Yves Surel

Professeur
Science politique.
Université Paris Panthéon-Assas

Centre d'Études et de Recherches de Sciences Administratives et Politiques

Responsabilités administratives et scientifiques :

Responsable de la formation :
  • THESE

    L'Etat et le livre : les politiques publiques du livre en France (1957-1995), soutenue en 1996 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Yves Mény 

  • Yves Surel, La science politique et ses méthodes, Armand Colin et Cairn, 2022, Cursus  

    Ce manuel offre aux étudiants une introduction aux caractéristiques de la science politique comme discipline scientifique. Il souligne la variété des trajectoires historiques empruntées par la discipline et présente la diversité des approches et des méthodes en usage, comme par exemple les différences entre positivisme et interprétativisme. L'auteur développe les étapes et les dilemmes auxquels sont confrontés ceux qui souhaitent « faire de la science politique », en insistant sur plusieurs opérations essentielles (construction de l'objet, élaboration des hypothèses, tests empiriques etc.). Il liste enfin des questions et des outils méthodologiques autour de la division traditionnelle entre méthodes qualitatives et méthodes quantitatives

    Yves Surel, Romain Badouard, Myriam Benlolo Carabot, Grégoire Bigot, Pierre Birnbaum [et alii], Que peut l'État ?, Seuil et CAIRN, 2021, 204 p. 

    Yves Surel, La science politique et ses méthodes, A. Colin, 2015, Cursus ( Science politique ), 271 p. 

    Yves Surel, Jacques de Maillard, Les politiques publiques sous Sarkozy, Les Éditions de Sciences-Po, 2012, 500 p. 

    Yves Surel, Jacques de Maillard (dir.), Politiques publiques, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Sciences Po ( Gouvernances ), 402 p.  

    Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le sentiment d'une forte concentration des pouvoirs et d'une action réformatrice sans équivalent a prédominé. Les promesses de changement, voire de rupture, ont-elles été tenues ? À quelles logiques l'action entreprise a-t-elle obéi ? Est-elle si originale que certains le disent ? N'est-elle pas simplement la déclinaison de ce qui fait l'ordinaire de l'action politique et de l'action publique ? Quels facteurs internationaux et nationaux ont pesé et quelle analyse rétrospective peut-on déjà réaliser ? Cet ouvrage tente d'évaluer l’impact des pratiques réformatrices engagées depuis cinq ans, à travers dix-huit chapitres portant sur les évolutions institutionnelles, sur les pratiques décisionnelles et sur les changements intervenus dans les principaux secteurs de l’action de l’État (fiscalité, collectivités territoriales, enseignement supérieur, justice, immigration, Europe, etc.). Rédigé par des spécialistes des principaux domaines d’action publique, il apporte un premier bilan des politiques gouvernementales sous Sarkozy et une contribution précieuse au débat public

    Yves Surel, Bruno Palier (dir.), Quand les politiques changent: temporalités et niveaux de l'action publique, L'Harmattan, 2010, Logiques politiques, 420 p. 

    Yves Surel, Christian Lequesne (dir.), L'intégration européenne: entre émergence institutionnelle et recomposition de l'État, Presses de Sciences Po et Cairn, 2010, Académique 

    Yves Surel, Yves Mény, Politique comparée, 8e éd., Montchrestien-Lextenso, 2009, Domat politique, 488 p. 

    Yves Surel, Bruno Palier, L’Europe en action: L'Européanisation dans une perspective comparée, L'Harmattan, 2007, Logiques politiques, 357 p. 

    Yves Surel, Sabine Saurugger (dir.), L'élargissement de l'Union européenne: un processus de transfert institutionnel ?, De Boeck université, 2006, 175 p.  

    Résumés des articles en anglais

    Yves Surel, Christian Lequesne (dir.), L'intégration européenne : entre émergence institutionnelle et recomposition de l'État, Presses de Sciences Po, 2004, Collection académique, 291 p.  

    La 4e de couv. indique : "L'ouvrage montre la complexité des logiques de décision et la diversité des acteurs qui interviennent au cours du processus de fabrication des politiques publiques, des politiques de service public aux systèmes de protection sociale en passant par les modes de régulation de l'économie européenne. A travers des analyses précises et stimulantes, qui croisent les approches politiques, économiques ou encore sociologiques, les auteurs (politistes, économistes et sociologues) établissent les principes de la gouvernance européenne".

    Yves Surel, Paul Magnette (dir.), Réformer l'Europe: la Convention européenne, l'Harmattan, 2004, 156 p. 

    Yves Surel, Yves Mény, Politique comparée, 7e éd., Montchrestien, 2004, Domat politique, 495 p. 

    Yves Surel, Olivier Rozenberg (dir.), Parlementarismes et construction européenne, l'Harmattan, 2003, 213 p. 

    Yves Surel, Yves Mény, Clare Tame, Luis de Sousa (dir.), Democracies and the Populist Challenge, Palgrave Macmillan, 2002, 258 p. 

    Yves Surel, Renaud Dehousse (dir.), L'institutionnalisation de l'Europe: table ronde n°5, AFSP et Sciences Po, 2002 

    Yves Surel, Yves Mény, Politique comparée, 6e éd., Montchrestien, 2001, Domat politique, 491 p.   

    Yves Surel, Yves Mény, Par le peuple, pour le peuple: le populisme et les démocraties, Fayard, 2000, L'Espace du politique, 326 p.   

    Yves Surel, Pierre Muller, L'analyse des politiques publiques, Montchrestien, 1998, Clefs ( Politique ), 156 p.   

    Yves Surel, The role of cognitive and normative frames in policy-making, European University Institute, Robert Schuman Centre, 1998, EUI working papers ( RSC ), 28 p. 

  • Yves Surel, Olivier Rozenberg, « Beyond Weakness: policy analysis in the French parliament », in Charlotte Halpern, Patrick Hassenteufel, Philippe Zittoun (dir.), Policy analysis in France, Policy Press, 2018, pp. 137-154 

    Yves Surel, Laurie Boussaguet, « Des politiques publiques ‘à la française’ ? », in Laurie Boussaguet, Sophie Jacquot, Pauline Ravinet (dir.), Une ‘French touch’ dans l’analyse des politiques publiques ?, Presses de Sciences Po, 2015, pp. 155-184 

    Yves Surel, Jacques de Maillard, « De la rupture à la présidence ordinaire », in De Maillard J., Surel Y., (dir.) (dir.), Les politiques publiques sous Sarkozy, Presses de Sciences-Po, 2012, pp. 15-45 

    Yves Surel, « L’Européanisation plurielle », in François Bafoil, Timm Beichelt, François Bafoil (dir.), L’Européanisation d’Ouest en Est, Éditions L'Harmattan, 2008, pp. 299-328 

    Yves Surel, Pierre Muller, Présentation, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2000, pp. 187-188    

    Muller Pierre, Surel Yves. Présentation. In: Revue française de science politique, 50ᵉ année, n°2, 2000. pp. 187-188.

  • Yves Surel, Patrick Le Galès, « Sociologie politique de l’action publique »: Le moment du référentiel, Revue Française de Science Politique, 2021, n°5, pp. 809-826 

    Yves Surel, Dominique Chagnollaud, « Clefs », 2020   

    Yves Surel, « How to stay populist? The Front National and the changing French party system », West European Politics, 2019 

    Yves Surel, Philippe Bezes, Bruno Palier, « Le process tracing : du discours de la méthode aux usages pratiques », Revue Française de Science Politique, 2018, n°6, pp. 961-965 

    Yves Surel, Philippe Bezes, Bruno Palier, « Process tracing : les chemins de la causalité », Revue Française de Science Politique, 2018, n°6, p. 222 

    Yves Surel, Patrick Hassenteufel, « Normalisation ou dilution de l’analyse des politiques publiques européennes ? », Politique européenne, 2015 

    Yves Surel, « Qui gouverne l'économie? », Pouvoirs: Revue d'Etudes Constitutionnelles et Politiques, 2012 

    Yves Surel, « L'opposition au parlement quelques éléments de comparaison », Revue Internationale de Politique Comparee, 2011 

    Yves Surel, « Amérique latine: Les réformes de marché en question », Revue Internationale de Politique Comparee, 2010 

    Yves Surel, Sabine Saurugger, « L'européanisation comme transfert de politiques publiques », Revue internationale de politique comparée, 2006, n°2, pp. 179-211 

    Yves Surel, « L'européanisation comme processus de transfert de politique publique », Revue Internationale de Politique Comparee, 2006 

    Yves Surel, « L'élargissement de l'union européenne : Un processus de transfert institutionnel ? », Revue Internationale de Politique Comparee, 2006 

    Yves Surel, Pierre Muller, Bruno Palier, « L’analyse politique de l’action publique : confrontation des approches, des concepts et des méthodes », Revue Française de Science Politique, 2005, n°1, pp. 5-6 

    Yves Surel, Bruno Palier, « Les 'trois I' et l’analyse de l’État en action », Revue Française de Science Politique, 2005, n°1, pp. 7-32   

    Yves Surel, « The three I of state analysis | Les Trois I et L'analyse de L'état en Action », Revue Francaise de Science Politique, 2005 

    Yves Surel, « L'analyse Politique de L'action Publique Confrontation des Approches, des Concepts et des Méthodes: Présentation | L'analyse Politique de L'action Publique Confrontation des Approches, des Concepts et des Méthodes: Présentation », Revue Francaise de Science Politique, 2005 

    Yves Surel, Jérôme Montes, « Lequesne, Christian et Yves Surel (dir.), L’intégration européenne. Entre émergence institutionnelle et recomposition de l’État, coll. Académique, Paris, Les Presses de sciences po, 2004, 292 p. », Études internationales, 2005 

    Yves Surel, « Le chef de l'opposition », Pouvoirs: Revue d'Etudes Constitutionnelles et Politiques, 2004 

    Yves Surel, Olivier Rozenberg, « Parlements et Union Européenne », Politique européenne, 2003, n°9, pp. 5-29 

    Yves Surel, Bruno Palier, « Le politique dans les politiques », Espaces Temps, 2001, pp. 52-67    

    L'étude de l'évolution des politiques du livre et de la protection sociale permet d'illustrer la façon dont l'analyse des politiques publiques est peu à peu passée d'une situation d'extériorité au politique, entendu comme sphère séparée centrée sur la compétition électorale et "cause" possible de l'action publique, à une perspective intégrée où les politiques publiques sont un élément constitutif de la communauté politique et un prisme parmi d'autres pour initier une analyse du lien politique.

    Yves Surel, « L'intégration européenne vue par l'approche cognitive et normative des politiques publiques », 2000, pp. 235-254    

    Cet article a pour objet de tester l'intérêt et les limites de l'approche cognitive des politiques publiques dans l'étude de l'intégration européenne. Ce mode d'analyse de l'action publique repose sur la conviction que les politiques publiques sont le fruit d'interactions sociales qui donnent lieu à la production d'idées, de représentations et de valeurs communes. Souvent critiquée pour ces limites méthodologiques, cette approche semble pouvoir être appliquée avec succès à l'étude de l'Union européenne à deux niveaux essentiels. L'approche cognitive est tout d'abord très utile pour éclairer les processus de production du sens, notamment dans les cas de changements significatifs des politiques publiques alimentés par l'intégration européenne. Elle permet par ailleurs également d'interroger l'intégration européenne comme vecteur de recom­position de l'espace public et/ou déformation d'une communauté politique. Tout en proposant des pistes pour une meilleure utilisation de l'approche cognitive dans le cadre européen, l'article défendl'idée que l'analyse de l'intégration européenne doit être l'occasion d'une arti­culation plus systématique des variables lourdes proposées par le modèle des « trois I » (intérêts, institutions, idées). Dans cette perspective, les idées ne sont qu'un ensemble de variables parmi d'autres, et l'approche cognitive, un prisme d'analyse parmi d'autres de l'intégration européenne.

    Yves Surel, « The role of cognitive and normative frames in policy-making », Journal of European Public Policy, 2000 

    Yves Surel, Patrick Hassenteufel, « Des politiques publiques comme les autres ? », Politique européenne, 2000 

    Yves Surel, Chedly Belkhodja, « Par le peuple, Pour le peuple. Le populisme et les démocraties d’Yves Mény et Yves Surel, Paris, Fayard, 2000, 326 p. », Politique et Sociétés, 2000 

    Yves Surel, Henri Bergeron, Jérôme Valluy, « L'Advocacy Coalition Framework. Une contribution au renouvellement des études de politiques publiques ? », Politix, 1998, pp. 195-223    

    L'Advocacy Coalition Framework. Une contribution au renouvellement des études de politiques publiques ? Henri Bergeron, Yves Surel, Jérôme Valluy [195-223]. Figurant parmi les courants les plus dynamiques de la science politique aux États-Unis, l'analyse des politiques publiques repose de plus en plus sur un certain nombre de modèles, dont l'advocacy coalition framework (ACF), élaboré par P. Sabatier, est sans doute l'un des plus stimulants. Construit avec la volonté de dépasser certains clivages canoniques de la discipline, l'ACF rassemble en effet la plupart des variables pertinentes isolées par les travaux de politiques publiques dans un schéma analytique fondé sur un nombre limité d'hypothèses. L'objet du présent article revient essentiellement à situer ce modèle par l'examen de sa genèse, à en cerner la spécificité autour des principaux concepts qui en forment la substance (systèmes de croyances, coalitions de cause, intermédiaires de politiques publiques...), et à le confronter à plusieurs terrains de recherche dans le contexte français. Tout en soulignant certaines de ses limites, les auteurs entendent ainsi montrer comment l'ACF pourrait participer au renouvellement souhaité des études de politiques publiques en France.

    Yves Surel, « Quand la politique change les politiques. La loi Lang du 10 août 1981 et les politiques du livre », Revue française de science politique, 1997, pp. 147-172    

    L'analyse des politiques publiques a souvent conduit à décrire l'action publique comme la résultante de dynamiques aléatoires, plus ou moins maîtrisées par les acteurs politiques et débouchant sur des variations marginales des principes et des dispositifs. En prenant l'exemple des politiques du livre, il apparaît cependant que la conjonction de facteurs favorables alimente parfois des changements substantiels. La crise de l'édition dans les années 1970, la désorganisation des règles de fonctionnement du secteur, ainsi que l'évolution des perceptions attachées à l'objet lui-même ont pu produire en effet une crise de politique (la remise en cause de l'action traditionnelle centrée sur la lecture), la mobilisa­tion des intérêts et des acteurs concernés, et enfin, I'activation du champ politique autour d'un problème précis, le prix du livre, construit par une représentation spécifique du milieu, «le livre n'est pas un produit comme les autres». Au-delà de l'action collective, c'est ici la transformation de la conjoncture et des dynamiques politiques lors de l'alter­nance de 1981, qui permit une variation de l'action étatique grâce à l'ouverture d'une «fenêtre politique » élargissant la marge de manœuvre du gouvernement.

    Yves Surel, Pierre Muller, « Crises de politiques et régulations cognitives : l'exemple des politiques du livre », Pôle Sud, 1996, pp. 92-106    

    Muller Pierre, Surel Yves. Crises de politiques et régulations cognitives : l'exemple des politiques du livre. In: Pôle Sud, n°4, 1996. Négociations, sous la direction de François Baraize . pp. 92-106.

    Yves Surel, « Collection Logiques politiques », 1991, p. -   

  • Yves Surel, Mark Thatcher, The Politics of Telecommunications : National Institutions, Convergence, and Change in Britain and France, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2002, pp. 101-104    

    Surel Yves. Mark Thatcher, The Politics of Telecommunications : National Institutions, Convergence, and Change in Britain and France. In: Revue française de science politique, 52ᵉ année, n°1, 2002. pp. 101-104.

    Yves Surel, Paul Sabatier (dir.), Théories of the Policy Process, Association française de science politique, Paris : Fondation nationale des sciences politiques (France), Paris : Association française de science politique et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2000, pp. 855-858    

    Surel Yves. Paul Sabatier (dir.), Théories of the Policy Process. In: Revue française de science politique, 50ᵉ année, n°4-5, 2000. pp. 855-858.

