jeudi13avril2023
10:0017:00
La compétence universelle face aux crimes internationaux

Journée d'étude

La compétence universelle face aux crimes internationaux


Présentation

 

La compétence universelle désigne « la compétence du juge interne pour connaître d'une infraction commise à l'étranger par des étrangers contre des étrangers » (F. Bellivier, M. Eudes et I. Fouchard, Droit des crimes internationaux, PUF, 2018, p. 306), contrairement aux titres classiques de compétence en droit pénal qui supposent un rattachement territorial, personnel ou substantiel avec la République. Née de la collaboration entre Etats contre certaines criminalités portant atteinte à leurs intérêts (piraterie), la compétence universelle semble aujourd'hui se fonder sur la gravité de crimes « qui porte[nt] atteinte à la communauté internationale par-delà leur commission nationale » (D. Rebut, Droit pénal international, 4e éd., Dalloz, 2022, n° 202). Sont particulièrement visés les crimes internationaux (crime de guerre, crime contre l'humanité, crime de génocide et crime d'agression). Le droit français prévoit une compétence universelle pour le crime de guerre, contre l'humanité et de génocide dans des conditions extrêmement strictes : 1° l'auteur doit résider habituellement en France ; 2° une double incrimination est en principe nécessaire ; 3° les poursuites ne peuvent être exercées que par le parquet, sans action possible de la victime ; 4° le parquet doit s'assurer qu'aucune juridiction internationale ou nationale ne souhaite se charger de l'affaire.

Les limites du droit français ont éclaté au grand jour lorsqu'en novembre 2021 la Cour de cassation a déclaré les juridictions françaises incompétentes pour connaître de crimes contre l'humanité commis en Syrie par des Syriens sur des Syriens au motif que le droit syrien n'incrimine pas ledit crime contre l'humanité. Les réactions provoquées jusque dans la presse par cet arrêt – amenant certains juges à résister à la Cour de cassation, qui devra donc trancher en assemblée plénière – forcent à s'interroger sur une possible réforme de la compétence universelle française pour les crimes internationaux. Dans un droit aussi régalien que le droit pénal, c'est en effet peu dire que la compétence universelle peut être vue comme une ingérence. L'impérative lutte contre l'impunité des auteurs des crimes les plus atroces, ravivée par les conflits syriens et ukrainiens, ainsi que la relative impuissance de la justice pénale internationale, incitent toutefois à une renationalisation du droit des crimes internationaux et à un développement de la compétence universelle. Le rôle du droit comparé est central dans les débats, les exemples belge ou espagnol pouvant justifier les limites à la compétence universelle, l'exemple allemand plaidant, lui, pour une compétence inconditionnée.

Á l'heure où le système français est sous le feu des critiques et où le sort d'une procédure pour un même crime semble dépendre de l'habileté des victimes à saisir tel juge national plutôt qu'un autre, cette journée d'étude internationale se propose de prendre le temps de présenter et de comparer différents systèmes nationaux de compétence universelle pour juger les crimes internationaux.

 

Programme

 

Matinée

 

Partie 1 - La compétence universelle : histoire et fondements

10h00 : L'histoire de la compétence universelle
Rémi Oulion, Professeur, Université Clermont Auvergne

Les fondements de la compétence universelle
Kevin Mariat, MCF, Université Paris Nanterre

Discutants : Florence Bellivier, Professeur, Université Paris I, présidente de séance et Veronica Romano, doctorante, Université Paris Nanterre

 

Partie 2 - La compétence universelle en France

Une représentante de l'appareil judiciaire
Aurélie Aumaître, juriste spécialisée, Pôle crimes contre l'humanité, crimes et délits de guerre

Un parlementaire
Jean-Pierre Sueur, sénateur

Un membre d'une ONG
Clémence Bectarte, avocate, Groupe d'action judiciaire de la FIDH

Un universitaire
David Chilstein, Professeur, Université Paris I

Discutants : Marina Eudes, Professeur, Université Paris Nanterre, présidente de séance

 

13h00 : Déjeuner libre

 

Après-Midi

 

Partie 3 - La compétence universelle à l'étranger - les systèmes limitatifs

14h00 : Belgique
Damien Scalia, Professeur, Université Libre de Bruxelles

Espagne
Marie Bardet, MCF, Université de Bordeaux

Grèce
Vissarion Gianoulis, docteur, Université Paris Nanterre

Discutants : Anne-Laure Chaumette, Professeur, Université Paris Nanterre, présidente de séance et Envel Thierry, doctorant, CEDIN, Université Paris Nanterre

 

Partie 4 - La compétence universelle à l'étranger - les systèmes incitatifs

L'Allemagne
Xavier Pin, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3

L'Italie
Emanuela Fronza, Professeur, Université de Bologne

La Suisse
Vony Rambolamanana, Senior Legal Advisor, International Investigations and Litigation, TRIAL International

La Finlande
Iryna Grebenyuk, MCF, Université d'Amiens

Discutants : Elisabeth Joly-Sibuet, MCF, Université Jean Moulin Lyon 3, présidente de séance et Fiona Guillaudin, doctorante, CEDIN, Université Paris Nanterre

Ouverture : La compétence universelle non pénale
Baptiste Delmas, MCF, Université Paris 1

17h00 : Clôture

 

 

Renseignement et inscription : https://www.paris-iea.fr/fr/evenements/la-competence-universelle-face-aux-crimes-internationaux-droit-francais-et-droit-compare


Journée d'études organisée par le CEDIN et le CDPC, Université Paris-Nanterre, et l'IRJS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction scientifique de Kevin Mariat, Anne-Laure Chaumette et Florence Bellivier



IEA de Paris
17 Quai d'Anjou
75004 Paris