des notions de droit public et de droit privé. En effet, en exposant puis en démontrant que ces notions s'imbriquaient dans le cadre des affaires militaires, dans les administrations centrales et au sein de régiments, nous nous plaçons au-delà des stéréotypes d'une aristocratie militaire soumise à une administration centralisée et de plus en plus étendue. Nous démontrons que les régiments d'Ancien régime vivent au rythme des ordonnances royales et des règlements, symbole d'une administration militaire en expansion. Face à cela, les officiers qui commandent les troupes sont des acteurs qui font un usage particulier du droit dans les régiments qu'ils commandent, usage privé avec une notion de "semi-entreprise", contrebattue par le pouvoir centralisateur monarchique. Cette étude met donc surtout en évidence la question juridique du commandement dans les armées du roi, qui accompagne inexorablement la formation d'une armée permanente.

  • Damien Bonnerot, La faute de précaution : étude juridique du droit et du discours sur le droit, thèse soutenue en 2024 à Université de Lille 2022 sous la direction de Johanne Saison-Demars co-présidée avec Ramu de Bellescize, membres du jury : Danièle Cristol (Rapp.), Olivier Carton (Rapp.)      

    Commise en méconnaissance du principe de précaution, la faute de précaution n’a pas été consacrée au plan juridique et n’a fait l’objet d’aucune étude approfondie en droit public. Il s’agit donc de définir les caractéristiques de la faute de précaution, d’en identifier les variants et les invariants, compte tenu du principe de précaution qui, constitutif d’un standard, d’une norme à valeur constitutionnelle, législative, coutumière, à l’origine de multiples obligations, dispose de différentes sources juridiques, écrites et non-écrites, comme du droit de la responsabilité des autorités publiques, principalement jurisprudentiel. Les caractéristiques et la réception de la faute de précaution révèlent que celle-ci procède de la volonté souveraine de protéger l’environnement ou la santé. Ce qui détermine le sens et les portées de la faute de précaution, en fonction de ses conséquences, comme des questions inhérentes à l’imputabilité d’un préjudice. À l’instar de la séparation des pouvoirs et des compétences, le risque existant à titre juridique mais entaché d’incertitude scientifique quant à sa réalité et sa portée, est une notion centrale du droit de la responsabilité pour faute de précaution qui conduit à des utilisations dialectiques ou argumentatives du principe de précaution. La présente thèse propose une analyse critique du droit de la responsabilité pour faute de précaution, à partir de l’état actuel des connaissances scientifiques et doctrinales.

    Olivier Chantriaux, Henry Kissinger, le réalisme de l'équilibre, thèse soutenue en 2023 à Valenciennes Université Polytechnique HautsdeFrance sous la direction de Ludovic Laloux présidée par Ramu de Bellescize, membres du jury : Olivier Zajec (Rapp.), Maki Fukuda et Agnès Piernas    

    Conseiller pour la sécurité nationale puis secrétaire d’État des présidents Richard Nixon et Gerald Ford, Henry Kissinger est généralement considéré comme l'une des incarnations les plus emblématiques de la Realpolitik.Biographes et historiens se sont essayés à décrire son œuvre, à apprécier la marque qu'il avait imprimée aux événements, à mieux comprendre sa personnalité, dont les fulgurances, au fond, n'ont cessé de fasciner ses contemporains.Aucune étude synthétique n'avait cependant été entreprise pour caractériser le réalisme auquel est couramment associé le nom de Kissinger. Le fait que celui-ci se soit engagé dans l'arène du pouvoir a pu, probablement, dissuader les analystes, accaparés par des débats plus abstraits, de s'intéresser aux sources intellectuelles de sa vision. Or, loin de se réduire à une simple praxis - πρᾶξις - déterminée par des motivations immédiates, la Weltanschauung d'Henry Kissinger se signale par sa cohérence et est structurée par un certain nombre d'invariants fondamentaux.Sa pensée et son action, en fait inséparables, définissent la ligne claire d'un réalisme historique vraiment classique, intellectuellement antérieur aux théories ébauchées après la Seconde Guerre mondiale et virtuellement contemporain de la diplomatie de cabinet pratiquée par les puissances européennes aux XVIIIe et XIXe siècles. Révélée dans ses multiples œuvres, qui vont de sa thèse, publiée en 1957, à Leadership, paru en 2022, la pensée de Kissinger donne la formule d’un réalisme qui, à la différence de la théorie de Hans Morgenthau, pourtant présenté, de façon rapide, comme le fondateur du classicisme, s'appuie, pour expliquer les logiques innervant le système mondial, sur l'action historique des États souverains et fait l’économie de toute réflexion sur les liens supposés de la conflictualité avec la nature humaine.Ami du très weberien Raymond Aron, Henry Kissinger établit un pont entre l’œuvre des promoteurs de la souveraineté, dont Jean Bodin et le cardinal de Richelieu, et sa reformulation selon des concepts germaniques, esquissée au XIXe siècle.Sa lecture du monde procède d'une valorisation de l'histoire, comprise en termes proches de la façon dont la concevait Leopold von Ranke, soit comme le reflet de la vie des personnes publiques souveraines que sont les États, une dimension à part et politique par excellence de la réalité, où, sur fond d'anarchie, leur cohabitation conflictuelle ne peut être régulée que par la construction diplomatique d'un équilibre. Son œuvre s'entend ainsi comme une véritable "cliopolitique", distincte du réalisme moderne de nature anthropologique de Morgenthau, autant que des néoréalismes structuralistes inspirés par Kenneth Waltz.L'équilibre des puissances pris pour perspective par Kissinger procède, en fait, d'une promotion de l'intérêt national, qui proportionne la volonté de puissance des États. L'ordre du monde devant en résulter constitue le terme des ambitions de Kissinger. Pour durer, cet ordre doit concilier la reconnaissance de la pluralité des unités politiques souveraines avec leur adhésion à des usages partagés, propres à asseoir sa légitimité.L’équilibre ainsi conçu fait place, à côté de la mesure physique de la force, à un élément psychologique, l’engagement des hommes d’État, et à un élément moral, la légitimité de l’ordre mondial et le sens des continuités historiques. Il donne toute sa valeur au jeu de la diplomatie. En cela, la pensée d’Henry Kissinger est une vraie pensée de la paix, non de celle des philosophes, mais de la paix donnée par l’histoire, la paix des équilibres entre souverains.Henry Kissinger a donc illustré dans ses réflexions et mis en œuvre dans sa politique une Weltanschauung westphalienne axiologiquement neutre, valorisant l'arkhè historique (ἀρχή), au sens de précédent normatif, mais aussi, par extension, d'usages fondateurs en diplomatie, qui, partagés par les États et par leurs leaders, contribuent à étoffer un ordre mondial légitime.