    Yves Surel, Corinne Balleix-Banerjee : La France et la banque centrale européenne, Institut de Management Public, Paris : Institut de Management Public et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1999, pp. 212-215    

    Surel Yves. Corinne Balleix-Banerjee : La France et la banque centrale européenne . In: Politiques et management public, vol. 17, n° 2, 1999. La performance publique. Actes du neuvième colloque international organisé en collaboration avec l'IUP management public, Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en-Provence et avec le concours du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Aix-en-Provence - 28/29 mai 1998 - Tome 1 - A la recherche de la performance publique. pp. 212-215.

    Yves Surel, Bruno Jobert, Le tournant néo-libéral en Europe : idées et recettes dans les pratiques gouvernementales, 1994, Paris : Dunod et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1996, pp. 117-120    

    Surel Yves. Bruno Jobert, Le tournant néo-libéral en Europe : idées et recettes dans les pratiques gouvernementales, 1994. In: Sociologie du travail, 38ᵉ année n°1, Janvier-mars 1996. pp. 117-120.

    Yves Surel, Michel Setbon, Pouvoirs contre sida, 1993, Paris : Dunod et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1994, pp. 268-269    

    Surel Yves. Michel Setbon, Pouvoirs contre sida, 1993. In: Sociologie du travail, 36ᵉ année n°2, Avril-juin 1994. Migration et travail. pp. 268-269.

  • Yves Surel, Leadership und Regieren in der EU, 2008 

    Yves Surel, Yves Mény, The Constitutive Ambiguity of Populism, 2002 

    Yves Surel, Populism in the French Party System, 2002 

  • Yves Surel, « La confiance et l’Etat », prévue le 21 novembre 2024  

    Colloque du Centre d’Etudes et de Recherches en sciences administratives et en sciences politiques, organisé sous la direction scientifique de Mathilde GUYOT et Pauline HEROLD.

    Yves Surel, « La justice constitutionnelle illibérale », le 30 juin 2023  

    Colloque organisé par Aurélie Duffy-Meunier et Nicoletta Perlo pour l'ILF - Institut Louis Favoreu, Groupe d'Études et de Recherches sur la Justice Constitutionnelle / GERJC UMR 7318, Université d'Aix-en-Provence

    Yves Surel, « Reading the Face : Legal, Ethical and Aesthetic Perspectives on Facial Recognition », le 02 décembre 2022  

    Organisé par le Centre de recherche Law & Humanities rattaché au CERSA, en collaboration avec ETHICS (EA 7446, Université Catholique de Lille) et avec le soutien de l'Institut Universitaire de France (IUF)

    Yves Surel, « Conservation des données de connexion et surveillance généralisée. Quels enjeux pour le droit public ? », le 19 novembre 2021  

    Organisée par Le Centre d'études et de recherches de sciences administratives et politiques (CERSA) de l'université Paris 2 Panthéon-Assas et le Centre d'innovation et Droit (CID) de l'université de Bourgogne Franche-Comté

    Yves Surel, « Les transformations de l’Etat », le 17 septembre 2021  

    Organisé pour le Centre d’Etude et de Recherche en Science Administrative (CERSA – CNRS) - Paris II Panthéon-Assas par Anne-Laure Riotte et Kim-Khanh Pham

    Yves Surel, « La « loi Schiappa » contre les violences sexuelles et sexistes, deux ans et demi après, où en est-on ? », le 29 janvier 2021  

    Organisé par le CARISM, le CERSA et le Laboratoire de sociologie juridique, Université Paris II Panthéon-Assas

    Yves Surel, « Trump, l'an 3 », le 20 mars 2020  

    Organisé en collaboration avec Law & Humanities, CERSA, NYU Paris, l'Institut universitaire de France et l'association Assas Common Law Society par Yvonne-Marie Rogez et Jennifer Merchant, Université Paris 2 Panthéon-Assas

    Yves Surel, « La télémédecine saisie par le droit », le 08 novembre 2019  

    Organisé pour le CERSA, Paris II Panthéon-Assas par Benoit Apollis, MCF à l’Univ. de Rennes 1 ; Michel Borgetto, Pr. à l’Univ. Panthéon-Assas ; Lucie Cluzel, Pr. à l’Univ. Paris Nanterre et Olivier Renaudie, Pr. à l’Univ. Paris I Panthéon-Sorbonne

    Yves Surel, « Trump : l’an 1 », le 19 janvier 2018  

    Le groupe de recherche Law&Humanities (CERSA) organise une conférence dont l'objectif est l'analyse des faits et actes de l'administration Trump.

    Yves Surel, « US Presidential election. Quelle(s) Amérique(s) ? », le 10 novembre 2016 

    Yves Surel, Sabine Saurugger, « Au-delà de la convergence : instruments de résistance dans l'Union européenne », 10e Congrès de l'Association française de science politique (AFSP), Grenoble, le 07 septembre 2009   

    Yves Surel, Sylvain Brouard, Olivier Costa, Emiliano Grossman, « Decision-making Institutions », Colloque international : The French Fifth Republic in a Comparative Perspective: The State of the Field and Future Research Agenda, Roundtable 1 - Decision-making Institutions, Pessac, le 25 mars 2009 

  • Yves Surel, Comprendre le populisme - intervention de Yves Surel 

    Yves Surel, Comprendre le populisme - intervention de Raphaël Liogier 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Anne-Laure Riotte, L’action culturelle européenne, unis dans les diversités, thèse soutenue en 2024 à Université ParisPanthéonAssas, membres du jury : Laurie Boussaguet (Rapp.), Mark Thatcher (Rapp.), Cyril Benoît, Natacha Gally, Thomas Helie et Hélène Michel  

    Cette thèse a pour objet de retracer la trajectoire de l’action culturelle européenne de sa mise à l’agenda dans les années 1970 à la formulation de son dernier programme de financement Europe Créative en 2021. Elle étudie la manière dont celle-ci a évolué suivant les différents paradigmes qui lui sont attachés - exception culturelle, diversité, créativité - et leur impact sur la formulation des programmes culturels de l’Union européenne. De plus, cette recherche donne à voir comment cette évolution s’inscrit dans un processus au long cours de métamorphose de l’action publique en Europe.À ce titre, ce travail propose de s’appuyer sur la méthode du process tracing pour expliciter les mécanismes causaux permettant à l’action culturelle de s’institutionnaliser à cette échelle. La sédimentation de programmes et les changements de paradigmes nous invitent à développer un cadre d’analyse s’appuyant sur la littérature néo-institutionnaliste et sur une approche cognitive et sociologique de l’action publique européenne. À partir d’une démarche méthodologique qualitative, cette recherche révèle les dynamiques internes et externes de l’action culturelle européenne qui alimentent son processus d’institutionnalisation. Elle démontre la pertinence de saisir les différentes formes de justification d’une telle action publique, cette dernière évoluant dans un environnement complexe et multi-niveaux, composé à la fois d’acteurs nationaux et européens, professionnels, bureaucratiques et politiques. Cette thèse démontre de fait que l’action culturelle européenne met en tension une logique classique d’intégration avec les différenciations continues des programmes et modes d’actions.

    Jean-Christophe Barré, Rapprocher la police nationale et la population , thèse en cours depuis 2023  

    Ce projet de thèse porte sur la question du rapprochement entre la police nationale française et la population. Ce sujet n’est pas sans lien avec une récente réforme (la Police de Sécurité du Quotidien, 2018). Toutefois, celle-ci s’inscrit dans une réflexion plus globale menant la police nationale, notamment depuis le XXème siècle, à questionner son activité de sécurité publique au prisme de ses liens avec la population. Le modèle de police française se singularise historiquement par une action verticale et interventionniste, éloigné de la « police par consentement » anglosaxonne. Des initiatives allant dans le sens du rapprochement avec la population ont pu exister (ilotage, police de proximité, dispositifs de prévention) sans jamais s’institutionnaliser ou s’imposer comme priorités gouvernementales pérennes. Or, l’actualité de ces dernières années montre la prégnance renouvelée de ce sujet. Ce projet de recherche souhaite étudier la trajectoire de l’idée du rapprochement entre la police et la population, tout en mettant au jour les motivations diverses et les dispositifs concrets qui l’ont accompagné.

    Grégoire Champenois, Les relations internationales entre l'Argentine et le Chili à travers la frontière, thèse en cours depuis 2023  

    L'objet du travail de recherche portera sur les relations internationales entre le Chili et l’Argentine, en particulier à travers l’étude de leur frontière. Les objectifs de cette thèse résident autant dans l’étude de la construction de la frontière politique que dans l’administration des territoires frontaliers pendant la période précoloniale, coloniale et depuis l'indépendance des pays en question. Les relations diplomatiques entre les deux pays autant que leur processus d’intégration régionale sont intrinsèquement liés à la question de la frontière. La situation des frontières dans ces différents processus révèle non seulement les dynamismes et les blocages entre le Chili et l’Argentine mais aussi permet de travailler les réseaux sous toutes ses formes (routiers, ferroviaires, énergétiques, voies navigables, pistes) qui diffèrent dans le temps mais aussi en fonction du lieu d’une frontière longueur de plus de 5000 km.

    Sophie Gonzalez Chiraux, Au-delà de l'invisibilité , thèse en cours depuis 2023  

    Cette thèse propose une analyse critique de la formulation et l'implémentation des politiques de care dans les zones rurales et agraires de l’Amérique Latine, en regardant ses effets positifs et contradictoires dès une approche de genre intersectionnelle. Nous inscrirons la recherche dans le cadre des analyses comparées de politiques publiques nationales, et leurs interactions avec les « engagements publics régionaux ». Dès une approche cognitive, nous nous efforcerons « de saisir les politiques publiques comme des matrices cognitives et normatives constituant des systèmes d’interprétation du réel, au sein desquels les différents acteurs publics et privés pourront inscrire leur action » (Muller P., Surel Y., 1998, p.47). Également, nous viserons à comprendre les forces, les « logiques de revendication » (Neveu E., 2015) et stratégies des mouvements ruraux et agraires, au niveau national et régional. Cette double regarde devrait nous permettre de comprendre la relation dialectique entre les États et les mouvements sociaux, en identifiant des points de levier et de bonnes pratiques pour l'intégration de la ruralité dans les politiques du care.

    Miguel Alabarta, Le paradoxe migratoire en Amérique Latine. Une analyse de l'écart discursif, thèse en cours depuis 2022  

    Dans cette thèse doctorale, nous prétendons analyser l’écart entre la pratique discursive et législative en matière migratoire. À ce sujet, la littérature scientifique propose l’existence d’un paradoxe migratoire dans les démocraties libérales, caractérisé par la présence de forces économiques poussant les États vers l’ouverture des frontières, et de forces politiques poussant vers une plus grande fermeture frontalière. Ce paradoxe se déplace au champ politique sous la forme d’un écart discursif, caractérisé par un écart entre une rhétorique restrictive de contrôle migratoire et une réalité législative expansionniste. À ce point, les analyses académiques dans la matière ont laissé de côté les démocraties libérales en dehors de l’Europe et l’Amérique du Nord. À travers une méthode comparée basée sur la stratégie méthodologique de most similar cases, ce travail prétend analyser les formes et variations de l'écart discursif dans les démocraties libérales de l'Amérique du Sud en temps de flux migratoires de masse, dans l'objectif de contribuer au débat académique sur les déterminants des politiques migratoires dans les démocraties modernes.

    Céline Usclade, La contraception dans les politiques publiques de santé reproductive en France, thèse en cours depuis 2022 

    Luis Miguel Rivera-Vélez, Les politiques du cannabis en Amérique latine : légalisations divergentes en Colombie, au Mexique et en Uruguay (2010-2021), thèse soutenue en 2021 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Laurie Boussaguet (Rapp.), Camille Goirand (Rapp.), Henri Bergeron et Jacobo Grajales Lopez  

    Cette thèse étudie l’émerge de différents modèles de régulation du cannabis en Amérique latine, pendant la décennie 2010. De manière plus spécifique, elle analyse les processus de création d’un marché légal du cannabis récréatif en Uruguay, le développement d’une industrie de production de cannabis médicinal en Colombie, et les autorisations des usages médicinaux et récréatifs du cannabis au Mexique. À partir d’une recherche de terrain auprès des acteurs clé et d’une démarche de process-tracing, cette recherche permet de comprendre les raisons pour lesquelles ces politiques divergent significativement alors même qu’elles sont conçues de manière simultanée par des acteurs proches. Les résultats de l’enquête montrent que les divergences dans les politiques du cannabis résultent de la capacité des pays à s’affranchir des normes internationales et des ambitions de réforme de la part des présidents et des administrations. L’établissement d’une chronologie détaillée des processus et notre capacité à suivre les acteurs pendant une période d’enquête longue (2014-2021) nous a permis de comprendre que les pressions internationales sont déterminantes pour orienter le contenu des réformes, notamment en ce qui concerne la différence entre cannabis récréatif et médicinal. Les entretiens semi-directifs auprès d’un grand nombre de parties prenantes, nous a montré que l’ampleur des réformes est déterminée par la volonté politique des présidents et des administrations publiques. En somme, plus un président encourage une réforme, plus l’administration imagine des modèles innovants et plus les soutiens politiques augmentent.

    Angie Lizzethe CONTRERAS SANABRIA, Opportunités et défis de la coopération entre les secteurs public et privé pour la mise sur l'agenda et la mise en œuvre de la Politique Publique de Croissance Verte en Colombie., thèse en cours depuis 2021  

    La politique de croissance verte en Colombie a été mise sur l’agenda et formulée, grâce au policy transfer des agences internationales. Cela a renforcé la coopération entre les secteurs public et privé dans la mise en œuvre de la politique de croissance vert, même si des défis persistent principalement en termes financiers, humains et techniques. Quels sont les enjeux et les opportunités de la coopération publique-privé pour la concrétisation de la politique de croissance verte en Colombie ? Commentaire sur dit, « les politiques publiques sont plus un processus de décision du complexe et de la circulation qu'une ligne de séquences... un flux continu de séquences enchevêtrées » 1 en ce sens, nous analyserons en plus de la mise en œuvre de la politique de croissance verte, les séquences de la mise sur agenda de cette politique et l'analyse décisionnelle, puisqu'elle permettra de percevoir combien il y a eu d'implication ou de coopération entre les secteurs privé et public tant dans la formulation de la politique que dans sa mise en œuvre. De même, l'implication des agences internationales dans la formulation des politiques.

    Pauline Herold, La construction du Grand Paris et l’appropriation plurielle de la notion de développement économique territorial. Étude des trajectoires de Plaine Commune, d’Est Ensemble et de Paris-Saclay (2009-2021)., thèse en cours depuis 2021  

    Ce projet de thèse porte sur la construction du projet du Grand Paris à travers l’étude de l’acception de la notion de « développement économique territorial » par les différents acteurs investis autour du projet. Le projet porte sur la comparaison des trajectoires de trois territoires intercommunaux (Plaine Commune, Est Ensemble et Paris-Saclay) entre 2009 et 2021. Pour étudier finement la construction du Grand Paris au prisme de sa politique de développement territorial, il est en outre nécessaire de se focaliser sur un espace géographique délimité en étudiant plus précisément 3 intercommunalités : Est Ensemble, Plaine Commune et Paris-Saclay. Ces territoires connaissent en effet des trajectoires historiques qui leur sont propres et qui déterminent leur configuration institutionnelle singulière. Comparer la trajectoire de ces trois territoires est donc utile pour comprendre dans quelle mesure ces derniers se réapproprient différemment le projet du Grand Paris et son objectif de développement territorial en fonction de leurs caractéristiques propres. L’étude des trajectoires des trois intercommunalités citées ci-dessus invite à se pencher analytiquement sur les dynamiques de changement institutionnel. L’étude de la construction du Grand Paris amène à s’interroger sur l’appropriation de la notion de développement territorial par les acteurs des intercommunalités, et ce, lors de leurs transactions avec les autres acteurs nationaux et territoriaux construisant le Grand Paris, et au fil des transformations institutionnelles qui adviennent (en l’espèce l’institutionnalisation progressive et ambiguë du projet du Grand Paris autour de la MGP).

