Abdusalam Alkurdi, Le régime présidentiel américain et sa possible application en Libye, thèse soutenue en 2023 à Université de Lille 2022, membres du jury : Mathieu Disant (Rapp.), Stéphane Caporal (Rapp.), François Colly, Ramu de Bellescize et Gilles Toulemonde
Faut-il à la Libye un régime présidentiel ? Cette question simple ne va pas pourtant sans soulever beaucoup d’inquiétudes et vicissitudes liées à la transposition du régime présidentiel en Libye. On s’abstiendra de répondre à cette question à ce stade. Cette thèse de doctorat n’est pas un référendum en ce sens qu’elle n’a pas l’intention de répondre par oui ou par non à cette question. L’objet de la présente étude doctorale est de contribuer à un débat passionnant, celui de la reconstruction du nouvel État libyen ; comme c’est le cas de tous les pays après des années de dictature et de crise et qui s’orientent vers la démocratie. Les présents travaux de recherche se proposent d’analyser le régime présidentiel et des obstacles liés à sa possible application en Libye ; un pays où le tribalisme joue encore un rôle déterminant dans la vie politique. En effet, faute d’entente nationale, de volonté politique, d’institutions politiques démocratiques et fortes, il n’est pas certain qu’un projet de transposition du régime présidentiel et de refonte des institutions politiques en Libye aboutisse. Cet échec est lié à des traditions historiques, économiques et sociales qui influent beaucoup sur l’opinion publique et tendent à promouvoir une forme de scepticisme quant à la transposition du régime présidentiel. Depuis son indépendance le 24 décembre 1951, la Libye, qui a débuté par une monarchie constitutionnelle, a traversé différents systèmes de gouvernement et différents régimes politiques. La monarchie a été adoptée en vertu de la Constitution mise en place par l'Assemblée nationale en octobre 1951. Le gouvernement a ensuite élaboré la Constitution en instituant un système fédéral, avec un territoire subdivisé en trois régions, Tripolitaine (Tripoli), Cyrénaïque (Barqa) et Fezzan jusqu'en 1963. La possibilité d’application du régime présidentiel en Libye laisse place à la réflexion, à la discussion et au débat ; cette thèse de doctorat les y encourage.
Simolin Ebozo'o assoumou, La lutte contre le financement du terrorisme en Afrique centrale, thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Télesphore Ondo
Le phénomène du terrorisme fait l'actualité aussi bien médiatique que doctrinale. Cette récurrence traduit aussi l'impact de ce fléau dans la prise des décisions politiques et juridictionnelles. Toutefois, la mise en uvre pratique de ces décisions reste sujet à caution. C'est en cela qu'aborder la question du financement du terrorisme présente un double intérêt théorique et pratique. D'un point de vue théorique, l'étude de la thématique a pour objet d'analyser le système de financement mis en place par les principaux acteurs et les mécanismes et procédures normatifs d'endiguement de ce phénomène dont l'objectif est la fin de l'impunité. Cette investigation qui sera un inventaire de tous les instruments nationaux, communautaires et internationaux de lutte contre le financement du terrorisme, permettra enfin de ressortir les éléments susceptibles de mieux sensibiliser les contrôleurs des impôts, les variateurs et les enquêteurs à toutes les questions en lien avec le financement du terrorisme. Sur le plan pratique, la lutte contre le financement du terrorisme présente les difficultés liées à la prépondérance des sources informelles et, partant, à la problématique des délits financiers y compris des délits à caractère fiscal qui sapent les intérêts politiques et économiques des pays, faisant peser une menace grave sur la sécurité nationale. Les autorités répressives s'efforcent à lutter contre ces délits en exerçant leurs activités dans un contexte de ressources limitées. L'analyse de la thématique suscite une série de questionnements : quels sont les mécanismes de lutte contre le financement du terrorisme en Afrique centrale ? Ces mécanismes sont-ils efficaces eu égard à la criminalité grandissante dans cette sous-région ? La réponse à ces questions permettra d'étudier, non seulement la difficile opérationnalisation des procédures de lutte contre le financement du terrorisme, mais aussi, en termes de perspectives, de proposer des solutions pouvant permettre de lutter d'une manière optimale contre toute origine de levée de fonds au profit des terroristes.
Inès Belkasmioui, La normativité des algorithmes des pouvoirs publics, thèse en cours depuis 2020
Les pouvoirs publics utilisent des algorithmes, que ce soit pour accélérer le traitement de données en quantité importante, automatiser la récolte d'informations ou pour accompagner et fonder leur prise de décision. Ces algorithmes peuvent être de plusieurs formes : certains sont non évolutifs, c'est-à-dire que sans intervention humaine sur le code, l'algorithme ne sera pas amené à évoluer. Les résultats de ce type d'algorithmes sont plus faciles à comprendre et leur comportement sont plus facilement prévisibles. En revanche les algorithmes dits d'apprentissage ont un comportement plus difficilement prévisible et leurs résultats, ainsi que leur structure, sont évolutifs et variables. En effet, les algorithmes d'apprentissage sont évolutifs puisqu'ils changent et « apprennent » à résoudre des problèmes au fur et à mesure qu'ils traitent des données. L'utilisation d'algorithmes par les pouvoirs publics n'est pas sans risque, puisque leurs résultats peuvent être biaisés et produire des résultats susceptibles de porter atteinte à des droits et libertés fondamentaux des usagers. Il n'est pas sans intérêt de s'intéresser à rechercher et démontrer l'existence éventuelle d'une normativité de ces algorithmes. En effet, dans le cas où une normativité des algorithmes était existante, il est nécessaire d'encadrer et contrôler leur existence, leur production et leur utilisation, de la même manière qu'est encadrée et controlée aujourd'hui l'élaboration et la mise en uvre de la norme juridique contraignante et obligatoire. Le sujet également trouve son intérêt dans le fait qu'il revient à s'interroger sur les autres définitions de la normativité qui permettront d'inclure l'algorithme.
