Charlotte Beaucillon

Professeur
Droit public.
Faculté de Droit

Marchés, Institutions, Libertés
ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Wusuntokewo Zigane, Les sanctions internationales, le droit international humanitaire et l'action humanitaire, thèse en cours depuis 2022  

    Dans sa décision du 2 octobre 1995 relative à l'affaire PROCUREUR. C/. DUSKO TADIC, le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie définit le conflit armé comme étant le recours à la force armée entre plusieurs Etats ou entre les autorités gouvernementales et des groupes armés organisés ou entre de tels groupes au sein d'un Etat. Régulés par le droit international humanitaire, les conflits armés constituent une menace, voire une rupture à la paix et à la sécurité internationales. Durant les périodes de conflits armés, les sanctions internationales ont traditionnellement constitué l'alternative privilégiée au recours à la force armée, l'objectif étant le rétablissement de la paix. Nonobstant, elles sont aujourd'hui couramment utilisées en temps de paix. Si elles ne font l'objet d'aucune définition conceptuelle ancrée en droit international, elles s'assimilent à des mesures coercitives non-armées adoptées unilatéralement par un Etat ou une Organisation Internationale à l'encontre d'un Etat, d'un groupe d'Etats ou d'un ou plusieurs acteurs non-étatiques, dont le comportement serait constitutif d'une violation des normes internationales. L'objectif est de contraindre l'entité visée à respecter ses obligations internationales. Toutefois, la pratique des sanctions a prouvé que l'exécution des sanctions internationales pouvait produire des effets secondaires sur des tiers, notamment les populations civiles des Etats ciblés. Ces effets ont des conséquences alarmantes au regard des droits fondamentaux des populations. Cela conduit par conséquent à s'interroger sur l'efficacité des sanctions, tant au regard du respect des droits fondamentaux qu'au regard de l'évolution des conflits armés vers une fin des combats. La thèse vise alors à traiter des questions inhérentes à la problématique de l'adoption, de l'application et de la mise en œuvre des sanctions à l'aune du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Au-delà, face aux constatations des effets secondaires des sanctions internationales, il sera opportun d'analyser le développement du cadre juridique des sanctions afin de permettre aux différents acteurs de mieux prendre en compte les considérations humanitaires qui sous-tendent les régimes des sanctions internationales.

    Anne-laure Baulieu, Les enfants associés aux groupes terroristes sous le prisme du droit international, thèse en cours depuis 2020  

    Alors que le droit applicable aux enfants associés aux groupes terroriste relève en théorie du droit international des droits de l'Homme, du droit international humanitaire et du droit international pénal, le droit international de la sécurité collective est devenu le droit applicable. Ma thèse de doctorat a pour but d'étudier la question de savoir dans quelle mesure un changement de paradigme a eu lieu et comment concilier la protection des droits des enfants associés aux groupes terroristes avec le maintien de la paix et de la sécurité internationales dans le cadre juridique existant.

    Mary Lambard, La soumission des entreprises multinationales au droit international public, thèse en cours depuis 2019  

    Depuis les années 70, les activités transnationales des entreprises multinationales n'ont cessé de se développer, entrainant des difficultés certaines quant à leur régulation par les Etats et les organisations internationales. L'incertitude relative au statut des entreprises multinationales en tant que sujet du droit international n'a pas freiné l'adoption de divers accords internationaux et la consécration de normes de soft law qu'il conviendra de détailler avant d'en distinguer la nature et la portée, selon qu'elles s'imposent aux entreprises directement et/ou par le truchement de mécanismes privés de réception et de ré-interprétation. La complexité de la structure des entreprises multinationales ainsi que la profusion des normes internationales destinées à en encadrer les activités pose ensuite la question de la capacité des Etats et des organisations internationales à imposer leur respect aux entreprises multinationales. Aux côtés des mécanismes nationaux et internationaux d'exécution du droit, des mécanismes privés d'exécution – ou de mise en conformité – ont également vu le jour. Ils permettent aux entreprises d'organiser leur propre soumission au droit international d'une part, et de jouer le rôle d'auxiliaire pour imposer le respect de certaines normes aux entreprises avec lesquelles elles sont en relation d'affaire d'autre part. Il s'agira d'analyser ces techniques privées d'exécution du droit international pour en comprendre les enjeux. Parmi eux, se trouve celui de l'émergence d'une normativité d'origine privée, qui serait générée dans le cadre des mécanismes de conformité. Par exemple, afin d'éviter d'être sanctionnées, les entreprises multinationales procèdent à une surenchère de normes et de standards dans des domaines très variés, par exemple en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE). Dans le cadre des mécanismes privés de conformité, droit dur et droit mou, droit imposé et droit volontaire s'agrègent au sein de processus forgés sur une logique entrepreneuriale et non juridique. Le recours aux théories libérales du droit international permettra d'interroger l'impact de ces mécanismes privés sur le développement progressif du droit.

