Sophie Pellet

Professeur
Droit privé et sciences criminelles.

Centre de Droit Privé et de Sciences Criminelles d'Amiens - Antoine Loisel
Responsable de la formation :
  • THESE

    L' avenant au contrat, soutenue en 2008 à Paris 1 sous la direction de Philippe Stoffel-Munck 

  • Sophie Pellet, Le banquier dispensateur de crédit face à l'impayé : regards de droit civil, CEPRISCA et Lextenso, 2021, Collection Essais, 171 p. 

    Sophie Pellet, Gaël Chantepie, Mathias Latina, Vincent Caron, Elise M. Charpentier [et alii], Le contrat d'adhésion, Dalloz, 2018, Thèmes et commentaires  

    Sophie Pellet, Garance Cattalano-Cloarec, Gaël Chantepie, Philippe Kaigl, Mathias Latina [et alii], La réforme du droit des contrats en pratique: actes du colloque qui s'est tenu le 23 septembre 2016 à l'Université de Nice Sophia Antipolis, organisé par le Centre d'études et de recherches en droit des procédures (CERDP), Dalloz, 2017, Thèmes et commentaires  

    Sophie Pellet, L'avenant au contrat, IRJS éditions., 2010, Bibliothèque de l'Institut de recherche juridique de la Sorbonne-André Tunc, 627 p. 

    Sophie Pellet, Philippe Stoffel-Munck, L' avenant au contrat, 2008, 625 p.  

    L'avenant est une institution paradoxale du droit des contrats: rarement étudié, ses manifestations pratiques sont innombrables. Le constat, s'il ne laisse pas d'étonner, s'explique simplement. L'avenant est fréquemment défini par référence à ce qu'il n'est pas, une novation par changement de l'objet de l'obligation ou une révocation amiable suivie de la conclusion d'une nouvelle convention. Conséquence immédiate: il est souvent cantonné à un rôle résiduel d'aménagement mineur de la convention. L’analyse du droit positif révèle pourtant que sa place est beaucoup plus importante. Fruit d’une commune volonté, il autorise les contractants à apporter à leur accord tous les changements, minimes ou essentiels; qu'ils jugent adéquats, sans rompre pour autant le lien de droit initial. L'avenant permet ainsi aux parties d'assurer la réalisation de l'opération économique qu'elles envisageaient initialement, en amendant ses termes. Son régime sert cette finalité spécifique. L'avenant ne rompt pas le lien de droit originaire: il sauvegarde donc ses stipulations non modifiées comme ses accessoires, notamment ses sûretés. Ainsi remplit-il son rôle d'instrument de la pérennité contractuelle à la libre disposition des parties.

  • François Viney, préface à Damien Grimaud, Cours de philosophie du droit, CEPRISCA et Lextenso, 2024, Collection Essais, 192 p.  

    Le présent ouvrage est un cours de philosophie du droit destiné aux étudiants de deuxième année de master. Formellement, le style oral et l'humour de l'auteur, s'adressant directement à ses étudiants (l'on pourrait presque, parfois, les entendre réfléchir avec leur professeur), en sont le trait caractéristique. Sur le fond, le cours se propose d'expliquer tout à la fois ce que peut être la philosophie du droit et pourquoi il est indispensable, avant de finir ses humanités juridiques, de s'y intéresser. Il réhabilite ainsi l'utilité pratique de la philosophie du droit qu'un excés scientiste et positiviste avait pu masquer. Le cours présente les grands courants de la philosophie du droit, opposant ceux qui postulent que le droit poursuit une fin, et ceux qui récusent ce postulat. En décrivant les courants de pensée fondés sur l'idée que le droit poursuit une finalité, l'auteur emmène son auditoire (ses lecteurs désormais) à travers l'histoire: la finalité du droit a été, selon les époques, la justice, le service de l'individu, et le service de la société. En décrivant, de manière critique, le courant de pensée qui nie que le droit poursuive une fin, l'auteur rappelle que le positivisme, avant d'être un positivisme juridique, a été une théorie de la connaissance, et qu'il repose pour une part sur une véritable légende. Il s'ensuit une brillante réhabilitation du droit naturel classique comme méthode de raisonnement. Mais ne dévoilons pas tous ses mystères: il suffit de constater que ce cours de philosophie est d'une grande richesse. Il dit aussi beaucoup de son auteur. Eclairé d'une culture véritablement impressionnante, il propose une vision du droit et même du monde, vision qui est tout à la fois celle d'un chercheur, d'un praticien et d'un enseignant du droit. Car Damien Grimaud était tout cela à la fois.