    Thoma Lamb, Linky, un compteur pour les gouverner tous : Introduction controversée d'un instrument de « la » transition énergétique, thèse soutenue en 2020 à Paris 2, membres du jury : Brigitte Gaïti (Rapp.), Patrick Hassenteufel (Rapp.), Henri Bergeron, Aurélien Evrard et Natacha Gally  

    Cette thèse s'intéresse à l'ensemble des effets politiques et sociaux produits par l'introduction des compteurs communicants Linky en France. Dans la mesure où les données de consommations enregistrées par ce compteur sont supposées alimenter l’évolution du secteur énergétique vers un futur plus durable, cette recherche aborde plus largement deux grandes dynamiques de changement qui touchent l'action publique : la révolution numérique et la transition énergétique. Partant des théories de l’instrumentation de l’action publique, ce travail propose de considérer Linky comme un nouvel instrument de régulation du sous-système électrique dont les étapes successives de conception impliquent une pluralité d’acteurs, d’institutions et de représentations concurrentes. Marquée tout à la fois par l’histoire du réseau électrique français, l’évolution des méthodes de métrologie et l’européanisation des politiques énergétiques, l’instrumentation du compteur Linky est ainsi envisagée comme un processus itératif changeant au gré des mobilisations de plusieurs coalitions d’acteurs portant chacune leur projection idéalisée du dispositif. Ces projections imprégnées de savoir et d’expertises contradictoires sont notamment déterminées par les enjeux que chaque acteur considère comme prioritaires pour l’avenir du secteur de l’énergie. Elles varient aussi en fonction des différentes controverses techniques et politiques entourant Linky. L’étude de la mise en œuvre du compteur démontre à ce titre les effets concrets de la reception d’un instrument de politique publique par ses destinataires en suivant l’évolution de sa trajectoire depuis le statut d’objet technique jusqu’à celui de risque politique.

    Shengyuan Luo, L'Europe en rail. L'intégration européenne et la gouvernance ferroviaire., thèse en cours depuis 2020  

    Comment les institutions politiques développent-elles et déploient-elles leur pouvoir sur le territoire? Et comment la portée spatiale du pouvoir politique rattrape-t-elle son imaginaire territorial? Telles sont les questions qui se posent à de nombreux régimes émergents. Dans ces derniers, le nouveau territoire est superposé avec l’ancien et les frontières administratives internes maintenues alors que leur capacité territoriale n'est pas encore établie. Avec les frontières administratives internes et la persistance du pouvoir local, les institutions décisionnelles dépendent des autorités locales pour déployer les décisions, exécuter les politiques et asseoir leur pouvoir. Le transport transfrontalier est l'un des secteurs politiques les plus difficiles pour ces institutions émergeantes. La résistance persistante des autorités locales est devenue un obstacle majeur dans la mise en œuvre des politiques ferroviaires, en termes de la standardisation technique, de l’harmonisation du cadre réglementaire et de la coordination des acteurs dans l'administration et l’opération. Néanmoins et malgré toutes les difficultés rencontrées, les institutions émergentes interviennent continuellement dans le secteur et élaborent de nouveaux projets de réseaux d'infrastructures sur de vastes zones géographiques. En ce sens, le réseau ferroviaire à grande vitesse (LGV) est l'un des projets les plus ambitieux et les plus remarquables des dernières décennies, ces infrastructures transfrontalières relient non seulement différentes régions géographiques mais organisent également un espace unifié pour les actions publiques et le pouvoir politique. Cette recherche vise à interroger la construction de réseaux ferroviaires transfrontaliers à grande vitesse au sein de l'Union européenne après ses récents élargissements. La construction de réseaux LGV traversant les frontières internes est considérée comme stratégique et se heurte aux obstacles locaux. Dans l'UE, neuf corridors constituent la partie ferroviaire du Réseau Trans-Européen de Transport (TEN-T). Bien que l'Accord de Schengen ait déjà atténué l'impact des frontières intérieures sur la mobilité des personnes et marchandises et que d'autres modes de transport aient été développés pendant ce temps, les réseaux ferroviaires et leurs services voyageurs nationaux n'ont pas encore été connectés sur le continent. Les objectifs politiques fixés par les bureaucrates européens ne sont non plus atteints. La raison souvent formulée de cette difficulté dans la réalisation des projets ferroviaires est le manque de financement, un problème commun au secteur. Mais les raisons profondes sont plutôt institutionnelle et administrative que financière : soit parce que les acteurs publics ont un rôle dominant à jouer et à préserver dans le secteur, soit parce qu'aucun plan réalisable ne peut être atteint par les différentes parties. Autrement dit, il existe un décalage entre le rôle des institutions politiques dans la fabrique des politiques et leurs capacités véritables dans la mise en œuvre de ces décisions.

    Sylvain Monnier, Rôle des idées et des discours dans l'action publique liée à la mobilisation des Gilets jaunes, thèse en cours depuis 2020  

    Cette thèse porte sur les effets du mouvement des Gilets jaunes sur les politiques publiques de sécurité intérieure. S'inscrivant dans le cadre de l'analyse des politiques publiques, elle étudie en particulier le processus de production et de mise en œuvre du Schéma National de Maintien de l'Ordre.

    Adagogo Jaja, Cyberespace et sécurité maritime dans le golfe de Guinée , thèse en cours depuis 2020  

    L'amélioration de l'adaptation des cyberespaces a facilité leur interaction rapide et continue avec d'autres espaces mondiaux, notammement la terre, la mer, l'air et les espaces extérieurs. L'adaptation du cyberespace au moyen d'équipements automatisés et numérisés intégrés de manière adaptative et dotés de l'infrastructure nécessaire s'avère utile pour la navigation maritime, le contrôle de la propulsion, la gestion des cargaisons, le contrôle du trafic, les communications, la sécurité et les activités de surveillance dans les espaces maritimes mondiaux. Toutefois, ces processus numérisés et automatisés, qui sont associés à des menaces et des risques, peuvent perturber considérablement le trafic et le commerce maritimes, avec des conséquences négatives pour la sécurité et la sûreté maritimes et l'environnement. Les menaces et les risques liés au cyber sécurité dans le secteur maritime comprennent le vol, le sabotage et la subversion par accès illicite en contournant les défenses des systèmes ciblés pour acquérir des connaissances sur les informations critiques/infrastructures nationales. Cet accès non autorisé aux systèmes pourrait être utilisé pour exercer un chantage, frauder ou tenir des organisations en otage afin de rançonner des données ou l'opérabilité de systèmes volés, ou pour recueillir des informations spécifiques sur les mouvements de navires dans le but de détourner ou de déplacer frauduleusement des cargaisons. Cela pourrait perturber les processus économiques du transport maritime et de la manutention des cargaisons axés sur la sécurité et la sûreté maritimes, ce que pourrait déstabiliser les économies. Ceux-ci sont à la base de ce travail de recherche approfondi au Nigeria, en contribution à des travaux de recherche similaires précédemment menés en France, les États-Unis et le Royaume-Uni, entre autres.

    Agathe Piquet, Europol, une police européenne ? Création et autonomisation d’une agence, thèse soutenue en 2019 à Paris 2, membres du jury : Jacques de Maillard (Rapp.), Sabine Saurugger (Rapp.), Natacha Gally, Didier Georgakakis et Andy Smith  

    Dans le contexte actuel de forte visibilité des enjeux de sécurité intérieure et de critiques sur la construction européenne, cette thèse s’intéresse à la trajectoire institutionnelle d’Europol des années 1990 à 2018. Elle étudie la manière dont celui-ci a évolué d’une organisation intergouvernementale, débutant formellement ses activités en 1999, en une agence de l’UE aux ressources et prérogatives croissantes. À ce titre, ce travail propose de développer un cadre d’analyse alternatif au modèle principal-agent, dominant les travaux sur les agences, en s’appuyant sur la littérature relative à l’autonomie, renouvelée par une approche cognitive et sociologique. À partir d’une démarche méthodologique qualitative, cette recherche met en lumière la pluralité des acteurs et dynamiques internes et externes à l’agence alimentant son processus de création et d’autonomisation. Elle démontre la pertinence de saisir les différentes facettes de l’autonomie d’Europol, plongé dans un environnement complexe et multi-niveaux, composé à la fois d’acteurs nationaux et européens, techniques, bureaucratiques et politiques. Ce travail considère dès lors non seulement le degré d’autonomie de cette agence, mais identifie également les acteurs par rapport auxquels cette autonomie peut être pensée. Ainsi, cette étude entend plus largement proposer de nouvelles perspectives de recherche sur les agences de l’UE opérant dans un domaine régalien.

    Manale El Kareh, Étude Comparative de l'efficacité des modèles de gouvernance administratives et institutionnelles des Gouvernements Arabes, thèse en cours depuis 2019  

    Ce projet de thèse s'inscrit dans le double champ de la recherche en politiques administrative et publique. L'objectif de ce projet est l'étude de l'efficacité des modèles de gouvernance administrative et des instruments de transformations institutionnelles mis en place pour la gestion et la réalisation des stratégies et politiques nationales dans les pays du Conseil de Coopération du Golfe Arabe (CCG). L'étude analytique se portera sur une étude de base qui aura pour objectif d'identifier les défis des politiques administratives et institutionnelles dans les pays du CCG. Cette analyse aidera à comprendre les implications de l'usage des pratiques actuelles au niveaux sectoriel, national, et régional. Cette étude sera complétée par une étude comparative à trois niveaux : intra-gouvernemental, régional, et international. 1. Dans le cas de la comparaison intra-gouvernemental, l'étude se chargera de comparer les différents apparatus déployés pour gérer deux ou plusieurs secteurs publics dans un même pays. 2. Dans le cas de la comparaison régionale, l'étude proposera une comparaison des apparatus de gouvernance dans la gestion des stratégies nationales (visions) des pays du CCG entre L'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes, mais aussi une comparaison de la gestion des gouvernances aux niveaux de secteurs spécifiques, plus particulièrement le secteur de sécurité et défense entre L'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes. 3. Finalement, dans le cas de la comparaison internationale, l'étude évaluera les modèles de gouvernances régionales au niveau national et sectoriel en les comparant aux modèles Français, Anglais, Australien et Singapourien.

    Philippe Jurkowicz, Vers une nouvelle conception de la Nation dans la Russie postsoviétique, thèse en cours depuis 2018  

    La dislocation de l'Union Soviétique, accompagnée de plusieurs conflits a marqué la dissolution d'une « nouvelle communauté historique » : le peuple soviétique. De ce fait, la période qui s'ouvre en 1991 implique la réouverture de débats anciens et l'on peut parler certainement d'un renouveau de l'enjeu identitaire en Russie. La recherche sera construite autour de la genèse du discours et des perspectives de conception de la Nation en Russie, limitée à la période de présidence de B. Eltsine et V. Poutine, en prenant en compte une période ou il occupait le poste du premier-ministre. Il s'agira de montrer toute la complexité de cette reformulation de l'identité russe qui passe tout à la fois par des stratégies politiques du pouvoir en place comme par des recherches anthropologiques ou historiques en cumulant des sources différentes (travaux d'intellectuels, photographies de mobilisations nationalistes, iconographie, etc.).

    Jonas Weko, Reformer ou changer la politique monétaire en Zone CFA , thèse en cours depuis 2018  

    Malgré les critiques, controverses et frondes dont il a toujours fait l’objet le franc CFA fait preuve d’une résistance et d’une résilience sans précédent. Avec sept décennies d’existence cette monnaie demeure l’une des plus anciennes et la zone franc la plus ancienne union monétaire. Ce contraste nous conduit à nous interroger sur les contraintes qui entravent toute perspective de réforme voire de changement de ce dispositif monétaire ? Une telle question qui soulève de façon générale la thématique du changement des politiques publiques justifie l’approche par trois entrées analytiques à savoir les institutions, les intérêts et les idées L’approche par les institutions nous permettra de souligner le poids et l’inertie des institutions comme fruit de l’enracinement historique de cette monnaie et de la sédimentation de pratiques formelles et informelles qui la structurent. La question des intérêts est aussi importante car elle nous permettra de mettre en lumière le poids des interactions stratégiques entre les différentes parties prenantes. Enfin le rôle des idées est essentiel pour comprendre comment les croyances normatives - notamment partagées autour du rôle de la monnaie en tant que simple et neutre intermédiaire des échanges ou de la monnaie en tant qu’institution doté d’une fonction sociale et en tant qu’outil de développement économique – contribuent à soutenir les différentes prises de position autour du FCFA.

    Luiza Duarte Cardoso, L’émergence d’une politique mémorielle au Brésil : la Politique Nationale des Musées (2003-2010), thèse soutenue en 2018 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Olivier Compagnon, membres du jury : Frédéric Louault, Natacha Gally et Regina Abreu    

    Cette thèse porte sur la genèse de la Politique Nationale des Musées au Brésil dans les années 2000. L’expérience consolide des espaces de mémoire en tant qu’objets d’une politique publique dans le pays et impact le développement de démarches similaires en Amérique du Sud, marquées par les idées de la muséologie sociale. Cette recherche analyse, à la lumière de l’approche cognitive, les variables permettant d’expliquer l’émergence de cette politique muséale, qui configure l’ensemble des actions étatiques envers les musées et leurs collections. Elle s’appuie sur des données issues d'entretiens auprès des décideurs politiques et membres de la communauté muséale, de l'analyse de sources primaires et secondaires sur l’activité des institutions de gestion muséale nationales, des discours, lois et plans stratégiques. Cette étude démontre que l’effort vers le développement des solutions locales pour la gouvernance mémorielle sous l’influence du mouvement de la « nouvelle muséologie », dans le cadre de la montée d’une démarche de reconnaissance de la diversité culturelle, trouve sa place dans l’agenda, lors de l’alternance politique qui permet l’arrivée au sommet de l'État du premier gouvernement de gauche dans le pays. La politique muséale apporte une re-signification symbolique majeure des discours et pratiques mémorielles au Brésil et fonctionne comme un élément de légitimation du nouveau gouvernement, élu grâce à un programme ciblé sur la démocratisation de la structure publique au nom de la « justice sociale ».

    Nicolas Audignon, « Quand on devient président... » Du New Deal à la République en marche , thèse en cours depuis 2017  

    Les cent premiers jours d’une présidence sont régulièrement cités comme symboliques. C’est là que le nouvel élu imprime sa marque, peut mener à bien ses plus grandes réformes et ainsi imposer un mandat réussi. C’est tout du moins la version dominante du récit. Dans un champ d’étude aussi submergé que la présidence, l’abandon de ce mythe par la science politique laisse songeur. L’idée, apparue en France avec les cent-jours de Napoléon en 1815, reprise par Roosevelt en 1933, n’a depuis plus disparu du paysage politique et s’est diffusée à la fois dans la sphère politique au sens large, mais aussi médiatique et dans une partie de l’opinion publique. Certes, le sujet peut paraitre complexe ou abscons. Néanmoins réalisable, il donne l’espoir d’une approche pleine et entière de la gestion d’une période prétendue essentielle par certains, dérisoirement surinvestie pour d’autres. Par une démarche de politique comparée, il sera question de comprendre le mythe en lui-même mais surtout la manière dont il impacte la réalité. De quelle manière les acteurs politiques prennent ce mythe en compte ? S’agit-il d’une feuille de route avec laquelle ils composent, ou l’environnement des dirigeants les contraint-ils à le prendre en considération ?

    Nicolas Audignon, La construction de l'Etat entrepreneur social sous l'effet transformateur des social impact bonds et des politiques de l'emploi en Grande Bretagne, en Belgique et en France (2010-2019), thèse soutenue en 2017 à Université ParisPanthéonAssas  

    Cette thèse s'intéresse aux rationalités politiques qui entourent le choix des social impact bonds, ses styles d'appropriation, ses effets transformateurs sur L'État providence en Grande Bretagne, en Belgique et en France et questiom1e le rôle de 1 'Union européenne dans ce processus. A ce titre, elle croise plusieurs champs de recherche à savoir l'instrumentation de l'action publique, l'européanisation, les transformations des politiques publiques et de l'État providence. Cette recherche révèle qu'afin de moderniser leurs modèles sociaux en proie à une crise d'égalité et de solidarité, les acteurs programmatiques ont modifié leur doctrine de financement de l'action sociale en assurant la promotion des instruments susceptibles d'être efficaces, de susciter l'innovation sociale et de faciliter le changement d'échelle des organisations sociales en les connectant aux capitaux privés. Pour cela, ils ont mobilisé par mimétisme le social impact bond selon un processus politique par négociation d'idées. Ensuite, afin de neutraliser les conflits de référentiel, les acteurs programmatiques ont modifié à la marge les paramètres de ce dispositif en fonction des contraintes institutionnelles et culturelles des États étudiés. Ce qui a abouti à un changement des cadres institutionnels et paradigmatiques des politiques de l'emploi et une transformation limitée par déplacement (Grande Bretagne) ou par sédimentation (Belgique, France) de l'État providence classique en un variant du modèle social libéral que nous avons conceptualisé en État Entrepreneur social en prenant soin de définir ses logiques et ses variables institutionnelles. De son côté, pour favoriser l 'harmonisation cognitive et normative des modèles sociaux au niveau domestique selon les logiques de l'État Entrepreneur social, l'Union européenne s'est appuyée sur ses dispositifs institutionnels (FSE, FEI, Semestre européen) et sur des stratégies d'alliance avec les investisseurs privés et de coordination indirecte des politiques de l'emploi.

