Hélène Thomas

Professeure
Science politique.
Faculté de Droit et de Science politique

Anthropologie Bio-Culturelle, Droit, Éthique et Santé

Les travaux d'Hélène Thomas portent principalement sur la déconstruction des idéologies et des principes démocratiques, de liberté, d’égalité, de solidarité, de dignité et de justice et leur théorisation contemporaine ainsi que sur le traitement public des minorités dites vulnérables en Europe et aux États-Unis. Elle est spécialiste de sociologie et de théorie politique et de philosophie du droit et a notamment procédé à une relecture par les marges des oeuvres d'Alexis de Tocqueville, de John Rawls, ou d'Alf Ross et d'autres auteurs du courant réaliste européen ainsi qu'à une critique et des positivismes, normativismes et des jusnaturalismes juridiques selon un double prisme psychanalytique et de la théorie sémiotique/sémantique du courant de la nouvelle critique en littérature. Elle les analyse dans une double perspective narratologique, transtextuelle et ouverte (Barthes, Todorov, Genette, Eco). Lauréate de l’appel pépinières d'excellence 2017 de la fondation A*MIDEX pour le projet JUSDEMOS: "Penser les modèles de justice et les droits des minorités en démocratie avec Tocqueville", elle envisage les questions de justice du point de vue des minorisés (notamment femmes, vieillards, malades, sans, animaux et vivant non humain) et questionne les pistes à imaginer pour la construction d'un nouveau contrat du Welfare avec le vivant. Hélène Thomas poursuit actuellement ses recherches sur les enjeux éthiques, philosophiques, politiques et juridiques de l'inévitable refonte des catégories fondamentales du droit français à l'ère de l'anthropocène et notamment des concepts de propriété, de consentement, de présomption, de qualification et de commun selon une perspective théorique deleuzienne, interactionniste et relationniste. Dans ses derniers textes parus elle mobilise dans l'écriture les méthodes et le cadre théorique du courant droit et littérature (Malaurie, Ost), de l'Oulipo en droit (Oudropo,,: ouvroir de droit potentiel dont elle est membre actif depuis 2018) et de la critique interventionniste.

Spécialités :
Citoyenneté ; Démocratie ; Ethique ; Inégalités ; Philosophie du droit ; Philosophie politique ; Théorie du droit ; Vulnérabilité.

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • membre du comité d'éthique de la recherche d'Aix-Marseille université
  • membre de l'équipe "normes, corps santé" UMR 7268 ADES
  • directrice adjointe du laboratoire de théorie du droit 2017-2021
  • Membre du comité de pilotage du PR2I humanités, représentante de la Fédération de recherche en droit et du laboratoire de théorie du droit dans le comité
  • Référente pour la faculté de droit et de science politique la Commission Égalité Femmes-Hommes et lutte contre les discriminations AMU
  • THESE

    La désinsertion politique et sociale : processus de désocialisation de la vieillesse, soutenue en 1993 à Paris EHESS sous la direction de Jean-Claude Chamboredon 

  • Hélène Thomas, Tocqueville en Alabama, Éd. du Croquant, 2014, Kritikos, 143 p.   

    Hélène Thomas, Les vulnérables: la démocratie contre les pauvres, Éditions du Croquant, 2010, TERRA, 254 p. 

    Hélène Thomas, Droit, Foucher, 2003, Fiches Foucher ( BTS ), 95 p. 

    Hélène Thomas, Histoire de l'allaitement artificiel,, 1998, 273 p.  

    Durant l'Antiquité et le Moyen-Age, le lait est considéré comme du sang blanchi, d'où la répugnance à utiliser un lait animal. La mère qui ne peut pas allaiter a recours à une nourrice. Au XVIIIème siècle, l'industrie nourricière est en pleine expansion. Au lendemain de la défaite contre l'Allemagne, la forte mortalité infantile inquiète les pouvoirs publics. Le biberon à tube fait alors des ravages. Les premières notions d'hygiène apparaissent avec les découvertes de Pasteur. La stérilisation est utilisée à l'échelle industrielle. Une campagne anti-fraude est lancée contre le lait falsifié. Les premiers laits en poudre apparaissent. Des hommes exceptionnels vont oeuvrer pour la petite enfance. Roussel, Budin et Strauss sont à l'origine de trois grandes lois visant à protéger les enfants. Les consultations de nourrissons et gouttes de lait de Variot, Dufour, Pinard... marquent le début de la protection maternelle et infantile.

