David Deroussin

Professeur
Histoire du droit et des institutions.
Faculté de Droit

Centre Lyonnais d'Histoire du Droit et de la Pensée Politique

Responsabilités administratives et scientifiques :

  • THESE

    Le juste sujet de croitre dans l'ancien droit français : contribution historique à l'étude de la théorie de l'apparence, soutenue en 1998 à Lyon 3 sous la direction de Nicole Dockès-Lallement

  • David Deroussin, Olivier Descamps, Yves-Marie Laithier, Benjamin Moron-Puech, Réforme de la responsabilité civile: [dossier], Éditions de la Société de Législation Comparée, 2019, 156 p. 

    David Deroussin (dir.), La Grande Guerre et son droit: [colloque, 23-24 juin 2016, Lyon, LGDJ, une marque de Lextenso, 2018, Contextes, 426 p. 

    David Deroussin, Histoire du droit privé, 2e éd., Ellipses, 2018, 517 p. 

    David Deroussin, Louis-Augustin Barrière, Philippe Delaigue, Christian Lauranson-Rosaz (dir.), Mélanges en l'honneur du professeur Nicole Dockès, Éditions la Mémoire du droit, 2018, [Collection Recueil d'études], 796 p. 

    David Deroussin, Jean-Louis Harouel, Denis Reynaud, Le jeu, puf, 2017, 262 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier, Les juristes en Auvergne (Moyen Âge - XIXe siècle), LeManuscrit.com, 2013 

    David Deroussin, Histoire du droit des obligations, 2e éd., Economica, 2012, Corpus ( Histoire du droit ), 863 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier (dir.), Les juristes en Auvergne: [colloque du Centre d'Etudes Romanistiques d'Auvergne, Clermont-Ferrand, 8 et 9 décembre 2005], Editions le Manuscrit, 2012, Passé et présent du droit, 420 p. 

    David Deroussin, Histoire du droit privé: (XVIe-XXIe siècle), ellipses, 2010, Universités ( Droit ), 460 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier (dir.), Compilations et codifications juridiques, Éditions Le Manuscrit, 2009, Passé et présent du droit, 283 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier (dir.), Les juristes en Auvergne: [colloque du Centre d'Etudes Romanistiques d'Auvergne, Cchchlermont-Ferrand, 8 et 9 décembre 2005] , Editions le Manuscrit, 2009, Passé et présent du droit, 214 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier (dir.), Compilations et codifications juridiques, Éditions Le Manuscrit, 2008, Passé et présent du droit, 349 p. 

    David Deroussin (dir.), Le renouvellement des sciences sociales et juridiques sous la IIIe République , La Mémoire du droit, 2007, Collection Recueil d'études, 334 p. 

    David Deroussin, Histoire du droit des obligations, Economica, 2007, Corpus ( Histoire du droit ), 916 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier (dir.), Autour de la codification, Éditions Le Manuscrit, 2007, Passé et présent du droit, 236 p. 

    David Deroussin, Florent Garnier (dir.), Compilations et codifications juridiques, Éditions Le Manuscrit, 2007, Passé et présent du droit, 356 p. 

    David Deroussin (dir.), Université, Le Manuscrit, manuscrit Université, 2006, Passé et présent du droit, 199 p. 

    David Deroussin, David Deroussin (dir.), La responsabilité, formes et discours: approches historiques et théoriques, Université Jean Moulin-Lyon 3, 2004, Cahiers du Centre lyonnais d'histoire du droit et de la pensée politique, 216 p. 

    David Deroussin (dir.), Le contrat, approches historiques et théoriques, Centre lyonnais d'histoire du droit et de la pensée politique, 2004, Cahiers du Centre lyonnais d'histoire du droit et de la pensée politique, 216 p.   

  • David Deroussin, « La stylistique contractuelle dans le temps », La stylistique contractuelle, G. Chantepie et N. Dissaux (éd.), Paris, Dalloz, 2022 

    David Deroussin, « D'une loi (1919) à l'autre (1946). La réparation des dommages de guerre nés de la Seconde Guerre mondiale », Dommages de guerre et responsabilité de l'Etat. Autour de la Charte des sinistrés du 17 avril 1919, G. Richard et X. Perrot (éd.), PULIM, p. 351-380, 2022 

    David Deroussin, « « Édouard Lambert : une conception originale (en France) du droit comparé ? » », L'institut de droit comparé Édouard Lambert dans le siècle, Société de Législation comparée / LGDJ, 2022, pp. 17-39 

    David Deroussin, « Praescriptione omnia iura tolluntur : les prescriptions dans l’Ancien Droit français », in Elt. Schrage (dir.), Limitations and Prescriptions, Elt. Schrage (ed.), Berlin, Duncker & Humblodt,, pp. 363-420, Duncker & Humblodt, 2019, pp. 363-420 

    David Deroussin, « Le droit français des prescriptions depuis 1804, ou l'impossible simplicité », in Elt. Schrage (dir.), Limitations and Prescriptions, Elt. Schrage (ed.), Berlin, Duncker & Humblodt,, pp. 459-505, Duncker & Humblodt, 2019, pp. 459-505 

    David Deroussin, « J. Domat, les principes et règles du droit », Mélanges en l’honneur du Professeur Nicole Dockès, Éditions la Mémoire du droit, 2018 

    David Deroussin, « Penser l’ancien droit des obligations », in X. Prévost, N. Laurent-Bonne (dir.), Penser l’ancien droit privé, Lextenso, 2018, pp. 133-156 

    David Deroussin, « En guise de bilan : un panorama (provisoire) du droit privé français en guerre », in David Deroussin (dir.), La Grande Guerre et son droit, LGDJ, 2018, pp. 135-160 

    David Deroussin, « Soft law. Éléments historiques », in P. Deumier, J.-M. Sorel (dir.), Regards croisés sur la soft law en droit interne européen et international, 2018, pp. 55-76 

    David Deroussin, « Pothier, la coutume (d’Orléans) et le droit coutumier », in Fl. Garnier, G. Cazals (dir.), Les décisionnaires et la coutume. Contribution à la fabrique de la norme, P.U.Toulouse 1, 2018, pp. 413-447 

    David Deroussin, « La famille, le droit et les contes du Grand Siècle. », in N. Dissaux, M. Ranouil (dir.), Il était une fois... Analyse juridique des contes de fées, N. Dissaux (éd.), Paris,, 2018, pp. 313-350 

    David Deroussin, « Le Code des obligations et des contrats marocain entre droit français et droit commun législatif mondial », in F. Rherrousse (dir.), Le Livre jubilaire. Centenaire du Dahir formant Code des Obligations et Contrats, Ed. de l'Université d’Oujda, 2017, pp. 267-294 

    David Deroussin, « Le droit ouvrier et les pratiques ouvrières : regards privatistes (IIIème République) », in A.-S. Chambost, A. Mages (dir.), La réception du droit du travail par les milieux professionnels et intellectuels, 2017, pp. 167-186 

    David Deroussin, « Le juge et le contrat. Aspects historiques (1804-1940) », in O. Gout (dir.), Regards franco-brésilien sur l’évolution du droit des obligations, 2017, pp. 9-40 

    David Deroussin, « Charles Beudant, un juriste libéral », in Eric Gasparini (dir.), Mélanges en l'honneur du Professeur Michel Ganzin, La Mémoire du droit, 2016   

    David Deroussin, « Éléments pour une généalogie du livre III, titre III du Code civil », in G. Pignarre (dir.), Le droit des obligations d’un siècle à l’autre, 2016, pp. 35-76 

    David Deroussin, « Anatole France : leçons sur l’histoire », in N. Dissaux (dir.), Anatole France, leçons de droit, 2016, pp. 67-85 

    David Deroussin, « Leçon sur l'Histoire. », Anatole France Leçons de droit, N. Dissaux (éd.), Paris, Mare et Martin, pp. 67-96, 2016 