    François Vuillemin, Fractures politiques et sociétales à travers le monde : Du bouleversement des pouvoirs aux arbitrages et aux nouvelles stabilités, thèse soutenue en 2023 à Valenciennes Université Polytechnique HautsdeFrance sous la direction de Ludovic Laloux présidée par Ramu de Bellescize, membres du jury : Maki Fukuda (Rapp.), Gersende Piernas      

    Cette thèse met l’accent sur des épisodes historiques contemporains marqués par des déchirures et des crises qui sont, dans une vision schumpétérienne de l’histoire, les accoucheurs de nouveaux ordres et de nouvelles stabilités.La thèse se veut le résultat d’une confrontation entre un passé professionnel qui a amené l’auteur à être témoin de certaines crises et des réflexions historiques et sociologiques qui permettent de les incorporer dans une perspective et une matrice d’histoire des idées. L’analyse des stabilités, puis des fractures politiques et sociétales ainsi que des processus complexe de recomposition politique, sociale, diplomatique ou stratégique, constitue le fil rouge de cette thèse. Elle est étayée par une description historique d’évènements et de situations particulières et par un retour sur des théories qui ont cherché, dans les sciences sociales, non pas tant à décrire les évènements qu’à en expliquer les ressorts.La thèse met en valeur, aux côtés de l’historien, les apports de l’économiste et du sociologue. L’économiste parce qu’il est mû par une volonté prospective et utilitariste visant à prévenir ou à minimiser les effets de ladite crise. Le sociologue, parce qu’il cherche à comprendre la façon dont les individus font évoluer la société mais aussi la manière dont celle-ci oriente les représentations du monde et par la même la manière d’agir de ceux qui en font partie. Quant à l’historien, il cherche, comme l’écrivait Hérodote, à « empêcher que le passé des hommes ne s’oublie avec le temps […] et (à) établir, enfin et surtout, la cause de la guerre qu’ils se sont livrée ». Fonctions explicative, prédictive et mémorielle, tels sont les rôles assignés à ces trois branches des sciences sociales qui permettent de percevoir leur complémentarité dans l’analyse des évènements et en particulier dans l’appréhension des phénomènes de rupture, de bouleversement et de recomposition politique et sociale.Dans cette mise en perspective théorique de tranches d’histoire, la thèse présente des sujets d’histoire contemporaine qu’il m’a été donné de « croiser », soit par mes activités professionnelles ou pour des raisons personnelles. Il s’agit notamment de l’approche des relations internationales de Georges Pompidou, en particulier dans sa relation avec les soviétiques, sujet que j’ai approfondi ayant eu l’occasion d’assurer le classement des archives privées du successeur du général de Gaulle et de pénétrer ainsi dans l’intimité d’une pensée politique.Ma thèse s’attarde également à la description des dynamiques de crise en mettant le projecteur sur des sujets qui n’ont, en apparence, rien de commun entre eux, ni géographiquement, ni par leurs déterminants culturels. Il s’agit de Chypre et du Venezuela, qui partagent des « histoires de crise » qui ont fini par échapper à leurs propres acteurs et aux grandes puissances censées les encadrer.En contrepoint à cette dimension de court terme et de surpondération des facteurs de hasard historique ou de charisme personnel, la thèse approfondit la construction historique d’une politique de développement multilatérale avec l’émergence sur la scène internationale des Petits États insulaires en développement. Elle présente également la construction historique d’une expérience qui relève d’une autre logique, celle d’un multilatéralisme imparfait, avec le G5 Sahel en recontextualisant la part respective d’une démarche authentiquement régionale et celle d’une instrumentalisation par des États non africains.La question des lignes de fracture, de la crise, de la stabilité et de l’instabilité parcourt l’ensemble des situations historiques abordées. Elle est consubstantielle à la vie de la société internationale et à l’histoire elle-même. Elle permet aussi de mieux saisir l’importance d’une « histoire de la crise » et des représentations, des croyances et des jugements moraux qui irriguent le travail historique et influent sur la transcription du passé par l’historien.

  • Souleymane Sow, Le renouveau des principes budgétaires à la lumière du phénomène d'intégration régionale : le cas du Sénégal, thèse soutenue en 2021 à Normandie sous la direction de Fabien Bottini présidée par Gilles Lebreton, membres du jury : Ramu de Bellescize (Rapp.), Alioune Sall (Rapp.), Clémence Barray  

    Sous l’influence des partenaires techniques et financiers, à savoir l’Union européenne, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, les finances publiques des pays membres de l’UEMOA ont connu des évolutions majeures après l’adoption des directives communautaires de 2009. En effet, dans la phase d’élaboration et d’exécution du budget, le nouveau cadre de gestion des finances publiques sénégalaises a consacré la programmation pluriannuelle des politiques publiques tout en élargissant les fonctions d’ordonnancement des dépenses aux ministères de secteur et aux présidents d’institutions constitutionnelles. Dans la phase de contrôle, les rapports trimestriels d’exécution et le dispositif d’évaluation des politiques publiques viennent élargir les compétences du parlement en lui permettant un contrôle efficace de l’exécution des lois de finances. Dans ce sens, le contrôle exercé par la Cour des comptes, dont la création dans les pays membres a été rendue obligatoire par la réforme de l’UEMOA, connaît également une reconfiguration devant lui permettre l’instauration d’une véritable culture de transparence dans la gestion publique.