    Hélène Thomas, La production des exclus: politiques sociales et processus de désocialisation socio-politique, Presses universitaires de France, 1997, Sociologie d'aujourd'hui, 215 p.   

    Hélène Thomas, Vieillesse dépendante et désinsertion politique, Éd. l'Harmattan et Impr. Laballery, 1996, Logiques politiques, 195 p.   

  • Hélène Thomas, « L’éducation des filles et des citoyens dans De la démocratie en Amérique de Tocqueville », in PUAM (dir.), Éducation des citoyens, éducation des gouvernantsActes du XXXVIIe Colloque international de l’AFHIP, PUAM, 2021, pp. 337-355 

    Hélène Thomas, Camille Porodou, Emmanuel Jeuland, « « Blanche-Nudge et la Norme énorme. La narration de la norme dans les ateliers de l’ouvroirde droit potentiel (Oudropo,,) » », in Éditions Mare & Martin (dir.), Narrations de la norme, 2021, pp. 289-307 

    Hélène Thomas, « Le moment tû-tû de l’académie de droit scandinave. Relire le manifeste du réalisme juridique européen »: dir. Mathieu Devinat, Mélanie Samson, Georges Azzaria, in Les éditions Revue de droit (dir.), Les écoles de pensée en droit, 2021, pp. 313-368 

    Hélène Thomas, Jean Bernardot, « A la recherche du bien-être animal perdu dans la loi alimentation de 2018 »: dir. Marie Luce Demeester et Valérie Mercier, in PUAM (dir.), L’agriculture durable, 2020, pp. 491-515 

    Hélène Thomas, « La nouvelle question démocratique. De quelques malentendus interprétatifs et différends conceptuels entre le droit et la théorie politique », in PUAM (dir.), Annuaire international de justice constitutionnelle, 2018, pp. 557-570 

    Hélène Thomas, « Le sexe faible de l’impôt. Quelques considérations inactuelles de gougiennes sur le principe d’égalité devant l’impôt et les charges publiques », in PUAM (dir.), De l’esprit de réforme et de quelques fondamentaux.Mélanges en l’honneur du Professeur Gilbert Orsoni, 2018, pp. 489-515 

    Hélène Thomas, « Tocqueville et l’idée coloniale. De l’Amérique à l’Algérie. Entre raison et (in)sensibilité »: dir. Alexandre Deroche, Eric Gasparini, Martial Mathieu, Droits de l’homme et colonies. De la mission civilisatrice au droit à l’autodétermination, PUAM, 2017, pp. 173-202 

    Hélène Thomas, « Vieillir la belle affaire. Les nouvelles politiques françaises de l’adaptation au vieillissement »: dir. Dominique Viriot-Barrial, Une nouvelle politique sociale du vieillissement : histoire et prospective d’un défi, PUAM, 2016, pp. 28-58 

  • Hélène Thomas, « Personnes âgées et vote. Les significations plurielles de la participation électorale dans la vieillesse », Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1993, pp. 104-118    

    Personnes âgées et vote. Les significations plurielles de la participation électorale dans la vieillesse. Hélène Thomas [104-118] Dans le cas des personnes très âgées (plus de 80 ans), l'acte électoral résulte de l'association étroite entre une dimension proprement politique et une dimension symbolique, qui devient peu à peu prépondérante à mesure que les personnes s'acheminent vers la fin de la vie. Nous avons exploré ces deux dimensions à partir d'une enquête qualitative par entretiens, réalisés entre 1988 et 1992, auprès de 60 personnes de plus de 75 ans vivant, pour la plupart, dans des structures d'hébergement collectif. La participation électorale dans le grand âge est envisagée comme l'une des modalités de participation à l'ensemble des réseaux de la vie sociale. Cette participation paraît avoir du point de vue du vieillard une fonction "réintégratrice", elle lui permet de renforcer et d'attester son appartenance à la communauté nationale et de préserver l'une des composantes de son identité sociale -l'identité citoyenne- par sa réaffirmation continuée.

