• THESE

    Recomposition des politiques étrangères sous l'effet du facteur religieux : une comparaison des cas indonésien et malaisien, soutenue en 2011 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie 

  • Delphine Allès, Christophe Jaffrelot (dir.), L'indo-Pacifique, Sciences Po Les Presses, 2024, L'Enjeu mondial, 189 p.      

    Formulée pour la première fois en 2007 pour souligner la convergence des intérêts indiens et japonais en matière de sécurité maritime, la notion d'Indo-Pacifique s'est imposée en une petite décennie à l'agenda international. Elle structure les discours politiques et stratégiques de la plupart des États interagissant dans cette zone et, au-delà, fait l'objet de définitions concurrentes, de réinventions et de contestations. Elle agit comme un révélateur géopolitique : chaque acteur semble projeter à travers elle sa conception du monde. Cartes et données à l'appui, cet ouvrage propose, au fil des contributions, une synthèse inédite d'analyses sur une zone devenue un enjeu mondial

    Delphine Allès, Frédéric Ramel, Pierre Grosser, Relations internationales : cours, exercices corrigés, méthodes commentées, 2e éd., Armand Colin et Cairn, 2024, Portail, 288 p.  

    Traditionnellement centrées sur l'étude des rapports entre États, les Relations internationales ne cessent de se transformer pour faire face aux évolutions contemporaines : migrations internationales, mutations de la guerre, changement climatique, crises financières... À travers des entrées thématiques, ce manuel aborde la diversité des acteurs et objets propres à la discipline avec une exigence de pédagogie et d'accessibilité.• Le cours présente les concepts fondamentaux de la discipline, événements marquants, dates à retenir, controverses théoriques... Il est illustré de cartes et photographies de presse.• Les entraînements permettent de renforcer l'acquisition des connaissances et de se familiariser avec des exercices types de l'enseignement en Relations internationales, tels que les sujets de réflexion ou les études de document.• La partie méthode propose des techniques et exemples d'application pour se préparer aux épreuves : création de cartes analytiques, réponse à une question de réflexion et analyse d'images.Tous les corrigés disponibles dans la rubrique « ressources numériques »

    Delphine Allès, Sonia Le Gouriellec, Mélissa Levaillant (dir.), Paix et sécurité: une anthologie décentrée, CNRS éditions, 2023, 316 p. 

    Delphine Allès, Pierre Grosser, Frédéric Ramel, Relations internationales: cours, exercices corrigés, méthodes commentées, Armand Colin et Cyberlibris, 2023  

    Traditionnellement centrées sur l'étude des rapports entre États, les Relations internationales ne cessent de se transformer pour faire face aux évolutions contemporaines : migrations internationales, mutations de la guerre, changement climatique, crises financières... À travers des entrées thématiques, ce manuel aborde la diversité des acteurs et objets propres à la discipline avec une exigence de pédagogie et d'accessibilité. Le cours présente les concepts fondamentaux de la discipline, événements marquants, dates à retenir, controverses théoriques... Il est illustré de cartes et photographies de presse. Les entraînements permettent de renforcer l'acquisition des connaissances et de se familiariser avec des exercices types de l'enseignement en Relations internationales, tels que les sujets de réflexion ou les études de document. La partie méthode propose des techniques et exemples d'application pour se préparer aux épreuves : création de cartes analytiques, réponse à une question de réflexion et analyse d'images

    Delphine Allès, La part des dieux: religion et relations internationales, CNRS éditions, 2021, 351 p. 

    Delphine Allès, Frédéric Ramel, Pierre Grosser, Introduction aux relations internationales, Armand Colin, 2018 

    Delphine Allès, Romain Malejacq, Stéphane Paquin (dir.), Un monde fragmenté: Autour de la Sociologie des relations internationales de Bertrand Badie, CNRS éditions, 2018, CNRS éditions α, 282 p.  

    La 4e de couv. indique : "Artisan de la formation d'une école française des Relations internationales, Bertrand Badie observe depuis 40 ans les mutations de l'espace mondial. Ses travaux, d'une étonnante actualité, forment autant de témoins des transformations qui se sont succédé depuis les années 1980 : contestations et aporie de la puissance ; multiplication des acteurs sur une scène désormais inter-sociale et non plus seulement interétatique ; résistances oligarchiques au coeur d'un système international dont la pérennité dépend de sa capacité à s'ouvrir à de nouveaux acteurs et pratiques, au-delà de ses fondations occidentales. Faisant de la sociologie une grille explicative des processus politiques, Bertrand Badie met en lumière de nouvelles formes de contestations. Si le monde se « retournait » au sortir de la Guerre froide, la banalisation des transgressions des normes sur lesquelles il repose lui fait désormais courir un risque d'éclatement et de fragmentation. L'histoire n'est cependant jamais pré déterminée, comme le souligne une oeuvre qui descend dans l'arène pour appeler ses acteurs à embrasser l'altérité. Le souci d'éclairer les évolutions de l'espace mondial contemporain, des « Printemps » arabes à la valorisation de la déviance comme arme politique, forme également le fil conducteur de ce volume. Les 26 auteurs ici rassemblés, qui ont accompagné d'une façon ou d'une autre l'évolution de la pensée de Bertrand Badie, rendent ainsi hommage à ses travaux et à sa sociologie de l'international. Pour clore cet ouvrage, Bertrand Badie présente dans un court entretien ce qu'il considère comme les principaux jalons de son oeuvre intellectuelle, et revient sur certaines interprétations dont ont fait l'objet ses ouvrages les plus commentés, L'Etat importé, La fin des territoires ou encore L'impuissance de la puissance."

    Delphine Allès, L'émergence de revendications libertariennes en Asie du Sud-Est: Indonésie, Malaisie, Singapour et Philippines, Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine et OpenEdition, 2018  

    L'idée de ce travail a germé au printemps 2009, au hasard d'une librairie de Kuala Lumpur. Au rayon philosophie politique, la présence improbable des œuvres complètes d'Ayn Rand, mieux représentée que tous les auteurs classiques, avait aiguisé ma curiosité à l'égard des lecteurs de cette philosophe et romancière russo-américaine. À l'origine d'un courant philosophique qu'elle nomme « objectivisme », Ayn Rand défend une conception exaltée de l'individu libéré de toute contrainte sociale. Bien que sa philosophie soit contestée et loin d'être la seule défense contemporaine des libertés individuelles, elle reste une référence pour nombre d'individualistes radicaux à travers le monde. Son succès, confirmé par la présence des romans Atlas Shrugged et The Fountainhead sur l'étagère des meilleures ventes, indiquait la présence de lecteurs attirés par des convictions individualistes et universalistes dans une région dont l'approche contemporaine en théorie politique est dominée par les théoriciens communautariens qui estiment que les idéologies nées en Occident, du libéralisme au marxisme, ne sont pas exportables.

    Delphine Allès, Transnational Islamic actors and Indonesia's foreign policy: transcending the state, Routledge, 2016, Rethinking Southeast Asia, 178 p. 

    Delphine Allès, L'émergence de revendications libertariennes en Asie du Sud-Est: Indonésie, Malaisie, Singapour et Philippines, IRASEC, 2012, Carnet de l'Irasec, 122 p. 

    Delphine Allès, Relations improbables, hostilités calculées, 2007, 107 p. 

  • Delphine Allès, Christophe Jaffrelot, « L'Indo-Pacifique : naissance d'un concept « géopolitique » », in Delphine Allès & Christophe Jaffrelot (dir.) (dir.), L'indo-Pacifique, Presses de Sciences Po, 2024   

    Delphine Allès, Elodie Brun, « Mobilizing the South : Pluralizing and Complexifying Multilateralism », Crisis of Multilateralism? Challenges and Resilience, Springer International Publishing, 2023, pp. 177-196 

    Delphine Allès, « Les fondements et les évolutions du multilatéralisme en Asie », Organisations internationales. Droit et politique de la gouvernance mondiale, 2023 

    Delphine Allès, « Introduction »: section "Religion et relations internationales", Annuaire français des relations internationales, 2022 

    Delphine Allès, « Faux retour et vraie incompréhension de la place du religieux sur la scène mondiale », Les faux retours de l’histoire, 2022 

    Delphine Allès, « Introduction »: section : "Religion et relations internationales", Annuaire français des relations internationales, 2021 

    Delphine Allès, « Religion and international security. From confessionalization to securitization », Handbook on religion and international relations, 2021 

    Delphine Allès, Pascal Vennesson, « Military Security », in Palgrave Macmillan (dir.), The European Union’s Security Relations with Asian Partners. The European Union in International Affairs, 2021 

    Delphine Allès, Delphine Placidi-Frot, « Qui compose l’Assemblée générale ? », in Guillaume DEVIN, Franck PETITEVILLE, Simon TORDJMAN (dir.) (dir.), L'assemblée générale des Nations unies. Une institution politique mondiale, Presses de Sciences Po, 2020   

    Delphine Allès, « Introduction »: section "Religion et relations internationales", in Editions Panthéon-Assas (dir.), Annuaire français des relations internationales, 2020 

    Delphine Allès, Delphine Placidi, « Les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies », in Presses de Science Po (dir.), L’Assemblée générale de l’ONU, 2020 

    Delphine Allès, « Introduction »: section "Religion et relations internationales", in Editions Panthéon-Assas (dir.), Annuaire français des relations internationales, 2019 

    Delphine Allès, « Chronique bibliographique des Relations internationales », in Presses de Science Po (dir.), Revue française de science politique, 2018 

    Delphine Allès, Richard Lebow, « Quête de statut, transgression et stigmatisations. Une matrice du changement social international », in CNRS Editions (dir.), Un monde fragmenté. Autour de la sociologie des Relations internationales de Bertrand Badie, 2018 

    Delphine Allès, « Des diplomaties populistes ? », in La Découverte (dir.), L'Etat du Monde, 2018 

    Delphine Allès, « Indonésie : Les accommodements du "pragmatisme" », in Claire Tran, Abigaël Pesses (dir.), Asie du Sud-Est 2018, IRASEC, 2018 

    Delphine Allès, « Asie », in PUF (dir.), Dictionnaire de la guerre et de la paix, 2017 

