Michael Guérin, De l'application des droits collectifs aux nouvelles revendications ethnonationalistes dans les Balkans Occidentaux : le cas des minorité serbes, thèse soutenue en 2024 à Bordeaux en co-direction avec Gérard Dussouy, membres du jury : Amaël Cattaruzza (Rapp.), David Cumin (Rapp.)
La dissolution de la fédération yougoslave a donné naissance à de nouveaux États dans les Balkans occidentaux, marquant un passage de l'idéal d'un État supranational à l’émergence de solidarités ethniques qui s’étendent au-delà des frontières étatiques. Un phénomène qui favorise les conflits et risques de fragmentation particulièrement préjudiciables pour les minorités serbes. Les changements juridiques et politiques dans les États balkaniques découlent principalement de l'action européenne visant à instaurer un marché commun et un État de droit démocratique, éléments fondamentaux de l'identité politique de l'Union européenne. Cette stratégie a pour objectif de résoudre les conflits et les tensions impliquant les minorités. Afin de stabiliser la région, le droit international et les dynamiques juridiques européennes s'appuient sur les droits collectifs ; ces droits visent à préserver et promouvoir les minorités ethniques, religieuses et linguistiques, notamment dans les domaines de l'éducation, de la langue, de la représentation politique et de la communication médiatique, cherchant ainsi à établir un équilibre entre les différentes communautés des États balkaniques occidentaux. Cependant, l'octroi de droits collectifs fondés sur l'appartenance ethnique encourage les particularismes et renforce les revendications, ce qui peut favoriser un ethno-nationalisme sécessionniste ou "grandiste," alimentant la fragmentation. L'ethnicisation du cadre juridique entrave la consolidation de l'État démocratique et la protection des minorités touchées par les remaniements territoriaux. Le "morcellement ethnique" causé par la généralisation des droits collectifs soulève une question centrale : la promotion de ces droits basés sur des critères ethniques est-elle compatible avec l'établissement d'un État démocratique apte à protéger efficacement les minorités serbes ? Cette thèse explorera des aspects de droit constitutionnel, notamment l'étude des régimes étatiques dans les Balkans occidentaux, ainsi que des aspects de droit administratif impliquant l'analyse de la culture administrative des États, dont la rationalité est essentielle à l'existence d'un État de droit démocratique. Étant donné que les droits collectifs relèvent d'une dynamique internationale, la thèse examinera également le cadre juridique établi par le droit international et européen.
Marius Draghici, Corruption politique et clientélisme dans la Roumanie post-communiste : la récuperation privative des réformes strcuturelles par les élites politiques nationales (1989-2016), thèse soutenue en 2022 à Bordeaux, membres du jury : Jean-Louis Briquet (Rapp.), Sergiu Mişcoiu (Rapp.), François Frison-Roche
Cette thèse a pour objet de montrer comment les élites politiques roumaines, dans la transition de l’État dictatorial à la démocratie et l’État de droit, ont utilisé les grandes politiques d’État afin de satisfaire leurs intérêts personnels, qu’ils ont défendus aussi discrètement que possible.Toutes les réformes portées par les élites ont été touchées par la « personnalisation », la « captation », le clientélisme et la corruption – ce que l’on dénomme la « récupération privative » des politiques publiques dans un intérêt autre que national.Nous analyserons les pouvoirs de l’État de Droit, les services publics administratifs et industriels-commerciaux dotés d’une mission d’intérêt général. Dans notre analyse, nous proposons un nouvel outil – la Pyramide Patron – Client – relations (Pyramide RPC) – qui nous permettra de cartographier et d’évaluer la concentration des relations de type clientéliste.La réforme du pouvoir d’État – Exécutif, Législatif, Judiciaire – a été faite avec difficulté, notamment parce que les élites ont perçu cette dernière, au moins en partie, comme une menace personnelle. Cette réforme mettait en effet en danger la continuation du régime néo-patrimonial, dont ils sont les principaux bénéficiaires.Notre hypothèse est que les élites politiques nationales ont tantôt freiné, tantôt accéléré les grandes politiques publiques de réforme vers l’État de Droit, en fonction des intérêts privés qu’elles représentaient et défendaient. En définitive, cette situation se traduit par une récupération privative des politiques publiques.
Eralda Kodra, Les partis politiques en Albanie : la difficile démocratisation d'une société post-totalitaire (1990-2020), thèse soutenue en 2022 à Bordeaux, membres du jury : Entela Baci (Rapp.), Artan Fuga, François Frison-Roche, Aleksander Kocani et Snejana Druţă Sulima
Cette thèse étudie, à travers les partis politiques en Albanie, la difficile démocratisation d'une société post-totalitaire. Les partis jouent le rôle de mécanisme de représentation à l'intérieur d'un système politique démocratique. Leur étude et celle des systèmes partisans reste un sujet de recherche essentiel pour la compréhension du fonctionnement des nouvelles démocraties d'Europe centrale et orientale, telle l'Albanie. Partis et systèmes de partis sont les principaux acteurs de la politique dans les sociétés post-communistes et, de plus, y apparaissent comme les principaux porteurs d'identités sociales. L'analyse des partis politiques et du système politique, comme celle des principaux acteurs politiques, doit permettre de mieux comprendre le processus de démocratisation de la société politique albanaise.Le sujet porte sur la naissance et le développement de l'espace politique pluraliste en Albanie à partir des années 1990. L’objet de cette thèse vise à suivre les processus de création, de développement et de stabilisation des partis politiques et du système partisan. Il s'agit donc d'analyser l'origine des partis politiques et les différences idéologiques existant entre eux, d'identifier ceux qui peuvent prétendre à la conquête du pouvoir, de mesurer les conséquences de l'installation du pluralisme politique dans une société sortant de plus de 45 ans de communisme, et également de préciser leurs sources de financement. La vie politique albanaise depuis 1991 a connu des fluctuations permanentes, avec la création et la mort des partis politiques, les coalitions, l'émergence et l'épanouissement des grands partis, les conflits et crises politiques. Ce qui reste le dénominateur commun de ces 30 années en ce qui concerne les partis politiques est leur position dominante par rapport aux institutions, à la loi et à la société elle-même et leur adoption d’une variété de rôles finalement assez proches de ceux que jouait l’État-parti dans la période communiste. En Albanie, les partis politiques outrepassent leur rôle. Ils jouissent d'une grande puissance, dans la mesure où ils ont des moyens de contrôle sur tous les pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire.
