Mathieu Soula

Professeur
Histoire du droit et des institutions.
UFR de Droit et  Science politique

Centre d'Histoire et d'Anthropologie du Droit
  • THESE

    "Tout était à faire", mise en place du système fiscal révolutionnaire dans le département de l'Hérault : l'exemple des contributions foncières et mobilières, 1789-an XII, soutenue en 2004 à Toulouse 1 sous la direction de Jacques Poumarède 

  • Mathieu Soula, Martine Charageat, Mathieu Vivas (dir.), Faire justice, Presses universitaires du Septentrion, 2024, Documents et témoignages, 394 p.   

    Mathieu Soula, Mathieu Soula, Thomas Hochmann, Thomas Hochmann (dir.), Combattre le racisme. Études pour le jubilé de la loi de 1972: études pour le jubilé de la loi de 1972, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2023, Sciences juridiques et politiques, 229 p. 

    Mathieu Soula, Martine Charageat, Bernard Ribémont, Mathieu Vivas (dir.), Résister à la justice (XIIe-XVIIIe siècles): XIIe-XVIIIe siècles, Editions Classiques Garnier numériques, 2020, Classiques Garnier en ligne ( POLEN - Pouvoirs, lettres, normes ), 351 p. 

    Mathieu Soula, Jean-Pierre Allinne (dir.), Les récidivistes, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 286 p.    

    Faut-il reprendre à son compte des catégories d’État sans en interroger la genèse et la construction, sans dépasser le langage impersonnel et neutralisant du droit, sans en analyser l’efficience et les effets ? Faut-il admettre que les « récidivistes » désignent historiquement un même groupe homogène et véhiculent les mêmes impensés, les mêmes peurs, les mêmes fantasmes depuis plus de deux siècles ? Ou faut-il poser comme point de départ à toute tentative de compréhension des objets « récidive » et « récidivistes » que ce sont des catégories juridiques historiquement situées, des construits politiques qui se sont imposés par la force du droit et qui ont perduré au prix de changements de sens masqués par l’apparente neutralité de la qualification juridique. Tentant d’ouvrir cette seconde voie, cet ouvrage se propose de redonner aux « récidivistes » une dimension historique, d’analyser la consolidation de cette catégorie au XIXe siècle et les raisons et les effets de sa permanence, dont on mesure aujourd’hui encore toute l’actualité. Fruit d’une rencontre de chercheurs issus de différentes disciplines (histoire, socio-histoire, droit, histoire du droit, sociologie), ce livre essaie d’éclairer la question en multipliant et confrontant les points de regard dans la perspective d’embrasser le plus largement un objet tout à la fois juridique, historique, politique et sociologique. C’est au prix (de la poursuite) d’une telle discussion interdisciplinaire que les enjeux liés à la récidive peuvent être mis à jour et par la suite analysés et éclairés.

    Mathieu Soula, Mathieu Soula, Martine Charageat, Bernard Ribémont, Bernard Ribémont (dir.), Corps en peines - Manipulations et usages des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge: manipulations et usages des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge, Classiques Garnier Numérique, 2019, Classiques Garnier en ligne ( POLEN - Pouvoirs, lettres, normes ), 395 p. 

    Mathieu Soula, Jean-Pierre Allinne, Sylvie Humbert (dir.), Justice et oubli : France - Rwanda, 28e éd., La documentation française et Direction de l'information légale et administrative, 2017, 293 p.  

    La 4e de couverture indique : "S'interroger sur l'oubli et le droit permet de réinterroger sous un autre angle l'État et sa Justice dans leur rôle de gardiens de la mémoire judiciaire, de questionner les usages et mésusages, et d'examiner les fonctions politiques et sociales de la conservation mémorielle du crime et du criminel. Dans un contexte particulièrement ambigu, où le droit à l'oubli sonne comme une revendication de plus en plus entendue, où les juridictions européennes sanctionnent les pays, comme la France, pour une collecte trop minutieuse et une conservation trop longue des passés judiciaires, mais aussi dans un contexte où l'État cherche davantage à tracer, à suivre, à se souvenir, pour mieux poursuivre et contrôler, il n'est pas anodin de poser un regard rétrospectif sur cette dialectique mémoire/oubli dans le champ pénal, pour mieux envisager sa construction et partant ses effets et ses fonctions à travers le temps. Peut-être avons-nous oublé les vertus d'un oubli que les Anciens savaient à l'occasion manier pour écarter les effets mortifères d'une mémoire infinie. A la croisée des regards (juridiques, historiques, anthopologiques, psychologiques et éthiques), l'oubli se déploie dans toutes ses dimensions sociales, politiques et judiciaires pour mieux mettre en valeur, par des études de cas et des réflexions au long cours, les ressorts d'un oubli pacificateur ou objet de luttes. Une large place est ainsi accordée aux pratiques de pardon et d'oubli au Rwanda, comme pour mieux signifier le permanente ressource qu'il offre. Enrichi des investigations menées dans le cadre d'une mission au Rwanda par des membres de l'Association française pour l'histoire de la justice, où rescapés et acteurs de la mémoire ont été écoutés, ce dossier se veut avant tout un questionnement scientifique de ce qui semble aller de soi : les vertus politiques de l'oubli judiciaire."

