Armel Le Divellec

Professeur
Droit public.
Université Paris Panthéon-Assas

Centre d'Études Constitutionnelles et Politiques

Responsabilités administratives et scientifiques :

Responsable de la formation :
  • THESE

    Le parlementarisme allemand, soutenue en 1999 à Paris 2 sous la direction de Pierre Avril 

  • Armel Le Divellec, Chwen-Wen Chen, Bernard Dolez, Ferdinand Faye, Aurore Gaillet [et alii], Le régime semi-présidentiel: enjeux et controverses, Seuil et CAIRN, 2023, 190 p. 

    Armel Le Divellec (dir.), Des institutions et des normes: une question préalable à l'analyse juridique, Editions Panthéon-Assas, 2023, 208 p.   

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 13e éd., Sirey et Dalloz, 2022, Dictionnaires Sirey, 423 p.  

    Présentation de l'éditeur : "Avec plus de 400 entrées, ce dictionnaire est un véritable outil de travail qui regroupe les notions fondamentales du droit constitutionnel, qui s'entend comme le droit de la Constitution, mais également comme l'ensemble des règles relatives à l'organisation et au fonctionnement des institutions politiques de l'État, sans négliger l'histoire constitutionnelle, l'analyse de la vie politique et du droit comparé. Il donne accès aux définitions fondamentales du droit constitutionnel à travers plusieurs types de lecture : Le premier, permet d'accéder directement à la compréhension d'un concept ; Le deuxième établit, par un système de renvoi, des liaisons entre les mots ; Le troisième, enfin, offre au lecteur désireux d'approfondir un thème précis des pistes de recherche grâce à la présence dans la plupart des entrées d'une bibliographie, de références jurisprudentielles et de débats doctrinaux"

    Armel Le Divellec (dir.), La notion de constitution dans la doctrine constitutionnelle de la Troisième République: ouvrage issu du colloque du Centre d'études constitutionnelles et politiques de l'université de Paris II Pathéon-Assas organisé les 10 et 17 juin 2016, Panthéon-Assas, 2020, Colloques, 260 p. 

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 12e éd., Sirey et Dalloz, 2020, Dictionnaires Sirey, 421 p.  

    La 4e de couverture indique : "Avec plus de 400 entrées, ce dictionnaire est un véritable outil de travail qui regroupe toutes les notions fondamentales du droit constitutionnel, qui s'entend comme le droit de la Constitution, mais également comme l'ensemble des règles relatives à l'organisation et au fonctionnement des institutions politiques de l'État, sans négliger l'histoire constitutionnelle, l'analyse de la vie politique et du droit comparé. Ce dictionnaire donne accès aux définitions fondamentales, à travers plusieurs types de lecture. Le premier permet d'accéder directement à la compréhension d'un concept, le deuxième établit, par un système de renvois, des liaisons entre les mots, le troisième, enfin, offre au lecteur désireux d'approfondir un thème précis des pistes de recherche grâce à la présence dans la plupart des entrées d'une bibliographie, de références jurisprudentielles et de débats doctrinaux. Ce dictionnaire s'adresse aux étudiants des facultés de droit et des Instituts d'études politiques, aux candidats aux concours administratifs, ainsi qu'à toute personne intéressée par l'étude du droit constitutionnel, l'organisation et le fonctionnement du pouvoir politique."

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, Sirey et Dalloz, 2017, Dictionnaires Sirey, 407 p.  

    La 4e de couverture indique : "Avec plus de 400 entrées, ce dictionnaire est un véritable outil de travail qui regroupe toutes les notions fondamentales du droit constitutionnel, qui s'entend comme le droit de la Constitution, mais également comme l'ensemble des règles relatives à l'organisation et au fonctionnement des institutions politiques de l'État, sans négliger l'histoire constitutionnelle, l'analyse de la vie politique et du droit comparé. Ce dictionnaire donne accès aux définitions fondamentales, à travers plusieurs types de lecture. Le premier permet d'accéder directement à la compréhension d'un concept, le deuxième établit, par un système de renvois, des liaisons entre les mots, le troisième, enfin, offre au lecteur désireux d'approfondir un thème précis des pistes de recherche grâce à la présence dans la plupart des entrées d'une bibliographie, de références jurisprudentielles et de débats doctrinaux. Ce dictionnaire s'adresse aux étudiants des facultés de droit et des Instituts d'études politiques, aux candidats aux concours administratifs, ainsi qu'à toute personne intéressée par l'étude du droit constitutionnel, l'organisation et le fonctionnement du pouvoir politique."

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 10e éd., Dalloz, 2015, Dictionnaires Sirey, 407 p.  

    Présentation de l'éditeur : "Cet ouvrage pluridisciplinaire regroupe les principaux termes et expressions en droit constitutionnel et dans la vie politique : institutions, notions juridiques, régimes politiques, événements historiques, auteurs, grandes décisions... L'ouvrage fait également une place au droit comparé. Le dictionnaire cherche à respecter la diversité des sources et la variété des approches. Avec plus de 450 entrées, ce dictionnaire peut donner lieu à plusieurs niveaux de lecture. Le premier permet d'accéder directement à la compréhension d'un concept, le deuxième établit, par un système de renvoi, des liaisons entre les mots, le troisième, enfin, offre au lecteur désireux d'approfondir un thème précis des pistes de recherche grâce à la présence dans la plupart des entrées d'une bibliographie, de références jurisprudentielles et de débats doctrinaux."

    Armel Le Divellec, Johannes Masing, Matthias Jestaedt, David Capitant (dir.), Strukturfragen des Grundrechtsschutzes in Europa, Mohr Siebeck, 2015, 178 p. 

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 9e éd., Dalloz, 2013, Dictionnaires Sirey, 399 p. 

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 8e éd., Dalloz, 2011, Dictionnaires Sirey, 399 p. 

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 7e éd., Sirey, 2009, 383 p. 

    Armel Le Divellec, Michel de Villiers, Dictionnaire du droit constitutionnel, 6e éd., Sirey, 2007, 351 p. 

    Armel Le Divellec, Le gouvernement parlementaire en Allemagne: contribution à une théorie générale, LGDJ, 2004, Bibliothèque constitutionnelle et de science politique, 612 p. 

    Armel Le Divellec, Christophe Guettier (dir.), La responsabilité pénale du Président de la République, L'Harmattan, 2003, Logiques juridiques, 214 p. 

    Armel Le Divellec, L'intergroupe de l'opposition à l'Assemblée nationale, l'auteur, 1991, 41 p. 

  • Armel Le Divellec, « Le prince inapprivoisé. de l’indétermination structurelle de la présidence de la ve république (simultanément une esquisse sur l’étude des rapports entre “ droit de la constitution ”et système de gouvernement) », Droits , 2006, n° ° 44, pp. 101-138   

    Armel Le Divellec, « Les libéraux du Vormärz et la Constitution anglaise », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques , 2006, n° °24, pp. 299-340    

    RésuméContrairement à une thèse répandue, les libéraux allemands du Vormärz n’ont pas radicalement mésinterprété la Constitution britannique de leur temps. Sans doute, l’image classique héritée de Montesquieu et De Lolme demeure prégnante pour certains, tandis que d’autres jugent sans indulgence le caractère aristocratique du régime d’Albion, mais les plus fins discernent en particulier sa dynamique du gouvernement parlementaire qui s’affirme de plus en plus nettement dans les années 1830, et étaient à même d’articuler un discours informé face aux publicistes conservateurs. L’appréciation des institutions anglaises révèle (ou confirme) toutefois la relative hétérogénéité intellectuelle du libéralisme du Vormärz.

  • Armel Le Divellec, Laurence Burgorgue-Larsen (dir.). -L’identité constitutionnelle saisie par les juges en Europe, coll. «Cahiers européens », n° 1, 2011, Société de législation comparée, Paris : Société de législation comparée et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2012, pp. 1029-1031    

    Le Divellec Armel. Laurence Burgorgue-Larsen (dir.). -L’identité constitutionnelle saisie par les juges en Europe, coll. «Cahiers européens », n° 1, 2011. In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 64 N°4,2012. pp. 1029-1031.

  • Armel Le Divellec, « Le défi d’un nouveau manuel de droit constitutionnel », le 05 juin 2024  

    Conférence-débat organisée par le Centre d'Études Constitutionnelles et Politiques (CECP) de l'Université Paris-Panthéon-Assas, avec l'assistance de l'Institut Cujas.

    Armel Le Divellec, « Le droit constitutionnel non écrit », le 15 mars 2024  

    Conférence-débat organisée par le Centre d'Études Constitutionnelles et Politiques (CECP) de l'université Paris-Panthéon-Assas, avec l'assistance de l'Institut Cujas

    Armel Le Divellec, « Autour du Dictionnaire encyclopédique du Parlement », le 19 février 2024  

    Conférence-débat organisée par le Centre d'Études Constitutionnelles et Politiques (CECP) de l'Université Paris-Panthéon-Assas, avec l'assistance de l'Institut Cujas

    Armel Le Divellec, « Les non-inscrits », le 17 novembre 2023  

    Colloque organisé par l’ILF et l’IE2IA (UMR DICE, Université de Pau et Pays de l’Adour et Aix-Marseille Université) et l’IDPSP (Université de Rennes), sous la direction scientifique de Priscilla Jensel-Monge, Audrey de Montis et Damien Connil.

