Jennifer Wright, La sécurité nucléaire et le risque de prolifération non-étatique en Inde et au Pakistan, thèse soutenue en 2021 à Strasbourg en co-direction avec Pascal Hintermeyer, membres du jury : Valérie-Barbara Rosoux (Rapp.), Beatrice Heuser (Rapp.), Suzie Guth et Bruno Tertrais
L’objectif de cette recherche est de déterminer le risque que des acteurs non-étatiques puissent acquérir de la matière fissile de qualité militaire ou des armes nucléaires en Inde ou au Pakistan avec pour objectif de commettre un acte de terrorisme nucléaire. En raison de la nature confidentielle et de la difficulté d’accès aux informations sensibles concernant les failles de sécurités nucléaires, cette recherche a pour but de traiter le côté politique de ce problème plutôt que de traiter le côté militaire. La sécurité nucléaire sera l’objet principal, suivi ensuite par une analyse des différents acteurs non-étatiques présents dans les deux pays, ainsi que d’une évaluation de leurs capacités d’acquérir ou de construire un dispositif nucléaire improvisé. Sur les 22 pays qui disposent actuellement d’au-moins 1Kg de matière fissile de qualité militaire, ainsi que des armes nucléaires, l’Inde et le Pakistan ont été identifiés comme étant particulièrement à risque en matière de terrorisme nucléaire en raison de la présence d’acteurs non-étatiques puissants. Leur matière fissile et leur stock d’armes nucléaires pourraient être vulnérables au risque de vol. Au travers d’entretiens individuels avec des experts nucléaires dans les deux pays, cette recherche a pour but d’apporter une voix importante dans le débat (souvent occidental) sur le terrorisme nucléaire en Asie du Sud, voix qui a été relativement peu entendue dans le passé - la voix des chercheurs indiens et pakistanais.
Charline Perdrix, La lutte contre le trafic d'armes légères et de petit calibre en France au XXIème siècle : état du droit (international) et évaluation de la politique publique (internationale), thèse soutenue en 2021 à Lyon en co-direction avec Mireille Couston, membres du jury : Miriam Cohen (Rapp.), Frédéric Turpin (Rapp.), Franck Durand
La sécurité des citoyens a toujours été un point névralgique de la coopération des États. Cela est encore plus vrai lorsqu'il s'agit de les protéger des armes à feu. La lutte contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre doit être étudiée selon le point de vue français. Toutefois, la France est un État actif au niveau européen et international. Sa lutte dépasse les frontières du pays. Pour être pleinement étudiée, la lutte requiert diverses connaissances : la maîtrise de la composition, du fonctionnement et de la législation sur les armes. Ainsi, la prévention et la répression du trafic illicite des armes à feu peut être analysé dans sa globalité. Enfin, pour pleinement saisir les actions de la France dans cette lutte, il est important d'effectuer un parallèle avec d'autres types de coopération régionale.
Tony Nassib, La lutte armée palestinienne au regard du jus in bello : la problématique des combattants. Une lutte armée sui generis?, thèse soutenue en 2020 à Lyon, membres du jury : Thierry Garcia (Rapp.), Philippe Lagrange (Rapp.), Louis Balmond, Kiara Neri et Pascale Martin-Bidou
Le statut juridique du combattant palestinien dépend de l’évolution de la nature juridique de la lutte armée palestinienne en jus in bello, en l’absence d’un État palestinien. Afin que ce combattant puisse être couvert par le DIH, son locus standi dépendait de son appartenance à une Partie au conflit armé international israélo-arabe, avant de pouvoir bénéficier d’une autonomie dans le cadre de la guerre de libération nationale palestinienne, devenue le conflit armé international israélo-palestinien. Toutefois, en raison de la nature asymétrique de la lutte armée menée dans le cadre d’une guerre non-conventionnelle, et de l’asymétrie juridique conventionnelle déséquilibrant son rapport au combattant régulier israélien, le statut du combattant irrégulier palestinien fut toujours mis en question tout au long de la lutte armée. Au-delà de la conséquence de priver celui-ci d’un statut au regard de la troisième Convention de Genève de 1949, mais produit directement des conséquences sur les personnes civiles, le refus systématique israélien de l’octroi d’un tel statut à celui-ci produit directement des conséquences graves sur la catégorie juridique des civils en DIH, créant ainsi une situation juridique sui generis.
Deborah Gaudard, La lutte contre la criminalité organisée au Brésil et les unités spéciales de police : droit de la guerre ou droit de la paix ?, thèse soutenue en 2020 à Lyon, membres du jury : Jean-François Deluchey (Rapp.), Cristina Buarque de Hollanda (Rapp.), Mireille Couston
Depuis plusieurs décennies, de nombreuses favelas à Rio de Janeiro au Brésil sont contrôlées par des factions du trafic de drogues. Cette réalité a produit des conflits d’une extrême violence entre plusieurs acteurs, les trafiquants, les forces de l’ordre et les “milices” composées de policiers actifs ou retraités, de pompiers et de gardiens de sécurité. Pour faire face à cette situation, les politiques de sécurité publique se sont axées sur l’usage de la force et la répression. Ce contexte conduit à se poser la question de savoir si les autorités brésiliennes sont confrontées à des troubles intérieurs, ou si elles sont désormais engagées dans un conflit armé non international tel qu’il est défini par les textes internationaux. Dans la première hypothèse (troubles intérieurs) c’est le droit interne du pays et le Droit International de Droits de l’Homme qui s’applique. Dans la seconde hypothèse (conflit armé non international), le Droit International humanitaire (DIH), branche du droit de la guerre, devrait s’appliquer. C’est ce que cette recherche a voulu étudier, en mesurant quels pourraient en être les effets positifs pour les populations concernées et si l’efficacité de la lutte contre le trafic de drogues s’en trouverait améliorée, sans négliger, non plus, qu’à Rio puissent se combiner à la fois certaines caractéristiques de chacune de ces deux hypothèses. Il s’est agi d’ancrer dans le droit des mesures nouvelles qui, compte tenu de l’échec manifeste des politiques de sécurité en vigueur, s’avèrent indispensables pour contrôler ou réduire la violence liée au trafic de drogues.
Camille Morel, L'Etat et le réseau mondial de câbles sous-marins de communication, thèse soutenue en 2020 à Lyon, membres du jury : Amaël Cattaruzza (Rapp.), Pascal Vennesson (Rapp.), Jean-Christophe Videlin (Rapp.), Claire Landais et Christophe Prazuck
Cette thèse porte sur l'intervention de l'Etat dans le réseau de câbles sous-marins de communication (CSMC) depuis le milieu du XIXe siècle jusqu'à nos jours. L’enjeu est de montrer que, si le réseau de CSMC contribue à renforcer les liens économiques, politiques et sociaux entre les différentes parties du globe et acteurs de la scène internationale, cette infrastructure maritime sert historiquement le jeu des puissances dans l'arène mondiale. L’Etat s'immisce en effet dans le réseau, dès l'époque télégraphique, pour le sécuriser davantage, le contrôler ou l'exploiter à ses propres fins. A l'heure du tout numérique et de la fibre optique, certains gouvernements conservent des leviers d’action pour agir sur la couche physique du cyberespace, bien que les flux d’information massivement transportés à travers le globe leur échappent en grande partie. Les Etats favorisent notamment, en arrière-plan ou de manière invisible, le développement des lignes de communication et le contexte économique, politique et social dans lequel elles peuvent émerger. Ils tentent également de les encadrer juridiquement et de les exploiter une fois mises en place. Un retour de l'intérêt des Etats pour le sujet des câbles est particulièrement évident depuis la fin des années 2000. Cette thèse décrit la manière dont l'intervention de l'Etat dans le réseau évolue à travers le temps. Elle s’attache à expliquer le renouveau récent d’attention à la lumière de l'attitude historique des Etats vis-à-vis du réseau, la signification de ce renouveau et ses conséquences pour l'ordre international, au travers notamment du cas de la France. Ce travail de recherche pluridisciplinaire s'appuie principalement – en sus d’une analyse de la littérature spécialisée, de la presse et de l’actualité juridique sur le sujet – sur un ensemble d’entretiens menés dans une perspective qualitative avec des membres de l’industrie du câble entre 2016 et 2020, sur un travail de terrain réalisé au sein de l’administration française entre 2018 et 2020 et sur un dépouillement d’archives historiques effectué dans deux différents sites de conservation.