    Ludivine Luc, La contrainte non armée en droit international public, thèse en cours depuis 2019  

    La présente thèse vise à appréhender le concept de contrainte, en se concentrant sur ses aspects non militaires, au prisme du droit international public. L'acception traditionnellement admise du concept de contrainte en droit international général consiste à l'appréhender comme un instrument de l'intervention illicite violant le principe coutumier de non-ingérence dans les affaires qui relèvent de la compétence nationale des États. La thèse vise à démontrer que la contrainte non armée est un objet du droit international public, qui fait l'objet d'un régime juridique éclaté dans plusieurs règles éparses. En conséquence, il s'agit de repenser la contrainte non armée, de manière à apporter une nouvelle grille du lecture juridique pour éclairer le concept de contrainte non armée.

  • Marjolaine Abada-Fasquelle, L'application extraterritoriale des sanctions économiques dans le commerce international, thèse soutenue en 2024 à Paris 1 sous la direction de Mathias Audit, membres du jury : Caroline Kleiner (Rapp.), Régis Bismuth et Louis d' Avout  

    La problématique des sanctions économiques extraterritoriales a pris une ampleur particulière depuis l’amende transactionnelle record versée par BNP Paribas pour violation des programmes de sanctions américains. En effet, avec cette affaire, l’extraterritorialité des sanctions économiques est devenue non seulement un sujet encore plus prégnant de la doctrine juridique, en particulier internationaliste, mais aussi un véritable enjeu économique et politique. Or de nombreuses incertitudes entourent le régime juridique des sanctions économiques extraterritoriales, que ce soit dans l’ordre international ou dans l’ordre interne. Cette étude a pour ambition d’apporter des réponses aux différentes questions soulevées par les sanctions économiques extraterritoriales, en mêlant droit positif et prospectif afin de préciser l’état de l’art, mais aussi d’ouvrir certaines pistes de réflexion. À travers une approche à la fois comparative et pluridisciplinaire, le sujet sera abordé sous deux angles : d’un côté, la licéité de l’application extraterritoriale des sanctions économiques et, de l’autre, l’impact de ces dernières sur le commerce international. Plus concrètement, l’étude repose sur une progression dans l’analyse qui consiste, après avoir défini les concepts, à étudier la licéité des sanctions économiques extraterritoriales, puis à mettre en lumière l’impact d’une telle pratique sur les opérateurs économiques et, enfin, à détailler les différentes solutions qui ont pu être proposées pour contrecarrer cette pratique et les effets qui lui sont associés. Cela étant, l’agression de l’Ukraine par la Russie a considérablement influé sur la teneur des débats. Ainsi, bien que l’UE n’ait pas officiellement changé de position vis-à-vis des sanctions extraterritoriales des États-Unis – qu’elle considère traditionnellement comme illicites au regard du droit international public –, elle a commencé elle-même à recourir à des mesures dont la portée pourrait être apparentée, mutatis mutandis, à de l’extraterritorialité. Dans ce contexte, cette étude entend donc finalement faire la jonction entre la perception des sanctions extraterritoriales ayant prévalu pendant plusieurs décennies et le changement de paradigme qui est en train de s’opérer.

    Julien Roger, La sûreté au sein de l'espace ferroviaire unique européen, thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Muriel Ubeda-Saillard, membres du jury : Loïc Grard (Rapp.), Stéphane de La Rosa (Rapp.)      

