Présentation
Dans le prolongement des années précédentes, le séminaire sondera l'écart entre une organisation politique fortement incarnée dans la personne et la maison du Roi, et le modèle de l'Etat dont l'abstraction va grandissante, jusqu'au hiatus précoce que provoque la question de sa représentation. La problématique de la permanence des familles, des corps et du royaume, sera au cœur des questionnements, y compris dans sa dimension anthropologique, et jusque dans les apports techniques du droit privé. Même si la notion d'intérêt collectif se heurte constamment au primat lignager qu'entretiennent les régimes dynastiques, les droits de l'Etat ne sont pas nécessairement en contradiction avec les droits de la famille. Ils peuvent d'ailleurs en apparaître comme les garants, à condition qu'ils reposent sur des principes supérieurs et soient donc englobants. Les enjeux symboliques du droit public dynastique constituent ainsi une matrice d'intelligibilité d'un fonctionnement formant système ; ils sont par certains aspects les ferments de la modernité politique. C'est alors, de la sorte, dans la dialectique entre la nature des régimes dynastiques et l'affirmation d'un Etat qui déplace les priorités que portera l'analyse, laquelle sera principalement centrée sur la période des XVIe-XVIIIe siècle, dans un dialogue constant entre historiens et juristes, mais ne se privera pas d'ouvrir vers d'autres champs de la recherche.
Le séminaire se déroule les 1er, 3e et 5e jeudis du mois, de 17 à 19 h, du 7 novembre 2019 au 7 mai 2020.
Programme
7 novembre : Fanny Cosandey, « Histoire politique de la famille royale »
21 novembre : Pierre Bonin, « La famille royale dans les manuels classiques d'histoire du droit »
5 décembre : Fanny Cosandey, « Alliances dynastiques, le choix des conjoints »
19 décembre : Fanny Cosandey, « Les contrats de mariage royaux et le rapport à l'héritage »
16 janvier : Eric De Mari, « Familles, "corps", couronne dans les colonies sous l'Ancien Régime »
30 janvier : Alain Hugon, « Emigration hispanique, richesse monarchique, et intérêts dynastiques dans les Indes de Castille (1492-1700) »
6 février : Julie Ozcan, « Le cadre dynastique du régime ottoman au XVIIe siècle »
5 mars : Fanny Cosandey, « La fabrique du roi »
19 mars : Aurore Causin, « Lois fondamentales et succession royale, enjeux terminologiques »
2 avril : Christophe Duhamelle, « Le Saint-Empire romain germanique: un rapport varié et non exclusif entre régime dynastique et modernité politique »
30 avril : Marta Peguera Poch, « Le père "petit" souverain et la famille organe de l'Etat »
7 mai : Laetitia Guerlain, « Les relations entre famille et pouvoir pour les premières générations d'anthropologues »
contact : cosandey(at)ehess.fr, pierre.bonin(at)univ-paris1.fr
Séminaire organisé par Pierre BONIN, professeur d'histoire du droit à l'Ecole de droit de la Sorbonne-Université Paris 1, et Fanny COSANDEY, directrice d'études à l'EHESS