La commande publique est une notion qui a été utilisée pour la première fois en France dans le premier Code des marchés publics de 1964, mais elle n'était pas définie. Elle était considérée par la doctrine comme une notion non juridique. Par la suite, la décision n° 2003-473 DC du 26 juin 2003 du Conseil constitutionnel ( loi habilitant le Gouvernement à simplifier le droit) est venue consacrer la notion de commande publique. C'est finalement le Code de la commande publique de 2019 qui la définie. Ce code regroupe désormais un certain nombre de « textes épars » de la commande publique et transpose les exigences posées par le droit européen en matière de contrats publics. Lorsque les contrats conclus par les pouvoirs adjudicateurs et entités adjudicatrices (acheteurs publics) avec les opérateurs économiques ont pour objet de répondre à leur besoin en matière de travaux, de fournitures ou de services, ils doivent respecter des principes fondamentaux du droit de la commande publique. Ces principes s'appliquent aux marchés publics et aux concessions. Les organismes de logement social (communément appelés les bailleurs sociaux), qu'ils soient de droit privé (SA d'habitation à loyer modéré, SA coopératives d'intérêt collectif d'habitations à loyer modéré, les sociétés d'économie mixte agréées pour le logement, etc.) ou de droit public (Offices publics de l'habitat), ont tous la qualité d'acheteurs publics lorsqu'ils concluent les contrats de la commande publique, car ils sont chargés d'une mission d'intérêt général. À ce titre, ils entretiennent des relations avec le droit de la commande publique. Ce dernier leur impose plusieurs obligations qui, se traduisent surtout par la mise en uvre de procédures de publicité et de mise en concurrence préalables à la conclusion d'un contrat dit de la commande publique. L'intitulé de cette étude, Commande publique et logement social, met en liaison, par l'utilisation de la conjonction de coordination « et », deux notions dissemblables, mais dont le champ d'application de la première, permet la mise en uvre de la seconde, dans la mesure où certains contrats des opérateurs de logement social entrant dans le champ de la commande publique reçoivent l'application des règles de la commande publique. Le législateur, en soumettant les contrats passés par les opérateurs de logement social au régime contraignant du Code de la commande publique, a voulu renforcer et unifier le régime juridique applicable à tous les acheteurs publics qu'ils soient du droit public que du droit privé. En même temps, il a donné aussi l'impression de le défaire en admettant plusieurs dérogations en ce qui concerne le logement social. L'adoption de la loi n°2018-1021 portant évolution du logement, de l'aménagement et du numérique, dite « loi Elan » promulguée le 23 novembre 2018 certes, antérieure au Code de la commande publique, mais postérieure aux anciens Codes des marchés publics et aux ordonnances marchés publics et contrats de concession respectivement de 2015 et 2016, est une parfaite illustration du morcèlement de ce régime. Depuis l'adoption de la loi Elan et son intégration un an plus tard dans le Code de la commande publique, le régime juridique des organismes de logement social a subi profondément de nombreuses modifications. En effet, cette loi visant principalement les bailleurs sociaux, admet notamment la suppression de l'obligation de concours pour certains marchés de maîtrise d'uvre, l'extension du recours à la conception réalisation, la réduction du champ de la loi n° 85-704 du 12 juillet 1985 relative à la maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la maîtrise d'uvre privée (loi MOP), l'évolution de la commissions d'appel d'offres (CAO) des Offices publics de l'habitat (OPH). L'étude permettra d'une part de dresser un état des lieux de l'application de la commande publique par les bailleurs sociaux, dévoilant ainsi les spécificités de ce droit à des acheteurs particuliers, permettant ainsi de faire un bilan de cette pratique. D'autre part, l'intérêt de l'étude est d'aborder les perspect