Au XVIIe siècle les relations entre le duché de Savoie-Piémont et le Royaume de France furent particulièrement difficiles. En raison de sa position géographique inconfortable, zone-tampon entre les deux versants des Alpes et tiraillé entre les monarchies de France et d'Espagne, le petit État italien a sérieusement risqué de disparaître face aux puissantes armées des deux couronnes. Cette thèse, composée de trois parties de trois chapitres chacune, se concentre sur une période cruciale de l'État savoyard, à savoir les années 1630-1648.Au cours de ces années se succédèrent le règne du fils de Charles-Emmanuel Ier, Victor-Amédée Ier, dont le gouvernement fut marqué par la perte douloureuse de Pignerol, par le coup d'éclat de l'assomption du titre de roi de Chypre et par les brillantes campagnes militaires des années 1636-1637, et, du fait du jeune âge de Charles-Emmanuel II, la direction de l'État assurée fermement par la duchesse Christine, fille d'Henri IV et de Marie de Médicis.Ainsi, après l'éphémère règne de Victor-Amédée Ier, un duc sous-estimé, s'ouvrit la période incertaine et balbutiante de la régence de Christine de Bourbon qui sut progressivement s'émanciper de la volonté de domination de Richelieu.Passés les orages de la guerre civile et du tempétueux colloque de Grenoble (1639) face à son frère Louis XIII et au très puissant cardinal rouge, la duchesse de Savoie parvint, par le biais d'une politique courageuse et adroite, à redresser le destin vacillant du duché de Savoie-Piémont.Grâce à sa diplomatie omniprésente et très organisée, l'État savoyard réussit à maintenir ses ambitions royales, le titre de roi lui permettant de se démarquer des autres maisons princières italiennes.Après les tensions des années 1630 et d'une partie des années 1640, où les accrochages avec les ambassadeurs français, tels que Particelli d'Hémery et d'Aiguebonne, et les crises entre les gouvernements de Paris et de Turin (comme le colloque de Grenoble déjà mentionné ou l'affaire du jurisconsulte Bellezia aux colloques de Münster, qui détermina une coupure des relations diplomatiques entre les deux pays) ne manquèrent pas, une période de stabilisation de l'autorité ducale s'ouvrit, surtout à partir de 1642 lorsque la guerre civile piémontaise fut officiellement close, qui culmina en 1648 dans la surprise d'Ivrée soustraite au contrôle du prince Thomas, qui fut de tout temps un farouche adversaire de Christine de Bourbon.Épaulée par un cercle de fidèles ministres, tels que le duc Philippe de Saint-Martin d'Aglié et les marquis Ludovic Saint-Martin d'Aglié, Charles-Emmanuel Simiane de Pianezza et Claude Jérôme Chabod de Saint-Maurice, Christine fut en mesure de défendre avec une efficacité croissante les intérêts du duché et de restituer la presque totalité de ses territoires à son fils Charles-Emmanuel II.