Andrada Cretanu, Le gaullisme , thèse soutenue en 2021 à Bordeaux sous la direction de Florin Turcanu
Défini du point de vue de la Science politique à la fois comme doctrine politico-constitutionnelle, mouvement politique et régime, le gaullisme est historiquement compris en termes d’un « nationalisme apolitique » issu d’une « certaine idée » de la France, caractérisé par l’affirmation prioritaire de la grandeur nationale (Serge Berstein, 2001). Sujet passionnant car lié à la personnalité exceptionnelle de Charles de Gaulle, l’étude du gaullisme n’a pratiquement jamais cessé de progresser. Néanmoins, l’historiographie - dans sa grande majorité -, qu’elle traite du Général de Gaulle, de sa personnalité, de son style, de sa politique ou de sa vision du monde, produit un discours consensuel sur le gaullisme, s’accordant constamment sur le bilan positif de son héritage : pour ceux chargés aujourd’hui d’enseigner l’Histoire, « enseigner de Gaulle, c’est enseigner la France » (Tristan Lecoq, 2018) et « le gaullisme constitue désormais un lieu de mémoire qui participe de l’identité culturelle collective française » (François Audigier, 2018) comme « la dernière grande religion laïque nationale » (Sudir Hazareesingh, 2018). En même temps, l’histoire de Charles de Gaulle comme « le plus illustre des Français » et du gaullisme comme « acquis précieux pour la France » s’explique par la métamorphose du personnage gaullien dans l’imaginaire national français. « Mort comme un saint », l’image du Général de Gaulle acquiert aujourd’hui une dimension « transhistorique » : « sacralisé, icônifié », le personnage gaullien se serait à ce point confondu avec la mémoire collective des Français qu’il en est dépersonnalisé, passant du statut de grande figure historique à celui de mythe politique (Pierre Nora, 2010). Dans ce contexte, notre étude ambitionne de sortir du discours historiographique classique, qui débouche toujours sur la confirmation de l’apport positif du gaullisme à l’histoire de la France - un récit devenu dorénavant vérité historique. Tout en y contribuant, notre thèse propose une approche interdisciplinaire, qui dépasse la lecture purement politique ou historique, pour redécouvrir le gaullisme - par le biais du discours - sous un angle patrimonial : la façon dont il est, d’abord, élaboré, en ayant réussi à concilier les diverses spécificités françaises, parfois contradictoires (comme le mythe du pouvoir incarné et l’attachement aux valeurs républicaines issues de la Révolution) et en ayant été reconnu, préservé, transmis, instrumentalisé et célébré comme « acquis précieux » pour la France, impose une nouvelle conceptualisation du gaullisme comme patrimoine culturel immatériel français (tel que le concept est défini et encadré officiellement dans la Convention de l’UNESCO de 2003). Prenant acte que la mémoire sociale constitue le savoir légitime qui permet aux objets immatériels d’acquérir leur statut de patrimoine, notre thèse s’articule, ainsi, autour de plusieurs versants de cette mémoire agissante. Ceux-ci se fondent dans la mémoire sociale comme vecteurs de la mise en patrimoine du gaullisme en tant qu’ensemble de valeurs, renforçant l’identité nationale, confortant les particularismes français et assurant, en définitive, la continuité historique de la nation française.
