Michel Bottin

Professeur émérite
Histoire du droit et des institutions.
Faculté de Droit et Science Politique

Equipe de Recherche sur les Mutations de l'Europe et de ses Sociétés
ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Aude Giuglaris, La puissance paternelle de la mère sur les enfants légitimes dans le Code civil (1804-1970), thèse soutenue en 2018 à Université Côte dAzur ComUE présidée par Stéphanie Blot-Maccagnan, membres du jury : Jean-Philippe Agresti (Rapp.), Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu (Rapp.), Bénédicte Decourt Hollender et Virginie Lemonnier-Lesage      

    L’étude de la puissance paternelle de la mère sur les enfants légitimes de 1804 à 1970 retrace l’évolution de l’autorité de la mère et la place qui lui est faite dans l’organisation de la famille au sein du Code civil. Toutes les situations familiales sont envisagées afin de faire ressortir l’autorité de la mère sous différentes formes, que l’exercice de cette puissance soit commun, subordonné ou direct lorsque la mère devient chef de famille. Le raisonnement de départ et son évolution ultérieure sont appréhendés dans le cadre d’un processus historique évolutif en faveur de cette puissance paternelle de la mère. Au-delà du champ strictement juridique, certaines questions corrélatives sur la condition de la femme, l’émergence du féminisme, des guerres et de l’industrialisation retracent en définitive la place de la femme au sein de la famille et de la société. Fruit de métamorphoses politiques, économiques et sociales, la loi du 4 juin 1970 viendra mettre dans les mots ce que les faits appellent depuis longtemps, à savoir une autorité parentale commune au père et à la mère.

    Mamadou Barro, Le droit matrimonial en Côte d'Ivoire 1901-2012. Entre unification législative et résistances coutumières, thèse soutenue en 2017 à Université Côte dAzur ComUE présidée par Stéphanie Blot-Maccagnan, membres du jury : Éric de Mari (Rapp.), Éric Gasparini (Rapp.), Bénédicte Decourt Hollender et Nanga Silué      

    L’ineffectivité du droit positif en Afrique est considérée comme l’une des principales causes de son sous-développement et/ou de son mal de développement. A titre d’illustration, la situation de « non-droit » qui prévaut en Côte d’Ivoire en matière matrimoniale apparaît comme l’une des plus édifiantes de cette corrélation entre ordonnancement juridique et développement (lato sensu)En effet, à l’instar de toutes les anciennes colonies françaises du bloc de l’Afrique Occidentale Française, la Côte d’Ivoire hérite du fait juridique (du moins dans son acception positiviste) de la colonisation. Il s’ensuit que, naturellement, le système juridique de l’ensemble de ces jeunes Etats africains trouve son inspiration, par le canal du droit colonial, dans le droit français. Mais la Côte d’Ivoire a adopté une solution différente de celles de la plupart des autres Etats. Les nouveaux gouvernants ivoiriens prirent le parti d’aligner purement et simplement leur droit sur celui de leur ancien colonisateur. Cela se traduisit au civil par l’adoption du Code français de 1804, donné comme un gage de développement et de révolution sociale, au détriment des innombrables coutumes civiles, considérées comme étant inconciliables avec le nouvel ordre constitutionnel et l’édification d’une nation ivoirienne. De cette volonté politique d'assimilation et d’unification juridique, qui se perpétue en Côte d’Ivoire depuis son accession à la souveraineté, naquit un véritable conflit de normes, entre d’une part, un droit étatique, notamment en matière matrimoniale, qui prévaut mais ne s’enracine pas, et d’autre part, des coutumes civiles, dont l’attrait pèse sur la crédibilité du droit officiel.

    Lucie Ménard, La jurisprudence commerciale du Consulat de Mer de Nice, entre droit sarde, droit français et jus commune (1814-1844), thèse soutenue en 2013 à Nice en co-direction avec Marc Ortolani, membres du jury : Jean-Pierre Allinne (Rapp.), Didier Veillon (Rapp.), Alberto Lupano      

    Le Consulat de Mer de Nice est une juridiction commerciale et maritime souveraine, composée de magistrats professionnels, qui a évolué dans le cadre politique des Etats de la Maison de Savoie de 1613 à 1855. A la Restauration, cette institution singulière, se trouve « à l'interface » de deux systèmes juridiques, le système pluraliste du jus commune d'un côté et de l'autre le système moniste français porté par la codification napoléonienne. Le rôle ambigü de cette vaste entreprise d'uniformisation, idée chère à l'Etat et au commerce international, est au cœur du travail jurisprudentiel des magistrats du Consulat de Mer de Nice de 1814 à 1843. A partir de cette date, il n'y a plus qu'une source du droit en matière commerciale, le Code de commerce sarde qui recopie à l'identique le Code de commerce français de 1807. Le statut accordé au droit français, droit à la fois « étranger », territorial et national, par les magistrats du Consulat, ministère public et juges, préfigure cette évolution globale vers l'unification, tant dans l'intérêt étatique que pour la faveur du commerce.