    Lucie Béraud-Sudreau, Soutien ou contrôle ? La politique des ventes d’armes en France et en Suède (1990-2015), thèse soutenue en 2017 à Paris 2, membres du jury : Aude-Emmanuelle Fleurant, Patrick Hassenteufel, Jean Joana, Delphine Lagrange et Jocelyn Mawdsley  

    Ce travail étudie les changements dans les politiques d’exportation d’armement de la France et de la Suède depuis la fin de la guerre froide. Il cherche à expliquer pourquoi on assiste d’abord à un phénomène de convergence entre les deux Etats (1990-2005) puis à un phénomène de divergence (2005-2015). La thèse montre que les explications du changement ne viennent pas uniquement de facteurs internationaux (transformations économiques, diplomatiques) ou internes (évolutions de l’industrie de défense, scandales, alternances politiques), mais des rapports de force entre coalitions « pro-soutien » et « pro-contrôle » des ventes d’armes. L’intervention et l’enchaînement de mécanismes causaux faisant appel au travail politique d’acteurs du sous-système de politique publique sont nécessaires pour relier les facteurs de changement internationaux et domestiques aux réformes observées dans les politiques d’exportation d’armements.

    Miyuki Tsuchiya, Gouverner l'énergie : la dynamique de changement des politiques publiques de l'électricité d'origine nucléaire et renouvelable. Une comparaison entre la France et le Japon., thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Mark Thatcher (Rapp.), Tōru Yoshida (Rapp.), François Bafoil, Aurélien Evrard et Natacha Gally  

    Une crise de grande ampleur laisse supposer d’importants changements en politiques publiques.Toutefois, les multiples accidents nucléaires ont souligné l’effet d’inertie du système de l’électricité en France comme au Japon et du maintien des acteurs dominants au sein de ce système. Le particulier focusing event que constitue Fukushima apparaît toutefois comme un vecteur important de changement dans un système fortement soumis à la dépendance au sentier et à un bouleversement des rapports de force,dépassant par là même les enjeux énergétiques. Au delà des questions de gouvernance de l’énergie, ce travail vise en outre à souligner les importantes transformations qui touchent le marché de l’électricité sous les effets d’une libéralisation toujours plus poussée. Dès lors cette analyse s’attache à fois à l’étude de la gouvernance de la politique de l’énergie mais également aux conséquences d’une ouverture plus progressive du marché sur les acteurs concernés dans une perspective principalement nationale mais aussi européenne.

    Julian Alberto Santos, Analyse des politiques publiques pour le développement de l'agriculture en Colombie , thèse en cours depuis 2016  

    Le secteur rural a été toujours constitué historiquement l'un des enjeux les plus importants auxquels la Colombie a été confrontée. C'est en effet une catégorie de la population qui bénéficie traditionnellement moins que d'autres groupes sociaux des instruments économiques nécessaires à son développement. Cette situation particulière exige par conséquent une réflexion profonde sur la situation des zones rurales et sur les actions nécessaires à leur développement. Ce projet de thèse vise ainsi à produire une analyse des politiques publiques, des institutions, des instruments et des outils mis en place par le Ministère d'agriculture et du développement rural en Colombie au cours des dernières années. Cette recherche ambitionne notamment de mesurer l'efficacité et ce qui a été entrepris pour allouer des moyens techniques et financiers aux petits et moyens agriculteurs et pour promouvoir la participation de ces producteurs dans le marché mondial agricole. En mettant en lumière les relations et les dynamiques politiques et sociales pertinentes, cette thèse a dès lors pour objectif d'identifier l'émergence d'un modèle agricole en Colombie.

    Damien Larrouqué, Les politiques d’inclusion digitale en Amérique latine : de la rénovation éducative à la recomposition de l'Etat (Argentine, Paraguay, Pérou, Uruguay), thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : David Garibay (Rapp.), Patrick Hassenteufel (Rapp.), Philippe Bezes, Olivier Compagnon et Sabine Saurugger  

    L’enjeu de cette thèse est de mettre en lumière les transformations institutionnelles observables en Amérique latine à l’aune de la gestion des politiques d’inclusion digitale. Instaurés par certains pays de la région au milieu des années 2000, ces programmes socio-éducatifs s’inspirent de l’initiative promue par la fondation philanthropique nord-américaine One Laptop Per Child (OLPC). Ces politiques publiques ont pour double caractéristique d’être relativement coûteuses en termes financiers et d’être, sur le plan logistique, très contraignantes à administrer. Aussi, selon notre postulat de départ, elles nous permettent non seulement d’illustrer le « retour de l’Etat » en matière d’investissement social, mais encore d’apprécier son efficacité à l’heure de mettre en œuvre des initiatives présentées comme révolutionnaires. D’après notre principale hypothèse, leur concrétisation a été conditionnée par la capacité des pouvoirs publics à innover en matière de gestion administrative. La plus-value académique de ce travail repose sur le concept d’Etat néo-wébérien, lequel se situe à mi-chemin entre le modèle bureaucratique classique et le New Public Management. Nous soutenons que les programmes d’inclusion digitale étudiées (plan Ceibal en Uruguay, plan Conectar Igualdad en Argentine, plan Una Computadora por Niño au Pérou, plan OLPC au Paraguay) ont été couronnés de succès dans les deux pays du Bassin de la Plata (Argentine et Uruguay) qui ont su emprunter le plus aux caractéristiques de cette conception, certes idéal-typique, mais néanmoins éclairante à l’heure d’appréhender la réalité des mutations contemporaines de l’Etat en Amérique latine.

    Carla Guerra Tomazini, L’État et ses pauvres : la naissance et la montée en puissance des politiques de transferts conditionnels au Brésil et au Mexique, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Valeriano Mendes Ferreira Costa, membres du jury : Camille Goirand, Olivier Dabène, Oswaldo E. do Amaral, Patrick Hassenteufel et Bruno Palier    

    Les années 1990 ont vu naître de nouvelles politiques sociales, les « transferts monétaires conditionnels » : allocations attribuées aux familles pauvres à condition qu’elles incitent leurs enfants à poursuivre leur scolarité ou qu’elles les conduisent dans les centres de santé, avec pour objectif de réduire la pauvreté et d’assurer un meilleur avenir aux « pauvres » de demain. Avec leur développement, ces politiques ont créé un nouveau champ de protection sociale, dont les principes et les manières de faire s’éloignent du fonctionnement traditionnel de l’assistance. Ces politiques ont fait leur apparition au Brésil et au Mexique dans les années 1990. L’analyse de leur genèse met en évidence une structuration progressive, marquée par des contextes institutionnels et des trajectoires distincts qui se soldent néanmoins par des résultats semblables. Comment expliquer ce parallélisme ? L’objectif de cette étude a consisté à dégager une ou plusieurs variables permettant d’expliquer l’émergence et l’expansion des programmes de transferts monétaires conditionnels dans ces pays et à mettre en évidence la manière dont l’évolution de ces politiques a pu susciter des oppositions plus ou moins fortes de la part de certains acteurs, ainsi que les contraintes institutionnelles auxquelles ces politiques se sont confrontées. On peut observer la structuration de groupes défendant des causes diverses autour de ces politiques, et qui ont déterminé largement leur élaboration et mise en oeuvre, rentrant tantôt en concurrence tantôt en alliance. C’est, notamment, la coalition dominante « pro-capital humain » qui entend définir et encadrer l’ensemble des politiques menées. L’apport de cette recherche est donc de nuancer l’idée d’une réforme consensuelle des politiques de lutte contre la pauvreté au Mexique et au Brésil, sans pour autant nier l’ampleur des transformations intervenues. Il en résulte que le changement institutionnel au Brésil s’est opéré par l'ajout de nouveaux dispositifs aux institutions existantes ; et au Mexique, en première instance, le processus de changement et de consolidation de la politique de transfert monétaire s’est produit sous la forme d'un déplacement et, par la suite, afin de maintenir le statu quo, les acteurs défenseurs des institutions ont modifié de façon marginale le programme pour maintenir leurs intérêts. Les instruments monétaires qui visent à lutter contre la pauvreté sont, en effet, l’objet d’un consensus ambigu, plusieurs acteurs issus de différentes coalitions finissant par le revendiquer. Enfin, la variable intérêt, nécessaire à différents moments, s’est constituée comme une variable essentielle pour comprendre la permanence de ces politiques par l’intermédiaire des phénomènes de verrouillage.

    Facundo Solanas, MERCOSUR - Union européenne : une comparaison des politiques publiques de reconnaissance académique professionnelle dans les cadres de l'Argentine et de la France, thèse soutenue en 2016 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Georges Couffignal, Christian Lequesne, Yves Poirmeur et Pauline Ravinet  

    Tant l’Union européenne (UE) que le Marché Commun du Sud (MERCOSUR) ont construit différentes politiques publiques pour la reconnaissance des diplômes à des fins académiques ou à des fins professionnelles. Ces politiques ont pour but principal de faciliter la mobilité des diplômés respectifs dans les pays membres qui composent chaque région.En dépit du fait qu’il s’agit de processus d’intégration régionale très différents, la construction des politiques de reconnaissance académique-professionnelle présente plusieurs similitudes. Les deux politiques se sont dédoublées dans un axe académique et un autre axe professionnel, comme s’il s’agissait de secteurs complétement éloignés l’un de l’autre. Conséquemment, nous avons analysé quatre enjeux dans ce travail : d’abord, le processus que lance la Commission européenne (CE) au début des années 1970 avec les directives sectorielles pour les « professions réglementées » et, qui après différents changements, culmine dans les Directives 2005/36/CE et 2013/55/UE. Deuxièmement, le processus qui se développe principalement à partir de la mise en œuvre du Programme Erasmus en 1986, et qui techniquement pose les bases pour que soit lancé de façon intergouvernementale en 1999 le « processus de Bologne ». Troisièmement, en 1998, le MERCOSUR décide de construire un premier instrument expérimental d’accréditation des cursus universitaires au niveau régional (le MEXA), qui suite à différents changements, est devenu un dispositif permanent : l’ARCUSUR. Finalement, les Ministères des affaires étrangères des pays membres du MERCOSUR ont avancé avec un protocole concernant le secteur des services de la région et, suite à différentes négociations, le Conseil du Marché Commun a permis la pratique professionnelle temporaire à partir d’un autre dispositif : la Décision 25/2003.Ce divorce entre reconnaissance académique et professionnelle nous a invité, d’un côté, à questionner les rapports contemporains entre l’État ou la CE et les différentes associations professionnelles, l’université et la construction des diverses politiques européennes ou du MERCOSUR. Et, d’un autre côté, à analyser la place de l’État et de la CE dans cette construction et les rapports avec les normes ou « recommandations » provenant des organisations internationales.

    Osmany Porto De Oliveira, Ambassadeurs de la participation : la diffusion internationale du Budget Participatif, thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité, membres du jury : Camille Goirand, Eduardo Fernandez-Caldas, Guillaume Gourgues, Patrick Hassenteufel et Franck Petiteville  

    Cette thèse de doctorat porte sur une facette encore peu explorée dans les études sur la démocratie et la participation : la diffusion internationale d’idées et de technologies sur la gouvernance participative. Les recherches récentes sur ce thème ont insisté sur l’influence des différents acteurs afin d’expliquer le phénomène de la diffusion, en accordant une attention particulière aux organisations internationales. La préconisation de modèles spécifiques de la part de ces institutions est fréquente, comme dans le cas du Budget Participatif (BP), qui, de nos jours, compte plus de 2800 expériences réparties à travers le monde. Cependant, les orientations des institutions internationales suffisent-elles à expliquer la diffusion d’idées et de technologies de gouvernance participative ? Située entre analyse de politiques publiques et étude des relations internationales, cette recherche de doctorat se propose d’examiner le processus de diffusion du BP, au travers d’une méthodologie qualitative, combinant entretiens approfondis, observation participante et analyse de documents. L’étude a été développée à partir d’un cas précurseur, Porto Alegre, et de différents cas de transfert en Afrique Subsaharienne et en Amérique Latine. Les résultats de la recherche semblent indiquer l’existence d’un flux global, de mouvements de diffusion régionale – comme dans la région des Andes –, et de mouvements ponctuels de transfert, au sein desquels le BP se déplace d’une institution à une autre, comme de Porto Alegre, au Brésil, vers la municipalité de Cotacachi, en Équateur, ou encore à Maputo, au Mozambique. L’action d’un ensemble d’individus a été fondamentale pour introduire le BP dans l’agenda international, ainsi que pour aider les processus de transfert à l’étranger. Une fois le BP légitimé au niveau international, les organisations internationales se démarquent, car elles financent les expériences, organisent des ateliers de formation de cadres et produisent du matériel d’implantation.

    Anne-Lucie Jarrier, Construire les routes du développement en Amazonie : étude des conflits sur l'aménagement du territoire régional au prisme des instruments, thèse soutenue en 2014 à Paris 2, membres du jury : Patrick Le Galès (Rapp.), David Garibay (Rapp.), Olivier Dabène et Natacha Gally  

    Avec le lancement de l'initiative pour l'intégration de l'infrastructure régionale sud-américaine (IIRSA), la construction d'un couloir de circulation ≪ bi-océanique ≫ cherche à relier l'Atlantique et le Pacifique par le fleuve Amazone. Ce projet, sous-tendu par un diagnostic économique selon lequel la situation de ≪ sous-développement ≫ est due a l'existence d'un≪ déficit ≫ en matière d'infrastructures, entend pallier ce manque en proposant un programme d'équipement du territoire unifié a l'échelle de l'Amérique du Sud. La pleine réalisation de ce programme ferait perdre leur pertinence aux entraves au commerce et permettrait d'intégrer des espaces marginalisés à l'économie productive. Toutefois, la réalisation de l' ≪ axe amazonien ≫soulève de nombreux enjeux environnementaux et sociaux qui donnent lieu à la mise en forme d'un discours critique sur l'opportunité du projet, a l'émergence d'une mobilisation qui s'y oppose et dans certains cas à la formation de conflits locaux.Cette étude considère l'Amazonie comme un laboratoire de la confrontation de deux paradigmes concurrents : la conquête de la frontière économique comme moteur du développement et celui de la préservation du ≪ poumon de la planète ≫. S'appuyant sur des données collectées dans le cadre de trois projets de l'axe amazonien de l'IIRSA (en Colombie,en Equateur et au Pérou), cette étude propose une enquête comparative sur plusieurs niveaux (international, national et local) afin de mener une réflexion croisée sur l'articulation des différents niveaux de gouvernement (intégration régionale, gouvernance locale), mais aussi d'étudier les rapports de force entre deux modèles de développement contradictoires.

    Amélie Bonnet, Les effets des programmes du Fonds Social Européen pour les femmes dans le milieu rural polonais, thèse soutenue en 2014 à Paris 2, membres du jury : Gilles Lepesant (Rapp.), Pierre Muller (Rapp.), Natacha Gally et Nathalie Morel  

    Cette thèse porte sur la mise en oeuvre du Fonds Social Européen (FSE) en Pologne et son impact sur les femmes vivant en milieu rural. L’objectif est d’analyser l’intervention concrète de l’Union européenne au niveau local dans le domaine de l’emploi et du social ; d’identifier les spécificités ou particularités locales qu’elle rencontre dans les zones rurales polonaises, s’agissant des femmes ; d’observer la manière dont les différents acteurs mettant en oeuvre les programmes cofinancés parle FSE se mobilisent et à quelle fin, comment les bénéficiaires elles-mêmes y répondent et avec quels effets.Ce travail se situe dans le champ théorique de l’Européanisation des politiques publiques, considérée ici comme un processus d’ajustement des institutions, desidées et des intérêts, exprimés à un niveau régional et infrarégional et sous l’angle des interactions entre acteurs. Une dimension microsociologique est ajoutée en fin de thèse, destinée à questionner les limites de la dynamique d’ajustement. Après un retour historique permettant de saisir la spécificité du cas polonais en termes de situation des femmes, d’espace rural, de marché de l’emploi et d’équilibre territorial, nous adoptons une démarche comparative entre trois régions ayant des profils économiques, sociaux et ruraux bien différents : la région Podkarpackie, située au sud-est du pays, la région Łódzkie, au centre, et la région Zachodniopomorskie, au nord-ouest. Nous nous appuyons entre autres sur une recherche empirique de plusieurs mois effectuée dans chaque région, et sur un corpus de 152 entretiens semi-directifs réalisés auprès d’acteurs du FSE et de leurs bénéficiaires.