    Mathieu Soula, Jean-Pierre Allinne (dir.), La mort pénale, Presses universitaires de Rennes, 2015, L'univers des normes, 208 p. 

    Mathieu Soula, Martine Charageat (dir.), Dénoncer le crime du Moyen Âge au XIXe siècle, Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, 2014, 338 p.   

    Mathieu Soula, Georges Mailhos, Rémy Pech, Céline Piot, Marie Aynié (dir.), Clemenceau: l'intégrale des articles de 1894 à 1906 publiés dans "La Dépêche", Éd. Privat et "La Dépêche du Midi", 2013, 800 p.   

  • Mathieu Soula, Thomas Hochmann, « La loi et la lutte, Cinquante ans d'antiracisme », Combattre le racisme. Etudes pour le jubilé de la loi de 1972., Presses universitaires de Paris Nanterre, 2023, pp. 11-22 

    Mathieu Soula, « L’écartèlement de Damiens ou la raison des supplices », Manipulations et usages des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge, Classiques Garnier, 2019 

    Mathieu Soula, Martine Charageat, « Le corps comme lieu pénal. Introduction », Charageat, M. Ribémont, B. & M. Soula (dir.) Corps en peines. Manipulations et usages des corps dans la pratique pénale depuis le Moyen Âge, Paris, 7-25, Classiques Garnier, 2019 

    Mathieu Soula, « La juristique, un espoir déçu ? », in Raymond Verdier, Fréderic Audren, Emmanuelle Chevreau (dir.), Henri Lévy-Bruhl juriste sociologue,, Mare et Martin, 2018 

    Mathieu Soula, « "Faire corps", une illusion d'institution ? Les relations entre magistrats d'après la jurisprudence du Conseil supérieur de la magistrature (1958-2010) », Les désunions de la Magistrature (XIXe-XXe siècles), Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, 2013, pp. 171-187   

  • Mathieu Soula, « Jean-Claude Farcy, Histoire de la justice en France, de 1789 à nos jours », RTDCiv. Revue trimestrielle de droit civil, 2016, n°01, p. 222   

    Mathieu Soula, « Récidive et illusion rétrospective », 2016  

    La récidive semble aujourd’hui une catégorie pénale « naturelle », allant de soi, qui ne saurait être remise en cause. Penser ainsi, et ne pas interroger plus avant les fondements historiques de cette catégorie, peut toutefois comporter plusieurs risques : celui de ne pas objectiver les impensés véhiculés par cette catégorie, celui de reprendre à soi un sens commun, celui de s’interdire de comprendre les usages divers (et surtout politiques et sociaux) permis par une catégorie pénale qui peut...

    Mathieu Soula, Pierre Olivier, Jalil Boukhobza, Eric Senn, Michelle Legrand [et alii], « A Tracing Toolset for Embedded Linux Flash File Systems », EAI endorsed transactions on Internet of Things, 2015, n°4, p. 1 

    Mathieu Soula, « Les éclaireurs du pénal. L'IRASCible, Revue de l'Institut Rhône-Alpin de sciences criminelles », RTDCiv. Revue trimestrielle de droit civil, 2013, n°02, p. 462   

    Mathieu Soula, Jean-Christophe Gaven, « La diffusion des idées pénales par la presse révolutionnaire : l'exemple du Patriote françois, in : Savoirs pénaux, savoirs diffus. La circulation d'une pensée pénale réformatrice de l'Europe des Lumières à la Restauration monarchique », L'IRASCible, Revue de l'Institut Rhône-Alpin de Sciences Criminelles, 2013, n°4 

    Mathieu Soula, « Toulouse et la tutelle financière royale au XVIIIe siècle : l’exemple d’une résistance (1688-1789) », 2007, pp. 309-338    

    Au cours du dernier siècle de l’Ancien Régime, la monarchie tente de rationaliser la pratique budgétaire des villes et des communautés dans l’espoir d’optimiser l’acquittement des impôts royaux, en s’appuyant prioritairement sur les intendants. Mais, à Toulouse, elle se heurte à la résistance des capitouls, jaloux de leurs prérogatives financières et peu enclins à accepter le contrôle de leur pratique budgétaire. La mainmise de l’intendant dépend surtout du degré de soumission du trésorier de la ville à son autorité. Ce rouage essentiel de l’administration capitulaire est ainsi, tout au long du XVIIIe siècle, l’enjeu d’une lutte de pouvoir à laquelle se mêle aussi le parlement.

    Mathieu Soula, « Tout était à faire : mise en place du système fiscal révolutionnaire dans le département de l'Hérault », 2007, pp. 139-144    

    Soula Mathieu. "Tout était à faire" : mise en place du système fiscal révolutionnaire dans le département de l'Hérault. In: Annales historiques de la Révolution française, n°347, 2007. pp. 139-144.