Andrada Cretanu, Le gaullisme, thèse soutenue en 2021 sous la direction de Florin Turcanu, membres du jury : Alain Laquièze (Rapp.), Sergiu Mişcoiu (Rapp.), Bernard Lachaise
Défini du point de vue de la Science politique à la fois comme doctrine politico-constitutionnelle, mouvement politique et régime, le gaullisme est historiquement compris en termes d’un « nationalisme apolitique » issu d’une « certaine idée » de la France, caractérisé par l’affirmation prioritaire de la grandeur nationale (Serge Berstein, 2001). Sujet passionnant car lié à la personnalité exceptionnelle de Charles de Gaulle, l’étude du gaullisme n’a pratiquement jamais cessé de progresser. Néanmoins, l’historiographie - dans sa grande majorité -, qu’elle traite du Général de Gaulle, de sa personnalité, de son style, de sa politique ou de sa vision du monde, produit un discours consensuel sur le gaullisme, s’accordant constamment sur le bilan positif de son héritage : pour ceux chargés aujourd’hui d’enseigner l’Histoire, « enseigner de Gaulle, c’est enseigner la France » (Tristan Lecoq, 2018) et « le gaullisme constitue désormais un lieu de mémoire qui participe de l’identité culturelle collective française » (François Audigier, 2018) comme « la dernière grande religion laïque nationale » (Sudir Hazareesingh, 2018). En même temps, l’histoire de Charles de Gaulle comme « le plus illustre des Français » et du gaullisme comme « acquis précieux pour la France » s’explique par la métamorphose du personnage gaullien dans l’imaginaire national français. « Mort comme un saint », l’image du Général de Gaulle acquiert aujourd’hui une dimension « transhistorique » : « sacralisé, icônifié », le personnage gaullien se serait à ce point confondu avec la mémoire collective des Français qu’il en est dépersonnalisé, passant du statut de grande figure historique à celui de mythe politique (Pierre Nora, 2010). Dans ce contexte, notre étude ambitionne de sortir du discours historiographique classique, qui débouche toujours sur la confirmation de l’apport positif du gaullisme à l’histoire de la France - un récit devenu dorénavant vérité historique. Tout en y contribuant, notre thèse propose une approche interdisciplinaire, qui dépasse la lecture purement politique ou historique, pour redécouvrir le gaullisme - par le biais du discours - sous un angle patrimonial : la façon dont il est, d’abord, élaboré, en ayant réussi à concilier les diverses spécificités françaises, parfois contradictoires (comme le mythe du pouvoir incarné et l’attachement aux valeurs républicaines issues de la Révolution) et en ayant été reconnu, préservé, transmis, instrumentalisé et célébré comme « acquis précieux » pour la France, impose une nouvelle conceptualisation du gaullisme comme patrimoine culturel immatériel français (tel que le concept est défini et encadré officiellement dans la Convention de l’UNESCO de 2003). Prenant acte que la mémoire sociale constitue le savoir légitime qui permet aux objets immatériels d’acquérir leur statut de patrimoine, notre thèse s’articule, ainsi, autour de plusieurs versants de cette mémoire agissante. Ceux-ci se fondent dans la mémoire sociale comme vecteurs de la mise en patrimoine du gaullisme en tant qu’ensemble de valeurs, renforçant l’identité nationale, confortant les particularismes français et assurant, en définitive, la continuité historique de la nation française.
Clara-Ioana Mikola, La démocratisation par l’européanisation. Les transformations de la culture politique et du phénomène partisan dans la Roumanie postcommuniste, thèse soutenue en 2019 à Bordeaux sous la direction de Daniel Barbu, membres du jury : Catherine Durandin (Rapp.), Patrick Michel (Rapp.), Jean-Michel De Waele, Antoine Roger et Antonela Capelle-Pogăcean
Le processus d’européanisation invite la Roumanie postcommuniste à redéfinir sa culture politique. Bien qu’inachevé, il provoque la mise en place des mécanismes de rétraction du politique. Le déclin contemporain de la démocratie représentative ainsi que de l’engagement partisan, nous invitent à repenser la relation « démocratie – européanisation ». Tant que les conditions ne sont pas réunies pour une démocratisation de l’Union européenne, elles ne le seront pas pour l’amélioration de l’exercice démocratique des Etats qui la composent. L’implantation d’une culture démocratique en Roumanie est endiguée par le manque de compréhension du Politique, mais aussi par l’entrée en post-démocratie d’une culture dont les racines sont paternalistes et clientélaires. Le passage d’une incompréhension du politique à l’impolitique trace les contours d’une culture qui a du mal à se définir. Avant d’être un régime, la démocratie est une culture des valeurs. Cette étude traite de la démocratie comme culture ainsi que des barrières qui empêchent sa transposition dans la Roumanie postcommuniste. Nous allons interroger la manière roumaine de se construire comme société. L’apport de la sociologie historique et de l’anthropologie à la compréhension de la culture politique postcommuniste roumaine reste non seulement important, mais crucial. Il nous permet de percer les différences de trajectoire des partis Social Démocrate – PSD et National Libéral – PNL suite à l’intégration européenne. Notre travail cherche à regarder la culture politique roumaine en miroir de celle européenne, prenant acte de la difficulté à sortir de soi. Une Roumanie européanisée et démocrate dévient plus fictive que jamais. L’européanisation n’améliore pas la qualité de l’exercice démocratique. Prisonnière de la continuité des élites qui entretiennent un lien étroit avec le passé, la culture politique roumaine parle plus de continuité que de rupture. L’européanisation n’entraîne pas la Roumanie au passage d’un régime communiste à un régime démocratique, mais à celui d’un communisme national à une démocratie nationale. Les cadres politiques postcommunistes restent producteurs d’idéologie à partir de l’imitation du modèle européen pour redonner un sens à l’action politique. Pourtant, chaque instant ne vaut pas l’imitation, mais aussi de la création.