Lagnona Dina, La relation franco-malgache face aux nouveaux enjeux géopolitiques dans le sud-ouest de l'océan indien. La relation d'une présidence à un État (1990-2009), thèse soutenue en 2020 à Lyon, membres du jury : Pierre Pascallon (Rapp.), Pascal Chaigneau (Rapp.), Fouad Nohra et Josepha Laroche
Le sud-ouest de l’océan Indien se présente comme une des zones d’influences traditionnelles françaises. Le maintien du leadership régional français passe par l’établissement de relations stables et amicales avec les États francophones riverains. L’ambition de la France est, de demeurer le principal partenaire de tous les États insulaires de l’océan Indien occidental. Considérée comme la porte de l’océan Indien, Madagascar figure parmi ces derniers. L’instabilité politique malgache fragilise la relation franco-malgache. Opérant des calculs coûts/avantages qui répondent aux impératifs nationaux, les officiels malgaches réorientent la politique étrangère à chaque nouvelle présidence .A ce titre, l’instabilité est l’une des spécificités de la relation franco-malgache. Remettant en cause la pérennisation de l’influence française à Madagascar, elle peut par conséquent, irradier la zone dite du « lac francophone ». Pour l’Etat français, il est impératif de maintenir Madagascar sous influence française. Cette ambition française répond aux objectifs en matière de politique étrangère post-bipolaire : à savoir la pérennisation de la puissance (moyenne) française dans certaines régions dans un monde oligopolaire. Endiguer, l’influence des nouvelles puissances telles que la Chine ou l’Afrique du sud à Madagascar et dans la région est impossible. Il s’agit pour la France de consolider les relations établies en vue de maintenir le statu quo post-guerre froide.
Arnaud Emery, L'otage en sauvetage : étude juridique, thèse soutenue en 2020 à Lyon, membres du jury : Bertrand Warusfel (Rapp.), Bertrand Pauvert (Rapp.), Mireille Couston, Josepha Laroche et Alain Juillet
Les prises d’otages sont nées le jour où l’homme a compris qu’il pouvait manipuler le lien émotionnel unissant deux individus afin de les forcer à lui céder une contrepartie. Forme de criminalité aussi ancienne que complexe, la prise d’otage fascine autant qu’elle inquiète depuis que les victimes sont régulièrement sacrifiées sur l’autel du conflit opposant ravisseurs et autorités négociatrices. À l’inverse de l’impact médiatique hors-norme qu’elles génèrent, ces crises semblent susciter une relative indifférence auprès des juristes et de la doctrine. Ce sujet qui semble échapper au droit touche pourtant à sa raison d’être : la protection du plus faible, la recherche du bien commun et de la paix. Ces travaux de recherches essaient de poser les jalons d’une réflexion juridique sur les questions allant de l’usage de la force armée en opération de sauvetage à la légalité des rançons en passant par la négociation de crise ou le rôle du juge. Les hypothèses émises sont systématiquement confrontées à l’avis des opérateurs rencontrés dans le cadre de ces travaux. In fine l’auteur pose un regard prospectif sur le cadre juridique entourant les opérations de sauvetage d’otage. À travers ce prisme cette thèse questionne les limites de l’État de droit et les appareils antiterroristes de nos sociétés.
Hasina Mahmoudi, La répression internationale du viol des femmes comme arme de guerre., thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Pierre-François Laval
Elena Grujicic, Les droits des femmes dans les systèmes juridiques régionaux et universel, thèse soutenue en 2019 à Lyon, membres du jury : Karine Bannelier - Christakis (Rapp.), Emmanuel Decaux (Rapp.), Mireille Couston, Claire Laux et Kiara Neri
L’expression droits des femmes renvoie à l’idée que les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes, qu’elles doivent pouvoir jouir des droits qualifiés d’universels à égalité avec les hommes. Néanmoins, cette universalité a été remise en question, notamment par l’argument relatif à la diversité des femmes. Cela conduit nécessairement à s’interroger sur la possibilité d’universaliser ces derniers, en les reproduisant sur un modèle particulier. Parallèlement au système international, les Organisations intergouvernementales régionales ont développé des systèmes juridiques de protection des droits des femmes. Force est de constater que ces derniers n’ont pas bénéficié d’un encadrement juridique identique dans toutes les régions. Comment concilier la garantie identique des droits des femmes au niveau universel, avec les spécificités particulières liées à la culture et à la tradition propres à chaque État ? Le système régional de protection des droits des femmes, est-il plus efficace que le système universel ? Les difficultés semblent se succéder et se suivre en continu, puisque si le système international est confronté à de nombreuses lacunes, le système régional, qui est censé combler ces lacunes, ne s’est pas toujours conformé aux normes universelles. Les deux systèmes interagissent et s’opposent sur la question, formant ainsi la protection internationale des droits des femmes.
Lydie Thollot, Contributions des études de genre à la polémologie : Étude des origines polémogènes de la systématisation du recours aux violences sexo-spécifiques en temps de guerre. Kosovo, 1981-2015, thèse soutenue en 2018 à Lyon, membres du jury : Pascal Hintermeyer (Rapp.), Elsa Dorlin (Rapp.), Anne-Marie D'Aoust, Dominique Bangoura et Véronique Grappe-Nahoum
Entre 1998 et 1999, plus de 20 000 Albanaises ont été agressées sexuellement par les forces serbes au Kosovo. Loin d’être un évènement singulier, le viol de guerre ne devrait pas constituer une évidence historique. Du moins, c’est dans cette perspective que nous avons choisi de l’étudier : comme un phénomène non évident, dont les origines posent question. Cette interrogation nous a conduits à considérer le silence des survivantes comme un indice : celui qui fait écho à un régime global du discours politique sur la sexualité. La censure discursive sur le sexe révèle les failles du patriarcat : dans sa manière de définir les femmes comme des minorités sexuelles, il participe pleinement à leur précarisation. Il apparait que la sexualité participe à la construction des identités, ainsi que de leur sécurité. À travers le genre, elle limite le champ des possibilités de chacun, et conduit les femmes à devenir des cibles sexuelles en temps de guerre. Sexualité, identité et (in)sécurité sont ainsi liées : ce sont des enjeux politiques inscrits dans des logiques de subordination, que la guerre exacerbe. Ainsi, il ressort de notre démarche intellectuelle, qui se réclame du féminisme, que les origines du recours stratégique au GBV sont polémogènes. Par polémogène, nous entendons la définition du philosophe et polémologue J. Freund : sources de conflits. Notre démarche théorique a donc emprunté au féminisme (matérialiste, postcolonial et queer) et à la polémologie (de G. Bouthoul à J. Freund), les bases conceptuelles à partir desquelles nous avons tenté de construire une science féministe de la guerre. En mettant en lumière les contributions des études de genre à la sociologie des conflits, nous avons dressé une méthodologie nous permettant de répondre à notre problématique. Elle nous a conduits à effectuer une ethnographie critique des pratiques corporelles et discursives à partir desquelles la construction de l’insécurité des Albanaises s’est effectuée dans la communauté albanaise du Kosovo, et la construction de la menace albanaise s’est réalisée du point de vue serbe dans le discours nationaliste. Au cœur de cette dialectique des perceptions albanaises et serbes a émergé la restriction intersectionnelle du champ des possibilités des Albanaises. Et c’est à partir de celle-ci que nous avons reproblématisé le mutisme des survivantes pour souligner les enjeux qu’il représente dans la société kosovare post-conflit.
Juma Al kaabi, La gestion de la menace terroriste. Le système français de prévention et de répression, thèse soutenue en 2017 à Lyon, membres du jury : Michel Bergès (Rapp.), Wolfgang Krieger (Rapp.), Patrick Mistretta et Gilles Ferragu
Cette thèse porte sur la gestion du risque terroriste en France.En tant que droit fondamental, la sécurité publique est prise en charge par l’État qui a le devoir d’assurer la défense et la protection des personnes et des biens publiques. Afin de protéger le pays contre tout risque et toute menace terroriste, la France, un des pays du monde les plus ciblés par les terroristes, a dû s’adapter aux nouvelles formes de terrorisme qui sévissent. Pour ce faire, elle a mis en place un important dispositif d’outils et de moyens de prévention et de répression pour lutter contre le terrorisme, tels que les fichiers de police informatisés. Des outils dérogatoires de prévention du terrorisme ont ainsi été créés, d’autres ont été perfectionnés. Dans ce contexte de lutte contre le terrorisme, de nombreux acteurs interviennent, au niveau local, national, mais aussi européen et international, au sein des institutions.De leur côté, les législateurs, devant les diverses formes de terrorisme, mais également face à la fréquence de tels actes et à leur violence toujours plus grande, ont dû créer de nouvelles lois relatives à la répression et à la prévention des actions terroristes.Ils se sont aussi attachés à la répression du financement du terrorisme en incriminant les personnes qui seraient, directement ou indirectement liées à des réseaux criminels. Enfin, grâce à une collaboration efficace des acteurs sur les plans international, européen et national, ainsi qu’à des outils opérationnels et des moyens de plus en plus performants, la sécurité des personnes et des biens publics est assurée.