  • Mathieu Soula, « Réparer les "crimes du passé" », le 19 octobre 2023  

    Colloque annuel de la Fédération de recherche universitaire l'Europe en mutation, UNISTRA sous la responsabilité scientifique de Bénédicte Girard, Etienne Muller et Delphine Porcheron

    Mathieu Soula, « Mots interdits et tabous », le 30 mai 2023  

    Organisée dans le cadre du lancement de la Chaire collective de recherche France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d'expression (COLIBEX) par le CTAD, Université Paris-Nanterre

    Mathieu Soula, « Cinquante ans de lutte contre le racisme », le 01 juillet 2022  

    Organisée par Mathieu Soula, CHAD, FIND Nanterre & Thomas Hochmann, CTAD Nanterre

    Mathieu Soula, « Espaces privés », le 28 janvier 2022  

    Organisée par le Comité de rédaction des Archives de politique criminelle et le Département de droit pénal de l’IRJS à l'occasion de la parution du numéro 2021 des Archives de politique criminelle intitulé "Espaces privés", Université Paris-Nanterre

    Mathieu Soula, « Approches épistémologiques et historiographiques du droit criminel », le 21 janvier 2022  

    Organisée par Alexandre Frambéry-Iacobone et Marine Vetter, Equipe CAHD de l’IRM, Université de Bordeaux

    Mathieu Soula, « Les juridictions de jugement en matière criminelle », le 30 septembre 2021  

    Organisé par Laurent Rousvoal, ce séminaire international et interdisciplinaire de recherche se déroulera du 30 septembre au 1er octobre 2021.

    Mathieu Soula, « Les nouveaux marchés de l’arbitrage : vers une privatisation de la justice ? », le 20 décembre 2019  

    Organisé pour l’ENM par Madame le Professeur Amrani Mekki

    Mathieu Soula, « L'insulte et le droit », le 15 mars 2019  

    Journée d’histoire et d’anthropologie du droit.

    Mathieu Soula, « Et si on parlait du justiciable du 21ème siècle ? », le 08 février 2019  

    Organisé par Soraya Amrani Mekki, Professeur de droit privé à l'Université Paris Nanterre avec le soutien de l'Ecole nationale de la magistrature, et de l'Association des étudiants du master 2 Droit privé fondamental de l'Université Paris Nanterre

    Mathieu Soula, « Les ressorts de l'extraordinaire. Police et justice dans la fabrique de l'exception », le 30 mars 2017  

    Colloque organisé par le CTHDIP

    Mathieu Soula, « Pensées et politiques réformatrices dans le domaine pénal et pénitentiaire », le 14 décembre 2016  

    L’Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire et le Centre Aquitain d’Histoire du droit organisent les 14 et 15 décembre 2016 les 4e journées internationales de la recherche en milieu pénitentiaire

    Mathieu Soula, Pierre Olivier, Jalil Boukhobza, Eric Senn, Michelle Legrand [et alii], « A Tracing Toolset for Embedded Linux Flash File Systems », 8th International Conference on Performance Evaluation Methodologies and Tools, Bratislava Slovakia (SK), le 09 décembre 2014 

    Mathieu Soula, « Disciplines juridiques, disciplines scientifiques ? », le 11 octobre 2012 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Quentin Chagneux, Les cadres juridiques du refus de faire la guerre de 1793 à aujourd'hui, thèse en cours depuis 2024  

    La désertion, l'objection de conscience, l'insoumission, l'automutilation et la simulation de maladies sont les divers types d'actes entrepris par les militaires professionnels et les conscrits refusant de faire la guerre. Ces actes sont devenus massifs pour la première fois lors de la levée en masse de 1793. Ils commencent à être réprimés systématiquement à partir de 1798. Actuellement, plus de 1800 soldats désertent l'armée française chaque année, alors que la France n'est pas en guerre. Cette étude contribue à la compréhension globale d'un phénomène qui dépasse les simples éléments individuels. Elle se concentre sur l'évolution des lois et de la jurisprudence relatives au refus de faire la guerre.

    Marine Vetter-Toussaint, Le droit pénal constitué en discipline juridique sous la Troisième République : entre recherche d'une véritable identité au sein du champ juridique et revendication d'autonomie scientifique face aux sciences sociales, thèse soutenue en 2024 à Bordeaux en co-direction avec Nader Hakim, membres du jury : Annamaria Monti (Rapp.), Frédéric Audren (Rapp.), Jérôme De Brouwer  