    Armel Le Divellec, « 60 ans du Traité de l'Élysée : quelles perspectives d’avenir pour les relations franco-allemandes ? », le 28 septembre 2023  

    Colloque organisé par l'Institut de droit comparé (IDC), Université Paris Panthéon-Assas en partenariat avec l'UFA - Université franco-allemande Deutsch-Französische Hoschule ; DAAD - Deutscher Akademischer Austauschdienst ; le Fonds citoyen franco-allemand et l'IHEI - Institut des hautes études internationales, sous la responsabilité scientifique d’A-M. Thévenot-Werner et de L. Nicolas-Vullierme

    Armel Le Divellec, « Personnalisation et concentration du pouvoir dans les régimes démocratiques contemporains », le 21 septembre 2023  

    Colloque organisé par le Pr. Stéphane Mouton, en partenariat avec l'Institut Louis Favoreu et le Centre Maurice Hauriou, événement soutenu par la Faculté de Droit de Toulouse

    Armel Le Divellec, « Héritages intellectuels et traditions familiales dans la pensée politique du Président Giscard d’Estaing », le 16 mars 2022  

    Organisé par le Centre Maurice Hauriou (CMH EA 1515), Université Paris Cité, sous la responsabilité scientifique de Jean-Claude Casanova, Alain Laquièze, Éric Peuchot, Olivier Revol et Éric Roussel.

    Armel Le Divellec, « Contre le gouvernement des juges ? », le 16 décembre 2021  

    Organisé par l'Université de Paris (Paris 5) et le Centre Maurice Hauriou sous la direction scientifique de B. Daugeron, F. Rouvillois et Ch. Boutin.

    Armel Le Divellec, « Contentieux constitutionnel comparé : Une introduction critique au droit processuel constitutionnel », le 20 octobre 2021  

    Séminaire général de l’école doctorale Georges-Vedel - ED7 co-organisé avec le Centre d'études constitutionnelles et politiques (CECP)

    Armel Le Divellec, « Des institutions et des normes », le 19 mai 2021  

    Organisé par Le Centre d’études constitutionnelles et politiques (CECP), Université Paris II Panthéon-Assas

    Armel Le Divellec, « L’interprétation populiste de l’identité constitutionnelle : amorce d’une lecture illibérale de la Constitution ? », le 15 avril 2021  

    Conférence de M. Apostolis Vlachogiannis, conseiller juridique à la présidence de la République hellénique, organisée par M. Tanguy Pasquiet-Briand, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay, Université d’Évry.

    Armel Le Divellec, « La révocation populaire des élu-e-s », le 16 octobre 2019  

    Organisé par la Mission de recherche Droit et Justice, la région Nouvelle-Aquitaine, le CERCCLE EA 7436 de l’Université de Bordeaux, le CURAPP-ESS UMR 7319 de l’Université de Picardie Jules Verne et le CNRS

    Armel Le Divellec, « Journée d'étude en hommage au Président Jean Massot et au Professeur Philippe Lauvaux », le 27 septembre 2019  

    Organisée par la section Droit constitutionnel de la Société de législation comparée

    Armel Le Divellec, « La décennie décisive : 1869-1879 », le 02 septembre 2019  

    Organisé par le par le CHPP (Comité d’histoire parlementaire et politique) et le laboratoire POLEN-CEPOC -Université d’Orléans, avec le soutien du Sénat, du Conseil d’État, du LabEx EHNE, du CEMMC - Univ.de Bordeaux et du Centre Maurice Hauriou

    Armel Le Divellec, « Traité d'études parlementaires », le 05 avril 2019  

    Organisée par Centre d'études constitutionnelles et politiques, Université Paris II Panthéon-Assas

    Armel Le Divellec, « Le concept juridique de constitution », le 01 février 2019 

    Armel Le Divellec, « Justice administrative et Constitution de 1958 », le 10 janvier 2019  

    Colloque organisé dans le cadre des Journées décentralisées 2018 de l’Association française de droit constitutionnel (AFDC) portant sur le thème : Justice(s) et Constitution.

    Armel Le Divellec, « Du pouvoir exécutif au pouvoir gouvernant ? », le 04 octobre 2018  

    Réflexion sur la notion de pouvoir exécutif à partir de la Ve République sous la direction de Priscilla Jensel Monge et Ariane Vidal-Naquet - Journée d’études à l’occasion du 60e anniversaire de la Constitution

    Armel Le Divellec, « Les groupes parlementaires », le 24 mai 2018 

    Armel Le Divellec, « Juger les politiques ? La Cour de Justice de la République », le 06 avril 2018 

    Armel Le Divellec, « Duverger revisité : regards critiques sur l’œuvre scientifique », le 08 juin 2017  

    Organisé par l’Institut de Recherche Montesquieu (Université de Bordeaux), en partenariat avec Le Centre Maurice Hauriou (Université Paris Descartes) et la Maison des Sciences de l’Homme Aquitaine

    Armel Le Divellec, « L'esprit de la Ve République », le 05 mai 2017  

    Organisée par le CECP

    Armel Le Divellec, « Les partis politiques et l’ordre constitutionnel », le 09 décembre 2016  

    Organisé par l’Institut de Droit Public et de Science Politique de Rennes, sous la responsabilité scientifique de Jacky Hummel, Professeur à l’Université de Rennes 1

    Armel Le Divellec, « Anselme Batbie », le 14 octobre 2016  

    Demi-journée d'études du CRDA

    Armel Le Divellec, « Lectures de… n° 2 : Histoire de l'état des juristes. Allemagne, XIXe-XXe siècles », le 09 mai 2016  

    Table-ronde organisée le 9 mai 2016 à l’université Panthéon-Assas (Paris II), par Pierre Bonin et Nader Hakim avec l’assistance de l’Institut Cujas (Paris II). Textes parus dans la Revue d’histoire des facultés de droit, n° 36, 2016, p. 21-52.

    Armel Le Divellec, « La Charte constitutionnelle du 4 juin 1814 », le 06 juin 2014 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Williane Goliasse, Le droit constitutionnel non écrit, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Jacky Hummel (Rapp.), Guillaume Tusseau (Rapp.), Manon Altwegg-Boussac, Cécile Guérin-Bargues et Alexandre Viala  

    L’écriture d’une constitution est apparue, à la fin du XVIIIe siècle, comme le meilleur moyen de limiter le pouvoir des gouvernants et, par-là, de préserver la liberté. Pourtant, malgré le commandement souverain auquel les pouvoirs constitués sont supposés se soumettre, il s’est systématiquement manifesté un « écart » – plus ou moins grand – entre ce que le texte pouvait laisser prévoir et le cadre constitutionnel qui s’imposait effectivement. Alors que la France s’est érigée en modèle du constitutionnalisme écrit, les systèmes de gouvernement qui s’y sont succédé ont laissé une large place à des règles non rattachables au texte. Comment, dans ces conditions, alors que la soumission au souverain apparaît comme la condition de la préservation de la liberté, le pouvoir politique peut-il être effectivement modéré ? Si une partie de la pensée juridique a exclu de l’analyse ces phénomènes normatifs non écrits en les considérant comme des pratiques et en entretenant le mythe de la perfection écrite, d’autres auteurs ont tenté leur examen par l’intermédiaire de différents concepts comme ceux de coutume constitutionnelle ou de convention de la constitution. Toutefois, en omettant de penser le droit constitutionnel autrement que comme un commandement, ces tentatives se sont engagées dans une impasse. La présente étude propose de remettre en cause le « verrou » positiviste exposé par Carré de Malberg qui « exclu[t] la possibilité » de tels phénomènes normatifs non écrits. Après avoir déterminé les conditions dans lesquelles il est possible de les penser, il est, en effet, envisageable de les identifier en les considérant comme du « droit constitutionnel non écrit ».

    Yassine Grall, Penser la constitution comme système. Essai sur la fondamentalité en droit constitutionnel positif, thèse en cours depuis 2023  

    Les discours doctrinaux contemporains relatifs à la notion de constitution relayent une doxa insatisfaisante. La rareté manifeste des travaux s’intéressant spécifiquement à cette notion s’explique par le paradigme normativiste dans lequel baigne la doctrine dominante et qui, en simplifiant cette notion cardinale du droit constitutionnel, réduit la richesse des analyses que l’on pourrait lui consacrer. Notre recherche viserait à renouveler l’approche de la notion en se détachant du cadre purement normativiste. Il s’agirait ainsi de s’intéresser à la constitution dans sa systématicité matérielle, ce qui impliquerait une rupture avec le formalisme dominant. L’approche de la constitution en tant que système, c’est-à-dire en tant que tout dont les composantes ont entre elles des relations de cohérence, passerait par la mise en évidence d’une certaine fondamentalité irriguant l’ensemble du système. En d’autres termes, il s’agirait de mettre en évidence que la pensée de la constitution comme système nécessite de s’intéresser aux fondements substantiels donnant la cohérence matérielle à ce système.

