Présentation
La vulnérabilité s'est imposée dans le discours juridique et les pratiques associatives pour qualifier la situation à laquelle les exilés se trouvent le plus souvent confrontés. Un parcours de migration éprouvant, faisant suite à des situations de guerre ou de misère, se prolonge par une arrivée sur le territoire européen qui ne se traduit pas par la « Happy end » tant espérée. C'est même bien souvent le contraire qui se produit. La confrontation avec une administration tatillonne et un système difficilement compréhensible pour le non-initié vient renforcer le stress posttraumatique. Cette situation rend la personne migrante particulièrement vulnérable, ce qui fragilise son parcours d'intégration.
Parmi les migrants, des groupes spécifiques, particulièrement vulnérables, sont identifiés par le droit, tant européen que national : notamment les mineurs non accompagnés, les personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes enceintes, les parents seuls accompagnés d'enfants mineurs, les victimes de la traite des êtres humains, les personnes ayant des troubles mentaux et les personnes qui ont subi des tortures, des viols ou d'autres formes graves de violence psychologique, physique ou sexuelle. Toutefois, cette liste n'est pas exhaustive et aucun texte ne donne de définition juridique de la notion de « vulnérabilité » . La notion doit alors être appréhendée en lien avec les réponses apportées en termes de prise en compte des « besoins particuliers » de la personne qualifiée de vulnérable.
Comment le droit appréhende-t-il cette notion de vulnérabilité ? Comment les différentes juridictions opèrent-elles sa qualification ? Comment manier avec précaution cette notion de vulnérabilité pour éviter le piège de la discrimination ou de l'instrumentalisation ? Quelles conséquences peut-on en tirer pour mettre en œuvre des postures d'accompagnement adéquates et ajustées au respect des personnes ?
Après les journées d'études consacrées à la notion « d'intérêt supérieur de l'enfant » appliquée au mineur étranger (2012), puis au thème de La liberté de circulation des citoyens de l'Union Européenne (2013), aux Femmes migrantes (2014), au droit de la santé (2015) et au droit au logement (2016), celle-ci est la sixième qu'organisent les responsables du Diplôme Universitaire de « Droit(s) des Etrangers » .
Elle s'inscrit dans l'esprit du DUDsE, diplôme de niveau Master, dont l'objectif est de donner à des étudiants et à des professionnels en activité une formation complémentaire théorique et pratique sur le droit positif applicable aux étrangers (droit français, européen et communautaire) et sur les droits dont ils sont titulaires.
Programme
Matinée
9h00 : Accueil
Guillaume Protière, MCF HDR, Doyen de la Faculté de Droit et de Science Politique de l'Université Lumière Lyon 2
9h15 : Introduction à la problématique
Geneviève Iacono, MCF HDR, Directrice du DU Droit(s) des étrangers
9h30 : Approche philosophique de la vulnérabilité
Guillaume Le Blanc, Professeur à l'Université Paris Est Créteil
La vulnérabilité, une qualification à géométrie variable
Première table ronde : La logique des acteurs administratifs
Animée par Jean-François Ploquin, Directeur de Forum réfugiés-COSI
10h00 : Le rôle de l'OFII dans la détection des vulnérabilités des demandeurs d'asile
Sami Boubakeur, Directeur de l'OFII
10h15 : La prise en compte de la vulnérabilité par l'OFPRA
Coralie Capdeboscq, référente vulnérabilité
Deuxième table ronde : La logique des juridictions
Animée par Christophe Roux , Professeur droit public Lyon 2
10h45 : La construction de la vulnérabilité par la CNDA
Florence Malvasio, Magistrate à la CNDA
11h05 : La vulnérabilité devant les juridictions internes : Conseil d'Etat et Cour de Cassation
Iza Caré, Doctorante Université Lumière Lyon 2
11h25 : La vulnérabilité devant la Cour européenne des Droits de l'Homme
Christelle Palluel, ATER Université Lumière Lyon 2
11h45 : Discussion avec la salle
Après-midi
La vulnérabilité, un concept à manier avec précaution
Première table ronde : la représentation de la vulnérabilité par les acteurs
Animée par Marc Urhy, Consultant
14h00 : Le point de vue du Contrôleur général des lieux de privation de liberté
14h20 : La vulnérabilité des mineurs non accompagnés et des femmes victimes de la traite
Cécile Corso, FIJI-RA
14h45 : La vulnérabilité des migrants victimes de torture
Forum réfugiés-COSI
Deuxième table ronde : la vulnérabilité, un concept à double tranchant
Animée par Véronique Planès, Consultante
15h20 : Le point de vue des avocats : La vulnérabilité, vecteur d'accès au droit ou facteur de discrimination
Jean-Philippe Petit, Président de la commission Droit des étrangers du barreau de Lyon
Marie-Noëlle Fréry, Avocate au barreau de Lyon
15h45 : Le point de vue du médecin : La vulnérabilité au risque de l'instrumentalisation et de la stigmatisation
Jean Furtos, Médecin psychiatre
16h05 : Discussion avec la salle
17h00 : Synthèse
Serge Slama, Professeur droit public Grenoble
Droit d'inscription de 50 euros (chèque à l'ordre de M. l'Agent Comptable de l'Université Lumière-Lyon 2). -Gratuité pour les étudiants, les élèves-avocats et les associations partenaires du DUDsE.
Inscription auprès de Silvy LETUE ( Silvy.Letue@univ-lyon2.fr)
Journée valant validation au titre de la formation professionnelle continue (6 heures)
Organisé par Geneviève Iacono et Christel Palluel