    Ahmed Bouzouita, La nomenclature budgétaire et la performance de la gestion financière publique, thèse soutenue en 2021 à Université de Lille 20182021 sous la direction de Xavier Vandendriessche et Lotfi Tarchouna présidée par Asma Ben Abdallah, membres du jury : Ramu de Bellescize (Rapp.), Jalila Bouzouita Rourou (Rapp.), Aurélien Baudu    

    La constitution de 2014 a consacré pour la première fois les règles de la bonne gouvernance des finances publiques, à savoir l'efficacité, la transparence et la redevabilité. Cette mutation au niveau des concepts financiers publics apparaît comme la concrétisation de la volonté exposée dès 1996 d'introduire la gestion orientée vers les résultats dans le pays. Toutefois, les actions conséquentes de la réforme ont tardé en raison d'un engagement politique faible, traduisant une certaine méfiance des conséquences lourdes qu'elle entraîne. Pour cette raison, ce travail tente de mettre en exergue l'importance de la réforme budgétaire dans l'amélioration de la gestion financière publique dans un contexte de contrainte budgétaire et d'ambiguïté des politiques publiques. Plus concrètement, la nomenclature budgétaire, qui est un système de classification des données budgétaires et comptables d'un côté, et un cadre d'interprétation de l'action publique d'un autre côté, constitue le point de départ dans ce processus. Pour cela, cette étude vise à évaluer la capacité du modèle de nomenclature mis en place par la nouvelle loi organique de 2019 à générer une gestion financière performante. Ce modèle doit favoriser l'instauration d'une transparence de l'information budgétaire et la redevabilité des gestionnaires publics. De plus, il doit contribuer à l'efficacité de la confection du budget de l'État en revalorisant le rôle du parlement dans ce processus.

    Ruszel Lima Verde Cavalcante, La dépense publique et la prévention de la corruption au Brésil, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Marie-Christine Esclassan présidée par Michel Bouvier, membres du jury : Mirabel Machado Derzi (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.), Gilles Miller    

    Le Brésil est une république constitutionnelle depuis l’avènement de la Constitution de 1988 suivie, en 1990, par l'élection au suffrage universel d'un Président. Trente années se sont écoulées depuis la dernière dictature militaire. Pourquoi, alors, n'arrive-t-on pas à contrer efficacement le pouvoir politique ? Pourquoi le contrôle interne en tant qu'institution de prévention ne parvient-il pas à éviter la corruption de la dépense publique? Et pourquoi ladite gouvernance financière dont les règles de bonne gouvernance sont adoptées partout, y compris au Brésil, ne réussit-elle pas à réduire les cas de corruption dans le cadre de la dépense publique? Or, la façon dictatoriale avec laquelle les membres des pouvoirs exécutifs successifs gèrent le budget en faisant insérer et approuver leurs projets et volontés politiques traduit bel et bien une culture de pilotage des finances publiques ancrée sur un pouvoir discrétionnaire. Un tel pouvoir de commandement couvre les désirs et les besoins sociaux à l'aune de la conception de ces chefs des pouvoirs exécutifs des trois échelons nationaux. En fait, il faut souligner que ce pouvoir accru est lié plutôt à la coutume qu'à l'interprétation des lois, de la Constitution et de ses principes comme la démocratie et la souveraineté de la loi, une raison de plus de se rappeler les principes corollaires de souveraineté et de démocratie financière budgétaire. Il est navrant de constater que, même si ce contrôle est assuré, les cas de corruption s’enchaînent dans les entreprises publiques et en dehors, ce qui révèle les symptômes d'une maladie chronique : la défaillance des outils de contrôle interne et externe dans la quête de la prévention de la corruption de la dépense publique et la consolidation du pouvoir discrétionnaire tel un pouvoir quasi dictatorial. D'où donc notre insistance sur la conception de nouveaux piliers : la démocratie financière aspirant à ériger une nouvelle citoyenneté dans un monde où les identités assument des projets ambitieux de construction d'un bien-être individuel. C'est bien la démocratie financière qui peut renouer avec le projet d'une identité sociale minimale pour empêcher que les projets individuels nuisent au projet essentiel : la liberté de tous et la liberté d'opportunités à tous. Le deuxième pilier est celui de la souveraineté des lois notamment celles au contenu financier, dont la contribution au projet de la citoyenneté est d'assurer que les prélèvements, les dépenses et les instruments budgétaires sont au service des besoins publics. La démocratie financière est l'arme contre l'hypo-suffisance des lois et l'anomie financières et pour l'égalité financière ou l'égalité économique.

    Buti Alnuaimi, La lutte contre le crime organisé aux Émirats arabes unis : stratégie et coopération, thèse soutenue en 2018 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Christian Vallar présidée par Xavier Latour, membres du jury : Ramu de Bellescize (Rapp.), Sophie Perez (Rapp.)      

    Consacrer une thèse à la lutte contre le crime organisé aux Émirats Arabes Unis peut paraître assez étonnant. La sécurité dans ce pays atteint un niveau très élevé et les autorités gardent un contrôle très ferme sur une population composée à 90% d’étrangers. Considérés généralement comme un des pays les plus sûrs au monde, le crime organisé n’a pas sa place aux Émirats. Mais le sujet se justifie parce que la lutte contre le crime organisé ne se conçoit que dans un cadre global qui met au premier plan les pays aux économies avancées. Les Émirats sont parties prenantes à la stratégie et à la coopération internationale qui se développent fermement depuis plus d’une trentaine d’années pour réduire les organisations criminelles. Ces organisations toujours actives ont été rejointes par des organisations terroristes qui se financent par des trafics et des activités illégales. Cette jonction entre le crime et le terrorisme, prouvée par les enquêtes sur le terrain, est un facteur d’aggravation de l’instabilité et un défi pour les forces de police. Dans le Golfe, région sensible, il convient de surveiller étroitement les flux commerciaux qui peuvent dissimuler des activités criminelles. Mais il faut aussi, détecter les flux financiers issus d’activités criminelles qui sont recyclés dans l’économie prospère des Émirats. Sur ces deux plans, les Emirats jouent un rôle décisif en raison de ses moyens financiers importants, des technologies de surveillance et de la volonté politique de ses dirigeants. Cette thèse replace l’action des Emirats dans le cadre normatif et institutionnel fixé par des traités, relayé sur place par le droit national. Dans ce domaine, il n’est pas raisonnable de viser la disparition du crime organisé qui est une activité liée à la globalisation des échanges mondiaux. L’objectif des Emirats est de ne pas permettre l’implantation du crime organisé sur son territoire. De ce point de vue, ce but est atteint et les efforts des autorités et des forces de police des Emirats sont tendus vers une consolidation de ce résultat pour l’avenir.

    Nasser Hinzab, Le droit des investissements étrangers au Qatar : analyse comparative avec la France, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Laurent Vidal présidée par Jacqueline Morand-Deviller, membres du jury : Sabrina Robert-Cuendet (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.)      

