Gilduin Davy

Professeur
Histoire du droit et des institutions.
UFR de Droit et  Science politique

Centre d'Histoire et d'Anthropologie du Droit

Responsabilités administratives et scientifiques :

Responsable de la formation :
  • THESE

    Le Duc et la loi : héritages, images et expressions du pouvoir normatif en Normandie, des origines à la mort du Conquérant, soutenue en 2001 à Paris 2 sous la direction de Albert Rigaudière 

  • Gilduin Davy, Christophe Archan, Gérard Courtois, Marc Valleur, Raymond Verdier (dir.), Les ordalies: rituels et conduites, mare & martin, 2022, Droit & science politique, 390 p. 

    Gilduin Davy, La saga des diseurs de loi: esquisse juridique de l’Islande médiévale, Classiques Garnier Numérique, 2021, Classiques Garnier en ligne ( Histoire du droit ), 454 p. 

    Gilduin Davy, Virginie Lemonnier-Lesage (dir.), Le parlement de Normandie: 1515-2015, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2018, 362 p. 

    Gilduin Davy, Soraya Amrani-Mekki, Soazick Kerneis, Marjolaine Roccati (dir.), Les chimères de l'alternativité ?, mare & martin, 2018, Droit & science politique, 265 p. 

    Gilduin Davy, Christian Lauranson-Rosaz (dir.), Le droit autrement. Mélanges en l'honneur du professeur Jean-Pierre Poly: mélanges offerts au Professeur Jean-Pierre Poly, Mare & Martin, 2017, 252 p.  

    La 4ème de couv. indique : "En décembre 2014 se sont réunis à l'Université Paris Nanterre des collègues, amis et disciples de Jean-Pierre Poly pour célébrer son départ en retraite. Composé sous la direction de Gilduin Davy et Christian Lauranson-Rosazt, cet ouvrage présente l'essentiel des contributions qui furent alors offertes. Tout en rendant hommage à l'oeuvre riche et dense du dédicataire, il livre un aperçu du vaste champ de la recherche juridique que, durant plus de quarante ans, Jean-Pierre Poly a arpenté. Les chemins qu'il a empruntés au cours de sa carrière forment en effet un entrelacs disciplinaire où principalement se mêlent histoire, droit et anthropologie, comme a pu le révéler l'un de ses ouvrages maîtres, La Mutation féodale, et les débats passionnés et passionnants alors engagés. Dans le sillage de Georges Duby, de Jean-François Lemarignier ou de Jean Gaudemet, Jean-Pierre Poly a bâti une oeuvre éclectique mais souvent hétérodoxe. A travers plus de soixante- dix contributions, articles, ouvrages ou chapitres d'ouvrages, ses travaux offrent un regard original sur les articulations du droit à la société d'autrefois."

    Gilduin Davy, Yves Mausen (dir.), La Normandie, terre de traditions juridiques: [actes du colloque organisé à l'abbaye de Royaumont, 4-7 juin 2013], Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2016, 256 p. 

    Gilduin Davy, Guillaume le Conquérant: le bâtard de Normandie, Belin, 2014, Portraits, 272 p. 

    Gilduin Davy (dir.), David Houard (1725-1802), Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2012, 292 p. 

    Gilduin Davy, François Neveux, Bruno Nardeux, Marie-Laure Delorme, Michel Aumont [et alii], Droit normand: Journée d'étude, [Bayeux, 13 novembre 2010], Annales de Normandie, 2012, 176 p. 

    Gilduin Davy, Lalögsaga épique ou la mémoire du droit ancien: Remarques sur un genre littéraire dans l'islande médiévale, Société pour l'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, 2008, 9 p. 

    Gilduin Davy, Le duc et la loi, De Boccard, 2004, Romanité et modernité du droit, 669 p. 