Pauline Soulier, L'instrumentalisation du nationalisme à l'ère post-communiste : Serbie et Biélorussie, thèse soutenue en 2019 à Bordeaux, membres du jury : Stanislav Sretenović (Rapp.), Michel Hastings (Rapp.), Slobodan Milacic et Olga Belova
Au début des années 1990, la Serbie et la Biélorussie n’empruntent pas la voie démocratique. Après une timide amorce de cette transition, les prises de pouvoir par S. Milošević et A. Loukachenka suspendent, pour un temps plus ou moins long, la démocratisation. Outre l’originalité des régimes qu’ils instaurent, ce sont leurs techniques d’accès au pouvoir qui interpellent. Ils ne commettent pas un putsch, mais détournent le processus de démocratisation de la région. Alors que les Etats voisins s’appuient sur le nationalisme et cherchent les originesde la nation pour bâtir des régimes inspirés de l’Occident et débarrassés du communisme, S. Milošević et A. Loukachenka récupèrent cette logique de redéfinition identitaire pour s’opposer à la démocratie avec, au début,le consentement du peuple.Cette recherche vise à comprendre comment ces deux leaders politiques travestissent les idéologies démocratiques et nationalistes, pour mettre en place des régimes anachroniques. Pour cela, nous étudierons d’abord leur définition de la nation et nous chercherons à comprendre, à la lumière de travaux spécialisés, comment est réécrit le roman national (M. Ferro, P. Nora, P. Ricoeur, A.-D. Smith et G.-L. Mosse), et comment sont repensés les fondements protonationaux de la nation (E. Hobsbawm). Nous analyserons ensuite, à l’aide de certains auteurs, la mise en œuvre du mouvement nationaliste (M. Hroch) et la façon dont les deux leaders séduisent le peuple par un discours populiste plus efficace que ceux de leurs concurrents démocrates (P.-A.Taguieff), pour mettre en place, en définitive, les premières démocraties illibérales d’Europe (I. Wallerstein et C. Schmitt).
Sandra Gajic, Le jeu des négociations entre l'Union européenne et la Serbie : les critères politiques (2000-2018), thèse soutenue en 2018 à Bordeaux, membres du jury : Francette Fines (Rapp.), Tanasije Marinković (Rapp.), Sébastien Platon et Nebojsa Vukadinovic
La Serbie n’est certainement pas ce que l’on pourrait désigner comme étant un Etat typique de l’Europe centrale et du Sud-Est. Alliée fidèle de la Russie et de la Chine, elle a subi les plus longues sanctions internationales en Europe et des bombardements de l’OTAN en 1999. Depuis la chute du régime de Milošević en 2000, l’ « enfant terrible » du continent a vocation à adhérer à l’Union européenne, or la tendance n’est clairement pas à l’élargissement. Face aux nombreuses crises (économique, migratoire et démocratique), l’UE parait impuissante à plusieurs égards. Symbole pendant longtemps du développement, de la paix et de la démocratie, elle doit faire face à une perte d’attractivité ces dix dernières années. Toutefois, malgré les doutes de part et d’autre, Bruxelles ne peut pas se permettre de ne pas tendre la main à la Serbie qui a une place centrale dans les Balkans, de par son poids démographique et sa position géostratégique. Le 1er mars 2012, la Serbie a officiellement obtenu son statut de candidat à l’UE. En signant l’accord d’association et de stabilisation, Belgrade s’est engagé à aligner sa législation sur l’acquis communautaire et donc à effectuer de nombreuses réformes. Or, sur fond d’acculturation et de déculturation juridique, des voix s’élèvent contre les réformes en chaîne dans le seul but d’intégrer l’institution européenne. L’un des objectifs de cette thèse est d’éclairer la nature et l’avancée de ces réformes à travers les critères politiques, définis lors du Conseil européen de Copenhague en 1993. Elle étudie les difficultés que la Serbie partage avec tous les Etats du Sud-Est de l’Europe et les difficultés qui lui sont propres, tout en questionnant sur la nécessité et les conséquences de ces changements. L’étude des négociations entre Bruxelles et Belgrade est aussi l’occasion d’apporter un éclairage sur le fonctionnement de l’institution européenne et de constater les limites de l’ambigüité constructive chère à l’UE. Finalement, le comportement de l’Union européenne à l’extérieur de ses frontières est symptomatique de son comportement à l’intérieur.
Vladimir Creţulescu, Les origines du discours identitaire Aroumain-Roumain (1770-1878) : la construction d'une identité nationale, thèse soutenue en 2016 à Bordeaux en co-direction avec Viorel Panaite, membres du jury : Nicolae Păun (Rapp.), Florin Turcanu (Rapp.), Antal Lukacs et Julien Danero Iglesias
Notre recherche doctorale se propose comme objectif d’éclaircir comment s’est développé et structuré le discours identitaire aroumain-roumain (à savoir, celui qui conçoit les aroumains en tant que membres du peuple roumain), dés ses origines à la fin du XVIIIe siècle, jusqu’à l’indépendance roumaine, en 1878.Le discours identitare qui nous préoccupe a ses origines dans les écrits de Teodor Anastasie Cavalioti (1770) et de Daniel le Moscopolitain (1794). Les propos communiqués par Constantin Hagi Gehani à Johann Thunmann donnent au discours identitaire aroumain-roumain la première formulation explicite nous ayant parvenu (1773). Ces propos sont repris et développés dans les ouvrages de Constantin Ucuta (1797), Gheorghe Constantin Roja (1808, 1809) et Mihail Boiagi (1813). Les récits de voyage des voyageurs étrangers ayant traversé les Balkans entre 1800 et 1860 nous révèlent que le discours identitaire aroumain-roumain représente une reconfiguration de l’ethnicité aroumaine, oeuvrée de sorte à mettre cette ethnicité en convergence multisymbolique avec la nationalité roumaine des Daco-Roumains Nord-danubiens. Les revolutionnaires Nord-danubiens de 1848 prennent le discours en question à leur propre compte. Ils conçoivent un plan d’action politique à entreprendre aux Balkans au nom des idées soutenues par ce discours identitaire. Le plan est mis en œuvre par les agents du mouvement aroumain-roumain qui prend son essor en Roumanie après 1859 ; le mouvement emporte son premier succès important en 1878, avec le décret de Savfet Pacha – un document qui institue l’assimilation de l’ethnicité aroumaine – ayant déjà été modelée par le discours aroumain-roumain – à la nationalité roumaine.