Héloïse Hiron danjou, Le droit de la santé mis à l'épreuve de l'armée, thèse en cours depuis 2020
Le Service de Santé des Armées, les médecins militaires et les soldats sont des entités militaires avec tout ce que cet état implique. L'état de militaire conduit à voir certains droits aliénés, même un droit pourtant constitutionnel comme le droit de grève. Le SSA, premier acteur de santé public avec l'édit de 1708 tend à devenir un outil de résilience pour l'Etat devant allier soutien opérationnel et veille sanitaire en étant rentable. Le médecin militaire se retrouve avec une « double casquette » où le civil prend parfois le pas sur l'essence même de son métier, le soutien opérationnel des troupes. L'aliénation de certains droits dus à l'état de militaire fait apparaître la question des droits de la santé. Le militaire a t-il les mêmes droits sur sa santé et ses décisions qu'un civil ? Quand les grandes puissances militaires de notre monde se mettent en quête du soldat augmenté sous l'égide de la défense nationale, quel droit a le soldat face au développement des NBIC ? Dans une société où le débat de la bioéthique est devenu si fort, la place, les droits du soldat sur sa santé semblent absents du tableau juridique actuel, mais est-ce nécessaire de les dessiner ? Comment allier défense nationale et droits de la santé du soldat ?
Adoh Djeri, Existe-t-il une gouvernance internationale de la cybersécurité ?, thèse en cours depuis 2019 en co-direction avec Nicolas Vermeys et Marcel Moritz
Le projet de recherche sur la gouvernance internationale de la cybersécurité porte sur une question d'une actualité brûlante, occupant le débat aussi bien dans les joutes doctrinales, médiatiques que dans le cadre onusien. En effet, l'interconnexion des systèmes d'information dans le monde augmente la vulnérabilité des États, des opérateurs d'importance vitale, des entreprises et des ménages face aux cyberattaques. Ainsi la cyber-sinistralité est-elle devenue inquiétante d'autant plus que les actes de cybercriminalité se comptent par millier dans le monde. Cette prolifération de la cybercriminalité dans le monde a une incidence certaine sur la sécurité nationale des États victimes de cyberattaques. Cet état de fait est lié à la nature 'agéographique' d'Internet et du cyberespace. De ce fait, une bonne construction de la cybersécurité sur le plan international nécessite la prise en compte des capacités techniques et opérationnelles des différents acteurs du cyberespace de part le monde. Ce mécanisme de gouvernance des risques informatiques semble être la clé de voûte d'une bonne cybersécurité que ce soit dans la prévention ou la gestion des risques informatiques. L'idée d'une gouvernance internationale de la cybersécurité consiste donc à traiter des mesures et actions prises sur le plan international par tous les acteurs de la cybersécurité-États, organisations internationales, grandes entreprises des services technologiques ou électroniques, les associations des utilisateurs-et qui sont de nature à rendre optimale c'est-à-dire meilleure, l'administration, le renforcement de la cybersécurité sur le plan international. Une telle démarche pose de nombreuses questions d'ordre juridique, sécuritaire, géopolitique, technique
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Alexandre Pasquier, Le conflit de compétence entre l'Etat et l'Union Européenne en matière de sécurité d'approvisionnement des biens affiliés à la défense, thèse en cours depuis 2019
La sécurité d'approvisionnement porte sur la protection de la chaîne d'approvisionnement pour assurer le ravitaillement et garantir l'ensemble des marchandises à destination. La question de la sécurité d'approvisionnement est revenue depuis l'européanisation des marchés de défense et sécurité en 2009. Il apparaît une nouvelle notion de sécurité de la chaîne d'approvisionnement intitulé « la sécurité d'approvisionnement européenne par mécanisme communautaire ». La nouvelle notion s'oppose à la sécurité d'approvisionnement nationale. La thèse aborde les événements contemporains, les moyens et les limites relatifs à la sécurité d'approvisionnement. La thèse aborde notamment les principes de la sécurité d'approvisionnement, le droit relatif à la sécurité d'approvisionnement, les contrats d'approvisionnement de défense, la base industrielle et technologique de défense. Il s'agit d'étudier comment et dans quelle mesure a évolué le conflit entre les deux conceptions de sécurité de la chaîne d'approvisionnement pour y apporter des solutions.
Heddy Cherigui, Le rôle et l’implication de la communauté des services de renseignement français dans la lutte contre le processus de radicalisation violente d’inspiration jihadiste depuis 2015, thèse soutenue en 2019 à Université de Lille 20182021
Alors que depuis 2015, en France, la menace terroriste d’inspiration jihadiste s’avère prégnante, protéiforme et durable, sa détection s’impose dorénavant comme un enjeu fondamental pour les services de renseignement soumis à des missionsd’une sensibilité accrue. Le volume important d’ individus détectés et suivis au titre de la radicalisation violente d’inspiration jihadiste, a entraîné un redimensionnement des services de renseignement français depuis ces quatre dernières années. Leur rôle et leur implication s’inscrivent désormais au travers d’une démarche proactive mise en oeuvre par des moyens humains réévalués mais aussi soutenue par des procédés techniques toujours plus élaborés et encadrés par un droit du renseignement récent qui a su s’imbriquer au sein d' un arsenal juridique antiterroriste en plein essor. Si le droit du renseignement est un droit d'exception permettant aux services de renseignement de bénéficier de pouvoirs exorbitants, pour autant, il est strictement encadré et soumis à des contrôles institutionnels et juridictionnels prévus par la loi. La restructuration des services français de renseignement, depuis 2015, afin de s’adapter à ses nouveaux défis, semble avoir atteint le niveau d’efficacité requis pour lutter contre le processus de radicalisation violente d’inspiration jihadiste et ainsiéviter le passage à l’acte. Mise sous la pression constante d’une obligation de résultats, la communauté des services de renseignement français doit, parallèlement, agir sous une contrainte juridique permanente afin d’atteindre ses buts sans pour autant négliger le format des moyens mis en oeuvre.
Dhia Moslem Abd Alameer Ghaibi, La protection pénale de la sécurité de l’information en Irak : Etude juridique au niveau national et international, thèse soutenue en 2018 à Université de Lille 20182021
La sécurité des technologies de l'information, de la communication (TIC) et la question de la cybercriminalité ont été préoccupantes pendant un certain temps. Ce n'est que dans le passé récent, que les gouvernements ont commencé à comprendre l'importance de la sécurité des TIC. La criminalité informatique, comme toute forme de criminalité, est difficile à chiffrer, la cybercriminalité pourrait constituer la forme de comportement criminel la moins déclarée puisque la victime ignore souvent qu’une infraction a même eu lieu. De plus l'insuffisance des solutions de cybersécurité ainsi que l'absence d'une compréhension commune font des difficultés juridiques à l'échelle nationale et internationale. Il est incertain que les normes du droit-commun, notamment celles du droit pénal, soient suffisantes, d’une part pour couvrir les besoins d’une politique pénale efficace et, d’autre part, la nécessité d’affronter la diversité des crimes et l’évolution continuelle de leurs moyens. L'Irak, comme certains pays, a subi des infractions des systèmes d'information. Mais comment l’Irak peut-il faire face aux questions de la cybercriminalité ? Les lois traditionnelles sont-elles suffisantes pour encadrer la cybersécurité? L’Irak a-t-il besoin de règles juridiques nouvelles ? À cet égard, l’apport du droit international s’avère important pour la lutte contre la cybercriminalité. Les conventions internationales en matière de cyber sécurité ainsi que la législation des pays pionniers dans ce domaine peuvent inspirer le législateur irakien. L’intérêt de ce sujet de recherche vise, à la lumière du droit international, à proposer une protection juridique efficace et de développer le cadre juridique irakien de la cybersécurité.