    Gilduin Davy, Jean Carbonnier, Henri Lévy-Bruhl, Sociologie juridique et morale, P.U.F., 1964 

  • Gilduin Davy, Alexandre Jeannin, « Les origines de la Common law vues de la Normandie : sources, débats, enjeux au XVIIIe siècle », La culture judiciaire anglaise au moyen Âge, IIe partie, 2022 

    Gilduin Davy, « La saga de Vigfúss ou les aléas de la foi dans l’Islande des Sturlungar (fin XIIe – milieu XIIIe siècle) », in W. FALKOWSKI, Y. SASSIER (dir.), Confiance, bonne foi, fidélité. La notion de fides dans la vie des sociétés médiévales, Classiques Garnier, 2018, pp. 257-273   

  • Gilduin Davy, Virginie Lemonnier-Lesage, « 1515-2015. Autour du cinq-centième anniversaire du Parlement de Normandie. », Cahiers historiques des Annales de droit, 2017 

    Gilduin Davy, Vanessa Brochot, « Cahiers historiques des annales de droit », 2012   

  • Gilduin Davy, « Migrants, migrations : des mots pour faire le droit », le 17 avril 2023  

    Organisé par le CHAD, UFR DSP, Université Paris Nanterre et le CNRS sous la direction de Soazick Kerneis et Gilduin Davy.

    Gilduin Davy, « Les biens communs saisis par le droit », le 11 avril 2022  

    Organisé par la faculté de droit, Nanterre Université sous la responsabilité de Clémentine Bories, Sabine Boussard, Anne Danis-Fatôme, Béatrice Parance, CoMUE Paris-Lumières

    Gilduin Davy, « Mettre par écrit les coutumes », le 24 novembre 2021 

    Gilduin Davy, « Lectures de... n° 9 : La voie cheyenne », le 12 mai 2021  

    Table-ronde organisée le 12 mai 2021 en ligne par Pierre Bonin, Pierre Brunet et Soazick Kernéis, avec le soutien du Centre d’Histoire et d’Anthropologie du Droit de l’université Paris Nanterre et avec l’assistance de l’Institut de Recherches Juridiques de la Sorbonne de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Textes à paraître dans Droit et Société.

    Gilduin Davy, « L'urgence dans le droit, le droit dans l'urgence », le 15 octobre 2020  

    Journée inter-laboratoires organisée par la Fédération interdisciplinaire de Nanterre en Droit (FIND), Université Paris-Nanterre.

    Gilduin Davy, « Les professions juridiques face à la justice plurielle », le 10 mai 2019  

    Organisé par La Chaire Wilson, Université de Montréal

    Gilduin Davy, « L'insulte et le droit », le 15 mars 2019  

    Journée d’histoire et d’anthropologie du droit.

    Gilduin Davy, « Rituels et conduites ordaliques », le 05 décembre 2018  

    Colloque organisé par l’Association Française Droit Et Cultures, l’Association française pour l’Histoire de la Justice et le Centre d’Histoire et d’Anthropologie du Droit

    Gilduin Davy, « L'anthropologie à la Renaissance », le 20 novembre 2017  

    Colloque organisé par Géraldine Cazals et Marie Houllemare (UPJV)

    Gilduin Davy, « Puissance territoriale et pouvoir royal dans la modernité politique », le 16 novembre 2017 

    Gilduin Davy, « Quand l’interprétation se fait loi (IVe - VIIIe siècle) », le 09 juin 2017 

    Gilduin Davy, « L'alternativité, entre mythe et réalité », le 23 mars 2017  

    Organisé par le CHAD, le CEJEC et le CDPC qui porte un regard interdisciplinaire (Droit, histoire, anthropologie) sur les modes alternatifs de règlement de conflits

    Gilduin Davy, « Des juristes normands et de leurs oeuvres », le 20 mars 2017  

    Journée d’études organisée par Géraldine CAZALS

    Gilduin Davy, « Crise(s) et Droit(s) », le 04 novembre 2014 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Guilhem Panaye, Autour du basileus normanorum , thèse en cours depuis 2021  