    Sophie Pellet, préface à Eugénie Petitprez, La responsabilité du fait des choses incorporelles: contribution à l'étude du droit commun, Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 2021, Laboratoire de droit privé & de sciences criminelles ( Centre Pierre Kayser, droit privé ), 417 p. 

  • Sophie Pellet, « Omission du taux et de la durée de la période dans les contrats de crédit : épilogue d'un navrant contentieux », La Semaine juridique. Édition générale, Éditions techniques - Éditions du Juris-classeur - LexisNexis , 2021, n°45 

    Sophie Pellet, « De l'avantage conjugal », Recueil Dalloz, Dalloz , 2019, n°05, p. 265  

    Sophie Pellet, « La formation du contrat », Actualité juridique Contrats d'affaires : concurrence, distribution, Dalloz , 2018, n°06, p. 254  

    Sophie Pellet, « Pourquoi la victime par ricochet est-elle punie pour une faute qu'elle n'a pas commise ? », Justice et cassation : Revue annuelle des avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation, Dalloz , 2016, n°01, p. 121  

    Sophie Pellet, « Le contenu licite et certain du contrat », Droit & Patrimoine, Lamy - Wolters Kluwer France - INFO6TM , 2016, n°258, pp. 61-63 

    Sophie Pellet, « Les restitutions : et si le dogmatisme avait du bon ? », La Semaine juridique. Édition générale, Éditions techniques - Éditions du Juris-classeur - LexisNexis , 2016, n°24 

    Sophie Pellet, « L'abus de dépendance est une violence ! »: Art. 1143 du Code civil issu de l'ord. n° 2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des obligations, L'essentiel Droit des contrats, Lextenso, 2016, n°3 

    Sophie Pellet, « Restitutions consécutives à la résolution : à quoi bon ? », Recueil Dalloz, Dalloz , 2014, n°10, p. 642  

  • Sophie Pellet, « La profession de notaire : les risques de l'exercice », le 07 décembre 2023  

    Colloque organisé par l'Université Picardie Jules Verne, le CEPRISCA, le laboratoire THEMIS, Le Mans Université et le Centre de recherche en droit Antoine Favre, Université de Savoie Mont Blanc sous la direction de Monsieur Rodolphe Bigot, Université du Mans, Madame Fanny Hartman, Université d'Amiens, Madame Mathilde Hoyer, Université d'Amiens et Monsieur Johann Le Bourg, Université de Savoie

    Sophie Pellet, « Les remèdes aux vices de la formation du contrat », le 28 janvier 2022  

    Colloque organisé sous la direction scientifique de Pierre Bourdon, Université Cergy-Paris, et Pauline Marcou, Université de Montpellier.

    Sophie Pellet, « La profession d’avocat : les risques de l’exercice », le 25 septembre 2020  

    Organisé par l’Université de Picardie Jules Verne, l’ENM, le CEPRISCA, l’ordre des avocats du barreau d’Amiens sous la direction scientifique de Rodolphe Bigot et François Viney, UFR de Droit et de Science politique d’Amiens

    Sophie Pellet, « La réforme de la réforme du droit des obligations », le 14 mai 2018  

    Organisé par le Club des métiers du Droit sous la Direction scientifique de Lionel Andreu et Louis Thibierge, Professeurs agrégés des Facultés de droit

    Sophie Pellet, « Les lanceurs d’alerte », le 08 décembre 2017  

    Colloque du Club des Métiers du droit, organisé sous la responsabilité scientifique de Yannick Pagnerre

    Sophie Pellet, « Le contrat d’adhésion : Perspectives franco-québécoises », le 19 octobre 2017  

    Organisé sous la direction scientifique de G. Chantepie, M. Latina, B. Moore des Universités de Lille (Droits et Perspectives du droit), Nice (CERDP), et Montréal.

    Sophie Pellet, « Réflexion sur le rôle du juge de cassation », le 06 février 2017  

    Le master 2 CJTCE organise une conférence portant sur le rôle du juge de cassation le Lundi 6 février 2017 à 14 heures.