    Alessandro Lauro, La justiciabilité du système de gouvernement parlementaire : le cas italien dans une perspective comparée, thèse soutenue en 2023 à Université ParisPanthéonAssas en co-direction avec Marco Mancini et Luigi Benvenuti  

    Le gouvernement parlementaire n'est pas seulement un choix politique de fond fait par les Constitutions. Il constitue un système à la fois normatif et politique. Dans son côté normatif, il ne diffère pas d'autres normes constitutionnelles, ce qui implique la possibilité pour le juge (notamment constitutionnel) d'en connaître. La recherche vise à étudier la structure normative d'un système de gouvernement parlementaire - régi par le principe de la responsabilité de l'Exécutif devant les Assemblées - pour comprendre dans quelle mesure le juge constitutionnel peut être saisi de questions concernant ce type de régime. Il devient nécessaire d'étudier comment les voies d'accès au juge constitutionnel se plient (ou pas) aux exigences du système de gouvernement, car l’'apport du même juge à la définition et à la régulation des rapports entre les institutions politiques dépend largement de la configuration systémique de la justice constitutionnelle.En partant de l’expérience italienne, la thèse approfondit comment par le biais du contrôle de constitutionnalité des actes normatifs et à travers la régulation des conflits constitutionnels, le régime parlementaire est façonné par l’œuvre du juge.

    Jonathan Sellam, Constitution et système de gouvernement dans les épigones de Westminster : Les limites du formalisme en Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Aurélie Duffy-Meunier (Rapp.), Thibault Guilluy (Rapp.), Philippe Lauvaux et Tanguy Pasquiet-Briand  

    La notion de constitution reste, en dépit de la longue histoire du constitutionalisme libéral moderne, une source de perplexité et de questionnements pour les juristes. De nombreux citoyens comme certains juristes, politistes ou historiens la résument à un texte solennel encadrant l’organisation et l’exercice du pouvoir politique dans un Etat, « une loi suprême », en somme. Toutefois, cette définition conduirait à exclure le cas du Royaume-Uni. Il est bien connu que le constitutionnalisme britannique repose sur ce qu'il est convenu d'appeler une constitution essentiellement coutumière. C'est dans ce contexte que sont apparues ce que la doctrine appelle, depuis Dicey, des conventions de la constitution, normes non codifiées permettant le fonctionnement de l’ordre constitutionnel. L’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande sont trois anciens Dominions pétris par la culture britannique, ayant transposé son système de gouvernement. Ils présentent la particularité d'être chacun dotés de textes constitutionnels à prétention (quasi) complète et systématique, bref d'une constitution formelle. Il est pourtant notoire que les conventions de la constitution ou, plus généralement, les normes non codifiées jouent également un rôle important dans ces épigones. La présente recherche se propose d'étudier la construction progressive des ordres constitutionnels dans ces trois pays, tant en ce qui concerne l'écrit que les normes non codifiées, la coexistence et l'articulation contemporaines entre ces deux composantes fondamentales. Elle se comprendra comme une contribution à la problématique de la définition et du lien entre les notions de constitution et de système de gouvernement.

    Shani Sayedoff, L'écriture constitutionnelle , thèse en cours depuis 2020  

    L'écriture est omniprésente en matière constitutionnelle. Or, si la chose est commune, l'écrit constitutionnel n'est pas souvent étudié en tant que tel : soit il est considéré comme insuffisant pour expliquer le système tel qu'il fonctionne « véritablement » et les études entendent le dépasser ; soit il est étudié, non pas comme un produit en soi, mais plutôt comme le résultat d'un processus, de circonstances historiques et politiques. Ainsi, il s'agirait de recentrer la perspective sur l'écrit constitutionnel : pourquoi ces critiques et paradoxalement un même mouvement de fidélité à lui ' Qu'attend-t-on de lui qu'il a ou n'a pas ' L'intérêt théorique de ce sujet est alors double : éclaircir cet objet et le montrer tel qu'il est, à savoir protéiforme dans ses styles de rédaction ; le caractériser en étudiant les rapports complexes qu'il entretient avec la norme constitutionnelle et la contrainte qu'il exerce sur l'interprète. De cela découle un intérêt pratique majeur : comment écrire une constitution "au mieux" (en s'étant préalablement ré-interrogé sur ses objectif). Ecrire bien, mais aussi beau : la chose est indissociable de la matière constitutionnelle, comme le rappelle le Conseil d'Etat dans son avis récent du 3 mai 2018 sur le projet de loi constitutionnelle pour une démocratie renouvelée, dans lequel il parle de la plume du constituant se devant être « la plus élégante possible, limpide, concise et précise ». Ainsi, véritable problématique au carrefour entre le droit, la philosophie du langage voire la littérature, l'écriture constitutionnelle paraît présenter tous les attraits d'un sujet de recherche : une notion quasi-ordinaire et pourtant quasi-délaissée.

    Charles MERVEILLEUX DU VIGNAUX, Théorie de la Constitution et Théorie de l'Etat, thèse en cours depuis 2020  

    En dépit de sa qualité d'objet d'étude principal de la science du droit constitutionnel, la Constitution continue d'échapper à toute définition univoque et consensuelle. La doctrine contemporaine oscille ainsi entre une pluralité de définitions et une définition unitaire mais regroupant des éléments dont l'hétérogénéité empêche une délimitation précise de la notion. Cette difficulté découle notamment d'une séparation excessive entre la théorie de la Constitution et la théorie de l'État : là où les deux disciplines étaient en effet indissociables dans la doctrine classique ' jusqu'au début du XXe siècle -, elles sont aujourd'hui, pour des raisons épistémologiques contestables, profondément étrangères l'une à l'autre. Pourtant les notions d'État et de Constitution continuent, elles, d'entretenir des liens aussi étroits qu'implicites. Malgré le silence de la doctrine sur ces relations, les différentes définitions de la Constitution s'appuient ainsi assez largement sur des théories particulières de l'État dont elles sont indissociables et avec lesquelles elles font systèmes. L'objet de la thèse est donc de (re)penser la Constitution dans les rapports qu'elle entretient avec l'État, en identifiant les présupposés de ses différentes définitions afin de mieux pouvoir les appréhender et les combiner. En somme, de retisser grâce à la notion de Constitution, le lien rompu entre théorie de la Constitution et théorie de l'État.

    Jean-Baptiste LE TREIZE, L'organisation contemporaine du pouvoir exécutif en France, thèse en cours depuis 2020  

    Bien qu'insérées dans un système juridique de tradition romaniste ' au sein duquel les normes juridiques ne seraient prétendument identifiables qu'après avoir été mises à l'écrit ', les autorités composant le pouvoir exécutif ne semblent que très peu faire l'objet de règles juridiques formelles. Tant du point de vue de son organisation que de son fonctionnement, la sphère exécutive semble, en effet, bien plus régie par un large éventail de pratiques et d'arrangements informels que par un corpus juridique clairement établi. Fondée sur une pratique millénaire rarement encadrée textuellement, l'organisation du pouvoir exécutif parait s'être façonnée par « accumulation ». Héritières d'une pratique riche et plus ou moins continue, ces autorités exécutives apparaissent alors comme le résultat d'une lente et permanente sédimentation d'usages dont la réalité n'est plus à démontrer. En-deçà des énoncés formels que les textes consacrent au pouvoir exécutif semble donc se trouver un champ d'étude à concrétiser et qui ne saurait être réduit à de purs « faits politiques ». Malgré cela, la doctrine dominante ' trop souvent prisonnière d'une approche purement normativiste ' semble persister à nier cette évidence, quitte à refuser toute tentative visant à comprendre véritablement le droit positif, sa mise en 'œuvre et son application effective.

    Anastasia Kazakou, Les Cours constitutionnelles des États fédérés allemands : contribution à l'étude de la justice constitutionnelle, thèse soutenue en 2020 à Paris 2, membres du jury : Aurore Gaillet (Rapp.), Thomas Hochmann (Rapp.), Matthias Jestaedt et Mattias Wendel  

    Aujourd’hui, bien que les juristes européens fassent preuve d’un intérêt particulier pour la justice constitutionnelle allemande, son caractère fédéré est peu analysé. Cette thèse a pour objet de proposer une réflexion sur les Cours constitutionnelles des seize Länder en soulignant leur apport à l’esprit général de la justice constitutionnelle « à l’allemande ». Parallèlement à une tendance à l’européanisation du droit constitutionnel, l’œuvre jurisprudentielle des Landesverfassungsgerichte s’est intensifiée après la Réunification allemande rendant ce faisant visible le droit constitutionnel fédéré à côté du droit constitutionnel fédéral. L’interconnexion de juridictions constitutionnelles au sein de l’État fédéral allemand, tant dans sa variante horizontale que dans sa forme verticale, nous invite à analyser l’institution de la Landesverfassungsgerichtsbarkeit dans le cadre de la problématique d’une « fédération allemande de juridictions constitutionnelles ». Après une analyse de leur ancrage dans l’histoire constitutionnelle allemande et de leur cadre institutionnel et procédural nous constatons que les juridictions fédérées font incontestablement partie du paysage fédéral. Toutefois, l’étendue de leur activité dépend du cadre constitutionnel de la structure fédérale allemande et de leurs relations avec la Bundesverfassungsgericht. Il semble donc que les Landesverfassungsgerichte revêtent une fonction de « laboratoires » au regard des questions relevant du droit constitutionnel institutionnel et de la démocratie directe, tandis que dans le domaine des droits fondamentaux elles se trouvent sous l’influence de la jurisprudence uniformisante de la Cour de Karlsruhe.