Farah Duquesne, Le politique, le guerrier et le journaliste : Les limites de l'éthique et de la raison d'Etat dans les conflits modernes, thèse soutenue en 2017 à Lille 2
Dans cette thèse a été analysée la relation triangulaire entre le monde politique, l’armée et les médias autour de laquestion particulièrement sensible et controversée de la relation entre la morale et la raison d’Etat. Dans une sociétémondialisée qui a vu émerger une conscience universelle, ces trois acteurs doivent en effet de plus en plus coopérer,bien qu'ils poursuivent des aspirations souvent divergentes. Aux yeux du Politique, par-delà toute autre considération, les intérêts dits « supérieurs de la nation » peuvent primer sur la règle morale. Les impératifs liés à la défense et la sécurité nationale justifient l’existence d’un encadrement juridique dérogatoire au droit commun qui permet au pouvoir exécutif de garder secrètes des informations aux pouvoirs législatif et judiciaire. Les stratégies de défense prises au niveau politique ont des implications directes pour les unités combattantes déployées à l’extérieur du territoire national à qui on demande d’agir conformément aux règles de droit et à l’éthique. Dans une société de l’information, la gestion de la guerre implique également le monde de la presse, pour qui la transparence doit primer. L’équilibre de la relation entre ces acteurs peut être considéré comme un enjeu de la société contemporaine. C’est d’autant plus vrai que les attentes des populations occidentales en matière de morale et d’information sont aujourd’hui particulièrement fortes. Celles-ci sont par ailleurs en demande de sécurité, ce qui peut apparaître comme un paradoxe. Parvenir à une harmonie entre les droits fondamentaux que sont la liberté et la sûreté doit dès lors constituer un axe prioritaire dans la préservation d’un Etat de droit.
Pierre Amestoy, Le droit à réparation tel que prévu par le code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre, thèse soutenue en 2017 à Lille 2
De l’aire Romaine au moyen âge et jusqu’à notre époque, ceux qui ont servi la France sous les armes se voient attribuer des avantages en nature et en argent. C’est la loi du 31 mars 1919 qui initie cette reconnaissance et forme le droit à réparation contemporain. Qu’elles soient victimes civile de la guerre ou militaires, victimes d’actes de terrorisme, leurs droit est contenu aujourd’hui dans le code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre. Corpus de règles complexe dans sa mise en œuvre, c’est le Ministère de la Défense et des Anciens Combattants qui répare, témoigne la reconnaissance de la nation et assure une solidarité et la conservation de la mémoire à travers l’Office National des Anciens Combattants (ONAC). Pensions militaires d’invalidité, cartes et titres, décorations, emplois réservés et autres avantages de nature fiscale par exemple composent le panel des avantages accordés aux ressortissants du code des pensions. Les associations d’Anciens Combattants participent au conseil d’administration de cet établissement public tant au niveau national que départemental. Les décisions de concession ou de rejet de pension d’invalidité servies au titre du code des pensions tout comme les décisions concernant les soins médicaux gratuits et l’appareillage, sont susceptibles de recours devant le tribunal des pensions militaires en fonction du lieu de résidence du requérant. Ce Tribunal particulier, désormais régional, siège au Tribunal de Grande Instance (TGI). Les arrêts de la Cour régionale des pensions peuvent être déférés devant le Conseil d’Etat.
Siprien Sangaré, Le discours de légitimation du recours à la force opportunément saisi par le droit. Pour une approche critique de l'hypothèse d'une norme coutumière en gestation fondant les récentes "guerres" antiterroristes en territoire étranger, thèse en cours depuis 2017
Dans le cadre d'une méthode empirique, notre hypothèse de recherche a consisté, dans un premier temps, à chercher les preuves de l'existence d'une règle coutumière fondant les récentes « guerres » antiterroristes en territoire étranger. À l'examen, il va sans dire qu'il n'existe en effet aucun précédent qui attesterait d'une opinio ou d'opiniones juris communis clairement établies en ce sens, que l'on se réfère au droit (international), à l'autorisation implicite, voire présumée du Conseil de sécurité, au consentement des États sur le territoire desquels les interventions militaires contre le terrorisme sont menées et/ou aux registres politique, moral et humanitaire de légitimation. Au surplus, une critique de la même veine est sans aménité : malgré la persistance d'un discours légaliste, les récentes « guerres » antiterroristes ne se réaliseraient pas conformément au droit international existant. L'examen de la pratique internationale montre clairement que les puissances intervenantes ne se réfèrent pas encore à un véritable droit naturel de légitime défense, fût-il émergent, mais déjà plus à l'article 51 de la Charte interprété extensivement. De la sorte, il n'est pas interdit de dire que les récentes interventions militaires contre le terrorisme en territoire étranger passent pour une violation du droit international positif. C'est qu'en l'absence d'une conviction juridique et d'une adhésion forte d'un nombre conséquent d'États membres de l'ONU, elles ne constituent pas des précédents révélateurs d'une nouvelle conviction juridique. De plus, la confusion entre légalité et légitimité qui les caractérise marque assez bien le manque de droit. Ensuite, sur un plan juridique, il nous paraît difficile de démontrer que les autorités politiques aient pris leurs distances avec le modèle positiviste d'un droit détaché des valeurs politiques et morales particulières. Enfin, on ne peut conclure la présente thèse sans dire que la Charte de l'ONU ne craint donc aucune retombée révisionniste. Finalement, elle en sort juridiquement renforcée. Quoi qu'il en soit, notre conviction profonde consiste à dire que les « guerres » antiterroristes n'endigueront pas le principe de droit international coutumier relatif à l'interdiction du recours à la force et à la non-intervention en dehors des hypothèses classiques du droit à la légitime défense ou d'une autorisation claire du Conseil de sécurité. L'assimilation des "guerres" antiterroristes à un discours et/ou à une idéologie prend tout son sens ici. Idéalement, la présente étude doit déconstruire ce discours et cette idéologie dans une approche résolument critique. Bien entendu, cet effort d'analyse critique tel adopté dans la présente recherche doctorale, ne préjuge en rien des futures évolutions et transformations que le droit international de la paix et de la sécurité pourrait subir au regard des aléas de la conjoncture politique internationale et de l'évolution de la conflictualité. C'est une affaire à suivre.