    Après plusieurs recherches menées sur le terrain des sources narratives afin de repérer les traces qu'auraient pu laisser la culture juridique antique dans les récits anglo-normands, il nous a semblé que le problème fondamental de l'assimilation du droit romain ne pouvait pas être traité sans s'atteler à une série de questions qui ne fait pas consensus aujourd'hui encore, et qui implique de faire remonter notre cadre chronologique d'investigation à la première moitié du XIe siècle (c'est-à-dire environ 50 ans plus tôt que prévu initialement) : Lanfranc de Pavie (mort en 1089) a-t-il importé un enseignement juridique romaniste - et les textes de référence par la même conséquence - depuis les écoles du Nord de l'Italie (Pavie) jusque dans les monastères normands (le Bec, Saint-Etienne de Caen) puis en Angleterre (archevêché de Canterbury) dans lesquels il a enseigné et cogouverné ? Nous disposons malheureusement de peu d'informations sur la formation Italienne de Lanfranc mais il est possible que nous trouvions un troisième chemin qui puisse nous permettre de sortir de cette question sans réponse univoque entre adhésion totale et le rejet radical. En effet, il semble que Lanfranc ait été a minima l'importateur d'une « visions nord-italienne » du trivium, c'est-à-dire d'une culture philosophique qui place la rhétorique au sommet de l'étude des voces (ou étude des mots, par opposition à l'étude des res, à travers le quadrivium) ; par opposition à la tradition carolingienne, qui place au contraire la grammaire comme télos du trivium. A défaut d'enseigner directement le droit romain, Lanfranc est-il alors responsable d'une nouvelle prédisposition d'esprit propice à la réception, plus tardive, du Corpus iuris ? Voici notre nouvelle préoccupation. Une réponse positive impliquerait de faire remonter au moins à la fin du XIe siècle l'émergence dans le(s) monde(s) normand(s) d'une forme de théologie juridique traditionnelle attribuée à Vacarius (mort vers 1200), étudiant bolonais ayant importé son fameux Liber pauperum destiné à l'étude du droit romain pour les novices anglais vers 1143-9. L'une des particularités les plus saillantes de l'apport du Liber pauperum est l'apport massif des brocards, c'est-à-dire de petites structures argumentatives standardisées destinées à servir aux plaideurs afin d'impressionner le juge. Cette nouvelle approche – le rapport de causalité entre l'apport dans le monde anglo-normand d'un nouvel enseignement rhétorique depuis le nord de l'Italie et l'assimilation du droit romain – nous permet de repenser le rôle qui sera progressivement attribué au langage juridique romain et de nous demander in fine quelle est sa performativité au XIIe siècle. Or, il est manifeste que l'interprétation et l'usage du droit romain ait dépassé le cadre de l'enseignement (écoles-cathédrales, écoles indépendantes et monastères). Nous pensons donc intégrer l'étude des théologiens proches du pouvoir (les auteurs de miroirs au prince en particulier) pour voir dans quelle mesure le droit romain a contribué à la construction d'une philosophie juridico-politique susceptible de modéliser le discours des rois anglo-normands. Nous voyons ici un second degré de performativité du droit romain médiéval. Enfin, nous projetons de mesurer la pénétration du droit romain dans les documents de la pratique, toujours en rapport avec le fil rouge que nous avons établi : le rapport entre droit romain et rhétorique. Il sera alors intéressant de repérer si les justiciables initiés au vocabulaire civiliste obtenaient gain de cause. Voici, selon nous un troisième terrain de performativité du droit romain au Moyen Âge.

    Mohamed Kadiri, Le pluralisme juridique en Andalus au haut Moyen Âge, thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Fouzi Rherrousse  

    L'Espagne musulmane ou Al- Andalus est un moment majeur de l'histoire du monde méditerranéen, située à l'extrémité sud-ouest du continent européen. Elle constitue l'ensemble des territoires de la péninsule Ibérique, dominés par les musulmans au haut Moyen Âge. Pendant les deux siècles qui suivent leur débarquement, on y trouve deux doctrines juridiques dominantes : Al Awzâ'î et le Hanafi qui organisent la vie en société. Ces deux doctrines incarnent en quelque sorte le droit commun applicable aux particuliers. Cependant, à la fin du IXe siècle, ces écoles vont connaître une rétrogradation générale pour laisser la place ensuite à la doctrine juridique malikite qui va désormais être l'axe central du droit sur tout le territoire d'Al-Andalus. Il réglemente la vie civile, notamment l'accès à la propriété, les droits de pacages ou plus globalement le statut des terres et le droit pénal. De ce fait, l'État a institué une juridiction pour les litiges entre les particuliers et une justice répressive appelée Shurta pour le maintien de l'ordre public et la tranquillité sociale dans les rues et les Souks. Nonobstant, la domination de la loi religieuse, le droit coutumier de la population autochtone n'a pas été effacé ce qui a permis à l'Andalus de se caractériser par une certaine stabilité juridique en laissant aux justiciables d'origine ethnique différente la possibilité de choisir devant quelle instance leurs litiges seront présentés. Cette thèse se propose d'étudier ce pluralisme juridique au haut Moyen Âge en Andalus, à travers son émergence à compter du VIIIe siècle puis à travers sa confrontation progressive à la doctrine malikite. Il consiste notamment à analyser les divers textes appliqués dans les litiges entre les individus d'origine ethnique différente et à mettre en exergue comment cohabitaient le système central dominé par la loi musulmane et des pratiques locales fondées sur le droit coutumier.