    Dongfei Ma, Genèse et évolution du système parlementaire de gouvernement en France, thèse en cours depuis 2019  

    Notre thèse examinera la Genèse et l'évolution du système parlementaire de gouvernement en France pour comprendre comment le système parlementaire a été établi petit à petit. De la Révolution française de 1789 à la monarchie de Juillet, le système politique français a engendré les éléments du parlementarisme. Au cours du développement, le système parlementaire britannique a également eu une influence marquante. Mais le système parlementaire français présente de nombreuses caractéristiques par rapport au Royaume-Uni. Le système parlementaire actuel de la Ve République est la synthèse du développement historique. L'analyse sur cette histoire nous aidera à comprendre plus en profondeur la complexité du développement de la politique humaine. Elle revêt également une signification importante pour les pays non occidentaux.

    Joachim Tavoillot, Les principes en droit constitutionnel français. Etude de droit positif et de ses fondements., thèse en cours depuis 2019  

    Malgré leur omniprésence en droit positif, tant dans les textes qu'en jurisprudence, les principes n'ont pas fait l'objet d'une étude générale. Ni la doctrine constitutionnelle, ni le juge n'ont tenté de cerner la notion. Le peu de théories existantes visent principalement à écarter l'accusation de gouvernement des juges. Pourtant, la notion de principe en droit constitutionnel français soulève de véritables questions théoriques et pratiques. Précisément, trois grandes interrogations, recoupant trois de ses acceptations possibles, posent difficulté. D'abord, si par principe on désigne une entité juridique se distinguant des autres normes, on peut se demander dans quelle mesure une telle entité existerait en contentieux constitutionnel. L'appellation principe est-elle juridiquement pertinente ou cache-t-elle simplement une formule rhétorique ? Ensuite, si par principe on entend une méthode d'élaboration et de justification de normes extra-textuelles, on peut s'interroger sur l'applicabilité de cette méthode utilisée en droit ordinaire aux spécificités du droit constitutionnel au regard de : sa place dans la hiérarchie des normes ; la norme de référence du contrôle de constitutionnalité ; l'organe contrôlé par le juge. Enfin, si principe renvoie à l'identité ou fondements d'une branche du droit particulière, on peut s'interroger sur l'existence non plus de principes en droit constitutionnel mais DU droit constitutionnel français, c'est-à-dire attachés à son identité ou constituants ses fondements. Partant du droit positif, il s'agira donc de mener une réflexion sur l'articulation entre la notion de principe et notre droit constitutionnel.

    Dylan Swolarski, La Constitution composite du Royaume-Uni et ses évolutions récentes, thèse en cours depuis 2019  

    La Constitution britannique (plus exactement : du Royaume-Uni) est depuis longtemps et demeure aujourd'hui plus que jamais un défi à la pensée constitutionnelle moderne. Alors que s'est imposé presque partout dans le monde libre le type des constitutions formelles et rigides, la patrie "mère" de la liberté politique et du constitutionnalisme libéral n'est pas dotée d'un document de ce genre. Inclassable au regard des typologies doctrinales (si ce n'est, par défaut, par le recours au concept peu explicatif de constitution matérielle), elle revêt un caractère structurellement composite. Cet état de fait ne rend pas seulement difficile l'identification de ce qu'est, au Royaume-Uni, le droit positif, mais pose surtout de grandes difficultés pour parvenir à une analyse en profondeur de cette Constitution qui, loin d'être statique, est actuellement traversée par d'importantes mutations. C'est à tenter de clarifier cette situation que le présent projet voudrait s'attacher. Au surplus, une telle recherche pourrait faire apparaître des convergences cachées entre le constitutionnalisme britannique contemporain et les autres pays reposant en apparence sur d'autres fondements techniques, si bien que le projet pourrait être une contribution à l'étude du concept juridique de constitution en général.

    Francis Donazar, Les groupes parlementaires à l’Assemblée nationale sous la Vème République, thèse soutenue en 2019 à Paris 2, membres du jury : Damien Connil (Rapp.), Elina Lemaire (Rapp.), Pierre Avril et Bruno Daugeron  

    Formations intérieures des assemblées parlementaires, inhérentes au Gouvernement représentatif moderne, quoique leur existence ait longtemps été contestée en France comme ailleurs, les groupes parlementaires ont su s’imposer dans le temps par la pratique institutionnelle pour devenir des acteurs incontournables et prépondérants de la vie politique. L’Histoire parlementaire - des Etats généraux de 1789 à nos jours - confirme d’ailleurs une dimension naturelle et spontanée de la formation des groupes. Ce sont aujourd’hui des institutions reconnues et encadrées par le droit (d’abord par la résolution du 1er juillet 1910 modifiant le règlement de la Chambre, puis par une apparition constitutionnelle écourtée sous la IVème, pour enfin une reconnaissance constitutionnelle formelle le 23 juillet 2008). Rouages essentiels de la vie parlementaire et des relations politiques des assemblées avec l'Exécutif, leur consécration juridique est entrée en tension avec les principes classiques du mandat représentatif (en particulier la prohibition du mandat impératif) et la nature du pouvoir délibératif qu’est le Parlement, primat de principe de la séance publique dans l'exercice des fonctions du Parlement. Renforcés par l'avènement de la démocratie de partis, prolongement naturel de la démocratie électorale dont ils assurent, en théorie, la cohérence au plan parlementaire (tant pour la majorité que pour la minorité), les groupes parlementaires ont su s’imposer sur l’échiquier politique puis institutionnel pour devenir une pierre angulaire de la démocratie représentative. L'objet de la recherche, qui nous projette au cœur de la vie politique, est d'analyser non seulement la place que leur reconnaît le droit constitutionnel et parlementaire positif français, mais également les limites inhérentes à celui-ci, face à un phénomène qui est intrinsèquement politique et indispensable à la pratique institutionnelle.

    Dimitra Kyranoudi, Le gouvernement parlementaire et la fonction présidentielle en Grèce et en Irlande, thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Manon Altwegg-Boussac (Rapp.), Nicolas Guillet (Rapp.), Denis Giraux  

    La présente recherche se propose d'analyser et de comparer les articulations juridiques et politiques réalisées entre le système du gouvernement responsable et la fonction de chef de l'état dans deux républiques européennes très peu étudiées en France, la Grèce et l’Irlande. Il s'agit de tenter d'apporter une contribution à la théorie générale et à la pratique des régimes politiques de l’Europe contemporaine, en plaçant l'attention sur une problématique constitutionnelle majeure dans les républiques parlementaires mais relativement négligée. Malgré la primauté incontestable du gouvernement majoritaire, il n'en reste pas moins qu'il laisse subsister, dans les régimes républicains, des virtualités dualistes longtemps en sommeil, mais que des évolutions récentes paraissent vouloir réveiller ou au moins remettre en question dans certains pays. En d'autres termes, la fonction présidentielle, qui semblait condamnée à une inéluctable neutralisation dans les systèmes dominés par le premier ministre, tend à (re)trouver une vocation sinon gouvernementale, du moins centrale. Par-delà leurs différences structurelles, culturelles et politiques initiales, les constitutions grecque de 1975 (révisée de façon significative en 1986) et irlandaise de 1937 offrent deux exemples permettant de tester l'hypothèse retenue.

    Yacine Sejari, Le juge constitutionnel et les relations entre Parlement et exécutif en République fédérale d'Allemagne, thèse en cours depuis 2016  

    Aujourd’hui, beaucoup d’études sont consacrées à la justice constitutionnelle dans sa dimension de protection des droits fondamentaux, mais peu traitent du rôle que celle-ci est appelée à exercer dans cet autre versant d'une constitution libérale et démocratique, à savoir le système de gouvernement (ce qu'on appelle plus couramment le "régime politique"). Cette question est souvent considérée comme trop peu juridique. Pourtant, ce sont bien des normes juridiques qui prétendent encadrer le pouvoir politique. Comment et dans quelle mesure le juge peut-il être amené à intervenir à ce sujet ? Comment aborde-t-il cette partie considérée (à tort ou à raison) comme la plus "politique" de la constitution ? Il s’agira d’abord de saisir les grandes orientations de la jurisprudence de la Cour de Karlsruhe afin de savoir si elle privilégie plutôt une lecture de la Constitution en faveur du Gouvernement ou du Bundestag. Plus généralement nous tenterons de comprendre comment la Cour aborde le texte de la Loi fondamentale, qui est relativement concis en ce qui concerne les relations entre exécutif et Parlement. S'il existe une certaine emprise du juge sur la concrétisation du texte constitutionnel, cela ne signifie pas pour autant que son intervention soit sans limites. En résumé, notre travail s’attachera à montrer en quoi des décisions d’une cour constitutionnelle sont déterminantes ou non pour la construction d’un système de gouvernement.

