Christophe Traïni

Professeur
Science politique.
Sciences Po Aix

Croyance, Histoire, Espace, Régulation Politique et Administrative
  • THESE

    L'engagement apolitique : une étude comparative de cas français et italiens, soutenue en 1998 à AixMarseille 3 sous la direction de Yves Schemeil 

  • Christophe Traïni (dir.), Émotions et expertises: les modes de coordination des actions collectives, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 204 p.  

    Longtemps considérée iconoclaste, ou réservée à la seule psychologie, la prise en compte des émotions est en passe de devenir l'un des mots d'ordre les plus pressants de l'étude des phénomènes politiques. Alors même que cette avancée est précieuse pour la connaissance, la prudence commande pourtant de ne pas envisager l'émotion comme une variable explicative suffisante en soi. À l'encontre de tout réductionnisme, cet ouvrage prend le parti de traiter la mise à l'épreuve des émotions et la formulation d'expertise comme deux modes alternatifs de coordination des actions collectives. À la question des propriétés respectives de ces deux régimes de coordination, s'ajoutent celles de la nature variable de leurs relations, des dispositions propres aux protagonistes qui s'en emparent, ou bien encore des effets équivoques exercés sur les configurations au sein desquelles ils sont activés. En pensant ensemble émotions et expertises, cet ouvrage contribue ainsi à renouveler des questionnements anciens, et trop souvent disjoints, en ce qui concerne des objets d'études telles les mobilisations protestataires, les organisations partisanes, l'élaboration des politiques publiques, les procédures dédiées à la consultation des citoyens ou bien encore la gestion des passés politiques conflictuels. Les études rassemblées décloisonnent les approches, les domaines d'études et les disciplines. Elles offrent une mise en perspective comparative qui s'appuie aussi bien sur des cas contrastés que sur divers contextes nationaux (France, Inde, Israël, Italie, Pérou, territoires palestiniens, Turquie)

    Christophe Traïni, Fabien Carrié (dir.), S'engager pour les animaux, PUF, 2019, La vie des idées, 108 p.  

    La 4e de couverture indique que : " Quels sont les ressorts émotionnels, intellectuels et théoriques de l'engagement en faveur des animaux ? Mise en lumière par des scandales sanitaires récents et par la montée en puissance d’associations se réclamant de l’antispécisme et du droit des animaux, la « question animale » a pris ces dernières années en France une importance inédite. Cette problématique est portée dans l’espace public par un ensemble de groupes et d’acteurs qui entendent représenter politiquement les intérêts des animaux à ne pas souffrir au sein des dispositifs d’exploitation. Quels sont les ressorts émotionnels, intellectuels et théoriques de cet engagement ? Le mouvement « animaliste » contemporain constitue-t-il une nouveauté et quelles sont les conditions historiques de son émergence ? En quoi son influence croissante change-t-elle nos perceptions des rapports légitimes entre humains et non-humains ? Quels sont les enjeux et les futurs possibles de cette entreprise singulière de représentation politique ?...."

    Christophe Traïni, Martina Avanza, Stéphanie Dechézelles (dir.), Ethnographie politique et comparative des émotions, De Boeckd, 2019, 186 p. 

    Christophe Traïni, Loïc Blondiaux (dir.), La démocratie des émotions. Dispositifs participatifs et gouvernabilité des affects: dispositifs participatifs et gouvernabilité des affects, Cairn et Presses de Sciences Po, 2018, Domaine Gouvernances, 245 p.  

    En Inde, le jan sunwai orchestre des règlements de comptes entre fonctionnaires et victimes de l'administration devant un public qui rit, applaudit ou hue. À Grenoble et à Charleroi, les Parlons-en invitent les sans-abris à discuter de leurs difficultés avec leurs concitoyens. Au Chili, la Table de consensus offre aux peuples indigènes spoliés la possibilité de s'épancher auprès des agents du gouvernement… Les pratiques de démocratie participative qui se multiplient à travers le monde afin d'associer les citoyens à la décision sont de hauts lieux d'expression des émotions. Curieusement, la science politique s'est peu intéressée à cette dimension, la considérant comme résiduelle. Pour combler cette lacune, les auteurs ont choisi de révéler son rôle essentiel au sein des conseils de quartier, dialogues citoyens et autres jurys d'assises, ainsi que les interactions constantes entre affects et rationalité. Les cas empiriques qu'ils présentent montrent également que, proscrites ou prescrites selon les effets politiques escomptés, les émotions sont fortement normées dans ces nouvelles arènes de la démocratie, qui doivent bien plus à la volonté des experts de l'ingénierie participative qu'aux élans affectifs spontanés