Romuald Giangrande, L’Allemagne et l’Europe centrale. Achèvement d’une transition politique et émotionnelle, thèse soutenue en 2017 à Lyon, membres du jury : Gérard Dussouy (Rapp.), Marie-Christine Kessler (Rapp.), Michel Korinman, Niall Bond et Hans Stark
Les réponses allemandes face aux crises qui traversent aujourd’hui l’Europe, incitent à se poser la question de la nature de la puissance allemande mais aussi de savoir comment l’Allemagne est perçue par ses voisins et perçoit son rôle en Europe centrale. Les hésitations de Berlin dans la conduite d’une politique étrangères décomplexée renvoient inévitablement à la nécessité de se pencher sur les mécanismes de sa conception, et ainsi observer quelles sont les limites institutionnelles à la formulation de ses objectifs de politique étrangère. Depuis les années 1990, c’est la synthèse des concepts de puissance civile et de puissance marchande qui aura permis à l’Allemagne d’établir un modèle alternatif au déterminisme hégémonique. L’unification allemande et l’effondrement de l’environnement de la guerre froide, même s’ils ont changé le contexte de sa politique étrangère, n’ont pas pour autant altérés ses contours. Au niveau international la puissance allemande reste contrainte par les institutions internationales et le cadre d’engagement multilatéral, et au niveau de la fédération, la politique étrangère dans sa conception et sa mise en œuvre, reste fortement dépendante des consensus politiques internes, mais également du poids de ses institutions et du respect de la Loi fondamentale. La politique étrangère de l’Allemagne unie, bien que souveraine depuis 1990, se trouve ainsi toujours conditionnée à la fois par l’influence des évolutions de son environnement international et par l’image qu’elle renvoie chez ses partenaires.
Julien Durand de Sanctis, Interprétation critique du rôle des idées et des représentations dans la construction d'une philosophie de la stratégie française en Afrique, thèse soutenue en 2016 à Lyon, membres du jury : Pascal Vennesson (Rapp.), Georges-Henri Soutou et Vincent Desportes
L’histoire politique et militaire française en Afrique s’inscrit au sein d’une longue tradition qui, depuis l’époque coloniale, a conduit à l’élaboration et à la mise en œuvre de doctrines et de pratiques stratégiques rarement questionnées et analysées de manière approfondie. Alors même que l’Afrique est le théâtre d’une présence militaire régulière et continue de la France, les conditions philosophiques d’une stratégie française sur le continent restent encore à décrire. D’un autre côté, la théorie de la stratégie a longtemps mis de côté le rôle des idées et des représentations dans la constitution de ses propres savoirs. En tant que philosophie de l’action et philosophie politique, la stratégie entretient pourtant des rapports épistémologiques constants avec toute une série d’idées, d’opinions, de croyances ou encore de normes qui irriguent et influencent, de manière plus ou moins avouée son orientation. Le but de la présente étude consiste donc à proposer une interprétation philosophique de l’évolution des idées militaires françaises en Afrique en déterminant les conditions structurantes fondamentales qui façonnent les différentes doctrines et pratiques stratégiques mises en œuvre depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours.
Sarah Guillet, Généalogie des savoirs contre-insurrectionnels. Irrégularité et sens commun stratégique, thèse soutenue en 2016 à Lyon, membres du jury : Gilles Dorronsoro (Rapp.), Alexandre Macleod (Rapp.), Thierry Balzacq, Joseph Henrotin et David Grondin
Les savoirs contre-insurrectionnels regroupent un ensemble de documents de nature distincte : notes de travail, textes publiés, cours distribués dans les écoles de guerre, doctrines officielles ou officieuses qui constitue un « sens commun stratégique » à l’intérieur duquel se développent, se diffusent et se reproduisent les connaissances en matière de contre-insurrection. Ces savoirs cependant, ne sont pas restés ceux de l’institution militaire et ont souvent empruntés aux disciplines des sciences sociales, l’anthropologie et l’ethnologie pour commencer, les outils à même d’organiser et de formaliser leur contenu. Avec la guerre froide, ces savoirs prennent une autre dimension à mesure de leur rapprochement avec des disciplines telles que la sociologie et les théories de la communication et de l’information. Dans une perspective généalogique qui emprunte aussi bien à la tradition philosophique française qu’aux approches théoriques critiques des relations internationales ses outils méthodologiques, cette thèse montre que les savoirs contre-insurrectionnels véhiculent une représentation du monde particulière et qu’ils sont ainsi moins le produit d’un apprentissage issu de l’expérience qu’un enchevêtrement d’idéologies politiques que viennent justifier des développements scientifiques ayant vocation à promouvoir une lecture pacifiée de l’ordre social international.
Marie-Sylvie Lembe, Le golfe de Guinée et la géostratégie africaine post-bipolaire des Etats-Unis (1993-2008), thèse soutenue en 2015 à Lyon 3, membres du jury : Jacques Soppelsa (Rapp.), Gérard Dussouy (Rapp.), Jean-Emmanuel Pondi
Le golfe de Guinée constitue le principal enjeu de la géostratégie africaine post-bipolaire des Etats-Unis. Et pour cause, la région possède plusieurs forces profondes. Elles sont perceptibles avec les hydrocarbures liquides, devenus stratégiques pour les chefs d’état-major américains depuis qu’ils sont convoités, depuis 2000, par les Officiels chinois. Il ne s’agit donc pas pour les Etats-Unis d’accéder aux hydrocarbures de la région dans la seule finalité de diversifier leurs sources d’approvisionnement. Il s’agit avant tout de puissance. Pour les Officiels américains, il est vital d’endiguer dès à présent, et comme pour le Communisme hier, l’influence du « péril jaune » dans cette région stratégique. En réalité, l’ambition est, à terme, d’avoir à eux seuls, via leurs compagnies pétrolières, le « contrôle » exclusif du golfe de Guinée, ce qui ajouterait une valeur à leur puissance. Ces calculs répondent ainsi à l’impératif que poursuit leur politique étrangère post-bipolaire en général et post-11septembre 2001 en particulier : à savoir la pérennisation de l’hégémonie américaine par le « contrôle » des espaces-enjeux. L’autre force profonde de la région repose sur l’insécurité de la période allant de 1993 à 2008. Elle est liée à la mauvaise gouvernance de la rente pétrolière et des autres ressources stratégiques de la région. De même, le retard des Etats de la région dans les processus de démocratisation, la piraterie maritime qui sévit sur les côtes ouest africaines, sont autant de menaces et d’incertitudes qui pèsent sur la région. Elles préoccupent les administrations Clinton et Bush car elles sont susceptibles d’hypothéquer les intérêts vitaux des Etats-Unis dans la région.
Lucie Le Barreau, L’Etat tiers en relations internationales , thèse soutenue en 2015 à Lyon 3
La notion de « tiers » est complexe et relève d’une grande transdisciplinarité. Les définitions afférentes ont cependant pour trait commun de l’envisager comme qualifiant la posture d’un Etat à l’écart d’un processus politique ou juridique. Relégué ainsi à un rang subsidiaire, le tiers semble désigner l’Etat considéré comme étranger au mécanisme principal à l’œuvre. Le propos de ce travail de recherche a été de s’interroger sur l’acception stratégique du tiers en tant que dépassement de la posture passive classique. Ainsi, le tiers incarne l’expression d’une identité stratégique médiane pour certains Etats développant une réponse particulière à l’égard des contraintes auxquelles leur environnement les soumet. La voie du tiers s’affirme alors comme une alternative à la lecture classique des logiques de puissance en relations internationales. Rétablissant le tiers dans sa dimension stratégique, il s’agit d’écarter la vision d’un Etat tiers exclusivement subi et d’en appréhender les différentes déclinaisons, du tiers objet au tiers sujet.Dans cette perspective, trois modèles de tiers sont convoqués à titre illustratif. La neutralisation de l’Autriche, la finlandisation de la Finlande, et la neutralité de la Suisse. Ces trois cas d’étude ont pour vocation de démontrer de la capacité stratégique de la dénomination d’ « Etat tiers » par la mise en pratique de la grille d’analyse théorique élaborée en première instance.
Lucie Le Barreau, L'Etat tiers en relations internationales, thèse soutenue en 2015, membres du jury : Nathalie Ros (Rapp.), Martin Motte (Rapp.), Pascal Hintermeyer
La notion de « tiers » est complexe et relève d’une grande transdisciplinarité. Les définitions afférentes ont cependant pour trait commun de l’envisager comme qualifiant la posture d’un Etat à l’écart d’un processus politique ou juridique. Relégué ainsi à un rang subsidiaire, le tiers semble désigner l’Etat considéré comme étranger au mécanisme principal à l’œuvre. Le propos de ce travail de recherche a été de s’interroger sur l’acception stratégique du tiers en tant que dépassement de la posture passive classique. Ainsi, le tiers incarne l’expression d’une identité stratégique médiane pour certains Etats développant une réponse particulière à l’égard des contraintes auxquelles leur environnement les soumet. La voie du tiers s’affirme alors comme une alternative à la lecture classique des logiques de puissance en relations internationales. Rétablissant le tiers dans sa dimension stratégique, il s’agit d’écarter la vision d’un Etat tiers exclusivement subi et d’en appréhender les différentes déclinaisons, du tiers objet au tiers sujet.Dans cette perspective, trois modèles de tiers sont convoqués à titre illustratif. La neutralisation de l’Autriche, la finlandisation de la Finlande, et la neutralité de la Suisse. Ces trois cas d’étude ont pour vocation de démontrer de la capacité stratégique de la dénomination d’ « Etat tiers » par la mise en pratique de la grille d’analyse théorique élaborée en première instance.