    Delphine Allès, « Indonésie. Normalisation de la politique de Joko », in IRASEC / Indes Savantes (dir.), Asie du Sud-Est, 2017 

    Delphine Allès, « Le néonationalisme, du nord au sud », in La Découverte (dir.), L’Etat du Monde, 2017 

    Delphine Allès, Auriane Guilbaud, « Les relations internationales : genèse et évolutions d’un champ d’études », in Larcier (dir.), Manuel de science politique, 2017 

    Delphine Allès, Auriane Guilbaud, Delphine Lagrange, « Interviews in International Relations », in Palgrave (dir.), Resources and applied methods in international relations, 2017 

    Delphine Allès, « Internet, société civile et politique en Indonésie, en Malaisie et à Singapour », in Presses de l'ENS Lyon (dir.), Sociétés civiles en Asie du Sud-Est, entre pilotage d’Etat et initiatives citoyennes, 2016 

    Delphine Allès, « La politique étrangère indonésienne, d’une troisième voie à l’autre », in Indes Savantes (dir.), Indonésie Contemporaine, 2016 

    Delphine Allès, « Ethnic and religious violence », in Routledge (dir.), Routledge handbook of security studies, 2016 

    Delphine Allès, « Le pouvoir sacré », in La Découverte (dir.), L’Etat du Monde, 2016 

  • Delphine Allès, « Introduction : universelles, décentrées, différentialistes ? Les sciences sociales face au défi renouvelé de la contextualisation et de la politisation des savoirs », Sociétés Plurielles, Presses de l’INALCO, 2024, pp. 1-11     

    Delphine Allès, Gilles Bertrand, Auriane Guilbaud, Franck Petiteville, Frédéric Ramel [et alii], « Hommage à Guillaume Devin », Études internationales, École supérieure d'études internationales de l'Université Laval, 2022, n°2, pp. 141-144   

    Delphine Allès, « Les dialogues interreligieux entre la Russie et l’indonésie : émergence d’une diplomatie religieuse aux finalités politiques », Revue d'Etudes Comparatives Est-Ouest, Presses Universitaires de France, 2022, n°1, pp. 69-100 

    Delphine Allès, Amanda Tho Seeth, « From consumption to production : The extroversion of Indonesian Islamic education », TRaNS: Trans-Regional and -National Studies of Southeast Asia, , 2021, n°2 

    Delphine Allès, « La religion et la sécurité internationale. De la confessionnalisation à la sécuritisation », Annuaire français de relations internationales , Paris : La Documentation française, 2021 

    Delphine Allès, « Premises, policies and multilateral whitewashing of broad security narratives: a Southeast-Asia based critique of ‘non-traditional security’ », European Review of International Studies, CERI-Sciences Po/Canterbury Christ Church University (CCCU), 2019, n°1 

    Delphine Allès, Franck Petiteville, Frédéric Ramel, « Chronique bibliographique. Relations internationales », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2018, n°68, pp. 365-368 

    Delphine Allès, « Violences à dimension religieuse et sécurisation de la religion en Indonésie », Revue Défense Nationale, Paris: Comité d'études de défense nationale, 2018, n°812 

    Delphine Allès, Éric Frécon, Frecon Eric, « Les voies indonésiennes de la Belt and Road Initiative : des (mis)perceptions hégémoniques à l’ambiguïté stratégique », Etudes internationales, Centre Québécois des Relations Internationales, Université Laval, École supérieure d'études internationales de l'Université Laval, 2018, n°3 

    Delphine Allès, « L’agenda du décentrement en Relations internationales : les multiples voies d’un débat émergent », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2018, n°2 

    Delphine Allès, Bertrand Badie, « Sovereigntism in the international system: from change to split », European Review of International Studies, CERI-Sciences Po/Canterbury Christ Church University (CCCU), 2016, n°2, p. 519   

    Delphine Allès, « Singapour et les négociations multilatérales : l’identité de petit État sans la condition de petite puissance ? », Critique Internationale, Presses de Sciences Po, 2016 

    Delphine Allès, Clara Egger, Mélanie Albaret, Elodie Brun, « Les systèmes de protection des droits de l’Homme des Suds : un regard sur les interactions entre multilatéralisme global et régional », Foro Internacional, , 2016, n°1 

    Delphine Allès, « Le dialogue interreligieux en Indonésie : de la réinvention d’une tradition à sa projection internationale », Les Champs de Mars : revue d'études sur la guerre et la paix, Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM) ; Presses de Sciences Po / La Documentation française, 2015, n°26 

  • Delphine Allès, Les ambiguïtés de la reconnaissance des " croyances locales " par la Cour constitutionnelle indonésienne, 2018 

  • Delphine Allès, « Décentrer les études stratégiques », le 03 octobre 2024  

    2e édition des Journées des Études Stratégiques organisées par l'Université Paris Panthéon Assas et le Centre Thucydide

    Delphine Allès, « La réforme dans/des institutions internationales », le 15 novembre 2021  

    Organisée à l'Inalco par le Groupe de Recherche sur l’Action Multilatérale (GRAM), Université Paris Panthéon-Sorbonne, Ecole de droit de la Sorbonne

    Delphine Allès, « Géopolitique et religions : défis épistémologiques et méthodologiques », le 15 octobre 2020  

    Séminaire organisé par l’Institut catholique de Paris.

    Delphine Allès, « Gagner la guerre ou gagner la paix ? », le 05 décembre 2018  

    Colloque organisé en association avec le C3RD de la Faculté de Droit de l’Université catholique de Lille et l’équipe d’accueil Histoire, Territoire, Mémoires (HisTeMé) de l’Université de Caen.

  • Delphine Allès, Hubert Testard, Anda Djoehana Wiradikarta, Mathilda Lacroix, Joris Zylberman [et alii], Quelle place pour l'Indonésie sur la scène internationale ?: L'Asie en conférences : le cycle de débats de l'Inalco et Asialyst - édition 2022 

    Delphine Allès, Thierry Balzacq, Wendy Ramadan Alban, Eitan Shamir, Céline Marangé [et alii], Qu’est-ce que la « Grande stratégie » ?
    : France, États-Unis, Iran, Israël, Russie - Le Choc des Grandes Stratégies : Comprendre et analyser les mutations de l’ordre international.
     

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Louise Perrodin, Négocier les contours du droit international de l'asile : l'ancrage des exilés rohingyas dans les interstices sociaux-politiques malaisiens, thèse soutenue en 2024 à Paris 12, membres du jury : Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky (Rapp.), Natália Frozel Barros, Loïs Bastide, Julian Fernandez et Giulia Scalettaris  

    Des communautés d’exilés rohingyas se développent en Malaisie depuis les années 1990. Ils y résident sans-papiers car le gouvernement malaisien refuse d’inscrire un droit d’asile dans sa législation. Cette thèse explore la négociation au quotidien de la mise en œuvre de ce statut. La portée universelle de la Convention de Genève de 1951 est en effet refusée par le gouvernement malaisien, mais défendue par des exilés rohingyas, par des ONG mobilisées autour de cette cause et par le bureau du HCR implanté à Kuala Lumpur. Ces trois derniers se constituent comme passeurs des normes internationales dérivées de cette Convention. Ils soutiennent l’institutionnalisation d’un système de l’asile depuis des interstices désormais organisés autour des exilés rohingyas, où l’autorité du bureau de l’organisation internationale se renforce. Cette recherche analyse les ressources véhiculées par un instrument de droit international pour des acteurs a priori en marge de son application. En mobilisant la référence au droit international pour affirmer leur place dans des nœuds de relations à la jonction des scènes locale, nationale et internationale, ces acteurs participent à la redéfinition des normes associées au droit d’asile depuis les marges du système international. Ils contribuent alors à construire la « force » d’un droit international dont la portée en Malaisie était incertaine. Pour l’analyser, cette recherche associe une année d’enquête qualitative (entretiens et observation participante) en Malaisie, une cartographie des réseaux transnationaux d’acteurs mobilisés autour de la cause rohingya et une analyse textométrique des discours des représentants de la Malaisie à l’ONU.

    Juliette Loesch, Désinformation politique et essor des populismes en Indonésie contemporaine, thèse en cours depuis 2023  

    Ce projet de thèse s’intéresse à la relation entre la normalisation du recours à la désinformation comme outil de communication politique et l’essor des populismes en Indonésie depuis le début des années 2010. Il cherchera d’abord à recenser et à caractériser les pratiques locales en matière de désinformation, avant d’interroger leurs effets sur l’environnement politique, dans un contexte de stagnation, voire de régression démocratique. Il étudiera notamment si l’environnement informationnel et médiatique, tel que façonné par la désinformation, contribue à l’émergence d’attitudes et de leaders populistes en Indonésie.

    Simon Menet, L’internationalisation du modèle sécuritaire chinois, thèse en cours depuis 2023 en co-direction avec Jean-François Huchet 

    Antonia Collard-Nora, Les organisations humanitaires en Turquie, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Bayram Balci 

    Thibault Fournol, Recomposition des pratiques multilatérales en indo-pacifique , thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Christophe Jaffrelot 

    Zivile Kalibataite, La reconnaissance internationale par la projection de la force armée : le cas de la politique d'intervention militaire extérieure de la Lituanie (1994-2019), thèse soutenue en 2020 à Paris Est sous la direction de Thierry Balzacq, membres du jury : Frédéric Charillon (Rapp.), Anne de Tinguy (Rapp.), Jean-Marc Rickli    

    À travers l’étude du cas de la politique d’intervention militaire extérieure de la Lituanie située dans son contexte historique et régional particulier, cette thèse explore la possibilité de traduire les théories de la reconnaissance, un cadre de pensée d’origine philosophique introduit en sciences sociales au début des années 1990, dans l’analyse sociologique des relations entre États. À ce titre, nous faisons appel à divers concepts des sciences sociales tels que le contexte, le don, et le rôle pour opérationnaliser cette grille de lecture théorique dans l’étude empirique des rapports interétatiques. Nous montrons que les théories de la reconnaissance ont pour avantage d’allier les dimensions symbolique et stratégique de l’action internationale dans un même cadre interprétatif, et de proposer ainsi une approche nuancée des raisons d’agir des acteurs étatiques.À partir des documents juridiques et politiques encadrant la participation de la Lituanie aux opérations militaires extérieures (OPEX) depuis 1994, d’entretiens semi-directifs avec des acteurs ayant participé au processus de prise de décision et de mise en place de cette politique, ainsi que des archives et de la littérature grise du ministère de la Défense, cette thèse montre que le déploiement des troupes lituaniennes sur des théâtres d’opération extérieurs est un outil permettant aux autorités de ce pays balte d’exprimer les demandes de reconnaissance internationale de leur État. L’engagement des forces armées en dehors du territoire national est motivé par la recherche de relations de réciprocité durables entre la Lituanie et ses alliés et partenaires fondées sur la reconnaissance de leur appartenance commune à la communauté occidentale. Pour ce faire, la participation de Vilnius aux diverses OPEX est à la fois active et « atlantiste », c’est-à-dire principalement axée sur les missions militaires internationales menées par les États-Unis et l’Otan.

