La notion de Bien et de Mal est un concept utilisé aux Etats-Unis depuis l’indépendance du pays. Cependant, l’utilisation de cette notion a pris une nouvelle dimension avec le développement et la transformation du conservatisme dans la première moitié du XIXème siècle, et qui s’est accentuée dans les dernières décennies de ce vingtième siècle. La révolution culturelle en Amérique après la seconde guerre mondiale et la lutte contre le l’empire soviétique considéré comme un « mal » par les dirigeants américains en particulier Reagan Ronald ont participé à la droitisation de l’opinion publique américaine et au triomphe du conservatisme. Cette notion sujette à différentes interprétations est aujourd’hui source de violents affrontements au niveau des Etats avec des conséquences gigantesques sur les relations internationales. Les mouvements intégristes islamistes et évangéliques ne cessent d’utiliser cette notion pour imposer leur vision politico-religieuse du monde. D’où le développement du terrorisme. Pour les théoriciens néo-conservateurs, la meilleure réponse à la question du terrorisme suite aux attentats du 11 septembre 2001 est que les Etats-Unis assument leur rôle impérial en utilisant le plus souvent le hard power. Les attaques du 11 septembre étaient selon eux, la conséquence du renoncement partiel à cet esprit hégémonique. Du conservateur Ronald Reagan au religieux George W. Bush, les néo-conservateurs, ces anciens libéraux, venus de la gauche, reconvertis au conservatisme pur et dur, obsédés par la notion de puissance ont travaillé dans l’ombre pour élaborer toute une théorie et philosophie sur le rôle de l’Amérique dans les relations internationales, sur ses valeurs traditionnelles et sur son identité nationale. En effet, depuis la défaite au Vietnam, Washington avait subi une série de revers militaires, mais, également politiques dont l’Union Soviétique avait bénéficiée. A cela s’ajoute les problèmes économiques, culturels, et sociaux. Ces adeptes de Léo Strauss, qui ont chanté les louanges de Roosevelt, voire de Truman, et qui ont été marqués par ces événements, sont devenus les apôtres de l’impérialisme et d’un nouveau messianisme dans le but de défendre les intérêts et le leadership américain. Pendant longtemps, la puissance américaine a été utilisée officiellement au service des peuples opprimés dans le cadre de l’ONU, et à titre défensif, mais avec l’administration Bush Junior on a assisté à une croisade contre l’ « axe du mal » avec la mise en œuvre de la guerre préventive, considérée par les néo-conservateurs comme une théorie reposant sur des arguments justes. L’Opération Liberté en Irak a été menée, non pas en fonction des principes philosophiques qui dictent la doctrine de la guerre juste, mais au nom de la raison du plus fort. Où l’objectif était vraisemblablement de mettre en pratique la vision idéaliste, manichéenne des néo-conservateurs et de contrôler des positions stratégiques. Son application marque un tournant dans les relations internationales. Le retour du Parti Démocrate au pouvoir avec Barack Obama, lequel symbolise l’ouverture et l’espoir aux Etats-Unis, et dans le monde n’occulte guère, au-delà de son pragmatisme, l’idée que dans la perception américaine, le Mal est partout et guette le territoire américain. D’où la nécessité de recourir à la force si nécessaire pour protéger les frontières et les intérêts vitaux américains.