    Alexis Fourmont, L'opposition parlementaire en droit constitutionnel allemand et français, thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Julie Benetti (Rapp.), Jacky Hummel (Rapp.), Pierre Avril, Hugues Portelli et Christoph Schönberger  

    Isaiah Berlin pensait que la démocratie libérale se fonde sur le pluralisme radical. Érigeant le « scepticisme » en « valeur éternelle », il définissait le libéralisme comme le fait d'accepter les opinions divergentes et « d'admettre que ce sont peut-être vos adversaires qui ont raison ». Dans toute démocratie libérale, ce scepticisme se traduit entre autre par l'existence d'une opposition parlementaire. Au début du siècle dernier, Fahlbeck expliquait que « l'élément permanent » du parlementarisme, « c'est l'antagonisme entre le parti de gouvernement et de l'opposition ». Le juriste Adolf Arndt définissait la démocratie comme « un État avec opposition » : « le rang accordé à l'opposition détermine, dans une démocratie, le rang du parlement ». Alors qu'elle a été reconnue tôt dans les pays anglo-saxons, sur le continent l'opposition est longtemps restée ignorée du droit. C'est pourquoi il convient de voir comment la France et l'Allemagne, deux systèmes continentaux suffisamment proches pour être comparés mais simultanément différents, ont abordé le problème. Si dans un cas comme dans l'autre l'opposition parlementaire est « reconnue », elle ne l'est qu'« imparfaitement ». Dans quelle mesure le droit peut-il encadrer et institutionnaliser l'opposition parlementaire, fruit de contingences politiques ? Afin qu'elle remplisse efficacement ses missions de tribune, de contrôle et de contre-pouvoir, le droit peut-il contraindre l'opposition ? L'opposition parlementaire exerce-t-elle les mêmes fonctions selon que l'on se trouve de ce côté-ci ou de ce côté-là du Rhin ? Par quels canaux ces fonctions tendent-elles, le cas échéant, à être remplies ?

    Antoine Faye, Les bases administratives du droit constitutionnel français, thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Jacky Hummel (Rapp.), Agnès Roblot-Troizier (Rapp.), Pierre Avril, Guillaume Drago et Dominique Rousseau  

    Le droit constitutionnel français a la particularité de laisser une large place au droit administratif. Tandis que le Conseil constitutionnel s’approprie des notions, des techniques et des modes de pensée issus du droit administratif, les normes constitutionnelles font appel à des institutions et des constructions administratives. Parallèlement, le Conseil d’État dispose de compétences formellement et matériellement constitutionnelles. Les conseillers d’État sont omniprésents dans l’élaboration des textes, notamment législatifs, et effectuent un pré-contrôle de constitutionnalité. Enfin, la doctrine de droit constitutionnel, formée en droit administratif, exploite des concepts de contentieux administratif pour analyser la jurisprudence constitutionnelle. Ainsi, poser la question des bases administratives du droit constitutionnel français implique de réfléchir sur l’existence, au sein du droit constitutionnel, d’une culture administrative de la discipline. Cette dernière provient alors, à la fois de l’histoire particulière du droit public français, qui, depuis la Révolution, a nécessité une jurisprudence administrative pléthorique pour pallier la discontinuité du droit constitutionnel, et de la construction particulière de l’État et de la nation, depuis la monarchie absolue. Le droit administratif français apparaît alors, singulièrement, comme la première et principale source d’effectivité du droit constitutionnel jusqu’en 1958. Cette pérennité interroge sur la relation entre État et citoyen, entre libéralisme et démocratie, au sein d’un ordre juridique français singulier.

    Eric Mounzinaha Nzila, Monarchie et gouvernement parlementaire en Belgique (1830-1920), thèse soutenue en 2012 à Paris 2, membres du jury : Philippe Lauvaux, Maxime Tourbe et Bruno Daugeron  

    Le royaume de la Belgique a pendant longtemps été considéré en Europe continentale, comme l’un des principaux pays à avoir adopté et réussi la pratique du régime parlementaire. L’analyse du système de gouvernement envisagé ici, dans tous ses aspects historiques, juridiques et politiques, vise à reconstituer la façon dont s’est parlementarisé sans heurts notoires, la monarchie constitutionnelle représentative des origines vers une pratique parlementaire dualiste. Cette étude propose une réflexion d’ensemble sur l’architecture des pouvoirs, sous les règnes de Léopold Ier, Léopold II et Albert Ier, notamment sur la formation du gouvernement de cabinet, la naissance des partis politiques, le déclin de l’autorité politique du Roi, tout en faisant au passage une prosopographie du personnel politique de l’époque.

  • Stéphane Schott, L’initiative populaire dans les États fédérés allemands : contribution à la connaissance d'une institution démocratique, thèse soutenue en 2009 à Avignon sous la direction de Philippe Blachèr, membres du jury : Luc Heuschling (Rapp.), Rainer Arnold et Thierry Di Manno  

    À partir d’une étude systématique du droit positif des seize Länder de la République Fédérale d’Allemagne, il s’agit de montrer que l’initiative populaire ne relève pas de la démocratie dite directe ou immédiate. Contrairement à la conception communément admise, cette institution démocratique qui permet à un nombre limité de citoyens non élus de participer à l’élaboration de la loi et au contrôle des organes de l’État, s’inscrit bien dans la démocratie médiate. Par l’élaboration d’une typologie des procédures d’initiative populaire en Allemagne, il est alors possible de remettre en question la conception classique tendant à identifier l’initiative populaire au « référendum d’initiative populaire ». Cette approche est en effet réductrice, car elle ne permet pas de rendre compte de la coexistence et de la spécificité des deux types d’initiative populaire mis au jour : l’initiative populaire décisionnelle – qui peut conduire à un référendum, si le Parlement du Land n’adopte pas la demande formulée par les citoyens – et l’initiative populaire propositive – une procédure à vocation non référendaire. Pour démontrer que l’initiative populaire relève de la démocratie médiate, le recours au concept de potentiel populaire permet d’une part de souligner la spécificité théorique de l’initiative populaire par rapport au référendum qui renvoie classiquement à la notion de puissance populaire. D’autre part, cette idée de potentiel populaire permet de redonner à l’initiative populaire une unité conceptuelle, au-delà de la variété des procédures et des types d’initiative populaire, identifiés par l’analyse des droits positifs des seize États fédérés allemands. La proposition de définition du potentiel populaire combine enfin les deux éléments de définition de la démocratie médiate : tout d’abord, le potentiel populaire peut être défini comme l’ensemble des limites juridiques constitutives de l’initiative populaire, ce qui renvoie à l’idée de démocratie représentée, mise en forme et donc nécessairement limitée par le droit qui constitue dès lors le medium de la participation démocratique ; ensuite, ces limites constitutives permettent à la minorité populaire de représenter une possible volonté générale, ce qui permet de justifier la conception de l’initiative populaire, medium d’une volonté générale potentielle, comme institution de la démocratie représentative

  • Thibaud Mulier, Les relations extérieures de l'État en droit constitutionnel français, thèse soutenue en 2018 à Paris 1 sous la direction de Michel Verpeaux, membres du jury : Pauline Türk (Rapp.), Julie Benetti et Julian Fernandez  

    L’étude proposée soutient que le droit constitutionnel offre un cadre privilégié pour observer les relations extérieures de l’État. L’approche envisage de les appréhender à la fois au prisme de l’État lui-même, qu’à travers l’action des organes compétents organisés dans l’État. Cette étude entend ainsi mettre en lumière les spécificités institutionnelles et normatives des relations extérieures de l’État. Lorsque celui-ci établit des rapports à l’extérieur de ses frontières au moyen de ses outils diplomatique et militaire, il assume un rôle singulier en comparaison des autres unités politiques non étatiques. En effet, il remplit une fonction-fin, au sens de Charles EISENMANN, propre à la matière des relations extérieures. Cette fonction politique est assurée par l’État afin de répondre à un besoin de la collectivité souveraine, à savoir nouer de «bons rapports» au-dehors de son territoire – sans préjuger si la relation en cause est conflictuelle ou coopérative.En raison de l’imbrication du droit et du politique, la fonction des relations extérieures de l’État, si elle ne préjuge pas de la répartition des compétences au sein de celui-ci, n’est pas sans influencer les choix du constituant et la pratique des organes habilités. Placée à l’interface entre le dedans et le dehors de l’État, l’analyse constitutionnelle permet alors de réinterroger plusieurs éléments souvent présentés comme relevant de l’évidence. L’étude conduit autant à les examiner, qu’à en observer les effets. Ainsi est-il possible, par exemple, de relativiser le monopole étatique des relations extérieures ou encore de tempérer, au regard de l’histoire, la concentration gouvernementale de la direction des affaires extérieures.

    Lucie Sponchiado, La compétence de nomination du Président de la Cinquième république, thèse soutenue en 2015 à Paris 1 sous la direction de Michel Verpeaux, membres du jury : Pascal Jan (Rapp.), Nicole Belloubet-Frier et Marcel Morabito  

    La compétence de nomination du président de la Ve République désigne l'habilitation par laquelle le chef de l'État peut attribuer un emploi, une fonction, une dignité ou un titre à une personne considérée. Partant du constat de ce que cette compétence est volontiers assimilée à un pouvoir de choisir les personnes nommées (désigner), la thèse se propose d'interroger cette évidence.La première partie s'attache à démontrer la mutation de la compétence de nomination en un pouvoir de nomination, c'est-à-dire en une faculté de désigner et/ou de nommer sans habilitation ou en vertu d'une habilitation fautive. Cette démarche permet de mettre au jour la spécificité de cette attribution présidentielle. Si le pouvoir de nomination est un pouvoir capté, ceci s'explique essentiellement par le pouvoir de nomination lui-même. Ce phénomène se répercute sur les contrôles des nominations présidentielles: l'appropriation du pouvoir de nomination par le chef de l'État explique largement leur inefficacité. La seconde partie de la thèse en fait la démonstration.L'étude des nominations présidentielles est riche d'enseignements. Elle offre un point de vue privilégié sur les institutions de la Ve République et permet de mieux comprendre les rapports de pouvoirs qui façonnent le système politique. Une telle recherche révèle combien la manière de penser les institutions n'est pas dénuée d'effets et explique la façon dont elles sont pratiquées.