Myriam Chaouch, La coopération policière internationale, thèse en cours depuis 2013
Rachel Maendeleo Rutakaza, L'action internationale dans le maintien, le rétablissement et la consolidation de la paix en République démocratique du Congo de 1998 à 2008, thèse soutenue en 2013 à Lyon 3, membres du jury : Joseph Vincent Ntuda Ebode (Rapp.)
Si l’explosion du système Est-Ouest marque la fin de l’idée de confrontation globale en tant que modèle de la guerre depuis la fin du second conflit mondial, on doit plus fondamentalement s’interroger sur les changements intervenus depuis les années 90 en ce qui concerne le statut de la guerre elle-même et sur le rôle des opérations de paix dans les relations internationales. Les crises politiques découlant de conflits internes sont des sources de déstabilisation et de fragilisation des institutions locales qui subissent le tumulte et affaiblissent la capacité des acteurs à sortir d’une telle situation politique. La nécessité de renforcer les capacités locales pendant cette période charnière afin d’éviter les crises récurrentes se traduit par la présence de la Communauté internationale qui déploie une multitude de stratégies. Il existe en effet, dans la grammaire des Nations Unies, un continuum de modes de gestion des crises qui va des formes les plus réservées de la persuasion à certaines modalités de diplomatie coercitive, impliquant un usage limité de la violence. Lorsqu’on examine les opérations de paix en RDC, un ensemble dynamique de tensions et de liaisons, oscillant entre ordre et désordre dans ses expressions institutionnelles, le constat qui se dégage est que la question de la paix exige une analyse qui prenne en compte plusieurs facteurs. D’où le recours à une approche interdisciplinaire, mobilisant des courants critiques au sein des relations internationales tout en alliant la sociologie des relations internationales. Notre approche interdisciplinaire qui est au centre de cette thèse peut aussi être d’un grand intérêt dans le renforcement de l’approche polémologique, elle-même fort utile pour appréhender les modalités de gouvernance par les groupes politico-militaires. Notre étude s’attache à évaluer la pertinence et la cohérence des pratiques et conduites des acteurs internationaux pour mieux dégager les contours axiologiques et idéologiques de la gestion des crises itératives.
Youssouf Meite, Théorie générale du charisme et de la crise de succession en régime charismatique, thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Michel Bergès (Rapp.), Jean-Pierre Lay (Rapp.), Alexandre Dorna
L’objet de cette thèse porte sur le charisme et la crise de succession en régime charismatique. À l’aide d’éléments théoriques puisés chez Max Weber et ses successeurs, on tente de faire un bilan, une synthèse des recherches passées et celles en cours, et de proposer notre propre compréhension du pouvoir charismatique et la question de son utilité. En effet, bien que le concept de charisme soit largement utilisé et discuté par les théoriciens du pouvoir et du leadership, il demeure encore une énigme majeure des sciences sociales, politiques et juridiques. Ainsi, persuadé de sa pertinence comme principe de légitimation du pouvoir politique, on tente d’explorer plus en avant certains de ses aspects négligés ou insuffisamment élaborés, afin de proposer une vue d’ensemble sur la question. L’illustration de ses grandes figures historiques les plus marquantes comme Mussolini, Hitler, Khomeiny, de Gaulle, Mao, Houphouët, Nkrumah nous permet d’entrevoir ses vertus et ses vices, mettant également en avant les crises de succession en régime charismatique avec leurs différentes solutions.
Fructuose Bigirimana, Violences et protection juridique des personnes dans les situations de violence : Cas des pays de la région des grands lacs africains., thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Alain Didier Olinga (Rapp.), Karine Bannelier - Christakis (Rapp.)
Les conflits armés ne sont plus ce qu’ils étaient. D’aucuns annoncent la disparition pure et simple de ceux-ci au profit de formes inédites de violence marqués par la multiplicité des acteurs, par la multiplicité des motifs et par la généralisation de nouvelles stratégies et tactiques. Ainsi, le droit international classique opposant la situation de paix à la situation de conflit armé devient peu efficace. Le droit des droits de l’homme étant conçu pour les temps de paix alors que le droit humanitaire est aménagé pour les temps de guerre, la situation de violence reste en deçà du lex lata.Pourtant, entre ces deux situations, s’interpose des situations de violence dont le régime juridique existant n’est pas suffisamment adapté ou du moins n’est pas assez efficace pour protéger les droits des personnes affectées par les situations de violence interne. L’inadaptation des organes de contrôle du DIDH, jonchée de clauses dérogatoires, de nature plutôt réactive et lente, est complétée par des mécanismes de la responsabilité pénale individuelle peu efficace.Cette thèse ambitionne de poser les balises de la domestication de la violence par le droit, dans la perspective de la protection d’un seuil inaltérable « d’humanité ». De la violence à basse intensité à la violence à haute intensité, notre recherche prend au sérieux ces situations de violence et réfléchit, à travers une approche pragmatique et normative, sur le droit désirable et mécanismes susceptibles de réguler la zone « grise » des situations de violence. S’appuyant sur la diversité des actes de violence répertoriés dans la région des Grands Lacs, cette recherche permet de constater que ces violences ne sont pas soumises à une indétermination fondamentale. Le droit humanitaire est tantôt relayé, tantôt suppléé et tantôt supplanté par les nouveaux mécanismes régulateurs des situations de violence.
Carole Irtan, Le conflit indo-pakistanais sur le Cachemire : analyse des décisions et perceptions des autorités politiques et militaires à l'aune des modèles de Graham Allison, thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Christophe Jaffrelot (Rapp.), Jean-Luc Racine (Rapp.), Dominique David
La province du Jammu et Cachemire, partagée entre l’Union Indienne et le Pakistan en 1947, est l’une des pommes de discorde qui a engendré une relation très conflictuelle entre les deux voisins, et qui a fait l’objet de crises diplomatiques et militaires récurrentes entre les deux pays, entrecoupées de rounds de négociation n’ayant pas abouti au règlement du conflit.Ce conflit au Cachemire va être passé au crible de deux théories des relations internationales, la théorie de la prise de décision modélisée par Graham Allison et la théorie de la perception développée par Robert Jervis. L’analyse de ce conflit va mettre en évidence la rationalité dans le processus de prise de décision au sein des deux pays, mais cette rationalité est néanmoins soumise à des perceptions de chaque côté de la frontière qui renvoient à la culture, aux mentalités, aux religions de chacun des deux pays. Ces perceptions peuvent amener un analyste occidental à croire à une certaine irrationalité de la part des deux pays. Il n’en est rien, car si l’on se place d’un point de vue indien ou pakistanais, leur mentalité, leur réflexion, leur culture respectives les amènent à une cohérence d’ensemble de chacune de leur politique.Cette analyse du conflit du Cachemire sous un angle particulier présente des limites, au premier rang desquelles la recherche bibliographique, qui mériterait d’être enrichie par des références hindies ou ourdoues. Néanmoins, la littérature en langue anglaise d’auteurs originaires du sous-continent indien autorise à utiliser la théorie de la perception avec une certaine précision et permet ainsi d’affiner l’analyse au plus près de la réalité.
Mérick Freedy Alagbe, La coopération sino-africaine à travers le FOCAC. Contribution à une analyse empirique et théorique de la présence chinoise en Afrique noire, thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Joseph Vincent Ntuda Ebode (Rapp.), Henri-Louis Védie (Rapp.), Jean-Paul Joubert
Si la coopération sino-africaine dans le sillage des indépendances nationales des années soixante a trouvé son ferment dans l’idéologie révolutionnaire et l’esprit de Bandung, il n’en est point question de la nouvelle phase qui s’ouvre à l’aube du XXIème siècle. En effet, les mutations internationales intervenues dans la charnière des deux siècles, le renouvellement des acteurs des deux côtés et les réalités endogènes propres à chaque partie, ont accéléré l’entrée dans une nouvelle ère où l’économie devient la pierre angulaire de la coopération. La naissance du FOCAC traduit la volonté de mieux coordonner les relations entre la Chine et l’Afrique, en même temps qu’elle donne la mesure de l’intensité et du volume de leurs échanges. Quelle est donc cette institution qui regroupe autant d’Etats ? Quels sont ses fondements théoriques? Et quelle réponse apporte-elle aux nombreux contempteurs de la présence chinoise en Afrique ? Telles sont les principales articulations de ce travail.