Dogba Blaise Ogou, Les évolutions de la règle électorale dans les systèmes politiques transitionnels : les élections législatives en Europe du Sud-Est (1989-2009), thèse soutenue en 2016 à Bordeaux, membres du jury : Marie-Élisabeth Baudoin (Rapp.), Michel Hastings (Rapp.), François Frison-Roche, Slobodan Milacic et Miroslav M. Novak
Le sujet central de cette thèse concerne les évolutions de la règle électorale dans les régimespost-communistes et traite de la contribution de ces évolutions à la démocratisation dessystèmes politiques de l’Europe du Sud-Est, à partir d’un échantillon d’Etats (Albanie,Bulgarie, Macédoine, Roumanie et Serbie-Monténégro). La transition démocratique et lechangement de régime impliquent la construction d’une nouvelle légitimité politique. Cettelégitimité passe par les élections qui sont au coeur de la démocratie. Ce travail cherche àcomprendre comment sont choisies les règles régissant ces élections. Le choix du systèmeélectoral est, dans une grande mesure, la conséquence de plusieurs processus. L’accent mis surles facteurs déterminants de l’adoption et de la réforme électorale permet de comprendre lesmotivations et les objectifs des évolutions de la règle électorale en Europe post-communiste.L’étude de la législation réformée et l’analyse du comportement des acteurs électorauxpermettent de constater que les leaders politiques ont très souvent contourné le sensdémocratique de la norme électorale. Dans cet échantillon d’Etats, les évolutions de la règleélectorale ont eu des conséquences relatives sur le nombre des partis politiques représentés auParlement. Le changement de régime a favorisé l’alternance des majorités électorales etparlementaires. Cette alternance démontre que les principes démocratiques des électionscontribuent à la stabilisation démocratique, même si le contexte et les enjeux politiques propresà cette région favorisent une relative instabilité des majorités parlementaires etgouvernementales.
Dorin Dan Lazea, Souveraineté des états et intégration européenne : le cas des balkans, thèse soutenue en 2013 à Bordeaux 4 en co-direction avec Nicolae Păun, membres du jury : Vukašin Pavlović (Rapp.), Ovidiu Pecican (Rapp.), Pierre Sadran (Rapp.), Marius Jucan
Afin de circonscrire l'objet de recherche proposée, quelques éclaircissements sur les confins historiques et géographiques du sujet étudié sont nécessaires.Du point de vue historique, la période concernée commence à la fin des années 80, avec la chute du communisme, qui est pratiquement le moment à partir duquel est posée la question de la réintégration européenne des États de la région. Cependant, il conviendra de faire quelques investigations dans l'histoire du 20ème siècle, voire même auparavant, afin de comprendre certaines caractéristiques de la région. Par exemple, la problématique du Kosovo ne peut être comprise sans connaître son passé et la valeur symbolique de cette région considérée par les Serbes comme leur berceau historique.Du point de vue géographique, la carte politique des Balkans est controversée. Toutefois, si l’on considère le Danube comme la limite nordique de la région, certains pays ont leur territoire tout entier inclus dans la région balkanique (cas de l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Macédoine, le Monténégro, la Grèce). Mais, il y en a d’autres dont le territoire - soit en entier, soit une partie - se trouve au nord du Danube (tels la Croatie, la Roumanie, la Serbie, la Slovénie) ou même en dehors de l’Europe (la Turquie). Pour délimiter plus clairement les pays qui feront l’objet de cette recherche, on utilisera comme critère de démarcation l'histoire de l'intégration européenne des vingt dernières années. Ainsi la Grèce, bien que membre de l’UE depuis 1989, fera-t-elle aussi l’objet de cette recherche du fait de la pertinence, pour la future politique de conditionnalité, du cas de suspension de l’accord, décidée par la CEE à l’époque du Régime des Colonels. Dans ces conditions, les pays concernés de façon collatérale par cette recherche recouvrent toutes les étapes possibles de l’intégration :- des Etats qui sont déjà membres de l’UE, tels la Slovénie (depuis 2004), la Bulgarie et la Roumanie (depuis 2007) et la Croatie (à partir de 2013);- des Etats auxquels l’UE a accordé le statut officiel d’Etat-candidat, tels la Macédoine, le Monténégro, la Turquie et la Serbie;- des Etats bénéficiant du statut d’Etat-candidat potentiel, tels l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo
Dorina Maria Ofrim, La Roumanie postcommuniste au prisme des théories de la transition démocratique, thèse soutenue en 2012 à Bordeaux 4, membres du jury : Jean-Claude Colliard (Rapp.), Stephen Launay (Rapp.)
