Bourges, capitale du Berry, renferme un passé glorieux pourtant mal connu du grand public actuel. La création de l'université de Bourges au printemps 1463-1467 est effectivement lourde de sens puisque Bourges et sa Faculté de droit ne tarderont pas à s'inscrire dans l'histoire et la culture juridique à travers la réception d'un phénomène intellectuel européen aussi appelé, « humanisme juridique ». Concept étant en réalité, à l'origine d'un profond renouvellement de la pensée juridique et ayant fortement contribué à la formation du droit moderne. Mais alors, pourquoi parler « d'École de Bourges » ? Mes récentes recherches effectuées aux archives départementales du Cher et municipales de Bourges dans le cadre de la rédaction de mon mémoire et projet de thèse, entièrement consacré au fonctionnement de la Faculté de droit de Bourges aux XVIIe et XVIIIe siècles, m'ont permis de comprendre la véritable symbolique qui se cachait derrière cette appellation. Elles m'ont également permis d'en saisir l'enjeu et d'en étudier la diffusion de sa doctrine à travers les siècles et en Europe. Débuté au XVe siècle en Italie avec notamment Lorenzo Valla et le jurisconsulte Bartole, l'humanisme juridique devient au siècle suivant, un phénomène européen. En France, le germe planté par André Alciat et Guillaume Budé y trouve un terreau particulièrement fertile. Dès la première moitié du XVIe siècle, de nombreux jurisconsultes français s'inscrivent dans la lignée de ces deux grandes figures du droit, en particulier au sein de l'Université de Bourges ou l'enseignement du premier a connu un intense rayonnement. L'importance du mouvement dans le royaume est telle qu'il en vient à prendre son nom. Activement soutenue par la Duchesse Marguerite de Navarre, la faculté de droit de Bourges s'est en effet distinguée par le recrutement des professeurs les plus brillants de son époque, à l'instar d'André Alciat, François le Douaren, Eguinaire Baron, Michel de l'Hospital, Hugues Doneau, François Beaudoin, Antoine Leconte ou encore François Hotman et tant d'autres, faisant de facto de Bourges l'une des plus florissantes « villes des Lettres d'Europe ». Toutefois, bien que l'histoire de l'université de Bourges soit jusqu'au XVIe siècle, assez riche et détaillée, il semblerait qu'au départ des éminents professeurs pré-cités ci-dessus, le silence se soit fait sur cet épicentre culturel, laissant ainsi le devenir de la faculté de droit de Bourges dans l'ombre la plus totale au XVIIe siècle. On a d'ailleurs longtemps pensé que l'humanisme juridique s'éteignit à la fin du XVIe siècle avec la mort de Cujas à Bourges qui aurait entraîné de la même manière, la décadence de la faculté de droit et de son illustre école humaniste. Pourtant, la récente et modeste étude que je viens de mener sur l'histoire savante de la doctrine de l'Ecole de Bourges aux XVII et XVIIIe siècle sous-entend quelque chose de différent. Il semblerait en effet que le XVIIe siècle n'ait pas correspondu à l'extinction de l'humanisme juridique sur le sol européen mais au contraire, à l'émergence de nouvelles doctrines, hybrides, inspirées de ce fort héritage historico-juridique, qui fut développé par les maîtres berruyers. Finalement, c'est un humanisme revisité qui aurait pris vie durant toute la période du XVIIe siècle avec une 'Ecole de Bourges après l'Ecole de Bourges.' Ainsi, succédant au faste de la Renaissance, c'est une nouvelle manière d'enseigner le droit qui voit le jour, notamment permise par différents professeurs du XVIIe siècle tels que : Pierre de la Chappelle, les clermontois François et Jean Broé, Marc-Antoine Dominici, Edmond Mérille ... Apparaissent alors avec eux, de nouvelles méthodologies et didactiques d'enseignement qui furent reprises au delà de la faculté de droit de Bourges. En effet, l'ouvrage fidèle à la méthode historico-philologique de Cujas faisait contribuer la culture en sciences humaines et tout particulièrement en littérature ancienne, à l'explication savante du droit romain. Mais plus tard, s'émancipant du commentaire juxtalinéaire des civi