    Ce travail sur la discipline pénale cherche à s'intégrer aux études d'histoire intellectuelle. Or, faire l'histoire intellectuelle de cette discipline revient ainsi à comprendre « comment et selon quels procédés, par quels cheminements » le droit pénal fut constitué en discipline juridique. Pour se faire, il conviendra alors d’observer les éléments qui font d’une branche juridique une discipline juridique au prisme de la dogmatique juridique et de la science du droit. Notre travail permettra de mettre en lumière que le droit pénal s’est construit par ajouts successifs plutôt que par avancées décisives tout au long de la Troisième République. Héritière des agents du droit pénal ayant mis en œuvre la professionnalisation du droit pénal avant le moment 1900, la doctrine pénale française fut motrice dans la construction de la discipline du droit pénal international au début du XXe siècle. Ceci jusqu’à parler de centrisme francophone au sein de l’association de droit pénal international. Cela a permis de donner à la discipline pénale une nouvelle énergie, une nouvelle confiance en soi, une nouvelle direction de développement. Elle l’a organisée aussi bien à l’international, notamment au sein de l’AIDP, qu’au national avec la création du groupe français et de la Revue de la science criminelle et du droit pénal comparé. Elle lui a surtout permis d’acquérir une reconnaissance plus grande au sein des facultés et notamment au sein de la faculté de Paris, par l’œuvre de quelques juristes. L’institutionnalisation du droit pénal international a créé un champ scientifique nouveau au sein duquel il existait de nombreuses divergences entre les traditions pénales, ce qui a donné lieu à une succession de débats inter paradigmatiques au sein duquel la doctrine pénale française a su se démarquer et se fonder une place peu connue en France.

    Jules Taieb, Influences réciproques du droit international et de la guerre, étude du cas coréen (1945-1954), thèse en cours depuis 2023  

    D'un point de vue juridique, la guerre de Corée est atypique. Lorsqu'elle démarre le 25 juin 1950 par l'invasion des troupes communistes au sud du 38e parallèle, il s'agit avant tout d'une guerre civile, guerre civile au sein d'un seul pays mais néanmoins une guerre conventionnelle entre deux Etats – la République démocratique de Corée dite du Nord et la République de Corée celle du Sud. C'est le premier paradoxe juridique de cette guerre. Ensuite, dès juillet 1950 et l'intervention des Nations Unies pour défendre le Sud, la guerre de Corée porte le masque juridique d'une opération de maintien de la paix sous commandement américain. La guerre de Corée reste pour l'Histoire la première guerre menée par les Nations Unies, l'organisation qui se promettait de préserver les générations futures du fléau de la guerre . Guerre civile et néanmoins mondiale – le premier conflit chaud de la guerre froide –, la guerre de Corée oppose les deux camps, communiste et occidental, anciennement alliés, ayant échoué à réaliser la paix en Extrême-Orient. En effet, la guerre de Corée s'explique aussi par une décolonisation manquée, lorsque les alliés, ayant vaincu l'Empire du Japon, échouent à créer une Corée unie et indépendante. Enfin, la guerre de Corée n'est juridiquement pas terminée puisque l'accord de Panmunjom du 27 juillet 1953 qui met fin aux combats, n'est qu'un armistice et qu'à ce jour aucun accord de Paix n'a été conclu. A travers une étude de cas sur la guerre de Corée, il s'agit de s'interroger en historien du droit sur le rapport global entre le droit international et la guerre. Il s'agit de s'interroger sur les influences réciproques du fait militaire et de la norme juridique. En quoi le droit participe-t-il à la genèse et au développement du conflit et comment la guerre fait évoluer la lettre du droit ou sa compréhension ?

    Tom Riché, L'exécution en effigie durant le XVIIe et le XVIIIe siècle, thèse en cours depuis 2020  

    A la fin de l'Ancien Régime, quand bien même le criminel prendrait la fuite pour échapper à son funeste sort, la justice criminelle décide de l'exécuter figurativement en accrochant en place publique un tableau ignominieux ou un mannequin représentant le contumax. Cette pratique qui peut paraître quelque peu étrange aux yeux d'un contemporain porte le nom d' « exécution par effigie ». Cette peine, dépourvue de caractère rétributif, a souvent été mise de côté par les historiens du droit, reléguée au rang de simple anecdote juridique. Pourtant, ce genre de sanction est chose commune au XVIIe et au XVIIIe siècle, époque durant laquelle le criminel préférait souvent fuir plutôt que de se soumettre à une répression sévère. Il était désormais plus que temps de l'analyser en profondeur afin de comprendre les tenants et aboutissants de cette peine qui a pour but d'une part l'exemplarité, mais aussi l'infamie portée sur le nom du fugitif. A travers une méthode historico-critique et d'une étude archivistique, nous reconstituerons cette peine symbolique propre à l'Ancien Régime pour en restituer la portée à savoir de comprendre la représentation du criminel dans le procès et les effets réels de la peine en dépit de son caractère « fictif ». La présente étude mettra en lumière l'utilisation politique et judiciaire de la violence représentée, qui a pour conséquence le miracle de la substitution de l'échec de la justice pénale par son triomphe public.