    Christophe Traïni (dir.), Émotions politiques, Presses de Sciences Po, 2017, 130 p. 

    Christophe Traïni, Johanna Siméant, Johanna Siméant-Germanos, Bodies in Protest. Hunger Strikes and Angry Music: hunger strikes and angry music, Amsterdam University Press, 2016, Protest and social movements, 180 p. 

    Christophe Traïni, The animal rights struggle, Amsterdam University Press, 2016, Protest and social movements, 206 p.  

    Présentation de l'éditeur : "Since the early nineteenth century, numerous campaigns have denounced the mistreatment of animals. This book compares the British and French histories of the animal-protection movement to retrace its origins and assess its impact up to the present day. As Christophe Traïni shows, the struggle for animal rights—inextricably linked to the rise of philanthropy and established long before the birth of the ecology movement—developed out of several important social and political processes, including changes in sensibilities and socially approved emotions, new definitions of what constitutes legitimate violence, and the influence of religious beliefs."

    Christophe Traïni, La cause animale (1820-1980): Essai de sociologie historique (1820-1980), Cairn et Presses Universitaires de France, 2015, Hors collection, 233 p.  

    Souvent rabattue sur des stéréotypes réducteurs, la protection animale constitue une cause militante des plus anciennes et complexes. Du début du XIXe siècle jusqu'à nos jours, de multiples entrepreneurs de morale s'indignent du traitement que les hommes réservent aux bêtes et se mobilisent afin de corriger la brutalité de leurs contemporains. D'abord préoccupée par la cruauté à l'égard du bétail, ce n'est qu'à l'issue de longues péripéties que la protection animale s'étend aux animaux de compagnie et, bien plus tardivement encore, aux espèces sauvages et à leurs milieux naturels. En s'appuyant sur une comparaison franco-britannique, cet ouvrage retrace les inflexions successives à l'origine des multiples facettes qui caractérisent, aujourd'hui encore, la protection animale. Indissociables des évolutions de la philanthropie, bien antérieures à l'apparition des mots d'ordre de l'écologie, les mobilisations collectives en faveur du sort des animaux éclairent plusieurs processus cruciaux de notre histoire sociopolitique : évolution des sensibilités et des émotions socialement valorisées définition de la violence légitime constitution des normes visant à réformer les mœurs rivalité des élites se réclamant de diverses formes d'autorité influence des religions sur les engagements militants effets des discriminations de genre

    Christophe Traïni, Émotions... Mobilisation !, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Académique  

    Les émotions sont au cœur de la mobilisation collective : compassion pour les victimes, colère à l'égard des tyrans, admiration des héros, enthousiasme d'agir ensemble, etc. L'objectif est ici d'analyser ces « phénomènes » qui permettent aux militants de sensibiliser le public à leur cause. Modes d’action des intermittents du spectacle ou d’Emmaüs, exaspération des victimes du sida, enthousiasme pour le Téléthon, dénonciation de la double peine, protestation contre la corrida, enrôlement des mères de famille en faveur du parti communiste ou encore attachement du public à la défense du patrimoine historique, la diversité des causes et des registres d’émotion ne manque pas. Mais qu’est-ce qui fait courir les militants et les motive ainsi à payer de leur temps et de leur argent ? Que doit leur engagement à leur histoire ? Comment les convictions les plus profondes et les calculs stratégiques se mêlent, se complètent ou s’opposent ? Que nous apprennent les cas italiens, marocains ou argentins sur le poids des contextes historiques et nationaux ? L’attention accordée aux émotions éclaire d’un jour nouveau les questions classiques de l’étude des mobilisations collectives