Jean-Jacques Martel, La valeur venale ou locative des biens, droits immobiliers ou droits sociaux : une conception juridique pour une concretisation economique, thèse soutenue en 2016 à Lille 2 en co-direction avec Manuel Gros
La valeur vénale et locative se définit en droit, en jurisprudence et en doctrine, mais elle se concrétise en économie…C’est toute l’ambiguïté et la différence entre une valeur et un prix.A l’inverse de l’agent immobilier qui se focalise sur le prix du bien qu’il envisage de vendre, l’expert se concentre sur l’objectivation juridique d’une valeur qu’il va déterminer en s’appuyant sur la comparaison des prix dont il va avoir connaissance.Depuis plus d’une dizaine d’années, j’ai essayé à travers mes différentes recherches, enseignements et publications d’éclaircir les problématiques juridiques, économiques, techniques et maintenant écologiques, liées à la valeur vénale ou locative.J’ai pu publier une cinquantaine de contributions sur des sujets transversaux.Mon projet de thèse sur travaux envisage d’effectuer la synthèse de ces travaux en approfondissant et en complétant certains sujets, en explorant les nouvelles problématiques environnementales et en examinant les possibilités de transposition dans notre droit interne des nouvelles directives européennes liés à l’évaluation immobilière.
Audrey Gratadour, L'apport de la théorie des systèmes dynamiques complexes à l'ontologie du droit international dans la crise : Analyse de l'action normative du Conseil de sécurité, thèse soutenue en 2015 à Lille 2
Cette thèse est une réflexion originale sur le droit international dans la crise, car elle aborde le droit international grâce à une théorie peu connue en droit, celle des systèmes dynamiques complexes. L’étude du cas particulier de la gestion normative de la crise par le Conseil de sécurité illustre les intérêts de l’utilisation d’une théorie novatrice en droit. La théorie des systèmes dynamiques complexes offre les outils d’une réflexion sur le droit, fondée sur les interactions du droit avec le contexte particulier dans lequel il intervient, la crise, et ses acteurs. La mise en lumière de ces interactions favorise une lecture critique du droit international dans la crise et permet de renouveler l’ontologie de ce droit. Les dynamiques complexes appréhendées et définies par cette théorie sont utiles lorsqu’il s’agit d’expliquer les atouts et les limites de l’action normative du Conseil. Par ailleurs en renouvelant l’ontologie du droit, la théoriedes systèmes dynamiques complexes facilite une lecture prospective de l’action normative du Conseil et insiste sur le rôle institutionnel du droit.
Aude Rycx-Tekaya, La fraude et l'évasion fiscales : regards croisés France et Émirats Arabes Unis, thèse soutenue en 2012 à Lille 2, membres du jury : Vincent Dussart (Rapp.), Thierry Lambert (Rapp.), Philippe Augé, Yann Durmarque et Henri Zoleyn
La fraude et l’évasion fiscales focalisent l’attention des Gouvernements depuis la crise financière de 2008 bien que le problème soit ancien. Face à l’ampleur d’une crise aux conséquences dramatiques, les gouvernements ont pris conscience de l’urgence d’une action efficace. La lutte contre ces pratiques prend une ampleur nouvelle depuis qu’elle est considérée comme un enjeu majeur. Jusqu’à présent les fraudeurs bénéficiaient d’une certaine clémence mais les scandales récents qui ont éclaté mettant en cause des paradis fiscaux, jumelés à la crise qui fait rage, leur ont fait prendre un tout autre visage. Beaucoup d’États qui rechignaient jusqu’alors à coopérer en matière fiscale se sont vus contraints de le faire face à la pression internationale grandissante. L’étude fait apparaître que les paradis fiscaux ne sont pas les seuls responsables de la crise. Le problème de la fraude et de l’évasion doit être pensé dans un cadre global. La théorisation des notions de fraude et d’évasion, nous permettra de comprendre les raisons des pratiques qui s’y rattachent et les conséquences qu’elles peuvent avoir. L’exemple des Émirats Arabes Unis éclairera les raisons qui font de certains territoires de véritables pôles d’attractivité pour les entreprises et les particuliers. Force sera de constater qu’elles ne sont pas seulement fiscales. Face à l’internationalisation, les États ne peuvent plus de nos jours réagir de manière nationale et isolée. La réponse se doit d’être internationale et concertée. Ainsi, après avoir étudié les moyens de lutte contre ces pratiques dommageables qu’utilise l’administration fiscale, nous verrons comment cette dernière tente de poursuivre cet objectif sans pour autant porter préjudice aux droits et aux garanties du contribuable.
Samia Khiter, L’appréhension du fait religieux dans les Constitutions arabes : Du Maghreb au Proche-orient, thèse soutenue en 2011 à Lille 2, membres du jury : François-Paul Blanc (Rapp.), Thierry Rambaud (Rapp.), Emmanuel Cartier et Antoine Sfeir
Les conceptions juridiques sur lesquelles repose l’État de droit au sein de cette aire géographique influent sur la détermination de la protection juridique des libertés fondamentales de l’Homme mais également sur la structure et l’organisation de l’État. Même si ce dernier se prévaut de sa vocation à garantir les droits fondamentaux, il semble échouer dans sa mission de protéger les libertés individuelles, en particulier celle relative à la liberté de religion. En outre, le religieux dispose d’une place telle que le jeu institutionnel s’en trouve entravé. L’accent est ensuite mis sur deux tendances contradictoires : la sécularisation progressive du droit à travers le renforcement du rôle de la justice constitutionnelle et l’éveil de la société civile d’une part, et les raisons de la persistance de la dialogue Constitution-Religion d’autre part. Aujourd'hui, à l’heure des « Printemps arabes », ces deux référents se présentent comme une dialogue nécessaire ou évidente. Les Révolutions n’ont pas abouti à la consécration d’un modèle laïc et la place du religieux se trouve maintenue, voire renforcée.