    Clarisse Meykiechel, A mort le roi! Les expressions séditieuses et les offenses au roi pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet, thèse en cours depuis 2020  

    Mon sujet de thèse s'intéresse aux monarchies post révolutionnaires et aux questions de liberté d'expression. Plus précisément, je me suis arrêtée sur les infractions, qui, comme le blasphème auparavant, touchent à la dignité royale. Je travaille donc sur les expressions séditieuses (cris, écrits, discours et chansons séditieuses) ainsi que les offenses au Roi. Ce sont des infractions particulièrement intéressantes car elles touchent au pouvoir monarchique dans une période où il a de grandes difficultés à éteindre les contestations. La liberté d'expression est un enjeu fondamental pendant cette période, au cœur des préoccupations du pouvoir. Certains auteurs comme Gisèle Sapiro voient la Restauration comme une période d'apprentissage de la liberté d'expression. La Monarchie de juillet quant à elle se caractérise par de grandes contestations très inventives comme les campagnes de banquets. Les infractions qui touchent à la stabilité de l'Etat telles que les expressions séditieuses et les offenses au Roi sont alors au cœur des préoccupations du pouvoir royal. Elles peuvent tendre à fragiliser le régime car, grâce à révolution de la presse qui a lieu au même moment, les écrits contestataires se diffusent plus vite. La recherche se fonde non seulement sur des archives, mais également des écrits littéraires et des journaux. Marie Joseph Chénier en 1793 affirme que « c'est aux livres que nous devons la Révolution ». Il y a donc une certaine crainte des écrits à cette époque. Ma thèse est toujours sous la direction de Mathieu Soula et porte pour l'instant le titre provisoire de « Les expressions séditieuses et les offenses au Roi sous la Restauration et la Monarchie de Juillet ».

  • Astrid Akopian, Sans foi, ni loi ? La liberté de conscience en Arménie soviétique de 1956 à 1988, thèse soutenue en 2024 à Paris 10 sous la direction de Aram Mardirossian et Jean-Robert Raviot, membres du jury : François Jankowiak (Rapp.), Cyrille Dounot (Rapp.), Brigitte Basdevant-Gaudemet et Shahé Ananyan    

    L’arrivée de Nikita Khrouchtchev marque un tournant majeur dans la perception des libertés religieuses en U.R.S.S. Les premières décennies de l’expérience soviétique ont vacillé entre un rejet complet de toute spiritualité et une tolérance passagère, mais la construction d’une réflexion autour de la question religieuse comme phénomène complexe et la mobilisation de différentes sphères publiques pour influer sur les croyances des citoyens ne prennent réellement une dimension centralisée qu’à partir de la déstalinisation. Les racines sociales du « brouillard religieux » ont disparu, pourtant les manifestations cultuelles ne s’affaiblissent pas et ce revirement idéologique reflète sans aucun doute un aveu – à demi-mot – que la foi ne peut être uniquement expliquée par des facteurs économiques. Ce constat n’empêche pour autant pas les gouvernants soviétiques de combattre férocement le phénomène religieux comme le montre la campagne khrouchtchévienne qui, contrairement aux persécutions précédentes, s’appuie en grande partie sur le droit comme outil idéologique.Pourtant, la politique religieuse entamée à partir des années 1950 semble poursuivre des finalités dépassant la seule idéologie. Dans une société soviétique en crise, fissurée par des années de décalage entre discours officiel et pratiques quotidiennes, la question spirituelle recouvre en effet des dimensions davantage politiques et sociales. La dialectique entre pouvoirs temporel et spirituel à partir du secrétariat de Nikita Khrouchtchev est d’autant plus complexe dans le cas de la république arménienne, dont le paysage religieux spécifique laisse entrevoir de puissants enjeux internationaux et politiques.

    Guillaume Boudou, L’émergence de la liberté d’association en droit français (1810-1848), thèse soutenue en 2019 à Paris 10 sous la direction de Jean-Louis Halpérin, membres du jury : Yann Delbrel (Rapp.), Guillaume Richard (Rapp.), Christian Bruschi    

    Cette thèse interroge l’affirmation de l’historiographie dominante selon laquelle la liberté d’association consacrée par la loi du 1er juillet 1901 résulte d’un compromis politique ayant mis fin à une évolution débutée avec la Seconde République et poursuivie au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Elle montre : 1o – que le processus d’émergence de la liberté d’association en droit français s’est déployé au cours de la première moitié du XIXe siècle (1810-1848) ; 2o – que ce processus a emprunté les vecteurs d’émergence formés par les prescriptions législatives (Code pénal napoléonien, ordonnance royale du 5 juillet 1820, loi du 10 avril 1834) et la pratique judiciaire (poursuite, instruction, jugement, recours) ; 3o – que ce processus a été le produit de facteurs négatifs (abstention des pouvoirs publics consécutive aux limites posées par la loi à leur action liberticide, et tempérance de la répression judiciaire) et de facteurs positifs (conceptualisation juridique de l’association autour du contrat, de la permanence et du rejet du lucre). Ce faisant, elle met en évidence les insuffisances du régime de personnalité et de capacité juridiques des associations, fondement de la liberté de l’association, et nécessaire à l’affirmation durable de la liberté d’association.