    Christophe Traïni, La musique en colère, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Contester  

    Hymnes nationalistes ou révolutionnaires, musiques folks irlandaises, basques ou kabyles, mouvement pour les droits civiques des Noirs rythmé par le gospel, chants pacifistes, aucune révolte, aucune mobilisation sociale ne semble avoir pu se passer de pratiques musicales. Cet ouvrage analyse les propriétés qui font de la musique un puissant auxiliaire des mobilisations collectives. Au fil des chapitres, des leaders politiques utilisant des armes musicales croisent des artistes qui embrassent des causes militantes, à l'image de Béranger, Joan Baez, les Zebda, Bob Geldof ou des groupes britanniques de la Red Wedge ou de Rock Against Racism. Pour finir, l'auteur rend compte des divers usages sociaux de la musique, et de sa capacité à osciller entre protestation subversive et résignation plus ou moins conformiste

    Christophe Traïni (dir.), Émotions... Mobilisation !, Sciences Po, les Presses, 2009, Sciencespo ( Sociétés en mouvement ), 300 p. 

    Christophe Traïni, La musique en colère, Presses de Sciences Po, 2008, Contester, 122 p. 

    Christophe Traïni (dir.), Vote en PACA: les élections 2002 en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Éditions Karthala, 2004, 194 p. 

    Christophe Traïni, Les braconniers de la République: les conflits autour des représentations de la Nature et la politique, Presses universitaires de France, 2003, Politique d'aujourd'hui, 209 p. 

    Christophe Traïni, L'engagement apolitique: une étude comparative de cas français et italiens, Atelier national de reproduction des thèses, Université Lille 3, 1999, Lille-thèses 

    Christophe Traïni, Pour une perspective anthropologique du sacré contemporain, 1992, 131 p. 

    Christophe Traïni, Contribution de Jean Baudrillard aux théories de sciences humaines, 1991 

  • Christophe Traïni, « L'appropriation du rap et du reggae », 2005, pp. 109-126    

    Cet article s'applique à rendre compte des processus qui ont conduit de jeunes musiciens italiens et français à se présenter comme les porte-parole de causes fortement centrées sur l'histoire des configurations locales au sein desquelles ils sont nés. L'analyse relève toutefois dans quelle mesure ces vocations militantes résultent de processus d'identification à la musique rap ou reggae. C'est ainsi la tentative d'appropriation de ces modèles transnationaux à l'origine jamaïcains et new- yorkais qui favorise la promotion de dialectes régionaux ou bien encore d'un « fil rouge de la mémoire communiste ».

    Christophe Traïni, « Aficionados et opposants à la tauromachie. Les formes plurielles de la civilisation », 2003, pp. 103-125    

    Aficionados et opposants à la tauromachie. Les formes plurielles de la civilisation Christophe Traïni L'opposition à la tauromachie espagnole constitue incontestablement un cas emblématique des engagements visant à édifier la cause animale. A partir de la théorie de Norbert Elias relative aux processus de civilisation, l'auteur s'efforce de mettre en exergue les économies émotionnelles qui sous-tendent aussi bien la passion des aficionados que les dénonciations virulentes des opposants à la corrida. La vocation comparative que le sociologue allemand a toujours attribuée à sa théorie est rappelée ici avec force afin de rendre intelligible les incompréhensions qui peuvent résulter de différentes modalités d'investissement des valeurs de la civilisation. Cette perspective permet, plus particulièrement, d'expliciter pourquoi et comment le taureau se voit attribué des vertus et un statut des plus divergents.

  • Christophe Traïni, Dominique Cardon et Jean-Philippe Heurtin, Chorégraphier la générosité. Le Téléthon, le don, la critique, Association pour le développement de la sociologie du travail, 2018  

    Organisé par l’Association française de lutte contre la myopathie, et par la chaîne télévisuelle France 2, le Téléthon constitue, depuis trente ans maintenant, l’une des collectes de dons les plus importantes au monde. Cette générosité spectaculaire est méthodiquement mise en scène par des professionnels des médias et du marketing humanitaire à travers un dispositif télévisuel de plus de trente heures qui alterne appels au don, chansons, témoignages de malades, reportages, interviews de cherc...