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Pauline Morel, L'obligation essentielle vidée de sa substance, thèse en cours depuis 2024   

    Le projet de thèse vise à déterminer ce qu'est une obligation essentielle au sens de l'article 1170 du code civil, et d'analyser les clauses qui lui portent atteinte, ainsi que la pertinence de la sanction qui les frappe, à savoir le réputé non écrit.

    Pauline Ciss, La contractualisation de la rupture du couple, thèse en cours depuis 2023   

    La loi ne définit pas la notion de couple, pourtant celle-ci est l'une des composantes essentielles du droit de la famille en droit civil français. Pour autant, cette absence de définition légale n'a cependant, pas affecté son évolution et encore moins la manière dont s'appréhendent les différents régimes y afférant. En effet, alors même que la seule forme de conjugalité reconnue et disposant d'un cadre juridique organisé par le code civil était le mariage, la notion de couple a su s'élargir et accueillir en son sein le pacte civil de solidarité et le concubinage. Il est, toutefois, intéressant de constater que cette évolution pose de nombreuses questions sur l'adoption d'une conception qui aspire à s'aligner. Aussi, cette nouvelle trilogie va-t-elle nécessiter la remise en cause des régimes en place, notamment dans leurs aspects extrapatrimoniaux et patrimoniaux. Dès lors, différentes réformes ont affecté ce « droit du couple » et même si certaines formes de conjugalité sont plus affectées que d'autres, il est à noter, que ce mouvement récent de déjudiciarisation des litiges et de modernisation de la justice va créer de nouvelles données qui vont difficilement s'imbriquer dans les régimes actuels connus. D'aucuns considèrent que nous assistons à une contractualisation du « droit du couple » et plus particulièrement de sa rupture, toutefois, il semble effréné et simpliste d'analyser ainsi les changements que subissent les régimes gouvernant les couples reconnus en droit positif français.

    Marine Parotin, La distinction du titre et de la finance, thèse en cours depuis 2020   

    La distinction du titre et de la finance est une création prétorienne trouvant à s'appliquer dans le cadre d'une indivision post-communautaire. Les biens qui y sont soumis sont intellectuellement divisés en deux parties. Alors que la « finance » entre dans le patrimoine indivis, le « titre » est détenu par un seul des époux. Créée au milieu du XIXe siècle pour les offices ministériels, son domaine d'application s'est progressivement étendu à de nouveaux biens tels que les parts sociales ou les clientèles civiles. Cette extension apparaît cependant incohérente, laissant apparaître un ensemble disparate né d'une application aléatoire de la distinction. Aucun critère objectif n'est fixé pour justifier de son application. Ses conséquences patrimoniales sont pourtant très importantes. L'époux titulaire peut en effet disposer du bien comme il le souhaite, parfois même au détriment de l'indivision. Pourtant, il ne pourra recueillir la valeur de la plus-value qu'il aura réalisée, cette dernière bénéficiant au patrimoine indivis. Ce sujet de recherche comporte donc une double dimension, à la fois téléologique et pratique. La finalité ayant présidée à la création de la distinction du titre et de la finance et à son maintien doit être analysée. C'est ensuite le fonctionnement du mécanisme qu'il s'agira d'expliquer. L'ensemble de cette étude doit conduire à la discussion de l'opportunité de la distinction opérée par la jurisprudence, et à proposer d'autres alternatives le cas échéant.

    Eugénie Petitprez, La responsabilité du fait des choses incorporelles, thèse soutenue en 2019 à Amiens, membres du jury : Anne Danis-Fatôme (Rapp.), Judith Rochfeld (Rapp.), Jean-Sébastien Borghetti et Patrice Jourdain   

    À la fin du XIXe siècle, la révolution industrielle marqua l'avènement du régime de responsabilité du fait des choses. Deux siècles plus tard, se pose la question de l'adaptation de ce régime face à de nouveaux faits générateurs. Dans le sillage de la révolution numérique, des dommages sont causés par des choses incorporelles : le logiciel, le nom de domaine, ou encore les monnaies virtuelles. Ces dommages appellent une réparation. Une adaptation de la responsabilité du fait des choses semble nécessaire, car ce régime de responsabilité n'est pas en mesure de permettre une réparation efficace des dommages causés par des choses incorporelles. Plus particulièrement, la notion de garde est problématique et empêche une imputation efficace. La responsabilité du fait des choses révèle ainsi son insuffisance. Pourtant, le droit spécial comme l'abandon de ce régime ne semblent pas être des solutions satisfaisantes, et l'on en revient au régime issu de l'article 1242 alinéa 1er du Code civil. Il pourrait devenir un régime de responsabilité efficace, si l'on modifiait son critère d'imputation. Il s'agirait de désigner comme gardien responsable le propriétaire de la chose, que celle-ci soit corporelle ou incorporelle. À travers cette adaptation, la responsabilité du fait des choses révèle alors sa faculté de résilience