  • Jacques Duret, La répression politique par les juridictions parisiennes 1940-1944, thèse soutenue en 2021 à Paris EHESS sous la direction de Marc-Olivier Baruch, membres du jury : François Rouquet (Rapp.), Anne Simonin, Catherine Fillon et Jean-Paul Jean  

    De la fin de la « drôle de guerre » à l’effondrement de l’Etat français, de nombreux prévenus sont jugés pour des motifs politiques par les juridictions du ressort de la cour d’appel de Paris. Deux grandes périodes se distinguent, l’avant et l’après été 1941. Durant le premier Vichy, la justice ordinaire et plus particulièrement le tribunal correctionnel de la Seine sont au cœur du dispositif de la répression politique. A l’été 1941, un basculement s’opère compte tenu des premières dégradations de la conjoncture interne et internationale. Cette seconde phase est marquée par une amplification du recours aux juridictions d’exception dotées de compétences plus ou moins larges. Ce durcissement progressif conduit à un accroissement des peines prononcées par les juridictions tout en restreignant de plus en plus les possibilités de se dérober à cette répression amplifiée. La section spéciale de la cour d’appel de Paris et le tribunal d’Etat, section de Paris, occupent une place centrale dans ce nouveau système répressif. Marginalisé en matière de justice politique, le tribunal correctionnel de la Seine poursuit néanmoins son action à l’encontre des adversaires de l’Etat français ou définis comme tels par celui-ci : les juifs, les auteurs de délit d’opinion ou les déserteurs. Ce découpage chronologique ne doit toutefois pas masquer une unité certaine sur toute la période. L’action des magistrats de carrière, principaux acteurs de la mise en place de cette politique répressive, est jugée insuffisante notamment s’agissant de ceux de la section spéciale de la cour d’appel de Paris, ce qui conduit peu à peu le régime de Vichy à choisir ses juges. A l’échelle de la cour d’appel de Paris, la lutte entre l’autoritarisme de l’Etat français et l’héritage du cadre juridique et judiciaire issu de la Troisième République est perceptible au quotidien.

    Zülâl Muslu, Mutation à la Maison des Roses : Souveraineté ottomane et tribunaux mixtes de commerce dans le Long XIXème siècle, thèse soutenue en 2018 à Paris 10 sous la direction de Jean-Pierre Poly, membres du jury : Sophie Démare-Lafont (Rapp.), Rainer Maria Kiesow, Capucine Nemo-Pekelman, Luigi Nuzzo et Michael Stolleis  

    Sous l’impulsion d’un commerce croissant, la multiplication des relations interétatiques avec l’Empire ottoman amena celui-ci à encadrer la résolution des conflits mixtes, qui se contentait jusque-là de négociations par voie diplomatique et extrajudiciaire. Le tribunal de commerce mixte (ticaret), une juridiction extraordinaire composée de juges ottomans et étrangers, fut créée à cet effet dans le cadre d’un profond mouvement de réformes sur le modèle européen (les Tanzimat), qui est communément considéré comme le processus dit de modernisation de l’Empire. S’inscrivant dans la droite lignée de la tradition de pluralisme juridique de l’Empire ottoman, le tribunal portait aussi le sceau des capitulations et des privilèges d’exterritorialité qui leur sont inhérents. Le tribunal incarnait à ce titre une grave transgression au droit de souveraineté de la Sublime Porte, offrant aux puissances un cadre institutionnel pour l’implantation d’une hypo-colonie. En mettant la question de cette modernisation à l’épreuve de l’acculturation et des transferts juridiques dans une approche globale, ce travail déconstruit les allégations de passivité orientale. Il examine comment l’appropriation d’une culture juridique -même imposée- a pu servir à l’émancipation et l’affirmation de la souveraineté d’un Etat. Car, dans sa stratégie d’imitation, le mimétisme comporte une force subversive.

    Julie Richard, L'intime conviction du juge en matière criminelle, thèse soutenue en 2017 à Montpellier sous la direction de Didier Thomas et Pascal Vielfaure, membres du jury : Catherine Ginestet  

    A travers le système de l’intime conviction les Constituants consacrent un système de liberté de la preuve àl’opposé du système de preuve légale en vigueur sous l’Ancien Régime. L’intime conviction repose sur lacertitude morale des jurés et fait appel à leur conscience citoyenne et religieuse. A la sanction légale lesConstituants ont substitué une sanction morale. Face à l’émergence des preuves scientifiques au XIXème siècle, lesystème de l’intime conviction, remis en cause, continue néanmoins d’incarner le système de preuve le plus à apteà découvrir la vérité et à protéger la liberté individuelle. Au cours de la période contemporaine, la perted’indépendance des jurés vis-à-vis des magistrats professionnels d’une part et l’introduction d’une motivation desarrêts de la cour d’assises d’autre part questionnent à nouveau le système de l’intime conviction. La pérennité dusystème de l’intime conviction suppose un renforcement du poids décisionnel des jurés dans le jugement de lacour d’assises et une revalorisation de leur rôle au cours du procès pénal. L’exigence de motivation de laculpabilité des arrêts de la cour d’assises instaurée par la loi du 10 août 2011 sur la participation des citoyens aufonctionnement de la justice et le jugement des mineurs se révèle minimale. Au regard des exigences du droit auprocès équitable, il convient d’une part de renforcer la motivation de la culpabilité et d’étendre d’autre part lamotivation des arrêts de la cour d’assises à la peine prononcée. L’intégration des exigences du droit au procèséquitable en matière de motivation dans notre procédure pénale, constitue une chance pour le système de l’intimeconviction, ainsi appelé à se renouveler.