    Luc Tranduy, La justice à Grignan sous l'Ancien Régime , thèse soutenue en 2008 à Nice en co-direction avec Yann Delbrel  

    Les justices seigneuriales ont fait l’objet de nombreuses critiques, pourtant le constat de leur maintien jusqu’à la Révolution pose nécessairement la question des raisons de cette survivance. Situé dans le Bas-Dauphiné, le bailliage de Grignan représente le parfait exemple d’une haute justice seigneuriale qui fonctionne avec force et régularité. Au travers de son étude nous mesurons combien le rôle de la terre et des hommes est essentiel à son existence et à sa pérennité. Le statut très particulier de terres adjacentes de Provence, ainsi que l’organisation politico-administrative complexe d’une communauté d’habitants dominée par une élite au service de nobles et puissants seigneurs, contribuent à assurer à la justice locale une grande vitalité qui se vérifie par la qualité de son organisation, son personnel et la vigueur de son fonctionnement. Au final la justice seigneuriale de Grignan apparaît dynamique, utile et très proche des populations qu’elle régule ce qui explique son maintien.

    Bruno Agliany, L'avocat et son barreau (1810-1940) , thèse soutenue en 2008 à Nice  

    Il existe de nombreuses définitions de la profession d’avocat. La plupart pourtant ne tiennent pas compte des évolutions du métier et limitent volontairement le ministère à la plaidoirie ou à la défense des causes. En fait, la définition est beaucoup plus vaste. Pour cela, il est nécessaire d’y intégrer des notions périphériques comme les rapports entretenus par l’avocat avec sa représentation professionnelle. S’il revient aux ordres d’avocats comme à la justice de définir l’orientation qu’ils entendent donner à la profession, il reste de la compétence de la doctrine de constater l’évolution des rapports pris entre les membres et la corporation. Cette relation peut être influencée suivant deux concepts. D’abord, le corporatisme comme doctrine sociale basée sur le regroupement des membres d’une même profession. Cette approche privilégie clairement les intérêts de l’institution au détriment des intérêts individuels, donc de l’ordre au détriment de l’avocat en tant qu’individu. Un régime de type corporatiste ne peut accepter que des élites qualifiées pour leur performance et il n’est d’ailleurs même pas nécessaire de les renouveler régulièrement. Dans ce cas, on en arrive rapidement à une société despotique où l’autorité s’exerce par la force sur des individus assujettis. . . .

    Alexandra Morel, La protection des titres et des noms en droit nobiliaire français , thèse soutenue en 2005 à Nice  

    Le passé et le présent sont confondus en matière nobiliaire. En France, quand bien même la qualité de noble a disparu, les titres continus d'être portés. Cependant, il est loisible d'observer que la République se désintéresse de ces questions. La protection des titres et des noms n'est plus aussi accrue qu'elle le fut au XIXème siècle. Devant cet abandon, les particuliers se sont substitués à l'Etat. Ils ont utilisés différents moyens afin de se défendre. Les écrits font partie intégrante de la protection des titres et des noms. Les mouvements associatifs participent également à cette défense.

    Jean-Paul Barety, Le Sénat de Nice , thèse soutenue en 2005 à Nice  

    En 1614, le duc Charles Emmanuel Ier crée le Sénat de Nice pour assurer son autorité en Comté. L'étude du personnel révèle une vénalité et un début de patrimonialité des charges qui reçoivent un coup d'arrêt au début du XVIIIème siècle. Son fonctionnement comporte un cérémonial et une procédure minutieuse, et ses compétences sont judiciaire (universelle et souveraine) et extrajudiciaire (conseil, droit de représentation, entérinement, pouvoir réglementaire), mais les conflits demeurent limités. Par les attributions politiques de son Premier président, son rôle de conseil, son intervention dans les affaires ecclésiastiques, il joua un rôle important. Pendant les occupations du Comté, le souverain français maintint le sénat. Il disparaît en 1796 pour être rétabli en 1815 avec la Restauration sarde, mais ses compétences et son fonctionnement se modifièrent progressivement et il devint à la veille de 1860 une simple Cour d'appel.