Nathan Ngarassem, La rébellion « Codos » au Tchad. Une guerre Nord-Sud sans fin, thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Jean-Louis Atangana (Rapp.), Pascal Hintermeyer (Rapp.), Marielle Debos
Au Tchad, le Nord contraste avec le Sud. Alors que le Nord, aride consacré à l’élevage, est majoritairement de culture arabo-islamique, le Sud, savane boisée propice à l’agriculture, a épousé la culture occidentale. Avec la colonisation, puis avec les présidents sudistes Tombalbaye et Malloum, cette dichotomie s’est accrue ethniquement, religieusement... Le Frolinat, taxant les régimes sudistes de dominants, a pris le pouvoir après la guerre civile de 1979 et depuis lors, le Nord l’a confisqué, même si, une opposition politico-militaire sudiste, l’a contesté en permanence : face à Goukouni, les FAT, reliquat de l’ancienne armée nationale, coiffées par un organe politique, le Comité Permanent créé en 1979 lors du repli des sudistes au Sud, puis face à Habré une opposition armée dénommée Codos, créés pour résister à l’invasion très meurtrière du Sud par les forces de Habré. Les Codos purent s’imposer lors d’engagements considérables mais jamais déterminants. En effet, l’appui extérieur obtenu par Habré pour le conflit d’Aouzou, l’existence de multiples groupes de Codos, l’absence de base arrière... les rendirent vulnérables. Mais leur action a amené Habré à la négociation permettant un rééquilibrage politico-militaire. Les Codos (ré)intégreront les organes administratifs militaires et civils. Beaucoup de lycéens reprendront leurs études. Certains leaders seront nommés à de hautes fonctions et d’autres militaires prendront leur retraite. Ainsi émerge un Codo, Tokinon P. K. qui est devenu un homme d’affaires sans désavouer le Codoriste leader sudiste, Kamougué qui occupa plusieurs hautes fonctions politiques et créa son parti politique en 1992. Est-ce la fin de la guerre Nord-Sud ?
Diassonama Kiesse Bouzanda, Dimension militaire de la présence chinoise en Afrique noire : contribution à l'étude de l'outil militaire dans la politique étrangère des Etats, thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Nicolas Haupais (Rapp.), Hervé Coutau-Bégarie (Rapp.), Fouad Nohra
La première décennie du XXIème siècle a été particulièrement marquée par le renforcement de la présence de la République populaire de Chine (RPC) en Afrique. En effet, Pékin est devenu un important partenaire du continent dans différents domaines de coopération (économique, commercial, militaire, culturel…). C’est ainsi que l’objet de cette recherche porte essentiellement sur la dimension militaire de la présence chinoise. Celle-ci reste encore peu étudiée contrairement à celle des Etats-Unis, de la France et de l’URSS autrefois. L’étude qui convoque la pensée stratégique chinoise et les théories de relations internationales, tente de cerner les enjeux, les contours et les évolutions de la dimension militaire chinoise dans un contexte de bouleversements et de rivalités stratégiques (1960-2010). Aussi, l’étude s’intéresse aux différents choix stratégiques opérés. Cet effort de compréhension ne porte pas que sur la seule Chine, l’Afrique y est aussi pleinement prise en compte. La réflexion se prolonge avec l’analyse décisionnelle de la politique étrangère de défense, grâce notamment à une approche que nous avons qualifiée d’hybride, une combinaison du modèle rationnel et de l’approche bureaucratique de la décision. Ainsi, dans le cas chinois et africain, la décision en politique étrangère n’est pas le seul fait du Président, bien qu’il en soit un acteur prééminent. De nombreux acteurs participent à son élaboration; ceux-ci disposent de réelles capacités de l’infléchir dans un sens ou dans l’autre.
Léandre Sourou ZINSOUGA DEHOTO, La contribution de l’Eglise catholique à la défense de la paix sous le pontificat de Jean Paul II, thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : Brigitte Vassort-Rousset, Lukas K. Sosoe et Blandine Chélini-Pont
Eglise et Etat, ont en commun le même domaine d’action : le cadre de la société nationale et internationale. Ils ont pour mission la promotion du bien commun intégral de l’homme, de donner sens à la vie et de créer les conditions de l’épanouissement de la sécurité humaine. Pourtant, les politiques ont toujours tendance à s’affranchir du regard du religieux, à se couper de la source transcendante dont les religions sont les dépositaires. Dans les faits, cette séparation du religieux et du politique crée des situations complexes et conflictuelles. Le ré-enchantement de la religion dans les démocraties laïques, est la signature des rapports complexes, mais nécessaires entre le religieux et le politique. Ainsi donc, la frontière entre le temporel et le spirituel reste difficilement définissable; les alliances et les mésalliances du religieux et du politique influencent énormément les problématiques de sécurité et de paix. Alors quelles contributions la religion, en occurrence l’Eglise catholique, peut-elle apporter à la problématique de la sécurité et de la paix? Le pontificat de Jean-Paul II a initié pour la défense des droits de la personne humaine et de sa dignité un projet d’action à l’échelle de la planète. Ces multiples voyages où les dimensions religieuse et politique se répondent et s’imbriquent, ses nombreuses lettres encycliques, ses homélies, ses allocutions devant les représentants des instances internationales et ses prises de positions osées et audacieuses sont caractéristiques de l’exception Jean-Paul II dans un monde en quête de paix et de sécurité. Avec lui, la catholicité de l’Eglise s’est exprimée au quotidien et a dévoilé le caractère spécifique de sa mission de service de l’humanité et du salut en Jésus-Christ. En revendiquant les droits de l’homme pour tous, le pape met l’accent sur une catégorie de droits à la fois la plus universelle et la plus vilipendée dans les systèmes politiques en occurrence dans le marxisme. Jean-Paul II est crédité de politique d’intervention tous azimuts et de présence extrêmement diversifiée. Loin de conclure à un éparpillement désordonné, sa pensée est unifiée et axée sur l’homme comme valeur centrale et primordiale et comme point de focalisation de toutes ses attentions.
Paterne Gervilen Milongo Moukongo, Comparaison du rôle de la société civile dans le processus de démocratisation en Namibie et au Congo Brazzaville au cours de la période 1989-1994», thèse soutenue en 2012 à Lyon 3, membres du jury : René Otayek (Rapp.), Raphaël Laniabart (Rapp.), Jean-Paul Joubert
On peut considérer que le démarrage du processus de démocratisation en Namibie a lieu en 1989 et au Congo Brazzaville en 1990 : pour le premier il s’agit, de la libération du joug sud-africain avec l’accession à l’indépendance et la mise en place d’un régime démocratique, pour le second la chute d’un régime de parti unique et l’instauration du multipartisme puis de la démocratie. Cette phase de bouleversement a été rendue possible par la mobilisation des forces sociales, notamment les organisations syndicales.La recherche consiste ici à considérer le rôle de ces forces sociales dans ce processus et à s’interroger sur leur nature, en particulier pour déterminer si elles constituent une société civile. Ainsi les Eglises jouent un rôle déterminant, et ce dans les deux pays. Au moment de l’ouverture démocratique, les associations se multiplient. La mise en place des premières institutions est marquée par une course au pouvoir, et se révèle la plus critique pour la société civile, dont le positionnement même est mis à mal ; les organisations sont soumises à rude épreuve. Certains meneurs des mouvements de contestations se retrouvent à la tête de partis politiques, dans un environnement à haut risque. Les rivalités ethniques ou tribales et le régionalisme s’enracinent dans la conscience populaire.Si la Namibie va poursuivre son chemin vers la démocratie, malgré la faiblesse de la société civile et les blessures du passé, le Congo va sombrer d’abord dans une guerre civile avant de chercher le chemin de la paix. La société civile anéantie au moment du conflit revient sur le devant de la scène à travers le Conseil œcuménique des Eglises mais échoue à consolider la démocratie.