    Élodie Bordat, Les dynamiques du changement dans l'action publique : une analyse comparative historique des politiques culturelles mexicaine et argentine, 1983-2009, thèse soutenue en 2014 à AixMarseille sous la direction de Daniel-Louis Seiler, membres du jury : Olivier Dabène (Rapp.), Emmanuel Négrier (Rapp.), Pierre Muller et Rubens Bayardo  

    Comment expliquer le changement dans les politiques culturelles au Mexique et en Argentine ? À travers une analyse comparative historique, cette thèse rend compte de l'émergence, de l'institutionnalisation et de l'évolution de l'action publique dans le secteur de la culture dans ces deux pays latino-américains, entre 1983 et 2009. Elle s'intéresse aux changements qu'ont entraînés les processus de décentralisation, de trans-nationalisation, et d'inclusion du secteur privé (marchand et associatif) dans les politiques culturelles argentine et mexicaine. L'hypothèse principale de ce travail est que l'on peut appréhender les dynamiques du changement dans ces politiques culturelles en prenant en compte les « contextes » socio-économiques et politiques du Mexique et de l'Argentine, et en mobilisant quatre dimensions d'analyse : les acteurs, les représentations cognitives, les cadres institutionnels et les instruments d'action publique. Cette étude comparative combine à la fois une analyse néo-institutionnaliste et cognitive du changement.

    Sara Casella Colombeau, Surveiller les personnes, garder les frontières, définir le territoire : la Police Aux Frontières après la création de l'espace Schengen (1953-2004), thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Jacques de Maillard (Rapp.), Sabine Saurugger (Rapp.), Philippe Bezes et Aurélie Mathilde Darley  

    Cette thèse prend comme point de départ l’étude d’un service de police, la Police Aux Frontières (PAF) en lien avec la construction européenne. En nous inspirant de la sociologie de l’État nous avons élaboré des catégories analytiques à même de rendre compte de l’évolution concomitante de cette police et des « régimes de circulation » national et européen. Le « régime de circulation » est défini grâce aux catégories rokanienne de l’analyse de l’État : il est lié à un « centre politique » et définit un territoire pertinent de circulation et les caractéristiques des personnes habilitées à s’y déplacer. La PAF est caractérisée comme une police des déplacements, elle met en jeu certaines des formes de pouvoir étatique décrite par Michel Foucault, qui met l’accent sur la capacité de l’État à contrôler à distance les activités des individus. Le régime de circulation national repose depuis 1974 sur le principe de la frontière comme lieu légitime et efficace des contrôles des déplacements des personnes et des déviances. Il entre en contradiction avec celui du régime de circulation européen qui, à partir de 1985, repose sur le principe de libre franchissement des frontières internes. La PAF, administration marginale, connaît alors un développement sans précédent de ses effectifs, de ses tâches et de son rôle dans l’élaboration du régime de circulation. Elle gère les interactions et les contradictions entre le régime de circulation national et européen. La PAF apparaît à la fois comme un acteur professionnel à même de défendre une extension des limites de sa « juridiction » mais également un acteur administratif intervenant dans l’élaboration des régimes de circulation.

    Melina de Souza Rocha, La crise de la fiscalité au Brésil (1988-2010) : un changement de paradigme inachevé, thèse soutenue en 2013 à Paris 3 sous la direction de Ubaldo Balthazar, membres du jury : Carlos Quenan, Philippe Bezes, Michel Bouvier et Olivier Dabène    

    Le débat sur la crise de la fiscalité au Brésil peut être considéré comme l’un des enjeux les plus présents et visibles ces dernières années dans l’espace public de ce pays. Cette thèse s’attache à étudier comment le paradigme de la fiscalité s’est formé en 1988 à partir de la crise du paradigme précédent. Nous reconstruirons ainsi le processus d’émergence et la création de ce nouveau paradigme, tout en analysant les discussions issues de la Constitution de 1988, la caractéristique principale de cette réforme ayant été la décentralisation des compétences et recettes fiscales Nous passerons ensuite à l’analyse de la mise en œuvre du paradigme qui a été déterminée : i) par la mise en place des dispositions constitutionnelles elles-mêmes, spécialement celles relatives au système fédératif ; mais, surtout, ii) par le contexte économique de cette époque-là. La mise en œuvre de ce paradigme et le contexte économique à partir des années 1990 ont eu des conséquences négatives : notamment l’augmentation de la charge fiscale, la recentralisation fiscale et des oppositions entre les parties de la Fédération, particulièrement entre les États. En raison de ces problèmes, de nouveaux acteurs et une nouvelle crise ont émergé, des groupes d’intérêt se sont mobilisés, soit pour défendre les conquêtes obtenues en 1988 – cas de certains États et Municipalités – soit pour défendre des changements du système vers une fiscalité plus efficace et en même temps plus juste – c’est le cas notamment des acteurs liés aux entreprises et aux groupes sociaux. À partir de 1992, des propositions de réformes fiscales ont commencé à arriver sur le bureau du Parlement, et les différents gouvernements qui se sont succédé – Collor, Cardoso et Lula – ont présenté diverses tentatives de réforme de la fiscalité. Mais des difficultés politiques, sociales et économiques ont empêché la question d’avancer. Ces difficultés sont liées, au fond, à la question fédérative, aux questions économiques et nécessité d’équilibre budgétaire, aux inégalités régionales et sociales. L’hypothèse centrale qui guidera notre recherche est que le changement de paradigme qui a eu lieu en 1988 n’a jamais été complet et que la fiscalité, au Brésil, n’est pas encore rentrée dans une période de « politique normale ».

    Lucas Sebastián Gomez, Le déplacement forcé des populations par la violence en Colombie , thèse soutenue en 2012 à Paris Institut détudes politiques en co-direction avec Frédéric Massé  

    Le conflit armé, qui ravage la Colombie depuis plus de 50 ans, a provoqué des conséquences néfastes pour le développement économique, politique et social du pays. Parmi les effets les plus dramatiques se trouve l’expulsion, par des acteurs armés, des populations civiles de leurs lieux d’origine. Pourtant, malgré le fait que ce phénomène a été présent depuis les origines du conflit il n’a pas été pris en charge par les autorités publiques qu’à partir du début des années 1990. Cette thèse cherche donc à élucider la trajectoire du déplacement forcé, depuis son basculement en problème public jusqu’aux transformations récentes de la politique publique d’assistance intégrale aux populations déplacées. Notre analyse du déplacement forcé, est alors fortement marquée par l’étude du développement et des évolutions du conflit armé interne colombien, ainsi que par le repérage des liens entre les différents acteurs qui se sont mobilisé autour de cette nouvelle catégorie d’intervention, provoquant, en fin de compte, un cycle d’émergence, mise en œuvre, réinscription et transformation de la politique publique. Le déplacement forcé est alors un objet de recherche construit par nos soins pour permettre l’analyse d’un policy cycle à l’aide d’outils, des méthodes et des concepts au sein de la sociologie de l’action publique.

    Marie-Esther Lacuisse, La controverse sur le développement alternatif à la coca , thèse soutenue en 2012 à Paris Institut détudes politiques  

    Cette thèse traite d’une politique de coopération au développement qui intègre le champ de la lutte contre la drogue. Il s’agit de la politique dite du développement alternatif instituée comme nouveau concept par les Nations Unies pour réduire l’offre de production de plantes données stupéfiantes servant à la fabrication des drogues, telle la feuille de coca ou le pavot à opium. Elle vise à expliquer les divergences de position des acteurs sur le développement alternatif et plus précisément la réaction différenciée des pays bénéficiaires depuis l’analyse de la controverse sur la feuille de coca et les conditions de production des projets. Ainsi, cette approche valorise l’analyse de l’enjeu des projets sur celle des effets. La thèse s’est construite sur la base d’une démarche inductive en comparant la mise en œuvre des projets au Pérou et en Bolivie depuis une approche du « projet au concret », pour saisir la variété des enjeux qui traversent la controverse. Cette thèse s’articule sur différentes approches pour saisir un objet multi niveau et multi -sectoriel où les enjeux de politique publique s’entremêlent (lutte contre la drogue, développement des Etats et politique de développement local). Ainsi au-delà des divisions des acteurs sur la stratégie de lutte contre la drogue, la thèse aura également pour objectif de questionner le rapport différencié des producteurs avec l’objet projet de coopération dans des zones où il est souvent la seule marque d’action publique.

    Pierre-Louis Mayaux, La privatisation et ses contestataires , thèse soutenue en 2012 à Paris Institut détudes politiques  

    Les grands contrats de privatisation des services d’eau, signés en Amérique Latine durant les années 1990, ont connu des trajectoires contrastées. Certains arrangements se sont consolidés, d’autres, en revanche, ont été remis en cause au terme de mobilisations sociales de grande ampleur. Ces divergences s’expliquent mal à l’aide des théories existantes qui, ou bien postulent l’efficacité supérieure des acteurs privés, ou bien soulignent leur rapacité. En comparant systématiquement les réactions sociales aux privatisations dans quatre villes d’Amérique Latine, cette recherche montre que l’acceptation sociale des privatisations a été déterminée par le degré de concentration des pouvoirs au niveau sectoriel. Une forte dispersion des pouvoirs a en effet contraint les réformateurs à réformer graduellement, par superposition institutionnelle. Ce type de changement a favorisé la compensation des perdants politiques et économiques, et l’obscurcissement du sens des réformes aux yeux des opposants « de principe ». A l’inverse, la faiblesse des acteurs de veto en Colombie a encouragé les néolibéraux à réformer par remplacement institutionnel, infligeant des pertes brutales à de nouveaux acteurs, et dramatisant les enjeux aux yeux des opposants de principe. Cette comparaison de quatre réformes institutionnelles insiste sur le caractère multidimensionnel des politiques néolibérales. Elle met également en évidence une stratégie, plus ou moins contestée, de construction de l’Etat par le néolibéralisme en Amérique Latine. Elle montre, enfin, combien la dispersion des pouvoirs et l’étirement temporal de l’action publique entravent l’imputabilité démocratique des décisions.

    Selma Bendjaballah, La formation des consensus au Parlement européen et à la Chambre des représentants américaine (1999-2009), thèse soutenue en 2011 à Paris Institut détudes politiques  

    Cette thèse appréhende les institutions parlementaires par les comportements de ses acteurs. Plus particulièrement, l'objet de notre travail est de nous interroger sur les larges majorités que l'on observe au Parlement européen et à la Chambre des Représentants américaine. Comment comprendre que dans deux Assemblées particulièrement larges, où les élus sont issus de pays ou de régions très différentes les unes des autres, les majorités formées frôlent les unanimités? Notre travail revient sur différentes perspectives adoptées jusqu'ici pour en dégager plusieurs limites: approche de choix social, théorie institutionnelle, modèle culturel, théories des coalitions. . Cette première analyse nous permet de proposer un autre modèle explicatif: celui du choix rationnel. Ainsi, formulé simplement, le postulat principal de ce travail est que si les élus parviennent à s'entendre très largement, c'est parce que cela répond à la satisfaction de leur utilité, et ce en dépit des nombreuses barrières (linguistiques, régionales, idéologiques, etc. ) qui les séparent. Partant de cette hypothèse centrale, ce travail propose d'observer concrètement les modalités de formation des consensus: qui sont les acteurs centraux de cette entreprise, quelles sont les stratégies utilisées, la temporalité adoptée. Cette observation nous permet en définitive de soulever le rôle fondamental des opportunités institutionnelles dans la compréhension du métier parlementaire.

    Simone Weske, Die Kluft zwischen Regierenden und Regierten in der Europapolitik , thèse soutenue en 2010 à Paris Institut détudes politiques en co-direction avec Werner Weidenfeld  

    Dans quelles conditions est-il possible de combler un fossé existant entre gouvernants et gouvernés en matière de politique européenne – et dans quelles conditions perdure-t-il à long terme ? Nous avons abordé cette double question en prenant comme exemples la France et l’Allemagne. À l’aide de sept hypothèses, nous avons identifié les conditions dans lesquelles l’ajustement de l’action gouvernementale à l’opinion populaire (« réactivité ») ou bien la persuasion de celle-ci (« leadership ») sont possibles. Nous avons argumenté que si ces conditions ne sont pas réunies, alors un fossé entre les gouvernants et les gouvernés perdure. L’analyse empirique de six études de cas a confirmé la validité des hypothèses. Elle a, de plus, permis de comprendre comment les conditions du succès de la réactivité et du leadership varient selon les contextes politiques et culturels : le système politique français a tendance à faciliter l’ajustement du gouvernement sur l’opinion populaire, tandis que le système politique allemand favorise un leadership efficace. La discussion des résultats empiriques a aussi montré que le rapprochement entre les gouver¬nants et les gouvernés en matière de politique européenne est souvent difficile : le manque d’alternatives politiques empêche fréquemment les gouvernants d’être réactifs et il n’est pas rare que des dissensions au sein des élites politiques rendent le leadership impossible. Par sentiment de manquer d’influence, et en raison de l’insuffisance du travail de persuasion, les citoyens tendent à s’éloigner toujours plus du processus de l’intégration européenne.

    Mathias Delori, De la réconciliation franco-allemande à la "guerre des dieux" , thèse soutenue en 2008 à Université Pierre Mendès France Grenoble 19902015  

    Le traité de l'Elysée du 22 janvier 1963 a institué un organisme qui existe encore à l'heure actuelle : l'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). La marginalisation progressive de cette organisation ne doit pas faire oublier qu'un fort volontarisme politique présida à sa création. Au cours des années 1960, l'OFAJ mit en œuvre une politique de rencontres de masse entre jeunes Français et Allemands. Cette politique publique rappelle le rêve des fédéralistes : la construction, par la socialisation des jeunes, d'un "demos" européen. La thèse s'appuie sur les outils théoriques de l'approche cognitive de l'analyse des politiques publiques pour étudier les soubassements intellectuels de ce programme. Nous montrons que les acteurs s'entendirent sur un récit de politique publique volontariste qui énonçait la fin du vieil antagonisme franco-allemand suite à la multiplication des rencontres. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'adhésion momentanée des acteurs au projet cognitif et normatif énoncé en 1963 n'est pas triviale. Elle permet de comprendre la diffusion, par l'OFAJ, d'un certain nombre de normes politiques dans son espace d'intervention. Elle explique enfin et surtout le poids de cette politique publique à l'échelle des relations franco-allemandes : l'Office franco-allemand pour la jeunesse dessina un horizon politique utopique pour ces relations, le fantasme d'une fusion entre les deux pays. Ce mythe, qui est également alimenté par d'autres constructions symboliques comme la métaphore du "couple franco-allemand", pèse encore aujourd'hui sur la définition de la plupart des politiques franco-allemandes.