    Catherine Bossard, Est-il possible de construire un instrument de mesure du pluralisme culturel et religieux ?, thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec Rita Hermon-Belot 

  • Ayrton Aubry, Les usages de l'Afrique : étudier l'appropriation dans l'espace mondial à partir de l'africanisation de la sécurité au Sénégal, thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Frédéric Ramel et Souleymane Bachir Diagne, membres du jury : Mame Penda Ba (Rapp.), Alioune Badara Diop (Rapp.), Jack Lewis Snyder  

    Les « solutions africaines aux problèmes africains », ou « l’africanisation de la sécurité » sont aujourd’hui mises en avant aussi bien par des acteurs africains que par des acteurs extérieurs au continent et pourtant très interventionnistes. Une lecture de cette rhétorique en termes d’extraversion et de survie de régimes présidentiels africains serait a priori justifiée. Elle s’appuierait cependant sur les inventions internationalistes de l’Afrique telles qu’elles sont formulées depuis la seconde moitié des années 1960, dépassant sa simple définition géographique. Une étude décentrée de Relations Internationales nuance ces analyses, notamment pour ce qui concerne le cas du Sénégal. Par exemple, en matière de politique étrangère, le Président de la République n’y est pas systématiquement omnipotent depuis l’indépendance. Aussi, les idées (en particulier liées au panafricanisme) et les intérêts complètent les lectures en termes de contrainte ou de mise en dépendance volontaire. Les "solutions africaines" sont un moment dans une histoire intellectuelle plus longue s’interrogeant sur le démembrement du continent depuis la traite atlantique et la colonisation. L’appropriation permet ainsi la formulation d’une subjectivité politique et un remembrement. L’étude de l’entrée de l’Etat sénégalais sur la scène internationale par l’appropriation éclaire les modalités de sa propre formation jusqu’à aujourd’hui. L’expression wolof moom sa bopp qui peut se traduire par indépendance mais aussi par appropriation, et qui a été un slogan politique mobilisé dans les années 1960 est symptomatique de la porosité entre les deux concepts s’ils sont étudiés "depuis le Sénégal".

    Andar Nubowo, La genèse d'un "islam du juste milieu" en Indonésie : histoire et portée de l'institutionnalisation d'une notion ambigüe, thèse soutenue en 2023 à Lyon École normale supérieure sous la direction de Rémy Madinier, membres du jury : Karima Direche (Rapp.), Jérôme Samuel (Rapp.), Jérémy Jammes et Stéphane Lacroix  

    La thèse se penche sur l'institutionnalisation du concept de l'islam du juste milieu en Indonésie. Depuis l’avènement du terrorisme global, l’Indonésie a mis en envergure la modération Islamique. En Indonésie, cette notion a pris une dimension institutionnelle à partir de mai 2018, à suite de son adoption officielle de « Islam wasathiyah » par le président Joko « Widodo » Widodo. À travers une approche d’une sociohistoire, cette thèse examine la cogestion entre l'État et les organisations telles que Muhammadiyah, Nahdlatul Ulama (NU) et le Majelis Ulama Indonesia (MUI) pour reconstruire une identité indonésienne basée sur le concept de l’islam juste milieu, en réponse à l'islamisme radical. La thèse révèle que la notion représente une longue tradition de « synthèse mystique » ayant réussi à réconcilier les conflits théologico-politiques depuis l'arrivée de l'islam en archipel. De plus, elle met en lumière la manière dont, face au « tournant conservateur », cette notion coranique et arabe a été adoptée par Jokowi dans le but de renforcer l'idéologie Pancasila et de neutraliser ses opposants islamistes. Dans une perspective internationale, elle démontre que l'utilisation de ce concept reflète une vision de la « sortie d'un arabo musulman centré », visant à construire et à promouvoir un « nouveau centre de la civilisation musulmane » par le biais du soft power indonésien. En outre, cette thèse avance l'argument selon lequel cette vision globale renforce la réaffirmation des figures notables de l'islam modéré dans la lutte pour récupérer l’autorité socioreligieuse de la mainmise des islamistes-conservateurs. Cependant, mis à distance par le gouvernement, la thèse souligne que le projet de la modération religieuse a laissé place à un nouvel débat sur la légitimité de la modération, créant ainsi des tensions quant à savoir qui incarne le plus la modération et qui ne le fait pas. À cet égard, enfin, la thèse révèle que l'islam indonésien se présenterait comme une manifestation hybride des « musulman républicains », modérés et pancasilaiste, ou d’une outre cote, se transformerait en une idéologie hégémonique de l'État, écrasant tous les opposants théologico-politiques.

    Jeanne Prades, Narrative (de)securitizations of Islam in Western Europe. : A comparative analysis of public discourse in Germany, Britain, and France, thèse soutenue en 2022 à Institut polytechnique de Paris sous la direction de Thomas Lindemann et Gunther Hellmann, membres du jury : Thierry Balzacq (Rapp.), Frédéric Ramel (Rapp.), Nada Afiouni et Alexander Spencer  

    Cette thèse interroge la manière dont les représentations historiques de l’islam et des musulmans résonnent, ou non, dans la construction sécuritaire de l’islam et des musulmans dans des discours publics contemporains allemands, britanniques et français. Plus précisément, en proposant une approche narrative du concept de « sécuritisation » de l’Ecole de Copenhague, elle propose de créer un pont entre les études sur l’impérialisme, le colonialisme et l’orientalisme, et les études critiques sur la sécurité en relations internationales.Méthodologiquement, cette recherche repose sur une démarche comparative, qualitative et interprétative, fondée sur l’analyse des expressions, plutôt que la recherche des causes, de la sécuritization. Empiriquement, elle repose sur une analyse narrative de 356 discours produits par 66 différents acteurs politiques et médiatiques, construits d’abord en trois corpus nationaux allemand, britannique et français, puis en un corpus européen global.En réponse à la question de recherche, cette thèse valide en partie son premier argument selon lequel les constructions narratives de la menace varient en fonction de répertoires narratifs et sémantiques nationaux. Elle invalide néanmoins en partie le second, selon lequel les différents orientalismes cristallisés au tournant du XXème siècle influencent la manière dont l’islam et les musulmans sont construits dans les discours publics contemporains.Cette thèse a des implications pour la recherche sur la sécurisation, ainsi que pour les études sur l’orientalisme et la construction du rapport entre le « nous » national et l’« Autre » dans les relations internationales. D’une part, elle propose une méthode d’investigation empirique des processus de construction des menaces et des référents de sécurité, bien qu’encore expérimentale. De l’autre, elle démontre le pouvoir heuristique de la comparaison pour rendre explicite l’implicite de certaines représentations collectives qui resteraient autrement invisibles au commun.

    Tiffen Le gall, La stratégie de communication du groupe État Islamique, sociologie d'un discours guerrier et violent de propagande et de sa réception par le droit pénal français, thèse soutenue en 2022 à CY Cergy Paris Université sous la direction de Xavier Crettiez, membres du jury : Laurent Bonelli (Rapp.), Nathalie Duclos (Rapp.), Olivier Cahn et Gilles Ferragu  

    Dans le sillage du groupe djihadiste Etat Islamique, un discours de propagande à la fois sophistiqué, violent et séduisant, pluri-supports et plurilingue, a investi largement le web 2.0, pour recruter des partisans partout dans le monde, et terroriser les ennemis de l’organisation. Face aux chiffres des départs de français vers la zone irako-syrienne, puis à la vague d’attentats sur le territoire, le droit pénal a dû s’adapter dans l’urgence pour venir endiguer ce phénomène relativement nouveau. Le droit s’était également saisi dans des termes proches mais non identiques de la propagande anarchiste au XIXème siècle.La problématique tournera autour de la compréhension du terme propagande, et de sa réappropriation par l'organisation terroriste djihadiste État Islamique. Elle se penchera sur la compréhension de ce discours, de ses acteurs et de son succès pour terroriser et recruter, afin de comprendre comment la réponse pénale s'est construite en opposition à ce phénomène. On cherchera à comprendre comment le droit tente d'endiguer ce discours par la prévention et la sanction, en créant et durcissant les infractions relatives à la consultation et à la diffusion de la propagande djihadiste, et comment la justice l'utilise pour condamner les aspirants djihadistes. On s’interrogera sur la participation de cette justice à la construction de ce que la doctrine appelle un droit pénal de l'ennemi. L'axe principal de la recherche tournera donc autour de la compréhension et l'analyse de ce discours, qui terroriste et recrute, et sa réception du point de vue de la société pénale. Nous analyserons dans un premier temps le discours proposé par l'État Islamique et ses acteurs, afin de comprendre comment celui-ci a émergé, quels sont les moyens mis en place pour le diffuser, mais surtout pour décrypter comment celui-ci parvient à terroriser et recruter. Dans un second temps, nous étudierons les politiques préventives et pénales mises en place pour lutter et endiguer ce phénomène, notamment les sanctions qui s'appliquent aux personnes qui consultent et relaient ces fichiers. Nous nous intéresserons à la manière dont l'émergence d'un discours violent peut contraindre le droit pénal à se saisir dans l'urgence d'un phénomène nouveau en s'appuyant sur un versant avant tout sécuritaire et punitif, préférant placer la sanction en amont de l'infraction. Il apparait que la justice et le droit vont lutter mais aussi utiliser la propagande : on va lutter en créant de nouvelles infractions en lien avec la propagande et sa consultation, sa diffusion, et durcir l'infraction d'apologie du terror isme ; et également l'utiliser à des fins de condamnation durant les procès ; consulter, relayer de la propagande devient un élément à charge mais aussi une infraction à part entière.Mots-clés : propagande, radicalisation, justice pénale, droit pénal de l’ennemi, antiterrorisme

    Aghiad Ghanem, Patronage, refuge, ancrage : l'internationalisation des Alaouites (Syrie, Turquie, Liban) face au conflit syrien, thèse soutenue en 2021 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Hamit Bozarslan (Rapp.), Emel Parlar Dal (Rapp.)  