    David Deroussin, « Éléments pour une histoire de l’identité individuelle », in Bl. Mallet-Bricout (dir.), L’identité, un singulier au pluriel, 2015, pp. 7-23 

    David Deroussin, « L’ancien droit des fictions », in Anne-Blandine Caire (dir.), Les fictions en droit : actes du colloque intitulé "Les artifices du droit : les fictions", École de droit-Université d'Auvergne, 2015, pp. 23-69 

    David Deroussin, Olivier Descamps, « Réflexions brèves sur l’histoire du droit des obligations aujourd’hui », in Jacques Krynen, Bernard d'Alteroche (dir.), L’histoire du droit en France : nouvelles tendances, nouveaux territoires, Classiques Garnier, 2014, pp. 365-376 

    David Deroussin, « Homo/persona. Archéologie antique de la personne », Mélanges offerts à G. Aubin, P.U.Bordeaux, 2014, pp. 431-462 

    David Deroussin, « Se survivre à soi-même. Le Cours de droit civil d’Aubry et Rau », in A.-S. Chambost (dir.), Des traités aux manuels, 2014, pp. 67-92 

  • David Deroussin, « Master narratives in French Legal History », Zeitschrift für Neuere Rechtsgeschichte, 2021 

    David Deroussin, « L’Affaire Dreyfus dans Jean Santeuil et À la recherche du temps perdu, ou le moment de vérité », Revue Droit & Littérature, 2021 

    David Deroussin, « Mêler droit et philosophie. À propos de la possession. Autour de P. Thévenin, Le monde sur mesure, une archéologie juridiquedes faits, Paris, Garnier, 2017, pp. 373-386 », Revue historique de droit français et étranger, 2020 

    David Deroussin, « Autour des formes et de la normativité. À propos de : Pouvoir des formes, écriture des normes. Brièveté et normativité (Moyen Âge/Temps Modernes), L. Giavarini (éd.), Dijon, 2017 », Revue historique de droit français et étranger, 2019 

    David Deroussin, « Le projet de réforme du droit de la responsabilité et la tradition juridique », Tribonien. Revue critique de législation et de jurisprudence, 2018, pp. 42-62 

    David Deroussin, « Pas de nullité sans texte. Éléments pour une archéologie d’une directive », Revue des contrats, 2018, pp. 1-15 

    David Deroussin, « Henri Capitant et le droit des assurances », Revue d'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, 2018, pp. 297-337 

    David Deroussin, « Réforme du doctorat : quelles perspectives ? », Recueil Dalloz, 2016, n°27, p. 1640   

    David Deroussin, « Le jeu comme contrat. Contribution historique à l’étude du contrat aléatoire », Droits : Revue française de théorie juridique, 2016, n°63, pp. 15-67 

    David Deroussin, « Article 1107 : les contrats réels », Revue des contrats, 2015, pp. 734-736 

    David Deroussin, « The Great War and Private Law : a delayed effect », Comparative Legal History, 2014, n°2, pp. 184-214 

    David Deroussin, « L’idée corporative saisie par les juristes : de la corporation au pluralisme juridique ? », Les Études Sociales , 2013, n° ° 157-158, pp. 147-185   

    David Deroussin, « Comment forger une identité nationale ? La culture juridique française vue par la doctrine civiliste au tournant des xixe et xxe siècles », 2012  

    Le présent travail prend pour objet principal la doctrine civiliste française, à travers ses représentants des années 1890 (sur le « moment » 1900, cf. Ch. Jamin, « Dix-neuf cent : Crise et renouveau dans la culture juridique », Dictionnaire de la culture juridique, D. Alland et St. Rials (sous la dir. de), Paris, PUF, pp 380-384), c’est-à-dire à partir du moment où de nouvelles codifications viennent concurrencer le rayonnement du Code civil français, jusqu’aux années qui suivent la Libérati...

    David Deroussin, « Remarques sur les regulae iuris et les principes en droit (Temps Modernes) », Revue historique de droit français et étranger, 2012, pp. 195-236 

    David Deroussin, « Comment forger une identité nationale ? La culture juridique française vue par la doctrine civiliste au tournant des XIXe et XXe s. », Clio@Thémis : Revue électronique d'histoire du droit, 2012, n°5 

    David Deroussin, Jean-Louis Halpérin, Soazick Kerneis, Liora Israël, « Ouverture : Dénationaliser l’histoire du droit ? », Clio@Thémis : Revue électronique d'histoire du droit, 2012, n°5 

    David Deroussin, « Le Projet de Code des obligations et des contrats franco-italien de 1927 : chant du cygne de la culture juridique latine ? », 2009  

    La question de l’unification internationale du droit privé se pose, aujourd’hui et compte tenu de l’état d’avancement de l’Union européenne, avec une grande acuité. Elle intéressait déjà beaucoup, cela dit, à la fin des années vingt. Demogue par exemple lui consacre un ouvrage (L’unification internationale du droit privé, Paris, 1927) et dirige la thèse de L. Steuerman intitulée Contribution à l’étude du projet franco-italien de Code des obligations et à son introduction en Roumanie, soutenue...

    David Deroussin, « Le contrat à travers le Code civil des Français », Histoire de la justice , 2009, n° ° 19, pp. 247-289    

    RésuméPour les rédacteurs du Code civil, le contrat est la source principale d’obligations, comme naguère dans l’ancien droit. Loin d’être imposé par le législateur, les règles contractuelles à codifier doivent être raisonnables et le fruits des expériences passées, notamment romaines. Le contrat s’inscrit en outre dans la mouvance utilitariste du temps. C’est un outil social permettant aux hommes de se rapprocher et de constituer une société civile. Le contrat est tout d’abord une procédure naturelle, commune à tous les hommes, fondée sur la rencontre de deux volontés véritables et raisonnables que seul l’ordre public et moral peut borner. Le contrat est aussi une finalité. La volonté des parties s’impose à tous, non pas parce que les co-contractants font office de législateurs, mais parce que la puissance de la loi le permet. Une fois valable, le contrat effectue un « transport de droits » que les juges ont pour seule mission de révéler en cas de litige. Une conception du contrat qui connaîtra une remarquable pérennité, sa plasticité l’emportant sur sa technicité.

    David Deroussin, « Réalité vécue, réalité juridique et vérité judiciaire à Rome et dans l’ancien droit français. Contribution historique à l’étude de la théorie de l’apparence », Droits , 2003, n° ° 37, pp. 191-202   

  • David Deroussin, J. Domat, les principes et règles du droit, 2018 

  • David Deroussin, « La Cour de cassation et la Grande Guerre », le 09 novembre 2018  

    Organisé dans le cadre des commémorations nationales célébrant le centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918 par la Cour de Cassation, l’Ecole Nationale de la Magistrature et l’ASLAB

    David Deroussin, « Réflexions sur le projet de réforme du droit de la responsabilité civile », le 24 novembre 2017 

    David Deroussin, « Épilogue : R. Saleilles : le droit, la méthode et la postérité », Épilogue : R. Saleilles : le droit, la méthode et la postérité, le 01 janvier 2012 

    David Deroussin, « La coutume dans la doctrine civiliste après l'Exégèse : un renouveau en trompe l'œil ? », La coutume dans la doctrine civiliste après l'Exégèse : un renouveau en trompe l'œil ?, le 01 janvier 2011 

    David Deroussin, « Les sources du Code des obligations et des contrats libanais : L. Josserand et le droit commun législatif mondial », Les sources du Code des obligations et des contrats libanais : L. Josserand et le 'droit commun législatif mondial Lebanon (LB), le 01 janvier 2010 

    David Deroussin, « L'apparence, le juge et la doctrine après 1804 : manifestations et fondements », L'apparence, le juge et la doctrine après 1804 : manifestations et fondements, Toulouse, le 01 janvier 2009 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Aurélien Galicier, L'argument de nature dans la jurisprudence de la Cour de cassation au XIXème siècle, thèse en cours depuis 2023 