  • Chloé Berut, Mécanique d’une influence : les usages sélectifs de l'Union européenne dans les politiques nationales d'e-santé, thèse soutenue en 2020 à Université Grenoble Alpes sous la direction de Sabine Saurugger, membres du jury : Patrick Hassenteufel (Rapp.), Scott L. Greer (Rapp.), Claire Dupuy et Jonathan Zeitlin  

    L’objectif de cette thèse en science politique est d’analyser l’influence de l’Union européenne (UE) sur les politiques de santé électronique nationales, autrement appelées ‘politiques d’e-santé’. En effet, depuis plusieurs années, l’UE développe des instruments visant à favoriser l’introduction des technologies de l’information et de la communication dans l’organisation des soins, bien qu’elle ne dispose pas de compétences dans ce domaine. L’argument central de cette recherche est le suivant : les usages sélectifs et stratégiques des instruments européens sont le vecteur principal de l’Européanisation des politiques publiques nationales. Cette hypothèse est testée à l’aide d’une analyse comparative de trois cas : les politiques d’e-santé en France, en Autriche et en Irlande.Au travers des usages, l’Union européenne est susceptible d’affecter directement le contenu des politiques publiques, les jeux de pouvoirs des acteurs politiques et institutionnels, ou encore la hiérarchisation des problèmes de politique publique. Cette thèse montre que trois éléments sont nécessaires pour créer des conditions favorables au développement de multiples usages de l’UE : l’existence d’un intérêt des acteurs à puiser au sein de ressources externes au niveau national, une relation positive à l’Union européenne, et une structure suffisamment diversifiée des instruments européens. Si ces conditions sont remplies, l’influence de l’Union européenne peut se manifester à tous les stades de développement de la politique publique. Pour prendre en compte cette diversité empirique des usages, un modèle d’analyse des politiques publiques basé sur la théorie des courants multiples est proposé. Ce modèle permet de caractériser précisément l’influence causale de l’Union européenne dans les processus de construction des politiques publiques nationales.

    Julien Arnoult, Les organes de conseil et de réflexion de Matignon : un modèle français de think tank public ?, thèse soutenue en 2020 à Paris 2 sous la direction de Jacques Chevallier, membres du jury : Nicolas Kada (Rapp.), Yves Poirmeur (Rapp.), Brigitte Gaïti  

    Ce travail met en lumière la place du conseil et de la réflexion stratégiques et prospectives, de nature économique et sociale, dans l’action gouvernementale. Cette activité est matérialisée par des organes dédiés et situés dans les services du Premier ministre, ce dernier étant constitutionnellement le centre du pouvoir politique et administratif. Ces entités ont la particularité d’être situées en amont du processus de décision et d’être déliées de l’opérationnel. L’analyse se fonde sur des sources principalement primaires et adopte une approche pluridisciplinaire. Elle révèle plus largement la façon dont le travail gouvernemental est confectionné. Ces organes sont inspirés de modèles étrangers et ont été adaptés à la situation française, afin de renouveler un exercice historiquement marqué par la planification. Ils ont été multipliés, ce qui souligne le besoin du Premier ministre, et plus largement, du Gouvernement, de s’appuyer sur un conseil dont l’origine est extérieure à l’administration publique. Toutefois, la formule idéale n’a pas été trouvée, s’agissant de leur composition, de leur périmètre, de leur fonctionnement et leur mission ; l’usage de ce savoir par le Gouvernement n’est pas constant.La culture politique et administrative française limite l’impact de conseil et de cette réflexion. En effet, il est difficile pour le Gouvernement de s’intéresser à des enjeux n’entrant ni dans son programme, ni dans son agenda et ni dans des événements politiques. Pourtant, les débats autour des fonctions stratégique et prospective perdurent, confirmant la nécessité d’un accompagnement de l’action sur un temps long.

    Maria Angela Tacea, Des gouvernements sous le regard de leur parlement : la participation des parlements français, italien et britannique à l'élaboration et au contrôle des politiques européennes de justice et de sécurité intérieure, thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Renaud Dehousse, membres du jury : Olivier Costa (Rapp.), Ariadna Ripoll Servent (Rapp.), Olivier Rozenberg  

    Cette thèse explique la participation des parlements nationaux à l’élaboration et au contrôle des politiques européennes de justice et de sécurité intérieure. Le décalage que l’on observe entre les prérogatives formelles des parlements nationaux et la réalité de leur participation à l’élaboration des politiques européennes de justice et de sécurité intérieure nous conduit à adopter une grille de lecture fondée sur le cadre juridique, sur sa concrétisation et sur son interprétation par les acteurs parlementaires. La participation parlementaire est étudiée à l’aide d’une comparaison en deux temps. En premier lieu, les déterminants de l’activité parlementaire sont spécifiés à l’aide d’une comparaison quantitative de l’ensemble des parlements nationaux européens pour la période 2010-2012. La portée de ces déterminants est saisie, en second lieu, par une étude de l’examen parlementaire de trois enjeux de justice et de sécurité intérieure — la Convention d’application de l’accord de Schengen, les négociations pour les Accords Passenger Name Record (PNR) avec les États-Unis et la réforme de la gouvernance de Schengen — dans trois systèmes de gouvernement parlementaire majoritaire différents — la France, l’Italie et la Grande-Bretagne. La comparaison des cas contrastés a confirmé que, malgré les spécificités organiques et fonctionnelles nationales, le contrôle parlementaire des actes européens de justice et de sécurité intérieure revêt, dans les systèmes de gouvernement parlementaire majoritaire, des formes similaires. La participation des parlements nationaux à l’élaboration et au contrôle des politiques européennes de justice et de sécurité intérieure s’explique par un dosage variable de règles formelles relatives au contrôle parlementaire des politiques européens de justice et de sécurité intérieure, d’une part, et par les volontés des parlementaires à en faire usage, d’autre part.

    Dionysia Tzemopoulou, La municipalisation de la culture en Grèce (1980-2010) : le défi de la démocratisation et de l'européanisation de l'action publique territoriale, thèse soutenue en 2017 à Paris 10 sous la direction de Pascale Laborier, membres du jury : Emmanuel Négrier (Rapp.), Calliope Spanou (Rapp.), Georges D. Contogeorgis et Emmanuel Wallon    

    La chute du régime dictatorial des Colonels en Grèce en 1974 marque le début d'une refonte du système politico-administratif. Dans ce contexte, la décentralisation culturelle prend deux figures: artistique et administrative. La première se traduit par la diffusion de la culture en province. La deuxième demande le transfert aux collectivités territoriales de compétences relevant de l’État. Trois nouveaux types d’institutions contribuent au développement de la culture contemporaine à l’échelon local: Théâtres Municipaux et Régionaux, Entreprises municipales de développement culturel, Réseau Culturel National des Villes. Cette étude se concentre sur le spectacle vivant (théâtre, danse, musique) en abordant les configurations de la décentralisation culturelle effectuées au cours de la période 1980-2010.Les tentatives de la décentralisation ont reposé sur l’établissement de politiques contractuelles. Les relations des partenaires, État-communes, ont été refondues par les nécessaires évolutions institutionnelles imposées tant par le processus de démocratisation que par celui de d’européanisation de l’action culturelle locale après l’intégration du pays à la CEE (1981). La première partie de la thèse porte sur l’analyse d’un projet de démocratisation promouvant la préservation de la démocratie locale et l’européanisation en tant que processus de mimétisme institutionnel et de transfert de politique publique. Quatre monographies (Kalamata, Véria, Volos, La Canée) composent la deuxième partie. Le parcours spécifique des politiques culturelles de ces villes semble associé à l’impact de jeux politiques manifestés à plusieurs niveaux: au sein de l’administration centrale, internes aux municipalités, entre les élus locaux, les représentants de l’État et les professionnels du spectacle vivant.

    Camille Allé, Les politiques des finances locales : transformations des relations financières central/local en France (1970-2010), thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Patrick Le Galès, membres du jury : Cécile Crespy (Rapp.), Guy Gilbert (Rapp.), Patrick Le Lidec et Camila Vammalle-Sabouret  

    Ces dernières années, en France, les finances publiques locales ont fait l’objet de deux réformes d’ampleur, particulièrement médiatisées tant l’histoire dans ce domaine est jalonnée d’échecs et de réformes à la marge. La suppression de la taxe professionnelle, remplacée par une contribution économique territoriale, ainsi que la baisse sans précédent de la dotation globale de fonctionnement, ont pour effet de limiter les recettes des collectivités et pèsent indirectement sur leurs dépenses. Autrement dit, ces réformes témoigneraient de la capacité de l’Etat à imposer aux gouvernements locaux davantage de contrainte budgétaire, conformément à la discipline qu’il applique aux administrations centrales ainsi qu’aux organismes de Sécurité sociale. Des transformations identiques, voire plus marquées, s’opèrent dans d’autres pays européens. Partant de ce constat, cette thèse cherche à montrer dans quelle mesure et comment l’Etat parvient à changer les règles en matière de finances locales de telle sorte qu’elles soient davantage compatibles avec un objectif de long terme de maîtrise des dépenses, de la dette et des déficits publics.

    Bernd Weber, The EU external energy governance and the neighbouring gas suppliers Azerbaijan and Algeria : ensuring European gas supply security at the borderline between markets and geopolitics, thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de François Bafoil, membres du jury : Sabine Saurugger (Rapp.), Tobias Schumacher (Rapp.), Laure Delcour  

    L’exportation des normes de l’UE vers les pays voisins dans le domaine de la régulation des marchés gaziers et de leurs infrastructures est devenue le leitmotiv de la politique énergétique européenne extérieure. Cette thèse analyse les défis énergétiques auxquels est confrontée l’UE ; elle évalue également la politique européenne en matière de sécurité énergétique vis-à-vis de l’Azerbaïdjan et de l’Algérie ainsi que l’influence transformatrice de l’Union dans ces pays. L’analyse cherche à comprendre si, et dans quelle mesure, l’UE peut exporter ses normes vers les deux fournisseurs gaziers dans le cadre de sa gouvernance énergétique extérieure. La démarche méthodologique met en évidence les limites des explications dominantes de convergence fondées sur l’institutionnalisme rationnel et constructiviste et se propose de les enrichir en s’appuyant sur les cadres analytiques des études de diffusion et du « decentring ». Sur la base d’ouvrages spécialisés, de documents officiels et de 85 entretiens avec des acteurs publics de l’UE, d’Azerbaïdjan et d’Algérie et avec des acteurs privés à Bruxelles, Bakou et Alger, l’analyse cherche à expliquer la plus ou moins grande convergence des normes de l’UE. L’analyse s’attache à la coopération énergétique avec l’UE, les secteurs énergétiques et les projets d’infrastructures des deux pays au travers de six études de cas. La thèse se propose d’élargir la portée des études existantes en intégrant les influences de la situation géopolitique et du marché qui pèsent souvent de manière plus importante que les contraintes européennes et soutient dès lors que la gouvernance énergétique extérieure est seulement durable, si elle est « décentrée ».

    Deborah Galimberti, Gouverner le développement économique des territoires , thèse soutenue en 2015 à SaintEtienne sous la direction de Gilles Pinson et Enzo Mingione  

    La thèse a pour objet les relations entre gouvernements locaux (et régionaux) et intérêts économiques et leur contribution respective à la construction politique des territoires. La thèse vise à mettre au jour les mécanismes soutenant la cristallisation et la stabilisation des systèmes d’acteurs à différents niveaux territoriaux. Cette problématique est explorée à partir d’une étude comparative des stratégies territoriales de développement économique dans deux régions non-capitales, Lyon et Milan, dès la crise industrielle des années 1970 jusqu’aux processus de métropolisation économique. Ce travail démontre que la construction politique des territoires s’explique à la fois par la capacité d’action des gouvernements locaux et par la capacité de mobilisation des intérêts économiques. Il permet de déceler des différences durables entre les deux cas : ainsi dans le cas lyonnais et rhônalpin, les institutions publiques ont un rôle d’encadrement des processus de développement plus fort, alors que ce sont plutôt les intérêts économiques qui orientent les choix publics dans les cas milanais et lombard. Ces différences ont des répercussions sur les échelles de gouvernement : dans le cas français, la présence d’une institution de gouvernement puissante, en l’occurrence le gouvernement métropolitain, a contribué à fixer stablement les systèmes d’acteurs à cette échelle. En revanche, en Italie il n’est pas possible d’identifier une échelle dominante sur le temps long, en raison de la présence d’intérêts économiques multi-positionnés et de la prééminence de logiques politico-partisanes qui joue contre le renforcement des institutions publiques.

    Deborah Galimberti, Gouverner le développement économique des territoires, thèse soutenue en 2015 sous la direction de Gilles Pinson et Enzo Mingione, membres du jury : Luigi Burroni, Francesca Governa et Romain Pasquier      

    La thèse a pour objet les relations entre gouvernements locaux (et régionaux) et intérêts économiques et leur contribution respective à la construction politique des territoires. La thèse vise à mettre au jour les mécanismes soutenant la cristallisation et la stabilisation des systèmes d’acteurs à différents niveaux territoriaux. Cette problématique est explorée à partir d’une étude comparative des stratégies territoriales de développement économique dans deux régions non-capitales, Lyon et Milan, dès la crise industrielle des années 1970 jusqu’aux processus de métropolisation économique. Ce travail démontre que la construction politique des territoires s’explique à la fois par la capacité d’action des gouvernements locaux et par la capacité de mobilisation des intérêts économiques. Il permet de déceler des différences durables entre les deux cas : ainsi dans le cas lyonnais et rhônalpin, les institutions publiques ont un rôle d’encadrement des processus de développement plus fort, alors que ce sont plutôt les intérêts économiques qui orientent les choix publics dans les cas milanais et lombard. Ces différences ont des répercussions sur les échelles de gouvernement : dans le cas français, la présence d’une institution de gouvernement puissante, en l’occurrence le gouvernement métropolitain, a contribué à fixer stablement les systèmes d’acteurs à cette échelle. En revanche, en Italie il n’est pas possible d’identifier une échelle dominante sur le temps long, en raison de la présence d’intérêts économiques multi-positionnés et de la prééminence de logiques politico-partisanes qui joue contre le renforcement des institutions publiques.

    Rodica Plugaru, Transferts internationaux et changements institutionnels dans les anciens pays soviétiques : l'évolution des normes techniques de construction des hôpitaux en Ukraine et en Moldavie (1991-2011), thèse soutenue en 2013 à Grenoble sous la direction de Sabine Saurugger et Alan Hennessy, membres du jury : François Bafoil (Rapp.), Patrick Le Galès (Rapp.), Rémy Vieillard  

    A la suite de leur indépendance, l'Ukraine et la Moldavie ont lancé une série de réformes en vue de transformer les politiques, institutions et normes héritées de la période soviétique. Dans le contexte de l'ouverture de ces deux anciens pays communistes au libéralisme politique et économique, notre thèse se focalise sur l'évolution, entre 1991 et 2011, d'un instrument d'action publique : les normes techniques de construction des hôpitaux. Deux hypothèses principales sont formulées. La première, liée au phénomène de la mondialisation, soutient que les acteurs internationaux ont joué un rôle actif dans le processus de modernisation, et qu'ils ont opéré un transfert de normes étrangères. La deuxième hypothèse, issue de l'approche historique de l'institutionnalisme, avance que la mise en œuvre de l'expérience internationale a rencontré des résistances similaires dans ces deux pays, en raison de leur héritage commun de la période soviétique. Ces deux hypothèses ont été testées sur la base d'une étude approfondie de trois projets hospitaliers, réalisées avec le concours d'entreprises et d'organisations internationales. S'appuyant sur plus de 90 entretiens et sur une observation participante de trois ans au sein de l'agence d'architecture française Groupe-6, notre étude montre que les acteurs internationaux ont réussi à produire un changement dans les normes techniques utilisées pour construire des hôpitaux, selon des mécanismes d'apprentissage, de mimétisme ou de coercition.

  • Ruggero-Carlo Gambacurta-Scopello, L’État développementaliste brésilien et la Banque nationale du développement économique et social (BNDES) : libéralisme, étatisme, clientélisme, thèse soutenue en 2020 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Patrick Le Galès, membres du jury : Jacint Jordana (Rapp.), Emiliano Grossman et Renato Monseff Perissinotto  

    L’État développementaliste brésilien est ici étudié à travers les logiques d’évolution de la Banque Nationale du développement économique et social (Banco nacional de desenvolvimento econômico e social, BNDES), fondée en 1952, dont la longue tradition interventionniste a été réactivée dès 2003 avec l’arrivée au pouvoir du Parti des travailleurs (PT), qui lui a redonné un rôle de premier plan dans la stimulation de l’investissement. Le travail est structuré autour de deux hypothèses. La première hypothèse montre la prégnance d’une logique libérale et d’une logique étatiste dans l’évolution de la banque. En effet, dans certaines sphères d’action, le BNDES a adopté un rôle plus orienté autour de la réponse à la demande des entreprises et moins centré sur l’imposition de stratégies industrielles alors que, dans d’autres, il a conservé de forts outils d’intervention. La deuxième hypothèse considère le poids du clientélisme dans la définition des cibles d’investissement du BNDES à travers l’analyse de suspicions de corruption autour de ses opérations, et montre que ces suspicions sont souvent construites politiquement, dans un but partisan. En prenant un cas d’étude spécifique (l’entreprise JBS), il devient alors possible d’identifier les arrangements entre intérêts économiques du BNDES, intérêts entrepreneuriaux et pressions clientélistes dans la définition des politiques industrielles de la banque. Les données sur lesquelles se fonde notre recherche sont qualitatives et quantitatives : rapports d’institutions économiques, judiciaires et législatives, discours politiques, entretiens avec des fonctionnaires et statistiques.