Jana Musat, République de Moldavie , thèse soutenue en 2012 à Lyon 3
Le 27 août 1991, l’opinion publique internationale prenait acte de la naissance de la République de Moldavie, dont deux tiers du territoire ont constituées jusqu’en 1941 la province roumaine de Bessarabie. Depuis toujours, la Principauté de Moldavie se trouve dans une confluence de trois grandes cultures : slave, latine et orientale ; trois grandes religions : orthodoxe, catholique et musulmane ; trois grands peuples : slave, latin et turc et trois courants idéologiques : panslavisme, panturquisme et pan-latinisme. C’est pourquoi, à travers les siècles, la Principauté de Moldavie a manœuvré constamment entre ces Puissances et ces courants pour garder son identité nationale. Aujourd’hui, en principe, la Moldavie est toujours dans la situation de jongler entre la CEI et l’UE, entre Est et Ouest, sa situation géopolitique étant la même.Dans la Première partie de notre thèse nous avons étudié l’origine, la toponymie et les frontières de la Bessarabie, mais aussi l’engouement des Grandes Puissances pour ce territoire. Nous traiterons aussi les guerres et les négociations de paix qui la caractérisent, allant de la guerre russo-turque jusqu’au régime tsariste qui y régnait. Nous avons ensuite suivi les changements subis par la Bessarabie pendant la Première guerre mondiale, avec la création de la République Démocratique Moldave, tout en s’attardant sur le processus de la création de l’URSS avec ses répercussions sur l’évolution de la Moldavie soviétique poststalinienne. Nous avons finalement, étudié ici-même la question des nationalités, et les concepts de « nation », « nationalisme », « dénationalisation », « russification », « collectivisme », « moldovenisme » etc.La Deuxième partie démarre avec des questions sur l’identité nationale moldave, et l’éclatement des conflits régionaux. Nous décrivons les minorités séparatistes de Gagaouzie et de Transnistrie, qui n’acceptent pas la souveraineté de la Moldavie. Le régime de Tiraspol est un régime oppressif et totalitaire, qui doit être éloigné par l’action des facteurs externes. De plus, nous étudions la création de la CEI et GUAM, l’implication de l’OSCE, de l’UE, de la Russie, de l’Ukraine et de la Roumanie dans le processus de négociation pour la résolution du conflit transnistrien. Finalement, nous examinons la manière avec laquelle la « fédéralisation », et la « régionalisation » peuvent résoudre les conflits ethniques en Moldavie. En conclusion nous répondons aux questions centrales sur le territoire et la population moldave.
Jana Musat, République de Moldavie, thèse soutenue en 2012, membres du jury : Béatrice Giblin (Rapp.), Victor Moraru (Rapp.), Gérard Dussouy
Le 27 août 1991, l’opinion publique internationale prenait acte de la naissance de la République de Moldavie, dont deux tiers du territoire ont constituées jusqu’en 1941 la province roumaine de Bessarabie. Depuis toujours, la Principauté de Moldavie se trouve dans une confluence de trois grandes cultures : slave, latine et orientale ; trois grandes religions : orthodoxe, catholique et musulmane ; trois grands peuples : slave, latin et turc et trois courants idéologiques : panslavisme, panturquisme et pan-latinisme. C’est pourquoi, à travers les siècles, la Principauté de Moldavie a manœuvré constamment entre ces Puissances et ces courants pour garder son identité nationale. Aujourd’hui, en principe, la Moldavie est toujours dans la situation de jongler entre la CEI et l’UE, entre Est et Ouest, sa situation géopolitique étant la même.Dans la Première partie de notre thèse nous avons étudié l’origine, la toponymie et les frontières de la Bessarabie, mais aussi l’engouement des Grandes Puissances pour ce territoire. Nous traiterons aussi les guerres et les négociations de paix qui la caractérisent, allant de la guerre russo-turque jusqu’au régime tsariste qui y régnait. Nous avons ensuite suivi les changements subis par la Bessarabie pendant la Première guerre mondiale, avec la création de la République Démocratique Moldave, tout en s’attardant sur le processus de la création de l’URSS avec ses répercussions sur l’évolution de la Moldavie soviétique poststalinienne. Nous avons finalement, étudié ici-même la question des nationalités, et les concepts de « nation », « nationalisme », « dénationalisation », « russification », « collectivisme », « moldovenisme » etc.La Deuxième partie démarre avec des questions sur l’identité nationale moldave, et l’éclatement des conflits régionaux. Nous décrivons les minorités séparatistes de Gagaouzie et de Transnistrie, qui n’acceptent pas la souveraineté de la Moldavie. Le régime de Tiraspol est un régime oppressif et totalitaire, qui doit être éloigné par l’action des facteurs externes. De plus, nous étudions la création de la CEI et GUAM, l’implication de l’OSCE, de l’UE, de la Russie, de l’Ukraine et de la Roumanie dans le processus de négociation pour la résolution du conflit transnistrien. Finalement, nous examinons la manière avec laquelle la « fédéralisation », et la « régionalisation » peuvent résoudre les conflits ethniques en Moldavie. En conclusion nous répondons aux questions centrales sur le territoire et la population moldave.
Aliou Seye, Islam et sécurité humaine. Contribution à l’étude des confréries musulmanes au Sénégal, thèse soutenue en 2011 à Lyon 3, membres du jury : Dominique Bangoura (Rapp.), Babacar Gueye (Rapp.)
Cette recherche est envisagée pour observer la place de l’Islam confrérique dans la sphère publique et dans la vie politique, économique et sociale au Sénégal, avec un accent particulier sur la notion de sécurité humaine. Notre ambition est d’intégrer une réflexion la plus large possible sur les différentes situations contrastées que connaît l’Islam confrérique dans ce pays de 12 millions d’habitants avec plus de 90% de musulmans. L’accent consiste à interroger ce qu’on a appelé « l’exceptionnalisme sénégalais » avec une tradition démocratique relativement ancienne et solide. Cette étude a comme objet général d’explorer la sécurité que posent l’organisation et le fonctionnement des confréries religieuses sénégalaises. Elle s’appuie sur la mise en comparaison des deux principales confréries – Mouride et Tidjane – qui sont d’obédience sunnite. Elle intègre un angle d’approche tenant compte de la diversité et de la particularité des contextes socioculturels, politiques, économiques et religieux dans l’ordre international marqué par des menaces incessantes sur la sécurité. Cette mise en perspective de dynamiques culturelles singulières favorise la compréhension de logiques comportementales attribuant du sens à des démarches de sécurité des « fidèles » auprès des Marabouts et des confréries. Il s’agit aussi d’évaluer les nouvelles manifestations religieuses et leurs conséquences en termes individuels et collectifs sur la République, la démocratie, la laïcité et la sécurité de la nation sénégalaise.
Jean-Baptiste Harelimana, La diversité culturelle, entre l'organisation mondiale du commerce et l'UNESCO , thèse soutenue en 2010 à Lyon 3
Depuis une vingtaine d’années, la « diversité culturelle », terme non usuel du droit international, s’est imposée comme une des priorités de la société internationale. De façon croissante, la question de la diversité culturelle met en jeu la défense des valeurs nationales et sociétales. Après avoir voyagé sous le manteau des droits de l’homme, elle est devenue un lieu de cristallisation de l’interface culture - commerce. Suite à la difficulté que rencontrent plusieurs pays à légitimer leurs politiques culturelles face à l’imposante stature des accords régissant la libéralisation du commerce international, la communauté internationale a déployé ses efforts afin de compenser l’absence de solutions satisfaisantes dans le cadre de l’OMC. La Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles témoigne à la fois de cet effort international et du désir de contester l’uniformisation culturelle induite par le droit de l’OMC. Dès lors, cette convention peut-elle apporter une réponse à ce double défi dès lors que le droit international est lui-même, au-delà de ses difficultés ontologiques, touché de plein fouet par la mondialisation ? Plutôt que de prêter quelques vertus magiques à la Convention de l’UNESCO, bien que le besoin d’avoir d’autres piliers forts de la mondialisation soit si grand, cette thèse ambitionne d’explorer tous les dispositifs de l’OMC et de l’UNESCO afin de faire un bilan du droit qui pave la diversité culturelle prise dans sa lecture consensuelle actuelle et se propose d’esquisser les prolégomènes d’une longue vie féconde pour cette cohabitation entre commerce et culture.
Abou-Bakr Abélard Mashimango, Transnationalisme éthnique, états et conflits armés , thèse soutenue en 2010 à Lyon 3
Les guerres présentent une chaîne causale qui, tout à la fois, pose la question de l’ethnicité et de la formation de l’Etat-nation. Les conflits que connaît la Corne de l’Afrique aujourd'hui s'inscrivent dans ce registre des guerres identitaires aux confrontations internationales et transnationales. En effet, étudier le phénomène des guerres africaines contemporaines, exige une analyse historique, sociologique et politique fondée sur une approche multidisciplinaire de la polémologie et une culture géopolitique qui conduisent, à la fois, à l’examen exploratoire de l’Afrique précoloniale, coloniale et postcoloniale. Il s’agit de construire une réflexion approfondie des conflits armés dans le système international contemporain, en insistant sur plusieurs unités d’analyse et, surtout, la sociologie politique de différents acteurs en vue de dépasser le sens commun et simplifié véhiculé par certains pour traduire la nature des conflits armés. Compte tenu de l’articulation entre le national, l’international et le transnational, ainsi que du lien entre les différents niveaux d’analyse, il s’avère impératif de se fixer des repères. Notre étude s’articule autour des fondamentaux de l’approche transnationaliste, la théorie de l’ethnicité, la polémologie et la géopolitique
Philippe Eyebe Awono, Opérations de paix, action humanitaire et sécurité humaine en Afrique francophone : la dialectique de l'urgence et du développement pérenne en République centre-africaine, République démocratique du Congo et au Mali, thèse soutenue en 2021 à Lyon sous la direction de François David, membres du jury : Thierry Balzacq (Rapp.), Frédéric Turpin (Rapp.), Valérie-Barbara Rosoux, Marie-Eve Desrosiers et Nathalie Duclos
En mobilisant une approche comparée entre la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo et le Mali, cette thèse propose une analyse critique des processus de sortie de crise et de reconstruction en Afrique tels que mis en route par les opérations de paix. Il en ressort une analyse désenchantée de la pratique du maintien de la paix en Afrique menée pour la plupart sous le prisme de l’urgence. Le paradigme de l’urgence plutôt producteur d’une paix négative, notamment l’arrêt circonstanciel des hostilités et la quasi-victoire militaire est soumis à la rude épreuve de la gouvernance et des calculs des acteurs qui hypothèquent la sortie durable des crises et la paix positive. La thèse renouvelle les études sécuritaires africaines et décrypte les dynamiques profondes qui informent les mécanismes de maintien de la paix. Des mécanismes qui n’offrent finalement pas une chance à la sécurité humaine de prendre corps dans ces pays, car les préalables en termes de stabilisation efficace restent limités.