    Caelle Aoun, La personnalité des lois au Liban , thèse en cours depuis 2020 en co-direction avec Roula Husseini-begdache et Marie-Claude Najm  

    La personnalité des lois au Liban est un systeme qui trouve ses origines de l'empire ottoman. Il est interessant d'etudier ce systeme à travers ses perspectives histoiriques et ses projections juridiques.

    Morgane Fortin, Les juifs et le droit de cité dans le comté de Toulouse du XIe au XIVe siècle., thèse en cours depuis 2018  

    Cette thèse s'intéresse au statut juridico-politique des juifs dans les villes du comté de Toulouse au Moyen Âge. Elle s'attache à dresser un tableau comparatif des différentes facettes de la participation publique des juifs au sein de ces villes grâce à une méthode du faisceau d'indices. Cette méthode s'appuie sur une pluralité de sources – statuts urbains, chartes de franchises, fiscalité, sources judiciaires, droit canonique et théologie, actes de droit privé, sources littéraires et monumentales – qui permettent d'éclairer différents topoï indicatifs du droit de cité des juifs. Il s'agit en effet de renseigner l'existence ou non de dispositions particulières sur l'octroi de charges civiques, la commensalité et le marché de la viande, les dispositions somptuaires, port d'un signe distinctif, la justice et la possibilité de prêter serment lors d'un litige avec un chrétien, l'exercice de certaines professions, la présence dans l'espace publique et les monuments communautaires, l'accès à la propriété foncière, etc. À une période où fleurissent les droits particuliers et croissent les villes, ces thématiques croisées autorisent la formulation d'hypothèses pour esquisser le statut juridico-politique des juifs lorsque les sources médiévales n'utilisent pas toujours le terme de cives. De l'apogée du comté de Toulouse jusqu'aux bouleversements du XIVe siècle, cette thèse retrace le rapport des juifs à la cité dans les consulats méridionaux.

  • Marion Attia, Sir John Davies et la Tanistry : une histoire juridique de la Conquête de l'Irlande (XIIe-XVIIe s.), thèse soutenue en 2023 à Paris 10 sous la direction de Christophe Archan, membres du jury : Céline Roynier (Rapp.), Arnaud Vergne (Rapp.), Thierry Hamon    

    Au début du XVIIème siècle, le procureur général d’Irlande John Davies (1569-1626) contribue à la mise en application définitive du droit anglais dans l’île, dont la conquête a eu lieu au XIIème siècle. À cette fin, il s’attaque frontalement au droit successoral traditionnel irlandais (appelé tanistry), gouvernant la transmission du pouvoir dans les seigneuries. Il en soutient l’abolition devant la justice (Case of tanistry), ainsi que dans ses écrits sur l’histoire de la colonisation de l’île à partir du XIIème siècle. L’étude de l’œuvre de John Davies permet donc d’aborder la question de la conquête de l’Irlande par l’Angleterre sous l’angle juridique. Le droit successoral apparaît en effet comme un enjeu central, sa modification par les Anglais permettant d’aboutir à la maîtrise des terres, et donc à un contrôle de l’île toute entière. Les écrits juridiques de l’auteur ne doivent cependant pas occulter l’activité de propagande qui caractérise également son œuvre. L’ensemble de ses écrits permet ainsi d’appréhender les enjeux politiques et juridiques mais aussi l’évolution de la conquête, pendant une période particulièrement longue.