    Florian Reverchon, Les origines de la théorie des nullités : XIIe-XIXe siècle, thèse soutenue en 2022 à Lyon 3 en co-direction avec Franck Roumy, membres du jury : Elena Giannozzi (Rapp.), Antonio Padoa Schioppa (Rapp.), Jean-Louis Halpérin et Susanne Lepsius    

    Cette thèse étudie l’élaboration des constructions théoriques permettant d’aborder le phénomène de l’invalidité des actes juridiques de droit privé en France, en Allemagne et en Italie, du XIIe au XIXe siècle. Elle met en lumière le rôle des juristes médiévaux, qui développèrent sur cette question, peu thématisée par le droit romain, une doctrine cohérente fondée sur une approche substantialiste de l’acte juridique. La nullité, conçue comme un vice de nature ontologique, s’opposait à l’annulation, vue comme un mécanisme extrinsèque entraînant rendant l’acte inefficace, sans toucher à sa validité. Ces conceptions, n’excluaient pas la reconnaissance de techniques relativisant la portée de l’invalidité selon le but poursuivi par la loi qui la fonde, c’est-à-dire selon un critère téléologique. C’est sur ces fondements, transformés à la suite d’évolutions entraînées, par la pratique, par les exigences didactiques, ou par l’évolution générale du droit privé dans le sens du volontarisme, que se constitue la théorie des nullités aujourd’hui.

    Lu quynh anh Nguyen, La publicisation du droit des contrats sous la Troisième République, thèse en cours depuis 2022 

    Sonia Baijot, Normes et pratiques de l’entrepreneuriat féminin à l’ère du développement du capitalisme industriel , thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Charlotte Le Chapelain  

    La thèse propose de s’intéresser aux normes et pratiques de l’entrepreneuriat féminin des deux premiers tiers du XIXe siècle. D’une part, la thèse analysera le contenu, les influences et les interprétations en jurisprudence et en doctrine des normes civiles et commerciales entérinées par la codification napoléonienne et ayant un effet sur l’activité des femmes en affaires. Il s’agira ainsi d’interroger les ambivalences de l’incapacité juridique de la femme mariée qui n’a pas vocation à s’appliquer aux femmes veuves, célibataires ou vivant en concubinage. Les exceptions commerciales à l’incapacité de la femme mariée seront par ailleurs analysées (autorisation maritale à exercer le commerce ou à contracter une société commerciale, capacité à conclure des contrats usuels, etc.) pour mieux envisager la manière dont certaines femmes ont pu s’approprier les « vides » et les « pleins » de la législation pour continuer à exercer leur activité. D’autre part, la thèse a vocation à s’appuyer sur les actes de la pratique (actes notariés, actes sous-seing privés archivés, archives commerciales, etc.) pour dresser les contours de l’agentivité de femmes en affaires ayant réalisé des choix juridiques dans le cadre de leur activité économique. Qu’elles aient agi seules, par exemple en s’appuyant sur la littérature de vulgarisation juridique, ou par l’intermédiaire d’un conseil, par exemple un avocat ou un notaire, ces femmes ont adopté des comportements contractuels à la croisée du droit et de l’économie.

    Rémy Valero, L'internationalisation du droit pénal français à l'époque contemporaine, thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Catherine Fillon 

    Charly Antoine, La subrogation réelle dans l'ancien droit français, thèse en cours depuis 2015 

    Mohamed Barry, La théorie des nullités dans la doctrine après le Code civil, thèse soutenue en 2013 à Lyon 3, membres du jury : Alexis Mages (Rapp.)    

    Peut-on parler d’une théorie des nullités dans la doctrine après le Code civil ? C’est à cette question que l’on a cherché à répondre dans ce travail. En effet, la réponse, habituellement, apportée à cette dernière appelle des précisions. Selon cette réponse, après le Code civil, il y a eu une théorie des nullités dans la doctrine. D’abord, il y a eu une doctrine classique qui est composée, majoritairement, d’auteurs du XIXème siècle. Ensuite, à coté de cette doctrine, il y a eu une doctrine dite moderne, composée majoritairement d’auteurs du XXème siècle. Si, pour construire une théorie générale des nullités, la doctrine classique a utilisé l’état de l’acte, la doctrine moderne elle, elle a utilisé le critère lié au but de la règle violée. Dans ce travail, on a cherché à renouveler cette réponse, d’une part en mettant en évidence les limites de l’idée d’une doctrine classique ou moderne et d’autre par en montrant l’inadéquation de ces théories générales, construites par les auteurs après le code civil, au droit positif. Ce qui nous a permis de proposer d’abandonner toute vision globale sur doctrine et sur la théorie des nullités. Aussi, on a proposé de remplacer cette vision globale par une conception diverse des nullités. Une conception diverse d’abord, en ce qui concerne la doctrine, dans la mesure où il n’y a pas d’un coté la doctrine classique et de l’autre la doctrine moderne. Mais aussi une conception diverse en ce qui concerne la théorie des nullités elle-même, dans la mesure où il n’y a pas une seule théorie pour tous les types de contrats, mais des théories diverses qui épousent les spécificités de chaque contrat. Telles sont les conclusions auxquelles nous sommes parvenus à l’issue de ce travail.

    David Frapet, Les politiques publiques conduites en faveur des monuments français sous la Monarchie de Juillet, par le Parlement et la Liste Civile », thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Jacques Bouineau (Rapp.), Damien Salles (Rapp.)    

    "Durant les 17 années du règne de Louis-Philippe d'Orléans, la France a entièrement restauré ses monuments historiques. La Monarchie de Juillet a entrepris la restauration et l'entretien de ses monuments construits sous l'Antiquité, le Moyen Age et le premier Empire. Parallèlement à l'action des Parlementaires, le Roi des Français, sur les fonds de sa dotation pécuniaire qui lui était versée chaque année par le Trésor Public, a entrepris un vaste plan de restauration des palais placés dans le domaine de la Couronne : Les Tuileries, Saint Cloud, Fontainebleau, Compiègne, Meudon... Il transforma aussi le palais de Versailles en "Musée consacré à toutes les Gloires de la France". Rien que ce chantier lui coûta personnellement la somme de 24 Millions de Francs.La Monarchie de Juillet, qui était un régime né de la révolution de Juillet 1830, devait se construire une légitimité à partir de rien. Ne pouvant se réclamer ni de la Tradition, ni de la gloire des armes, ni même de la Souveraineté du peuple ou du Principe monarchique, la jeune Monarchie de Juillet entama une vaste politique de restauration et d'achèvement de monuments qui dataient notamment de l'Empire et de la Monarchie absolue. Il s'agissait, pour Louis Philippe, de s'approprier l'intégralité de l'héritage politique français, afin de montrer le caractère universel de son régime. C'est ainsi que la Monarchie de Juillet construisit sa légitimité à gouverner la France.Cette thèse analyse les budgets investis dans les monuments français par les Gouvernements et les parlementaires, entre Juillet 1830 et Février 1848 (date de la chute de ce régime), ainsi que la politique conduite dans ce domaine des monuments, personnellement par Louis-Philippe à la même époque. L'auteur à dépouillé intégralement une partie du fonds O/4 des Archives Nationales de France, travail qui n'avait pas été réalisé jusqu'alors avec autant de précisions."

    Cédric Teixeira, La classification des sources des obligations du droit romain à nos jours, thèse soutenue en 2011 à Lyon 3, membres du jury : Jean Bart (Rapp.), Jean-Marie Augustin (Rapp.)    