  • Hélène Thomas, « Célébrer les droits humains et faire avancer l’égalité pour toutes et tous. », le 10 décembre 2024  

    Journée d'étude organisée par l'UMR-DICE, le CERIC, la Faculté de droit, Aix-Marseille Université, Sciences Po Aix et le CNRS en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et l’organisation de la société civile Equal Rights Trust (ERT)

    Hélène Thomas, « Droit au bonheur et au développement durable », le 25 septembre 2024  

    Université d’automne organisée par l'Institut Louis Favoreu, Ecole doctorale, Aix-Marseille Université

    Hélène Thomas, « Le travail sur le métier des idées politiques », le 14 septembre 2023  

    XXIXe colloque organisé par l'Association Française des Historiens des Idées Politiques en partenariat avec le CREHIIP, Université d'Aix-Marseille sous la direction scientifique de Nicole Dockès, Pr. honoraire, Université Jean Moulin Lyon III ; Norbert Olszak, Pr. Université Paris Panthéon-Sorbonne et Olivier Vernier, Pr. Université Nice Côte d’Azur

    Hélène Thomas, « Contraindre l’État à agir face au dérèglement climatique », le 18 novembre 2022  

    45ème édition de la Table-ronde de droit administratif comparé du Centre de recherches administratives, Aix-Marseille Université

    Hélène Thomas, « Droit, violences et rapports Femmes/Hommes », le 05 mai 2022  

    Organisé sous la direction scientifique de Geneviève Casile–Hugues, Isabelle Régner

    Hélène Thomas, « Les propriétés », le 15 octobre 2021  

    Colloque organisé par le Laboratoire de droit privé de la faculté de droit et science politique et par le GREDIAUC, Aix Marseille Université.

    Hélène Thomas, « L’opinion publique aujourd’hui », le 21 octobre 2020  

    4e Université d’automne de l’Institut Louis Favoreu, UMR DICE.

    Hélène Thomas, « Une entre-deux-morts : Extimité et décentrement du sujet vieillissant », Vieillir… De la ségrégation des personnes âgées à l’éthique du sujet, Marseille, le 03 décembre 2019 

    Hélène Thomas, « Le formalisme juridique », le 28 novembre 2019  

    Colloque pluridisciplinaire organisé par le Centre de droit privé et de sciences criminelles d’Amiens, avec le concours du Centre de recherches juridiques Pothier.

    Hélène Thomas, « Education des citoyens, éducation des gouvernants », le 19 septembre 2019  

    XVIIe colloque international de l’Association Française des Historiens des Idées Politiques (AFHIP)

    Hélène Thomas, « Le cas Pocahontas : Genre et servitude volontaire ? », Jeudis du Genre d’AMU, Aix en Provence, le 07 février 2019 

    Hélène Thomas, « Faut-il enterrer le réalisme scandinave ? Vie, mort et résurrection du paradigme du tû-tû », Les écoles de pensée en droit, Laval United States (US), le 11 décembre 2018 

    Hélène Thomas, « Raisonnement par cas. Le raisonnement par cas en droit », le 29 novembre 2018  

    Organisé par le Laboratoire de théorie du droit, Aix Marseille Université

    Hélène Thomas, « Les écoles de pensée en droit », le 11 octobre 2018 

    Hélène Thomas, « Où est passée Pocahontas ? Sur la piste de l’indienne de Tocqueville dans l’Amérique de Trump. Une histoire dans le noir », Nuit européenne des chercheurs, Marseille, le 28 septembre 2018 

    Hélène Thomas, « Populisme et démocratie », le 03 septembre 2018 

    Hélène Thomas, « Patrimoine culturel européen », le 10 février 2018  

    Organisé par la Faculté de Droit et de Science Politique, le Centre d’Éthique Économique et des Affaires, AMU avec le concours de l'Agence ITER FRANCE