  • Christophe Traïni, « Procès climatiques et entreprises. Perspectives comparées en France et en Europe », le 30 septembre 2024  

    Colloque international organisé par le CERIC, Université d'Aix-Marseille en partenariat avec le British Institute of International and Comparative Law (BIICL) et l'Institut Droit Éthique Patrimoine - Université Paris-Saclay

    Christophe Traïni, « Quelles places pour les victimes dans les procès climatiques ? », le 18 mai 2022  

    Organisé par Science Po Aix, Université Aix-Marseille avec le soutien de la Région Sud dans le cadre du projet CLIMARM et de l’Agence nationale de la recherche dans le cadre du projet ANR-21-CE03-0011-01 PROCLIMEX

    Christophe Traïni, « La définition des « limites planétaires » », le 12 mai 2022  

    Rencontres internationales d'Aix-en-Provence 2022, organisées par le CERIC (UMR DICE) et Sciences Po Aix

    Christophe Traïni, « Droit et temporalités », le 14 avril 2021  

    Organisées par Charles Reveillere - CSO, Lus Prauthois - IRISSO, CSO et Jérôme Pélisse - CSO, Science Po

    Christophe Traïni, « Le procès environnemental », le 21 octobre 2019  

    Organisé à la Cour de Cassation par le CERIC, Aix-Marseille Université, l’ENM, et la Mission Droit et Justice

    Christophe Traïni, « Les procès climatiques », le 24 mai 2018  

    Ateliers organisés par le LPED et le Centre d’Etudes et de Recherches Internationales et Communautaires (CERIC/DICE UMR 7318 CNRS-AMU)

    Christophe Traïni, « Après l'accord de Paris, quels droits face au changement climatique ? », le 29 juin 2017  

    Colloque annuel de la Société française pour le droit de l’environnement organisé par le CERIC (UMR 7318 DICE, Aix-Marseille Université/CNRS), l’Institut de droit de l’Environnement (UMR 5600 EVS, Université Lyon III/CNRS) et le CHERPA (Science Po Aix).

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Benoît Luczak, L'action collective à l'épreuve du numérique. Le cas des luttes climatiques., thèse en cours depuis 2022  

    La question de recherche initiale est la suivante : quels sont les opportunités et limites induites par le recours aux outils numériques, dans le cadre des mobilisations contestant la faiblesse des politiques relatives au dérèglement climatique. Le choix des mouvements sociaux climatiques est réfléchi. Je propose d'étudier principalement deux mouvements très jeunes. En premier lieu Extinction Rebellion, qui s'est imposé en Europe et surtout au Royaume Uni comme un mouvement de contestation de grande ampleur, ayant réussi à faire plier le gouvernement britannique pour l'inscription de l'urgence climatique dans la loi. Le second mouvement est Fridays for Future, initié par Greta Thundberg et donnant naissance à la figure militante qu'elle est aujourd'hui. De par les enjeux climatiques que ces mouvements défendent, ces deux causes sont donc particulièrement investies par la jeunesse militante, d'où l'intérêt de cette entrée empirique. Mon premier axe d'étude sera l'analyse du renouvellement générationnel militant, en somme l'arrivée de jeunes militants. L'hypothèse étant que l'arrivée de la jeunesse dans ces organisations implique une utilisation des outils numériques plus massive. Cela implique donc l'apparition de nouvelles pratiques en ligne, et des changements dans l'organisation des mouvements. Les exemples sont des publications massives sur les réseaux sociaux, la saturation organisée de boites mails d'élus, mais aussi l'utilisation de groupes Facebook, WhatsApp, ou des réunions zoom, en lieu et place de rencontres physiques, ouvrant la participation à tous les citoyens. Le second grand axe d'étude se concentrera davantage sur l'engagement militant en lui-même. La distance imposée par les échanges par écrans interposés suppose des effets sur l'incitation à l'engagement des individus. Tout militant peut désormais s'engager et se désengager à volonté, ce que l'on peut qualifier de « militantisme à la carte ». Le cas d'Extinction Rebellion est révélateur : l'absence de locaux dédiés au mouvement mène a une mauvaise formation des militants cette dernière étant faite en autonomie en ligne. Cet axe d'étude et ses conclusions pourraient potentiellement s'appliquer à toutes formes d'engagement fonctionnant à distance, pratique qui semble se démocratiser.