  • Fresnel Hugo, Viοlentia Νοrmannοrum : Cοnceptiοn et usages de la viοlence du prince dans les mοndes nοrmands médiévaux 911-1154, thèse soutenue en 2024 à Normandie sous la direction de Pierre Bauduin, membres du jury : Frédérique Lachaud (Rapp.), Annliese Nef, Emmanuelle Santinelli, Mark S. Hagger et Alban Gautier  

    La violence du prince n’a pas encore fait l’objet d’études précises au Moyen Âge et encore moins dans les mondes normands (duché de Normandie, royaume d’Angleterre et royaume de Sicile). Dans le cadre des conceptions de Max Weber sur le « monopole de la violence légitime », les recherches s’étaient en effet focalisées sur la construction de ce monopole plus que sur son contenu en lui-même. Ma thèse analyse les pratiques de la violence, qu’elles soient physiques, guerrières, judiciaires ou encore symboliques, afin de combler cette lacune historiographique. Elle explore l’ensemble de ces violences en interrogeant les limites que le prince ne doit pas transgresser dans l’exercice de son pouvoir. Cette question des normes se pose d’autant plus dans des espaces qui ont été souvent perçus comme plus violents, en partie en raison de l’origine scandinave des ducs normands, en partie à cause des phénomènes de conquête. Cette image doit être replacée dans un contexte européen pour en saisir l’originalité, ou non. Par l’analyse de ces normes, il s’agit de déterminer quelle part de violence la société politique était prête à accepter au nom de la conservation de l’ordre social. Cette démarche doit être menée sans jamais perdre de vue les rapports de force qui sont au cœur des sociétés normandes. La norme n’est pas qu’une donnée, elle est une construction qui peut évoluer selon la capacité qu’ont différents acteurs d’imposer leur propre définition de la violence légitime. Le prince peut également être critiqué pour ses actions, ce qui peut l’obliger à se justifier, soit par des entreprises de légitimation, soit en répondant directement à ces critiques. En s’appuyant sur des sources narratives, diplomatiques, juridiques et épistolaires, cette thèse d’histoire politique réinterroge donc la violence comme un outil essentiel de la domination politique au Moyen Âge central dans les mondes normands.

    Guillaume Bergerot, « Oriatur in diebus vestris justitia et abundantia pacis » : La mission de justice du roi de Louis VI à Philippe II Auguste, thèse soutenue en 2019 à Paris 2 sous la direction de François Saint-Bonnet et Yves Sassier, membres du jury : Vincent Martin (Rapp.), Olivier Descamps  

    La justice, office immuable de la royauté, permit aux rois du XIIe siècle de recouvrer progressivement leur autorité à l’échelle du regnum. Louis VI, et surtout Louis VII dont le règne mérite d’être réhabilité, y travaillèrent avec pragmatisme, l’exerçant comme une mission autonome reçue lors du sacre en vue de la paix. Ils préparèrent ainsi l’éclat du règne de Philippe Auguste. En 1223, la justice royale manifeste incontestablement la supériorité du roi sur ses sujets : sa majesté. La justice du roi ne se résume pas à son office judiciaire. Elle imposait au roi de conserver à chacun son droit avant même l’émergence des conflits. La juridiction gracieuse permit aux Capétiens d’étendre leur autorité protectrice par l’octroi de chartes de confirmation, de diplômes de sauvegarde et de garanties apportées aux actes juridiques réalisés par leurs sujets. Les Capétiens s’attachèrent à protéger les plus démunis et à soulager leur détresse matérielle, mettant en œuvre une forme de justice sociale. La procédure permit d’attraire dans les juridictions royales les justiciables, confiants dans l’équité des décisions de justice. Les modes alternatifs de règlement des conflits permettaient au roi de rétablir la concorde. Ses jugements étaient tempérés par la miséricorde et la clémence, marques de son autorité. Pour autant, le roi prononçait les peines les plus rigoureuses, selon le principe de la rétribution. La justice était attendue du roi : ses sujets la désiraient ainsi que le révèlent les lettres de plaintes. En répondant à ces requêtes, les Capétiens exercèrent leur devoir, manifestèrent leur légitimité à gouverner et préparèrent le renouveau de la souveraineté royale.