    Une convention datée du 4 décembre 1990 régit les relations commerciales entre la France et la Qatar. Dans le cadre des relations bilatérales entre les États, les différents échanges commerciaux et les investissements entre les personnes privées et publiques sont encadrés par de nombreux textes et conventions. Ce cadre juridique doit instaurer un facteur essentiel : La confiance. Bien sûr, des mesures incitatives figurent également dans ces textes favorisant les investissements. La loyauté est le moteur de toute relation commerciale. Si elle devait être entachée cela conduirait immanquablement à une rupture du contrat. De surcroit, le droit permet-il des investissements sur la durée : la confrontation à des enjeux économiques et géostratégiques, qui peuvent surgir à tout moment, peuvent venir mettre à mal toute politique d'investissements engagée. Les investissements étrangers sont devenus un des facteurs-clé pour l'économie nationale tant pour la France que pour le Qatar. Pour ce dernier, le droit des investissements est en train de se développer, notamment pour ce qui est de la protection des investissements étrangers par la création d'un régime juridique adapté. L’État du Qatar a l'obligation de diversifier son économie et ses sources de financement limitées pour l'instant aux hydrocarbures. Cette obligation de diversification pousse les autorités qatariennes à développer rapidement un cadre juridique pour les investissements internationaux Dans ce domaine la France dispose, d'un arsenal juridique solide, et plus ancien que celui du Qatar. Il était donc intéressant de mener une étude comparée entre les deux systèmes juridiques : objet de cette thèse.

    Khalid Asiri, Le partenariat public-privé dans le domaine sportif. Etude comparative entre les pays du Golfe et la France, thèse soutenue en 2018 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Xavier Latour présidée par Christian Vallar, membres du jury : Abdessatar Ati (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.)      

    Le contrat de partenariat public privé, est défini par l’ordonnance susvisée comme « un contrat administratif par lequel l'Etat ou un établissement public de l'Etat confie à un tiers, pour une période déterminée en fonction de la durée d'amortissement des investissements ou des modalités de financement retenues, une mission globale ayant pour objet la construction ou la transformation, l'entretien, la maintenance, l'exploitation ou la gestion d'ouvrages, d'équipements ou de biens immatériels nécessaires au service public, ainsi que tout ou partie de leur financement à l'exception de toute participation au capital.Il peut également avoir pour objet tout ou partie de la conception de ces ouvrages, équipements ou biens immatériels ainsi que des prestations de services concourant à l'exercice, par la personne publique, de la mission de service public dont elle est chargée ». La notion de partenariat public privé, est tout à fait adaptée et d'ailleurs utilisée pour le développement des équipements sportifs. Aujourd’hui les nouveaux équipements, au niveau de l’investissement et du fonctionnement, tendent à faire intervenir les financements privés. Cette tendance est, notamment remarquée pour les grands projets d’équipements structurants comme les grands stades, soit pour la France soit pour les pays du Golf Arabe. Dès lors, le contrat de partenariat public-privé, est une solution pour restaurer le parc d’installations et d’équipements sportifs.Pour la France, l’attribution de l’euro 2016à la France, a été l’occasion d’accomplir des projets de construction et/ou rénovation, à travers la forme de contrat de partenariat, des stades de Lille, Marseille, Nice et Bordeaux.Concernant la législation des pays du golf arabe, le contrat de partenariat public-privé, « est un contrat conclu entre la direction gouvernementale et la société du projet, dont ladite société s’engage d’exécuter le projet selon les disposition de cette loi, et les clauses prévues au contrat, dans une durée fixée et en contrepartie d’une rémunération ».Le droit saoudien, a précisé que le contrat de partenariat entre le secteur public et le secteur privé, porte sur la relation contractuelle, entre le secteur public et le secteur privé, cette relation est soumise à cette loi et au contrat de partenariat, et dont l’objectif est l’exécution partielle ou totale du projet pour garantir la réussite des projets PPP. Une telle réussite reste conditionnée par le cadre législatif dans lequel ce projet est mis en place et ses conditions de financement.Dans cette perspective, les pays du CCG ont mis en place des cadres législatifs pour contrôler la gestion et le financement desdits projets surtout après la chute des prix du pétrole et par la suite des ressources financières de ces gouvernements. Le cadre législatif régissant la pluralité des projets PPP dans ces pays sont régis par une cadre juridique largement inspirée du cadre français.

    Ali Somaili, Les conflits sportifs dans les législations française et saoudienne, thèse soutenue en 2018 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Xavier Latour présidée par Christian Vallar, membres du jury : Abdessatar Ati (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.)      

    La pratique sportive est aujourd’hui soumise à une grande diversité de règles d'origines différentes qui dessinent des ordres juridiques distincts, privés et publics : des ordres juridiques d'État et des ordres juridiques du sport dont les relations prennent fréquemment les traits d'un « pluralisme juridique positif organisé ». En effet, la lex sportiva ou le droit de sport peut être définie comme étant l'ensemble des règles qui régissent les droits et les obligations des sportifs. Il porte notamment sur les règlements sportifs des différentes fédérations sportives, le dopage, les règles de transfert de joueurs. De même ce droit tend à résoudre les différents litiges qui peuvent en en découler. Le litige peut être définie comme étant un différend ou désaccord entre deux parties, physiques ou morales, dont les unes contestent aux autres d’être « titulaires d’un droit à l’exercice duquel elles prétendent ». Le désaccord entre les parties du litige, peut naitre d’un contrat ou d’une situation de fait. Ces parties vont d’abord essayer de résoudre leur différend à l’amiable, à défaut d’accord, le litige sera soumis à un Tribunal qui va le trancher. On rencontre les litiges dans tous les domaines, civil, commercial, administratif, sportif… Ce dernier secteur, à savoir le secteur du Sport ou plus précisément les conflits en matière de sport, qui sont de diverses natures et dont le règlement exige le recours à des instances spécialisées en la matière et l’application des textes propres à ce type de litiges, constitue le principal objet de recherche de ce travail. Les différends en matière de Sport, peuvent se résoudre devant les tribunaux de droit commun. Mais, l'inadaptation de ces derniers à des litiges nécessitant des compétences « techniques particulières qui doivent compte tenu de la brièveté d'une carrière, être réglés rapidement, a entraîné le recours – de plus en plus fréquent – aux modes alternatifs de règlement des conflits ». Contrairement aux autres litiges, qui ont une situation contrastée, la situation des litiges sportifs est claire, transparente, et originale. Pour cela, et pour répondre à leurs besoins spécifiques, les organismes sportifs, ont créé et développé des règles législatives propres qui assurent leur fonctionnement, et ont constitué des instances qui assurent la bonne application des règles qu’elles ont édictées. Les conflits Sportifs sont donc réglés par des règlements et des statuts particuliers et spécialisés en matière du sport, qui permettent aux parties à un litige d’aboutir à des solutions pratiques et satisfaisantes. On peut dire que la régularisation de l’activité sportive peut se faire de manière autonome et échapper aux pouvoirs publics, à l’ordre étatique. Les Règlements Sportifs sont donc, des Règlements autonomes et suprêmes vis-à-vis des législations de l’Etat. En effet, la création de ces règlements spécifiques, a entrainé la création des instances juridictionnelles spécialisées compétentes à régler les conflits des organismes sportifs, et qui fonctionnent conformément à leur pouvoir réglementaire. En examinant les règlements d’Arbitrage qui gouvernent les organismes sportifs, on peut se rendre compte qu’ils comprennent des dispositions spécifiques déterminant la compétence des Instances Arbitrales par rapport à la notion de Sport. Avec la croissance et la prospérité des échanges commerciaux à l’échelle internationale, l’Arbitrage s’est révélé être le recours préféré en matière de transaction internationale. De là, et devant l’internationalisation et la complexité des litiges, les législations et les jurisprudences internes des Etats, ont reconnu et consacré la pratique de l’Arbitrage.