    Perle Gobert, La genèse de la propriété industrielle en France, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Nader Hakim, membres du jury : Pierre Bonin (Rapp.), Xavier Prévost  

    Le droit de la propriété industrielle peut apparaître comme un droit assez récent dans le pay-sage juridique français, mais ce présupposé n’est qu’un leurre. Sa présence est attestée dès le commencement des pratiques artistiques et artisanales pendant l’Antiquité. La prise de conscience de son existence et de son utilité au sein de la société a toutefois été exacerbée au XVIIIe siècle, notamment lors de la révolution française de 1789, moment de sa construc-tion et de sa reconnaissance juridiques.Le droit de la propriété industrielle, à partir des événements révolutionnaires devient en effet l’enjeu d’une élaboration aussi bien intellectuelle que juridique. De nombreux débats de la part des créateurs et inventeurs font rage auprès des institutions politiques afin que ce droit soit reconnu et normalisé. L’aboutissement de ces combats intellectuels, grâce aux multiples ré-flexions de la doctrine et de la jurisprudence transforme le droit de la propriété industriel en un droit normatif s’inscrivant dans l’ordonnancement juridique.Au-delà de cette organisation législative, le droit de la propriété industrielle est également le sujet de nombreuses interrogations quant aux circonstances politiques et économiques qui ont permis son éclosion. Le droit de la propriété industrielle se module selon l’ensemble des lois, des jurisprudences, de la doctrine, de la politique et de l’économie qui tente de lui donner des structures juridiques stables. Il s’affirme comme un droit protéiforme, dont la portée na-tionale relative aux inventeurs et aux créateurs dans la reconnaissance de leur droit, prend une dimension internationale, aspirant à organiser et harmoniser les relations économiques des Nations.

    Marie Gloris Bardiaux-Vaïente, Histoire de l'abolition de la peine de mort dans les six pays fondateurs de l'Union européenne, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux 3 sous la direction de Bernard Lachaise, membres du jury : Christine Manigand (Rapp.), Laurence Soula  

    L'abolition de la peine de mort est aujourd'hui devenue une des valeurs fondamentales de la civilisation européenne. Nos recherches se feront sous l'axe d'une étude comparée entre les six pays fondateurs de l'actuelle Union Européenne. L'histoire et la culture communes à ces six États ont abouti à ce qu'aujourd'hui tout européen est le citoyen, l'habitant d'une entité quasi indéfinissable, d'un territoire multiple en recherche d'identité, mais abolitionniste. Comment concrètement sont-ils parvenus à imposer une telle clause morale, du sein de leurs propres institutions jusqu'au cœur législatif de l'Union, c'est à dire jusqu'au point où l'abolition devienne une condition sine qua non d'entrée dans l’Union Européenne ? Par l'unicité et le croisement infléchi par l'Europe de quelles histoires nationales est-on parvenu aujourd'hui à cet entendement effectif ? Quels furent les artisans de cette pensée : les hommes, les réseaux, les mouvements politiques ou idéologiques ? Et pour quelle raison s'impliquèrent-ils dans une telle cause ? Leur engagement européiste fut-il indissociable de l'abolitionnisme, et réciproquement ? L'histoire de la peine de mort et de son abolition s'inscrit dans l'histoire et la philosophie du droit, l'histoire des mentalités, les sciences politiques et ce que l'on pourrait nommer l'histoire civique. Cette dernière correspond aux fondamentaux idéologiques d'une société de droit, elle est la marque d'une appartenance à une même collectivité au service d'une même nation ou des mêmes idéaux. L'abolition de la sanction capitale est l'œuvre d'hommes particuliers, mais appartenant tous à un contexte national, qu'il soit économique, social, intellectuel ou juridique. Notre étude ne peut avoir de sens qu'à l'aune de l'ensemble de ces nombreux facteurs.

  • Alexandre Frambéry-Iacobone, La recherche de l'intention en droit pénal contemporain (XIXe-XXe siècles), thèse soutenue en 2022 à Bordeaux sous la direction de Nader Hakim et Marie Manikis, membres du jury : Georges Martyn (Rapp.), Annamaria Monti (Rapp.), Hugues Parent  