    L’internationalisation des alaouites repose sur des pratiques antagonistes, révélées,entravées ou favorisées par le conflit syrien débutant en 2011. Pour les ‘Īd, clientshistoriques de l’État syrien, la crise est une opportunité. Depuis le Jabal Mohsen àTripoli au Liban, ils captent en Syrie des ressources politiques et activent leur milicealaouite contre leurs rivaux du quartier sunnite de Bab Tebbaneh. Leurs activités denuisance alimentent la dynamique de polarisation identitaire associée au conflit syrienet à ses ramifications transnationales. Pour d’autres, la crise signifie la perte du refugesyrien. Certains cheikhs envoyaient ainsi leurs disciples en Syrie pour qu’ils y étudientla doctrine ésotérique alaouite. Le refuge syrien régulait les tensions rencontrées enTurquie et au Liban, et évitait aux acteurs une politisation coûteuse. La crise, enfin,produit des dynamiques inédites propres aux acteurs qui, à l’aide des réseauxtransnationaux alaouites menant jusqu’aux diasporas en Europe et en Amérique duSud, militent pour une reconnaissance culturelle et oeuvrent pour un ancrage desalaouites dans leurs contextes nationaux respectifs. Patronage, refuge et ancrage sonttrois gammes d’internationalisation alaouites. Elles invitent à dépasser le modèle del’entrepreneur identitaire, et à considérer l’existence d’acteurs qui tendent à résister àla politisation de l’identité et à préserver la nature stato-centrée de l’environnement.Elles justifient, ensuite, le recours à une approche anthropologique, pour déceler lesmultiples interactions entre le positionnement des individus, la définition de leurcatégorie identitaire, et leurs pratiques internationales.

    Mahmoud El Ashmawy, La diplomatie des Frères musulmans d'Egypte : socialisation, politisation et nationalisation, thèse soutenue en 2020 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Jean Marcou (Rapp.), François Burgat, Nadia Marzouki et Mohammad-Mahmoud Mohamedou  

    Cette thèse démontre que les Frères musulmans d’Egypte ont non seulement produit une vision de conduite des relations internationales et transnationales, mais ont pu également s’engager dans une diplomatie pour la mettre en œuvre. Le modèle de relations différenciées élaboré par les Frères en terme de dualité solidarité-contestation fut constamment révisé, du moins lors de sa mise à l’épreuve, vu les blocages qui sont apparues dans les sphères de solidarités, mais aussi les opportunités qui ont émergé dans les sphères de contestation. Basée sur divers travaux théoriques d’analyse des politiques étrangères, la littérature sur la religion et les relations internationales, ainsi que les mouvements sociaux transnationaux, ce travail note la coexistence de divers modèles de diplomatie au sein des Frères musulmans : une diplomatie de l’organisation aux objectifs précis, une diplomatie transnationale au sein des réseaux islamistes dans lesquels réside un réservoir de solidarité et de mobilisation, ainsi qu’une diplomatie intersociale qui est l’œuvre d’entrepreneurs diffus. L’étude de la diplomatie des Frères musulmans nous enseigne que le système international et l’ordre régional, par leurs agendas, leurs normes et pratiques, détiennent un formidable pouvoir de socialisation des acteurs contestataires. Il ne s’agit pas cependant de nier l’agence de tels acteurs qui peuvent faire le choix d’adapter leur répertoire d’action et faire preuve de flexibilité idéologique. En effet, ce travail constate les capacités d’adaptation d’un mouvement au référentiel religieux à l’instar des Frères musulmans d’Egypte.

    Muhammad Yusra, La construction régionale en Asie du Sud-Est : l'Indonésie et la coopération régionale sud-est asiatique (1961-1987), thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Hugues Tertrais, membres du jury : Manuelle Franck (Rapp.), Pierre Journoud (Rapp.), Christina Jialin Wu  

    Bien qu’il n’ait jamais connu de longues guerres entre pays comme en Europe. Mais la coopération régionale en Asie du Sud-Est n’est pas non-plus une chose facile à réaliser. La plupart des pays de cette région ont été colonisés par plusieurs pays européens depuis le début du dix-septième siècle jusqu’au milieu du vingtième siècle. Pourtant, la colonisation fut le principal obstacle à l’interaction et à la coopération entre les pays d’Asie du Sud-Est. Par conséquent, au début, un certain nombre d’initiatives de coopération régionale en Asie du Sud-Est avaient tendance à échouer rapidement. Parmi ces premières initiatives, l’ASA a survécu 6 ans (bien qu’elle ne puisse fonctionner efficacement que 2 ans) alors que la Maphilindo ne put survivre que pendant 2 semaines environ. Le rôle actif de l’Indonésie dans l’établissement de l’ASEAN faisait partie des efforts visant à éliminer le principal obstacle à l’unité et à l’harmonie en Asie du Sud-Est, à savoir le colonialisme. Par conséquent, le plus grand pays d’Asie du Sud-Est lutte constamment pour que toutes les formes d’impérialisme et de colonialisme soient abolies de cette région. Certes, la réalisation de ces objectifs n'a pu se faire rapidement. Cependant, la cohérence du rôle joué par l’Indonésie pour devenir le « panghulu » (leader culturel) de l’ASEAN a réussi à faire de l’association un catalyseur de la paix en Asie du Sud-Est.

    Pauline Poupart, Médiations en puissance au Sahara-Sahel : le rôle de l'Algérie et de la Libye dans la gestion de conflits au Nord du Mali et au Nord du Niger (2006-2018), thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Pierre Boilley (Rapp.), Yvan Guichaoua (Rapp.), Louisa N. Lombard et Judith Scheele  

    Cette thèse analyse l’exercice de la puissance algérienne et libyenne à travers les médiations conduites au Sahara-Sahel entre 2006 et 2018 au Nord du Mali et du Niger. Il est fait l’hypothèse que la médiation reflète l’exercice de la puissance par les États car elle mobilise les mêmes ressources sociales, économiques, politiques dans leurs composantes formelles et informelles, ce qui leur permet de se démarquer sur la scène régionale et internationale au travers de leurs interactions avec les acteurs en conflit.En dépit des critiques envers les médiateurs algériens et libyens sous le régime du Colonel Kadhafi, leurs actions servent dans une certaine mesure à imposer leurs intérêts, à les maintenir ou du moins à les afficher publiquement. Cependant, au vu des transformations de la conflictualité au cours des années 2000, la puissance n’est plus l’apanage des seuls États algérien et libyen, elle a pu être acquise dans ses composantes informelles et illégales par les acteurs maliens et nigériens eux-mêmes qu’ils soient étatiques ou non. Le déploiement de puissance se heurte alors à des contestations, des résistances et même à des contournements. Ses registres diplomatiques et militaires d’expression sont même battus en brèche par les groupes contestataires pour des périodes plus ou moins prolongées. Si les développements au Nord du Mali, depuis 2012, tendent à contredire sa force, la puissance se maintient néanmoins aujourd’hui dans la capacité à produire un certain type de discours quant au modèle de résolution de conflit à privilégier dans la région, mettant ainsi en compétition les approches des acteurs pour la paix qu’ils soient locaux, régionaux ou internationaux.

    Élodie Voisin, Les violences de genre en contexte de migrations forcées , thèse soutenue en 2018 à Paris 8 sous la direction de Jane Freedman  

    À travers une étude sur les violences de genre, cette thèse examine les masculinités et les féminités des Rohingyas, réfugié·e·s en Malaisie. Cette étude montre comment un modèle hégémonique birman basé sur un masculin protecteur, « gardien de la nation » et un féminin vulnérable, « mère de la nation » fait l’objet à la fois d’une réappropriation et d’une distanciation par les réfugié·e·s rohingyas. Pour autant, le féminin et le masculin ne font pas consensus et relèvent davantage de contenus instables. La migration joue un rôle majeur dans les reconfigurations des relations de genre. Les discriminations raciales, les inégalités économiques et des changements liés à la migration dans l’ordre de genre viennent exacerber les tensions entre les sexes, et peuvent se résulter par une intensification des violences conjugales et sexuelles mais aussi par l’émergence de nouvelles formes de violences. Pendant que des programmes humanitaires tendent à réifier la différence naturelle entre les sexes, des masculinités et des féminités hybrides se forment pour revendiquer une égalité entre les sexes tout en maintenant la suprématie masculine. L’enquête s’appuie sur une ethnographie menée en 2016 dans une ONG à Kuala Lumpur, la Commission Internationale Catholique pour les Migrations, et sur 91 entretiens approfondis avec 21 femmes, 24 hommes et 29 humanitaires.

    Élodie Voisin, Les violences de genre en contexte de migrations forcées, thèse soutenue en 2018 sous la direction de Jane Freedman, membres du jury : Arlette Gautier (Rapp.), Ioana Cîrstocea (Rapp.)    