Arnaud Fargues, Universalisme républicain, particularismes et évolution du droit public, thèse soutenue en 2011 à Lille 2
L’universalisme républicain constitue une conception du droit, formée à partir de la Révolution française, en vertu de laquelle la Nation transcende les particularismes et est exclusivement composée de citoyens. Suivant sa logique, ces derniers sont ainsi les seuls titulaires des droits et des obligations attachés à l’exercice de la vie de la cité. Cet idéal est devenu lentement et progressivement le soubassement de notre droit public à la faveur de l’adoption de normes concordantes qui le traduisent juridiquement. Jusqu’à aujourd’hui, l’universalisme républicain demeure l’idée générale qui sous-tend notre droit public.Cependant, à notre époque et en sens contraire, ont été développées des mesures et des pratiques fondées sur un postulat favorable à la prise en compte de particularismes variés. L’évolution de la réception de l’idéal à travers les époques amène à s’interroger sur la cohérence philosophique de notre édifice juridique dans son ensemble
Abdoul Hamid Chalabi, Le statut des minorités musulmanes et de leurs membres dans les Etats de l'Union européenne, thèse soutenue en 2011 à Lille 2, membres du jury : Rostane Mehdi (Rapp.), Stéphane Pierré-Caps (Rapp.), Patrick Meunier
La présence définitive des minorités musulmanes sur les territoires de l'Union européenne est devenue une réalité. Cette présence massive et durable a changé le paysage religieux européen au XXe siècle. Mais le développement de la présence musulmane dans les pays de l'Union européenne est un processus hétérogène et loin d'être terminé en raison de l'existence de certaines difficultés qui empêchent l'intégration complète de cette communauté. Les minorités musulmanes essaient de franchir ces obstacles pour arriver à obtenir une protection optimale et réaliser leur objectif principal relatif à l'obtention d'une égalité de traitement vis-à-vis des autres minorités religieuses qui ont une présence plus longue dans cette partie du monde. Cette étude s'efforce de comparer les différents statuts juridiques accordés aux minorités musulmanes dans les pays de l'Union européenne pour établir un état des lieux juridique de la présence musulmane dans ces pays. La distinction entre les minorités musulmanes en tant que groupes minoritaires et leurs membres est nécessaire pour savoir si les droits collectifs de ces groupes ont été reconnus et privilégiés au détriment des droits individuels des personnes appartenant à ces minorités.
Kossi Somali, Le parlement dans le nouveau constitutionnalisme en Afrique , thèse soutenue en 2008 à Lille 2
Quelle place occupe le parlement dans le nouveau constitutionnalisme en Afrique ? « Tribune privilégiée » ou « chambre d’enregistrement » comme l’affirment nombre observateurs ? Limitée au Bénin, au Burkina Faso et au Togo, cette thèse envisage de répondre à cette double interrogation en abordant sans a priori la vraie réalité du parlementarisme en Afrique. A travers une analyse des nouveaux textes constitutionnels, législatifs et réglementaires, on décèle un accroissement formel des compétences du parlement dans l’élaboration des normes et dans le contrôle du gouvernement. Le seul fait pour le constituant de prévoir textuellement de nouveaux mécanismes d’organisation et de fonctionnement des institutions parlementaires constitue en soi une avancée considérable par rapport aux pratiques qui ont eu cours sous le règne des anciens partis uniques. Sur le plan pratique cependant, il ressort de cette étude que les assemblées issues du nouveau constitutionnalisme sont encore malheureusement réduites à des rôles de pure forme. Les assemblées ne sont toujours pas devenues des instruments de dialogue et de participation auxquels aspirent les populations. Des facteurs multiples aussi bien endogènes qu’exogènes, liés essentiellement à la rationalisation excessive du parlementarisme empruntée aux régimes politiques occidentaux, au recours par les exécutifs à des moyens de pression variés pour confiner le parlement dans son rôle de soutien et de consultation expliquent pourquoi les réformes entreprises au début des années 1990 n’ont pas entraîné une véritable réhabilitation des assemblées parlementaires dans chacun des pays étudiés
Christophe Parent, L'Etat fédéral multinational, thèse soutenue en 2008 à Lille 2
Le concept d'Etat fédéral multinational conçu comme un pacte entre nations souveraines interroge la capacité de l'Etat à agencer l'existence de peuples distincts au moyen du fédéralisme. L'Etat, quand bien même il serait question de cette forme particulière d'Etat qu'est l'Etat fédéral, se montre pourtant incapable de reconnaître la qualité nationale et souveraine à ses entités infra-étatiques. Cette incapacité pratique des Etats canadien ou belge à reconnaître officiellement leur caractère multinational est aussi celle d'une impossibilité théorique. La théorie et la philosophie de l'Etat interdisent de satisfaire aux exigences d'un Etat multinational. Les Etats libéraux et républicains ne sont pas dissociables de l'Etat-nation et la théorie individualiste des droits interdit que soient reconnus des droits collectifs culturels aux nations constitutives du pacte. Enfin, le droit à l'autodétermination externe des nations est proscrit par l'Etat, désavouant ainsi les souverainetés nationales des parties au pacte fédéral
Delphine Pollet, Les actes inattaquables devant le juge administratif, thèse soutenue en 2006 à Lille 2
L'étude de la jurisprudence administrative révèle l'existence de nombreux actes insusceptibles de recours contentieux, et de recours pour excès de pouvoir plus particulièrement. Malgré leur extrême diversité, un nombre restreint de raisons communes explique leur inattaquabilité. Ces actes engendrent naturellement un défaut de protection juridictionnelle des administrés ; ils constituent une atteinte à leur droit au juge. Le juge administratif est donc tiraillé entre ces exigences contradictoires. Si, pendant un certain temps, il ne fait rien pour résoudre la contradiction, la réaffirmation avec vigueur du droit au juge à partir de la seconde moitié du XXème siècle (en droit interne et européen), le pousse à entreprendre une conciliation qui prend la forme d'une réduction de l'injusticiabilité de ces actes. Grâce à un certain nombre de techniques, il admet en effet une possibilité de contestation indirecte ou directe à l'encontre de certains d'entre eux qui participe, dès lors, au mouvement général d'amélioration de la situation des administrés au sein du contentieux administratif. A l'avenir, cette réduction doit encore se poursuivre ; cependant elle ne pourra aboutir, à terme, à une disparition totale des actes inattaquables. En effet, il devra toujours en subsister un noyau irréductible, preuve de l'atteinte d'un certain équilibre entre l'intérêt du justiciable d'un côté et l'intérêt de l'administration et celui du juge administratif de l'autre
Aba el Darda Hassany Ahmed, La justice fiscale dans les rapports entre l'administration fiscale et les contribuables , thèse soutenue en 2006 à Lille 2