    Guillaume Richard, Enseigner le droit public à Paris sous la Troisième République, thèse soutenue en 2013 à Paris 10 sous la direction de Éric Millard et Jean-Louis Halpérin, membres du jury : Bertrand Seiller (Rapp.), Dominique Rousseau    

    Le droit public est un élément structurant l’organisation des facultés de droit depuis la fin du XIXe siècle en France. Pourtant, la notion reste bien souvent problématique : l’objet de cette étude est d’en préciser la portée dans l’enseignement, à partir de l’exemple de la Faculté de droit de Paris. Celle-ci, par ses effectifs, sa proximité avec les institutions politiques et la concurrence directe d’autres établissements d’enseignement supérieur joue un rôle de premier plan dans l’élaboration et la mise en œuvre des réformes qui conduisent sous la IIIe République à la généralisation du droit public dans les facultés de droit. Elle permet ainsi de comprendre le processus de spécialisation des professeurs de droit, marqué notamment par le sectionnement de l’agrégation en 1896. Loin de produire des résultats simples, ces évolutions créent une série d’équilibres instables et de tensions. La volonté des publicistes de former un groupe distinct de celui des privatistes se heurte au souhait largement répandu de maintenir l’unité de la science juridique. Le droit public lui-même n’est pas homogène. Ensemble de matières (droit administratif, droit international public, droit constitutionnel, législation financière) plus que savoir cohérent, il est traversé par deux tendances : l’une en fait un savoir formalisé et autonome, capable d’imposer sa logique propre à l’écume des faits, l’autre à l’inverse le rattache aux sciences politiques et économiques. Le succès tardif de la première tendance ne doit pas dissimuler la volonté, dans la première moitié du XXe siècle, de faire du droit public un savoir lié à l’actualité et explicatif du social.

  • Tong Xiao, Le renvoi pour application de la révision constitutionnelle : les conséquences institutionnelles d'une technique de rédaction, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Hugues Portelli, membres du jury : Jean Gicquel (Rapp.), Frédéric Rouvillois (Rapp.)  

    On constate, la dernière décennie, la multiplication des renvois à un instrument d’application de la révision constitutionnelle. Alors qu’il semble ne s’agir que d’une technique de rédaction, le foisonnement des renvois pour application est révélateur d’une tendance plus profonde, la politique d'affichage. En renvoyant systématiquement aux textes d’application à venir, parfois sur des points cruciaux, l’inflation des renvois accuse la démission, la « non-décision » du pouvoir de révision. Elle a pour conséquence de rejeter la révision constitutionnelle dans la vie politique au quotidien. En amont, la loi constitutionnelle détermine la marge de manœuvre laissée au texte d’application. En aval, la rédaction et l’application de ces textes se heurtent systématiquement aux instruments de parlementarisme rationalisé ainsi qu’à la loi d’airain de la majorité. En ouvrant un espace de manœuvre, le mécanisme de renvoi pour application offre aux pouvoirs constitués le levier de rééquilibrage qui leur manquent au niveau constitutionnel. En fin de compte, les résistances opposées à l’application de la révision ne sont pas seulement imputables à la faiblesse du mécanisme de renvoi, mais aussi à toute la signification des rapports institutionnels sous le parlementarisme rationalisé de la Ve République. La logique majoritaire se trouve imprégnée dans la mise en œuvre du renvoi pour application de la révision, ce mécanisme participe ainsi au déséquilibre institutionnel. Au terme de cette étude, le renvoi pour application apparaît comme un facteur contribuant à la rigidité de la Constitution de la Ve République, révélant l’impossibilité des institutions de s’auto-réformer.

    Xavier Denys de Bonnaventure, Formation, changement et remaniement du Gouvernement sous la Cinquième République, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de Philippe Lauvaux, membres du jury : Pauline Türk (Rapp.), Gilles Toulemonde (Rapp.), Jean Massot et Tanguy Pasquiet-Briand  

    Les règles, à la fois constitutionnelles ou déterminées par les usages, qui encadrent la composition du Gouvernement ont été transformées par l’avènement de la Cinquième République. La présente thèse rappelle d’abord la nécessité d’une claire distinction des concepts, et notamment des notions de formation, de changements ou de remaniements du Gouvernement. Elle montre également la transformation des principes qui guident à a fois le fonctionnement et l’organisation du Gouvernement sous la Cinquième République, et la part majeure jouée par les conventions et les usages. Cette transformation du cadre a conduit les têtes de l’exécutif, et tout spécifiquement le Président de la République, à se réapproprier le choix des hommes. Elle implique aussi une évolution pratique de la nature de la responsabilité collégiale du Gouvernement, et individuelle des ministres. Elle entraîne enfin une mutation des filières de recrutement des membres du Gouvernement. L’émergence du présidentialisme majoritaire a également conduit à un renforcement de l’autonomie organisationnelle du Gouvernement. La forte personnalisation de la pratique en la matière alimente le débat sur la nécessité d’un encadrement constitutionnel ou législatif de la structure gouvernementale.

    Romain Vincent, Le Parlement réuni en siège commun sous la Vème République, thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Michel Verpeaux, membres du jury : Manon Altwegg-Boussac (Rapp.), Alain Laquièze (Rapp.), Cécile Guérin-Bargues  

    Congrès du Parlement et Haute Cour. La Constitution de 1958 mobilise ces acceptions pour désigner l’organe réunissant l’Assemblée nationale et le Sénat afin d’exercer le pouvoir délibérant. Dans le cadre des articles 18, 68, 88-5 et 89 de la Constitution, la représentation nationale s’incarne sous une forme extraordinaire, distincte et autonome par rapport au Parlement de l’article 24. Malgré la diversité terminologique, c’est un organe unique, qualifié ici de Parlement réuni en siège commun. Certes, il se compose des mêmes assemblées, mais certaines particularités empêchent toute assimilation avec le Parlement ordinaire. Cette proposition est justifiée au moyen d’une étude empirique de la pratique institutionnelle de la Ve République. Le Parlement réuni en siège commun est alors envisagé à travers le prisme de l’histoire constitutionnelle, notamment celle des IIIe et IVe républiques, mais aussi celui de la théorie de l’Etat et des droits étrangers comportant un organe similaire. Ces éléments permettent d’établir le statut juridique de cette assemblée. Le Parlement réuni en siège commun est un organe représentatif et parlementaire exerçant le pouvoir d’Etat. Il dispose d’une autorité lui permettant d’interpréter librement les énoncés constitutionnels et de participer à la continuité de l'Etat. Comme le Parlement ordinaire, il est une autorité constitutionnelle. Cette qualité est confirmée par l’analyse de la fonction de contrôle du président de la République, mais aussi par l’exercice de la fonction constituante le conduisant à entrer en concurrence avec les organes exécutif et juridictionnel, mais aussi le corps électoral.

    Émilie Hatté, La Cour suprême du Royaume-Uni et le nouvel équilibre institutionnel, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 sous la direction de Philippe Lauvaux, membres du jury : Aurélien Antoine (Rapp.), Aurélie Duffy-Meunier (Rapp.), Tanguy Pasquiet-Briand  

    Au Royaume-Uni, l’accélération du temps constitutionnel amorcée avec les lois de la dévolution et le Human Rights Act 1998 a conduit à une évolution particulièrement remarquée de l’équilibre des pouvoirs en faveur du judiciaire. Alors que le législateur s’était inscrit dans une logique de rédaction de plusieurs pans du droit constitutionnel, le choix du peuple britannique du 23 juin 2016 de sortir de l’Union européenne a eu l’effet d’un tsunami constitutionnel. L’exposition médiatique et les décisions de la Cour suprême rendues à cette occasion ont mis en avant une conception rénovée de la souveraineté parlementaire. Le Royaume-Uni a besoin plus que jamais de pouvoir compter sur une juridiction indépendante pour surmonter cette période de perturbations constitutionnelles. Le Constitutional Reform Act 2005, en créant une nouvelle juridiction suprême, a voulu réaffirmer cette indépendance en considération des apparences. Dès lors, doit-il être perçu comme l’élément essentiel du mécanisme de rééquilibrage des pouvoirs au Royaume-Uni ?Pour répondre à cette question, nous proposons, après une immersion dans le système juridique britannique, d’examiner l’indépendance de la Cour suprême. Cela suppose de considérer notamment la réalité de son autonomie structurelle et sa jurisprudence. Nous serons amenés à étudier la question de la protection des droits et libertés, l’organisation quasi-fédérale du pays et le positionnement parfois audacieux de la juridiction suprême dans ses relations avec le législateur britannique et les juges européens. Ce sera aussi l’occasion d’envisager le rôle de la Cour suprême si le Royaume-Uni faisait finalement le choix d’une Constitution rigide.