  • Gwenaëlle Callemein, L'empoisonnement devant la justice criminelle française en application de l'édit sur les empoisonneurs (1682-1789), thèse soutenue en 2015 à Nice sous la direction de Marc Ortolani, membres du jury : Joël Hautebert (Rapp.), Jacqueline Hoareau-Dodinau (Rapp.), Jean-Christophe Gaven  

    L’empoisonnement est une infraction qui est apparue tardivement, bien que le poison soit depuis longtemps utilisé comme une arme criminelle redoutable. En 1682, il fait l’objet d’une réglementation spécifique qui le distingue du simple homicide et qui encadre de manière rigoureuse le commerce des substances vénéneuses. Depuis cette date, l’empoisonnement a toujours été incriminé de façon autonome dans le droit français. Aussi, cette nouveauté juridique soulève de nombreuses questions d’une part sur la constitution de l’infraction et, de l’autre, sur sa répression par les tribunaux. L’empoisonnement étant un crime difficilement démontrable, la question de la preuve se pose à chaque instant. Par conséquent, il faut interroger la justice criminelle pour comprendre l’apport de cette nouvelle législation et les spécificités qui sont propres au crime d’empoisonnement, tant dans le déroulement de la procédure criminelle que dans la sanction appliquée aux empoisonneurs.

    Houssam Yehya, La protection sanitaire et sociale au Liban (1860-1963), thèse soutenue en 2015 à Nice sous la direction de Olivier Vernier, membres du jury : Farid Lekéal (Rapp.), Yannick Marec (Rapp.)      

    Cette thèse cherche à proposer une lecture historicisée, pour le Liban, de la mise en place et l’évolution de la protection sanitaire et sociale en se concentrant sur le rôle et les relations de fait et de droit entre les deux secteurs : public et privé, et l'influence étrangère notamment celle de l’OIT sur la production de la norme libanaise, pendant les trois périodes majeures de l’histoire au Liban : Ottomane, Française et Le Liban indépendant.

    Delphine Rauch, Les prud'homies de pêche à l'époque contemporaine (1790-1962) : la permanence d'une institution hybride en Méditerranée française, thèse soutenue en 2014 à Nice sous la direction de Olivier Vernier, membres du jury : Jean-Pierre Le Crom (Rapp.), Bernard Gallinato (Rapp.), Gilbert Buti et Marc Ortolani      

    Les prud’homies de pêche sont des communautés de patrons pêcheurs qui sont nées en France au Moyen-Âge sur les côtes méditerranéennes en Provence et ont su se maintenir malgré les changements de régime tout en étant encadrées par le pouvoir central. Régies jusqu’à nos jours par le décret, à peine modifié, du 19 novembre 1859 sur la police de la pêche dans le cinquième arrondissement maritime de Toulon, les prud’homies ont des caractères originaux. Institutions ambiguës et hybrides, les prud’homies de pêche constituent à la fois une communauté professionnelle et une juridiction de pêcheurs. À leurs têtes, des prud’hommes pêcheurs élus par leurs pairs, exercent, sous le contrôle de l’administration maritime, une pluralité de pouvoirs : réglementaires, disciplinaires, de police et judiciaires souvent exorbitants du droit et de la procédure communs. Ils connaissent parfaitement les territoires de pêches et effectuent une régulation économique et écologique de la pêche en Méditerranée. À ce titre, ils apparaissent comme des acteurs importants de la protection des espaces maritimes et de la préservation des ressources halieutiques. Leur histoire et leur statut rendent compte de leur évolution face aux transformations de la pêche maritime. Cette évolution conduit à s’interroger sur l’effectivité de leur rôle face aux autres organisations de pêches maritimes, à la fois nationales et européennes.

    Rabia Boussahmain, Le divorce pour discorde en droit marocain sous le nouveau code de la famille, thèse soutenue en 2014 à Nice sous la direction de Jean-François Brégi, membres du jury : Jean-Yves Coppolani (Rapp.), Laurent Reverso (Rapp.)      

    Le rétablissement de l’égalité rompue entre les époux était l’une des questions épineuses qui ont motivé les différentes réclamations des réformes du droit de la famille au Maroc.La nouvelle voie de divorce pour discorde s’inscrit dans cette logique qui est d’octroyer à la femme le droit de se libérer du lien de mariage sans qu’elle ait besoin d’établir aucun motif, tout comme le droit du mari à la répudiation.La procédure de discorde, d’origine purement religieuse, est appelée à assurer une double fonction, d’une part, répondre à la question du référentiel religieux, d’autre part, rétablir l’égalité entre les sexes lors de la rupture du lien conjugal. Mais la réglementation législative de cette institution cache un consensus entre les deux courants : conservateur traditionaliste et celui favorable à la promotion des droits de la femme, ce qui ne manque de se répercuter sur la pratique jurisprudentielle et l’appréhension doctrinale de la procédure de divorce et menace l’existence même des motifs classiques de divorce voire de la répudiation.

  • Raymond Ricci, Peone traditionnel et Peone moderne , thèse soutenue en 1998 à Corte sous la direction de Jean-Yves Coppolani