    Coline Mias, Action publique territoriale et pluralisme normatif au Maroc : la gouvernance urbaine à Salé, 1970-2018, thèse soutenue en 2020 à AixMarseille, membres du jury : Pascale Philifert (Rapp.), Aziz Iraki (Rapp.), Catherine Neveu et Myriam Catusse    

    Cette thèse contribue à l’étude des normes et instruments d’action publique qui marquent la gestion urbaine des quarante dernières années au Maroc. En portant la focale sur la gestion de Salé, jouxtant la capitale, Rabat, nous montrons que son aménagement est paradigmatique des grands « tournants » normatifs nationaux et des injonctions internationales qui infléchissent le gouvernement urbain. Ces recompositions résultent ainsi de trois phénomènes principaux : tout d’abord, la persistance d’un système de gouvernement par intercession qui prolonge le dédoublement historique des structures de pouvoir entre l’État et le makhzen. Ensuite, l’investissement du territoire par des bailleurs de fonds et ONG internationales dont les mots d’ordre valorisent une gouvernance adossée à une « société civile » capable de contribuer au développement local. Enfin, la municipalisation de l’action publique locale par le Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui s’accompagne d’une revalorisation du droit positif. Dans un deuxième temps, en empruntant des outils analytiques issus de travaux de géographie et d’anthropologie urbaine, cette thèse met en évidence la manière dont la sociohistoire de la ville contribue à définir les façons de dire et de faire l’action publique. Nous montrons que la gestion urbaine de Salé dépend notamment de « régions morales » qui se sont constituées autour d’identités territoriales distinctes. Cette perspective nous permet, dès lors, de renouveler le regard porté sur la gouvernance urbaine, les collaborations et compromis territoriaux qui s’y déploient tout comme les sociabilités ordinaires qui façonnent l’action publique locale

    Yves Mirman, Des engagements à l'épreuve du temps : la cause des disparus au Liban, 2011-2018, thèse soutenue en 2019 à AixMarseille en co-direction avec Myriam Catusse, membres du jury : Marie-Claire Lavabre (Rapp.), Franck Mermier (Rapp.), Éric Gobe et Stéphanie Latte Abdallah    

    Cette thèse décrit des engagements pour la cause de personnes disparues au Liban (enlèvement, meurtre ou emprisonnement) durant la guerre civile (1975 à 1989) et les occupations militaires qui ont suivi. Certains proches – notamment des femmes – se sont publiquement engagés depuis les années 1980 pour les retrouver, désigner des responsabilités, faire entendre leurs propres droits. Alliés à d’autres acteurs, ils et elles ont inscrit leur mobilisation de manière plurielle dans l’espace politique où rares sont les dispositifs de traitement du conflit. S’est ainsi façonnée au fil des ans une cause commune malgré leur fragmentation initiale, les drames intimes et les contraintes politiques rencontrées. Le nombre de plus en plus réduit de militants n’a pas tué la cause, mais, à l’épreuve du temps, a transformé les logiques de l’action collective. Par des dispositifs de sensibilisation, l’usage d’outils juridiques et un travail mémoriel, ces militants s’efforcent de faire entendre leur souffrance, mais également de lutter contre l’oubli du conflit voire à obtenir justice. L’observation de leurs activités et l’analyse de leurs témoignages entre 2011 et 2018 m’ont permis de mesurer les effets de leur action sur la cause comme sur leur engagement. Mettre en récit les crimes passés via la formulation d’un problème d’amnésie généralisée n’a pas permis de désigner de responsabilités claires. La remémoration publique des disparus et les procédures engagées en justice par des cause-lawyers ont suscité des dilemmes tant affectifs que stratégiques. C’est finalement à une sociologie des politiques de l’après-conflit au Liban que se propose de contribuer cette thèse

