Eric de Mari

Professeur
Histoire du droit et des institutions.
Faculté de Droit et de Science politique

  • THESE

    La mise hors de la loi sous la Révolution française (19 Mars 1793-9 Thermidor An 2), soutenue en 1991 à Montpellier 1 sous la direction de Bernard Durand 

  • Eric de Mari, Éric de Mari, Dominique Taurisson-Mouret (dir.), L’empire de la propriété: L’impact environnemental de la norme en milieu contraint IIIExemples de droit colonial et analogies contemporaines, Victoires éditions, 2024, L'impact environnemental de la norme en milieu contraint, 299 p.  

    La propriété de type occidental n'innove pas aujourd'hui. Elle tient certes compte d'impacts environnementaux, cependant les techniques juridiques relèvent de la combinaison des acquis. Sur le fond, la dogmatique occidentale de la propriété poursuit sa conquête puisqu'on n'en a pas fini avec l'individualisation. L'Empire de la propriété persiste donc, s'adapte à des biens divers. Cet Empire s'avère tout aussi invasif aujourd'hui que hier puisque l'accès à la propriété légale pour tous demeurerait une des conditions essentielles de la prospérité (cf. les travaux de De Soto). Hier, le colonisateur s'est servi de la norme comme instrument de « forçage » de sa conception de la propriété. Aujourd'hui, ce forçage se poursuit dans le cadre de la mondialisation-globalisation. L'empire s'étend, faisant accroitre par effet contraire les résistances à son extension.Cet ouvrage très éclairant analyse le « forçage » conçu comme une porte d'entrée du modèle occidental en étudiant l'utilisation de normes, ainsi que les conséquences environnementales qui en résultent, puis évalue les résistances, les contradictions et les dépassements que ce forçage suscite.Le programme de recherche analyse, depuis la colonisation jusqu'à nos jours, les impacts du modèle occidental sur l'environnement (2012), l'animal (2014), les biens et plus particulièrement les biens fonciers (2015). Cette recherche est conduite depuis 2011 par l'équipe d'histoire du droit des colonies (HDC) au sein de l'UMR 5815 Dynamiques du droit de Montpellier. Dirigé par Éric de Mari, professeur d'histoire du droit, et Dominique Taurisson-Mouret, ingénieur de recherche CNRS

    Eric de Mari, Éric de Mari, Dominique Taurisson-Mouret, Fiscalité contre nature: L’impact environnemental de la norme en milieu contraint IVExemples de droit colonial et analogies contemporaines, ediSens et Cairn, 2024, Environnement  

    Il n'y a jamais eu, depuis l'époque coloniale, de véritable politique à long terme, pas plus que d'étude sur les contradictions évidentes entre formules de fiscalité directe ou indirecte et impacts sur l'environnement. Qui ne s'est pas étonné des contradictions de la politique fiscale avec les objectifs de préservation de l'environnement ? Tel avantage fiscal privilégie l'usage d'un carburant qui accroit la pollution des villes, tel système d'impôt, par exemple foncier, contribue ou non à la préservation des forêts, telle taxe sur les ordures ménagères modifie ou pas les comportements, sans parler des impacts controversés, sur l'économie et la nature, des droits de douane spécifiques à l'Outre-mer... On a en multiplié les solutions d'urgence ou d'opportunité, et laissé libre cours au traditionnel déferlement de normes qui accompagne les politiques de court terme. Si bien que jusqu'à aujourd'hui aucune étude de fond n'a fait le point sur les impacts de la fiscalité sur l'environnement, bien que le droit fiscal soit une force structurante de nos sociétés organisées. Cet ouvrage fait le point sur les causes de cet impact, ses modalités pratiques et ses conséquences effectives.Rassemblant des chercheurs et experts de spécialités diverses (droit public, droit privé, histoire du droit) et de disciplines différentes (historiens, géographes, anthropologues, économistes) ainsi que des acteurs (fonctionnaires de l'administration fiscale, militants de « l'environnement »), ce nouvel opus de la collection "Impact environnemental de la norme" met en perspective les problématiques actuelles et les replace dans une dynamique historique et géographique. Il compare l'impact de la norme fiscale sur l'environnement au cours de périodes et dans des situations où la notion même d'environnement n'existait pas (colonies, métropole avant le XIXe siècle), avec la période contemporaine où la notion existe tout en se transformant

    Eric de Mari, Rémy Cabrillac, Christophe Albiges, Marie-Sophie Bondon, Philippe Blacher [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2025, 16e éd., LexisNexis, 2024, 590 p.  

    Le droit constitue une science dont la rigueur repose sur la précision du langage. Un terme juridique employé à la place d'un autre, un terme du langage courant employé à la place du terme juridique approprié peuvent emporter des conséquences aussi fondamentales qu'indésirables. Avec plus de 4 300 entrées, ce Dictionnaire du vocabulaire juridique donne une définition claire et synthétique des mots spécifiques du droit afin de permettre aux étudiants d'accéder plus facilement à la compréhension de la matière. Toutes les matières enseignées de L1 à M1 font l'objet de définitions, qu’il s'agisse d'histoire du droit, de droit privé ou de droit public.

    Eric de Mari, Dominique Taurisson-Mouret, Éric de Mari (dir.), Ranger l’animal, L’impact environnemental de la norme en milieu contraint II : L’impact environnemental de la norme en milieu contraint IIExemples de droit colonial et analogies contemporaines, Victoires éditions, 2024, L'impact environnemental de la norme en milieu contraint, 328 p.  

    Le groupe d'Histoire du droit des colonies de Montpellier (HDC) poursuit sa réflexion sur l'impact de la norme en milieu contraint, considérant à la fois l'espace colonial français et ses analogies contemporaines. Après avoir porté un premier regard en 2011 sur la norme en matière d'environnement, il a rassemblé à nouveau plusieurs chercheurs de disciplines aussi différentes que le droit, l'histoire, la pharmacie ou la philosophie pour questionner cette fois l'emprise de la norme sur l'animal. Découvrir l'animal suppose de voyager dans l'espace et dans le temps, de traverser tous les continents, toutes les périodes (de la Grèce antique à aujourd'hui, en passant par l'époque coloniale). Partout et toujours, il apparaît qu'il échappe aux classifications dans lesquelles on cherche à le cantonner. De par sa nature même, l'animal dérange. D'ailleurs, en dépit - ou à cause - des 1 460 articles répartis dans 37 codes différents que le droit français lui a déjà consacrés, il se retrouve encore aujourd'hui au cœur de notre actualité juridique la plus récente. L'animal serait-il trop incertain pour pouvoir être rangé ? Il appartient en effet à nombre d'espèces qui se bousculent dans cet ouvrage : bovins, équidés, chiens, poissons... et maintenant primates non humains. Il répond à de multiples fonctions : animal de laboratoire, animal mis au travail, animal de guerre, animal de compagnie, animal produit de consommation... et se retrouve affublé d'une quantité de qualificatifs : sacralisé, errant, transcatégoriel... Et même un simple bœuf n'est peut-être pas qu'un bœuf ! Si l'animal n'était pas si compliqué, nous aurions réussi à le ranger. En réalité, qu'il soit « singulier-pluriel » « transcatégoriel » ou envisagé de manière singulière, l'animal demeure, comme le reste des choses auxquelles le droit l'associe, l'objet de l'opportunisme de l'homme habile à en tirer le meilleur parti, la plus grande utilité, l'utilité primant la nature. De fait, quel que soit l'appareil normatif qu'on invente pour lui - et cet ouvrage le montre brillamment -, l'animal finit toujours par révéler et finalement conjuguer nos pluralités, nos diversités, nos points de vue « à partir d'un point » où l'homme n'est jamais loin ou tout contre. Si l'animal dérange, l'homme est celui qui le range. Lequel des deux est-il alors le vrai facteur du désordre de l'ordre animal ? Éric de Mari, professeur d'histoire du droit, et Dominique Taurisson-Mouret, ingénieur de recherche CNRS, conduisent dans l'UMR « Dynamiques du droit » les recherches originales menées depuis plus de dix ans sur l'emprise du droit dans l'espace colonial français et ses conséquences sur les territoires ex-colonisés

    Eric de Mari, Dominique Taurisson-Mouret, Éric de Mari, L’impact environnemental de la norme en milieu contraint: Exemples de droit colonial et analogies contemporaines, Victoires Editions, 2024, 264 p.  