    Laurent Michel, De la régressivité de la volonté dans la protection des majeurs, thèse soutenue en 2016 à Amiens, membres du jury : Philippe Bletterie (Rapp.), Frédérique Eudier (Rapp.), Aurore Chaigneau et Fabienne Roure-Guerrieri   

    La loi du 5 mars 2007 propose l'affirmation de la personne du majeur protégé, notamment en valorisant sa volonté dans le choix d'un type particulier de protection. On s'aperçoit toutefois que la prééminence de cette volonté glisse lentement vers une forme de suppléance, dans le sens d'une mesure de protection voulue et choisie à une mesure imposée par le juge. Ainsi, la hiérarchie protection conventionnelle, sociale et judiciaire révèle une volonté de plus en plus disparate et effacée, en raison de l'émergence progressive d'une cause médicale justifiant la mise à l'écart de la volonté. Par ailleurs, la même loi vantait la réelle prise en compte de la personne même, afin d'endiguer la trop grande importance accordée au patrimoine par la loi du 3 janvier 1968. Or, on voit que l'exercice d'une mesure de protection judiciaire consacre également la préservation du patrimoine en toutes circonstances, au même titre qu'une mesure sociale ou conventionnelle, et que les actes relatifs à la personne peuvent être sans effet si le majeur protégé ne peut plus exprimer sa volonté, volonté dont peut se passer la protection du patrimoine. S'opère dès lors la « régressivité » de la volonté du majeur dans les régimes de protection

  • Alexandra Bouscavert, L'acte juridique parfait : essai d'une summa divisio, thèse soutenue en 2023 à AixMarseille sous la direction de Vincent Égéa présidée par Rémy Libchaber, membres du jury : Marc Nicod (Rapp.), Séverine Cabrillac et Nicolas Balat   

    La perfection décrivant l’état d’une chose qui a atteint sa plénitude, l’acte juridique est « parfait » lorsqu’il parvient à réaliser l’opération juridique (ou negotium) qui constitue sa finalité. L’intérêt de la notion est de construire une summa divisio, entre les actes dont la formation suffit à la réalisation de leur finalité (actes performatifs, qui « font en même temps qu’ils sont ») et les actes pour lesquels une condition supplémentaire doit être remplie après leur formation (actes prospectifs, qui projettent la réalisation d’un résultat). Convenablement définie, en particulier pour être distinguée de la simple formation, la perfection éclaire le mode opératoire de l’acte, c’est-à-dire le procédé par lequel il produit effet. L’acte performatif a la force d’un fait accompli, la réalisation de la finalité se produisant de plein droit une fois sa formation achevée. Du fait de cette concomitance, l’ensemble des effets envisagés doivent être déterminés et garantis lors de la formation de l’acte. Par ailleurs, le résultat produit par l’acte est en principe irréversible, sauf pour l’auteur à avoir institué une condition extinctive. Dans ce cas, l’acte est susceptible d’être caduc si cette condition s’accomplit, sa perfection n’étant plus justifiée. Réciproquement, l’acte performatif est insusceptible de produire le moindre effet de droit avant sa formation définitive, ce qui ouvre la voie à une distinction entre l’inexistence et l’invalidité, la seconde n’empêchant jamais l’acte de produire effet ab initio, mais permettant bien au contraire de faire un examen rétrospectif des effets produits par l’acte invalide. À l’inverse, l’acte prospectif se trouve marqué par la temporalité et l’éventualité. La formation de l’acte se trouve donc dissociée de sa perfection. Dans un premier temps, l’acte produit des effets intermédiaires qui ne se confondent pas avec l’opération juridique à réaliser in fine. Sa perfection dépend de l’adjonction d’une condition de perfection. En conséquence, l’acte se trouve face à une véritable alternative : il peut se parfaire si la condition de perfection s’accomplit, ou devenir caduc si elle défaillit. La mise en évidence de cette alternative inédite doit permettre d’isoler un domaine cohérent de la caducité, que les textes cantonnent à une hypothèse de « disparition d’un élément essentiel » (art. 1186 c. civ.). En l’occurrence la caducité permet de purger l’ordre juridique d’un acte définitivement formé mais ayant échoué à se parfaire. Elle traduit la désuétude de l’acte prospectif. Étant le pendant de la perfection, elle intervient selon les mêmes modalités : le dénouement de l’alternative face à laquelle se trouve l’acte interviendra de manière définitive et de plein droit, qu’il devienne caduc ou parfait