    La présente thèse poursuit l’objectif de placer la sûreté ferroviaire au cœur de plusieurs notions importantes du droit telles que la souveraineté nationale, l’ordre public ou encore l’intégration du droit de l’Union européenne. Dans un contexte marqué par plusieurs atteintes à la sécurité nationale, la question de la balance entre sécurité et liberté se pose et l’existence de modèles différents de sûreté selon les États et selon les modes de transport mène à s’interroger sur la pertinence et l’opportunité de créer un modèle de sûreté ferroviaire inspiré des différentes pratiques existantes. Les particularités du transport ferroviaire induisent la mise en œuvre d’un régime de sûreté spécifique dont la portée reste aujourd’hui nationale. Ainsi, ces travaux tendent à placer la sûreté ferroviaire à l’échelle de l’Union européenne afin de comprendre s’il est possible et pertinent d’appréhender ce sujet au niveau européen.

    Yeriche Gorizian, La quête de justice en faveur des victimes de crimes contre l’humanité en droit international pénal, thèse soutenue en 2020 à Lyon sous la direction de Maurice Gaillard, membres du jury : Édith Jaillardon, Jean-Pierre Massias et Jean-Baptiste Racine    

    Le crime contre l’humanité, considéré comme international par nature, a précipité la création du droit international pénal. Fruit de la volonté des sujets du droit international, la pénalisation du droit international vise à protéger des abstractions telles que la communauté internationale, l’humanité, les populations civiles ou encore des groupes spécifiques. Elle n’a, dans un premier temps, pas créé un droit à la justice pour les victimes individuelles de crimes contre l’humanité. Les victimes de ces crimes présentent la particularité d’être déshumanisées, nombreuses et privées de la protection de leur État. L’ambition de restaurer les victimes dans leurs droits est une tâche d’autant plus difficile que le droit international pénal a pour fonction première de réprimer les criminels. C’est la CPI qui établira le régime juridique le plus favorable aux victimes en leur permettant d’obtenir un statut juridique. Allant au-delà de la simple présence symbolique au procès, ce statut confère des droits procéduraux spécifiques à la qualité de victime. Désormais, les victimes, en plus de faire l’objet d’une reconnaissance, peuvent aussi contribuer, grâce à certains droits procéduraux, à l’établissement de la culpabilité de l’accusé et obtenir des réparations. Pour l’heure, même si elle a mis en place des procédures en ce sens, la justice internationale pénale ne parvient pas à concilier l’accueil d’un très grand nombre de victimes au sein de la procédure et la prise en compte individuelle de chacune d’entre elles. La mise en œuvre des droits des victimes tend à prendre en compte les victimes de plus en plus collectivement, délaissant ainsi l’idée d’un rétablissement de leur individualité niée par le crime contre l’humanité.

  • Racha El Herfi, La politique européenne en matière d'investissement : un exemple d'intégration externalisée, thèse soutenue en 2021 à Paris 1 sous la direction de Jean-Marc Sorel présidée par Philippe Maddalon, membres du jury : Catharine Titi (Rapp.), Rostane Mehdi    