    Christian Milébé Vaz, La nouvelle gouvernance financière publique dans les organisations du système des Nations Unies, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Michel Bouvier présidée par Marie-Christine Esclassan, membres du jury : Ramu de Bellescize (Rapp.), Henry Michel Crucis (Rapp.)    

    Cette thèse sur la nouvelle gouvernance financière publique dans le système des Nations Unies se présente en deux parties : première partie - La mise en œuvre de la nouvelle gouvernance financière publique dans les organisations du système des Nations Unies ; et deuxième partie - Le renforcement de la nouvelle gouvernance financière publique dans les organisations du système des Nations Unies. Pour notre étude, nous avons appliqué aux organisations du système des Nations Unies les éléments pertinents du cadre de référence établi par certains organes subsidiaires pour la nouvelle gouvernance financière publique, en particulier ceux qui se rapportent au cycle allant de la planification à l'établissement des rapports, dont il est question plus en détail dans les deux parties de la thèse. Ce cadre de référence vaut pour la nouvelle gouvernance financière publique dans son ensemble. Or. pour certaines activités spéciales, seule la budgétisation axée sur les résultats est pratiquée. Certains éléments du cadre de référence ne s'appliquent donc pas dans le contexte de la présente thèse, cependant d'autres aspects jugés importants pour toute démarche de la nouvelle gouvernance financière publique sont pris en compte.

    Angélique Boissenin, Le financement de l'Union européenne : moteur d'une intégration politique ?, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Michel Bouvier présidée par Marie-Christine Esclassan, membres du jury : Gilbert Orsoni (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.), Boris Melmoux-Eude    

    Le financement de l'Union européenne est ambivalent. Il a assurément contribué au renforcement de l'intégration européenne mais pas nécessairement au renforcement de l'intégration politique. Le remplacement des contributions financières des États membres par des ressources propres, par la décision du Conseil du 21 avril 1970, a constitué une étape fondatrice dans la construction du système budgétaire et financier de l'Union. Cependant, ce mode de financement n'a pas rempli son rôle. Le système des ressources propres, censé garantir une autonomie financière, a connu une dégradation progressive et profonde si bien que l'Union est à nouveau très largement tributaire des finances publiques nationales mais aussi des décisions nationales dont elle était censée s'émanciper. Nonobstant son adoption par le Parlement européen, représentant direct des citoyens européens, le budget européen est soumis à une étroite surveillance étatique, les décisions relatives aux recettes et aux dépenses européennes étant prises dans un cadre relativement respectueux de la souveraineté des États membres. Le système financier de l'Union n'a pas suivi les évolutions de cette dernière et apparaît désormais comme l'un de ses talons d'Achille. Son manque de pertinence et de performance invite à considérer l'opportunité de doter l'Union d'un pouvoir fiscal et son budget d'impôts européens. Ainsi en irait-il du soutien à l'achèvement de l'Union économique et monétaire et de l'intégration politique européenne.

    Louis René Ossa, Fiscalité des particuliers en Afrique subsaharienne et mobilité internationale des personnes, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Marie-Christine Esclassan présidée par Michel Bouvier, membres du jury : Jean-Pierre Duprat (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.), Jean-Marie Monnier    

    La fiscalité des particuliers en Afrique subsaharienne s'articule autour des principes de territorialité, d'extraterritorialité et d'internationalité. Ces derniers n'ont pas connu d'évolution particulière ces dernières années, en dépit de changements radicaux que connaît la société internationale. Ces principes demeurent fondés sur la reconnaissance pleine et entière de la souveraineté juridique de l’État, qui en fait l'acteur principal de la fonction fiscale. Ils évoquent une « société internationale vertébrée », dans laquelle les frontières physiques sont autant politiques qu'économiques. Ils postulent que l’État a les moyens de contrôler toutes les activités économiques réalisées dans les limites de son territoire, et en particulier les importations et les exportations tant de biens que de prestations. En réalité, la société internationale actuelle, du fait de la mondialisation, est devenue économiquement « invertébrée ». Il ne fait point de doute que l'érosion amorcée des frontières politiques (et sûrement des frontières économiques), entraînera une mobilité toujours plus accrue des particuliers, et donc une propension plus élevée à la fraude et à l'évasion fiscales. Les notions de résidence fiscale (qui découle du principe de territorialité) ou de disponibilité du revenu, de vente d'un bien ou de prestation d'un service (constitutive du fait générateur) ne sont pas devenues totalement inutiles. L'impôt restera toujours rattaché à une entité politique, qu'elle soit appelée État ou pas. De même, la mobilisation d'une recette fiscale dépendra toujours de l'évènement qui crée la dette fiscale. Toutefois, deux évolutions majeures fie peuvent plus être ignorées : (1) l'inefficacité du principe de territorialité pour définir la résidence fiscale dans un monde de plus en plus ouvert, et (2) l'indiscernabilité du fait générateur d'un nombre croissant de transactions économiques. A l'évidence, ces deux principes ont besoin d'être revisités, à coup sûr « rajeunis », pour tenter de les adapter à la société économique actuelle. Au bout de cette démarche devrait se dessiner une « nouvelle fiscalité des particuliers » qui consacre les aspirations légitimes à la liberté politique, économique et sociale des individus. Ce chantier commence avec l'autonomisation du cadre conceptuel et administratif de la fiscalité des particuliers. En effet, l'inadaptabilité de la fiscalité des particuliers à l'environnement économique international s'explique prioritairement par son alignement inexplicable sur le système fiscal des entreprises. La recherche de l'efficacité suggère pourtant une autonomie des règles d'imposition et de gestion des impôts des particuliers. En matière de politique fiscale, les questions essentielles comme la concurrence fiscale des hauts revenus, la juridiction fiscale des personnes ou l'affectation du produit de l'impôt suggèrent des approches originales et spécifiques aux particuliers. En matière d'administration fiscale, le même souci d'efficacité commande la mise en place d'un dispositif organisationnel et méthodologique adapté à l'exigence de « bonne gouvernance » particulièrement sensible en matière de gestion fiscale des particuliers.Au total donc, ce nouveau monde politique, économique et social appelle à une rénovation conséquente du cadre actuel d'imposition des individus en Afrique et la consécration d'un système fiscal construit autour de la recherche d'un meilleur équilibre entre les principes de coercition d'une part et d'attractivité d'autre part.