    Avec l’apparition de plusieurs sources d’obligations en droit romain (le contrat et le délit), les juristes ont cherché à classer ces sources. Cela a commencé avec la classification des Institutes de Gaius. Cette étude propose d’étudier l’évolution de la classification des sources des obligations depuis son apparition en droit romain jusqu’à ses aspects les plus récents. Elle porte en conséquence sur les classifications doctrinales de l’ancien droit, la classification présente dans le Code civil et son interprétation par la doctrine du XIXe siècle, et les évolutions de cette classification au XXe siècle sous l’influence du droit allemand notamment.

    Gunda Wiegard, Die Geschichte der Klagefrist des Art. 1648 C. Civ. In der Fassung von 1804 im Vergleich mit der Entwicklung des § 477 Abs. 1 S. 1 BGB in der Fassung von 1900, thèse soutenue en 2009 à Lyon 3  

    A Rome, les édictes édilitiens donnaient aux acheteurs d'un esclave ou de bétail entachés d'un vice l'actio redhibitoria et l'actio quanto minoris contre le vendeur. Ces actions étaient limitées dans le temps: En principe, l'actio redhibitoria devait être intentée dans un délai de six mois, la quanti minoris dans un an. Beaucoup de questions autour de ces délais attendent encore une réponse: Quelle est la signification de Gai. D. 21, 1, 28, Ulp. D. 21, 1, 19, 6 et Pap. D. 21, 1, 55 et quelle est la relation entre ces textes? Comment la perception de ces textes a-t-elle changé entre le 2e et 6e siècle quand sous l'empereur Justinien le code et les digestes ont été compilés? Comment le droit byzantin a-t-il transformé ces textes à la suite? La première partie de la thèse essaie d'éclaircir ces points. La deuxième partie développe l'histoire de la prescription de la garantie édilitienne pour vice caché en France, commençant avec les leges (Romanae) barbarorum et se terminant avec un aperçu sur le droit moderne: Quelles prescriptions ont été mentionnées dans les ordonnances royales, les coutumes, les usages et la littérature juridique française? Quel a été le rôle du droit romain en France où les pères du code civil ont préféré le terme bref délai à un terme plus proche du droit romain? Que signifiait bref délai à leurs yeux? La troisième partie résume l'histoire de la prescription édilitienne en Allemagne, commençant avec les leges (Romanae) barbarorum et se terminant avec le droit moderne. § 477 BGB contient quelques éléments du droit édilitien et du droit régional allemand. L'accent de cette partie est sur les différences du développement allemand comparé au droit français.

    Alexis Mages, Jalons historiques pour une théorie juridique du crédit (XVIème-XIXème siècles), thèse soutenue en 2008 à Lyon 3  

    Du XVIème au XIXème siècles, la notion de crédit peut être assimilée à une technique contractuelle : le prêt. La question de sa rémunération s'est alors posée. Prohibée, la clause d'usura l'a été durant mille ans. Outre le droit positif, le prêt à intérêt a suscité de nombreuses controverses chez les juristes. Les uns, partisans de la prohibition, ont justifié cette interdiction en se fondant sur le droit savant et la législation royale. Mais, contrairement aux Compilations de Justinien, ils ne font plus du prêt à intérêt une relation qui relève de la sphère contractuelle. Dans l'ancien droit, l'usurier est en effet appréhendé comme un délinquant, quel que soit le prix de l'argent prêté. La technique qu'il met en oeuvre pour s'enrichir relève quant à elle de la sphère pénale puisqu'il s'agit, selon l'expression consacrée par nos juristes anciens, d'une « convention criminelle ». Les autres, partisans de l'usura, réintègrent le prêt à intérêt dans le domaine des obligations volontairement consenties. Ce faisant, ils font imploser les catégories juridiques. D'une part, cette relation n'est plus rejetée avec eux dans le domaine des crimes. D'autre part, en l'assimilant au louage de choses, ils font du prêt à intérêt un contrat consensuel (et non réel), synallagmatique, à titre onéreux, et non translatif de propriété. Cette évolution doctrinale, longue de trois siècles, se concrétise par l'adoption des décrets-lois des 3-12 octobre 1789 qui libéralisent le crédit. Cela étant, la place du prêt à intérêt au sein des contrats en général ne perd rien de sa vigueur après 1804. A celle-ci s'ajoute par ailleurs la question du rôle de la puissance publique : faut-il ou non laisser aux parties au mutuum une liberté entière dans la détermination du prix de l'argent prêté ? L'Etat ne devrait-il pas s'immiscer dans le libre jeu des volontés individuelles afin de garantir l'équilibre du contrat ?

    Alexis Mages, Les contrats du duc de bretagne - xveme siecle. contribution a l'histoire des obligations contractuelles., thèse soutenue en 2005 à Rennes 1 

  • Jean Paul Dailloux, Les lois successorales de la révolution française : une anticipation de l'évolution de la famille?, thèse soutenue en 2019 à Lyon sous la direction de Louis-Augustin Barrière, membres du jury : Carine Jallamion (Rapp.), Christian Bruschi (Rapp.), Françoise Fortunet de Loisy    

    Les historiens du Droit ont longtemps fait peu de cas du droit civil de la Révolution française qualifié péjorativement de droit intermédiaire. Mais depuis le bicentenaire de la Révolution française, ils ont révisé leur appréciation et davantage mis en exergue la modernité de cette législation que l’on peut désormais considérer comme une anticipation du droit contemporain de la famille. Cette thèse est une contribution à cette œuvre de réhabilitation. Le droit des successions de l’ancien régime était caractérisé par l’inégalité de ses règles. La proclamation de l’égalité civile dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 impliquait une refonte complète de cette matière. Les deux premières assemblées, la Constituante et la Législative n’avaient fait qu’entamer ce travail en supprimant les inégalités les plus manifestes, les privilèges d’aînesse et de masculinité, ce qui fut l’occasion de discussions sur le droit de tester. Ce fut la Convention qui réalisa les réformes les plus considérables et les plus célèbres à l’apogée de la Révolution, au moment où les tensions idéologiques étaient exacerbées. Un premier projet de Code civil fut discuté mais n’aboutit pas. En attendant la rédaction d’un second projet amendé, il fut résolu de mettre en application quelques parties du premier sur des questions qui semblaient particulièrement urgentes. C’est ainsi que des « articles d’appendice » du premier Code, furent mis en application au moyen de deux lois. La première est celle du 12 brumaire an II sur les droits des enfants naturels qui étaient essentiellement des droits successoraux, la seconde est la loi du 17 nivôse an II, sur la dévolution successorale et l’égalité des partages.Leur caractéristique commune était d’introduire la rétroactivité dans le règlement des successions ouvertes depuis le 14 juillet 1789, date symbolique de l’avènement de la liberté, pour hâter la mise en application des principes nouveaux. Cet effet rétroactif fut ensuite violemment critiqué, dès que la situation politique se retourna avec l’élimination des Robespierristes. De nombreuses plaintes affluèrent pour montrer les graves inconvénients pratiques de cette situation. Les législateurs postérieurs revinrent sur cet effet au moyen de lois qui s’échelonnent du 9 fructidor an III au 3 vendémiaire an IV. Les rédacteurs du Code civil maintinrent le principe d’égalité dans la famille fondée sur le mariage. Mais en ce qui concerne les enfants nés hors mariage, le code de 1804 consacre les solutions les plus dures qu’il était possible d’imaginer à leur encontre. Il n’est plus question d’égalité même tempérée. La situation de ces enfants ne fut améliorée que très lentement pendant 150 ans. Ce mouvement s’est néanmoins accéléré à partir de 1972 pour aboutir à la situation actuelle.

    Denis Serge Dibandjo Nintcheu, La privation de droits civils, de la revolution a son abolition en 1854., thèse soutenue en 2012 à Lyon 3 sous la direction de Louis-Augustin Barrière, membres du jury : Françoise Fortunet de Loisy (Rapp.), Christian Bruschi (Rapp.)    