Notre étude est consacrée à l'étude de la justice fiscale dans les rapports entre l'administration fiscale et les contribuables. Ce sujet apparaît d'une grande actualité en Egypte comme en France. En effet, les rapports entre l'administration fiscale et les contribuables peuvent se définir comme l'ensemble des contacts de toute nature qui s'entretiennent entre l'administration fiscales et les contribuables. Notre thèse va examiner deux questions liées l'une à l'autre : les pouvoirs des autorités fiscales pour faire respecter la loi et les droits et garanties des contribuables. En effet, il existe un sérieux risque de conflit entre deux préoccupations majeures : d'une part, l'effectivité de l'action administrative qui exige l'existence de prérogatives pour réduire la fraude et l'évasion fiscales. D'autre part, la nécessité de respecter les droits du contribuable. Dans quelle mesure peut-on parler d'équilibre entre les prérogatives de l'administration fiscale et les droits du contribuable ? Cette première question s'inscrit dans une perspective d'évoluer en la matière, à travers l'étude des potentiels améliorations de ces rapports. L'étude de la justice fiscale dans les rapports entre l'administration fiscale et les contribuables fera l'objet des deux parties de la présente recherche : le déroulement des rapports fiscaux (Partie I) et l'évolution vers l'amélioration des rapports fiscaux (Partie II)
Maël Mandin, Le recours en cassation devant le Conseil d'Etat, thèse soutenue en 2004 à Metz
A la fin des années 80 l'encombrement du prétoire du Conseil d'Etat occasionnait un allongement des procédures. La loi du 31-12-87 a créé les cours administratives d'appel. Les décisions rendues par ces cours ainsi que celles de juridictions spécialisées, telle la Cour des Comptes, peuvent faire l'objet d'un recours en cassation devant le Conseil d'Etat. L'accès au prétoire du juge suprême est rendu plus difficile mais le contrôle n'est pas limité aux questions juridiques. En conséquence la jurisprudence est ambiguë et prête aux controverses. Le Conseil d'Etat peut rejeter une requête, comme il peut aussi casser une décision attaquée puis régler l'affaire au fond ou renvoyer le dossier aux juges du fond. La cassation administrative tout en s'inspirant de la cassation civile ou de la théorie de l'appel devant la juridiction administrative est le fruit d'une fusion entre plusieurs sources d'inspiration
Olivier Maricourt, Contribution à l'étude des contrôles de l'exécution des budgets au Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, thèse soutenue en 2004 à Lille 2
L'objet de la thèse est d'examiner les systèmes de gestion, de contrôle et d'audit des fonds publics au Royaume-Uni. Le gouvernement central et local sont particulièrement analysés sous l'angle de la mise en place des contrôles budgétaires. Le raisonnement a été de considérer que la recherche de l'amélioration du système des contrôles publics au Royaume-Uni provenait du besoin de lutter contre la corruption et la fraude puis d'éviter le gaspillage des fonds publics notamment par les contrôles dits de " Value For Money ". La thèse adopte une approche constitutionnelle et institutionnelle. L'exécution des budgets publics n'a pas échappé aux contrôles des juges civils. Les résultats de l'examen de la jurisprudence financière se révèlent cependant mitigés. Cette recherche tente d'analyser les mécanismes mis en place au Pays de Galles, en Ecosse mais également en Irlande du Nord, trop souvent oubliée, y compris par les auteurs d'Outre-Manche.
Jean-François Boudet, La Caisse des dépôts et consignations , thèse soutenue en 2004 à Lille 2
"Etablissement spécial", la "Caisse des dépôts et consignations" a vocation à servir l'intérêt général et à gérer en toute sécurité les dépôts d'origine privée qui lui sont remis (épargne populaire, consignations administratives et judiciaires. . . ). "La vieille dame de la rue de Lille" n'a cessé d'adapter ses compétences et ses modes d'interventions pour la modernisation du pays. Institution charnière entre la finance et les préoccupations sociales, elle exerce aujourd'hui ses activités en pleine concurrence sur les différents marchés financiers. Ce n'est pas une banque, ni un établissement public administratif, ni un établissement public industriel et commercial. C'est une institution sui generis, à part, élément de définition discuté et discutable. Organisée aujourd'hui sous forme d'un groupe public, la CDC réunit des activités bancaires et financières, d'assurances de personnes et de financements de retraites, et des services d'ingénierie en faveur de l'aménagement du territoire et du développement durable. Créée par le titre X de la Loi de finances du 28 avril 1816 en même temps que la Caisse d'amortissement, la CDC veut répondre à la perte de confiance des épargnants dans l'Empire et dans ses investissements. Pour y remédier, elle est placée sous le sceau antique de la "Foi publique" assurant son indépendance et son autonomie. Très concrétement, les instruments de cette autonomie vis-à-vis de tout pouvoir et de tout contrôle administratif direct sont incarnés, d'une part, par un Directeur général sous statut particulier et, d'autre part, par une Commission dite de surveillance, émanation du Parlement. Or, les contraintes politiques, constitutionnelles, administratives européennes et financières ont rendu nécessaire une clarification de l'organisation de l'Etablissement et du périmètre de son Groupe : filialisation, respiration, privatisation de certaines activités. Cette institution, qui a fêté son 185° anniversaire en 2001, toute aussi remarquable par son ancienneté et sa stabilité que par son efficacité et son dynamisme, a un édifice juridique sensible, susceptible d'être remis en cause surtout dans un contexte de politique concurrentielle. C'est encore pourtant le texte de 1816 -quelque peu modifié- qui régit cet exemple d'organisation unique en Europe, en véritable Charte, dispositif désormais codifié au Code monétaire et financier. Pérennité statutaire de la Caisse des dépôts et Consignations d'un côté, évolution de ses activités de l'autre, l'objet de la présente thèse est de s'interroger sur les fondements juridiques de cette institution originale, dite si particulière, dans le paysage économique et politique national européen.
Christophe de Bernardinis, Justice administrative, justice répressive, thèse soutenue en 2002 à Metz
La mission voire la nature de la justice administrative connaît, dans le cadre général de l'évolution contemporaine du droit administratif à travers l'ensemble du droit interne français et du droit européen, une mutation essentielle. L'avénement du pluralisme juridique et l'émergence de plusieurs types de concurrence ont laissé entrevoir, sur le fondement d'une mission de répression, un repositionnement avantageux de la justice administrative prise dans toutes. Au-delà de la mission traditionnelle du juge administratif qui vise soit à réparer l'atteinte à la règle de droit (juge de légalité) soit à rétablir la sécurité des situations ou des droits méconnus (juge de la responsabilité), la justice administrative devient aussi une justice répressive.
