Présentation
Si la grande majorité des études en sciences sociales dans le domaine de la génétique sont relatives à la santé, ce colloque s'en distingue par le fait qu'il concerne les usages non médicaux de l'ADN. Ceux-ci se développent depuis une vingtaine d'années, dans des domaines aussi divers que les enquêtes policières et judiciaires, les demandes de regroupement familial en cas de migration, les recherches en parenté ou l'identification de victimes. L'identification des personnes par rapprochement d'ADN a conduit notamment à la constitution de vastes fichiers dits d'empreintes génétiques qui se développent dans de nombreux pays. En outre, de nouvelles approches visent à établir des corrélations entre d'une part des séquences d'ADN, d'autre part l'origine géographique et/ou des traits caractéristiques de l'apparence physique des personnes. C'est dire qu'au-delà de l'identification des personnes, leur identité même peut se trouver influencée par ces approches qui sont au cœur des biopolitiques contemporaines. Plus généralement, les diverses techniques qui visent à l'identification des personnes agissent sur leur identité sociale. Certaines de ces techniques suscitent des débats moraux et politiques, voire des controverses, alors que d'autres n'en provoquent pas ou peu. Dans certains cas, l'ADN semble apporter des solutions à certains problèmes sociaux, alors que dans d'autres, il interroge de nouveau. Dans tous les cas, ces pratiques posent à nouveaux frais des questions classiques des sciences sociales. Elles contribuent en effet à reconfigurer un ensemble de frontières, ou pour paraphraser Ian Hacking, de « nœuds » sociaux, autrement dit de tensions résultant de tendances contradictoires : entre régimes de vérité et incertitudes, entre sécurité et liberté, entre identification et catégorisation des populations, entre souveraineté nationale et échanges internationaux.
NB : Le présentations seront faites en français ou en anglais. Une traduction simultanée sera assurée.
Programme
Jeudi 11 Octobre 2018
9h00 : Accueil
9h30 : Keynote
Expertise, common sense, and legal evidence : Reflections on DNA profiling controversies in the US and UK
Michael Lynch, Cornell University, USA
10h30 : Pause
Session 1 - Régime de vérité et incertitude
Présidente de séance : Joëlle Vailly, CNRS, France
10h45 : Inverting the inversion of credibility : Forensic genetics and other identification techniques in the post-PCAST era
Simon A. Cole, University of California, USA
La théorie de la preuve pénale face à l'extension du recours à l'ADN par les acteurs de la procédure
Pascal Beauvais, Elisabeth Fortis-Jodouin, Université PO Nanterre, France
The “technopolitics of likelihood” : the French National DNA Database (FNAEG) and the comparison of genetic profiles
Vololona Rabeharisoa, Florence Paterson, (PSL MINES ParisTech, France
12h15 : Discussion
12h30 : Déjeuner
Session 2 - Usages de l'ADN au cours des pratiques judiciaires
Présidente de séance : Florence Bellivier, Université PO Nanterre, France
13h30 : Displacing the gene : DNA as one among other technologies in family identification
Claudia Fonseca, Universidade Federal do Rio Grande do Sul, Brazil
Identification regimes and orders of truth : Negotiating scientific, legal and social certainties around enforced disappearance
Cath Collins, Ulster University, UK
Daniela Accatino, Universidad Austral, Chile
Utilisation de l'ADN dans les procédures pénales
Julie Leonhard, Bruno Py, Université de Lorraine, France
“Reconfiguring” the criminal trial : the role of DNA evidence
Oriola Sallavaci, Anglia Ruskin University, UK
15h30 : Discussion
15h45 : Pause
Session 3 - Souveraineté nationale et échange internationaux
Président de séance : Pascal Beauvais, Université PO Nanterre, France
16h00 : Souveraineté pénale, coopération policière et judiciaire et échanges d'ADN
Florence Bellivier, Université PO Nanterre, France
Gaëlle Krikorian, Inserm, France
Christine Noiville, CNRS, France
Police epistemic culture and boundary work in the case of transnational DNA data exchange in the EU
Helena Machado, University of Minho, Portugal
17h00 : Discussion
17h15 : Fin de la 1ère journée
Vendredi 12 Octobre 2018
Session 4 - Sécurité publique VS libertés individuelles
Présidente de séance : Vololona Rabeharisoa, PSL MINES ParisTech, France
9h30 : “There's no use for an empty database” : mandatory DNA collection in Brazilian prisons and the making of a national DNA database
Vitor Simonis Richter, Federal University of Rio Grande do Sul, Brazil
Enregistrement des profils ADN d'intervenants – enregistrement des profils ADN de condamnés : banques de données distinctes et perceptions par les intéressés
Bertrand Renard, Caroline Stappers, Inst. Nat. Criminalistique et Criminologie, Belgique
10h30 : Pause
10h45 : Usages de l'ADN par la police. Les conditions épistémiques de l'absence d'un débat public
Gaëlle Krikorian, Inserm, France
Prolonging and extending suspicion. The social logics at work in police use of the French DNA database
Joëlle Vailly, CNRS, France
Striking a fair balance ? The UK national DNA database. Ten years after S & Marper
Carole McCartney, Northumbria University, UK
12h15 : Discussion
12h30 : Déjeuner
Session 5 - Phénotypage et origine des personnes
Présidente de séance : Christine Noiville, CNRS, France
13h30 : Written in our DNA ? Genomic ancestry testing and the reclaiming of 'lost' histories
Sarah Abel, University of Iceland, Iceland
Intersecting discourses of security, commerce and race. Forensic DNA phenotyping and biogeographical ancestry prediction in the German public debate
Matthias Wienroth, Newcastle University, UK
Denise Syndercombe-Court, King's College, UK
Veronika Lipphardt, Albert-Ludwigs-Universität Freiburg, Allemagne
Views of forensic geneticists on the ethical boundaries of forensic DNA phenotyping: Enacting boundary work
Rafaela Granja, Helena Machado, University of Minho, Portugal
Revaluing race : Forensic genetics and phenotype prediction
David Skinner, Anglia Ruskin University, UK
15h30 : Discussion
15h45 : Fin du colloque
Entrée Libre - Contact : iris@ehess.fr
Colloque international de clôture du projet ANR FITEGE coordonné par Joëlle Vailly