    Est-il utile aujourd'hui de porter un regard scientifique sur le passé de la norme en matière d'environnement ? La norme environnementale est-elle efficace ? Pour y répondre, le groupe d'Histoire du droit des colonies a choisi, ici, d'étudier les effets du droit aussi bien sur les terres et les hommes de l'espace colonial français (mise en ordre, modélisation, instrumentation), que de la métropole (héritage, expérience). Une démarche historique, comparatiste et transdisciplinaire a été élaborée afin d'analyser les principales problématiques dégagées : « écocide », antagonisme protection-exploitation, processus de résistance et d'adhésion des peuples et population, « indifférence » de la pensée économique à l'environnement, actualité du biopouvoir. Les auteurs ont ainsi cherché à combiner différentes approches méthodologiques, postes et focales d'observation. En arpentant l'Afrique, Madagascar, le Liban, la Guyane ou la France, territoires marqués par leur diversité, leur histoire et des statuts hétérogènes, ils ont nourri des études de cas et mis en résonnance un certain nombre de thèmes déterminants : construction, restructuration, fractionnement et soustraction de territoires (réserves intégrales, aménagement de l'espace métropolitain), protection et administration des ressources (droit forestier, droits de chasse et de l'eau), appréhension de l'altérité, Appropriation et « sécurisation » du foncier (système concessionnaire), influence des facteurs économiques sur la gestion des nuisances industrielles. Il faut espérer que cette expérience chorale, forte de ses premiers résultats, conduira ses lecteurs à s'interroger sur la capacité des hommes à produire un droit pour l'avenir car c'est aux frontières du temps, de l'espace et de l'esprit que celui-ci se recompose

    Eric de Mari, Rémy Cabrillac, Philippe Blacher, Séverine Cabrillac, Philippe Coursier [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2024, 15e éd., LexisNexis, 2023, 570 p.  

    Le droit constitue une science dont la rigueur repose sur la précision du langage. Un terme juridique employé à la place d'un autre, un terme du langage courant employé à la place du terme juridique approprié peuvent emporter des conséquences aussi fondamentales qu'indésirables. Avec plus de 4300 entrées, ce Dictionnaire du vocabulaire juridique donne une définition claire et synthétique des mots spécifiques du droit afin de permettre aux étudiants d'accéder plus facilement à la compréhension de la matière.Toutes les matières enseignées de L1 à M1 font l'objet de définitions, qu'il s'agisse d'histoire du droit, de droit privé ou de droit public. Cette quatorzième édition du dictionnaire a été complètement revue et augmentée de nouvelles entrées. Elle intègre les dernières évolutions du droit et notamment : La loi du 21 février 2022 et l'ordonnance du 5 octobre visant à réformer l'adoption, La loi du 21 mars 2022 visant à améliorer la protection des lanceurs d'alerte, L'ordonnance du 30 mars 2022 et le décret du 30 mars 2022 créant le Code pénitentiaire

    Eric de Mari, Rémy Cabrillac, Philippe Blacher, Séverine Cabrillac, Philippe Coursier [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2023, 14e éd., LexisNexis, 2022, 576 p.  

    Le droit constitue une science dont la rigueur repose sur la précision du langage. Un terme juridique employé à la place d'un autre, un terme du langage courant employé à la place du terme juridique approprié peuvent emporter des conséquences aussi fondamentales qu'indésirables. Avec plus de 4300 entrées, ce Dictionnaire du vocabulaire juridique donne une définition claire et synthétique des mots spécifiques du droit afin de permettre aux étudiants d'accéder plus facilement à la compréhension de la matière.Toutes les matières enseignées de L1 à M1 font l'objet de définitions, qu'il s'agisse d'histoire du droit, de droit privé ou de droit public. Cette quatorzième édition du dictionnaire a été complètement revue et augmentée de nouvelles entrées. Elle intègre les dernières évolutions du droit et notamment : l'ordonnance du 15 septembre 2021 portant réforme du droit des sûretés, la réforme des restructurations et insolvabilités modifiant le droit des entreprises en difficulté, la loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique

    Eric de Mari, Germain Sicard, Jean-Marie Augustin, Jean Bastier, Pierre Besses [et alii], Justice et politique: la Terreur dans la Révolution française, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, Presses de l'Université des sciences sociales de Toulouse et OpenEdition, 2021  

    Le Centre toulousain d'histoire du droit et des idées politiques crée un périodique scientifique, Études d'histoire du droit et des idées politiques, consacré en ses deux premiers numéros, au thème de la Justice ; il abordera, en troisième livraison, le thème, en vérité très neuf, Droit romain et droit public (de Rome au xxe siècle). Pour ce premier numéro qui apporte les actes d'un colloque, le professeur Germain Sicard a choisi de lancer, comme offre de travail, Justice et politique : la Terreur de 1793-1795. Malgré les recherches suscitées par le Bicentenaire, le lecteur observera combien notre apport est original et combien il invite à méditer sur Justice et Politique... La Révolution Française est inséparable de la Terreur, répression implacable contre les adversaires, les mécontents, les indifférents même. « Il faut gouverner par le fer ceux qui ne peuvent l'être par les lois », annonce Robespierre. Cet ensemble de processus répressifs, justifié par ses défenseurs au nom du Salut de la République, exécré comme « le règne des démons » par d'autres (L. de Bonald) n'a pas cessé, depuis des siècles, de susciter des jugements opposés. A l'occasion du « Bicentenaire », un colloque a réunit à l'Université des Sciences Sociales de Toulouse, de nombreux historiens, dont les contributions constituent le présent volume. Elles concernent le vécu de la Terreur dans différents départements, décrivant les acteurs, les situations, les procédures. Elles évoquent aussi les relations entre Terreur, idéologies politiques, circonstances coloniales. Les situations sont contrastées : depuis un département paisible (Aude) jusqu'aux fureurs atroces des massacres aux Îles, sur le terrain, la Terreur résulte de la conjonction de lois draconiennes, d'institutions de justice dévoyées, des mentalités des dirigeants locaux. La Terreur est volonté d'exclusion et d'élimination de ceux que les maîtres du jour croient dangereux

    Eric de Mari, Rémy Cabrillac, Philippe Blacher, Séverine Cabrillac, Philippe Coursier [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2022, 13e éd., LexisNexis, 2021, 568 p.  

    Le droit constitue une science dont la rigueur repose sur la précision du langage. Un terme juridique employé à la place d'un autre, un terme du langage courant employé à la place du terme juridique approprié peuvent emporter des conséquences aussi fondamentales qu'indésirables. Avec plus de 4300 entrées, ce Dictionnaire du vocabulaire juridique donne une définition claire et synthétique des mots spécifiques du droit afin de permettre aux étudiants d'accéder plus facilement à la compréhension de la matière.Toutes les matières enseignées de L1 à M1 font l'objet de définitions, qu'il s'agisse d'histoire du droit, de droit privé ou de droit public. Cette treizième édition du dictionnaire a été complètement revue et augmentée de nouvelles entrées. Elle intègre les dernières évolutions du droit et notamment : les lois de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2021, les textes concernant la gestion de la crise sanitaire liée au Coronavirus, le Brexit

    Eric de Mari, Rémy Cabrillac, Christophe Albiges, Philippe Blachèr, Séverine Cabrillac [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2021, 12e éd., LexisNexis, 2020, 552 p. 

    Eric de Mari, Éric de Mari, Dominique Taurisson-Mouret (dir.), Fiscalité contre nature: exemples de droit colonial et analogies contemporaines, EdiSens, 2020, L'impact environnemental de la norme en milieu contraint, 246 p.  

    Le point sur l'impact de la fiscalité sur l'environnement ou l'incohérence et l'inconstance des politiques publiques : contradictions, urgences, causes et effets l n'y a jamais eu, depuis l'époque coloniale, de véritable politique à long terme, pas plus que d'étude sur les contradictions évidentes entre formules de fiscalité directe ou indirecte et impacts sur l'environnement. Qui ne s'est pas étonné des contradictions de la politique fiscale avec les objectifs de préservation de l'environnement ? Tel avantage fiscal privilégie l'usage d'un carburant qui accroit la pollution des villes, tel système d'impôt, par exemple foncier, contribue ou non à la préservation des forêts, telle taxe sur les ordures ménagères modifie ou pas les comportements, sans parler des impacts controversés, sur l'économie et la nature, des droits de douane spécifiques à l'Outre-mer...On a en multiplié les solutions d'urgence ou d'opportunité, et laissé libre cours au traditionnel déferlement de normes qui accompagne les politiques de court terme. Si bien que jusqu'à aujourd'hui aucune étude de fond n'a fait le point sur les impacts de la fiscalité sur l'environnement, bien que le droit fiscal soit une force structurante de nos sociétés organisées. Cet ouvrage fait le point sur les causes de cet impact, ses modalités pratiques et ses conséquences effectives.Rassemblant des chercheurs et experts de spécialités diverses (droit public, droit privé, histoire du droit) et de disciplines différentes (historiens, géographes, anthropologues, économistes) ainsi que des acteurs (fonctionnaires de l'administration fiscale, militants de " l'environnement "), ce nouvel opus de la collection "Impact environnemental de la norme" met en perspective les problématiques actuelles et les replace Idans une dynamique historique et géographique.Il compare l'impact de la norme fiscale sur l'environnement au cours de périodes et dans des situations où la notion même d'environnement n'existait pas (colonies, métropole avant le XIXe siècle), avec la période contemporaine où la notion existe tout en se transformant

    Eric de Mari, Éric de Mari, Éric Wenzel (dir.), La magistrature ultramarine au temps du Premier Empire colonial (1500-1800): statuts, carrières, influences, Éditions universitaires de Dijon, 2020, Histoires, 184 p. 