Aurélien Bournonville, De l’Intendance au Commissariat de la Marine (1765 – 1909) : un exemple de stabilité administrative, thèse soutenue en 2014 à Lille 2 sous la direction de Louis de Carbonnières, membres du jury : Olivier Descamps (Rapp.), Pierre-Yannick Legal (Rapp.), André Fourés
Les commissaires de la Marine sont les officiers chargés, jusqu’en 2010, du soutien logistique et du service financier dans la Marine française. Ces compétences sont un reliquat de celles qu’ils exercent jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. En effet, outre le service administratif de la Marine, les commissaires sont compétents, au XIXème siècle, pour les affaires maritimes : la navigation commerciale, la pêche maritime, le statut professionnel des marins, les colonies. Ils interviennent dans l’ensemble des matières relevant du ministre de la Marine et des colonies. Cette situation est héritée de l’Ancien Régime. Elle témoigne de l’influence des idées de Colbert sur l’administration des affaires maritimes. Quand il devient secrétaire d’État à la Marine, il met en place non pas un ministère technique chargé des opérations navales, mais une administration chargée de développer l’activité maritime française. Il s’appuie, à cette fin, sur les commissaires de la Marine. Cette situation ne cesse qu’avec l’apparition des navires modernes, en acier et propulsés par vapeur, au XIXème siècle.
Julie Benmakhlouf, La relation franco-américaine à l’épreuve de la question irakienne : la contestation d'un modèle occidental alternatif, thèse soutenue en 2014 à Lille 2 sous la direction de Manuel Gros, membres du jury : Joseph Djogbenou, Mohamed-Chérif Ferjani et Jean-François Kriegk
Le différend entre la France et les États-Unis sur le règlement de la question irakienne a provoqué une crise diplomatique majeure entre les deux pays, jugée par certains comme la plus sérieuse dans l’histoire des relations bilatérales. Le dossier irakien a cristallisé les positions diplomatiques des deux alliés et mis en lumière deux lectures d’une grande question internationale. Pour la France, il a été l’occasion de défendre des principes, de faire entendre sa voix et de partager sa vision d’un monde multipolaire fondé sur la quête d’un règlement pacifique des différends. Pour les États-Unis, cette question relevait d’un enjeu de sécurité nationale, dans une Amérique profondément traumatisée par les attentats de septembre 2001. La rupture franco-américaine a résulté de facteurs structurels anciens : la concurrence entre deux modèles politiques et diplomatiques qui se veulent universels et le déséquilibre entre une puissance française, déclinante, qui aspire à préserver ses sphères d’influence sur la scène internationale, et une puissance américaine, ascendante, devenue, depuis l’effondrement du bloc soviétique, l’unique superpuissance à la tête d’un monde unipolaire. L’affrontement bilatéral du printemps 2003 a ainsi révélé les caractères intrinsèques qui opposent la diplomatie française et la diplomatie américaine et dévoilé leur conception très éloignée qu’elles se faisaient du nouvel ordre mondial et de la place qu’elles aspirent à occuper sur l’échiquier international.
Jean-Luc Martineau, L'Union européenne et la reconstruction post-conflit de l'État : contribution à la formation d'un droit international de la reconstruction de l'État, thèse soutenue en 2014 à Lille 2 sous la direction de Patrick Meunier, membres du jury : Jacques Aben, Rahim Kherad et Philippe Maddalon
La reconstruction post-conflit de l’État est un enjeu majeur et actuel des relations internationales. L’Union européenne, sous les auspices des Nations Unies contribue à restaurer ou instaurer un ordre étatique qui doit donner sa chance à une paix durable fondée sur des valeurs respectueuses des droits de l’homme. Toutefois, l’Union européenne reste maitre de ses interventions. Il n’existe pas véritablement pour les États post-conflits un droit à la reconstruction. Un complexe d’acteurs institutionnels européens décide et organise la réponse européenne à la déliquescence des États au sortir des conflits. Cette réponse n’est pas isolée, elle s’inscrit dans un ensemble de partenariats. L’organisation régionale déploie un ensemble de mécanismes juridiques ou opérationnels, militaires ou civils de gestion du relèvement des États en sortie de conflit. L’engagement européen peut prendre des formes très intrusives, et s’apparente parfois à une tutelle européenne sur des États victimes de conflits. Au final, l’Union européenne participe à la définition et à la réalisation d’un droit international de la reconstruction de l’État. Elle consacre des normes et des standards internationaux. Elle inaugure des normes et des standards européens adaptées au relèvement des États. De ce point de vue, l’offre européenne en matière de reconstruction post conflit de l’État est globale. C'est-à-dire que l’Europe propose de reconstruire l’État sous ses trois composantes traditionnelles : la population, le territoire et l’appareil d’État.
Matthieu Meerpoël, L'évolution du cadre juridique du déclenchement de l'action publique préventive dans le domaine des risques naturels et technologiques, thèse soutenue en 2013 à Lille 2 sous la direction de Pierre-André Lecocq, membres du jury : Joël Andriantsimbazovina (Rapp.), Éric Naim-Gesbert (Rapp.), Claude Gilbert et Manuel Gros
La gestion préventive des risques naturels et technologiques constitue un enjeu de premier ordre pour les autorités étatiques que ce soit à l’égard des populations, des biens et de l’environnement ou pour le coût que la réalisation de tels risques peut représenter. Aussi, le décideur public, contraint juridiquement de protéger ces enjeux, est dans l’obligation, après avoir évalué et qualifié le risque, de déclencher une action publique préventive. C’est au cours d’un processus décisionnel complexe qu’il devra déterminer le degré de dangerosité du risque et les mesures préventives appropriées et proportionnées. S’effectue alors, pour le décideur public, la recherche du meilleur compromis possible entre les libertés et les objectifs de sécurité dans le cadre d’un difficile bilan coûts/avantages. Le droit tente d’encadrer ce processus décisionnel en laissant une marge d’appréciation importante et nécessaire au décideur public dans la détermination du degré d’acceptabilité du risque. C’est la recherche de ce compromis qui sera étudiée dans le cadre de cette thèse et plus particulièrement la manière dont le droit encadre cette recherche, gère cette question délicate et éventuellement contrôle les décisions entérinées.