    Marion Di Méo, Une démocratie à l’épreuve des mouvements sociaux : le cas du Chili post-dictatorial de 1988 à nos jours, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille, membres du jury : Fabien Jobard (Rapp.), Camille Goirand (Rapp.), David Garibay et Isabelle Sommier    

    Cette thèse vise à rendre compte de l'évolution, au Chili, de la gestion des événements protestataires par les institutions en charge de l'ordre public depuis le retour à la démocratie en 1990. Il s'agit d'examiner la manière dont un pays autrefois gouverné par la répression encadre, une fois la démocratie retrouvée, les protestations de différents groupes de la société. La thèse interroge aussi l'existence d'un traitement différencié de la contestation en fonction du public mobilisé. L'enquête a été menée entre mars 2015 et mai 2017 et repose sur un matériau composé d'observations, d'entretiens, d'archives de presse. Ce travail est composé de trois parties. La première revient sur les éléments qui ont façonné le contexte politique chilien de la transition, largement défavorable à la contestation. Il s'agit également de s'intéresser aux caractéristiques et à la culture institutionnelle de la police en charge du maintien de l'ordre, en observant comment s'articulent le caractère militaire de cette institution et les fondements de la doctrine du maintien de l'ordre. Dans la seconde, les mobilisations des peuples autochtones et des étudiants chiliens sont longuement décryptées, en particulier la question de leur répertoire d'action et les interactions entre ces groupes, l'État chilien et les forces de l'ordre. La troisième partie est consacrée à la manière dont le passé récent du Chili devient l'enjeu de discours et de mobilisations, et s'intéresse de près à différentes journées de commémoration. Elle examine enfin les effets de la militarisation de la police sur le maintien de l'ordre, et sur les représentations du monde qui entourent ses pratiques professionnelles

    Khalyla Aude Coëffic, Les mobilisations du Hezbollah et la cause palestinienne : les raisons évolutives des émotions militantes, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille, membres du jury : Xavier Crettiez (Rapp.), Pénélope Larzillière (Rapp.), Mounia Bennani-Chraïbi, Sabrina Mervin et Myriam Catusse    

    Cette thèse analyse l’évolution des modalités selon lesquelles la cause palestinienne est appréhendée par les partisans du Hezbollah entre 1982 et 2014. L’attention portée aux émotions permet de mieux interroger comment procède le travail constant de (ré)ajustement entre, d’une part les mots d’ordre préconisés par l’organisation, et d’autre part les sens subjectifs des engagements qui résultent de l’histoire personnelle et familiale des membres du Hezbollah. Alors même que la cause palestinienne constitue une thématique de mobilisation classique du Hezbollah libanais, l’observation des partisans de l’organisation à référent chiite, à l’occasion de la guerre de Gaza de l’été 2014, révèlent des émotions entremêlées et diverses. Pour analyser au mieux ces dernières, plusieurs grands registres émotionnels ont été reconstitués, sous une forme « idéaltypique », afin de mieux rendre compte des évolutions qui se manifestent à travers des manières différentes de se rapporter à la cause palestinienne. L’enquête auprès des militants, réalisée aujourd’hui, montre que l’organisation oscille entre ces deux registres émotionnels dont il convenait de retracer la genèse. Chacune des deux parties qui composent ce travail est consacrée à l’étude d’un des registres émotionnels qui constituent les types alternatifs de registres dont disposent aujourd’hui les militants du Hezbollah

    Élodie Pastor, Essai sur le dialogue social conflictuel : contribution à l'étude sur la résolution amiable des conflits collectifs du travail, thèse soutenue en 2017 à AixMarseille en co-direction avec Alexis Bugada, membres du jury : Allison Fiorentino (Rapp.), Guillaume Champy (Rapp.), Philippe Pédrot et Nicolas Font    