    Eric de Mari, Eric Savarese, Éric de Mari (dir.), La fabrique coloniale du citoyen. Algérie, Nouvelle Calédonie: Algérie, Nouvelle-Calédonie, Karthala - Collection : Hommes et sociétés, 2019, Hommes et sociétés, 194 p.   

    "Si l'exclusion des indigènes de la participation politique dans le monde colonial est aujourd'hui largement connue et expliquée, nous en savons par contre bien moins sur l'accession des populations issues du peuplement des colonies au statut de citoyens, et dans quels contextes et conditions, ils ont su développer un sentiment d'appartenance à l'État-nation, fût-il colonial. C'est cet angle-mort de la connaissance sur l'époque coloniale que cet ouvrage prétend éclairer. Comprendre, à partir des deux cas exemplaires de colonies de peuplement françaises que furent l'Algérie et la Nouvelle-Calédonie, comment les Français d'Algérie et les Caldoches sont devenus citoyens. Pour cela, cette étude revient sur les classifications juridiques produites au sein de l'État colonisateur (ethniques ou confessionnelles) et réfléchit à leurs sens pour identifier les populations. Cette démarche implique de repenser la sociologie historique de la citoyenneté en contexte colonial. En effet, tandis qu'en métropole l'apprentissage de la citoyenneté repose sur la promotion d'une participation politique individuelle, libre, éclairée et coupée des solidarités locales, sur le terrain algérien ou néocalédonien, les Français citoyens accèdent à la participation politique par le biais de leur appartenance à des groupes particularisés, et en concurrence avec d'autres dans des sociétés largement ethnicisées et/ou racialisées. Dans ces conditions, si le projet des colonies de peuplement reste la dissolution de la question indigène, le passage à la modernité politique et à la citoyenneté électorale s'y réalise loin de l'universalisme et de l'individualisme républicain valorisés en métropole. L'apport de ce livre est de mettre en exergue ces évolutions paradoxales de la « fabrique coloniale du citoyen » par rapport à celle de la métropole."

    Eric de Mari, Rémy Cabrillac, Christophe Albiges, Philippe Blacher, Séverine Cabrillac [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2020, 11e éd., LexisNexis, 2019, 552 p. 

    Eric de Mari, Frédéric Régent, Jean-François Niort, Pierre Serna, Pierre Henri Boulle [et alii], Les colonies, la Révolution française, la loi, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019  

    Depuis près de quatre siècles que la France possède des colonies ou des territoires d'Outre-Mer, elle a toujours hésité, pour ce qui concerne leur statut et leur législation, entre deux principes contradictoires, celui de l'assimilation et celui de la spécificité. La question se pose dès Colbert et n'est toujours pas tranchée aujourd'hui. Comment la Révolution française a-t-elle pris en considération la question de la législation des colonies ? S'il y a un maintien de la spécificité législative sous l'Assemblée constituante, à partir de la loi de 1792 instituant l'égalité politique entre les blancs et les libres de couleur, les assemblées dirigeant la France adoptent une législation révolutionnaire radicalement nouvelle dans les colonies. Cette période est marquée par la première abolition de l'esclavage, en 1794, et l'adoption, en 1795, d'une constitution transformant les colonies en départements. Ces avancées décisives permettent à l'outre-mer français d'être régi selon le principe de l'identité législative avec les départements de la France situés en Europe, nouveauté impensable quelques années plus tôt. Toutefois, d'une part, cette législation radicale connaît une application contrastée selon les colonies, et d'autre part, après le coup d'État de Bonaparte, la Constitution de 1799 remet en place le système de la spécialité législative. Une réaction coloniale s'opère et aboutit, en 1802-1803, au rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe et en Guyane. Saint-Domingue y échappe par la lutte et proclame son indépendance, sous le nom d'Haïti, le 1er janvier 1804. La positivité des lois révolutionnaires, uniques en leur temps, a permis des avancées déterminantes dans le statut des libres de couleur et des esclaves, malgré un climat de violence lié à des guerres civiles et à un conflit international majeur. L'influence de la loi révolutionnaire se fait sentir également dans les colonies des autres puissances européennes, mais aussi dans les débats précédant la seconde abolition de l'esclavage. Ces avancées légales constituent encore le socle des luttes actuelles pour la liberté, l'égalité et la fraternité

    Eric de Mari, Éric Savarese, Éric de Mari (dir.), La fabrique coloniale du citoyen: Algérie, Nouvelle-Calédonie, Édition Karthala et Cyberlibris, 2019  

    "Si l'exclusion des indigènes de la participation politique dans le monde colonial est aujourd'hui largement connue et expliquée, nous en savons par contre bien moins sur l'accession des populations issues du peuplement des colonies au statut de citoyens, et dans quels contextes et conditions, ils ont su développer un sentiment d'appartenance à l'État-nation, fût-il colonial. C'est cet angle-mort de la connaissance sur l'époque coloniale que cet ouvrage prétend éclairer. Comprendre, à partir des deux cas exemplaires de colonies de peuplement françaises que furent l'Algérie et la Nouvelle-Calédonie, comment les Français d'Algérie et les Caldoches sont devenus citoyens. Pour cela, cette étude revient sur les classifications juridiques produites au sein de l'État colonisateur (ethniques ou confessionnelles) et réfléchit à leurs sens pour identifier les populations. Cette démarche implique de repenser la sociologie historique de la citoyenneté en contexte colonial. En effet, tandis qu'en métropole l'apprentissage de la citoyenneté repose sur la promotion d'une participation politique individuelle, libre, éclairée et coupée des solidarités locales, sur le terrain algérien ou néocalédonien, les Français citoyens accèdent à la participation politique par le biais de leur appartenance à des groupes particularisés, et en concurrence avec d'autres dans des sociétés largement ethnicisées et/ou racialisées. Dans ces conditions, si le projet des colonies de peuplement reste la dissolution de la question indigène, le passage à la modernité politique et à la citoyenneté électorale s'y réalise loin de l'universalisme et de l'individualisme républicain valorisés en métropole. L'apport de ce livre est de mettre en exergue ces évolutions paradoxales de la « fabrique coloniale du citoyen » par rapport à celle de la métropole

    Eric de Mari, Eric Wenzel, Éric de Mari (dir.), Les Justices d'exception dans les colonies (XVIe-XXe siècle). La balance déséquilibrée de Thémis ultramarine: la balance déséquilibrée de Thémis ultramarine, Éditions universitaires de Dijon, 2018, Histoires, 238 p. 

    Eric de Mari, Christophe Albiges, Philippe Blacher, Séverine Cabrillac, Philippe Coursier [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2019, 10e éd., LexisNexis, 2018, 531 p. 

    Eric de Mari, Christophe Albiges, Rémy Cabrillac, Philippe Blachèr, Séverine Cabrillac [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2018, 9e éd., LexisNexis, 2017, 530 p. 

    Eric de Mari, Christophe Albiges, Philippe Blacher, Rémy Cabrillac, Séverine Cabrillac [et alii], Dictionnaire du vocabulaire juridique 2017, 8e éd., LexisNexis, 2016, 568 p. 

    Eric de Mari, Eric Wenzel, Éric de Mari (dir.), Adapter le droit et rendre la justice aux colonies. Thémis Outre-mer (XVIe-XIXe siècle): Thémis outre-mer (XVIe-XIXe siècle), Éditions universitaires de Dijon, 2015, Histoires, 246 p. 

    Eric de Mari, Éric de Mari, La mise hors de la loi sous la révolution française, 19 mars 1793-an III: une étude juridictionnelle et institutionnelle, LGDJ-Lextenso éditions, 2015, Bibliothèque d'histoire du droit et droit romain, 598 p.  

    Voici une thèse enfin publiée sur un sujet particulièrement sensible pour l'histoire de France : celui de la répression politique sous la Terreur pendant la Révolution française. La Mise hors de la loi, ici minutieusement enquêtée, est un ensemble de mesures qui du printemps 1793 à l'été 1794, pour l'essentiel, permit la répression de 22 000 citoyens devenus Hors la loi» et la condamnation à mort de 13 000 d'entre eux. Sur la base de volumineuses sources d'archives (plus de 80 dépôts d'archives ont été exploités), un bilan est tiré sur une répression, ici essentiellement locale. Dans une France encore mal connue hors de sa capitale, les ressorts de la Terreur judiciaire et d'un droit révolutionnaire d'exception frappent en dehors de la loi une masse de contre-révolutionnaires ou qualifiés comme tels : émigrés, prêtres réfractaires, opposants politiques, rebelles, émeutiers et tant d'autres. Quelle est la part du droit dans la violence judiciaire ? Quel fut le rôle des juges dans cette histoire mortifère ? Quelles traces nous laissent pour l'avenir ces pratiques juridiques ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre ce travail.