    Hermano Antonio Do Cabo Notaroberto Barbosa, Les échanges internationaux de renseignements fiscaux : recherches sur un paradigme fiscal limité, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Jean-Claude Martinez, membres du jury : François Wagner (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.), Jacques Malherbe, Xavier Oberson, Pascal Saint-Amans et Heleno Taveira Torres    

    La coopération internationale par l’échange de renseignements fiscaux, question classique si bien que marginale, s’est renouvelé dans l’acuité pour devenir l’une des matières les plus sensibles du droit fiscal international contemporain. Malgré tous les efforts politiques et juridiques déployés ces dernières années, et leurs véritables avancées sur le plan de la technique juridique et de l’efficience administrative, il y a raisons de craindre qu’elle rencontre encore des différents limites pour fonctionner efficacement au niveau planétaire. Cette thèse s’occupe d’identifier l’existence d’un régime juridique général des échanges de renseignements fiscaux, assez homogène en matière de contenu et d’application, en contemplation des principaux modèles normatifs non communautaires disponibles à l’actualité, y compris ceux automatiques. Ensuite, la thèse examine la portée de ce régime général, afin d’encadrer les limites à l’échange de renseignements fiscaux et de proposer solutions juridiques pour les dépasser.

    François Bonneville, Le système de la dette publique : pour une approche organique d'un phénomène social, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Michel Bouvier présidée par Marie-Christine Esclassan, membres du jury : Ramu de Bellescize (Rapp.), Rémi Pellet (Rapp.), Philippe Auberger      

    L'analogie laissant penser que la dette publique serait une forme particulière de dette privée tend non seulement à mettre de côté d'importants problèmes théoriques tels que celui des éléments constitutifs des définitions, mais conduit aussi à ignorer que dans le système actuel la dette publique paraît connaître ni débiteur, ni créancier, pas plus que de patrimoine servant de gage ou de régime juridique cohérent. Ce qui pourrait apparaître comme un manque semble au contraire signifier que la dette publique fonctionne selon une logique propre. Cette thèse se propose de défendre une approche organique de la dette publique en mettant au cœur de la recherche ce que peut signifier la position de débiteur public, de créancier, de nation-débitrice et en mettant en lumière la concurrence entre les ordres juridiques, économiques et politiques au cœur du système. La dette publique emporte d'importantes conséquences en termes de distribution ou de redistribution des richesses de la Nation, le « choix de la dette » est donc éminemment politique. Ce sujet témoigne également des évolutions de la place du droit dans nos sociétés en s'inscrivant doublement dans la perspective de globalisation des phénomènes sociaux et en voyant aussi l'État abandonner certains des éléments constitutifs de sa puissance face aux Marchés pour se positionner comme un régulateur du système financier.

    Saeed Khanivalizadeh, Les droits de la défense des administrés français et iraniens, thèse soutenue en 2017 à Paris 1 sous la direction de Laurent Vidal présidée par Jacqueline Morand-Deviller, membres du jury : Sabrina Robert-Cuendet (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.)    

    Étant donné la croissance progressive du rôle du gouvernement dans la plupart des activités de la vie sociale et économique d'aujourd'hui, il existe bien évidemment plusieurs préoccupations pour trouver les moyens efficaces qui permettent de contrôler les pouvoir excessifs des administrations publiques. Si dans la première moitié du XIXe siècle, rares étaient les cas dans lesquels l'un des aspects des droits de la défense était respecté, le juge français a dans un siècle reconnu ces droits comme principe général du droit devant être respecté même en l'absence de texte. Contrairement à la France, l'histoire de jeune droit administratif iranien démontre bien que la formation des règles concernant les droits de la défense était trop difficile. Aussi bien en France qu'en Iran, il est aujourd'hui difficile de trouver des échappatoires à ce principe. Au demeurant et par le biais de la motivation, le juge sera mieux à même d'apprécier les circonstances d'une décision défavorable. L'administré a certes le droit de se faire assister d'un représentant ou d'un avocat de son choix, pour présenter efficacement sa défense. Il faut que toute personne, française ou iranienne, soit à même d'accéder aux documents administratifs la concernant. Il importe que les documents non-communicables soient strictement déterminés. Que ce soit en France ou en Iran, le rôle de la transparence est devenu de plus en plus remarquable, à l'égard de l'efficacité des administrations. Ainsi, la motivation en tant qu'aspect essentiel des droits de la défense pourra favoriser l'atteindre de cet objectif. En France comme en Iran, lorsque l'autorité administrative prend une décision défavorable sans que l'intéressé soit préalablement entendu et en connaisse les motifs, cette décision est entachée d'illégalité et l'administré peut demander l'annulation pour excès de pouvoir. Si avant, il n'était même pas possible de faire reconnaître la responsabilité de l'administration, il est, aujourd'hui et sous certaines conditions, loisible de solliciter la réparation de la violation des droits de la défense, par le biais des évolutions du droit administratif.

    Nina Jean-Bouamar, Le fédéralisme financier aux Etats-Unis : l'exemple de la Floride, thèse soutenue en 2016 à Paris 1 sous la direction de Michel Bouvier présidée par Marie-Christine Esclassan, membres du jury : Gilbert Orsoni (Rapp.), Ramu de Bellescize (Rapp.)    