    Alexis Buixan, La culture de la constitution en France : reconnaissance d'une notion à la lumière des cultures constitutionnelles nationales (France et États-Unis), thèse soutenue en 2020 à Rennes 1 sous la direction de Jacky Hummel, membres du jury : Alexandre Viala (Rapp.), Tanguy Pasquiet-Briand (Rapp.), Marie-Claire Ponthoreau et David Mongoin  

    Héritiers d’une histoire constitutionnelle et politique discontinue, les Français ont eu toutes les difficultés à entretenir une relation étroite avec leur pacte fondamental. L’imprévisibilité des événements, le culte de l’État dans les cultures politiques et la foi dans la force symbolique des principes ont conduit à une déconsidération à l’endroit des formes constitutionnelles. Par-delà le paradigme légicentriste qui a longtemps prévalu dans l’esprit des révolutionnaires français, l’absence de centralité de la Constitution dans la conscience nationale a freiné l’éclosion d’une culture de la constitution. À l’inverse, les discours qui célèbrent le moment fondateur de Philadelphie contribuent à assimiler la Constitution à un texte religieux faisant l’objet d’une vénération. Élément du patrimoine culturel américain, la Constitution structure le débat politique. Bien qu’elle soit perpétuellement menacée par le fétichisme, l’appropriation (sociale, politique, jurisprudentielle ou affective) dont elle fait l’objet par les acteurs politiques, les juristes et les citoyens participe d’un processus d’interprétation qui en garantit l’adaptation. À l’heure où la justice constitutionnelle assure l’autorité juridique de la loi fondamentale, le constitutionnalisme français est désormais en mesure de faire valoir ses propriétés culturelles. Invoquée devant le juge par des citoyens qui défendent leur système de valeurs, la Constitution se trouve versée dans le débat politique. Appréhendée comme un outil de régulation et d’intégration sociale, l’intériorisation du droit donne naissance à des réflexes et à des habitudes qui modifient les contours de la délibération publique. Certes, la culture de la constitution s’enracine principalement au sein d’un imaginaire national ; néanmoins, le contexte de globalisation juridique oblige de plus en plus à transposer des standards constitutionnels ou à opérer des emprunts juridiques. Mettant à l’épreuve les cultures constitutionnelles et politiques, ce mimétisme, toujours imparfait, suppose une acculturation au libéralisme et une adhésion aux vertus du droit. Par conséquent, l’identification d’une culture de la constitution s’éprouve d’abord par un acte de reconnaissance qui permet l’autoreprésentation de la société. Outre la formalisation d’une identité constitutionnelle, une telle reconnaissance favorise également l’obéissance des gouvernants aux prescriptions constitutionnelles. En effet, dans la mesure où elle peut conduire les acteurs politiques et les citoyens à partager une conscience collective, les dimensions symbolique et normative de la Constitution sont de nature à civiliser les pratiques sociales et politiques.

    Jean-Félix de Bujadoux, Rationalisation du parlementarisme en France (XIXe-XXIe siècles), thèse soutenue en 2019 à Paris 2 sous la direction de Philippe Lauvaux, membres du jury : Jacky Hummel (Rapp.), Alain Laquièze (Rapp.), Ariane Vidal-Naquet et Jean-Pierre Camby  

    Le concept de la rationalisation du parlementarisme a été dégagé par Boris Mirkine-Guetzévitch en 1928 à partir de son étude des Constitutions adoptées dans les nouveaux pays européens issus du Traité de Versailles. Il renvoie à une démarche de codification écrite des pratiques et des usages régissant les rapports entre le pouvoir exécutif et les assemblées dans un régime parlementaire, afin de les aménager selon une finalité déterminée.En France, à l’instar d’autres pays européens durant la même période, cette démarche a été poursuivie par les constituants en 1946, puis en 1958. Toutefois, l’idée de rationaliser le parlementarisme en fonction d’une représentation donnée du régime parlementaire a dans notre pays des origines bien antérieures, remontant même au XIXe siècle, à la généralisation du recours à cette technique après la Première, puis la Seconde Guerre mondiale au sein des démocraties parlementaires européennes. En outre, les approches de l’idée de rationalisation, au travers des différents corpus forgés par les acteurs politiques et les publicistes, apparaissent plus denses et nombreuses dans le débat constitutionnel français au point que l’on puisse évoquer des rationalisations du parlementarisme en France et distinguer, dans une classification générale, trois catégories – camérale, gouvernementale et arbitrale – de rationalisation du parlementarisme. Ces trois catégories ont pu être mises en œuvre, alternativement ou cumulativement, en France à la fin de la IIIe, puis sous les IVe et Ve République avec des effets contrastés sur le fonctionnement des institutions. Aujourd’hui, la rationalisation du parlementarisme demeure un des piliers structurants du régime parlementaire français.

    Pierre-Emmanuel Pignarre, La Cour de justice de l'Union européenne, juridiction constitutionnelle, thèse soutenue en 2019 à Paris 2 sous la direction de Fabrice Picod, membres du jury : Brunessen Bertrand (Rapp.), Guillaume Tusseau (Rapp.), Mattias Wendel  

    La Cour de justice de l’Union européenne est aujourd’hui l’institution judiciaire qui fait l’objet de toutes les attentions de la part du monde scientifique. Elle serait même, derrière la Cour suprême des États-Unis, l’organe judiciaire le plus étudié au monde. Notre recherche propose de démontrer que la Cour de justice de l’Union européenne est une juridiction constitutionnelle. Tout d’abord, la Cour de justice de l’Union européenne dispose d’une légitimité qui peut être qualifiée de constitutionnelle tant au regard de ses composantes humaines que de sa procédure. La procédure de nomination ainsi que l’office des membres de la Cour de justice de l’Union européenne caractérisent sa légitimité constitutionnelle subjective. L’étude des règles de procédure amène au constat que le procès à la Cour de justice de l’Union européenne à les attraits d’un procès constitutionnel. Elles caractérisent la légitimité constitutionnelle objective de la Cour de justice de l’Union européenne.La Cour de justice dispose ensuite d’une compétence qui peut être qualifiée de constitutionnelle car elle exerce des attributions qui sont traditionnellement dévolues au juge constitutionnel. Ceci se vérifie tout d’abord dans le contrôle de la régularité des normes étatiques et européennes au droit de l’Union européenne lato sensu qui évoque le contrôle de constitutionnalité des lois devant les juridictions constitutionnelles nationales. Cela se vérifie, ensuite, dans le contrôle de la répartition horizontale et verticale des compétences qu’exerce le juge de l’Union européenne et qui constitue l’une des attributions des juges constitutionnels dans les États fédéraux ou régionaux. Cela se vérifie, enfin, à l’aune de la garantie des droits fondamentaux, que le juge de l’Union européenne veille à préserver au sein de l’ordre juridique dont il est l’interprète authentique.

    Chloë Geynet-Dussauze, L'obstruction parlementaire sous la Ve république : étude de droit constitutionnel, thèse soutenue en 2019 à AixMarseille sous la direction de Ariane Vidal-Naquet et Sophie de Cacqueray, membres du jury : Jean-Philippe Derosier (Rapp.), Pauline Türk (Rapp.), Jean Gicquel et Corinne Luquiens    

    Le droit constitutionnel peut-il mettre fin à l’obstruction parlementaire, comme l’ambitionnait la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 ? Plus de 10 ans après, le phénomène n’a pas disparu. Se fixant pour objectif de saisir l’obstruction parlementaire, cette étude propose, à partir d’une définition « stipulative », d’identifier ce phénomène politique dans ses différentes manifestations, révélant son caractère à la fois ancien et polymorphe. Afin de comprendre l’ensemble des spécificités propres à ce phénomène, cette phase d’identification est assortie d’un exercice de qualification juridique. Il en résulte une nouvelle définition de l’obstruction parlementaire : celle-ci constitue un abus de droit constitutionnel. À partir de ce concept, la thèse s’attache à étudier les procédés d’encadrement de l’obstruction parlementaire. Fréquemment décriée, elle a fait l’objet de nombreuses tentatives de limitation, en vain. L’analyse menée met en exergue le caractère insatisfaisant des moyens de lutte contre l’obstruction et conduit à repenser l’ensemble des méthodes d’encadrement de celle-ci en remontant aux origines des maux. La commission d’abus de droits constitutionnels à des fins d’obstruction parlementaire paraît dépendre de la place et du rôle conférés à l’opposition parlementaire et, plus largement, au Parlement. Si la fusion des pouvoirs en faveur de l’exécutif incite à promouvoir l’épuisement de la logique politique consacrée par la révision de 2008 à travers l’institutionnalisation de la minorité opposante, la présente thèse défend également la nécessité de rechercher une logique institutionnelle capable de rétablir et de garantir l’équilibre entre les organes

    Jean de Saint Sernin, Système majoritaire et bicamérisme sous la Vème République (depuis 1981), thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Hugues Portelli, membres du jury : Julie Benetti (Rapp.), Franck Laffaille (Rapp.), Jean-Marie Denquin et Cécile Guérin-Bargues  

    Sous la Ve République, la seconde chambre a été conçue par le constituant comme un soutien prédisposé au Gouvernement et au régime nouvellement établi, eu égard à l’incertitude d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale. La survenue imprévue de celle-ci aboutit à un rapprochement organique mais aussi fonctionnel de l’Assemblée nationale avec le Gouvernement. La discordance fréquente des majorités parlementaires place alors le Sénat et le bicamérisme dans une position institutionnelle délicate. Devenu un acquis du système politique, le fait majoritaire s’observe incontestablement, depuis l’alternance de 1981, au sein comme entre les deux chambres et influence leur organisation, leur fonctionnement et l’exercice de leurs prérogatives constitutionnelles. Les différentes configurations majoritaires témoignent en revanche d’une certaine spécificité du Sénat du point de vue du fait majoritaire et d’un exercice effectif et non orienté de la fonction parlementaire vis-à-vis du Gouvernement. Le Sénat trouve sa justification dans sa différenciation avec l’autre assemblée et la distanciation qu’il entretient avec le Gouvernement révèle le caractère équilibré du bicamérisme de la Ve République. L’institutionnalisation d’une majorité et ses particularités dans chacune des deux chambres conduisent le droit constitutionnel et le droit parlementaire à ne pas exclure les phénomènes extra-normatifs afin d’appréhender les institutions politiques dans leur fonctionnement effectif.