    La fragilité du tissu économique impose de porter une attention particulière à la résolution amiable et à la prévention des conflits collectifs du travail. Pour ce faire, il convient de s’intéresser à la manière dont le dialogue social est promu en période conflictuelle. Le dialogue social conflictuel peut être défini comme tout processus destiné à réinjecter du dialogue dans un « espace » de conflit. Le Code du travail organise depuis longtemps des procédures spéciales (conciliation, médiation, arbitrage) destinées à parvenir à un accord amiable. Ces dernières ne permettent pas une résolution pacifiée en raison du désintérêt qu’elles suscitent. Les parties préfèrent se tourner vers une négociation informelle lorsqu'elles ne choisissent pas de recourir au juge. L’immixtion quasi systématique des pouvoirs publics et le rapport de force existant emportent toutefois le risque d’altération des échanges. L’utilisation des mécanismes issus de la justice participative apporterait une réponse satisfaisante à ce problème. Il permettrait d’optimiser les négociations quitte à conférer à l’avocat une place nouvelle dans le processus de résolution. Ces traitements ont néanmoins une vocation purement curative. L’engagement d’une procédure d’incitation, sur le modèle de la RSE, pour favoriser la voie du dialogue social, en amont de toute situation conflictuelle, serait pertinent. Mais une pratique viable du dialogue social conflictuel impose de se questionner sur son cadre juridique. L’analyse des notions de conflits collectifs et de dialogue social, et l'instrumentalisation fréquente du procès dans ce contexte, révèlent les limites du droit. Il convient de tenter de les dépasser

    Julie Rannoux, Aux marges de l'État social , thèse soutenue en 2017 à AixMarseille en co-direction avec Stéphanie Dechézelles  

    Cette thèse vise à rendre compte du traitement public localisé des étrangers à Marseille. Il s’agit de montrer en quoi la présence locale d’individus en situation administrative et/ou sociale précaire constitue un enjeu pratique pour différents acteurs publics et privés, dans leur activité professionnelle quotidienne, et fait ou non l’objet de régulations spécifiques dans l’espace local. La thèse examine ainsi comment se façonnent des configurations d’action publique territorialisées autour de la condition sociale des étrangers. L’enquête a été menée entre mai 2011 et avril 2014 et repose sur un matériau composé d’entretiens, d’observations et d’archives publiques et privées. Le traitement public des étrangers est appréhendé à différents niveaux. La thèse étudie tout d’abord si et comment, le sort des étrangers précaires émerge comme enjeu dans l’action publique locale. Elle se consacre ensuite au décryptage de dispositifs associatifs de prise en charge de publics migrants, en mettant l’accent sur le travail de dirigeants associatifs de consolidation et de légitimation de leur activité dans différents espaces. La thèse interroge notamment les effets de catégorisation de l’action publique, en montrant en quoi ils débouchent sur un traitement public partiel et à la marge des étrangers précaires, faisant peser sur les acteurs qui s’y impliquent des contraintes contradictoires. A partir de l’étude du traitement public des étrangers précaires, cette thèse propose une réflexion sur les formes d’incertitude, en miroir, des professionnels chargés de compenser certains des effets liés à la mise en oeuvre de politiques migratoires restrictives

    Julie Rannoux, Aux marges de l'État social, thèse soutenue en 2017 en co-direction avec Stéphanie Dechézelles, membres du jury : Andrea Rea (Rapp.), Vincent Dubois (Rapp.), Catherine Neveu et Gilles Jeannot      

    Cette thèse vise à rendre compte du traitement public localisé des étrangers à Marseille. Il s’agit de montrer en quoi la présence locale d’individus en situation administrative et/ou sociale précaire constitue un enjeu pratique pour différents acteurs publics et privés, dans leur activité professionnelle quotidienne, et fait ou non l’objet de régulations spécifiques dans l’espace local. La thèse examine ainsi comment se façonnent des configurations d’action publique territorialisées autour de la condition sociale des étrangers. L’enquête a été menée entre mai 2011 et avril 2014 et repose sur un matériau composé d’entretiens, d’observations et d’archives publiques et privées. Le traitement public des étrangers est appréhendé à différents niveaux. La thèse étudie tout d’abord si et comment, le sort des étrangers précaires émerge comme enjeu dans l’action publique locale. Elle se consacre ensuite au décryptage de dispositifs associatifs de prise en charge de publics migrants, en mettant l’accent sur le travail de dirigeants associatifs de consolidation et de légitimation de leur activité dans différents espaces. La thèse interroge notamment les effets de catégorisation de l’action publique, en montrant en quoi ils débouchent sur un traitement public partiel et à la marge des étrangers précaires, faisant peser sur les acteurs qui s’y impliquent des contraintes contradictoires. A partir de l’étude du traitement public des étrangers précaires, cette thèse propose une réflexion sur les formes d’incertitude, en miroir, des professionnels chargés de compenser certains des effets liés à la mise en oeuvre de politiques migratoires restrictives