    Francesca Di Matteo, Decolonising Property in Kenya? : Tracing Policy Processes of Kenyan Contemporary Land Reform (1990s - 2016). A Study of the Politicization of Decision-Making in Historical Perspective, thèse soutenue en 2019 à Paris EHESS sous la direction de Philippe Lavigne Delville, membres du jury : Dominique Darbon (Rapp.), Catherine Boone, Marie-Aude Fouéré, Claire Médard et Marie-Émmanuelle Pommerolle  

    En se concentrant sur les processus de fabrication des politiques publiques, cette thèse met en lumière le fonctionnement de l'Etat, les liens entre les politiques et la politique et les conditions du changement politique. Cette étude explore les dispositions les plus cruciales de la réforme foncière contemporaine au Kenya. Celle-ci tente de décoloniser la propriété en résolvant les injustices historiques aux racines coloniales, en émancipant les institutions foncières du système bureaucratique centralisé d'administration foncière (lui-même hérité de la période coloniale). La thèse analyse les processus décisionnels qui sous-tendent les dispositions de la Politique Foncière Nationale (document parlementaire n° 3 de 2009) et de la Constitution de 2010 qui, toutes deux, reconnaissent les « terres communautaires » comme « les terres [qui] appartiennent et sont détenues par les communautés » (article 63, paragraphe 1, Republic of Kenya, 2010:44). Il est également établi une Commission Foncière Nationale afin de réformer les institutions de gouvernance foncière (article 46, idem: 46). La première partie de la thèse reconstitue, depuis l'époque coloniale, les processus de l'élaboration des politiques foncières et des structures de gouvernance foncière au Kenya. Les parties suivantes retracent les processus contemporains de fabrication des innovations juridico-institutionnelles de la réforme foncière en étudiant les interactions entre les acteurs. L’analyse du fonctionnement des réseaux transnationaux illustre les processus de circulation des idées et leur institutionnalisation dans les arènes politiques. L'analyse des processus politiques met en lumière le rôle des bailleurs de fonds dans l'impulsion des réseaux transnationaux et la promotion de certains répertoires d'actions des mouvements sociaux kenyans afin d'influencer la prise de décision. Pourtant, l'analyse du processus dans sa globalité démontre l'importance des luttes de pouvoir partisanes ainsi que celle des processus contingents de traduction des intérêts et des positions idéologiques des acteurs lorsqu'ils s'affrontent dans l’arène politique. La politisation de ces traductions consiste à requalifier les relations sociales en termes de transactions politiques qui déterminent la trajectoire du changement politique. Les intérêts économiques et politiques dominent la phase de promulgation de la législation, bien que l'arbitrage final qui aboutit à l'acceptation de la notion de propriété communautaire comme traduction ultime de la « terre communautaire » illustre également le poids des pratiques institutionnelles, des normes sociales et des cartes mentales produites historiquement, et donc un certain échec du projet de décoloniser la propriété au Kenya.

    Amadou Samba Diop, Sans-papiers, sans politiques ? : Contribution à une étude comparée du traitement public des sans-papiers en France et en Suède, thèse soutenue en 2018 à Ecole doctorale SDOSE Paris sous la direction de Renaud Dorandeu, membres du jury : Catherine Wihtol de Wenden (Rapp.), Catherine Achin  

    L’article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ne déclare-t-il pas que « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »? La non-discrimination ainsi que l’égalité de traitement des sujets de droits devant les juridictions ne constituent-ils pas le socle des principes cardinaux relatifs à la protection des droits de l’homme ? Le droit et les pratiques ont tendance à ne pas considérer les personnes dites « sans-papiers » comme des usagers du service public reniant ainsi leur personnalité juridique. Pourtant, le respect du droit des étrangers est un marqueur essentiel du degré de protection et d’effectivité des droits et libertés dans un pays. Au courant des dernières années, les associations et organisations œuvrant pour le respect des droits de l’homme n’ont cessé de souligner le fossé existant entre les droits officiellement proclamés et les droits réellement exercés par les étrangers sur le territoire européen. Dès lors, s’est posé le problème d’une harmonisation et d’une communautarisation réelles des politiques migratoires européennes. Cette thèse propose alors dans l’immédiat, une contribution à une analyse circonstanciée et comparée du traitement public des sans-papiers en France et en Suède. Elle est motivée par mon expérience personnelle sur la problématique du droit des étrangers en Europe et insiste sur la mutation de l’action collective par le biais de la juridification et de l’européanisation. Les nombreuses difficultés rencontrées par les pouvoirs publics à faire émerger une politique publique singulière propre aux sans-papiers dessine un faisceau d’hypothèses qui nous aideront à mieux comprendre et cerner le problème.

    Cédric Paulin, Vers une politique publique de la sécurité privée?Réguler la sécurité privée (1983-2014), thèse soutenue en 2017 à Université ParisSaclay ComUE sous la direction de Jacques de Maillard, membres du jury : Frédéric Ocqueteau et Marie-Anne Frison-Roche  

    La création, en 2011-2012, du Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS), nouvelle agence parapublique chargée de la régulation et du contrôle de la sécurité privée réglementée, a été perçue, tant par les professionnels du secteur que par les autorités publiques et même politiques (« révolution du secteur trente ans après la loi de 1983 »), comme une réforme fondamentale répondant aux évolutions de la sécurité privée. Cette réforme, qui intervient 30 ans après la première loi, celle du 12 juillet 1983, dite fondatrice en matière de sécurité privée, n’en est-elle qu’un lointain avenant ? Elle nécessite de réinterroger, après les avoir d’abord construites, les deux termes de l’articulation entre l’Etat et la sécurité privée, à savoir la régulation de la sécurité privée et la coproduction public/privé de la sécurité, jusqu’à poser la question de l’existence d’une politique publique de la sécurité privée.Associée à la création de la Délégation interministérielle à la sécurité privée (DISP) en 2010, devenue Délégation aux coopérations de sécurité en 2014, la question du sens et de la portée de ces évolutions administratives se pose : pourquoi et comment l’Etat en est-il arrivé à mettre en place une nouvelle régulation de la sécurité privée ? Comment qualifier et caractériser cette « régulation » ? Quelle est sa nature et quels sont les premiers résultats ?Dans le cadre de l’analyse cognitive de l’action publique, le registre de la traduction sera un outil théorique utile pour comprendre les modalités d’avancée de ces réformes.Un prologue définissant la place du chercheur dans l’objet d’étude et un épilogue dépassant la chronologie de l’étude (post-2014) contextualisent un peu plus largement, enfin, cette analyse sociologique de l’action publique.

    Anja Thomas, The "European integration paradox" : comparing EU practice and discourse on the role of parliaments in the EU in the Assemblée nationale and the Bundestag across time, thèse soutenue en 2016 à Universität Köln 1388 sous la direction de Christian Lequesne et Wolfgang Wessels, membres du jury : Christine Neuhold (Rapp.), Olivier Rozenberg  

    La thèse compare l’Assemblée nationale et le Bundestag en ce qui concerne l’évolution dans le temps des pratiques des affaires européennes qu’ont les députés, et de leurs discours sur le rôle des parlements dans l’UE. Elle met en lumière une évolution paradoxale : A mesure que les députés se saisissent de l’Europe, les pratiques parlementaires nationales imprègnent de plus en plus leurs discours sur la démocratie parlementaire dans l’UE. L’analyse se fait à travers une « description dense » (« thick description») fondée sur des documents, de la littérature secondaire et des entretiens avec des acteurs parlementaires, en activité aujourd’hui ou dans le passé. Les débats parlementaires sont analysés à l’aide d’une méthode qualitative-quantitative qui compare les clivages des discours dans le temps. La thèse soutient l’argument selon lequel les néo-institutionnalismes, qui prévalent actuellement dans les études européennes, ne suffisent pas pour comprendre les processus d'institutionnalisation, qui ont lieu dans les parlements nationaux, parallèlement à l'évolution de la législation européenne. En intégrant des éléments de la « practice theory », du social-constructivisme de Peter Berger et Thomas Luckmann et de l’« ancien » institutionnalisme de Max Weber, on peut comprendre les observations comme le fruit d’un changement des « motifs d’action » discursive des acteurs. A mesure que leur expérience de l’UE s’accroit, les députés évaluent la démocratie européenne de moins en moins sur la base de réflexions a priori sur le futur de l’intégration européenne, mais en fonction des pratiques qu’ils expérimentent tous les jours.

    Kamila Olga Waciega, Regional policies of decarbonisation in Europe : case of Silesia in Poland and Nord-Pas-de-Calais in France, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de François Bafoil, membres du jury : Gilles Lepesant (Rapp.), Joseph Szarka et Cécilia Tejedor  

    La présente thèse s’inscrit dans le cadre théorique de l’Européanisation qui peut être saisi à travers la notion d’usages instrumentaux, stratégiques, cognitifs et légitimant. L’objet de l’étude est un examen comparatif de l’adaptation des deux régions au nouveau contexte politique, légal et financier qui résulte du développement et de l’extension de l’intégration de l’UE dans le domaine de l’énergie et du changement climatique. Les ‘usages’ réfèrent à la capacité et à la volonté des acteurs de saisir des opportunités et des contraintes européennes pour formuler des politiques nationales (et dans ce cas régionales) traduisant l’impératif de la décarbonisation. Nous avons cherché à mesurer jusqu’à quel point des exécutifs régionaux étaient capables de mobiliser des ressources de l’UE dans le but de poursuivre leurs stratégies dans le domaine de la décarbonisation, ainsi que de déterminer si leur capacité d’utiliser des ressources européennes dépend de leur appartenance à un ‘ancien’ ou à un ‘nouvel’ Etat membre de l’UE. Au final, il s’agit d’évaluer jusqu’à quel point leur capacité d’innover et d’organiser la résilience territoriale à l’aide d’outils européens est liée à la division Est/Ouest. L’analyse est conduite sur deux cas d’études : deux régions européennes qui sont aujourd’hui des émettrices majeures en CO2, parce qu’elles sont encore industrialisées, densément peuplées, qu’elles abritent des sites de production en énergie, et que les bâtiments et les logements (publics et privés) sur leurs territoires sont des passoires énergétiques. La haute Silésie en Pologne et le Nord-Pas de Calais en France peuvent toujours être considérés comme des territoires industrialisés et peuvent être comparés dans une perspective « nouveau/ancien » Etat membre de l’UE. La présente recherche examine les différences dans les usages dans les deux cas d’études. Nous recherchons des variables explicatives pour ces divergences qui peuvent être trouvées dans le passé de chacune des régions. En procédant de cette manière, nous plaçons notre modèle dans une perspective de dépendance au sentier et nous regardons ce qui est pertinent dans le dispositif régional.

    Antoine Maillet, La construcción política de los mercados : variedades de neoliberalismo en el Chile post-dictadura (1990-2010), thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Olivier Dabène et Juan Pablo Luna, membres du jury : Eduardo Silva (Rapp.), Charlotte Halpern et Hillel Soifer  

    Les marchés fonctionnent-ils indépendamment du pouvoir politique ? Cette étude comparée des politiques publiques dans six marchés créés durant les années 1980 au Chili analyse le rôle fondamental qu’ont les politiques publiques dans la construction des marchés. Pour rendre compte de la diversité de ces opérations, j’élabore un cadre conceptuel original, en définissant quatre « variétés du néolibéralisme ». A partir d’une étude de l’histoire de ce concept et de ses usages contemporains, je distingue les néolibéralismes orthodoxes, régulés, émulateurs et mixtes. Chaque néolibéralisme correspond à des réponses différentes de l’Etat face aux défaillances du marché. Dans le néolibéralisme orthodoxe, les organismes publics restreignent leur intervention. Dans le néolibéralisme régulé, les organismes publics interviennent pour promouvoir la concurrence et établir des obligations quant au produit lui-même. Dans le néolibéralisme émulateur, un organisme public organise la concurrence non pas dans le marché, mais pour le marché. Enfin, dans le néolibéralisme mixte, une ou des entreprises publiques entrent en concurrence avec les acteurs privés. Chaque variété fait l’objet de politiques publiques spécifiques, en particulier en termes d’instruments mobilisés. J’applique ce cadre théorique des variétés du néolibéralisme pour classer et analyser six politiques sectorielles : l’assurance-maladie, les retraites, les universités, la production d’électricité, la téléphonie et les transports publics à Santiago. Les six trajectoires sectorielles établies mettent en évidence l’existence d’un sentier néolibéral chilien.

    Laura Boschetti, Police et sécurité : les effets de l'environnement local sur les pratiques policières en France et en Italie, thèse soutenue en 2013 à Grenoble sous la direction de Sebastian Roché, membres du jury : Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Tommaso Vitale    

    La thèse repose sur la comparaison des relations entre la police et d'autres organisations locales en France et en Italie, à partir de l'examen des deux cas d'étude : la ville de Grenoble, en France, et la ville de Bergamo, en Italie. La recherche repose sur quatre études ethnographiques, qui ont concerné, entre mai 2008 et mai 2012, la Direction Départementale de la Sécurité Publique de l'Isère, la Police Municipale de Grenoble, la Questura di Bergamo et la Polizia Locale di Bergamo. La recherche se fonde sur l'hypothèse qu'au niveau local, la politique locale de sécurité est le résultat d'un processus de coproduction et de négociation qui, d'une part, engage le fonctionnement interne de la police et qui, d'autre part, est liée à ses interactions avec la population et les autres organisations du territoire. La thèse interroge les effets concrets de ces relations sur l'action policière. Ce qui émerge est un système complexe, dans lesquels les besoins et les demandes de la population et des autres organisations locales se combinent avec les exigences policières et ses contraintes organisationnelles. La participation des organisations du territoire et, dans une moindre mesure, de la population influence effectivement le processus de la définition des priorités et des problèmes locaux. Leur traitement reste pourtant très dépendant des contraintes et du fonctionnement interne de l'organisation policière. Cela ne favorise pas la construction de politiques partagées et intégrées et de mécanismes de vérification et de contrôle des actions mises en œuvre, aussi bien en France, où des dispositifs spécifiques ont été mis en œuvre pour favoriser le pilotage des politiques de sécurité, qu'en Italie, où ces dispositif sont moins diffusés.

    Clément Fontan, Une institution politique à l'épreuve de la crise : la Banque Centrale Européenne dans l'Union Economique et Monétaire (août 2007 - janvier 2012), thèse soutenue en 2012 à Grenoble sous la direction de Sabine Saurugger, membres du jury : Olivier Feiertag (Rapp.), Nicolas Jabko et Amy C. Verdun  

    Comment la Banque Centrale Européenne (BCE) a-t-elle étendu son influence et ses compétences dans l'Union Economique et Monétaire (UEM) pendant la crise de la zone euro? Pour répondre à cette question, nous analysons le jeu politique de la BCE, basé sur un double mouvement paradoxal de défense de sa réputation originelle et d'extension de ses compétences au-delà de la sphère monétaire. Cette stratégie lui a permis de gérer les tensions et les opportunités liées à la crise de la zone euro : ses canaux d'influence (son monopole sur la liquidité, la reconnaissance de son expertise sur les marchés financiers et son autorité morale) ont plus d'impact qu'en temps normal mais, en même temps, elle la force à implémenter des politiques qui représentent un écart avec sa réputation originelle, basée sur les postulats ordo-libéraux et l'exemple de la Bundesbank. L'étude des mécanismes au cœur du processus de délégation entre les Etats de la zone euro et la BCE permet alors d'attester de la réussite de ce double mouvement et d'explorer la redéfinition de la place de la BCE au sein de l'UEM se déroulant pendant la crise. Ces éléments sont analysés à travers trois études de cas : le paramétrage des instruments de politique monétaire de la BCE pendant la crise, le processus de résolution de crise au sein de l'UEM, et la création d'un nouvel organisme de surveillance des risques macro-systémiques. La méthodologie de recherche est basée sur une approche relationnelle de la BCE qui inclut des entretiens semi-dirigés auprès d'une trentaine de hauts-dirigeants de l'UEM et une analyse des sources primaires et secondaires.