    Avec l’avènement de la Révolution française en 1789, l’institution de la mort civile qui existait sous l’ancien régime et avait pour effet essentiel de retrancher une personne de la vie juridique, par une privation totale de droits civils, allait être remise en cause, lorsque furent proclamés au début de la révolution les droits inaliénables de la personne. Elle fut par la suite rétablie par ces mêmes révolutionnaires à des fins politiques contre les émigrés et les prêtres réfractaires considérés comme des traitres à la patrie et de nouveau supprimée, pour être réintroduite sous l’Empire dans le Code civil et enfin définitivement supprimée par la loi du 31 mai 1854. Cette étude se propose donc d’étudier les suppressions de la mort civile et les résurgences de la mort civile sous la Révolution puis sous l’Empire. Elle porte donc en conséquence sur les raisons qui ont décidé la Constituante à l’abolir, et les motifs qui ont été invoquées lors de ses restaurations et de ses nouvelles abolitions.

  • Mathieu Huyghe, Alteri stipulari nemo potest : naissance, vie et mort d'un mythe français du droit des obligations, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Nicolas Warembourg, membres du jury : Pascal Pichonnaz (Rapp.), Xavier Godin  

    La stipulation pour autrui est un mécanisme juridique consacré par l’article 1205 du nouveau Code civil, dont la rédaction est issue de la réforme du 10 février 2016, portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve de l'obligation. Cette consécration de la stipulation pour autrui par le législateur est un bouleversement total du droit des obligations et un renversement de l’antique adage Alteri stipulari nemo potest. De Rome à nos jour, le présent ouvrage a pour ambition d’apporter une contribution historique à l’étude d’un paradoxe juridique. En partant de l’inutilité des actes au profit des tiers à Rome, en passant par le droit savant, mais aussi par l’époque moderne et le Code civil de 1804, c’est de la restitution d’un mécanisme fait de tradition et de modernité dont il est question dans ces pages. C’est dans la rigueur de l’interdit que se trouvent le véhicule de la contradiction et le poil de départ du dépassement des frontières de son domaine originel. L’expression de l’acte interdit se trouve ainsi traduit par l’usage d’expédients, de remèdes procéduraux, et d’exceptions multiples, fruit de l’ingéniosité des jurisconsultes. La relecture du droit romain par la doctrine savante est le point départ de la compréhension de cette "régula" dont les auteurs modernes et contemporains n'ont eu de cesse de vouloir se défaire. L’intérêt de cette étude est donc de porter un regard minutieux sur l’évolution d’un adage, de sa consécration à son abolition.

    Victor Le Breton-Blon, La lettre de change : la théorie face à la pratique bordelaise de la seconde modernité (1673-1789), thèse soutenue en 2021 à Bordeaux sous la direction de Xavier Prévost et Luisa Brunori, membres du jury : Olivier Descamps (Rapp.), Géraldine Cazals et Dave De Ruysscher  

    L’histoire de la lettre de change reflète l’émergence d’une innovation commerciale pour élaborer un instrument de paiement, de crédit et de spéculation sans déplacement matériel de l’argent. La traite apparaît ainsi dès la fin du Moyen Âge et devient rapidement un moyen incontournable pour les échanges sur de longues distances. Elle connaît son apogée sous l’influence des échanges transatlantiques et européens à partir du XVIe siècle, notamment avec la technique de l’endossement. L’instrument cambiaire gagne alors progressivement les traits d’un papier monnaie pour répondre aux transactions quotidiennes tout en contribuant à de vastes mouvements spéculatifs au service du capitalisme commercial naissant. La consolidation des principales caractéristiques de la lettre de change reste néanmoins méconnue pour les XVIIe et XVIIIe siècles. L’évolution des opérations cambiaires soulève de nouveaux défis, des problématiques inédites à la fois dans le domaine juridique et économique. L’influence de secteurs d’activités diversifiés, l’apparition de règlementations publiques particulièrement ambitieuses et les transformations de la science juridique impliquent des relations particulièrement complexes entre le droit et les affaires, relations dont les contours restent encore à déterminer. L’étude de la théorie et de la pratique de la lettre change permet d’apporter de nouveaux éclaircissements à cet égard. Elle offre une visibilité plus large sur les phénomènes à l’œuvre grâce à la mobilisation de sources multiples et complémentaires dans le cadre d’une approche pluridisciplinaire. Cette démarche vise à obtenir une image cohérente de la matière sans distinguer strictement les questions économiques et juridiques, car elles ne sont pas amenées à vivre séparément. L’activité commerciale de Bordeaux, l’un des principaux ports français de la seconde modernité, offre un terreau fertile pour révéler la présence de situations dialogiques, de tensions ou d’ignorances qui concourent selon différentes configurations à la consécration des singularités essentielles du droit cambiaire selon des influences locales, nationales mais aussi européennes.

    Charlotte Broussy, Histoire du contrat d'assurance (XVIe-XXe siècles), thèse soutenue en 2016 à Montpellier sous la direction de Carine Jallamion, membres du jury : Florent Garnier (Rapp.), Laurent Pfister, Anne Pélissier et Olivier Serra  

    Bien que né et théorisé comme contrat commercial maritime, le contrat d’assurance est actuellement plus couramment envisagé comme un contrat terrestre de consommation. Pour appréhender cette évolution, il a paru convenable de s’interroger sur l’histoire du contrat d’assurance depuis le XVIe s. jusqu’en 1930. En effet, le XVIe s. est le moment où le contrat d’assurance commence à concerner le monde terrestre en étant conceptualisé par des auteurs de doctrine puis en éveillant l’attention du législateur français. Cette phase qui s’étend jusqu’au milieu du XIXe s. est donc une phase de construction théorique et législative du contrat d’assurance - avec une base maritime et une tendance de plus en plus prégnante à l’installation sur terre. La période suivante commence au milieu du XIXe s. qui amorce les premiers grands changements de nature du contrat d’assurance avec l’avènement de la société industrielle, l’émergence des idées socialistes et de l’État providence. À cette occasion, doctrine et jurisprudence adaptent le contrat d’assurance aux besoins de sécurité croissants de la population. L’on peut parler d’un véritable enracinement terrestre du contrat d’assurance, car la base maritime est mise de côté tandis que la base terrestre passe au premier plan. Les adaptations et nouveautés juridiques amènent des auteurs, juges et autres praticiens à s’interroger de nouveau sur la nature du contrat d’assurance. En 1930, la première loi française sur le contrat d’assurance terrestre cristallise certaines de leurs conclusions et positions sans toutefois donner de définition ni de contours fermes au contrat d’assurance. Il demeure encore difficile d’en trouver.

    Jean Charriaud, Le contrat de dépôt (XIIe-XVIe siècle) : une figure contractuelle protéiforme, thèse soutenue en 2016 à Paris 2 sous la direction de Olivier Descamps, membres du jury : Nicolas Laurent-Bonne (Rapp.), Luisa Brunori et Emmanuelle Chevreau  

    Le XIIe siècle est l’aube d’une nouvelle ère, marquée par la redécouverte du droit romain, mais aussi par la reprise des échanges économiques, échanges qui s'accentueront à partir de la fin du XVe siècle avec la conquête du Nouveau Monde. Devant faire face à ce nouveau droit, mais aussi aux nécessités économiques impliquant une technicité juridique accrue, les juristes médiévaux, tout comme leurs successeurs de la Renaissance, tentent de définir les contours de cette figure contractuelle romaine si énigmatique : le dépôt. Ce dernier est utilisé pour toutes sortes d’opérations économiques et juridiques, y compris les plus condamnables selon la morale de l'époque. De ce fait, outre la doctrine, c’est l’ensemble des acteurs du droit de ce temps qui sont contraints de tenter de régir et de définir cette figure contractuelle protéiforme. C’est ainsi que cette opération de catégorisation juridique va mobiliser tant les pouvoirs publics, que les juristes de droit coutumier et les praticiens, qui n'auront de cesse de tenter d'apporter des solutions à ce qui demeure, encore à l'heure actuelle, une épineuse problématique.

