Les origines des lois et des coutumes de la guerre sont très anciennes. Dès l'Antiquité, on retrouve des traces du droit de la guerre. Deux mille ans avant Jésus Christ, Hammurabi, roi de Babylone, établissait déjà des lois au sein d'un code de conduite afin que « le fort n'opprime pas le faible ». La guerre, elle aussi, à l'instar de ses lois et coutumes, a été en perpétuelle évolution. Les armements et techniques de guerre ont grandement évolué depuis le Code de Hammurabi, générant des évolutions textuelles afin d'optimiser le cadrage de chaque nouvel armement développé. L'évolution normative a été corollaire à l'évolution des types de guerre, de conflit et de menace existant. Si le droit a parfois su anticiper certaines évolutions et les cadrer avant qu'elles n'aboutissent à une utilisation concrète, il s'est souvent retrouvé désuet, contraint de rattraper son retard par un cadrage a posteriori. La cybercriminalité, l'usage d'armes autonomes et même l'arme nucléaire, bien que plus ancienne, apparaissent alors comme les exemples les plus révélateurs. Les évolutions techniques ont dépassé le droit, générant la création d'armes en marge de celui-ci, le temps que les cadrages s'instaurent et parviennent à s'imposer au sein de la communauté internationale. Bien que certains cadrages aient été développés, à l'image de ceux relatifs au nucléaire militaire, à sa possession et ses usages, influant alors le corpus constituant le droit international humanitaire, force est de constater que cette évolution n'a pas été la seule générée par l'arme nucléaire au sein du droit. Les armements et leurs évolutions ne se contentent pas de générer un élargissement des compétences du droit de la guerre, ils influent sur le droit en lui-même, régulent la guerre et son droit, allant même, selon les armements, jusqu'à instrumentaliser le droit des conflits armés. L'enjeux de recherche de cette thèse s'articule autour de l'influence normative de l'armement sur le droit de la guerre ainsi que sur son évolution. Le droit de la guerre est régulé par l'existence d'armements qui influent directement sur sa place, son ancrage, son contenu et son développement. En effet, le droit ne saurait être uniquement cadré et régulé par les textes existants, à l'instar de la Charte des Nations unies, considérée comme le premier outil régissant les conflits armés. Un corpus entier, plus varié, comprenant les instruments textuels, mais également les instruments institutionnels, les relations internationales ainsi que les instruments de pouvoir dont l'existence et la possession de certains armements, s'avère régulateur des relations entre les États mais également du droit. Le cas le plus concret est celui de l'arme nucléaire. Cette dernière apparaît comme un instrument de régulation majeur de la force et illustre l'influence dont peut disposer un armement sur le droit qui l'encadre. Cet armement, dont le cadrage s'avère insuffisant, se voit conférer, finalement, une place en marge du droit. Si cette place pourrait être exclusivement considérée comme affaiblissant le droit, il apparaît que les incidences sont plus hétéroclites. L'arme se révèle avoir un rôle plus profond sur le droit et génère sur celui-ci un mécanisme de régulation, influant directement sur son fonctionnement, allant même jusqu'à le régler dans son entièreté, tout en conservant sa place marginale. Aucune interdiction complète de détention ou d'usage de l'arme nucléaire n'existant, aucun texte erga omnes n'étant en vigueur, le cadrage disparate de l'arme nucléaire et la place générée illustrent que, malgré les multiples évolutions juridiques ayant eu lieu depuis les prémices du droit de la guerre et du droit international humanitaire, certains armements, à l'instar de l'arme nucléaire, s'avèrent si influents et importants, qu'ils en restent hors du droit, le dépassant et le transcendant. Lourde d'influence politique, fruit de la complexité des relations internationales, l'arme nucléaire apparaît comme un facteur de régulation du droit et de la guerre, influant l'état actuel de la scèn