    Hélène Thomas, « Doctrine juridique et philosophie politique et morale », le 30 novembre 2017 

    Hélène Thomas, « Première Université d’été de l’Institut Louis Favoreu », le 04 septembre 2017  

    Université d’été d’Aix suivie de la XXXIIIe table ronde internationale de justice constitutionnelle

    Hélène Thomas, « La reconnaissance juridique des proches aidants en droit comparé franco-suisse », le 16 juin 2017 

    Hélène Thomas, « Le désaccord en droit. Nouveaux regards sur l’argumentation en droit », le 05 novembre 2015 

    Hélène Thomas, « Mutations et évolution des élections présidentielles : le regard de l'Histoire », le 16 mars 2012 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Pierre Michel, Le transfert des concepts socio-politiques dans le droit : le cas du genre, thèse soutenue en 2021 à AixMarseille en co-direction avec Frédéric Rouvière, membres du jury : Anne-Marie Leroyer (Rapp.), Adeline Gouttenoire, Stéphanie Hennette-Vauchez et Isabelle Rorive    

    Longtemps innommé, ce concept, comme les études qui y sont consacrées, attise fréquemment la méfiance voire la défiance des juristes. Cependant, le genre est un outil particulièrement pertinent pour comprendre les fondements et les mécanismes des règles juridiques permettant une différenciation des personnes en fonction d’attributs sexués. En ce sens, le droit n’a jamais été hermétique au genre, car ce dernier est en partie le fruit d’une production juridique. L’incapacité juridique des femmes, l’indisponibilité de la mention de sexe à l’état civil ou encore l’exclusivité hétérosexuelle du mariage étaient des marqueurs de la présence implicite du genre dans le monde du droit. Or, avec la libéralisation des mœurs et sous la pression des luttes féministes et LGBTQ, le droit a connu des mutations profondes s’inscrivant dans un mouvement général d’effacement des distinctions juridiques entre les sexes, les sexualités et les identités sexuées. Ainsi, le concept de genre est devenu l’instrument juridique ad hoc pour appréhender l’architecture sexuée du droit, mais également pour en ambitionner la refonte. Face à cette imbrication entre droit et genre, l’étude révèle leurs influences mutuelles qui se manifestent principalement par une neutralisation réciproque : le droit neutralise la dimension politique et militante du genre pour le conformer à l’essence formelle du droit tandis que le genre neutralise la dimension sexuée du droit afin de rendre effective l’égalité entre les personnes. En définitive, l’étude de la transposition juridique du genre est l’occasion d’une réflexion générale sur les impensés et les non-dits du droit dans sa catégorisation sexuée des individus

    Mingchao Zhou, Étudier à la ville : intégration scolaire et construction de l'identité des enfants de travailleurs migrants d'origine paysanne (nongmingong) en Chine, thèse soutenue en 2014 à AixMarseille, membres du jury : Béatrice Mabilon-Bonfils (Rapp.), Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.), Agnès Van Zanten, Marc Bernardot et Michel Bonnin  

    Cette thèse se propose d'étudier les effets d'une politique scolaire spécifique destinée aux enfants de travailleurs migrants ruraux - les « enfants de nongmingong » - faisant l'objet d'une catégorisation et d'une sectorisation dans des écoles spécifiques à cause du système d'enregistrement de la résidence (hukou) en Chine au niveau local. Le « problème de l'éducation des enfants de nongmingong» est en réalité le produit d'un processus d'objectivation de cette catégorie d'élèves, non seulement par la construction institutionnelle fondée sur une logique particulariste mais aussi par la légitimation savante des recherches académiques chinoises teintées d'une vision misérabiliste. Nous mettons les enfants au centre de la focale de recherche et tentons de cerner les effets de la ségrégation scolaire sur la construction de l'identité sociale des enfants et de leurs parents. Fondée sur une enquête ethnographique dans une école semi-privée destinée à l'accueil de ces enfants dans la ville de Hangzhou entre 2010 et 2012, cette recherche met au jour tant les modalités de la mise en oeuvre de la catégorie au sein de l'école par la direction et par les enseignants issus des classes moyennes urbaines, que les formes de résistance et de négociation ou de remise de soi des parents d'élèves face à l'institution scolaire. De même les enfants ne sont pas passifs face à ces injonctions et à ces processus d'imprégnation et d'inculcation d'éléments contradictoires (normes, valeurs, savoir-faire et savoir-être) par les univers familial et scolaire. Ils mettent en oeuvre différentes formes de conciliation pour se forger une identité personnelle.

