Où en est le Nouvel ordre économique international à l’ONU ?

Appel à contribution

Où en est le Nouvel ordre économique international à l’ONU ?

L'Observateur des Nations Unies, n°58 (2025-1)

Date limite le mardi 31 déc. 2024

  1. Il y a 50 ans, un Nouvel ordre économique international fut proclamé à l'Organisation des Nations Unies (ONU). L'Assemblée générale a adopté par deux résolutions du 1er mai 1974 une Déclaration concernant l'instauration d'un Nouvel ordre économique international (NOEI) ainsi qu'un Programme d'action concernant l'instauration d'un NOEI. L'objectif poursuivi était la mise en œuvre d'une « nouvelle donne » qui serait plus favorable aux pays en développement. Ces derniers sont en quête de la correction du système international en vigueur, qualifié d'inégalitaire pour deux D'abord, il aurait été à l'origine des écarts de richesse entre les Etats du Nord et les Etats du Sud. En outre, il entretenait un rapport de domination des uns à l'égard des autres et, par conséquent, un état de dépendance des derniers. Ce projet est marqué par son empreinte décoloniale, ce qui n'est pas surprenant car l'impulsion avait été donnée lors de la conférence d'Alger de 1973 réunissant les représentants des pays non-alignés. Pourtant, les pays du tiers-monde ont tenu à associer les pays développés à la démarche, et le texte des résolutions exprime clairement que les efforts de tous sont requis pour assurer « dans la paix et la justice aux générations présentes et futures un développement économique et social qui ira en s'accélérant » (A/RES/3201(S-VI)).

 

  1. Or, l'ONU se voit attribuer une charge supplémentaire. Une fonction lui est reconnue, en tant qu' « organisation universelle », de « traiter les problèmes de coopération économique internationale dans une optique d'ensemble, en protégeant les intérêts de tous les pays », et par conséquent « [e]lle doit jouer un rôle encore plus grand dans l'établissement d'un nouvel ordre économique international » (A/RES/3201(S-VI), précité). Pourtant, si des progrès sont notables du point de vue de la croissance et d'un relatif développement économique, il ne peut être affirmé aujourd'hui que la société internationale est parvenue à permettre « à tous les peuples d'accéder à une existence compatible avec la dignité de la personne humaine ». L'ONU a-t-elle failli à sa mission d'œuvrer à la consolidation d'un Nouvel ordre économique international ?

 

  1. De nombreux universitaires considèrent qu'il s'agit d'une entreprise avortée. A cet égard, un auteur spécialiste de la question du développement en droit international estime que le NOEI « est quant à lui défunt, ou presque » (E. SERRURIER). La fin du millénaire et le passage

 

au XXIe siècle a démontré un essoufflement certain de la dynamique, dont le bilan reste, sans aucun doute, modeste. Néanmoins, en 2008 et 2009, dans un contexte de crise financière mondiale, un retour à la rhétorique du NOEI a pu être constaté, donnant lieu à une apparente remobilisation des forces. De plus, le « G77 + Chine » présente des projets récurrents de résolution ravivant le NOEI dans le cadre de l'action de la Deuxième commission de l'Assemblée générale sur le thème de la « Mondialisation et l'interdépendance »., L'Assemblée générale adopte des résolutions à fréquence régulière pour rappeler l'importance de cette initiative et des principes qui en découlent, qui sont d'ailleurs « ODD-compatibles ». Ce fut le cas le 22 novembre dernier. Ces textes sont l'occasion d'alerter sur l'émergence de défis conjoncturels qui menacent la pérennisation de ce NOEI et les attentes qui pèsent sur ses retombées : crises financières, changements climatiques, pandémie, conflictualité de haute intensité, pauvreté persistante... Le Secrétaire général de l'ONU a livré, en 2024, un rapport très riche sur l'actualité du NOEI et aborde lui aussi ces obstacles.