    Eric de Mari, Angéline Lerooy, Jacques Lorgnier, Jean Bart, Jacques Bouveresse [et alii], La Révolution, Centre d'histoire judiciaire, 2001, 193 p. 

    Eric de Mari, Éric de Mari, Bernard Durand, La mise hors de la loi sous la Révolution française (19 Mars 1793-9 Thermidor An 2),, 1991, 678 p.  

    La mise hors de la loi est l'institution qui fonde l'essentiel de la répression judiciaire contre-révolutionnaire dans les départements français sous la Terreur (19 mars 1793 - 9 thermidor an II). Les origines sont discutées mais restent liées aux circonstances révolutionnaires. Elle se développe à partir de mars 1793 après le déclenchement de la guerre civile. Elle ouvre et guide un contentieux encore modéré jusqu'à l'automne 1793. La procédure utilisée par les juges, la qualification des infractions et les peines utilisées laissent une large place à l'improvisation à partir de l'automne 1793, d'octobre et novembre notamment, la mise hors de la loi forme un contentieux inégale jusqu'alors. Elle permet aux juges de tempérer par l'arbitraire des procédés d'élimination massifs, sans les écarter uniformément, puisque cette mesure très souple peut aussi les justifier (environ 13 000 exécutions). Ambigüe, paradoxale, cette arme répressive, profondément jacobine, est remise en cause par le comité de salut public à partir de floréal an II. Etouffée par la centralisation de la répression, elle ne résiste pas à la chute de Robespierre malgré quelques survivances, dénaturées, jusqu'à l'an VIII.

    Eric de Mari, Éric de Mari, Le Tribunal criminel de Seine Inférieure (Frimaire an II - Nivose an III), 1983 

  • Eric de Mari, Florence Renucci, « « Dépasser les frontières, Déplacer le regard. Les enjeux de l’histoire du droit et des institutions coloniales dans les facultés de droit » », in Jacques Krynen, Bernard d'Altetroche (dir.), L’Histoire du droit en France. Nouvelles tendances, nouveaux territoires, Classiques Garnier, 2014 

    Eric de Mari, Eric Vindimian, Sigrid Aubert, Aliénor Bertrand, « Connaissances et acteurs : deux clés de la norme environnementale », L'IMPACT DE LA NORME ENVIRONNEMENTALE EN MILIEU CONTRAINT, Victoires Editions, 2012, pp. 16-90  

  • Eric de Mari, préface à Éric Wenzel, La Grenade française et ses institutions coloniales aux XVIIe et XVIIIe siècles: entre échanges et dépendance, L'Harmattan, 2020, 268 p.   

    Cet ouvrage analyse la gouvernance et l'administration de cette petite colonie à l'époque moderne. Centrée sur le système général des Antilles françaises et sur les grandes îles comme Saint-Domingue, la recherche historique a négligé les petits espaces ultramarins. Or, ceux-ci possèdent d'évidentes singularités : à la Grenade, les gouverneurs particuliers, chargés de tâches principalement militaires, doivent aussi y assurer l'essor économique et démographique. Tribunaux et magistrats participent également de l'ordre colonial, au point de s'opposer parfois aux riches et puissants planteurs, mais aussi aux autorités royales. La Grenade, longtemps dépendante de la Martinique, est intégrée à un réseau d'échanges qui englobe les colonies françaises de l'espace atlantique, de la Nouvelle-France à la Guyane.

    Eric de Mari, préface à Amar Laidani, Le droit coutumier kabyle pendant la colonisation française, Institut des usages, 2020, Collection Droit des usages, 524 p. 

  • Eric de Mari, « Assurance et colonisation », le 27 mai 2024  

    Colloque international organisé par La Chaire "Assurance et société" de l'IRJS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avec l'Institut des assurances de Paris (IAP Paris-Sorbonne) sous la direction scientifique de Charlotte Broussy, MCF en Histoire du droit et des institutions à l'Université de Montpellier ; Raymond Dartevelle, Directeur scientifique de la chaire "Assurance et Société" à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Jonas Knetsch, Professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

    Eric de Mari, « La terre au-delà des mers (situations coloniale et postcoloniale) », le 07 septembre 2023  

    Colloque organisé par l'IHD - Institut d’Histoire du Droit, Université de Poitiers sous la direction scientifique de Eric Gojosso, Professeur d’Histoire du droit à l’Université de Poitiers, Directeur de l’Institut d’Histoire du droit

    Eric de Mari, « Les usages devant la Cour de cassation », le 22 juin 2023  

    Colloque organisé à la Cour de cassation sous la direction scientifique de Pierre Mousseron, Pr. à l’Université de Montpellier, Président de l'Institut des usages, et Gustavo Cerqueira, Pr. à l’Université Côte d’Azur.

    Eric de Mari, « Souveraineté et peine de mort », le 22 janvier 2021  

    Ce colloque est construit autour de 4 paires d’intervenants : 2 romanistes, 2 historiens du droit, 2 publicistes et 2 pénalistes. A chaque fois, il s’agira de confronter les savoirs disciplinaires et de les enrichir mutuellement par des débats.

    Eric de Mari, « Le droit comparé des pays de succession coloniale française, quelle place pour l’historien du droit ? », le 18 septembre 2020  

    Rencontre organisée par l’Axe « Normes » et « Droit Comparé » du Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées (CRESEM) - EA 7397 UPVD, en partenariat avec le Labex Archimède.

    Eric de Mari, « Régimes dynastiques et modernité politique », le 07 novembre 2019  

    Séminaire organisé par Pierre BONIN, professeur d’histoire du droit à l’Ecole de droit de la Sorbonne-Université Paris 1, et Fanny COSANDEY, directrice d’études à l'EHESS

    Eric de Mari, « Imposer - S'imposer. Impacts environnementaux de la norme en milieu contraint IV », le 04 avril 2019  

    Journées d'étude organisées par Eric de Mari et Dominique Taurisson-Mouret, UMR 5815 Dynamiques du droit et présidées par Florent Garnier, Université de Toulouse Capitole.

    Eric de Mari, « Écrire la République et appliquer la loi durant le Directoire », le 27 février 2019  

    Séminaire doctoral (S2) de l’Institut d’histoire de la Révolution Française (IHRF-IHMC) organisé sous la direction de Samuel Gibiat, Pierre Serna, Virginie Martin et Yann-Arzel Durelle-Marc

    Eric de Mari, « La magistrature ultramarine aux temps du Premier Empire colonial (vers 1500-1800) », le 14 décembre 2018  

    « Thémis Outre-mer III ». Journée d'étude organisée par Éric Wenzel et Éric de Mari

    Eric de Mari, « La nature comme norme », le 18 octobre 2018 

    Eric de Mari, « La notion de racisme à l’épreuve des sciences », le 23 mars 2018  

    Organisée dans le cadre de la Semaine nationale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme

    Eric de Mari, « Des plantes et du droit. Approches juridiques de l’environnement végétal », le 22 juin 2017  

    Organisée par Éric de Mari (Université de Montpellier) et David Gilles (Université de Sherbrooke)

    Eric de Mari, « Les ressorts de l'extraordinaire. Police et justice dans la fabrique de l'exception », le 30 mars 2017  

    Colloque organisé par le CTHDIP

    Eric de Mari, « Séminaire du Master 2 Histoire et Anthropologie juridiques comparées », le 01 février 2017  

    Organisées par le CHAD et Paris Nanterre Université, ces communications prendront place dans le cadre du Master 2 de Droit - Histoire et Anthropologie juridiques comparées

    Eric de Mari, « Justices spécialisées, justices d’exception dans les espaces coloniaux (XVIe-XIXe siècles) », le 16 décembre 2016  

    Journée d’études « Thémis Outre-mer II », organisée par Éric Wenzel, Univ. Avignon et Éric de Mari, UMR 5815 Dynamiques du droit –Groupe Histoire du droit des colonies

    Eric de Mari, « Lanceurs d’alerte : innovation juridique ou symptôme social ? », le 23 juin 2016  

    Colloque organisé par l'UMR Dynamiques du Droit, sous la responsabilité de Mme le Professeur Marie-Christine Sordino

    Eric de Mari, « L’Histoire du droit en France. Nouvelles tendances, nouveaux territoires », le 28 janvier 2013 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Abdramane Traoré, Les coutumes et la justice indigène au Soudan français (1892-1946), thèse soutenue en 2021 à Montpellier sous la direction de Éric de Mari, membres du jury : Florence Renucci (Rapp.), Éric Gasparini (Rapp.), Marc Ortolani   