    L'appréhension de l'intention peut nous sembler excessivement simple, de même que sa définition. Nous pourrions dire que l'intention, c'est ce que nous voulons, dans notre for intérieur, sans nécessairement attendre que se produise une extériorisation. Dans cette hypothèse, l'intention est éminemment personnelle, mais également immatérielle, puisqu'elle ne dispose pas d'ancrage dans le monde sensible à ce stade. De la même manière, nous pourrions considérer que l'action intentionnelle correspondrait à un acte déterminé, causé avec une volonté elle aussi déterminée. Ici, l'action sort du for intérieur pour pénétrer le for extérieur. L'entrée dans le monde tangible est d'ailleurs une condition pour que le droit commence à s'intéresser aux intentions, là où la religion - par exemple -, peut se contenter de pensées impures pour passer à l'action. Seulement, une fois que nous avons posé ces éléments, si nous voulons gratter ce vernis pragmatique, la situation se corse : en somme, nous avons tout dit, et rien dit à la fois. En effet, qu'est-ce que la volonté ? Comment prouver l'intention ? Peut-on penser le droit criminel sans intentionnalité ? Voilà quelques questions, parmi d'autres, qui peuvent se poser, à plus forte raison dans un système légaliste. Aussi délicate à appréhender soit-elle, l'intention a pourtant su se lover dans notre législation pénale. Sur le constat d'une absence de définition opérante, qu'elle soit législative, jurisprudentielle ou doctrinale, il peut donc nous sembler intéressant d'adopter une approche historique pour essayer de comprendre et maîtriser les soubassements idéologiques qui ont pu œuvrer pour que s'impose une telle notion. En outre, un travail concret sur la manière dont la justice peut se saisir de la question intentionnelle doit s'imposer, en mobilisant des sources archivistiques, des entretiens avec des professionnels de la justice, ou en analysant les propos doctrinaux sur le sujet, entre autres. Finalement, c'est une fois que nous essayons de comprendre concrètement ce que peut être l'intention que nous constatons son statut éminemment fugace, presque évanescent, et que nous pouvons nous interroger sur la compatibilité de la notion avec la construction concomitante d'un droit pénal soumis à certains principes cardinaux, comme le principe de la légalité criminelle.

    Cyrielle Chamot, Le bourreau : entre symbolisme judiciaire et utilité publique (XIIIe-XVIIIe siècles), thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Éric Bournazel, membres du jury : Jean-Marie Carbasse, Jacqueline Hoareau-Dodinau et Guillaume Leyte  

    À la fin du Moyen Âge, la place que doit occuper le bourreau au sein de l’organisation judiciaire et, par extension, au sein de la société, demeure relativement obscure. Il faut attendre le XIVe siècle pour qu’une ébauche du régime professionnel de l’exécuteur émerge progressivement en dépit du laconisme d’un grand nombre de sources juridiques. De par sa connexion avec la mort judiciaire, cet agent n’est pas cantonné au rôle de simple exécutant des peines mais est un véritable symbole pourtant relégué aux limites de la sphère sociale. Cette exclusion en fait une main d’oeuvre polyvalente à même de remplir des tâches de police. Le maître de la haute et basse justice permet donc d’assainir la ville tant métaphoriquement, en châtiant les criminels, que matériellement en encadrant certains parias et en éliminant les déchets urbains. Il apparaît comme une figure judiciaire et administrative originale par son mode de fonctionnement et ses attributions ainsi que les différentes rémunérations qui en découlent. La fin de l’Ancien Régime le consacre comme l’incarnation d’un système pénal reposant sur des peines corporelles vouées à disparaître.

    Nicolas Picard, L'application de la peine de mort en France (1906-1981), thèse soutenue en 2016 à Paris 1 sous la direction de Dominique Kalifa, membres du jury : Xavier Rousseaux (Rapp.), Anne Carol (Rapp.)  

    Sur le point de disparaître en France à la fin du XIXe siècle, la peine de mort connaît un regain à pai1ir de 1906. S'appuyant sur les émotions punitives présentes dans l'opinion publique ainsi que sur les discours criminologiques, le système judiciaire vise à l'élimination de certains accusés. La peine capitale reste cependant marginale dans l'ensemble de la répression pénale et ne punit qu'une minorité de crimes de sang considérés comme particulièrement atroces. Les condamnés à mort sont fréquemment issus des couches les plus misérables et les moins intégrées de la société. Les discours judiciaires, plaidoiries, réquisitoires, expertises, s'affrontent pour déterminer si ces individus peuvent disposer de circonstances atténuantes. Les fonctions de la peine de mort sont alors discutées: s'agit-il de faire un exemple, de venger, ou d'épurer le corps social? S'entremêlent alors considérations rationnelles et émotionnelles. Ces discussions ont lieu à deux niveaux : celui de la cour d'assises d'abord, où l'enjeu est de convaincre les citoyens siégeant comme jurés, celui de l'administration ministérielle et présidentielle ensuite, où l'enjeu est de décider d'une éventuelle grâce. Les condamnés à mort, en attendant que l'on statue sur leur sort, sont détenus dans des conditions particulièrement sévères, devant éviter évasion ou suicide. Leur temps et leur espace sont extrêmement normés, ce qui ne les empêche pas de les aménager à des fins qui leur sont propres. La préparation à mort s'inscrit dans des perspectives tant laïques et religieuses Le cas échéant, la décision d'exécution mobilise forces de l'ordre, personnel pénitentiaire, l'exécuteur et ses aides, pour un acte conjuguant aspects bureaucratiques et brutale violence. Sinon, le condamné est rendu aux circuits pénitentiaires ordinaires, où il risque cependant une autre forme de mort pénale.