    Mohamad Hasan, L'Irak et le Kurdistan : genèse, enjeux et perspectives du régime consitutionnel fédéral, thèse soutenue en 2013 à Paris 2 sous la direction de Philippe Lauvaux, membres du jury : André Roux, Guy Scoffoni et Saywan Barzani  

    En 2005, après la chute du régime baassiste de Saddam Hussein, les autorités irakiennes, mises en place par la Coalition menée par les États-Unis, ont instauré en Irak un nouveau régime démocratique, parlementaire et fédéral, et adopté la première Constitution permanente du pays depuis la fin de la monarchie en 1958. Le système fédéral ne s’applique encore aujourd’hui qu’à une seule entité fédérée : la région du Kurdistan d’Irak, qui trouve dans ce régime une autonomie de jure succédant à l’indépendance de facto acquise quatorze ans plus tôt lors de la Deuxième guerre du Golfe. La démocratie pourra-t-elle être appliquée à un pays empreint de la culture arabo-musulmane et encore marqué par près de quatre décennies de dictature ? Le fédéralisme est-il la réponse aux divisions ethniques et religieuses profondément ancrées dans la société irakienne, en particulier entre les Arabes chiites, les Arabes sunnites et les Kurdes ? Saura-t-il constituer une solution capable de satisfaire les ambitions nationales du Kurdistan d’Irak et de résoudre les conflits qui opposent ce dernier au gouvernement central irakien ? En analysant le texte de la Constitution irakienne de 2005 et le projet de Constitution de la région du Kurdistan de 2009, en examinant les institutions fédérales de l’Irak et les institutions régionales kurdes, en étudiant la répartition des pouvoirs dans le système fédéral, et à la lumière de l’évolution de l’Irak au cours des années qui se sont déjà écoulées depuis la transition, ce travail a pour ambition de déterminer la viabilité et la pertinence du régime constitutionnel fédéral pour l’Irak et pour le Kurdistan.

    Julien Lainé, Empirisme et conceptualisme en droit constitutionnel, thèse soutenue en 2011 à Lille 2 sous la direction de Géraldine Chavrier, membres du jury : Jean-Marie Denquin, Luc Heuschling et Dominique Rousseau    

    Connu en droit administratif, le thème de l’empirisme et du conceptualisme interroge la possibilité pour la doctrine, d’induire de la jurisprudence des catégories plus générales et abstraites, facilitant la connaissance d’une discipline essentiellement jurisprudentielle. L’idée de confronter cette problématique au droit constitutionnel est d’abord liée aux mutations de la discipline depuis la création du Conseil constitutionnel en 1958. Précisément, le développement de la jurisprudence constitutionnelle pouvait laisser présumer une facette empirique en droit constitutionnel, susceptible d’interroger la nécessité pour la doctrine, de procéder a posteriori à une mise en ordre synthétique des décisions du Conseil constitutionnel. En réalité, l’alternance entre l’empirisme et le conceptualisme en droit constitutionnel dépasse le seul rapport de la doctrine et la jurisprudence. La présente étude s’efforce alors de saisir dans tous les stades de la discipline, et quelles que soient les sources, le travail de systématisation du droit. Néanmoins, il ne s’agit pas de se contenter de suivre, conformément à une démarche chronologique, l’évolution de la pensée en droit constitutionnel, mais de procéder à l’identification de périodes. Le conceptualisme ancien, hérité des premiers manuels de droit constitutionnel à la fin du XIXe siècle, a permis d’élaborer les grands principes du droit constitutionnel français. Partant, l’évolution des méthodes doctrinales tout au long du XXe et au début du XXIe siècle, en lien avec l’évolution du droit lui-même, soumet ces principes à des démarches plus empiriques. Il s’agit d’abord, d’un premier courant doctrinal apparu à la suite de la Seconde Guerre mondiale, qualifié dans le cadre de la présente étude de « empirisme politique », puis, aux alentours des années 1970, d’un second courant, défendant un « empirisme juridique ». Enfin et cette dernière période demeure en cours, le développement de la jurisprudence du Conseil constitutionnel, caractérisée par son empirisme, ouvre la voie à un « empirisme jurisprudentiel », dont les enjeux sont plus largement abordés dans la présente étude.

    Céline Roynier, Le problème de la liberté dans le constitutionnalisme britannique, thèse soutenue en 2011 à Paris 2 sous la direction de Denis Baranger, membres du jury : Étienne Picard (Rapp.), Alain Wijffels (Rapp.), Jean-Marie Denquin  

    Le relatif échec que fut le Human Rights Act 1998 et les condamnations régulières du Royaume-Uni par la CEDH peuvent être considérés comme les symptômes, parmi d’autres, d’un problème de la liberté dans le constitutionnalisme britannique. Comment expliquer que cet Etat, membre fondateur du Conseil de l’Europe, résiste si fortement à l’application de cette déclaration de droits qu’est la Convention Européenne de Sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ? Nous proposons dans ce travail une solution appuyée sur une étude de la culture classique de la common law, c'est-à-dire, essentiellement mais pas seulement, de la grande doctrine parlementaire anglaise du dix-septième siècle. Il nous semble en effet que cette doctrine a fixé la conception anglaise de la liberté et l’a définitivement envisagée comme devant relever de la common law. Nous suggérons que c’est par une redéfinition permanente de la common law que la liberté a été pensée en droit public anglais et que ce travail de redéfinition est encore à l’oeuvre aujourd’hui. Tout d’abord le problème de la liberté – qui s’est aussi posé en France et en Amérique par exemple – a pris une forme particulière en Angleterre : plutôt que de penser la source de légitimité du pouvoir, les juristes anglais ont réfléchi à ce que pouvait être les « marques » d’un droit acceptable pour tous. Cette réflexion a engendré des vagues de politisation du droit mais elle a rendu l’apparition d’un peuple sujet de droit beaucoup plus difficile. La première vague de politisation fait de la common law, le droit de la communauté, c'est-à-dire le droit commun à tous (Partie 1). La seconde vague de politisation de la common law correspond à un approfondissement de la première et fait de la common law un droit de la liberté en articulant le langage de la common law à l’individu par le biais d’une morale constitutionnelle (Partie 2).

    Apostolos Vlachogiannis, Les juges de la Cour Suprême des Etats-Unis et la notion de constitution vivante, thèse soutenue en 2011 à Paris 2 sous la direction de Olivier Beaud, membres du jury : Gwénaële Calvès (Rapp.), Michel Troper (Rapp.), Pierre Birnbaum et Philippe Raynaud  

    Les juges de la Cour Suprême des États-Unis et la notion de constitution vivante.Une constitution écrite peut-elle évoluer au cours du temps et s’adapter aux besoins et aux valeurs évolutives de la société, sans pour autant être révisée formellement ? Et si oui, qu’en est-il du texte constitutionnel ? Devant ces interrogations, la notion de constitution vivante vise à résoudre le paradoxe du changement matériel de la Constitution sans modification du texte. Elle est sans aucun doute un topos – qui ne manque pas de susciter des critiques,notamment celle de la théorie dite « originaliste » - de la pensée constitutionnelle américaine, un concept mobilisé, en l’occurrence, pour justifier la cause de la réforme juridique et sociale. Elle a été développée,durant le XXe siècle, principalement par des juges de la Cour Suprême américaine qui ont fourni une approche stimulante et fertile de la nature de la Constitution. La notion de constitution vivante exprime donc une conception évolutive de la Loi suprême, qui saurait, par sa flexibilité et sa fonctionnalité,s’adapter au changement de circonstances. Dans ce cadre, elle a été instrumentalisée afin de surmonter la rigidité de la procédure de révision formelle prescrite par l’article V de la Constitution. Cette notion est dès lors porteuse de la tension entre la permanence du texte et l’évolution du droit constitutionnel positif. Pour justifier ce décalage entre la forme et le fond, les juges défenseurs de la constitution vivante ont toujours traité le texte comme un « document vivant », qui doit être lu à la lumière des valeurs évolutives et des idéaux partagés par le peuple américain.