    Fruit d’une recherche basée essentiellement sur des archives coloniales, cette étude s’est donnée pour mission de mieux comprendre, à travers des exemples concrets, le sort réservé aux coutumes dans la colonie du Soudan français entre 1892 (date de sa création) et 1946 (date de la fin de la justice indigène). Il s’agit alors de déterminer dans quelles proportions ces coutumes ont pu être altérées et d’analyser quels ont été les processus mis en place pour y parvenir. Le colonisateur français a initialement proclamé le principe du respect des coutumes indigènes : dans ses interdits, il se limite alors à des coutumes dont la seule pensée provoque l’exécration de l’européen ; c’est-à-dire celles qui s’opposent frontalement au respect de la vie, de la liberté et de la dignité des individus. Il oscille entre un souhait d’afficher une modération de son empreinte et une dynamique d’acculturation juridique. La justice indigène, considérée comme l’un des meilleurs moyens pouvant conduire les indigènes à un niveau de civilisation jugé supérieur, intègre alors progressivement les règles du droit métropolitain tout en tenant compte d’une certaine « mentalité primitive » des autochtones. Par la suite, l’autorité coloniale s’autorise un lent et complexe processus de mise en forme des coutumes indigènes tendant progressivement vers une intégration des principes essentiels de la civilisation française. Ce processus est également étroitement lié aux circonstances et intérêts en cause. L’activité des juridictions indigènes a donc constitué un élément déterminant dans cette continuelle et longue transformation.

    Adrien Hurtado, L'étude de Droits dynastiques, thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Éric de Mari et Daniel Mainguy   

    Le Droit dynastique

    Kervens Valcin, Le contentieux de la propriété foncière en Haïti à partir de 1804, thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Éric de Mari   

    La question de la propriété foncière en Haïti présente depuis longtemps une grande complexité qui nécessite la mise en place d'un système judiciaire capable de prendre de bonnes décisions dans le règlement des litiges fonciers. En effet, la Révolution haïtienne de 1804 n'a pas mis fin aux pratiques discriminatoires qui sévissaient dans la colonie en ce qui concerne la répartition foncière. Après l'indépendance le 1er janvier 1804, Haïti a reproduit le même modèle du système colonial basé sur la répartition inégale des terres. Ce qui a provoqué des conflits entre les deux classes sociales, les Anciens libres et les Nouveaux libres, qui étaient unies autrefois pour lutter contre les colons. D'une part, les Anciens libres (Affranchis et mulâtres) s'accaparent de toutes les terres laissées par les colons en prétextant qu'elles appartiennent à leurs parents et d'autre part, les Nouveaux libres (Noirs) voulaient aussi accéder à la propriété foncière et manifestaient leur hostilité à la reconstitution du modèle de la grande propriété coloniale et au travail forcé. Alors, tout au cours de l'histoire d'Haïti, la classe pauvre était toujours dépourvue de terre et la pratique d'accès à la propriété foncière reste la spoliation, l'invasion des grandes propriétés. En ce sens, Haïti a connu des conflits fonciers récurrents. Malgré cette situation, les autorités publiques n'ont pas pu prendre leur responsabilité vis-à-vis des couches les plus vulnérables économiquement et socialement. D'un côté, la législation haïtienne reste limitée en ce qui concerne le foncier. De l'autre côté, le système judiciaire se trouve dans la difficulté de trancher rapidement et efficacement les conflits fonciers et les institutions de sécurisation foncière sont presque dysfonctionnelles.

    Amar Laidani, Le droit coutumier kabyle pendant la colonisation française, thèse soutenue en 2019 à Montpellier sous la direction de Éric de Mari et Bjarne Melkevik, membres du jury : Marc Ortolani (Rapp.), Éric Gasparini (Rapp.), Francesco Cavatorta (Rapp.), Pierre Mousseron   

    Notre thèse a comme sujet l’analyse des phénomènes de la codification et la réforme des coutumes kabyles qui ont eu lieu pendant la colonisation française.La « codification » et la « réforme » sont deux éléments clés du droit colonial du Second Empire colonial français. Le droit coutumier kabyle a été le résultat d’une codification des coutumes kabyles qui a été menée par un militaire, Adolphe Hanoteau, et un magistrat, Aristide Letourneux. Cette codification a pris la forme d’un ouvrage en trois volumes, intitulé La Kabylie et les coutumes kabyles. Ce droit coutumier a été officiellement reconnu par la législation coloniale française par le biais de l’article 2 du décret du 29 août 1874. Cette reconnaissance officielle des coutumes kabyles a eu comme effet la création d’un statut juridique particulier de droit privé, celui de l’indigène musulman régi par le droit coutumier kabyle.Les coutumes kabyles codifiées par le régime militaire ont été par la suite réformées par le régime civil. La première coutume à avoir été réformée a été celle de la chefaa (retrait successoral), suivie par la tutelle des mineurs kabyles par le biais du décret de 01 juin 1902 et par les coutumes kabyles en matière de matière de divorce et droit successoraux des femmes kabyles à travers les décrets du 2 et du 19 mai 1931.Notre thèse s’articule autour de deux parties. Dans la première partie, nous avons décrit les raisons qui ont été à l’origine de la codification des coutumes kabyles. Nous nous sommes concentrés sur la politique menée par les Bureaux Arabes en Kabylie et sur la manière dont les coutumes kabyles ont été rédigées dans l’ouvrage d’Hanoteau et Letourneux, intitulé La Kabylie et les coutumes kabyles. Dans la deuxième partie de la thèse, nous nous sommes penchés sur la période du régime civil (1871-1931) et sur la jurisprudence ainsi que sur la législation qui ont réformé les coutumes kabyles en matière de chefaa, de tutelle des mineurs et de statut des femmes.Un chapitre final est dédié à l’analyse de l’héritage postcolonial du droit colonial français appliqué en Algérie au sein du droit algérien durant les années 1962-1975 ainsi qu’au sein de l’actuel droit français d’Outre-mer à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.

    Ali Soirfane, Sécurisation juridique de la propriété simultanée , thèse en cours depuis 2017 en co-direction avec Sigrid Aubert et Éric de Mari   

    Titre Sécurisation juridique de la propriété simultanée : le cas d’Anjouan, Comores Résumé La terre, à Anjouan (Comores), constitue la première source de revenus pour plus de 80% de la population. Plus de 30% des surfaces terrestres sont occupées simultanément par leurs propriétaires légalement reconnus et par d’autres usagers (« propriété simultanée »). Des conflits apparaissent : l’Etat met l’accent sur le droit moderne au détriment des autres considérations juridiques. Cela rend les décisions rendues inapplicables. Face à ce problème, les différentes parties prenantes adoptent une solution alternative : les « communs ». Si ces derniers sont fonctionnels, les ayants droit aux ressources partagées ressentent le besoin d’être sécurisé juridiquement. Des procédures visant cet objectif sont expérimentées sur l’île de Mohéli, mais n’ont pas encore été envisagées sur l’ile autonome d’Anjouan. Dans ce contexte, la question principale de la thèse est la suivante : Comment sécuriser les propriétaires fonciers et les autres ayants droits impliqués dans la « propriété simultanée » sur l’île d’Anjouan ? Nous avançons comme hypothèse que la sécurisation juridique de la propriété foncière simultanée passe par la production d’actes juridiques écrits, établis au terme d’une procédure ou d’une démarche standard qui reste à imaginer même si l’on sait par ailleurs que cette dernière implique nécessairement l’ensemble des acteurs du territoire y compris l’administration judiciaire et fiscale (tant en amont qu’en aval de la procédure). La thèse entend donc répondre à un besoin de sécurisation juridique spontanément exprimé par la population d’Anjouan et à des exigences liées à des nouveaux défis d’ordre social et environnemental. Pour ce faire, différentes activités sont envisagées : Faire un état des lieux de la jurisprudence comorienne dans le but de voir si le juge comorien est hostile à l’innovation qui ne reproduit pas les canons du droit ou si au contraire il est imaginatif face à la complexité des réalités du terrain. Examiner dans quelle mesure une attitude plus constructive du juge peut être favorisée. Faire un état des lieux des procédures fiscales et parafiscales mobilisées par les procédures liées au maintien et à la transmission des biens immobiliers. Produire des analyses susceptibles de contribuer à : a) mettre en place des normes adaptées aux réalités comoriennes ; b) aider l’Etat à assurer une de ses fonctions essentielles : la sécurisation des biens des personnes et de garantir le droit de propriété ; c) prévenir la dégénérescence des conflits et éviter la dégradation de l’environnement terrestre. L’approche se focalisera sur le Droit des Biens immobiliers. Elle privilégiera la dimension historique afin de restituer les enjeux des influences provenant du droit français et du droit musulman au sein de l’ordre juridique comorien.