    Maxime Cormier, Une limite à l'exécution forcée du contrat : la disproportion manifeste de l'article 1221 du Code civil, thèse soutenue en 2022 à Université ParisPanthéonAssas sous la direction de Denis Mazeaud et Thomas Genicon, membres du jury : Yves-Marie Laithier (Rapp.), Gaël Chantepie et Laurent Leveneur   

    La réforme du droit des contrats opérée par l’ordonnance du 10 février 2016 n’a pas seulement inscrit dans le Code civil le droit du créancier à l’exécution forcée en cas d’inexécution du contrat. L’article 1221 du Code civil prévoit également une nouvelle exception à la sanction in specie “s'il existe une disproportion manifeste entre son coût pour le débiteur de bonne foi et son intérêt pour le créancier”. Même si le Rapport au Président de la République et la doctrine majoritaire présentent cette exception comme une simple déclinaison de la théorie de l’abus de droit, il est préférable de l’envisager de manière autonome. Le travail d’identification de l’exception permet de révéler ses éléments essentiels : elle repose sur un outil particulier - le contrôle de la disproportion manifeste - pour servir une finalité identifiée - éviter l’inefficacité économique de l’exécution forcée - qui justifie l’atteinte à la force obligatoire du contrat. Ce faisant, l’exception se distingue d’autres contrôles reposant sur l’idée de proportionnalité, mais aussi d’autres contrôles poursuivant une logique moraliste, tels que la théorie de l’abus de droit. La mise en œuvre de l’exception, qui répond à son originalité, gravite autour de la caractérisation de la disproportion manifeste de l’exécution forcée, laquelle doit être appréhendée de manière statique et dynamique. La démarche permet d’envisager tous les aspects pratiques du contrôle.

    John-Matthieu Chandler, La loyauté du mandataire, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Philippe Stoffel-Munck présidée par Fabrice Leduc, membres du jury : Nicolas Dissaux (Rapp.), Mustapha Mekki   

    La présence du devoir de loyauté en droit des contrats interroge tant il paraît faire double emploi avec la bonne foi. La première ambition de la thèse consiste à déterminer la place et la fonction de chacune de ces normes. L’analyse permet de relever qu’elles ne traduisent pas le même concept. La bonne foi traduit celui de fidélité à la parole donnée, et la loyauté, celui de dévouement. Par nature, le champ d’application du devoir de loyauté est donc limité. Pour l’essentiel, il se réduit aux relations où l’une des parties reçoit un pouvoir de représentation comme dans le mandat. La deuxième ambition de la thèse consiste à en rationaliser les manifestations dans ce contrat où il s’exprime avec la plus forte intensité. Enfin, au regard de la faiblesse des sanctions dont son manquement fait l’objet en droit positif, la dernière ambition de la thèse consiste à proposer une réhabilitation de la fonction punitive de la responsabilité civile et à repenser les sanctions susceptibles d’être prononcées.

    Tiffany Ronzier, La sécurisation des standards dans le nouveau droit commun des contrats : étude à partir des standards liés à l'équilibre contractuel, thèse soutenue en 2022 à Normandie sous la direction de Maud Laroche et Julie Klein présidée par Jean-Denis Pellier, membres du jury : Mustapha Mekki (Rapp.), Charlotte de Cabarrus   

