Présentation de l’éditeur
L’épistocratie est un mode de gouvernement qui confie le pouvoir aux détenteurs du savoir et défie la ligne de séparation qu’avait tracée Max Weber entre le savant et le politique. D’un usage assez rare, le mot renvoie à un idéal platonicien qui repose sur l’idée qu’en confiant le pouvoir à tous, savants comme ignorants, la démocratie nous exposerait au risque d’être gouvernés par de mauvaises décisions. La démocratie serait un danger, l’épistocratie une assurance.
L’idéal épistocratique fait aujourd’hui son chemin depuis qu’à la faveur de la globalisation du droit, de l’épuisement des grands récits idéologiques et de la technicisation des enjeux à laquelle est confrontée la société, le pouvoir politique prend de plus en plus appui, avant de prendre ses décisions, sur l’éclairage scientifique des experts. De là à abolir le suffrage universel, à instaurer un suffrage capacitaire ou à confier un vote plural aux diplômés, il n’y a qu’un pas qui n’a, néanmoins, encore jamais été franchi.
Pourtant, certaines tendances épistocratiques se font jour, dans nos démocraties libérales, au risque de contribuer, au nom d’un rationalisme confinant au dogmatisme, à l’effacement du politique et à la montée des populismes.
Sommaire
Introduction
Chapitre 1 – L’idéal épistocratique
I – Les origines antiques : l’idéal platonicien du philosophe-roi
II – Le moment libéral : John Stuart Mill et le vote plural
III – L’euphorie positiviste : d’Auguste Comte à Léon Duguit
IV – La dérive totalitaire : du marxisme-léninisme au national-socialisme
Chapitre 2 – Le sophisme épistocratique
I – Le mode argumentatif de l’épistocratie
II – La Wertfreiheit comme rempart contre l’épistocratie
III – Une alternative à l’épistocratie ou la croyance dans les vertus épistémiques de la démocratie
IV – Autorité et vérité dans le débat démocratique : les enseignements de Thomas Hobbes
V – L’Etat de droit et la raison du juge : une juristocratie ?
Chapitre 3 – La gouvernance épistocratique
I – L’épistocratie au service du néolibéralisme
II – Du clivage gauche-droite au « cercle de la raison »
III – Vers un monde post-politique
IV – La gouvernance écologique à l’épreuve de l’épistocratie
Conclusion