Tugrul Cakir, Le régime de responsabilité des opérations spatiales dans les législations nationales, thèse soutenue en 2019 à Lyon sous la direction de Mireille Couston, membres du jury : Philippe Achilleas (Rapp.), Karine Bannelier - Christakis (Rapp.), Lucien Rapp
Le mécanisme de responsabilité internationale des États en matière spatiale est double : la responsabilité contrôle énoncée par l’Article VI du Traité de l’Espace et la responsabilité pour dommages posée par l’Article VII du Traité et mise en œuvre par la Convention sur la responsabilité internationale pour les dommages causés par des objets spatiaux. Les activités des entités non gouvernementales sont permises à condition qu’elles soient autorisées et continûment surveillées par les États. La montée en puissance des entités privées dans le domaine spatial à côté des entités gouvernementales a amené les États à se doter progressivement de législations nationales qui poursuivent des objectifs aussi bien économiques que stratégiques. Il est évident que les traités spatiaux sont inadéquats au traitement de toutes les questions découlant de la commercialisation des activités spatiales. Par ailleurs, les concepts primordiaux employés dans les traités spatiaux sont mis à l’épreuve par la commercialisation/ la privatisation des activités spatiales. Le principe de responsabilité spatiale conserve-t-il encore son effectivité dans ce contexte ? Le régime de responsabilité spatiale entrave-t-il le développement des activités privées? Est-il devenu démodé dans la réglementation de ces activités? Voici l’interrogation qui nous guide tout au long de cette étude : par quels moyens et dans quelle mesure les législations nationales relatives aux opérations spatiales remplissent-elles un rôle complémentaire à celui des traités spatiaux ? Pour y répondre, dans un premier temps, nous nous intéresserons aux fondements juridiques des législations nationales relatives aux opérations spatiales. Nous nous focaliserons particulièrement sur la manière dont les États réceptionnent les traités spatiaux. En plus de se conformer aux engagements découlant des traités spatiaux, les législations nationales relatives aux opérations spatiales permettent aux États d’élaborer une politique juridique spatiale favorisant le développement de leur industrie spatiale. Les législations nationales ont pourtant des limites qui nécessitent d’être palliées par une coopération internationale.
Emeline Boidart, La réglementation des drones civils au niveau international : entre progrès technologiques et problématiques juridiques, thèse soutenue en 2019 à Lyon sous la direction de Mireille Couston, membres du jury : Jean-Christophe Videlin (Rapp.), Nathalie Nevejans (Rapp.), Philippe Lagrange
Les drones font aujourd’hui partie de notre quotidien. Ces objets nous entourent de plus en plus et traversent les frontières. Qu’ils soient utilisés à but récréatif, dans le domaine militaire ou bien pour des activités professionnelles, les drones connaissent un développement fort, une croissance sans précédent. Ce développement consistera à traiter du sujet des drones civils à usage professionnel qui représentent le plus vaste domaine des aéronefs sans pilote. Les drones de loisirs, tout comme les drones militaires, ont une croissance importante, mais moindre par rapport aux drones civils professionnels.Ces nouvelles technologies possèdent un potentiel considérable pour de nombreuses entreprises qui se lancent dans la prestation de services par le biais d’aéronefs sans pilote. De plus en plus d’activités sont développées dans de nombreux secteurs, les entreprises prennent conscience de la capacité de travail que peuvent représenter ces appareils, et il est important de mener à bien ce marché prometteur. Force est de constater qu’aucune activité n’est réellement possible sans cadre juridique. En quelques années, nous avons vu l’usage des drones se démocratiser. L’actualité a montré que cette utilisation se faisait quelque fois de manière dangereuse et négligente, avec de nombreux incidents relevés. Il est donc nécessaire de mettre en place des règles que chaque utilisateur doit respecter, que ce soit pour un usage à but récréatif ou professionnel. La France, et quelques États dans le monde, font partie des précurseurs à avoir travaillé de manière exhaustive sur une réglementation. Celle-ci est certes stricte, peut-être même trop, mais elle permet néanmoins d’éviter au mieux les dérives voire les accidents.Aujourd’hui encore beaucoup d’États n’ont pas adopté de réglementation concernant l’activité de drones au sein de leur territoire. Cela pose un sérieux problème de sécurité, puisque dans ces États, des activités de drones sont réalisées alors qu’aucune règle à suivre n’a pour le moment été donnée.Pourtant, les entreprises ont un réel besoin de réglementation pour développer au mieux leurs activités, travailler sur de nouvelles technologies. Les innovations ont toujours la nécessité d’avoir un cadre juridique solide, pour savoir quel est leur champ d’action. Le droit va de pair avec les progrès technologiques, et pourtant celui-ci connaît souvent un retard de développement par rapport aux innovations. Les États se trouvent face à la croissance toujours plus importante des activités de drones sur leur territoire, alors qu’aucune réglementation n’a été instaurée. Une réglementation est donc nécessaire pour tous les États, pour encadrer au mieux l’utilisation des aéronefs sans pilote et garantir une sécurité suffisante pour tous.Petit à petit, les États prennent conscience de l’importance de mettre en place des règles, certains ont effectué un travail complet en la matière, et d’autres s’en inspirent et commencent à réfléchir sur le sujet.Tous les États existants dans le monde représentent autant de réglementations possibles, même si certaines se ressemblent, le droit des drones est loin d’être unifié. Au contraire, il est multiple et très diversifié, ce qui peut poser un problème dans ce domaine.Il serait nécessaire de travailler sur une convergence, une harmonisation, entre toutes les réglementations existantes et qui se développent encore aujourd’hui. Il semble évident que le but de ce droit est de permettre une intégration pleine et entière des drones dans l’espace aérien mondial, parmi les autres usagers de la circulation aérienne générale que sont les aéronefs habités, civils ou militaires. Cette intégration est essentielle pour permettre aux États comme aux entreprises de travailler de manière commune sur des propositions réglementaires permettant une meilleure gestion du trafic aérien, ainsi qu’une cohabitation améliorée de toutes ces nouvelles technologies dont les activités ont encore un énorme potentiel à développer.
Mouna Frumence Pascal, Le conflit somalien et les Nations Unies, thèse soutenue en 2018 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Karine Bannelier - Christakis, membres du jury : Philippe Lagrange (Rapp.), Delphine Deschaux-Dutard
Le conflit somalien est probablement le seul conflit d’ordre interne qui a mis à rude épreuve le système de sécurité collective de la Charte des Nations Unies. Celui-ci éclate en 1991 à un moment clé de l’histoire politique des relations internationales. C’est la fin de la Guerre froide et pour l’Organisation universelle de l’ONU, longtemps paralysée par les vetos de deux Grands, c’est l’avènement d’une nouvelle ère pour la mise en oeuvre des principes énoncés dans la Charte des Nations Unies. Occupant le long de la façade maritime de la Corne d’Afrique, la Somalie de Siad Barré alignée sur l’idéologie soviétique ne survit pas à l’émiettement de ce bloc. S’ensuit un conflit civil, sanglant et fratricide presqu’à huit clos. Confrontée à la complexité du conflit somalien et à l’échec des premières tentatives de règlement pacifique, l’Organisation mondiale dégaine sa doctrine de maintien de la paix. Ainsi en l’espace de trois ans (1992-1995), le Conseil de sécurité autorise le déploiement de trois missions de l’ONU en Somalie : une opération classique de maintien de la paix (ONUSOM), une opération de maintien de la paix robuste (UNITAF) et une opération d’imposition de la paix (ONUSOM II). Toutes se soldent par un échec sans appel, obligeant les Casques bleus de l’ONU à opérer un repli sous protection armée alors que le conflit n’a toujours pas trouvé une quelconque issue. L’intérêt de cette étude est de mettre en lumière le paradigme de l’intervention des Nations Unies. Comment un simple conflit interétatique a-t-il pu mettre en échec les principes du droit international de la Charte des Nations Unies ? D’autant plus que les solutions proposées ont fait l’objet d’un traitement consensuel de la part de tous les membres du Conseil de sécurité qui ont entériné à l’unanimité les résolutions adoptées ? Il convient également de mettre l’accent sur l’engagement en dents de scie de l’Organisation des Nations Unies à compter de 1995. Un désengagement qui laisse le champ libre aux organismes régionaux de l’UA et de l’IGAD d’entreprendre des nouvelles tentatives de réconciliation nationale. L’explosion des actes de piraterie le long des côtes somaliennes donne l’occasion à l’ONU d’opérer un retour sur ce conflit aux relents lointains. Mais il s’agit d’un retour mesuré qui exclut derechef l’emploi de la coercition militaire. S’engageant désormais dans diverses activités de consolidation de la paix, l’ONU abandonne le terrain dangereux du maintien de la paix malgré le fait que le conflit somalien constitue toujours une menace pour la paix et la sécurité internationales. En vertu du principe de subsidiarité, l’AMISOM, l’opération de maintien de la paix de l’UA en Somalie présente depuis 2007 est la seule force habilitée à recourir à la force armée. Entre espoir et désillusions, la force de paix africaine, bien que sous-dimensionnée doit accomplir des missions de plus en plus élargies pour restaurer la paix et la sécurité dans le pays.