    À travers une étude sur les violences de genre, cette thèse examine les masculinités et les féminités des Rohingyas, réfugié·e·s en Malaisie. Cette étude montre comment un modèle hégémonique birman basé sur un masculin protecteur, « gardien de la nation » et un féminin vulnérable, « mère de la nation » fait l’objet à la fois d’une réappropriation et d’une distanciation par les réfugié·e·s rohingyas. Pour autant, le féminin et le masculin ne font pas consensus et relèvent davantage de contenus instables. La migration joue un rôle majeur dans les reconfigurations des relations de genre. Les discriminations raciales, les inégalités économiques et des changements liés à la migration dans l’ordre de genre viennent exacerber les tensions entre les sexes, et peuvent se résulter par une intensification des violences conjugales et sexuelles mais aussi par l’émergence de nouvelles formes de violences. Pendant que des programmes humanitaires tendent à réifier la différence naturelle entre les sexes, des masculinités et des féminités hybrides se forment pour revendiquer une égalité entre les sexes tout en maintenant la suprématie masculine. L’enquête s’appuie sur une ethnographie menée en 2016 dans une ONG à Kuala Lumpur, la Commission Internationale Catholique pour les Migrations, et sur 91 entretiens approfondis avec 21 femmes, 24 hommes et 29 humanitaires.

  • Arthur Boutellis, Les rivalités de puissance et leurs conséquences à l’ONU : le cas des opérations de paix (1948-2022), thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Jean-Vincent Holeindre, membres du jury : Frédéric Charillon (Rapp.), Guillaume Devin, Ronald Hatto, Lise Morjé Howard et Marie-Joëlle Zahar  

    Depuis leur création en 1948, les opérations de paix onusiennes se sont adaptées et ont été façonnées par les évolutions de l’ordre international. Si elles ont longtemps fait l'objet d’un relatif consensus, notre thèse démontre que ces opérations sont devenues un terrain de rivalités de pouvoir et d’influence de grandes et moyennes puissances aux intérêts et valeurs de plus en plus divergents. A rebours des thèses libérales qui dominent l’étude du maintien de la paix depuis la fin de la guerre froide, nous proposons une grille d’analyse « réaliste-constructiviste » originale de la notion de puissance et des modes d’action des États à l’ONU (contrainte, influence, résistance), enrichie des méthodes bureaucratiques et de la psychologie politique, qui à notre avis permet de mieux comprendre ces opérations de paix et leurs limites. Nous testons d’abord cette grille d’analyse à travers un historique des opérations de paix de l’ONU de la guerre froide jusqu’au tournant de la stabilisation des vingt dernières années. Nous analysons ensuite les conséquences de la résurgence des rivalités de puissances, au siège des Nations Unies et dans la conduite des opérations elles-mêmes. A New York, nous nous intéressons au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale mais aussi au Secrétariat des Nations Unies (ou la bureaucratie), et aux négociations des résolutions et déclarations, des budgets, mais aussi au champ des valeurs et des normes, ainsi qu’aux nominations de plus en plus politisées. Sur le terrain d’autres jeux de pouvoir se manifestent aussi à travers les contributions en troupes, le comportement des pays hôtes, et diverses forces parallèles. Malgré la capacité des membres du Conseil de sécurité de « compartimenter » leurs différences, ces rivalités risquent d’affecter durablement l’impartialité, la légitimité et la pertinence des opérations de paix. Notre étude de cas approfondie de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA, 2013-2022) illustre comment les Casques bleus finissent dans certains cas pris en étau entre les intérêts contradictoires de certains pays. Nous posons la question du futur des opérations de paix dans un contexte de rivalités exacerbées par la montée en puissance de la Chine et la guerre en Ukraine. Enfin, nous soumettons l’idée qu’un désintérêt et désengagement total des puissances serait aujourd’hui encore plus préjudiciable que leur ingérence excessive. L’ONU doit donc mieux prendre en compte cette réalité, sans s’y soumettre. Les États doivent pouvoir se servir des opérations de paix tout en les servant, mais sans les instrumentaliser, ni les compromettre car cela reviendrait à se priver à l’avenir de cet outil important du multilatéralisme.

    Wendy Yasmine Ramadan, La grande stratégie de la République islamique d’Iran : le cas des négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015), thèse soutenue en 2022 à Paris EHESS sous la direction de Stéphane A. Dudoignon et Thierry Balzacq, membres du jury : Jean-Vincent Holeindre (Rapp.), Nathalie Burnay, Amine Aït-Chaalal, Hamit Bozarslan et Frédéric Charillon  

    Cette thèse de théorie des relations internationales (RI) a pour objectif d’étudier l’influence de la situation géopolitique de l’Iran sur la pratique de la grande stratégie iranienne par les élites politiques de la République islamique d’Iran (RII). Par grande stratégie, nous entendons les politiques à travers lesquelles un État définit son rapport à la scène internationale. Nous avons donc exploré les contraintes systémiques que génère l’appartenance de l’Iran à un type de région géographique, ici, le Moyen-Orient, et que les géopoliticiens nomment « shatterbelt » (et dont les unités sont les « États pivots »). Ces régions possèdent des atouts stratégiques, militaires, économiques ou idéationnels, qui sont convoités par au moins deux grandes puissances. Ainsi, les « shatterbelts » sont prises dans le chevauchement de sphères d’influence. Les effets structurants de l’expérience de « pivot » en République islamique d’Iran constituent l’un des principaux résultats de cette recherche. À l’aide d’outils d’analyse qualitative – les idéaux-types wébériens construits sur l’exploitation de travaux d’historiens –, nous avons développé l’idée selon laquelle les élites politiques de la RII héritaient de leurs prédécesseurs d’un « dilemme de sécurité », ainsi que d’un répertoire d’action collective pour le gérer. Ce répertoire de référence se décline en trois postures principales : « Manœuvrer dans l’ordre des puissances », « Contester l’ordre des puissances », « Se conformer à l’ordre des puissances ». Chacune de ces trois postures comprend un éventail d’actions.Nous avons identifié les traces de cet héritage à travers notre cas d’étude relatif aux négociations sur le programme nucléaire iranien (2003-2015). Le répertoire d’action collective de référence structure, jusqu’à un certain point, les élites politiques de la RII. Nous avons aussi eu l’occasion d’observer des innovations de répertoire, ainsi que des pratiques tout à fait extérieures au répertoire référentiel de l’Iran. Néanmoins, l’étude de cas nous a informée d’une incontestable inertie des manières de voir et de faire, qui s’explique par l’héritage d’expériences et de perceptions transmises depuis l’ère de Reza Shah. Enfin, il ressort que la culture stratégique iranienne du « pivot » semble, par certains aspects, caduque et inadéquate aux évolutions de l’ère post-11 septembre (renforcement des régimes internationaux de « lutte contre le terrorisme » et de non-prolifération nucléaire ; interdépendance économique croissante ; évolution de la sécurité), si bien que l’Iran ne dispose plus d’une marge de manœuvre véritable dans la compétition entre les grandes puissances.Cette thèse, qui valorise une approche systémique, apporte un argument alternatif au discours dominant selon lequel les déterminants du comportement de la RII trouvent principalement leurs sources dans les facteurs internes à l’État (nature du régime, culture religieuse chiite des élites politiques etc.). Dans le même temps, le concept de « pivot » valorise les phénomènes de hiérarchie dans le système international, par opposition au principe d’anarchie sur lequel se basent les deux grandes approches systémiques des RI, à savoir, le réalisme structurel waltzien d’une part, et le constructivisme conventionnel, d’autre part. Ainsi, nous rendons hommage à la géopolitique, qui a pensé, dès sa genèse disciplinaire, ces phénomènes dans le cadre d’une vision différenciée du système international. À travers l’étude d’un cas spécifique, que représente la grande stratégie de la République islamique d’Iran, ce travail constitue une première pierre à une étude comparatiste de la grande stratégie des États pivots.

    Maryam Mouzzouri, L’accueil du religieux à l’UNESCO de sa création à nos jours (1945-2019) : parcours d'une organisation en quête d'un modèle efficace, thèse soutenue en 2020 à Université Paris sciences et lettres sous la direction de Philippe Portier, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Jean-Paul Willaime et Doudou Diène  

    L’ambition de ma thèse qui s’intitule « L’accueil du religieux à l’Unesco de sa création à nos jours (1945-2019). Parcours d’une Organisation en quête d’un modèle efficace » s’inscrit dans une perspective internationale et consiste à réfléchir sur la manière dont l’Unesco conçue en tant qu’organe de réflexion, de veille intellectuelle dans la poursuite de ses idéaux, accueille le religieux de sa création à nos jours. En tant qu’Organisation internationale au sein de laquelle une pluralité d’États et de cultures aux conceptions du monde diverses et variées se côtoient, je cherche à saisir le/les modèle(s) à partir duquel/desquels l’Unesco appréhende – dans l’orientation de ses programmes et activités – le fait religieux. Je m’interroge sur la question de savoir si l’Unesco aborde le fait religieux en se référant à un cadre conceptuel unique et constant ou s’il existe une succession de modèles. Le mode opératoire de prise en compte du fait religieux dans ses programmes et activités diffèrera au fil des ans pour s’adapter à l’imaginaire dominant. J’ai distingué trois grandes périodes. Chacune d’entre elles constitue le théâtre d’un processus évolutif, ne laissant perdurer que les idées les plus à même de répondre aux préoccupations internationales dominantes. Ce travail propose une lecture globale qui, à partir de l’analyse de la prise en compte du fait religieux, m’amène à exposer les principaux sujets de frictions de la scène internationale parce que, comme l’illustre la thèse, l’Unesco s’avère être une véritable caisse de résonance de l’actualité internationale.

    Alex Issa, La Force intérimaire des Nations Unies au Liban : essai d'explication de la pérennité institutionnelle, thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Christian Lequesne, membres du jury : Carla Eddé (Rapp.), Arthur Boutellis (Rapp.), Ronald Hatto  

    La FINUL est créée en 1978 par le Conseil de sécurité de l’ONU, après l’invasion par Israël du Liban-Sud. Censée être provisoire, elle est toujours opérationnelle en 2019. Les facteurs externes sont liés à l’évolution de la norme onusienne de maintien de la paix, d’une part, et à l’insécurité du Moyen-Orient et des relations israélo-libanaises, d’autre part. L’évolution du mandat de la FINUL en 2006, en adéquation avec l’évolution de la norme onusienne, lui permet d’acquérir cette nouvelle légitimité qui explique sa pérennité. Connaissant depuis 1948 de nombreuses guerres, le Moyen-Orient est devenu le laboratoire du maintien de la paix onusien. Directement concernées par le conflit israélo-palestinien et par le contexte général, les relations tendues entre Israël et le Liban expliquent pourquoi la FINUL existe toujours, d’autant plus que cette dernière a été créée dans ce contexte de guerre entre les deux pays. Les facteurs externes seuls ne permettent pas d’expliquer la pérennité de la FINUL. Il faut comprendre la dynamique institutionnelle de la FINUL : son autonomisation décisionnelle, la position des membres-permanents du Conseil de sécurité, les intérêts des Etats-participants ainsi que ceux du personnel international civil et militaire, et l’intervention des acteurs politique libanais en faveur de la FINUL pour comprendre pourquoi son mandat est renouvelé. La demande par le gouvernement libanais du renouvellement du mandat de la FINUL est due à sa légitimation par le local. Cette légitimation passe par les intérêts du personnel local de la FINUL, les intérêts de sécurité des populations locales, les intérêts économiques et ceux liés à la bienfaisance ainsi que par les interactions sociales dans la sphère privée entre membres de la FINUL et populations locales.