    Marie-Anne Daillant, Le retard dans l'exécution des contrats (XIIe-XIXe siècle). Contribution historique à l'étude de la responsabilité contractuelle, thèse soutenue en 2016 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Michèle Bégou-Davia et Olivier Descamps, membres du jury : Nicolas Warembourg (Rapp.), Laurent Pfister et Luisa Brunori  

    Depuis plus d’un siècle, l’existence du concept de responsabilité contractuelle suscite de vives controverses au sein de la doctrine française. Le retard contractuel, aussi dénommé demeure, ou mora, constitue le second fait générateur de la responsabilité contractuelle, à côté du défaut d’exécution. Les spécificités de la demeure tiennent tant à ses conditions de mise en œuvre qu’à son régime, caractéristiques qui ne cesseront d’être réformées depuis le Moyen Âge, au gré des besoins et valeurs de chaque époque sans cesse en évolution. Fidèle à l’héritage romain dévolu par la Codification justinienne, le jus commune ne parviendra pas à formuler un principe général de responsabilité contractuelle pour retard, admettant que cette question relève davantage du fait que du droit. Il dispose néanmoins du matériau nécessaire à l’édification du principe. Mais le retard n’y est jamais considéré comme une faute, et ce constat est d’autant plus frappant dans les sources du droit propre au Royaume de France qui privilégient la recherche de l’exécution en nature de la dette. Le véritable changement de paradigme s’opèrera à la fin du XVe siècle, puis surtout sous la plume des juristes humanistes, qui, pour la première fois, qualifieront le retard de faute. Toutefois, faute, dommage et causalité ne feront pas l’objet d’une systématisation aboutie, bien que favorisée par l’énonciation d’un principe général de responsabilité civile par Grotius, sous l’égide du précepte du neminem laedere. Aux siècles suivants, l’ambiguïté demeurera manifeste, entraînant d’ailleurs une importante discordance entre les deux sommités de la doctrine française moderne, Domat et Pothier. Finalement, les rédacteurs du Code civil ne prendront pas partie pour un principe de responsabilité contractuelle pour retard, tout en confirmant les traits principaux d’un tel concept.

    Bilal Dinc, Droit et pratique de la faillite dans le ressort de la Cour d'appel de Lyon : 1838-1889, thèse soutenue en 2015 à ClermontFerrand 1 sous la direction de Florent Garnier, membres du jury : Alexis Mages (Rapp.), Nicolas Laurent-Bonne  

    Au cours du XIXe siècle, le droit de la faillite institué comme un mécanisme de sanction des débiteurs professionnels faillis prend progressivement en compte la situation du débiteur ainsi que sa bonne ou sa mauvaise foi afin d’évaluer son degré de culpabilité. À Lyon, l’évolution de la norme de la faillite et de sa pratique le tribunal de commerce fait apparaître une prise en considération grandissante de l’humanité du débiteur, accompagnée parfois par une réforme légale impulsée par l’initiative des juges consulaires lyonnais. Ceux-ci prennent l’initiative d’instituer des mesures contra legem afin de protéger les commerçants de bonne foi victimes d’une conjoncture provoquant une crise économique majeure qui génère des faillites en cascade.Au lieu de mettre en place une réforme en profondeur du droit de la faillite réclamée par les praticiens, les docteurs, la jurisprudence ainsi que par les justiciables, le législateur n’institue que des mesures provisoires et palliatives. Son inertie renforce la conviction des juges consulaires lyonnais que leur pratique s’impose comme une solution appropriée pour réduire les conséquences néfastes de l’inaction du législateur non seulement sur la situation des commerçants faillis mais aussi sur la société et l’économie de la ville de Lyon.

    Alix Rodet-Profit, Le contrat d'assurance maritime à Rouen dans l'Ancien droit, thèse soutenue en 2015 à Paris 2 sous la direction de André Castaldo, membres du jury : Virginie Lemonnier-Lesage (Rapp.), Barthélemy-Antoine Mercadal et Laurent Pfister  

    L'assurance maritime constitue la première forme d'assurance connue, qui s'est développée à la fin du Moyen-Âge et a gagné l'ensemble de l'Europe au XVIe siècle. Rouen, l'une des plus importantes villes commerciales et maritimes du royaume de France, fut la première – et la seule – à être dotée d'un greffe des assurances dès 1556. Elle constitue donc un lieu de choix pour l'étude de ce contrat dans notre pays. Le caractère aléatoire de l'assurance a posé très tôt le problème de l'équilibre des intérêts des parties. D'une part, l'assuré devait pouvoir bénéficier de garanties suffisantes pour recourir à l'assurance. Il s'agissait d'autre part de protéger l'assureur, qui, en plus de prendre les risques de l'expédition à sa charge, se trouvait en grande partie dépendant de la bonne foi de son assuré. Aux côtés de leur « commis aux assurances », les marchands rouennais ont alors recherché et adopté des solutions. L'ordonnance de la Marine de 1681, première législation française sur les assurances, a ensuite tenté d'unifier les usages et pratiques du royaume. Elle a proposé différentes mesures pour promouvoir ce contrat tant auprès des assurés que des assureurs. L'assurance maritime, en lien avec les nombreux domaines juridiques que sont le droit des obligations, le droit commercial, le droit maritime, le droit cambiaire ou encore celui des sociétés, a alors évolué sous l'influence conjuguée des juges et des marchands, toujours soucieux de trouver un équilibre contractuel.

    Nathalie Thevenard, Étude sur le petit criminel et l'action d'injures à Lyon au XVIIIe siècle, thèse soutenue en 2002 à Dijon sous la direction de Jean-Louis Halpérin  

    Par fidélité à la tradition romaine, la doctrine de l'ancien droit a conçu l'injure de manière très large : injures verbales, par écrit et par actions. Ces infractions qui se résolvent fréquemment par accommodements, sont traditionnellement rangées dans le petit criminel. Le vol simple, l'abus de confiance, la séduction, l'adultère et la tentative de viol peuvent également être qualifiés de petits délits, au vu de la procédure. Le "petit criminel" est la procédure empruntée pour ces petits délits, c'est-à-dire la voie criminelle ordinaire : le procès est jugé immédiatement sur interrogatoire ou il est civilisé. Cette procédure est entièrement diligentée par le lieutenant criminel qui condamne les auteurs des délits à des peines légères : peines pécuniaires et réparations d'honneur. Cette étude qui s'appuie sur les dossiers d'archives de la Sénéchaussée de Lyon au XVIIIe siècle propose d'étudier l'identité et le lien entre ces deux notions de petit criminel et d'injure.

  • Eva Becquet, Le bail emphytéotique : De la rédaction des coutumes à la loi du 25 juin 1902, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Laurent Pfister, membres du jury : Jean-Louis Halpérin (Rapp.), Marta Peguera Poch (Rapp.), Patrick Arabeyre et Franck Roumy  

    Retracer l’histoire juridique du bail emphytéotique conduit à une réflexion plus large sur l’acculturation d’un contrat d’origine romaine dans l’ancien droit puis le droit contemporain. À compter de la rédaction officielle des coutumes, le bail emphytéotique s’enracine dans l’ancien droit. En acquérant certains traits saillants du droit coumier, tout en se dépouillant d’une partie de sa romanité, ce contrat est naturalisé. Simultanément, il est compris par une partie de la doctrine d’Ancien Régime comme un modèle des baux de longue durée, participant aux tentatives vers la systématisation, voire l’unification, du droit. Dès 1789, la refondation du bail emphytéotique à l’aune du droit contemporain est amorcée. Face à un législateur tantôt indifférent tantôt hostile, les juridictions, au renfort desquelles certains auteurs prêtent leur plume, rénovent le contrat et son régime, jusqu’à ce que la loi du 25 juin 1902 finisse enfin par consacrer l’essentiel des solutions jurisprudentielles élaborées au cours du XIXe siècle. Assimilé dans l’ancien droit puis réinterprété pour se conformer aux principes irriguant le droit civil postrévolutionnaire, le bail emphytéotique résiste aux changements d’ordres juridiques. Il se révèle ainsi un outil de mise à disposition des biens, distinct de la vente et du louage, dont la plasticité lui assure longévité et pérennité.