    Cette recherche s’inscrit dans un champ particulier, à savoir, le fédéralisme financier aux États-Unis. On a pris pour objet un État précis, l’État de la Floride. C’est par conséquent, une démarche descriptive du système financier floridien centrée la délicate question de l’autonomie financière des échelons locaux, du plus large (l’État fédéré) au plus petit (les différents gouvernements locaux) qui constitue l’axe de ce travail.Une première partie s’attache à la description des relations entretenues entre la Floride, État fédéré à vocation territoriale et le gouvernement fédéral, à vocation nationale. D’une part, l’autonomie financière de la Floride est appréhendée à travers les fondements du fédéralisme américain, à savoir la Constitution fédérale et la Constitution étatique. D’autre part, les sources de financement nécessaires à cette autonomie, essentiellement la fiscalité.Une deuxième partie est centrée sur le principe de l’autonomie interne à l’État, on veut dire par là que l’on identifie le degré de la dépendance des gouvernements locaux face à leur État de rattachement, tant dans le processus budgétaire que fiscal.Au final d’un point de vue général, l’analyse du système floridien montre la souplesse et le pragmatisme dont fait preuve le fédéralisme américain.

  • Pacifique Hippolyte Luabeya, La contribution de l'Union européenne à l'instauration d'un État de droit en République démocratique du Congo, thèse soutenue en 2023 à Université de Lille 2022 sous la direction de Patrick Meunier, membres du jury : Hélène Tigroudja (Rapp.), Arnaud Haquet (Rapp.), Ivon Mingashang et Ramu de Bellescize      

    L'UE est un acteur essentiel dans le processus de la construction et de la pérennisation de l’État de droit en République Démocratique du Congo (RDC). Son action extérieure dirigée vers cet État tiers prend plusieurs formes et se déploie sur des secteurs diversifiés. Le caractère protéiforme de l’action extérieure de l’Union se justifie notamment par les différentes réalités que traduit l’État de droit, un concept fourre-tout. Tantôt l’État de droit renvoie à l’idée de paix, tantôt à l’idée de justice (justice étatique et justice transitionnelle), tantôt à l’idée de démocratie (élection) et des droits de l’homme. L’UE mobilise pour chaque action menée au Congo-Kinshasa un instrument juridique adopté dans le cadre d’une stratégie juridique extérieure qui vacille entre la normativité souple et la normativité imposée. Ceci confirme que l’affirmation de l’Union, en tant qu’acteur international, passe aussi par le droit, et, plus précisément, par les projections de son droit sur la scène internationale et par sa soumission au droit international public. A partir de l’exemple des relations UE-RDC, il est possible d’envisager des perspectives intéressantes de mise en place d’une boîte à outils des actions de l’UE exportables vers d’autres États tiers, membres de l’OEACP (ex-ACP).

    Abdusalam Alkurdi, Le régime présidentiel américain et sa possible application en Libye, thèse soutenue en 2023 à Université de Lille 2022 sous la direction de Vincent Cattoir-Jonville, membres du jury : Mathieu Disant (Rapp.), Stéphane Caporal (Rapp.), François Colly, Ramu de Bellescize et Gilles Toulemonde      

    Faut-il à la Libye un régime présidentiel ? Cette question simple ne va pas pourtant sans soulever beaucoup d’inquiétudes et vicissitudes liées à la transposition du régime présidentiel en Libye. On s’abstiendra de répondre à cette question à ce stade. Cette thèse de doctorat n’est pas un référendum en ce sens qu’elle n’a pas l’intention de répondre par oui ou par non à cette question. L’objet de la présente étude doctorale est de contribuer à un débat passionnant, celui de la reconstruction du nouvel État libyen ; comme c’est le cas de tous les pays après des années de dictature et de crise et qui s’orientent vers la démocratie. Les présents travaux de recherche se proposent d’analyser le régime présidentiel et des obstacles liés à sa possible application en Libye ; un pays où le tribalisme joue encore un rôle déterminant dans la vie politique. En effet, faute d’entente nationale, de volonté politique, d’institutions politiques démocratiques et fortes, il n’est pas certain qu’un projet de transposition du régime présidentiel et de refonte des institutions politiques en Libye aboutisse. Cet échec est lié à des traditions historiques, économiques et sociales qui influent beaucoup sur l’opinion publique et tendent à promouvoir une forme de scepticisme quant à la transposition du régime présidentiel. Depuis son indépendance le 24 décembre 1951, la Libye, qui a débuté par une monarchie constitutionnelle, a traversé différents systèmes de gouvernement et différents régimes politiques. La monarchie a été adoptée en vertu de la Constitution mise en place par l'Assemblée nationale en octobre 1951. Le gouvernement a ensuite élaboré la Constitution en instituant un système fédéral, avec un territoire subdivisé en trois régions, Tripolitaine (Tripoli), Cyrénaïque (Barqa) et Fezzan jusqu'en 1963. La possibilité d’application du régime présidentiel en Libye laisse place à la réflexion, à la discussion et au débat ; cette thèse de doctorat les y encourage.

    Agathe Timmerman, L'évolution du statut juridique de l'enfant au Cambodge : cadrage international d'un statut traditionnel, thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Patrick Meunier, membres du jury : Arnaud Haquet (Rapp.), Fanny Vasseur-Lambry (Rapp.), Claire Brisset et Ramu de Bellescize    

    Trente ans après la signature des Accords de Paris, et depuis la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant par le Royaume du Cambodge en 1992, l’adoption de normes juridiques marquées par des influences étrangères ne cessent de croître. Ces normes véhiculent la vision occidentale du statut juridique de l’enfant. Elles se greffent sur d’autres normes, principalement hindoues et bouddhistes, préexistantes, de tradition orale et profondément enracinées dans le pays. Ces deux systèmes normatifs coexistent, et se confrontent autour de leurs visions opposées du statut juridique de l’enfant. Le système normatif traditionnel cambodgien, appréhende l’enfant en tant qu’objet de droit. Considérant l’enfant comme propriété de ses parents, ce système normatif privilégie les devoirs et la hiérarchie plutôt que les droits et laisse peu de place à l’autonomie et à l’émancipation. Cette conception de l’enfant objet de droit perdure et reste prépondérante au Cambodge. En matière familiale,les transferts de droits étrangers, en particulier le droit japonais et le droit français, ont réglementé le statut juridique de l’enfant en lui accordant la personnalité juridique mais aussi une protection contre les défaillances et négligences familiales et en réglementant son incapacité juridique. Certes sous l’influence de l’intégration de normes internationales, le statut traditionnel de l’enfant tend à s’estomper et à prendre les traits des standards internationaux. En effet, a l’instar du droit cambodgien en général,et depuis l’ouverture du Cambodge à la mondialisation, le droit relatif à l’enfant n’a pas échappé à son internationalisation. Ces normes internationales intégrées dans le droit interne appréhendent l’enfant en tant que sujet de droit. Il se voit alors attribuer des droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques. Toutefois, la reconnaissance effective de l’enfant sujet de droit au Cambodge est un échec car la situation des enfants cambodgiens reste fragilisée par des violations persistantes de leur droits et leur difficile mise en œuvre.

