Désormais, les sociétés familiales n'hésitent plus à s'introduire en bourse pour lever des fonds nécessaires à leur croissance. C'est ainsi qu'Euronext revendique 229 sociétés familiales cotées sur ses marchés, dont 164 cotées sur Euronext Paris. L'actionnariat familial des sociétés cotées tend donc à se développer, ce qui doit retenir l'attention de la recherche en droit. En effet, cet actionnariat des sociétés cotées soulève de riches problématiques, qui n'ont jusqu'alors fait l'objet d'aucune étude juridique globale, que cela soit dans le cadre d'une thèse ou même d'articles de doctrine. Si certaines de ces problématiques ont pu donner lieu à quelques études doctrinales, ces études n'étaient que parcellaires puisqu'elles ont été réalisées dans le cadre de commentaires d'arrêts rendus à l'occasion de quelques rares affaires. Par ailleurs, d'autres problématiques ne semblent pas encore avoir suscité l'intérêt de la doctrine. L'absence d'étude globale consacrée à l'actionnariat familial des sociétés cotées justifie qu'une thèse y soit consacrée et que soient traitées d'une manière globale les nombreuses problématiques juridiques soulevées par ce type d'actionnariat. L'actionnariat familial des sociétés cotées comporte effectivement des spécificités dans la mesure où les liens familiaux unissant des actionnaires ont nécessairement une incidence sur leur comportement d'actionnaires. Ces spécificités invitent à s'interroger sur l'opportunité ou non d'accorder un traitement juridique particulier à ce type d'actionnariat. Le plus souvent, les sociétés familiales cotées ont été créées par l'un des membres de la famille, que celui-ci soit décédé, à l'exemple d'Hermès, ou qu'il soit encore en vie, à l'exemple de LVMH. L'appartenance à la même famille d'une grande partie de l'actionnariat induit généralement que ces actionnaires agissent ensemble, et ce, sans avoir formulé d'accord en ce sens, voire même sans en avoir conscience. La communauté d'intérêts qui unit les actionnaires familiaux pourrait résulter de l'héritage familial. Elle pourrait également avoir pour origine la confiance au sein de la famille ou encore la domination exercée par certains membres de la famille, exerçant par exemple des fonctions opérationnelles au sein de la société, sur les autres membres de cette famille. Ce fonctionnement s'observe régulièrement lorsque le fondateur est encore vivant. Cependant, cette famille, comme toute famille, est exposée à des évènements susceptibles de rompre l'unité familiale, et donc de modifier le comportement des actionnaires familiaux. La famille pourrait donc tenter d'anticiper ces aléas, cela est d'autant plus vrai pour les évènements prévisibles, comme le décès du fondateur, mais elle peut également s'attacher à anticiper les événements imprévisibles comme les divorces, remariages et conflits familiaux. Ces spécificités de l'actionnariat familial des sociétés cotées ne peuvent pas être ignorées par le droit. Il faut alors déterminer dans quelle mesure l'appartenance à une même famille des actionnaires d'une société cotée rend nécessaires une adaptation de certaines règles. L'opportunité de réserver un traitement juridique particulier à l'actionnariat familial des sociétés cotées devra être mesurée tant au regard des règles applicables aux sociétés cotées, qu'au regard de certaines règles applicables à l'actionnariat familial. S'agissant des règles applicables aux sociétés cotées et plus particulièrement du droit financier, cette thèse permettra de mieux appréhender la notion d'action de concert définie à l'article L. 233-10 du code de commerce, lorsqu'elle est appliquée à un actionnariat familial. Elle permettra également de réfléchir à ses implications dans le cadre des dérogations au lancement obligatoire d'une offre publique. D'une manière générale, il faudra s'interroger sur la nécessité de consacrer en droit financier une notion de groupe familial. En outre, certaines questions de droit des sociétés devront aussi être confrontées à la problématique de l'actionnariat familial. Les