Le sujet central de la thèse concerne la Roumanie postcommuniste, dont la transition est analysée àla lumière des théories de la transition démocratique. Prise dans la vague des transitionsdémocratiques qu’ont connues les pays de l’Europe Centrale et Orientale après 1989, la Roumanieest le seul pays qui a vécu un changement violent de régime ; elle est aussi celui qui a connu latransition démocratique la plus longue et la plus sinueuse de la région. La thèse présente unetypologie générale des théories de la transition démocratique, élaborées avant et après 1989. Lespremières tentent de dégager les facteurs de transition, avec des approches centrées, soit sur lesstructures, soit sur les acteurs. Les secondes insistent sur les facteurs d'incertitude propres à toutetransition et aussi sur les choix rationnels des acteurs. La confrontation du cas roumain auxthéories de la transition constitue un test de validité des différentes approches et souligne, en toutehypothèse, les spécificités de l'itinéraire suivi par la Roumanie pour sortir du régime communiste.La thèse, qui éclaire à la fois la genèse et le cheminement complexe de la transition roumaine,souligne les limites des théories de la transition démocratique, celles d'avant 1989 comme cellesd'après 1989, dans l'explication du processus transitionnel roumain, démontrant par là lacomplexité du cas roumain.
Mihaela Irène Costelian, Mythes et images du leader postcommuniste – Le cas roumain, thèse soutenue en 2011 à Bordeaux 4, membres du jury : Philippe Braud (Rapp.), Michel Hastings (Rapp.), Cristian Preda
L’avènement de la démocratie de type libérale a entraîné un reconditionnement des mythes et images du leader politique, en Roumanie. Les événements de 1989 ont entraîné un besoin endémique de créer une nouvelle scène et un véritable imagier des figures politiques roumaines. Cependant, la communication des leaders politiques postcommunistes est soumise à l’héritage de leur passé communiste et des traces laissée par Nicolae Ceausescu dans l’imaginaire collectif. Tributaire de ce lourd héritage, les leaders politiques roumains répondent à un mécanisme qui semble contradictoire au premier abord : ces leaders construisent le terrain politique de la Roumanie contemporaine en même temps qu’ils se construisent eux-mêmes. En cela, ils sont le produit d’une société dont ils semblent être, eux-mêmes, les architectes. Cette double participation à la vie du pays rend donc le cas des leaders politiques roumain très particulier. Toutefois, l’instrumentalisation des mythes et des images permet aux représentants politiques de forger l’archétype du leader démocrate roumain et contribuent à la construction d’un espace politique stable en Europe Centrale et Orientale.
Snejana Druţă Sulima, La construction du système électoral en République de Moldavie , thèse soutenue en 2010 à Bordeaux 4 sous la direction de Alexandru Arseni
Le sujet central de la thèse concerne la réforme électorale dans la République de Moldavie et traite de la contribution de cette réforme à la démocratisation du système politique dans un Etat postsoviétique. La nouvelle législation électorale moldave est décryptée au regard des principes européens dans ce domaine. L’étude de la législation réformée et l’analyse du comportement des acteurs électoraux à travers les deux premières décennies post-totalitaires permettent de constater que, malgré une base formelle plus ou moins uniforme, les leaders politiques moldaves ont très souvent contourné le sens démocratique de la norme électorale. En Moldavie, une des conséquences de la transition économique particulièrement lourde a été la stagnation de la démocratisation politique. L’arrivée au pouvoir d’un parti des communistes, cette fois par voie d’élections démocratiques, a eu des répercussions négatives sur l’image de la Moldavie à l’extérieur, mais surtout en politique intérieure. Les « nouveaux » communistes ont réactivé les pratiques de gouvernement autoritaire et ont utilisé toutes les ressources administratives et médiatiques pour écarter l’opposition et conserver le pouvoir. L’alternance au pouvoir est un critère d’appréciation, parmi d’autres, de la démocratie dans un régime politique. En Moldavie, après huit années de gouvernement communiste, l’alternance s’est finalement produite, également par voie électorale, en 2009. Ce qui démontre que les principes démocratiques des élections, une fois introduits dans le droit positif, peuvent contribuer à la stabilisation démocratique dans un régime post-totalitaire.
Patricia Parot, L'institution présidentielle en période de cohabitation, thèse soutenue en 2005 à Bordeaux 4
De manière générale, la cohabitation provoque un affaiblissement relatif du rôle de l'institution présidentielle et génère une résurrection des compétences constitutionnelles du Premier Ministre. Le Président perd la force que lui procurait l'usage de sa fonction, mais il tire de cette situation une prééminence politique. Face à une perte de tous les soutiens politiques, devant la formalisation de ses compétences, il reste au Président l'usage de l'équation personnelle et institutionnelle. La cohabitation a des effets sur l'image dégagée par le Président-cohabitant, cette représentation collective étant elle-même tributaire de ses nouvelles compétences. L'institution présidentielle prend conscience du caractère stratégique de la période et gère à son profit cette nouvelle image. Le Chef de l'État trouve dans sa position de Président cohabitant les ressources nécessaires pour retrouver un nouveau positionnement dans l'architecture du système politique français. D'un point de vue politique, le Président devient le leader de l'opposition et utilise son nouveau registre de compétences dans l'unique but d'arriver à ses fins. La cohabitation fait ressortir le paradoxe de le fonction présidentielle. Le Président se retrouve esseulé sur la scène politique, mais il trans forme cette faiblesse en une force.