    Marie-France Gouasmi, La contrainte dans les contrats. Les origines de la violence comme vice du consentement dans la doctrine romano-canonique médiévale (XIIe-XVe siècle), thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Franck Roumy, membres du jury : Florence Demoulin-Auzary (Rapp.), Nicolas Laurent-Bonne (Rapp.), Olivier Descamps  

    La notion de violence dans les contats est héritée de la notion romaine de metus (la crainte). C’est l’une des notions que les juristes médiévaux ont longuement débattu lors de la redécouverte du Corpus de Justinien et de la renaissance juridique du XIIe siècle. On doit l’expression « vice du consentement » aux juristes du droit naturel moderne du XIXe siècle, mais la notion de vice en tant de défaut suivant l’étymologie de ce terme (vitium), est déjà présente chez les civilistes de l’école italienne du XIVe siècle, à partir de Cynus de Pistoie, reprise par Bartole puis Balde. La violence est théorisée par la doctrine romano-canonique médiévale avec un apport indéniable des canonistes, notamment dans l’atténuation de la rigueur romaine et sa subjectivisation au nom de l’équité canonique, pouvant profiter à la victime. En effet, tous les éléments constitutifs de la violence, ainsi que les conditions de sa prise en compte répertoriés dans le Code Napoléon de 1804 sont issus du droit romain débattus et théorisés par des docteurs médiévaux ; la doctrine de l’Ancien Régime ne fait que reprendre les débats d’une notion déjà achevée à la fin du XIVe siècle avec Balde, ce qui s’explique par sa qualité de juriste de l’utrumque jus. La version de 1804 est restée en vigueur jusqu’en 2016, où le législateur a fait le choix de généraliser les concepts et de supprimer quelques termes du droit romain.

    Thiébald Cremers, Les contrats dans le très ancien droit des Pays-Bas méridionaux : étude du droit contractuel de l'an 1000 à 1300, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Olivier Descamps, membres du jury : André Castaldo, Robert Jacob, France Drummond et Nicolas Laurent-Bonne  

    Cette thèse comporte une étude sur les contrats dans le droit coutumier et la pratique contractuelle du Nord de la France et de la Belgique entre l’an 1000 et 1300. D’abord, l’auteur cerne qui concluaient alors quels contrats pour quelle raison. Les sources de cette étude sont constituées des chartes de libertés que les villes se font octroyer dès le 12e siècle ; des actes de la pratique émanant des seigneurs territoriaux et des échevins urbains dont les chirographes enregistraient les opérations commerciales les plus diverses. Seulement à compter des années 1280, s’y ajoutent des coutumiers qui confirment les conclusions tirées des milliers d’actes de la pratique. Du fait des mutations sociales et économiques qui affectaient l’Europe aux 12e et 13e siècles, l’on constate une naissance du droit contractuel autour du renouveau urbain, de la renaissance commerciale et de l’affermissement du pouvoir, notamment juridictionnel, des princes territoriaux.La question centrale du droit des obligations est de savoir comment contraindre le débiteur à respecter ses engagements. Pour y répondre, encore faut-il être certain que le débiteur se soit engagé. Pour cela, le droit du 12e siècle a recours aux techniques déjà connues en matière de droit des biens, à savoir conférer légitimité et sécurité en faisant conclure les opérations les plus importantes devant les puissants d’abord, devant les juges ensuite. La pratique du record de cour est ainsi née. Aussi, le formalisme dans la conclusion des contrats a toujours été souple et la question de la naissance du consensualisme, abordée dans certaines coutumes, semblait causer un désarroi tant elle était étrangère au droit coutumier. Ensuite la contrainte s’exerçait par l’emprisonnement pour dette ; par l’exécution sur les meubles et sur les immeubles. Pour améliorer les chances du créancier, le droit coutumier a recours à la plévine coutumière, sûreté personnelle par excellent.

    Marion Narran, La résistance conservatrice à l'individualisme juridique : conception du droit privé et activité législative entre 1789 et 1830, thèse soutenue en 2016 à Montpellier sous la direction de Jean-Luc Coronel de Boissezon, membres du jury : Solange Ségala (Rapp.), Nicolas Warembourg (Rapp.), Alain Desrayaud et Carine Jallamion  

    La Révolution est un phénomène politique attaché à bouleverser en priorité l’ordre de l’exercice de puissance publique. Les acteurs de la Révolution, tout comme leurs adversaires, comprennent rapidement que le destin de la société et celui de la Révolution sont étroitement liés à la transformation radicale du droit privé. La première résistance à l’individualisme juridique est venue des défenseurs de l’ordre traditionnel, parmi ces députés désignés par leurs adversaires sous les noms de « parti aristocrate », avant que les grandes figures de la Contre-Révolution telles que Louis de Bonald ou Joseph de Maistre poursuivent, par d’importantes publications, le combat idéologique. Sous le Consulat, le Code civil de 1804 est au cœur des enjeux soulevés par le mouvement de contestation de l’individualisme juridique. Code de « transaction » selon le mot de Portalis, il fait droit à nombre d’aspirations anti-individualistes, sous l’influence des quatre membres de la commission de rédaction. Pourtant, il n’en ménage pas moins des concessions à la législation révolutionnaire, ce qui continue de nourrir une opposition contre-révolutionnaire. La Restauration de la monarchie permet de poursuivre cette genèse du courant anti-individualiste, puisque les débats concernant le droit privé sont nombreux, notamment en matière familiale. La puissance paternelle, l’abrogation du divorce, les successions et les majorats, ainsi que le projet de remettre la religion au centre de la société, sont une préoccupation majeure pour les ultraroyalistes qui désirent « renouer la chaîne des temps ». Le parti ultraroyaliste, d’abord hostile à la Charte de 1814, use habilement des Chambres pour promouvoir une réaction cette fois intégrale contre l’individualisme juridique de la Révolution.

    Elodie Creteau, Des partages d'ascendants aux libéralités-partages : Approche historique des articles 1075 et suivants du Code civil, thèse soutenue en 2015 à Montpellier sous la direction de Yves Mausen, membres du jury : René Pahud de Mortanges (Rapp.), Laurent Pfister (Rapp.), Marie-Laure Mathieu et Maïté Lesné-Ferret  

    Les partages des articles 1075 et suivants du Code civil permettent à un disposant de réaliser par anticipation le partage de sa succession entre ses héritiers présomptifs. Cette faculté, durant les deux siècles qui ont suivi la codification, était réservée aux seuls ascendants au profit de leurs descendants et ce n’est que par la loi du 23 juin 2006 qu’elle a été étendue en dehors de la ligne directe descendante. Cette ouverture résulte d’une évolution progressive de cet acte, réalisée tout au long du XXe siècle pour répondre aux blocages nés des interprétations divergentesdéveloppées au cours du XIXe siècle. Le caractère hybride des partages d’ascendants qui se trouvent au confluent des successions et des libéralités est une donnée établie. Tout comme une médaille est constituée d’un avers et d’un revers, les partages d’ascendants sont constitués d’un élément répartiteur et d’un élément attributif. La réunion indissociable de ces deux éléments confère aux partages des articles 1075 et suivants leur identité. Or, pour indissociables et constitutifs qu’ils soient, les deux côtés ne sont jamais perçus simultanément. Tout l’intérêt d’une approche historique des articles 1075 et suivants consiste à mettre en lumière la façon dont la médaille s’est retournée : comment l’élément attributif s’est développé jusqu’à devenir l’avers, la face principale.