 

  1. Un demi-siècle s'est écoulé depuis l'annonce du En essayant de prendre de la hauteur sur le phénomène il semble que trois orientations peuvent guider les réflexions autour de ce sujet. D'abord, plusieurs préoccupations d'alors pouvant sembler datées persistent pourtant aujourd'hui si bien qu'elles appellent des propositions de solutions nouvelles, à l'instar de l'exploitation des ressources naturelles. En outre, les textes adoptés au service de ce mouvement, ainsi que la Déclaration des droits et des devoirs économiques des Etats, sont annonciateurs de questions d'avant-garde. On peut y voir une déclaration prédictive, qui justifie qu'une étude soit conduite de nos jours. Il peut être fait référence ici au gaspillage alimentaire et au risque de raréfaction des denrées alimentaires : un danger pour l'humanité. Enfin, une adaptation aux enjeux du moment pourrait être intéressante : la lutte contre la domination d'un genre voire le concept d'« apartheid de genre » sont-ils dans le prolongement de l'engagement du NOEI pour l'émancipation et la libération de toutes les formes d'asservissement ?

 

  1. Le numéro 58 de l'Observateur des Nations Unies se propose de répondre à la question « Où en est le Nouvel ordre économique international à l'ONU ? » en retenant un angle d'approche dans le domaine juridique – droit international public et/ou droit international économique –, avec la possibilité de s'appuyer sur le champ des relations internationales au sens large, incluant notamment les Development Studies, les Third-World Studies, Queer ou Feminist Approaches to International Relations, entre

 

  1. Quelques suggestions de thèmes susceptibles d'être étudiés à cette occasion (liste non limitative) :
  • L'accompagnement de l'ONU dans la transition des économies des PED vers la durabilité.
  • La contemporanéité du principe de souveraineté permanente sur les ressources naturelles (par exemple dans l'avis consultatif de la CIJ du 19 juillet 2024 sur le Territoire palestinien occupé).
  • Conflictualité internationale, ressources naturelles et développement.
  • Les réformes des institutions financières et bancaires internationales : quelles avancées ?
  • Les objectifs de développement durable (ODD) contribuent-ils à la réduction des inégalités ?
  • Protectionnisme et développement : le repli des grandes puissances sur elles-mêmes incarne-t-il un défi ?
  • Combler le fossé numérique entre les Etats du Nord et les Etats du Sud à l'heure de l'essor de l'intelligence
  • Les reconfigurations de l'ordre économique international : BRICS+, Belt and Road Initiative...
  • La justice sociale, enfin au cœur des nouvelles stratégies de développement ?
  • Equité et développement en matière de libéralisation des échanges et des investissements.
  • Droit au développement des populations
  • Assistance technique « Suds – Suds ».
  • Traitements préférentiels, régimes dérogatoires, responsabilités communes mais différenciées...
  • L'ONU et l'accès des filles, des femmes et des « nouvelles » identités de genre au développement.

 

  1. Le débat étant « ouvert », les auteurs restent tout à fait libres de démontrer dans quelle mesure le NOEI ne serait pas utile ou dénué de pertinence pour parvenir à un monde plus équitable et plus

 

Nous vous invitons à soumettre vos propositions de contribution jusqu'au 31 décembre 2024 à l'adresse suivante : obsnu58@gmail.com. Tout document devra être envoyé sous format .doc et faire deux pages maximums. Nous reprendrons contact avec vous le 13 janvier 2025 au plus tard, après sélection des contributions par le comité scientifique de la revue.

Les travaux, en version française ou anglaise (entre 10 000 et 14 000 mots, comprenant les notes de bas de page), devront être remis le 31 mars 2025 au plus tard. Suivant les retours du comité de rédaction, des corrections pourront être demandées. La publication du numéro est prévue pour la fin du mois de juin 2025.

Lyna MAAZIZ, Responsable du volume
Enseignante-chercheure contractuelle à l'Université Panthéon-Assas, résidente à l'Université Galatasaray