  • Sarah Rahouadj, L’accès à la citoyenneté française des indigènes de l’Afrique Occidentale Française et de l’Afrique Équatoriale Française sous la Troisième République (1870-1939), thèse soutenue en 2021 à AixMarseille sous la direction de Éric Gasparini et Christian Bruschi, membres du jury : Sébastien Le Gal (Rapp.), Éric Gojosso (Rapp.), Éric de Mari et Isabelle Merle   

    Le second empire colonial et la colonisation par la France de l’Afrique subsaharienne coïncident presque parfaitement avec la Troisième République à qui s'est posée la question du statut juridique qu’elle devait assigner à ces populations placées sous sa domination. La France a alors créé un statut juridique sur mesure pour les indigènes de ses colonies. Toutefois, ce dernier n’a pas été totalement hermétique à celui des français de la métropole et des colons puisque la puissance coloniale française a entr’ouvert la porte de la communauté des citoyens pour ses indigènes. Nous avons pu formuler un état des lieux de l’accession à la citoyenneté en AOF et en AEF entre 1870 et 1939. La spécificité de cet accès repose sur deux critères qui ont largement différencié les indigènes noirs de ceux du reste de l’Empire. Tout d’abord, leur couleur de peau a constitué une barrière s’appuyant sur des postulats scientifiques. En second lieu, la religion, la culture et les moeurs d’Afrique subsaharienne, bien que multiples, ont constitués pour l’Administration coloniale autant de facteurs empêchant le rapprochement des civilisations. L’accession à la citoyenneté supposait alors l’abandon d’une partie de cette culture indigène et l’adoption pour le postulant de la civilisation et du mode de vie occidental. Néanmoins, la procédure administrative compliquée et discrétionnaire de l’Administration coloniale ne permettra pas l’accès massif des indigènes à la qualité de citoyen. l’accès à la citoyenneté des indigènes noirs éclaire plusieurs aspects de la place qu’ont occupé les indigènes sujets français noirs dans l’histoire du droit colonial français

    Charles Soh Mouafo, La réclamation de la nationalité française par les ressortissants des anciennes colonies : les cas du Sénégal et de l'Algerie, thèse soutenue en 2020 à université ParisSaclay sous la direction de Olivier Le Cour Grandmaison, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.), Claire Brice-Delajoux et Catherine Teitgen-Colly   

    La colonisation française a été marquée par la distinction entre le colonisateur et le colonisé. Cette distinction est fortement influencée par le droit de la nationalité. ce dernier met en évidence les notions de sujet français et citoyen français. Tous sont de nationalité française, mais pour les sujets français, la nationalité française est vidée d'une partie de son sens et ils sont donc privés de citoyenneté. Des mécanismes sont mis sur pied pour leur permettre d'accéder à la citoyenneté française. Cette accession à la citoyenneté française est considérée comme une récompense à l'assimilation au mode de vie français.Cette distinction est entretenue tout au long de la colonisation, à des degrés différents selon les territoires. En Algérie, alors que la distinction vis à vis de l'accession à la citoyenneté française est faite entre les musulmans et les juifs, au Sénégal cette distinction est faite entre les territoires et non les personnes.A partir de 1946, tous les sujets français accèdent à la citoyenneté. Dès lors, la distinction entre sujet français et citoyen français n'a plus d'intérêt. Pour autant, la distinction entre ces deux catégories de personnes ne disparaît pas. Elle se déplace sur le seul terrain de la citoyenneté. on distingue désormais les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil de droit local.C'est sur la base de cette distinction et sur celle de l'origine des personnes que la nationalité française sera maintenue ou pas à l'indépendance de l'Algérie et du Sénégal.L'indépendance de ces anciens territoires français a soulevé un problème de nationalité, qui a été résolu unilatéralement par la France, par le biais de deux textes majeurs; qui fondent la réclamation judiciaire de la nationalité française par les anciens colonisés. Un contentieux important de réclamation de la nationalité française est introduit par les ressortissants de ces territoires.

    Clémentine Lacrotte, La piraterie et le droit international : (fin XVe siècle - XVIIIe siècle), thèse soutenue en 2017 à Montpellier sous la direction de Nicolas Leroy, membres du jury : Martine Acerra (Rapp.), Laurent Reverso (Rapp.), Éric de Mari   

    La piraterie est un phénomène international depuis l'Antiquité. Sa répression a fait l'objet de différentes mesures de la part des États. Mais c'est du XVe au XVIIIe siècle que cette infraction a été reconnue comme crime international. La découverte du Nouveau Monde, le commerce et les profits qu'il a engendrés ont poussé les nations à prendre fait et cause contre « l'ennemi du genre humain ».Ainsi, les nations sont parvenues à mettre en place une définition commune puis à mettre en œuvre des instruments juridiques parachevant la compétence universelle. Ainsi définie, cette dernière permet à n'importe quel État de poursuivre et d'arrêter les pirates sans considération de naturalité et les autorise à les ramener dans leur pays pour qu'ils soient jugés selon leur droit interne. Cette répression particulière tient aux différents éléments constitutifs de l'infraction ainsi qu'au besoin d'efficacité de la répression.L'étude de la répression de la piraterie aux Caraïbes entre les XVe au XVIIIe siècles permet de comprendre la création de ce mécanisme particulier, d'en saisir les enjeux et les contours et d'appréhender plus facilement un mécanisme international encore exploité aujourd'hui.

    Benjamin Berenguer, L'argument environnemental en droit du marché, thèse soutenue en 2015 à Montpellier sous la direction de Malo Depincé, membres du jury : Linda Arcelin (Rapp.), Mathilde Hautereau-Boutonnet (Rapp.), Éric de Mari et Daniel Mainguy   

    Eco-blanchiment, verrouillage du marché, publicité mensongère sont autant de défis suscités par l’essor d’une argumentation environnementale aujourd’hui omniprésente sur le marché.Tantôt révélée dans des messages institutionnels liés à la mise en place de politique de développement durable au sein des entreprises, tantôt présentée sous la forme de message commercial directement adressé aux consommateurs, cette forme d’argumentation a pour principale vocation d’offrir une image responsable aux entreprises et aux biens et services qu’elles proposent sur le marché.Cet essor n’est donc pas sans risque et tout l’intérêt de ce travail de recherche fut d’analyser les réponses offertes par le Droit et d’identifier les évolutions qu’un tel phénomène a pu entraîner sur le corpus juridique. Ainsi, ce travail nous a donc conduit à voyager au cœur de la matière du Droit du marché, passant du Droit de la concurrence au Droit de la consommation sans oublier le Droit des contrats dont l’importance en la matière est fondamentale.

    Bokina Bokolombe, L'influence du modèle français sur les codifications congolaises : cas du droit des personnes et de la famille, thèse soutenue en 2013 à Montpellier 1 sous la direction de Rémy Cabrillac, membres du jury : Jean-Louis Renchon (Rapp.), Camille Kuyu Mwissa (Rapp.), Éric de Mari   

    Le Code civil français a exercé une influence considérable sur la codification civile congolaise. En 1895, par le biais de la colonisation, les Belges avaient importé au Congo le Code Napoléon qu’ils avaient eux-mêmes hérité des conquêtes de l’Empereur français. Le système juridique congolais qui jadis était basé sur le droit coutumier non écrit, fait de multiples coutumes et mœurs locales, s’était alors doté d’un Code rationnalisé calqué sur le modèle français. Après l’indépendance, le pouvoir politique congolais avait voulu remplacer le Code colonial qui était non seulement lacunaire mais surtout inadapté à la mentalité et aux traditions congolaises. Les travaux législatifs engagés notamment sur la partie relative aux droits des personnes et de la famille ont requis le recours à l’authenticité congolaise… En 1987, le législateur congolais a édicté la loi portant le Code de la famille. Ce Code qui pourtant prônait la rupture avec l’ancien Code colonial ne s’est-il pas finalement aligné sur ce même modèle contesté ? Quel choix le législateur congolais a-t-il fait entre tradition et modernité ? Quelles sont les principales nouveautés de ce Code ? Quelles critiques en a-t-on fait ? Aujourd’hui, 20 ans après son élaboration, le vieillissement du Code de la famille ne nécessite-il pas une recodification ?