    La présente étude aborde la question des compétences externes de l’Union européenne et leur effet sur l’intégration européenne en s’appuyant sur l’exemple de l’approche européenne en matière d’investissement international. Elle permet de dégager un phénomène particulier, l’intégration externalisée. Alors qu’à leurs débuts, dans les années 1970, les compétences externes se sont essentiellement développées en prenant source dans les compétences internes, l’intégration externalisée se caractérise par un renversement de la tendance, dès les années 1990, qui conduit l ’action externe de l’Union à influer à son tour le mouvement d’intégration. Dans une démarche empirique, ce phénomène est ici abordé à travers l’exemple de l’action externe dans le domaine des investissements. La question de recherche posée ici est celle de savoir si l’action externe de l’Union contribue à faire émerger une politique européenne en matière d’investissement qui appuie et renforce la coordination spécifique avec ses États membres. L’identification des compétences mises au service de la politique européenne en matière d’investissement contribue à en définir le champ d’application et l’étendue. Elle éclaire aussi les modalités de la mise en œuvre normative de la politique européenne en matière d’investissement et la définition de ses objectifs et de ses instruments. L’affirmation de l’Union européenne comme un acteur global dans le domaine des investissements repose sur deux types d’équilibre. Le premier équilibre, entre intégration et coopération, résulte d’une politique européenne émergente fondée sur des compétences qui sont à la fois exclusives, en ce qui concerne les investissements directs étrangers, et partagées, en ce qui concerne les investissements de portefeuille. Le second équilibre, entre efficacité et légitimité, révèle un exercice de la politique européenne en matière d’investissement fondé sur une coordination dynamique entre l’Union et ses États membres (Partie I). Sur la base de ces fondements, la politique européenne en matière d’investissement se concrétise par l’adoption d’accords européens de protection des investissements, potentiels modèles d’accords dans ce domaine. Les obligations internationales découlant de ces accords appellent un examen des moyens de leur exécution et de leur effectivité, tant dans l’ordre juridique de l’Union européenne que dans l’ordre juridique international. Leur concrétisation appuie la coordination dynamique au fondement de l’exercice des compétences (Partie II).

    Alessandra Donati, Le principe de précaution en droit de l'Union européenne, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Isabelle Pingel présidée par Stéphane Rodrigues, membres du jury : Joana Maria Pereira Mendes (Rapp.), Philippe Léger    

    Partant de la prémisse de la nature flexible et complexe du principe de précaution en droit européen, le but de cette étude a été d'en donner une interprétation polycentrique, fondée sur la diversité plutôt que sur l’uniformité. Pour atteindre un tel objectif, une méthode issue du pluralisme méthodologique a été employée. Celle-ci nous a permis de rechercher la uniras multiplex parmi les différentes définitions et applications de ce principe. La thèse ici soutenue a consisté à démontrer que l'interprétation polycentrique du principe de précaution peut être construite à partir de deux concepts : l'anticipation et l'action. Dans la première partie de cette étude, il a été montré comment le principe de précaution permet d'anticiper le temps de l'action publique au stade de l'incertitude scientifique. Nous avons à cet égard expliqué que l'anticipation suppose la qualification par le droit et l'évaluation par la science des risques incertains. La seconde partie de cette étude a été finalisée à démontrer comment, une fois le temps de l'action anticipé, les décideurs doivent agir sur le fondement du principe de précaution. Nous avons soutenu, à cet égard, que l'action sur la base de ce principe a une portée et des conséquences distinctes sur le plan procédural et substantiel. Les décideurs ont, en effet à la fois une obligation de prise en compte et une faculté de mise en œuvre du principe de précaution.

  • Lucien Lagarde, La pression économique face au droit international, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Yves Nouvel, membres du jury : Karine Bannelier-Christakis et François Delerue    

    La pression économique est une pratique courante sur la scène internationale. Au travers de celle-ci, les États cherchent à exercer une pression sur un ou plusieurs de leurs pairs ou à distordre, à leur avantage, les relations économiques internationales. Les États disposent pour ce faire de divers moyens parmi lesquels l’espionnage économique, l’extraterritorialité du droit et différents types de politiques économiques non-coopératives. Pratique particulièrement disruptive, la pression économique est source d’importantes tensions entre les États. Son encadrement apparait ainsi comme un enjeu juridique majeur. La pression économique ne fait cependant l’objet d’aucune règle dédiée en droit international. La liberté des États en la matière apparait en réalité limitée par les règles spécifiques à certains moyens de pression économique et par certains principes du droit international. Ce cadre juridique demeure souvent imprécis et inadapté ; et les États se livrent régulièrement à des actes de pression économique illicites. Cette situation n’est cependant pas uniquement imputable au manque de précision et à l’obsolescence du cadre juridique de la pression économique. En effet, les conséquences négatives d’une violation du droit international dans ce domaine apparaissent souvent inférieures aux bénéfices économiques ou diplomatiques escomptés. Les États affectés par des actes de pression économique illicite sont souvent impuissants face à cette pratique, tandis que les auteurs de ce type de comportements disposent de diverses stratégies leur permettant de réduire les risques juridiques qu’ils encourent.