    Ayub Mursalin, Les restrictions à la liberté de religion et de conviction en Indonésie : genèse et enjeux contemporains de la loi anti-blasphème de 1965, thèse soutenue en 2019 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Brigitte Basdevant-Gaudemet et Rémy Madinier, membres du jury : Nathalie Bernard-Maugiron (Rapp.), François Jankowiak  

    Cette thèse propose une lecture juridique, politique et sociale de l’application de la loi anti-blasphème de 1965 dans le plus grand pays musulman du monde, l’Indonésie. Plusieurs controverses sont apparues ces dernières années concernant la nature de la loi sur le blasphème dans la vie religieuse de la société démocratique indonésienne ; cette loi correspond-elle à la prévention des abus en matière de religion et/ou de blasphème, comme il est mentionné explicitement dans son titre, ou bien concernerait-elle plutôt la restriction de la liberté de religion et d’expression en matière religieuse ? En avril 2010, après le procès contrôlant la constitutionnalité de cette loi, une décision de la Cour constitutionnelle indonésienne a établi que la loi examinée ne correspondait pas à cette seconde lecture. Si cette loi a bien pour objectif de restreindre la liberté de religion ou d’expression en matière religieuse, selon la Cour, cela ne signifie pas que cette forme de restriction est inconstitutionnelle dès lors que la Constitution de 1945 en vigueur s’accompagne d’une restriction légale au respect ou à la sauvegarde des valeurs religieuses en particulier, à côté de la moralité, de la sécurité et de l’ordre public. Toutefois, les débats et les tensions au sein de la société concernant l’application de cette loi perdurent sans relâche. Les défenseurs des droits de l’homme maintiennent que l’existence d’une telle loi anti-blasphème est contraire à l’esprit de la démocratie. En revanche, les défenseurs de la censure religieuse s’obstinent à affirmer que cette loi est nécessaire pour éviter les conflits religieux. À travers une analyse de son contenu juridique et de sa mise en application, nous considérons que la loi anti-blasphème de 1965 a visé en premier lieu à entraver le déploiement des courants de croyance spirituelle locale ou des courants mystiques javanais qui, dans une certaine mesure, sont considérés par les musulmans en particulier comme une menace pour les religions existantes et pour la désintégration du pays. Dans un second temps, nous verrons que l’existence de ladite loi est davantage destinée à restreindre le nombre des religions reconnues par l’État d’une part, et à réprimer les courants religieux « dissidents » ou « hétérodoxes » d’autre part. Si les actes jugés comme blasphématoires, parmi lesquels figure la diffusion d’interprétation religieuse « déviantes » de l’orthodoxie, sont des infractions sanctionnées, ce n’est pas la loi anti-blasphème de 1965 qui sert de référence, mais l’article 156a du Code pénal qui trouve son origine dans ladite loi. Ainsi, la loi anti-blasphème de 1965 est plutôt utilisée pour restreindre la liberté de religion et de conviction au sens large, alors que l’article 156a du Code pénal est chargé de limiter la liberté d’expression en matière religieuse. En Indonésie comme ailleurs, le renforcement de l’application de la loi anti-blasphème va de pair avec l’émergence des groupes religieux radicaux qui veulent voir triompher leur conception totalitaire d’une liberté d’expression bridée par le respect de la foi religieuse. Ces derniers utilisent de cette loi non seulement à des fins religieuses, mais également à des fins politiques, notamment celle déstabiliser un régime « laïque » ou bien d’étendre leur influence. L’objectif de cette thèse est non seulement d’analyser la nature de la loi anti-blasphème de 1965, mais aussi de proposer une perspective alternative pour aborder les conflits juridiques en Indonésie concernant les deux droits fondamentaux, à savoir le droit à la liberté de religion et le droit d’expression. La thèse vise alors la prévention des conflits juridiques en la matière et ainsi qu’à trouver un équilibre entre les libertés concernées.

    Mohamed Mamadou Diatta, Statebuilding in the Central African Republic : the preeminence of the Economic Community of Central African States in the ‘transition' process between 2012-2016, thèse soutenue en 2019 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bertrand Badie, membres du jury : Frédéric Charillon (Rapp.), Folashadé Ayodélé Soulé-Kohndou  

    Depuis son accession à l’indépendance en 1960, la République Centrafricaine (RCA) oscille entre périodes troubles et moments de stabilité relative, notamment sous les régimes militaires de Jean-Bedel Bokassa et d’André Kolingba. L’instabilité politique quasi-chronique de ce pays depuis la fin des années 1980 a entrainé des réponses internationales successives, sous forme de missions de paix débutées en 1997 et visant, in fine, à la reconstruction/construction étatique comme solution à la crise du politique centrafricaine. L’éclatement, en fin 2012, d’un conflit armé mené par la rébellion de la Seleka souligne cependant la faiblesse de cette entreprise internationale, qui fait fi des dynamiques politiques et sociales internes des sociétés concernées. Cette reprise violente des hostilités en RCA remet également au goût du jour la question de la rigidité du concept d’État et de sa pertinence universelle, limites des politiques internationales de « statebuiding ». La multitude d’acteurs, locaux et internationaux, qui opèrent sur le terrain centrafricain témoigne de la complexité de ce conflit et rend difficile la possibilité d’une solution durable. Le rôle premier de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) dans le « statebuilding » en RCA entre 2012 et 2016 est l’incarnation d’une lutte d’influence que cet acteur régional - en l’occurrence ses États membres - a remporté. La « victoire » de la CEEAC a été acquise au détriment d’une solution objective et viable à la question centrafricaine, « au profit » d’États tels que le Tchad et la France, et d’individus tels que Idriss Deby et Denis Sassou N’guesso. Ce succès de la « diplomatie de machination » est illustratif des logiques et lutte de pouvoir et de la convergence des régimes politiques dans la sous-région, ainsi que de la relation très paradoxale que la France entretient avec ses anciennes colonies.

    Anh Thu Nguyen, La diplomatie culturelle du Vietnam : instrument au service de l'intégration internationale, thèse soutenue en 2016 à Lyon sous la direction de Frédéric Ramel, membres du jury : Pierre Journoud (Rapp.), Sandra Coulibaly Leroy et Olivier Garro    

    Comblant un fossé dans les études relatives à la diplomatie culturelle des pays émergents, cette thèse s’inscrit dans le cadre d’une analyse quantitative et qualitative de la diplomatie culturelle vietnamienne. Celle-ci est une partie intégrante de la politique étrangère en vue d’assurer une intégration internationale du pays et ce, au service du développement socio-économique. L’objectif primordial de cette stratégie, reconnue comme l’un des trois piliers de la diplomatie vietnamienne avec l’économie et le politique, est de présenter le Vietnam dans le monde entier afin d’attirer les investissements. Dans ce sens, elle constitue un outil de « marketing » pour le pays. L’histoire séculaire contre les invasions étrangères, une détermination de préservation de l’identité culturelle ainsi que la nature du régime politique sont à l’origine des particularités de cette stratégie qui articule diplomatie du parti communiste, du gouvernement et du peuple. L’élément étatique est indispensable dans la formulation de cette politique. L’observation des pratiques ainsi que le résultat de notre évaluation montre que cette diplomatie se concentre sur les activités évènementielles au détriment des projets structurels (éducation et information). Sa mise en œuvre constitue un défi pour le gouvernement, en raison d’une absence de véritable mécanisme de coordination d’une part, mais aussi d’une conception de la « culture » attachée à l’idéologie d’autre part. L’UNESCO est le partenaire principal du Vietnam car l’inscription au patrimoine mondial de sites ou de pratiques nationaux demeure l’un des sujets phare de cette diplomatie, contribuant à l’essor du tourisme. La Francophonie, elle, a des compétences spécifiques en particulier dans la diversité culturelle mais le Vietnam n’en a pas encore bénéficié. Si l’UNESCO est un forum où le Vietnam pourrait se présenter dans la communauté internationale, l’OIF, avec le dossier économique et la promotion du français, servirait de lieu pour promouvoir une recherche d’influence dans la région d’Asie du Sud-Est.

  • Raphaëlle Pierre, Le pouvoir du discours dans les relations internationales : analyse de la rhétorique du régime nord-coréen au sujet du développement de son programme nucléaire et balistique depuis 1985, thèse soutenue en 2022 à Paris INALCO sous la direction de Guibourg Delamotte, membres du jury : Pierre Journoud (Rapp.), Hugues Tertrais (Rapp.), Marie-Orange Rivé-Lasan et Bruno Tertrais  

    La rhétorique de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) est souvent décrite par les médias et les responsables politiques comme étant excessive et répétitive. Les communiqués publiés par la Korean Central News Agency (KCNA), en constituent les exemples les plus marquants, notamment au sujet du programme nucléaire et balistique nord-coréen. Par le biais de ces communiqués, Pyongyang a démontré, à de nombreuses reprises, sa capacité à mobiliser le langage comme une arme. Ces menaces pourraient être considérées comme inoffensives si elles ne s’appuyaient pas sur un arsenal nucléaire et balistique au développement exponentiel qui leur confère une crédibilité. Pour certains États identifiés comme des cibles potentielles, cette rhétorique agressive constitue un casus belli pouvant justifier des actions militaires.Malgré l’opacité du régime nord-coréen, l’étude de son discours laisse paraître sa culture stratégique, ses objectifs et plus particulièrement, sa doctrine de dissuasion nucléaire. Nos travaux analysent les déclarations officielles des institutions étatiques nord-coréennes (Parti du Travail de Corée, Armée populaire de Corée et gouvernement nord-coréen) ainsi que les discours prononcés par ses dirigeants, Kim Il Sung, Kim Jong Il et Kim Jong Un. À travers une méthode d'analyse à la fois qualitative et quantitative, nous observerons dans quelle mesure la Corée du Nord emploie son discours sur son programme nucléaire et balistique comme un moyen d’influer sur le complexe de sécurité régional qui caractérise les relations entre les pays de la région Asie-Pacifique, et de défier les normes du régime international de non-prolifération.