    Anne-Laure Beaussier, La santé à l'épreuve de la démocratie américaine : le rôle du Congrès dans les politiques d'assurance maladie, thèse soutenue en 2012 à Montpellier 1 sous la direction de William Genieys, membres du jury : Lawrence D. Brown (Rapp.), Patrick Hassenteufel, Jean Joana et Olivier Rozenberg  

    Jusqu'au passage du Patient Protection and Affordable Care Act de 2010, loi réformant structurellement le système de santé américain, les politiques d'assurance santé aux Etats-Unis sont apparues comme particulièrement difficiles à réformer. Parmi les facteurs expliquant la résistance de ce secteur aux changements, des éléments institutionnels, tenant dans la configuration du système politique américain et dans un régime fédéral de séparation des pouvoirs, apparurent accentuer ces blocages. Cette thèse aborde cette question en réfléchissant à l'impact du Congrès américain dans la construction et dans les réformes du système de santé américain. Elle propose d'analyser l'implication des scènes législatives américaines dans ce secteur à partir d'une approche historique et qualitative mettant en relation les évolutions internes de la branche législative et la trajectoire des politiques d'assurance santé. L'objectif de cette recherche est d'aborder cette question en reliant deux sous-disciplines de la science politique : les études sur le Congrès d'une part, les analyses des politiques sociales d'autre part. Plus généralement, cette thèse aborde la question des rapports entre la politique (politics) et les politiques (policies) qui se donnent à voir au sein des scènes législatives. Constatant une accélération des réformes à partir des années 1990, elle soutient que les inflexions récentes qu'ont connues les politiques de santé trouvent leur explication dans l'évolution de l'organisation du Congrès et dans un certain renforcement de ses composantes partisanes.

  • Anna Zoumenou, L’action économique des collectivités territoriales pour la transition énergétique, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Camille Broyelle, membres du jury : Hélène Hoepffner (Rapp.), Frédéric Rolin (Rapp.), Stéphane Braconnier  

    La conférence des Etats parties à la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’est tenue à Paris à la fin de l’année 2015 (COP 21) a relancé l’intérêt des Etats pour la protection de l’environnement et la transition écologique et énergétique. Depuis plus d’une décennie, de nombreuses lois sont intervenues qui placent les collectivités territoriales au cœur de ce dispositif. Aujourd’hui, la réalisation de la transition énergétique repose sur un partenariat entre collectivités publiques, gardiennes du service public, et entreprises privées maitrisant ingénierie et technique propres au secteur énergétique. Cette politique publique s’inscrit ainsi dans le contexte de réforme de l’action publique qui modifie profondément les modes de gestion des services publics.

    Tom Chevalier, L'Etat social et les jeunes en Europe : analyse comparée des politiques de citoyenneté socioéconomique des jeunes, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Bruno Palier, membres du jury : Patricia Loncle-Moriceau (Rapp.), Cécile Van de Velde (Rapp.), Julien Damon et Cathie Jo Martin  

    Cette thèse propose une typologie rendant compte de la diversité des politiques publiques visant à promouvoir l'indépendance des jeunes, ou leur citoyenneté socioéconomique, en Europe. Elle repose sur deux dimensions. La première concerne l’action publique lorsqu’elle vise à promouvoir l’emploi des jeunes grâce à la politique d’éducation et la politique de l’emploi : c’est l’enjeu de la citoyenneté économique des jeunes. Elle peut être inclusive, lorsqu’un pays est fortement macrocorporatiste, ou sélective, lorsque le macrocorporatisme est faible, selon que cette action délivre des compétences à tous les jeunes ou à une partie seulement. La deuxième dimension renvoie à l’action publique lorsqu’elle délivre directement une aide publique aux jeunes. C’est l’enjeu de la citoyenneté sociale des jeunes. Elle peut être familialisée dans les Etats-providence de tradition Bismarckienne, lorsque les jeunes sont considérés comme des enfants, ou individualisée dans les Etats-providence de tradition Beveridgienne, quand ils sont vus comme des adultes. En croisant ces deux dimensions, on obtient quatre régimes de citoyenneté socioéconomique, avec une citoyenneté habilitante (inclusive/individualisée), une citoyenneté encadrée (inclusive/familialisée), une citoyenneté de seconde classe (sélective/individualisée), et une citoyenneté refusée (sélective/familialisée). Dans une première partie empirique, nous classons 15 pays d’Europe de l’Ouest dans cette typologie, après avoir élaboré deux indices synthétiques de citoyenneté économique et de citoyenneté sociale. Puis, dans une deuxième partie empirique, nous procédons à quatre études de cas représentatifs de chaque régime, à savoir la Suède, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France.

    Vlad Gross, Official business : accounting for interest group influence in EU Commission policy-making, thèse soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Renaud Dehousse, membres du jury : Hussein Kassim (Rapp.), Anne Rasmussen (Rapp.)  

    Cette thèse présente une contribution théorique et empirique à la recherche sur la représentation politique des groupes d’intérêt. Plus précisément, son objectif est de développer une analyse de la question la plus importante dans ce domaine, notamment celle de l’influence de groupes d’intérêt sur les politiques de la Commission Européenne. La nature multiforme de l’influence a été présentée dans le premier chapitre, avec un appui sur le rôle des fonctionnaires publics, le contexte politique et les caractéristiques des groupes d’intérêt. Le succès du lobbying a été comparé à travers de différents DGs de la Commission mais aussi à travers des différents contextes politiques avec des différents degrés de saillance et conflit. Les résultats de recherche confirment le rôle primordial des fonctionnaires publics dans les changements des politiques publiques au niveau de la Commission Européenne. Les recherches sur l’influence des groupes d’intérêt doivent prendre en compte le chevauchement de préférences exprimées par les décideurs politiques et les groupes d’intérêt pour mieux comprendre le succès de leur lobbying. En plus, les groups de business ont plus d’influence politique auprès des fonctionnaires qui travaillent dans les directions qui s’appuient sur les politiques économiques. Les résultats soulignent aussi l’importance des variables institutionnelles qui définissent le contexte dans lequel l’influence est exercée. Autrement dit, si certains groupes d’intérêt sont influents dépend du cadre institutionnel, et plus généralement du contexte politique dans lequel l’influence est utilisé.

    Cécile Cathelin, Jungle policy en forêts privées , thèse soutenue en 2015 à Lyon 2 sous la direction de Gilles Massardier  

    Forgés par les théoriciens de l’économie environnementale dans les années 1990, les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) sont des instruments promus comme d’innovants mécanismes de marché permettant la conservation des ressources naturelles. Cette construction savante circulant dans les sphères académiques et politiques internationales coexiste dans la pratique avec une « variété de PSE ». Présenté comme un idéaltype en matière de PSE, le Programme de Paiement pour Services Environnementaux (PPSE) du Costa Rica, introduit en 1996, est pourtant aux antipodes du modèle théorique de l’économie environnementale. En effet, les PSE tico sont des instruments incitatifs largement financés et mis en oeuvre par l’Etat, qui subventionnent non seulement la conservation des forêts privées mais également la production de bois. Cette thèse « réinjecte » les variables politiques, très souvent occultées dans la littérature en économie environnementale, afin d’expliquer les spécificités des instruments PSE costariciens. En cherchant à saisir « par le bas » les impacts de l’internationalisation de l’action publique, elle identifie deux variables dans les processus de « traduction » de ces instruments importés de l’international, opérant au niveau national et local : le gouvernement par les coalitions d’acteurs et les règles formelles et informelles du régime politique national. Cette enquête interroge la démocratisation et l’éclipse de l’Etat associées communément aux politiques environnementales. Elle montre au contraire que le régime politique costaricien structure et autorise un jeu plutôt fermé et « discret » (Culpepper, 2011) de coalitions d’acteurs, distant du « politics » et structuré autour des intérêts productifs du bois. Ce jeu tend à capturer la fabrique des instruments PSE, afin d'accaparer les flux financiers de la redistribution étatique et de la coopération internationale. Il façonne une enclave de « pluralisme limité » (Linz, 1964 ; Hermet, 2004), confinée au sein du régime démocratique costaricien.

    Cécile Cathelin, Jungle policy en forêts privées, thèse soutenue en 2015 sous la direction de Gilles Massardier, membres du jury : Philippe Zittoun, Olivier Dabène, Jean-François Le Coq et Gwenola Le Naour    

    Forgés par les théoriciens de l’économie environnementale dans les années 1990, les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) sont des instruments promus comme d’innovants mécanismes de marché permettant la conservation des ressources naturelles. Cette construction savante circulant dans les sphères académiques et politiques internationales coexiste dans la pratique avec une « variété de PSE ». Présenté comme un idéaltype en matière de PSE, le Programme de Paiement pour Services Environnementaux (PPSE) du Costa Rica, introduit en 1996, est pourtant aux antipodes du modèle théorique de l’économie environnementale. En effet, les PSE tico sont des instruments incitatifs largement financés et mis en oeuvre par l’Etat, qui subventionnent non seulement la conservation des forêts privées mais également la production de bois. Cette thèse « réinjecte » les variables politiques, très souvent occultées dans la littérature en économie environnementale, afin d’expliquer les spécificités des instruments PSE costariciens. En cherchant à saisir « par le bas » les impacts de l’internationalisation de l’action publique, elle identifie deux variables dans les processus de « traduction » de ces instruments importés de l’international, opérant au niveau national et local : le gouvernement par les coalitions d’acteurs et les règles formelles et informelles du régime politique national. Cette enquête interroge la démocratisation et l’éclipse de l’Etat associées communément aux politiques environnementales. Elle montre au contraire que le régime politique costaricien structure et autorise un jeu plutôt fermé et « discret » (Culpepper, 2011) de coalitions d’acteurs, distant du « politics » et structuré autour des intérêts productifs du bois. Ce jeu tend à capturer la fabrique des instruments PSE, afin d'accaparer les flux financiers de la redistribution étatique et de la coopération internationale. Il façonne une enclave de « pluralisme limité » (Linz, 1964 ; Hermet, 2004), confinée au sein du régime démocratique costaricien.

    Eliott Mourier, Les Partenariats Public-Religieux. Action sociale religieuse et reconfiguration du rapport entre État et Églises dans le Brésil du XXIe siècle, thèse soutenue en 2013 à Paris 3 sous la direction de Georges Couffignal et Olivier Compagnon, membres du jury : Jean-Pierre Bastian (Rapp.), Camille Froidevaux-Metterie (Rapp.)  

    Ce travail prétend contribuer à une meilleure compréhension des mutations contemporaines durapport entre politique et religion dans la modernité, à travers le prisme de l’action sociale entreprise par lesacteurs religieux et sa croissante prise en compte par les États avec la mise en oeuvre de « partenariatspublic-religieux ». À l’heure où la crise des États-providence impose à ces derniers de repenser leursmodèles et leur pratique du social, les entités religieuses, toujours plus diverses et engagées, non seulementdans l’objectif du salut des âmes, mais également dans leur bien-être et leur sécurité physique et matérielle,offrent une alternative crédible à des États de plus en plus « superviseurs » et non plus « fournisseurs » debiens et services sociaux. Le Brésil contemporain, qui retiendra ici notre attention, où la souplesse de laséparation entre l’État et les Églises permet l’instauration d’une véritable collaboration de type « gagnantgagnant», voit aujourd’hui l’émergence et la multiplication du recours à ces « partenariats public-religieux »dont ce travail proposera une définition et une typologie. Des formes de coopération entre un État et desentités religieuses catholiques certes, mais de plus en plus évangéliques, spirites-kardécistes, mormones,chamanistes ou encore afro-brésiliennes, qui offrent un prisme d’analyse original des transformations del’action publique de l’État et des évolutions du champ religieux aujourd’hui à l’oeuvre. Plus encore, les« partenariats public-religieux » reflètent de manière symptomatique la reconfiguration des relations entreles sphères politique et religieuse et, de façon plus générale, du rapport entre modernité et religion à l’èreglobale, dont ce travail, centré sur le Brésil mais empreint de comparatisme, cherchera à rendre compte.

    Norma Muñoz Del Campo, L'état et la culture au Chili, 1989-2008 : les enjeux et défis d'un processus de construction d'une catégorie d'intervention publique, thèse soutenue en 2011 à Paris 3 sous la direction de Georges Couffignal, membres du jury : Sébastien Velut, Olivier Compagnon et Guy Saez  

    Cette recherche porte sur le processus de constitution de la culture au Chili comme catégorie d’intervention publique entre 1989 et 2008.Ce processus s’amorce dans un contexte historique et socio-politique particulier caractérisé par la fin de la dictature annoncée par le plébiscite de 1988 et confirmée lors des élections démocratiques de 1989. La culture acquiert alors un rôle fondamental dans le développement social et politique du Chili. Son institutionnalisation cherchait en effet à ordonner un domaine d’intervention fragmenté et institutionnellement fragile et qui n’avait jusqu’alors jamais été doté d’une institution supérieure.Cette étude propose ainsi d’envisager le processus d’émergence de la culture comme un problème public pour ensuite analyser son institutionnalisation qui déboucha sur la création,en 2003, du Conseil National de la Culture et des Arts. La compréhension de ce processus et l’étude de la mise en œuvre du CNCA conduisent à mieux identifier les enjeux qui caractérisent et déterminent l’action publique culturelle dans le Chili d’après dictature. Cette recherche s’inscrit ainsi dans les débats posés par l’analyse des politiques publiques et en reprendra les principaux outils théoriques afin de mieux aborder le processus de constitution d’une catégorie d’intervention publique à travers trois axes centraux, les idées, les acteurs et les institutions, qui permettront d’articuler les approches cognitives de politiques publiques aux approches néo-institutionnalistes et d’instrumentation de l’action publique.L’analyse se développe alors autour de deux plans, l’un centré sur l’articulation entre les concepts et les valeurs et le repositionnement et le rôle des acteurs au sein d’un cadre institutionnel particulier. L’autre plan considère plus spécifiquement les enjeux de la mise en œuvre de l’institution culturelle et les tensions propres à ce processus relatives à la construction d’un idéal culturel national, à la récupération et à la recomposition d’espaces de pouvoir et à un cadre institutionnel flou et profondément marqué par les enclaves autoritaires héritées du passé.

    Jérémie Nollet, Des décisions publiques « médiatiques » ? : sociologie de l'emprise du journalisme sur les politiques de sécurité sanitaire des aliments, thèse soutenue en 2010 à Lille 2 sous la direction de Pierre Mathiot, membres du jury : Érik Neveu (Rapp.), Caroline Ollivier-Yaniv (Rapp.), Jean-Gabriel Contamin et Vincent Dubois    

    Les médias font-ils les décisions publiques ? Cette conception d’un pouvoir du journalisme sur les politiques publiques est répandue parmi les « décideurs ». Elle est aussi présupposée par les théories de l’agenda et de la construction sociale des problèmes. La réalité du phénomène est cependant plus complexe : ce pouvoir n’est ni uniforme ni unidirectionnel. Il repose sur la contribution active et variable des agents politiques et administratifs qui produisent ces décisions. La question s’en trouve alors reformulée : dans quelle mesure la production des décisions publiques peut-elle se faire en fonction du champ journalistique ? Pour y répondre, la thèse propose une sociologie des logiques spécifiques de prise en compte de la médiatisation dans les activités décisionnelles au sein des champs politique (dans les cabinets ministériels et au Parlement) et administratif (dans les administrations centrales des ministères). L’élaboration de ce cadre théorique, au croisement de la sociologie du journalisme et de celle de l’action publique, s’appuie sur l’analyse de la gestion politico-administrative de la maladie de la « vache folle » en France dans les années 1990. Il s’agit de restituer l’importance que les responsables de l’exécutif (en particulier les ministres de l’Agriculture, de la Consommation, de la Santé, mais aussi le Premier ministre et le président de la République), les parlementaires et les hauts fonctionnaires ont pu accorder aux enjeux médiatiques jusque dans leurs pratiques décisionnelles. Il apparaît ainsi que les décisions les plus « médiatiques » sont le produit de la prise en charge des dossiers les plus emblématiques selon les logiques d’action des agents les plus dépendants des enjeux de légitimation dans le champ journalistique : les principaux ministres et leurs conseillers.