Présentation
Ce cycle propose de croiser les regards du droit international, des sciences politiques et des études postcoloniales pour questionner les mobilisations juridiques et les reconfigurations normatives portées au nom du Sud Global. Il s’agira notamment d’interroger l’existence (ou non) d’une grammaire juridique du Sud Global, la façon dont le droit international est approprié, contourné ou réinventé depuis ses marges, et les tensions entre contestation, résistance et reproduction des normes dominantes. Chercheur·es invité·es de disciplines et régions diverses viendront nourrir un dialogue critique, croisant les usages concrets du droit international et les récits qui les accompagnent, entre contestation, instrumentalisation et reconfiguration.
Programme
8h30 : Accueil des invités/café
9h00 : Mot d’accueil
9h15 : Intervention inaugurale
Monique Chemillier-Gendreau
Cette intervention inaugurale pourra prendre la forme d’une généalogie des mouvements critiques du droit international issus du Sud Global. Elle mettra en lumière les rapports de domination inhérents au droit international et révèlera sa dimension relationnelle en tant que produit de rapports de pouvoir. Cette perspective historique sera importante pour remettre en question l’idée que le droit international tel qu’il existe aujourd’hui est le produit d’une construction occidentale et permettra de mieux situer les défis actuels du droit international dans un monde en recomposition.
Frontières du droit international et Sud Global face à la crise écologique planétaire
10h15 : Modération : Filipe Antunes Madeira da Silva, Universidad del Rosario
Ce panel d’ouverture propose une réflexion critique sur les épistémologies dominantes du droit international et le rôle potentiellement transformateur des épistémologies alternatives émanant du Sud Global. Quel est le rôle des idées et des connaissances produites dans le Nord dans des formes d’injustice sociale et épistémique liées à l’expansion du capitalisme, de l’impérialisme et du colonialisme ? Quelles perspectives alternatives peuvent être mobilisées pour repenser le droit international du point de vue du Sud Global ? Quel est le potentiel transformateur des revendications et des épistémés issus du Sud Global pour ré- imaginer radicalement nos rapports au monde et l’altérité ?
Intervenant·es : Eliana Cusato, University of Amsterdam Parvathi Menon, SOAS (TBC) Horatia Muir Watt, Sciences Po
11h30 : Pause
Les imaginaires du droit international et l’économie politique des rapports Nord-Sud
11h45 : Modération : Idriss Fofana, Harvard University
Ce panel examine comment les juristes internationalistes et les acteurs privés qui utilisent le droit international conformément à des imaginaires particuliers contribuent à définir la division Nord/Sud, et ce afin d’organiser et de légitimer différentes formes de pouvoir. Quel est le rôle du droit international dans la mise en place, la justification et le maintien de différentes formes de pouvoir et dans la répartition des ressources à travers le monde ? Une perspective privatiste du droit international peut-elle affiner notre compréhension de ses effets distributifs dans les pays du Sud ? Comment les expériences du colonialisme, de l’impérialisme et du capitalisme façonnent-elles le droit international dans des contextes spécifiques ?
Intervenant·es : Jorge Esquirol, Florida International University College of Law, Sciences Po Amina Hassani, Université de Genève Anne-Charlotte Martineau, CNRS
13h00 : Déjeuner
Ambivalences et circulations du droit international dans le Sud Global
14h15 : Modération : Martial Manet, Université Mohammed VI Polytechnique
Ce panel explore les usages ambivalents du droit international par les acteurs du Sud Global, entre quête d’émancipation, volonté de recréation et appropriations stratégiques. À travers des études de cas aréales, les interventions sont l’occasion d’explorer les circulations juridiques, les propositions normatives et les réappropriations de normes à l’œuvre dans le Sud Global. Ce panel est l’occasion de discuter de la nature ambivalente du droit international, constitué à partir d’une matrice eurocentrée, mais transformé par les revendications décolonisatrices. Les intervenant.e.s seront invité.e.s à commenter ce droit international en tension : les acteurs du Sud Global restent-ils contraints par le cadre constitutif du DI ? Les revendications et appropriations de ce droit par les acteurs du Sud Global révèlent-ils l’émancipation du droit international de son ancre occidentale ? Ou bien témoignent-ils, au contraire, de l’absence de discours alternatifs en matière juridique ? Ces présentations seront également l’occasion d’interroger la potentielle instrumentalisation de la (ré)appropriation des concepts juridiques internationaux à l’échelle régionale.
Intervenant·es : Alexis Blouët, CNRS Meriam Cheikh, INALCO, Eugénie Mérieau, Paris 1 Benjamin Traoré, UM6P
16h00 : Pause
L’évolution des récits du Sud Global entre justice, critique et recomposition normative
16h30 : Modération : Coralie Klipfel, INALCO
Ce panel de clôture interroge le pouvoir performatif des discours produits depuis ou sur le Sud global en matière de droit international. De nombreux acteurs mobilisent aujourd’hui des récits juridiques, historiques ou civilisationnels comme leviers d’action politique. Ces récits constituent-ils des instruments de subversion, de reconfiguration, ou de légitimation d’un ordre international en mutation ? Que révèlent-ils sur l’évolution des rapports de pouvoir entre le Nord et le Sud ? Quels rapports entre les mobilisations actuelles et les mobilisations historiques telles celles de l’époque de la décolonisation ?
Intervenant·es : Delphine Allès, INALCO Louise Beaumais, INALCO/DECRYPT
17h45 : Propos prospectifs
Filipe Antunes Madeira da Silva, Universidad del Rosario
Idriss Fofana, Harvard University
Coralie Klipfel, INALCO
Martial Manet, Université Mohammed VI Polytechnique
18h10 : Clôture de la journée
Entrée libre
Journée de lancement du cycle de séminaire "Droit international et sud global, pratiques discours, critiques" organisé par le CTAD, Université paris-Nanterre avec la Harvard Law School, le CESSMA, l'UM6P et l'Universitad dei Rosario.