    Mélanie Sadozaï, La frontière comme ressource : contacts, ruptures et pouvoirs à la frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan dans le Haut-Badakhchan, thèse soutenue en 2022 à Paris INALCO sous la direction de Catherine Poujol, membres du jury : Anne-Laure Amilhat-Szary (Rapp.), Vladimir Aleksandrovitch Kolossov (Rapp.), Olivier Ferrando et Sophie Hohmann  

    Depuis le lancement de la « guerre contre le terrorisme » par le président des États-Unis George W. Bush en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, le Tadjikistan a été projeté au premier plan de l’attention internationale. L’instabilité en Afghanistan a alors façonné un imaginaire de la frontière tadjikistano-afghane, longue de plus de 1 300 km, comme zone prédisposée à l’illégalité, à la violence et au désordre. Cette thèse déconstruit les présupposés associés à cette frontière et affirme qu’elle constitue une ressource pour les acteurs locaux, nationaux et internationaux déployés dans l’espace transfrontalier. Située au croisement des études aréales, des études sur les frontières et de la théorie des Relations internationales, ce travail s’appuie sur une méthode ethnographique élaborée pendant plusieurs séjours d’une durée totale de dix mois passés le long de la frontière entre 2014 et 2021. La première partie de la thèse justifie l’approche privilégiée de la « frontière comme ressource » appliquée au cas de la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan dans le Haut-Badakhchan, tout en le plaçant dans les débats théoriques et méthodologiques. Dans la deuxième partie, la thèse présente les raisons qui conduisent les acteurs à se saisir des ressources fournies par la frontière, dans une perspective historique, politique et sociale, et analyse les réseaux de pouvoir qui se croisent à la frontière. Enfin, la troisième partie de la thèse met en lumière la diversité des activités transfrontalières productrices de ressources et aborde les stratégies adoptées par les acteurs pour maintenir ces opportunités en temps de crise.

    Sarah Tanke, Japan at the United Nations : cooperative diplomacy as a means for influence and recognition, thèse soutenue en 2021 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Guillaume Devin, membres du jury : Guibourg Delamotte (Rapp.), Franck Petiteville (Rapp.), Akiko Fukushima  

    Inexistante dans la littérature académique à ce jour, cette thèse propose une étude de la diplomatie onusienne du Japon qui est à la fois globale – analysant les thèmes centraux, les contributions financières et les pratiques diplomatiques – et couvre toute la période de l’adhésion japonaise à l’ONU de 1956 jusqu’en 2020. Elle s’appuie sur des méthodes quantitatives et qualitatives : une soixantaine d’entretiens semi-directifs notamment avec des diplomates japonais, une étude d’archives japonaises et onusiennes, et une analyse d’environ 200 discours japonais. Au vu de l’essor du multilatéralisme notamment depuis le milieu du 20ème siècle, l’évolution du rôle et du pouvoir du Japon, sa constitution renonçant à la guerre ainsi que sa politique étrangère caractérisée par son alliance avec les Etats-Unis, nous nous interrogeons sur le « comment » et le « pourquoi » de la coopération japonaise aux Nations unies. Cette thèse donne trois réponses à chacun de ces questionnements. Concernant le « comment », il y a d’abord une évolution en direction d’un recentrement discursif sur le Japon ; ensuite, ses contributions financières lui permettent de jouer un rôle international ; et enfin, les diplomates onusiens japonais ont un style diplomatique que nous appelons « coopératif ». Concernant le « pourquoi », nous avons identifié trois motivations principales – outre les contraintes externes – pour la diplomatie multilatérale japonaise : elle est, d’abord, basée sur un certain nombre de principes, ensuite elle est un moyen d’influence et finalement un outil pour obtenir de la reconnaissance.

    Marc Julienne, Les stratégies chinoises de lutte contre le terrorisme : reflet de la montée en puissance de l'État sécuritaire, thèse soutenue en 2021 à Paris INALCO sous la direction de Jean-François Huchet, membres du jury : Jean-Pierre Cabestan (Rapp.), Rémi Castets (Rapp.), Stéphanie Balme et Jean-Vincent Holeindre  

    L’objectif de cette thèse est de comprendre les stratégies antiterroristes chinoises, intérieures et internationales, afin d’analyser ce qu’elles révèlent de la nature du régime politique de la Chine contemporaine. L’approche chinoise du terrorisme et du contre-terrorisme a significativement évolué ces vingt dernières années, et tout particulièrement depuis l’arrivée au pouvoir du secrétaire général Xi Jinping en 2012. Nous examinons ainsi l’évolution de la réflexion universitaire et du corpus juridique chinois sur le terrorisme, ainsi que le discours politique de sécuritisation qui l’accompagne. Nous explorons ensuite les réponses mises en œuvre par les autorités, de la montée des tensions dans la région du Xinjiang dans les années 1990, aux récentes campagnes antiterroristes et anti-extrémistes, en tentant d’en évaluer les conséquences politiques. Les stratégies antiterroristes sont en outre d’ampleur internationale désormais. Elles visent d’abord à lutter contre des menaces sécuritaires (la protection des Nouvelles routes de la soie par exemple). Elles servent aussi à promouvoir un contre discours aux critiques accusant Pékin de violations des droits de l’Homme au Xinjiang. Enfin, elles visent à neutraliser les diasporas ouïghoures à l’étranger considérées dans leur ensemble comme une menace à la sécurité nationale. Les politiques antiterroristes chinoises, dans leur expression intérieure et internationale, reflètent ainsi la montée en puissance d’un État sécuritaire décomplexé, et en incarnent même le paroxysme. Elles nous donnent à voir et à comprendre la trajectoire d’un régime obsédé par le contrôle, désormais engagé sur une voie néo-totalitaire.

    Yohanan Benhaïm, À la conquête de l'état : politique étrangère de la Turquie au Kurdistan d'Irak et transformation du champ étatique sous le gouvernement AKP, thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Gilles Dorronsoro, membres du jury : Christian Lequesne (Rapp.), Élise Massicard (Rapp.), Anne-Cécile Douillet  

    À la conquête de l’État. Politique étrangère de la Turquie au Kurdistan d’Irak et transformation du champ étatique sous le gouvernement AKP.

    Matthieu Grandpierron, War and the cult of virility : How leaders of great powers cope with status decline in their periphery, thèse soutenue en 2020 à Institut polytechnique de Paris sous la direction de Thomas Lindemann et Paul Saurette, membres du jury : Frédéric Ramel (Rapp.), Miguel de Larrinaga (Rapp.), Regina Heller  

    Cette thèse s'intéresse aux motivations qu'ont les décideurs de grandes puissances à intervenir militairement lorsqu'ils sont confronté à un déclin de statut (réel ou perçu) dans leur périphérie. Plus précisément, il est question de voir quel pourrait être le rôle et l'impact, dans cette prise de décision, des émotions et du culte de la virilité (système de pensée tourné autour d'une certaine conception de la force physique, morale, et de la santé, ainsi que d'un sentiment de domination mentale). Plus précisément, il sera question de tester trois grands arguments les uns contre les autres: (1) l'argument de la quête de puissance; (2) l'argument de la guerre de diversion; (3) l'argument de punir des comportement jugés inacceptables basé sur une interprétation virile du statut de grande puissance. Trois cas d'études ont été sélectionnés pour tester empiriquement l'importance des émotions et du culte de la virilité: (1) les débuts de la guerre d'Indochine (1945-47); la reconquête britannique des iles Falklands/Malouines (1982) et (3) l'invasion américaine de la Grenade (1983). Ces cas ont été analysés quantitativement et qualitativement à partir exclusivement de documents d'archives et de documents déclassifiés. Il ressort de ces analyses que l'argument du culte nostalgique de la virilité était l'argument le plus présent dans chacun des trois cas d'études: 47.7% dans le cas Français 40,7% dans le cas britannique 41% dans le cas américain. Dans les trois cas, les décideurs ont structuré leur décision autour de l'idée de punir fortement un acteur ayant un comportement jugé comme étant moralement déviant et s'écartant par trop du model virile et ainsi réaffirmer la supériorité du modèle virile. Ce n'est pas tant punir l'acteur pour ce qu'il a fait qui importe, mais davantage de le punir pour ce que son comportement déviant représente sur le plan symbolique.