Sylvie Laporte, Le double visage des inventions biotechnologiques, une source potentielle de risques majeurs, thèse soutenue en 2011 à Lille 2 sous la direction de Pierre-André Lecocq, membres du jury : Xavier Bioy (Rapp.), Jean-François Daguzan (Rapp.), Patrice Binder et Henri Korn
Les inventions biotechnologiques ont un double visage, une face bienveillante et une face terrifiante, chacune source potentielle de risques majeurs. Comment les contrôler et les réguler ? La recrudescence des catastrophes majeures (crises sanitaires) liées à l’usage de produits biotechnologiques, d’une part, puis l’échec à l’adoption d’un protocole de vérification à la Convention d’interdiction des armes biologiques suivi de l’émergence de nombreuses publications à risques dans le domaine des biotechnologies, d’autre part, démontrent l’omniprésence et la transversalité de cette problématique. Par leur essence duale, les biotechnologies appellent des solutions globales. La voie d’une gestion cohérente semble s’ouvrir au travers d’un corps de règle prenant tous ces paramètres en considération, les risques majeurs. L’avantage de cette législation, si elle admet une modification préalable de la nomenclature des risques majeurs en y intégrant les risques liés aux conflits, reposera sur sa globalité et sur la responsabilisation de tous. Face à une menace biotechnologique qui est perçue comme dominante dans les années à venir, l’émerge d’un ordre public mondial favorable à un accroissement de la responsabilité des Etats à l’égard de la sécurité humaine serait souhaitable. Le but de toute institution étatique étant de garantir à ses ressortissants leur sécurité et leur sûreté quelles que soient les circonstances, cet ordre public pourrait trouver ses bases au sein des réglementations relatives aux droits de l’homme et au droit de l’environnement ; réglementations déjà émancipées de la distinction entre situations de paix, de crises ou de conflits.
Nadia Beddiar, Le mineur délinquant face au service public pénitentiaire, thèse soutenue en 2011 à Lille 2 sous la direction de Pierre-André Lecocq, membres du jury : Jean Gourdou (Rapp.), Thierry Moreau (Rapp.), Christian Vigouroux
L'administration pénitentiaire française connaît, depuis plusieurs années, d'importantes mutations vis-à-vis de ses missions, qui tendent vers une externalisation et de son personnel. L’amélioration de la réinsertion des détenus est devenue un impératif majeur, surtout en ce qui concerne les mineurs incarcérés, en vue de réduire les risques de récidive. Il s'agit d'expliquer et de qualifier ces changements correspondants à un besoins d'adaptation de cette administration envers l'évolution de la population carcérale, tout en améliorant ses relations avec les autres organismes publics (le ministère de l'éducation nationale notamment) afin de confirmer la politique de décloisonnement et de partenariat, suivie par l'administration pénitentiaire. Cette étude tentera également de dresser un premier bilan concernant les efforts fournis par cette administration publique dans le cadre particulier des établissements pénitentiaires pour mineurs.
Philippe Bédiez, Le renouveau du modèle spécifique de la gendarmerie française, un atout pour l’Europe ?, thèse soutenue en 2010 à Lille 2 sous la direction de Pierre-André Lecocq, membres du jury : Jacques Aben (Rapp.), Catherine Sarlandie de La Robertie (Rapp.)
Force militaire chargée de missions de police et de sécurité, gendarmes tenus d’occuper les logements concédés par nécessité absolue de service en caserne formant maillage territorial, présence des familles et régime juridique propre,sont les spécificités du modèle français de gendarmerie. Entré en crise dans notre pays, il a connu des évolutions diverses dans des pays partenaires. La première partie met en évidence ces aspects mal connus. La seconde partie entend démontrer que la Gendarmerie nationale connaît une phase d’évolutions et de renouveau. L’introduction dans la commande publique du contrat de partenariat, nouvel instrument du partenariat public-privé réformé par la loi du 28 juillet 2008, constitue un espoir. Jusqu’ici, les collectivités locales sont intervenues dans le secteur de l’immobilier locatif surtout grâce au bail emphytéotique administratif, mais l’état du logement domanial reste préoccupant et la condition militaire ne peut être une priorité absolue pour la nation. La loi du 3 août 2009 consacre les spécificités de la gendarmerie et la place sous l’autorité du ministre de l’Intérieur qui voit sa position renforcée (abandon de la réquisition légale). Notre modèle de gendarmerie est un atout pour l’Europe de la Défense car seule une force comme la gendarmerie peut idéalement assurer les actions civilo-militaires indispensables dans la gestion des crises. La France a ainsi pu prendre l’initiative de créer la Force de Gendarmerie européenne.
Fabien Puglierini, Le droit de grève et le service minimum à l'hôpital public en France et dans d'autres pays de l'union européenne, thèse soutenue en 1999 à Dijon sous la direction de Jean-Claude Fortier
Parler de la grève est en France un véritable défi. Le préambule de la constitution de la IVème république a reconnu pour la première fois le droit de grève : « le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le règlementent ». Mais, le législateur n'a toujours pas répondu à cette attente. Nous comprenons et acceptons quelquefois les inconvénients de certaines grèves. Peut-il en être ainsi à l'hôpital public ? Le service public hospitalier, induit des obligations, notamment la continuité, d'où une nécessité absolue de maintenir celle-ci a minima pendant la grève : c'est le service minimum. Toute la sécurité d'un hôpital repose sur ce fragile équilibre. Faute de normes appropriées le directeur met en œuvre ce qu'il croit le meilleur pour son établissement. Cet avis n'est pas toujours partagé par le juge qui en ce domaine a un vrai pouvoir normatif. Son intervention qui devait être une parenthèse face à l'abstention du législateur perdure. Parallèlement, les sanctions qui devraient limiter les errements du droit de grève sont inopérantes, car rarement utilisées. La grève à l'hôpital en France, telle qu'elle est pratiquée, est un outil de revendication préjudiciable au malade, la pratique l'a montré. Le droit de faire grève est un droit fondamental dans toute l’Europe. Mais, son exercice est limité par la loi, lorsqu'il concerne un service dit essentiel. La santé est associée à cette notion. Il n'y a pas de méthode unique, tout au plus peut-on regrouper certaines stratégies. Généralement, il y a un outil législatif cohérent et stable garant de la continuité. Puis, il est systématiquement mis en place plusieurs techniques de résolution pacifique des conflits reposant sur la conciliation, la médiation ou l'arbitrage. La grève n'est qu'un outil. On peut tout à fait concevoir d'autres moyens de lutte et de négociation. C’est par l’Europe que l'on peut espérer en France cette évolution prochaine de notre pratique de gestion et de traitement des conflits collectifs.