Présentation
Le problème de notre temps n'est pas de choisir entre globalisation et repliement identitaire : on ne peut ignorer ni la diversité des pays, ni leur interdépendance croissante face aux périls écologiques et sociaux qui les affectent tous. La langue française permet de dépasser ce faux dilemme avec la distinction qu'elle autorise entre globalisation et mondialisation. Globaliser, c’est œuvrer au règne du Marché, de la croissance illimitée, de la flexibilisation du travail et de l’hégémonisme culturel. Mondialiser consiste à établir un ordre mondial respectueux de notre écoumène, du travail humain et de la diversité des peuples et des cultures.
Le présent ouvrage explore cette perspective à la lumière de l’œuvre visionnaire de Simone Weil (1909-1943). Il revisite ses réflexions sur l’enracinement, la liberté et l’oppression, pour penser tour à tour notre « milieu vital » (dont la destruction s’accélère aujourd’hui), le concert des civilisations, les conditions d’un travail non servile, ainsi que les bons et mauvais usages du droit.
Alain Supiot est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités, et membre, depuis 2017, de la Commission mondiale sur l’avenir du travail. Ce livre s’inscrit dans le fil des recherches collectives qu’il conduit sur le devenir de la justice sociale face au Marché total.
Sommaire
Alain Supiot – Introduction
Partie I – Le milieu vital
François Ost – Mondialiser nos responsabilités : transmettre un milieu habitable ;
Cécile Renouard – Enracinement et détachement : pour une écounomie.
Partie II – La confrontation des civilisations
Souleymane Bachir Diagne – Penser depuis la colonie ;
Kazumasa Kado – L'enracinement et la mondialisation : le problème du patriotisme au Japon ;
Annie Montaut – Déracinement et colonisation : réflexions indiennes.
Partie III – Les conditions d'un travail non servile
Robert Chenavier – De Simone Weil à André Gorz : travail ou non-travail ?
Yves Clot – Le travail : un objet politique sans sujet ?
Isabelle Vacarie – Repenser la condition juridique des travailleurs dans une économie « disruptive ».
Partie IV – La personne et le droit
Catherine Labrusse-Riou – Figures juridiques de la personne : lire aujourd'hui La personne et le sacré ;
Filippo Pizzolato – Les droits font-ils obstacle à la justice ?
Emilios Christodoulidis – Les « mots du Droit » et le monde vécu.
Conclusion
Alain Supiot – La souveraineté de la limite