Luigi Gatti, Idéologie et déconstruction de l'Etat , thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Daniel Bourmaud
La littérature scientifique associe communément l’idéologie à la construction d’un groupe, d’une société, d’un régime. Ici, il s’agit d’expliquer comment une idéologie, projetant de bâtir une Yougoslavie communiste et indépendante, cause la chute du régime et la dislocation de la fédération yougoslave. Un examen minutieux de la doctrine ainsi que de la pratique politique issues de l’idéologie yougoslaviste met en exergue les contradictions à l’origine de l’échec yougoslave. Reconsidérer l’autonomie des acteurs politiques et de leurs idées offre de rendre pleinement intelligible l’impasse du modèle yougoslave.
Ardijan Sainovic, Acteurs locaux et acteurs internationaux dans la construction de l’Etat. : Une approche interactionniste du cas du Kosovo, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux sous la direction de Daniel C. Bach, membres du jury : Franck Petiteville (Rapp.), Nathalie Duclos (Rapp.), Brigitte Vassort-Rousset et Gilles Bertrand
Comment les intervenants internationaux peuvent-ils (re)construire des institutions légitimes après un conflit intra-étatique ? En d’autres termes, quels facteurs déterminent le résultat du statebuilding post-conflit ? D’un côté, l’approche dominante, dite « technique », soutient que des ressources significatives (financières, humaines, politiques) permettent aux intervenants internationaux de construire les institutions voulues. Au Kosovo, les acteurs internationaux ont établi une administration internationale dotée de pouvoirs exécutifs et des ressources étendues et maintenues tout au long du processus. Or, le bilan du statebuilding est mitigé. D’un autre côté, le paradigme de la « paix libérale » affirme que la libéralisation (politique et économique) contribue au résultat limité des opérations post-conflit car elle est mal appliquée, illégitime voir dangereuse pour les sociétés sortant de conflits violents. Cette approche néglige aussi bien les facteurs internes que les variations dans les intentions internationales et se base, comme l’approche technique, sur un postulat implicite (erroné) de l’asymétrie porteuse de rapports de pouvoir qui favoriseraient les intervenants internationaux. En conséquence, ces approches ignorent la manière dont les acteurs locaux peuvent résister aux normes et objectifs internationaux.Pour expliquer les variations du résultat du statebuilding international, nous proposons un modèle théorique alternatif en modélisant une approche multicausale et séquentielle d’un jeu à deux niveaux. Notre thèse est la suivante. Les variations dans l’issue du statebuilding sont fonction des interactions stratégiques, elles-mêmes déterminées par les changements dans les préférences et les relations de puissance entre les intervenants internationaux et les élites politiques locales. Le statebuilding est étudié comme un processus interactif, mettant en relation potentiellement trois acteurs clés qui dominent le paysage politique post-conflit. Dans ces conditions, le statebuilding est un succès uniquement si les réformes internationales ne menacent pas le pouvoir politique des élites locales – pouvoir qui s’appuie sur deux piliers, le nationalisme et les pratiques informelles – et que les acteurs internationaux ont mobilisé suffisamment de ressources pour amener les élites locales à adopter et appliquer les réformes désirées.Or, le cas du Kosovo montre que les préférences des acteurs ne s’alignent que très rarement. Le statebuilding international a été instrumentalisé et miné par les préférences divergentes et contradictoires entre les principaux acteurs clés. Les acteurs internationaux ont voulu créer un Etat démocratique et multinational, mais ont privilégié la stabilité car ils ont été confrontés à des élites politiques locales – kosovar-albanaises et kosovar-serbes – préoccupées par le pouvoir et la domination de leur groupe sur autrui et par le maintien du leadership à l’intérieur de leur propre groupe. Entraînant ainsi une multiplication des autorités et à une fragmentation de la légitimité : deux systèmes politiques et sociaux persistent et empêchent la cohésion et le caractère multinational de l’Etat. L’intervention de l’UE a permis de changer le jeu en contribuant à apaiser la situation sur le terrain. Mais des tensions persistent, confortant le compromis.
Luigi Gatti, Idéologie et déconstruction de l'Etat, thèse soutenue en 2017 sous la direction de Daniel Bourmaud, membres du jury : Michel Hastings (Rapp.), Hubert Peres (Rapp.), Tanasije Marinković
La littérature scientifique associe communément l’idéologie à la construction d’un groupe, d’une société, d’un régime. Ici, il s’agit d’expliquer comment une idéologie, projetant de bâtir une Yougoslavie communiste et indépendante, cause la chute du régime et la dislocation de la fédération yougoslave. Un examen minutieux de la doctrine ainsi que de la pratique politique issues de l’idéologie yougoslaviste met en exergue les contradictions à l’origine de l’échec yougoslave. Reconsidérer l’autonomie des acteurs politiques et de leurs idées offre de rendre pleinement intelligible l’impasse du modèle yougoslave.