  • Djama Mohamed Chirdon, La gestion des archives administratives à Djibouti : cas de la cité ministérielle, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Christian Bruschi, membres du jury : Philippe Delaigue (Rapp.), Jean-François Brégi (Rapp.)  

    Le présent sujet de recherche porte sur la gestion des archives administratives à Djibouti : cas de la cité ministérielle. Le sujet que nous abordons reste un nouveau chantier à explorer. Jusqu’à ce jour, aucune recherche minutieuse et approfondie n’a été entreprise concernant la question de la gestion des archives à Djibouti en particulier et dans la Corne de l’Afrique en général. De nombreuses questions se posent aujourd’hui ? Comment les archives administratives sont-elles conservées ? Dans quel état se trouvent aujourd’hui ces documents considérés comme les arsenaux de l’administration djiboutienne ? Comment est organisée et gérée la documentation administrative dans les institutions publiques ? Pour essayer de répondre à ces nombreuses interrogations, nous avons fait appel à diverses sources d’information (littérature scientifiques, enquêtes par questionnaire, entretien). Les résultats ont démontré que les structures documentaires sont confrontées à de nombreux problèmes en matière de gestion des archives administratives. Ces difficultés ont pour nom : absence d’archives organisées, exiguïté, locaux de conservation inadaptée, manque de formation du personnel des archives, manque de moyens financiers et enfin indifférence et négligence des pouvoirs publics. Partant de ce résultat, nous proposons des recommandations et des suggestions pour une meilleure réorganisation des archives administratives dans les institutions publiques

    Nabil Filali, La critique du prêt à intérêt à travers l'histoire du droit musulman, thèse soutenue en 2021 à AixMarseille sous la direction de Christian Bruschi, membres du jury : François-Paul Blanc (Rapp.), Jean-François Brégi (Rapp.)    

    Le droit musulman, comme les autres systèmes juridiques, pose des prohibitions et des commandements. La prohibition de l’intérêt est absolue en droit musulman. La pensée économique musulmane n’opère aucune distinction entre le terme intérêt et celui de l’usure. Elle considère comme usure tout intérêt aussi faible soit-il. Cette thèse cherche à comprendre d’une part la notion de riba et les fondements de cette interdiction érigée en principe général qui conduiront systématiquement à se poser la question de savoir si une transaction est « ribawi » ou non ; d’autre part, l’alternative à ce principe par le développement de la finance islamique. Bien que l’Islam ne soit pas la seule religion à interdire la pratique de l’intérêt et le prêt à intérêt lui-même, elle est aujourd’hui la seule à avoir respecté ce principe malgré la réaction de certains musulmans voulant assouplir la jurisprudence musulmane par l’usage de divers expédients juridiques. La condamnation unanime de l’intérêt vise à garantir une justice sociale basée sur des relations commerciales ou financières guidées par des principes de solidarité d’égalité et de justice et des règles participatives. Bien que la finance islamique dispose de principes spécifiques, son opposition à la finance conventionnelle est fortement nuancée dans la pratique

  • Robin D. Presthus, Une perspective néo-institutionnaliste sur la divergence des modèles de séparation Église-État : une analyse comparative des approches française et américaine en tant que paradigmes politiques, thèse soutenue en 2022 à AixMarseille sous la direction de Blandine Chélini-Pont, membres du jury : Mark J. Rozell (Rapp.), Claude Proeschel (Rapp.), Philippe Portier, Marie Gayte-Lebrun et Odina Sturzenegger    