    Clara Egger, ONG , thèse soutenue en 2016 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Yves Schemeil  

    Cette thèse porte sur le contrôle que les Etats exercent sur les ONG humanitaires. Ces dernièresconservent parfois une grande marge de manoeuvre dans la mise en oeuvre de leur mandat, alorsque, dans d'autres circonstances, elles agissent en sous-contractants de la politique étrangère deleur État d'origine. Nous cherchons à identifier les facteurs qui mènent les ONG plutôt dans unedirection que dans l’autre, ainsi que la modalité de contrôle exercée par les États – coordinationou blanchiment - La thèse explique pourquoi, au sortir de la guerre froide, les Etats ont accru leurengagement dans l’action humanitaire, de façon unilatérale d’abord et multilatérale ensuite.Sur la base de l’étude du cas de la politique humanitaire internationale entre 1989 et 2005,l’analyse révèle un processus causal constitué de cinq séquences, qui explique comment les Etatsont recours à un agent quand leurs stratégies unilatérales sont infructueuses.Nos résultats attestent du caractère stratégique du financement de l’action humanitaire pour lesEtats, conditionné par les préférences géographiques et politiques de ces derniers. Financerl’action humanitaire permet de soutenir les anciennes colonies, d’appuyer la lutte contre leterrorisme et les interventions militaires des pays donateurs. Les financements étatiquesbénéficient aux ONG les plus dépendantes de leurs Etats d’origine. Les organisations nongouvernementalesdeviennent des organisations néo-gouvernementales. Celles-ci connaissent un rejetplus fort de leur présence en zone de conflit par rapport aux ONG qui refusent de recourir auxfonds publics. Face à l’échec de leurs stratégies de contrôle unilatéral, les Etats interventionnisteseuropéens délèguent la gestion de la politique humanitaire à un agent, ECHO, dont le mandat estde rendre moins visible la tutelle étatique les ONG.Cette situation engendre des problèmesd’agences multiples : l’agent dérape en raison de sa forte perméabilité à ses sous-contractants. Enréaction, les Etats renforcent les dispositifs de contrôle sur leur agent. Au final, la politiquehumanitaire se construit sur un équilibre fragile dans lequel chaque État tend naturellement à lacontrôler tout en sachant qu'un contrôle trop visible priverait cette politique de l'efficacité qui luiest propre, et qui tient, précisément à sa neutralité.

    Jacques Dupouey, La dimension juridique de l’intégration régionale des pays d’Asie du Sud-Est , thèse soutenue en 2016 à Paris 10 sous la direction de Ismael Omarjee  

    Les pays d'Asie du Sud-Est ont, très tôt dans leur période post-coloniale, envisagé de se regrouper pour former une organisation régionale : l’Association des nations d’Asie du Sud-Est, dénommée l’ANASE ou, plus communément appelée par son sigle anglais, ASEAN. En nous appuyant sur l’exemple de l’ASEAN, nous aborderons le concept d’intégration régionale économique sous son angle juridique, en cherchant notamment à le distinguer des vocables contigus de régionalisme, régionalisation ou encore de coopération économique. Quelles sont les caractéristiques d'une intégration régionale? Ses manifestations? En dépit de l'hétérogénéité des organisations régionales ayant pour objectif de construire une intégration économique dans une région donnée, quels sont les points communs qu’un juriste peut observer? Comment décrypter l’ASEAN grâce au processus d’intégration économique qu’elle conduit et à la stratégie qu’elle a choisie? Quelles sont ses particularités? Quels défis doit-elle relever pour atteindre ses objectifs d’intégration à travers les trois dimensions communautaires : économique, politico-sécuritaire et socio-culturelle? De quels soutiens externes l’ASEAN peut-elle bénéficier pour renforcer son processus d’intégration régionale ? Le rapprochement entre pays d’Asie du Sud-Est s’appuie sur l’intergouvernementalité et la sauvegarde absolue de la souveraineté de ses Etats membres qui conduisent à privilégier le recours au droit souple plutôt qu’au droit dur dans leur production normative. L’approche adoptée prendra soin de se différencier de celles de l'économiste, du politiste ou du spécialiste des relations internationales et ouvrira sur des points de vue extra-européens. Les spécificités de l’ASEAN et sa dimension interne seront abordées dans un premier temps, tandis que la seconde partie couvrira la dynamique externe de l’intégration économique de l’ASEAN à partir d’un choix sélectif de partenariats (UE, accords de libre-échange, Banque asiatique du développement, APEC).

    Jacques Dupouey, La dimension juridique de l'intégration régionale des pays d'Asie du Sud-Est, thèse soutenue en 2016 sous la direction de Ismael Omarjee, membres du jury : Jean-Sylvestre Bergé (Rapp.), Abdelkhaleq Berramdane (Rapp.), Myriam Benlolo Carabot      

    Les pays d'Asie du Sud-Est ont, très tôt dans leur période post-coloniale, envisagé de se regrouper pour former une organisation régionale : l’Association des nations d’Asie du Sud-Est, dénommée l’ANASE ou, plus communément appelée par son sigle anglais, ASEAN. En nous appuyant sur l’exemple de l’ASEAN, nous aborderons le concept d’intégration régionale économique sous son angle juridique, en cherchant notamment à le distinguer des vocables contigus de régionalisme, régionalisation ou encore de coopération économique. Quelles sont les caractéristiques d'une intégration régionale? Ses manifestations? En dépit de l'hétérogénéité des organisations régionales ayant pour objectif de construire une intégration économique dans une région donnée, quels sont les points communs qu’un juriste peut observer? Comment décrypter l’ASEAN grâce au processus d’intégration économique qu’elle conduit et à la stratégie qu’elle a choisie? Quelles sont ses particularités? Quels défis doit-elle relever pour atteindre ses objectifs d’intégration à travers les trois dimensions communautaires : économique, politico-sécuritaire et socio-culturelle? De quels soutiens externes l’ASEAN peut-elle bénéficier pour renforcer son processus d’intégration régionale ? Le rapprochement entre pays d’Asie du Sud-Est s’appuie sur l’intergouvernementalité et la sauvegarde absolue de la souveraineté de ses Etats membres qui conduisent à privilégier le recours au droit souple plutôt qu’au droit dur dans leur production normative. L’approche adoptée prendra soin de se différencier de celles de l'économiste, du politiste ou du spécialiste des relations internationales et ouvrira sur des points de vue extra-européens. Les spécificités de l’ASEAN et sa dimension interne seront abordées dans un premier temps, tandis que la seconde partie couvrira la dynamique externe de l’intégration économique de l’ASEAN à partir d’un choix sélectif de partenariats (UE, accords de libre-échange, Banque asiatique du développement, APEC).

    Clara Egger, ONG, thèse soutenue en 2016 sous la direction de Yves Schemeil, membres du jury : Simon Hug (Rapp.), Bob Reinalda (Rapp.), Louis Bélanger et Dennis Dijkzeul      

    Cette thèse porte sur le contrôle que les Etats exercent sur les ONG humanitaires. Ces dernièresconservent parfois une grande marge de manoeuvre dans la mise en oeuvre de leur mandat, alorsque, dans d'autres circonstances, elles agissent en sous-contractants de la politique étrangère deleur État d'origine. Nous cherchons à identifier les facteurs qui mènent les ONG plutôt dans unedirection que dans l’autre, ainsi que la modalité de contrôle exercée par les États – coordinationou blanchiment - La thèse explique pourquoi, au sortir de la guerre froide, les Etats ont accru leurengagement dans l’action humanitaire, de façon unilatérale d’abord et multilatérale ensuite.Sur la base de l’étude du cas de la politique humanitaire internationale entre 1989 et 2005,l’analyse révèle un processus causal constitué de cinq séquences, qui explique comment les Etatsont recours à un agent quand leurs stratégies unilatérales sont infructueuses.Nos résultats attestent du caractère stratégique du financement de l’action humanitaire pour lesEtats, conditionné par les préférences géographiques et politiques de ces derniers. Financerl’action humanitaire permet de soutenir les anciennes colonies, d’appuyer la lutte contre leterrorisme et les interventions militaires des pays donateurs. Les financements étatiquesbénéficient aux ONG les plus dépendantes de leurs Etats d’origine. Les organisations nongouvernementalesdeviennent des organisations néo-gouvernementales. Celles-ci connaissent un rejetplus fort de leur présence en zone de conflit par rapport aux ONG qui refusent de recourir auxfonds publics. Face à l’échec de leurs stratégies de contrôle unilatéral, les Etats interventionnisteseuropéens délèguent la gestion de la politique humanitaire à un agent, ECHO, dont le mandat estde rendre moins visible la tutelle étatique les ONG.Cette situation engendre des problèmesd’agences multiples : l’agent dérape en raison de sa forte perméabilité à ses sous-contractants. Enréaction, les Etats renforcent les dispositifs de contrôle sur leur agent. Au final, la politiquehumanitaire se construit sur un équilibre fragile dans lequel chaque État tend naturellement à lacontrôler tout en sachant qu'un contrôle trop visible priverait cette politique de l'efficacité qui luiest propre, et qui tient, précisément à sa neutralité.

    Marie Boka, La Cour Pénale Internationale entre droit et relations internationales, les faiblesses de la Cour à l'épreuve de la politique des Etats, thèse soutenue en 2013 à Paris Est sous la direction de Chantal Delsol, membres du jury : Émile Kenmogne (Rapp.)  

    La jurisprudence de la Cour a été commentée et comparée à celle des tribunaux ad'hoc par de nombreux chercheurs. Cependant, ses interactions avec le système international (Etats, organisation internationales) furent quelque peu délaissées. Or, en tant que partie intégrante de ce système, elle ne peut être analysée comme un élément isolé. La stratégie du Procureur est incompréhensible si elle n'est pas rapprochée des attentes et préoccupations de la société internationale. Elle véhicule des valeurs et idéologies en provenance d'une certaine partie du monde au détriment des autres. il est vrai qu'elles sont largement acceptées par la communauté des nations, mais ce fait peut valider certaines réticences face au statut de Rome.Pour l'Union Africaine, la Cour est partiale, faite sur mesure pour les Etats africains plus faibles et la considère comme une nouvelle forme de néocolonialisme. Les ONG internationales, telle Human Right Watch, considèrent nombre de ses membres comme responsables de violations des droits de droits de l'Homme. Faut-il pour autant rejeter leurs préoccupations ?Quand les experts analysent le conseil de sécurité, ils oublient l'illégitimité des membres permanents en matière de respect des droits de l'Homme. L'intervention américaine en Irak fut en son temps dénoncée comme un crime d'agression, et leur incapacité à manipuler en leur faveur le Conseil de Sécurité les a encouragé à envisager une autre invasion en Syrie. Le manque de réaction internationale devant l'illégalité d'une telle opération est signe d'un traitement inégalitaire des Etats. Le rôle des médias ne doit pas être oublié.Pendant l'élaboration du statut de Rome, ses rédacteurs ont voulu préserver la souveraineté des Etats. Ils ont en fait donné aux Etats puissants l'assurance qu'ils échapperont aux poursuites devant la Cour.Ce travail analysera les accusations de partialité et d'efficacité de la Cour et proposera des mesures afin de la rendre plus juste et équitable.