  • Olivier Chopin, La justice à l’île Bourbon (1815-1848) : l'instauration d'une justice métropolitaine, la réalité d'une justice créole et créolisée, thèse soutenue en 2022 à Université Paris sciences et lettres sous la direction de Hélène Blais et Florence Renucci, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Sylvie Thénault (Rapp.), Jean-Louis Halpérin et Marie Houllemare   

    L’île Bourbon, vierge d’habitants et de toute société indigène, fut colonisée par la France à la fin du XVIIe siècle. Occupée par les Anglais de 1810 à 1815, l’île Bourbon fut remise à la France le 3 avril 1815 en exécution du traité de Paris du 30 mai 1814. Louis XVIII dut alors renouer une relation politique et économique avec cette colonie esclavagiste de l’océan Indien. Une des premières réformes porta sur l’organisation de la justice. Sous l’égide du ministère de la Marine et des Colonies, l’île Bourbon fut dotée de tribunaux et d’une cour royale similaires à ceux de métropole, composés de magistrats fonctionnaires censés rendre une justice indépendante du pouvoir politique et des influences locales. À cette fin, le ministère eut pour politique de nommer à la tête des juridictions de la colonie des magistrats envoyés de métropole, sans lien avec les habitants, les créoles, et donc imperméables à toute influence amicale ou familiale. Allant plus loin, une ordonnance royale de 1827 fit, d’une part, interdiction aux créoles d’occuper les plus hautes fonctions de la magistrature locale et, d’autre part, interdiction aux métropolitains de se marier avec une créole et de posséder des propriétés foncières, ce qui signifiait également ne pas posséder d’esclaves. La France affirmait sa volonté d’instaurer une justice métropolitaine tant dans son organisation que dans les hommes chargés de la rendre. Jusqu’à l’abolition de l’esclavage de 1848, le pouvoir royal est-il parvenu à accomplir ses desseins d’une justice échappant aux influences locales ? Telle est la question à laquelle cette étude s’efforce de répondre à travers l’analyse des travaux préparatoires des ordonnances portant les réformes et la réalité de la société créole de l’île Bourbon.

    Agathe Chossat de Montburon, L’ennemi en droit pénal (1789-1886), thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de François Saint-Bonnet, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Jacques de Saint-Victor (Rapp.), Olivier Cahn, Anne-Sophie Chambost et Laurent Pfister   

    Cette recherche propose de confronter la figure de l’ennemi politique et les atteintes à la sûreté de l’État, de la Révolution aux lois de proscription du XIXe siècle, sous l’angle des incriminations et des sanctions choisies pour combattre l’ennemi politique. La notion d’ennemi, de crime contre le souverain, contre le Prince fait appel depuis Rome et jusqu’à la Révolution à celle de crime de lèse-majesté mais le vocabulaire spécifique relatif à l’ennemi, intérieur et extérieur, se développe pendant la Révolution. Cette recherche permet de mettre en lumière un paradoxe, reflétant l’adéquation malaisée entre l’appréhension par le droit pénal de l’apport de la philosophie des Lumières, des principes de proportionnalité, nécessité, légalité et la répression indispensable des ennemis de la Nation. Il convient donc de saisir la tension permanente entre la sauvegarde de l’État et l’intensité de la répression pénale à l’égard de celui qui lui porte atteinte, de s’intéresser à l’exclusion de l’ennemi comme paradigme à partir de la Révolution.

    Benoît Coquelet, La prévention de la délinquance : une priorité de l'action publique. De l'exigence de sécurité à celle de sûreté., thèse soutenue en 2019 à Université Clermont Auvergne‎ 20172020 sous la direction de Florence Faberon, membres du jury : Carine Gindre David (Rapp.), Éric de Mari (Rapp.), Dominique Turpin, Evan Raschel, Jacques de Maillard, Claire Marliac et Jacques Alain Bénisti   

    La prévention de la délinquance est devenue en France l’objet d’une politique transversale à part entière. En pratique, et que ce soit à l’échelle interministérielle ou à l’échelon local, elle est généralement conçue comme un élément de la politique de sécurité. De ce fait les acteurs ont souvent une conception restrictive de la prévention de la délinquance. Elle se trouve souvent inféodée à d’autres domaines de compétence. Par ailleurs, dans un contexte troublé, l’intérêt des pouvoirs publics pour ce domaine d’action décline peu à peu. Pourtant, avec la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance, la prévention conceptuellement revisitée devait opérer une métamorphose de l’action publique et une mutation des pratiques professionnelles de l’ensemble des acteurs qui participent, même indirectement, à sa matérialisation. Outre la problématique de l’effectivité de la loi et de son efficacité, cette situation interroge la capacité de la puissance publique à produire le changement et, en l’espèce, à influer sur le comportement des professionnels pour produire ses effets. Il s’agit dès lors en partie de mesurer l’écart entre ce que dit le droit et ce qui est réellement entrepris ou, autrement dit, d’apprécier l’impact du recours au droit dans l’efficience d’une politique publique et de cerner les ressorts de légitimation qui orientent l’action publique. Or dans bien des situations, la définition de la stratégie de prévention de la délinquance et sa mise en œuvre sont confiées à une administration qui n’en perçoit pas tous les enjeux et dont ce n’est pas réellement la culture. L’absorption de la prévention dans le Code de la sécurité intérieure est ainsi une conséquence logique d’une conception ancienne, conception liée à la relation traditionnelle entre sécurité et prévention. Ainsi, au-delà des jeux d’acteurs et dans une relation dialectique entre légalité et légitimité, l’étude cherche à révéler l’impact des principes qui sous-tendent l’action publique à partir de deux hypothèses. La première procède rétrospectivement à une remise en cause du fait que la prévention de la délinquance emprunte la légitimité qui est attachée au « principe sécurité », afin de montrer qu’il est historiquement porteur de valeurs et de pratiques qui in fine la fragilise. En conséquence, la seconde postule la recherche d’une autre assise conceptuelle à la prévention de la délinquance, en l’espèce le principe de sûreté, pour lui permettre de constituer un espace de cohérence de l’action publique.

    Hamady Hamidou Mbodj, L'organisation de la justice pénale en Afrique occidentale française : le cas du Sénégal de 1887 à l'aube des indépendances (1887-1960), thèse soutenue en 2017 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Marc Ortolani, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Éric Gasparini (Rapp.), Olivier Vernier   

    La période allant de 1887 aux indépendances (1960) permet d’aborder la question de la justice en Afrique occidentale française en mettant en évidence la transformation des règles et de l’exercice de la justice, ainsi que la rencontre entre le système occidental et le pluralisme juridique local. Au Sénégal, comme dans les autres territoires de l’Afrique occidentale française, l’évolution juridique et judiciaire révèle l’opposition de deux tendances : celle de l’assimilation et celle de l’adaptation. Dans le cadre de cette confrontation, des juridictions non connues en métropole sont créées dans les colonies afin de remédier à l’insuffisance de personnel et des moyens financiers des juridictions. Pour ces mêmes raisons, la collégialité demeure très rare et la justice est souvent organisée autour d’un seul juge qui prend en charge la poursuite, l’instruction et le jugement. L’organisation de la justice pénale indigène, mise en place en 1903, répond avec pragmatisme à la volonté de maintenir les institutions indigènes. Toutefois, le désir d’assimilation conduit à y réaliser des réformes qui tendent à affaiblir les institutions indigènes.

    Mamadou Barro, Le droit matrimonial en Côte d'Ivoire 1901-2012. Entre unification législative et résistances coutumières, thèse soutenue en 2017 à Université Côte dAzur ComUE sous la direction de Michel Bottin, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Éric Gasparini (Rapp.), Stéphanie Blot-Maccagnan, Bénédicte Decourt Hollender et Nanga Silué   

    L’ineffectivité du droit positif en Afrique est considérée comme l’une des principales causes de son sous-développement et/ou de son mal de développement. A titre d’illustration, la situation de « non-droit » qui prévaut en Côte d’Ivoire en matière matrimoniale apparaît comme l’une des plus édifiantes de cette corrélation entre ordonnancement juridique et développement (lato sensu)En effet, à l’instar de toutes les anciennes colonies françaises du bloc de l’Afrique Occidentale Française, la Côte d’Ivoire hérite du fait juridique (du moins dans son acception positiviste) de la colonisation. Il s’ensuit que, naturellement, le système juridique de l’ensemble de ces jeunes Etats africains trouve son inspiration, par le canal du droit colonial, dans le droit français. Mais la Côte d’Ivoire a adopté une solution différente de celles de la plupart des autres Etats. Les nouveaux gouvernants ivoiriens prirent le parti d’aligner purement et simplement leur droit sur celui de leur ancien colonisateur. Cela se traduisit au civil par l’adoption du Code français de 1804, donné comme un gage de développement et de révolution sociale, au détriment des innombrables coutumes civiles, considérées comme étant inconciliables avec le nouvel ordre constitutionnel et l’édification d’une nation ivoirienne. De cette volonté politique d'assimilation et d’unification juridique, qui se perpétue en Côte d’Ivoire depuis son accession à la souveraineté, naquit un véritable conflit de normes, entre d’une part, un droit étatique, notamment en matière matrimoniale, qui prévaut mais ne s’enracine pas, et d’autre part, des coutumes civiles, dont l’attrait pèse sur la crédibilité du droit officiel.