    Un premier paradoxe considère que malgré le fait que les approches américaine et française de la laïcité sont toutes deux issues de la création de l’État démocratique et ont cherché à incarner la valeur universelle du siècle des Lumières de la liberté de religion, adoptant de nombreuses similitudes philosophiques, politiques et juridiques, les deux approches constituent des conceptions très différentes du rôle de la religion dans la sphère publique. Un paradoxe subséquent s’agit du fait que deux cents ans après leur création, malgré les changements politiques, économiques, sociaux et religieux monumentaux qui ont transformé les deux pays, ces paradigmes distincts ont survécu. Aujourd'hui, une modernité mondialisée exige qu'ils négocient des conventions Église-État qui auraient été inimaginables au moment de leur rédaction. De plus, malgré le consensus que ces paradigmes divergents étaient le produit d'histoires religieuses spécifiques à chaque contexte national tels qu’ils étaient à la fin du 18e siècle, ils bénéficient toujours d'un soutien stable de la part des institutions et des individus (tant au niveau des élites que du peuple) dont le contexte religieux n’est point comparable

    Alizée Cirino, Les droits des coauteurs, thèse soutenue en 2017 à AixMarseille sous la direction de Christian Bruschi et Jean-François Brégi, membres du jury : François Quastana (Rapp.), Marc Ortolani    

    La thèse porte sur la propriété des oeuvres plurales, et plus précisément sur les droits des coauteurs d’une même oeuvre. La co-activité a, en effet, pour résultat de partager les droits moraux et patrimoniaux que la loi confère au créateur sur son oeuvre. L’exercice de ces droits varie dans le temps et dans l’espace. L’objet de ce travail est, par conséquent, d’étudier comment les droits qui naissent de la propriété littéraire et artistique se répartissent entre coauteurs, à la fois dans leurs rapports et dans ceux qu’ils peuvent nouer avec des tiers. Elle s’inscrit dans une perspective qui n’est pas spécifiquement nationale, mais qui fait aussi la place à l’histoire et au droit comparé. Cette thèse a pour objet l’étude des droits des coauteurs en matière de propriété intellectuelle. Elle a plus précisément trait à la répartition de ces droits entre coauteurs, et entre coauteurs et tiers

    Elodie Andrieu, Le choix du régime politique dans les temps modernes : Machiavel et sa postérité (XVIE-XVIIIE siècles), thèse soutenue en 2011 à AixMarseille 3 sous la direction de Éric Gasparini, membres du jury : Jean-François Brégi, Christian Bruschi, Éric Gojosso et François Saint-Bonnet  

    Les récentes révolutions du « Printemps des pays arabes » attestent de la vivacité de l’idéal démocratique. Or ce régime est caractéristique d’une manière philosophique de penser le droit et les institutions. En effet, il se conforme mieux que nul autre à l’essence de l’Homme. Alors, malgré le succès des méthodes quantitatives en sciences humaines et l’autonomie désormais incontestée de la science du politique, nos temps contemporains seraient les héritiers d’une vision métaphysique plutôt que scientifique de la matière politique. Pourtant, la thèse explore l’histoire de la première « science des institutions » qui naît et se développe dans les Temps Modernes. Courant méconnu au cœur de l’histoire des institutions, ses tenants sont pourtant des figures incontournables et emblématiques de la pensée politique moderne, qu’il s’agisse de Machiavel, Hobbes, Montesquieu ou encore Hume. La thèse dévoile alors l’ambitieux projet de ces penseurs : proposer des institutions adaptées à la variété des mœurs, des histoires et des sociétés qu’ils étudient. Le choix du régime politique se doit d’être à la fois respectueux de l’humain et adapté à la variété des populations existantes. Dès lors l’universel et le particulier se rejoignent pour servir la première « science » de la Modernité. La thèse serpente les siècles et le continent européen. Au bout de son périple, une rencontre surprenante : celle de philosophes fascinés par les découvertes de ces premiers scientifiques du politique. De cette rencontre devait naître un nouveau régime politique, différent de son homologue athénien : la Démocratie moderne