    Ahmed Djelida, Définition de l'institution monarchique dans le royaume siculo-normand, thèse soutenue en 2017 à La Rochelle sous la direction de Jacques Bouineau, membres du jury : Corinne Leveleux-Teixeira (Rapp.), Florent Garnier, Orazio Condorelli et Jacques Péricard  

    Notre étude vise à dégager deux phases successives dans la construction de la royauté normande de Sicile. La première est entamée par Roger II. Le pouvoir est personnel, non défini juridiquement ; il dépend essentiellement de la capacité du roi à l’imposer. Le roi muselle l’aristocratie féodale et préfère s’entourer de l’aristocratie orientale, plus habituée à un pouvoir fort, qu’il utilise dans son administration. La seconde advient durant le règne de Guillaume Ier. Autour de 1161, la pression seigneuriale rompt la dynamique antérieure. L’émir des émirs, symbole de la domination administrative orientale, est assassiné et remplacé par un conseil de familiares regis. Ces poussées aristocratiques contraignent le pouvoir royal à s’institutionnaliser. Les contours juridiques de la fonction royale se définissent et s’occidentalisent.

  • Marjorie Coulas, Les refus de la maternité : l'avortement, la contraception et les filles-mères à l'épreuve du droit canonique et du droit séculier (XIIe-XIXe siècle), thèse soutenue en 2021 à Paris 10 sous la direction de Aram Mardirossian, membres du jury : Sigrid Choffée-Harouel (Rapp.), Nicolas Warembourg (Rapp.), Christophe Archan et Michèle Bégou-Davia  

    Dans ce travail de recherche, il s’agit de s’interroger sur le phénomène juridique entourant le refus de la maternité par les femmes elles-mêmes, à travers l’avortement et la contraception, et le refus de la maternité par la société, à travers l’image de la mère célibataire, dans une perspective historique. Du XIIe siècle au XVe siècle, le droit canonique s’approprie la compétence de régler les litiges entourant la vie privée des fidèles. L’avortement, la contraception et la maternité en dehors du mariage relèvent de la compétence juridique et judiciaire des ecclésiastiques, le droit séculier n’occupe qu’une place secondaire minime. Au XIIe siècle, la structuration de la pensée en matière de reproduction est influencée par la médecine issue de la Grèce antique, par les écrits des Pères de l’Église et par la philosophie proche-orientale. Le rôle de la femme est strictement encadré : elle doit, pour son salut, enfanter selon les règles canoniques. Au XVIe siècle, le droit séculier connaît une expansion importante, le droit canonique est relégué au second plan. L’édit d’Henri II datant de 1556 marque l’avènement de la primauté du droit émanant du roi sur les questions entourant la génération. Le souverain lie la bonne gestion du royaume au respect des valeurs traditionnelles familiales. Le recours à l’avortement et à la contraception est fermement réprimé, la maternité hors du mariage pourchassée. Entre le XVIe siècle et le XIXe siècle, on assiste à un durcissement de la société et du droit séculier vis-à-vis des femmes qui utilisent des moyens anticonceptionnels ou qui ont un enfant hors du mariage.

    Pierre-Anne Forcadet, Conquestus fuit Domino regi : Etude sur le recours au roi de France d'après les arrêts du Parlement (1223-1285), thèse soutenue en 2012 à Orléans sous la direction de Corinne Leveleux-Teixeira, membres du jury : Louis de Carbonnières (Rapp.), Jean Hilaire (Rapp.), Claude Gauvard et Katia Weidenfeld    

    Le riche et complexe « siècle de saint Louis » est celui du déploiement d’une justice royale hiérarchisée et professionnelle employant des centaines de maîtres formés dans les universités. La Cour du roi se réunit à Paris à intervalles réguliers lors de sessions en parlement. La monarchie adopte plusieurs réformes qui permettent aux justiciables d’avoir accès à la justice. Les recours sont alors portés, pour une large part, contre le roi lui-même et les exactions de ses agents. Tant de recours différents peuvent être formés qu’une forme de responsabilité de l’administration royale paraît se mettre en place.Un important contentieux est par ailleurs soulevé par les hommes contre leurs seigneurs laïcs ou ecclésiastiques. La justice royale apparaît alors comme un régulateur des relations féodales. L’appel judiciaire au Parlement, qui se systématise contre les jugements des justices concurrentes, ouvre la voie à la concrétisation de la supériorité de la justice royale, que l’on commence à appeler en français : « souveraineté ».Par acculturation, l’offre et la demande de justice se rencontrent et tendent à consacrer les institutions royales en justice de « droit commun ». Les résistances sont nombreuses de la part des justices concurrentes, mais la Cour du roi reçoit aussi leurs plaintes et, tout en étendant son influence, statue dessus en toute impartialité, ce qui contribue également à légitimer la mise en place d’un État de droit.