    Zouhaier Maallem, Les lois de finances et transition démocratique en Tunisie, thèse soutenue en 2021 à Université de Sousse Tunisie sous la direction de Xavier Vandendriessche et Lotfi Tarchouna, membres du jury : Jalila Bouzouita Rourou (Rapp.), Aurélien Baudu (Rapp.), Asma Ben Abdallah et Ramu de Bellescize    

    Les lois de finances ont occupé une place primordiale dans la transition démocratique. En effet, dans un cadre politique et juridique totalement rénové, la nouvelle constitution élaborée et adoptée démocratiquement, trace le cadre conceptuel et institutionnel de l’élaboration, l’exécution et le contrôle des lois de finances, désigne les acteurs compétents dans l’élaboration et le contrôle des politiques financières publiques. Laquelle constitution impose aussi une autre forme de régime politique, totalement différente de celle existante depuis des décennies. Cela a nécessité une sorte de réingénierie de la machine de l’État. Alourdies par une vision d’un État providence, les lois de finances ratent l’occasion d’engager un changement profond exigé par la transition démocratique. En alourdissant les endettements publics et augmentant significativement les dépenses de l’État, ces lois ne cessent de répondre à des besoins conjoncturels, visant à réaliser une justice sociale et territoriale, au détriment de la capacité financière des collectivités et de la soutenabilité budgétaire du budget de l’État. Cependant le manque d’une volonté de réformer l’ensemble, reste une grande lacune pour une mission de consolidation démocratique encore inachevée. En outre, la primauté du politique sur l’économique sociale et la spécificité politique de la transition démocratique tunisienne ont contribué à l’élaboration de politiques financières publiques imprédictibles, bien que des nouveaux principes et nouvelles règles constitutionnelles, imposent une logique managériale efficace et transparente. Cette thèse qui porte sur les lois de finances adoptées durant la transition démocratique conformément aux nouvelles exigences constitutionnelles, essaye d’envisager les manifestions et les raisons de l’échec des lois de finances adoptées depuis 2011 dans l’engagement d’un changement profond.

    Adrien Brochard, Une histoire du Tribunal des conflits : le Tribunal des conflits et la protection de l'administration, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Yves Gaudemet, membres du jury : Ramu de Bellescize, Camille Broyelle et Antoine Claeys      

    Le Tribunal des conflits a été créé pour trancher les conflits d’attribution qui, avant lui, étaient réglés par le Conseil d’Etat. Institution liée à l’arrivée de la justice déléguée et composée de membres des cours suprêmes de deux ordres juridictionnels, son rôle dans l’ordre juridique français pose question. S’agit-il d’un arbitre neutre entre les deux ordres de juridiction ou d’une institution intégrée au systyème institutionnel administratif ayant pour mission de protéger l’action administrative à travers la protection de la compétence du juge administratif ? La thèse démontre que le Tribunal des conflits a été créé comme un organe de protection de l’administration et que cette mission historique a perduré au-delà des évolutions que l’institution a connu. Si l’office du Tribunal des conflits a évolué au fil du temps, son rôle dans l’ordre juridique français est marqué par la continuité.

    Enrique Cruz Martinez, Le fédéralisme financier au Mexique, thèse soutenue en 2012 à Paris 2 sous la direction de Jean-Claude Martinez, membres du jury : Jacques Grosclaude (Rapp.), Xavier Badin, Ramu de Bellescize et Francisco Tortolero Cervantes      

    L’étude des institutions financières fédérales ont la plupart du temps, été l’objet de travaux de recherche portant sur des pays développés et plus particulièrement sur le système américain. Cependant, l’adoption et l’évolution du système fédéral par d’autres pays comme le Mexique, reste encore très peu connues. Ces dernières années, le système fédéral mexicain a suscité de nombreuses critiques de la part des gouvernements locaux, lesquels dénoncent un haut niveau de centralisation du pouvoir fiscal de la fédération. Ils plaident pour une reconfiguration du système où aurait lieu un véritable partage du pouvoir fiscal entre les trois niveaux gouvernementaux à savoir ; la fédération, les Etats fédérés et les municipalités. Néanmoins, des réformes ont été mises en place pour augmenter la décentralisation des ressources financières mais pas de la dévolution du pouvoir d’imposition. Un processus de centralisation gouvernemental qui semble s’installer progressivement depuis l’adoption du modèle fédéral, exige ainsi une reconsidération de son évolution. Le fédéralisme financier au Mexique est une thèse qui analyse non seulement la structure financière du pays, mais qui cherche aussi des réponses afin de comprendre quelles sont les causes et comment le système fédéral est devenu un fédéralisme centralisé. Quels sont les outils juridiques qui ont permis le fonctionnement de ce système fédéral en neutralisant l’autonomie locale et la concurrence entre les autorités gouvernementales? Pourquoi est-il difficile de changer de direction ou de concevoir une réforme de grande ampleur qui pourrait rénover les relations intergouvernementales? Les réponses à de tels questionnements nous amènent à une conception plus large et plus vaste que l’analyse juridique de la structure fédérale ne suffirait pas à expliquer même si celle-ci constitue la base légitime d’une telle organisation politique. En effet, il existe toute une organisation de relations formelles et informelles nées des relations du pouvoir qui mènent à un fonctionnement conflictuel, aggravé par une hétérogénéité régionale. Sous cette perspective, l’organisation institutionnelle de l’Etat est le résultat de plusieurs facteurs où les intérêts de groupes du pouvoir est indissociable de la pratique centralisée du fédéralisme, suivi d’une répétition de crises économiques et d’une tendance à contrôler depuis le centre la gestion publique nationale. Toutefois, dévoiler le fonctionnement de ce système fédéral n’est pas simplement dû à la multiplicité des facteurs qui interagissent dans sa conception. L’intérêt de notre recherche est justement d’interpréter le fonctionnement conflictuel du fédéralisme financier mexicain.