Ousmanou Nwatchock A Birema, Les organisations internationales, le principe de souveraineté et la gestion des crises politiques internes : cas de la francophonie et de l'union africaine, thèse soutenue en 2018 à Lyon sous la direction de David François, membres du jury : Guy Mvelle Minfenda (Rapp.), Joseph Vincent Ntuda Ebode (Rapp.), Guillaume Devin et Franck Petiteville
La gestion des crises politiques internes est devenue l’activité à la fois la plus visible et la plus controversée des organisations internationales aujourd’hui. C’est en raison de cette ambivalence que cette thèse prend prétexte de la gestion des crises politiques par la Francophonie et l’Union Africaine pour interroger l’articulation entre le multilatéralisme politique et le principe de souveraineté des États en situation de crise politique interne en Afrique. La question centrale est de savoir ce qui reste du principe de souveraineté devant la récurrence des interventions multilatérales de ces deux organisations dans des problématiques relevant de la stricte souveraineté. La réponse est donnée à travers une analyse profonde des trajectoires politique, juridique et philosophique de l’interaction entre la souveraineté des États et les ingérences multilatérales dans l’histoire des relations internationales de facture westphalienne. Par ailleurs, cette thèse fait une rétrospective théorique sur la question des ingérences en général, avant de s’appesantir de manière spécifique et empirique sur les trajectoires interventionnistes de la Francophonie et de l’Union Africaine en Côte d’Ivoire, à Madagascar et en République Centrafricaine. L’analyse aboutit au constat que la gestion multilatérale des crises politiques internes se caractérise par sa complexité opérationnelle : d’une part elle permet aux organisations internationales intervenantes de pratiquer une sorte de « rançon » de la liberté politique de leurs États membres, et d’autre part elle est une opportunité d’instrumentalisation des organisations internationales qui s’y engagent.
Adrian Alvarado, La Russie en Arctique occidental : strategies d'Etat et interactions des acteurs, thèse soutenue en 2016 à Lyon sous la direction de Pascal Marchand, membres du jury : Yann Richard (Rapp.), Taoufik Bourgou
Au cours de la première décennie du XXIe siècle l'Arctique a fait l’objet d’une attention croissante de la part des chercheurs, des politiciens et des multinationales. En effet, les problématiques liées au changement climatique, et le regain d’interêt politique et économique des Etats côtiers et non côtiers, a peu à peu fait apparaître cette région comme un endroit stratégique sur l'échiquier des grandes puissances. Depuis 2001, la Fédération de Russie a entrepris plusieurs actions afin de garantir ses intérêts nationaux dans ce qu'elle considère comme l’Arctique russe, un espace qui comprend environ 22600 kilomètres de littoral avec l'océan Arctique. Or, le changement climatique, les développements socio-économiques et les impératifs stratégiques ont conditionné cette politique pour l’Arctique. Les oblasts de Mourmansk et d’Arkhangelsk jouent, de nos jours, un rôle majeur dans la mise en œuvre de la stratégie russe pour la région arctique. Ce travail évaluera donc les défis majeurs de stratégie et de sécurité nationale russes en Arctique occidental au regard des récents changements du modèle politique et économique russe, du rôle émergent d'acteurs privés et étrangers ainsi que des spécificités des régions arctiques et sous-arctiques. Dans une première partie de notre travail nous essayerons de souligner l’importance stratégique et économique de l’Arctique Occidental pour la Fédération de Russie. Une approche historique nous permettra de mieux comprendre le rôle actuel des oblasts de Mourmansk et d’Arkhangelsk tandis que l’analyse de l’évolution démographique, industrielle et commerciale de ces régions nous fera apprécier son potentiel socio-économique. Enfin, une analyse de l’adaptation des industries énergétiques et du complexe militaro-industriel aux marchés internationaux sera entreprise ainsi qu’une évaluation des risques liés au changement climatique et à la pollution industrielle. Dans une deuxième partie, nous analyserons les principales problématiques rencontrés par les acteurs étatiques et privés en Arctique occidental. Afin d’identifier les principaux enjeux, nous avons transposé des théories des relations internationales à la géopolitique (Waltz, Keohane, Putnam). Tout particulièrement, nous utiliserons pour cette analyse les modèles conceptuels de Graham Allison et son approche sur les intérêts nationaux.
Frederick Mba Missang, Professionnalisation de l'armée au Gabon, thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Comi-Molevo Toulabor, membres du jury : Rémy Bazenguissa (Rapp.), Axel Éric Augé (Rapp.)
La professionnalisation de l’armée engagée par l’Etat (Gabon) au début des années 1999s’inscrit dans le prolongement des réformes institutionnelles issues de la démocratisation de lasociété et de la refondation de l’Etat. En effet, après la crise de frustration à l’origine duputsch de 1964 et les politiques clientélistes initiées par le monopartisme à tous les niveaux del’institution militaire, jusqu’en 1990 l’armée gabonaise s’inscrivait dans le schéma classiquede certaines armées d’Afrique noire dites énormes appareils bureaucratiques chargées desurveiller et de punir. Transformée en une armée prétorienne, l’armée gabonaise fut séparéede l’Etat son employeur. Soumise à l’épreuve de la professionnalisation, elle se réorganise, serestructure et se rationnalise adoptant ainsi une nouvelle posture aux côtés de l’Etat auprèsduquel elle s’affirme progressivement comme un acteur sociopolitique. Cette recherches’appuie sur des documents stratégiques, des faits concrets et des données empiriques pouranalyser la transformation d’une institution étatique, son nouveau rôle aux côtés de l’Etat, laSociété et la Nation
Bruno Mvé ebang, Politique étrangère et sécurité nationale d'un petit État : analyse de l'action du Gabon pour la paix et la sécurité en Afrique Centrale, une politique extérieure au service de la construction et de la préservation de l'intérieur, thèse soutenue en 2014 à Lyon 3 sous la direction de Jean-Paul Joubert, membres du jury : Michel Bergès (Rapp.), Guy Rossatanga-Rignault (Rapp.)
L’Afrique est la région du monde, dans laquelle, existe le plus grand nombre de crises armées sanglantes. Depuis les indépendances, cette région n’a jamais véritablement connu de paix et de sécurité dans toutes ses entités régionales. Dans ce sombre tableau africain, l’Afrique centrale occupe une place peu enviable. Abandonnée à son triste sort à la fin de la Guerre Froide, des pays, tel que le Gabon, décidèrent de particulièrement orienter leur politique étrangère dans le but d’aider les États en crises, de son environnement immédiat, à recouvrir une certaine stabilité mais surtout dans une logique de sécurisation nationale. Petit pays d’Afrique centrale, le Gabon ressent les effets de l’instabilité régionale persistante. Cet engagement gabonais pour la paix n’est pas né avec son accession à la souveraineté. Il s’est construit au fil des années. Son action pour sa construction et sa sécurité nationale n’a jamais eu pour but de reproduire, exactement, le même modèle de stabilité qu’il connait mais, uniquement, d’arriver aux silences des armes. Il est évident que comme tout engagement politique, l’action r gabonaise présente certaines limites et l’État devrait prendre des mesures pour que l’objectif de sécurité nationale soit atteint sans ambages. Néanmoins, l’action de tel pays est importante car en priorisant le dialogue, ils fournissent un travail de fourmis qui arrive, tout de même, à mettre un terme aux effusions de sang et à leur tendance au débordement.