    Emmanuel Lazayrat, La connaissance des choses divines et des choses humaines dans la "iuris prudentia", thèse soutenue en 2014 à Lyon 3 sous la direction de Louis-Augustin Barrière, membres du jury : Emmanuelle Chevreau (Rapp.), Christian Bruschi (Rapp.)    

    La iuris prudentia ou « prudence du droit » désignait le savoir des jurisconsultes romains. Bien que son importance soit capitale pour l’histoire de notre droit, nous n’en connaissons qu’une seule et unique définition inscrite aux Institutes et au Digeste de l’empereur Justinien. L’auteur originaire en serait Ulpien qui définit cette « jurisprudence » comme « la connaissance des choses divines et humaines, la science du juste et de l’injuste » (iuris prudentia est diuinarum atque humanarum rerum notitia, iusti atque iniusti scientia). Face à cette définition, les commentateurs ont souvent considéré que seul le second élément (« la science du juste et de l’injuste ») formait le véritable critère épistémologique de la science juridique en cause, diminuant ainsi la fonction de la connaissance des choses divines et humaines (diuinarum atque humanarum notitia). Or, nous pensons qu’au contraire cette rerum notitia n’est pas un simple accessoire rhétorique mais qu’elle réfère à une forme éminente du savoir antique : la sagesse. Forme suprême de l’intelligence et du vécu antique, elle n’est pas le fruit particulier d’une école philosophique ou d’une pensée religieuse. Relative à un savoir générique, la référence à la « sagesse » dans la définition de la iuris prudentia désigne la pensée même du jurisconsulte. Car comment abstraire les règles (regulae) depuis les cas (res) sans une médiation intellective entre les choses et le droit ? Comment opérer le choix entre le juste et l’injuste sans une forme de savoir conceptuel ? Toute science a besoin d’une théorie de la connaissance pour fonder sa méthode. Toutefois, la iuris prudentia dont l’objet était le droit d’une cité devenu empire, ne pouvait faire reposer sa pensée sur une doctrine philosophique déterminée. De même, léguée par les jurisconsultes païens aux princes législateurs chrétiens, elle ne pouvait se définir à travers le prisme d’une religion particulière. Or, la référence à la sagesse, but suprême de la connaissance, permet de neutraliser les différences dogmatiques pour faire ainsi de la « prudence du droit » la seule connaissance antique véritablement universelle. Ce qui explique selon nous que cette fameuse iuris prudentia connaîtra une longue postérité qui fera la fortune historique de la sagesse du droit d’origine romaine dont nous ressentons encore aujourd’hui les échos dans notre propre système juridique.

    Myriam Biscay, Pouvoir et enseignement du droit en France et dans l'Italie du nord du XVIIe siècle à la fin du Ier Empire, thèse soutenue en 2013 à Lyon 3 sous la direction de Louis-Augustin Barrière et Angela Santangelo Cordani, membres du jury : Francesco Aimerito (Rapp.), Laurent Reverso (Rapp.)    

    Dès la genèse des universités, à la fin du XIIe siècle, leur autonomie implique un certain rapport au pouvoir puisqu’elles n’existent que si elles sont reconnues et garanties par des autorités extérieures. Les facultés de droit, composantes des universités, sont particulièrement liées au pouvoir politique en raison des rapports étroits unissant le politique et le droit. À partir du XVIIe siècle, en France, le pouvoir royal s’ingère véritablement dans le domaine des facultés de droit. Ce processus d’immixtion du pouvoir politique sur les facultés de droit s’étend jusqu’au point culminant de la réforme napoléonienne instaurant l’Université impériale. Il s’agit d’une phase de transformation des facultés de droit, alliée à la mutation de l’État lui même, située entre les facultés de droit médiévales, détentrices d’une certaine autonomie, jusqu’aux institutions étatisées dont les finalités sont définies par le pouvoir politique. Les facultés de droit d’Italie du nord, pour le moins en Piémont et en Lombardie autrichienne, connaissent la même évolution au travers des réformes du XVIIIe siècle menées respectivement par Victor-Amédée II et Marie-Thérèse d’Autriche. L’influence politique, soulignant les finalités assignées aux facultés de droit, se traduit par un contrôle de la structure mais également par une immixtion dans le contenu même des enseignements. Ainsi, le type de juriste voulu par le pouvoir politique se dessine au travers des différentes réformes adoptées.

    Franck Joseph Brami, Une grande carrière au service de la loi : Dupin aîné (1783-1865), thèse soutenue en 2011 à Paris 2 sous la direction de Anne Lefebvre-Teillard, membres du jury : Jean-Pierre Royer, Jacques Krynen et Laurent Pfister  

    Comme procureur général près la Cour de cassation, Dupin ne s’est pas contenté de proposer un avis sur les pourvois en cassation pour contravention à la loi, mais il a travaillé, en collaboration avec la Chancellerie à la surveillance des tribunaux de l’ordre judiciaire. Le procureur général se montre si préoccupé des pourvois pour excès de pouvoir et dans l’intérêt de la loi qu’il propose à la Cour de cassation une interprétation nouvelle de leur nature et de leurs conditions qui ont presque toujours été adoptées. Dans le cadre de ses conclusions partie jointe, son influence sur la jurisprudence de la cour suprême est déterminante, car son interprétation en droit a été suivie d’une très forte majorité d’arrêts conformes, tant en droit civil qu’en droit pénal. La doctrine de Dupin est intéressante d’abord par la formulation de son positivisme dans une oeuvre qui éclaire d’un jour nouveau la lente conceptualisation de la hiérarchie des normes à l’époque de la Restauration et de la Monarchie de Juillet. Le second intérêt de sa doctrine réside ensuite dans ses prises de positions en faveur d’une autorité judiciaire souvent contestée. L’évolution des idées de Dupin est cependant singulière, car après avoir mené un combat contre ce qu’il percevait comme une justice d’exception, il a fini par accepter un dualisme juridictionnel. Son apport concret à l’indépendance de l’ordre judiciaire a été tout de même très important, puisqu’il a fortement contribué à imposer l’inamovibilité des magistrats contre deux révolutions, à maintenir les juridictions militaires et coloniales sous le contrôle de la Cour de cassation et à leur imposer progressivement le respect des règles de droit commun.

    Fatiha Cherfouh, Le juriste entre science et politique , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Nader Hakim et Marc Malherbe  

    La Revue générale du droit, de la législation et de la jurisprudence en France et à l’étranger naît en 1877, sous l’égide de Joseph Lefort, et paraît jusqu’en 1938. Entouré de professeurs et praticiens, français et étrangers, cet avocat parisien place la revue sous le signe de l’ouverture disciplinaire et géographique. Elle sera l’un des principaux périodiques juridiques de la Troisième République, et en constitue un observatoire privilégié car son étude contribue à l’histoire de la pensée et des doctrines juridiques de cette période. Elle met à l'épreuve la notion de représentativité doctrinale, car si elle accueille des grandes signatures, elle est surtout la tribune d’une doctrine peu étudiée par l’historiographie contemporaine. Les rapports de ces auteurs à leur environnement, par exemple l’évolution du droit civil ou pénal, la Première Guerre mondiale, la montée du socialisme et de l’interventionnisme étatique, impriment à la revue un caractère tantôt original, tantôt archétypal. Un projet est au coeur du recueil : l’avènement d’un juriste scientifique, au discours savant empreint de neutralité, et à la méthode rejetant l’exégèse et promouvant l’histoire et le droit comparé. Le bilan de la mise en oeuvre de ces préconisations est plus que mitigé : elles se heurtent à la réalité d’un discours teinté d’opinions politiques et à la volonté des juristes d’être les principaux inspirateurs du droit. Ces derniers entendent en effet influencer la marche de la société, en prônant un réformisme juridique ou en adoptant une forme de conservatisme. La vocation politique des juristes semble alors empêcher que soit concrétisé leur projet d’être scientifiques.