    La mise à l’épreuve théorique de l’insécurité des standards a mis en évidence l’existence d’un véritable préjugé de l’insécurité en droit. Ce dernier a néanmoins été dépassé en démontrant, notamment, que la sécurité juridique était conciliable avec les standards liés à l’équilibre contractuel, sous réserve de retenir une conception adaptée à ces derniers. En droit commun des contrats, la sécurité juridique sous le prisme des standards a été identifiée comme un encadrement du standard par la loi et/ou la jurisprudence, permettant de faciliter la construction de prévisions par les sujets de droit. Une fois cette sécurité identifiée, puis délimitée, la mise à l’épreuve pratique a conduit à une conclusion nuancée sur les standards liés à l’équilibre contractuel étudiés. L’observation et la critique de l’encadrement actuel de ces derniers ont souligné l’existence d’un encadrement insuffisant, ainsi que l’utilisation de techniques d’encadrement trop souvent inadaptées. Néanmoins, leur situation ne doit pas être dramatisée. Les standards étudiés pourraient, comme d’autres avant eux, faire l’objet d’une cristallisation judiciaire. Au vu de la lenteur de la cristallisation, la sécurité juridique en la matière risque néanmoins de devoir être qualifiée de « mauvaise » sécurité. En effet, une sécurité lente et tardive risque d’être inefficace pour rassurer les sujets de droit et les praticiens. Partant de ce constat, la nécessité d’un renforcement de la sécurité des standards s’est imposée. La seconde partie de l’étude a alors permis d’établir que l’amélioration de l’encadrement législatif et l’amélioration de l’encadrement judiciaire des standards étaient envisageables, mais nécessitaient des évolutions. En ce sens, certaines propositions ont été faites et plusieurs pistes ont été envisagées. L’analyse finale des technologies numériques a cependant mis en exergue la nécessité de défendre un juste équilibre entre le renforcement de la sécurité juridique et l’humanité du droit, dont les standards sont le symbole.

    Mélodie Combot, Quasi-contrat et enrichissement injustifié, thèse soutenue en 2020 à Paris 2 sous la direction de Jean-Sébastien Borghetti, membres du jury : François Chénedé (Rapp.), Thomas Genicon et Rémy Libchaber   

    L'enrichissement injustifié demeure une source d'obligation mystérieuse en droit français et reste attaché à la catégorie de quasi-contrat. Comparé à d'autres systèmes, comme le droit anglais et le droit allemand, le droit français de l'enrichissement injustifié présente une réelle singularité. En dépit de son appellation, l'enrichissement injustifié en droit français a moins pour effet de restituer un enrichissement que de compenser une perte subie par le demandeur. Cette particularité française s'explique en grande partie par les origines de cette source et ses liens avec les quasi-contrats. Etant donné que la gestion d'affaires a été le véritable modèle de l'action d'enrichissement injustifié, la notion d'enrichissement injustifié a été appréhendée de manière suffisamment large pour inclure tous les quasi-contrats originels (répétition de l'indu et gestion d'affaires). L'objectif de cette thèse est de démontrer que la catégorie de quasi-contrat, et plus particulièrement l'affirmation selon laquelle tout quasi-contrat serait fondé sur l'enrichissement injustifié, a empêché le développement d'une véritable source d'obligation centrée sur l'enrichissement injustifié. Il est néanmoins possible de construire une source cohérente qui se concentre réellement sur la restitution d'un enrichissement.

    Antoine Touzain, La consignation, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 sous la direction de Claude Brenner, membres du jury : Nicolas Thomassin (Rapp.), Jérôme François et Philippe Théry   

    La consignation, malgré ses origines romaines, est peu étudiée en doctrine. La construction de son domaine par sédimentation a conduit à un éclatement des hypothèses : la consignation peut poursuivre une finalité libératoire, conservatoire ou de sûreté.Il est pourtant possible de vérifier que la consignation présente un caractère unitaire. Elle peut être définie comme le mécanisme par lequel une chose, objet d’un droit potentiel, est remise entre les mains d’un tiers et affectée à la satisfaction de la personne qui sera finalement reconnue attributaire de l’objet. Cette figure originale répond à un état d’incertitude en organisant une situation d’attente.Mais la consignation ne se limite pas à cette procédure. Que l'on songe à la consignation obligatoirement versée par la partie civile, à celle dans la procédure de saisie-vente. Mais que l'on songe aussi à la vente avec consignation, ou au consignataire en matière maritime !Partant de ce constat d'une notion originale et éclatée, la thèse vise à déterminer précisément une définition de la consignation, par une étude globale de celle-ci, et par une comparaison avec d'autres notions connues du droit privé, tels le gage, le paiement, le séquestre, ou encore la fiducie. Cette comparaison faite, et la notion identifiée, l'élaboration d'un régime propre à la consignation n'en sera que plus aisée.Au-delà de l'intérêt théorique d'une telle construction, cette thèse a l'ambition d'apporter des solutions pratiques, afin d'apporter plus de sérénité dans l'utilisation de ce mécanisme.