Gilbert Dzassabi, Les problèmes de sécurité en République démocratique du Congo (RDC) , thèse soutenue en 2005 à Bordeaux 4 sous la direction de Pierre Sadran
Pourquoi la République démocratique du Congo (RDC), depuis son indépendance jusqu'à ce jour, se trouve dans un état de guerre permanente? Notre étude sur cette crise congolaise, l'une des plus grave que connaît la planète en ce début du XXIème siècle, tente de comprendre les causes et les significations de sa pérennisation. La faillite de l'Etat congolais a conduit à l'invasion, à l'occupation et au pillage de ses ressources naturelles par différents types d'acteurs (étatiques et individuels, nationaux et étrangers). Cette recherche a pour ambition de mettre en lumière les principales dynamiques contradictoires qui n'ont pas permis particulièrement à deux systèmes politico-militaires de pouvoir, "mobutiste" et "kabiliste", alliés des mafias internationales, de créer les conditions d'émergence d'un véritable Etat autonome dans lequel se reconnaît la population. L'Etat post-colonial est, de manière récurrente, producteur d'un conflit de type armé qui s'est aujourd'hui internationalisé. Toute tentative de solution à cette crise permanente se doit de tenir compte à la fois des éléments internes et externes. Sans la prise en compte de cette approche globale, la RDC, déjà avec un chiffre de près de quatre (4) millions de morts (souce ONU), court simplement le risque de fragmentation spatiale et de récupération par des Organisations criminelles internationales. Ce défi à relever exige une réelle volonté politique de la part de tous les acteurs tant nationaux qu'étrangers pour asseoir une paix efficace et durable, en vue de sortir la République de cette épreuve difficile.
Antoine Roger, La dynamique du nationalisme roumain, années 1790-années 1990 , thèse soutenue en 2000 à Bordeaux 4 sous la direction de Daniel-Louis Seiler
Nous cherchons a comprendre pourquoi l'exaltation de la nation et la glorification de la paysannerie s'enchevetrent en roumanie. Nous proposons de caracteriser les variations de cet enchevetrement dans l'espace (dans les grandes provinces roumaines) et dans le temps (depuis la fin du xviiie siecle jusqu'a nos jours). Nous adoptons a cet effet une demarche constructiviste. Nous convoquons les grandes theories du nationalisme et de la mobilisation paysanne ; nous les amendons et en les articulons entre-elles. Les crispations identitaires ne peuvent a nos yeux etre expliquees par un affrontement entre populations majoritaires et minorites nationales. Elles sont a mettre en rapport avec la formation de systemes de dependance. Lorsqu'une collectivite se trouve placee dans une situation peripherique au plan international, elle est exploitee par un centre dominateur. En son sein, des groupes determines se soulevent contre cette exploitation. Ils sont les fers de lance d'un mouvement nationaliste. La paysannerie de la peripherie est elle aussi perturbee par les transformations qu'impulse le ; centre. Les nationalistes font en sorte qu'elle appuie leur propos. Leurs methodes varient selon la forme du systeme de dependance. Le modele ainsi concu peut servir a expliquer le croisement des referents nationaux et des referents paysans en cinq configurations. La moldavie et la valachie sont indirectement exploitees par l'empire habsbourg jusqu'en 1921. La transylvanie est directement soumise a vienne durant la meme periode. Dans l'entredeux-guerres, la roumanie entre dans l'orbite du centre allemand. Elle est ensuite placee sous le joug du centre sovietique. Un systeme de dependance plus lache l'englobe depuis 1990; il est pilote par les crediteurs internationaux. En marquant les points d'adhesion et les ecarts entre theorie et observations empiriques, nous pouvons comprendre que la trajectoire du nationalisme roumain n'est ni lineaire ni erratique.
Xavier Pareille, Politiques de Walter Bagehot, thèse soutenue en 1998 à Bordeaux 4 sous la direction de Jean-Louis Martres
Banquier, directeur du journal "The Economist", économiste, politologue, critique littéraire, historien des sociétés, philosophe des sciences, Walter Bagehot (1826-1877) nous laisse "à ronger" une vie, une six centaine d'articles et quatre ouvrages. Dans "La constitution anglaise" (1867), Bagehot décrit son pays comme une "République déguisée". Parmi les premiers, il réduit le monarque à son pouvoir symbolique - mais ô combien nécessaire ! -. Seuls décident le cabinet et son chef. Dans "Les lois scientifiques du développement des nations" (1872), Bagehot est l'un des premiers à oser adapter les récentes idées de Darwin à l'évolution des sociétés. Voyage-t-il ainsi dans le temps de l'homme préhistorique au victorien. Dans "Lombard street" (1873), Bagehot nous dit tout sur la "city" de Londres et ses principaux acteurs qui dominaient alors le monde, construisant au passage - parmi les premiers - la théorie de la banque centrale. Dans "Economic studies", œuvre posthume (1877), Bagehot affirme toujours plus ses ambitions "fonctionnalistes et systématiques" avant de se pencher sur Smith, Malthus, Ricardo et Mill. Voir en Bagehot un penseur "fonctionnaliste et systématique" n'était pas monnaie courante quand nous entamâmes cette thèse. Notre objectif dès lors fut de hisser ce Bagehot-là – marginal - au niveau du Bagehot dominant - le touche-à-tout génial -. à côté du Bagehot écrivant sur tout, libre-échangiste mais parfois interventionniste, libéral mais parfois en désaccord avec Gladstone (qu'il conseillait) (première partie), il y a un Bagehot qui s'inscrit dans la longue lignée des "sociologues" de la politique, tels Aristote, Hume, Montesquieu, Burke, Weber ou Popper (deuxième partie), un Bagehot dont le darwinisme cautionne plus la "neutralité axiologique" et les "sociétés ouvertes" que les fascismes ou le "capitalisme sauvage". La "vérité" sur Bagehot se situe sans doute entre les deux lectures égalisées tant la "vérité scientifique" est "conflictuelle", nous rappelle Jean-Louis Seurin.