    Jérémy Boutier, La question de l'assimilation politico-juridique de l'île de La Réunion à la Métropole, 1815-1906, thèse soutenue en 2015 à AixMarseille sous la direction de Éric Gasparini et Yvan Combeau, membres du jury : Carine Jallamion (Rapp.), Éric de Mari (Rapp.), Jean-Louis Mestre   

    Au cours du XIXème siècle, la lointaine colonie de Bourbon voit son statut évoluer au point de devenir un département français en 1946. Cette assimilation intégrale opérée après la seconde guerre mondiale est le résultat d’un processus long et tumultueux entamé lors de la Révolution française. Le XIXème siècle est riche de changements qui impactent la vie des Français de Métropole mais aussi d’outre-mer. Le législateur doit donc s’adapter à ces évolutions tout en tenant compte des nombreuses spécificités locales afin de doter la colonie de la meilleure organisation et des meilleures outils institutionnels. Jusqu’en 1848, le principal obstacle à l’assimilation est l’esclavage qui empêche la mise en place d’un système administratif et judiciaire analogue à celui de la Métropole. Cette société cloisonnée qui se fissure peu à peu par les inégalités entre propriétaires est bouleversée par l’abolition de l’institution servile qui donne l’égalité à tous les citoyens. Ce changement considérable permet de mesurer la volonté de chacun, à La Réunion ou à l’extérieur, de maintenir la colonie dans un statut dérogatoire tendant à une certaine autonomie ou bien une propension à davantage transposer les institutions métropolitaines selon ses intérêts. A l’aune de ces discussions légales et constitutionnelles, se développent une vie politique et une idéologie coloniale. S’appuyant principalement sur des documents d’archives, cette thèse retrace l’évolution singulière et sinueuse du processus d’assimilation de la colonie de la Réunion à la Métropole au XIXème siècle, d’un point de vue institutionnel, juridique et politique

    Paul Bergounioux, La société Militaire : champ nobiliaire, crises et institutions (1750-1791), thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Pierre Serna, membres du jury : Louis Pinto (Rapp.), Éric de Mari (Rapp.), Hervé Drévillon et Daniel Roche   

    Cette thèse d’histoire repose sur un matérialisme génétique qui considère que tout fait institutionnel est l’expression d’une structure sociale historiquement déterminée par les luttes concurrentielles entre puissants pour le monopole du pouvoir et qui, en tant que structure structurée, demeure inscrite dans les corps et dans les esprits des agents sociaux, sous forme d’habitus et d’éthos. Ainsi, décrire l’institution militaire nécessite de faire porter l’analyse sur une catégorie spécifique d’agents, la noblesse d’Épée, que son histoire, sa position au sein du cycle fonctionnel absolutiste et ses intérêts portent à redéfinir les cadres de l’armée d’Ancien Régime entre 1789 et 1791. Saisir les fondements objectifs, historiques qui la structurent et, partant, l’ordre social né de la société révolutionnée, implique de s’intéresser à une configuration historique particulière révélée par la crise d’identité traversée par l’Épée entre 1750 et 1789. En tant qu’expression extériorisée de la défonctionnalisation du cycle absolutiste, la Révolution française aboutit à une brusque mutation des structures juridiques liée à l’introduction parmi les éléments actifs du corps social, d’agents porteurs d’un système de croyances hétérodoxes avivées par le processus révolutionnaire, et investies dans la refonte des institutions monarchiques sous la Constituante.

    Stéphane Roux, Le concept de "convention nationale" sous la Révolution. Contribution à l'étude de la représentation constituante, thèse soutenue en 2011 à Paris 2 sous la direction de François Saint-Bonnet, membres du jury : Julien Boudon (Rapp.), Éric de Mari (Rapp.), Grégoire Bigot et Frédéric Bluche   

    Dans un système constitutionnel fondé sur la souveraineté de la nation, le pouvoir constituant fait figure de phénomène ambivalent, difficilement analysable en termes juridiques. Par définition réfractaire à tout encadrement impératif, le pouvoir suprême au sein de l’Etat n’en doit pas moins revêtir une forme organisée pour exprimer une volonté normative. Les acteurs de la Révolution française agissent aux confins du droit, tirant profit des ressources de la philosophie politique et de l’histoire pour établir une constitution, principe fondamental du système juridique qu’ils cherchent à établir. Ils se dotent d’outils pour parvenir à leurs fins : le concept de « convention nationale » en est un, auréolé du succès des réalisations américaines. Plutôt qu’à une transposition institutionnelle, les révolutionnaires français procèdent à une adaptation. En devenant « extraordinaire », la représentation constituante qu’ils conceptualisent perd son caractère révolutionnaire pour devenir pleinement juridique. Elle offre une alternative à l’insurrection. Un tel processus présente cependant un revers. Ce pouvoir, en accédant à l’existence investi de l’exercice de la souveraineté, est dégagé de toutes contraintes juridiques autres que celles qui découlent de son organisation. Ces contraintes pèsent sur ses membres, exacerbant les tensions qui déchirent un corps collectif doté des pouvoirs les plus étendus. Les dérives sanglantes qui frappent la Convention nationale ne sont pas inéluctables ; elles découlent de l’exploitation politique des failles inhérentes au fonctionnement d’une représentation souveraine dont les membres ne doivent jouir d’aucun privilège.

  • Betty Noel, L'assureur et le contrat d'assurance maritime (XVIIe-XIXe siècles) : Acteur et instrument de la colonisation, thèse soutenue en 2015 à Montpellier sous la direction de Carine Jallamion, membres du jury : Louis-Augustin Barrière (Rapp.), Didier Krajeski (Rapp.), Éric de Mari   

    La pratique des assurances maritimes est étroitement liée au commerce maritime : elle en suit les mouvances jusqu’à en acquérir une autonomie concrétisée par le mouvement de colonisation. En effet, la colonisation française, réalisée dans un but de domination politique mais surtout de prospérité économique de la métropole, contribue au développement des assurances. Le contrat d’assurance offre une protection aux échanges commerciaux maritimes contre les risques survenant sur mer le plaçant au cœur de l’économie du XVIIIe au XIXe siècle. Il apparaît comme une nécessité notamment pour les îles situées aux Antilles ou dans l’océan Indien pour lesquelles le commerce se fait exclusivement par navire. Envisager les risques maritimes sous le prisme de l’assureur permet de constater que même si les transactions avec les colonies favorisent la multiplication des assurances, les gouvernements successifs attribuent de façon exclusive la législation et la pratique des assurances à la métropole. Il en ressort une politique coloniale commerciale au seul profit de la métropole, excluant toute tentative d’appropriation des colons de la pratique de l’assurance maritime. Cette idée se confirme dès la phase de souscription du contrat d’assurance lors de la détermination des risques que l’assureur se propose de garantir et se poursuit lorsque le risque se réalise et qu’il doit intervenir pour réparer le sinistre. La spécificité coloniale se traduit donc par une mainmise de la métropole sur cette matière même si les assureurs doivent prendre en compte les caractéristiques des échanges maritimes avec les colonies.

    Cathalina Sánchez Escobar, Le rôle du juge en Amérique Latine au XIXe siècle : entre tradition latino-américaine et influences étrangères, thèse soutenue en 2012 à AixMarseille sous la direction de Éric Gasparini et Gonzalo Andrés Ramírez Cleves, membres du jury : José Luis Benavides, Éric de Mari, Oswaldo Perez Orozco et François Quastana   

    En Amérique latine le XIXe siècle se caractérise par l'indépendance des anciennes colonies espagnoles, par le processus de formation des État-Nation et par la reconstruction des ordres juridiques des nouveaux États. Une fois le modèle républicain adopté, il fallait créer des institutions juridiques nouvelles et un système normatif qui régule le destin des nouvelles sociétés en concordance avec la réalité locale et, surtout, le plus différent possible de l'ancien régime colonial. Dans toutes ces transformations les hommes de loi (avocats, juges, juristes, bureaucrates) ont joué un rôle important. En tant que propriétaires du savoir juridique et politique ils étaient les personnages idoines, pour effectuer la tâche d'organisation de l'État. Parmi ces tâches, la structuration de la justice était essentielle pour les nouveaux États. Montrer l'implication du juge dans ce processus de consolidation, est une des finalités de ce travail. D'autre part, la construction de l'imaginaire juridique latino-américain s'est réalisée sous l'influence des modèles juridiques étrangers, dont la France, l'Angleterre, les États-Unis. Dans un classicisme juridique particulier, la réception et la transformation de ces modèles a créé une conscience juridique locale originale et très différente du modèle initial en combinant l'exégèse française avec le conceptualisme allemand

    Sébastien Silobre, Les magistrats du bureau des finances de la généralité de Montpellier du XVIe au XVIIIe siècle, thèse soutenue en 2007 à Perpignan sous la direction de François-Paul Blanc