  • Guillaume Silhol, L’enseignement de la religion en Italie : institutionnalisation et pratiques d'une catégorie d'action publique, thèse soutenue en 2019 à AixMarseille sous la direction de Franck Frégosi, membres du jury : Christine Pina (Rapp.), Céline Béraud (Rapp.), Magali Della Sudda et François Buton    

    Cette thèse contribue au champ d’études de la sociologie politique des institutions par le cas d’étude de l’institutionnalisation du travail « flou » de l’enseignement de la religion catholique, matière scolaire non-obligatoire dans les écoles publiques italiennes. Basée sur enquête archivistique et qualitative, l’étude porte sur les conditions sociales de la requalification conflictuelle de tâches issues des pratiques pastorales d’enseignants catholiques en travail pédagogique à partir des années 1970, par le biais de politisations de la « culture religieuse », comme mandat professionnel et comme besoin des élèves. La requalification conflictuelle de l’enseignement de la religion en discipline scolaire est rendue possible par la domestication de ressources d’expertise et juridiques par les structures et les agents de l’Église catholique et par la représentation d’une façade publique de succès du cours objectivée par la rhétorique des chiffres du « choix » élevé du cours

    Ece Baykal Fide, Les générations des chroniqueurs de la Turquie et la construction médiatique du charisme du leader au miroir du mouvement de Gezi, thèse soutenue en 2018 à AixMarseille sous la direction de Gérard Groc et Hakan Yücel, membres du jury : Ceren Sözeri (Rapp.), Hamit Bozarslan (Rapp.), Philippe Aldrin    

    Cette thèse étudie les générations politiques des chroniqueurs, membres de l’élite journalistique sous le gouvernement de l’AKP, tâchant de définir les rôles qu’ils tiennent et les discours qu’ils produisent lors des crises politiques, dans notre cas celle qui est suscitée par le mouvement de Gezi. En s’appuyant sur la sociologie des crises politiques de Michel Dobry et étudiant le champ journalistique, les trajectoires militantes et professionnelles des chroniqueurs, ce travail avance l’hypothèse principale selon laquelle le rôle d’intermédiaire/médiateur politique est celui dont s’approprient ces derniers lors des crises politiques. La construction médiatique du charisme d’un leader, Erdoğan en l’occurrence, par les chroniqueurs au travers du mouvement de Gezi fait également l’objet de notre recherche

    Cécile Jouhanneau, La résistance des témoins : mémoires de guerre, nationalisme et vie quotidienne en Bosnie-Herzégovine (1992-2010), thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jacques Rupnik et Marie-Claire Lavabre, membres du jury : Xavier Bougarel (Rapp.), Franck Mermier (Rapp.)  

    Pour rendre compte des dynamiques sociales et politiques à l’œuvre au sortir d’un conflit, cette thèse prend pour objet les mémoires de la guerre de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine. Inspirée par la sociologie de la mémoire de Maurice Halbwachs, par la sociologie des mobilisations et par celle des relations internationales, elle se penche sur les conditions sociales de l’expression des souvenirs de la détention en camps. A partir d’entretiens et d’observations ethnographiques et grâce au dépouillement d’un large corpus d’archives écrites, cette thèse prend à bras le corps l’hypothèse selon laquelle les mémoires de la guerre seraient clivées selon des lignes ethnonationales. Elle met au jour, dès les années de guerre, un processus de politisation nationaliste des récits publics de la détention. La judiciarisation internationale de la guerre favorise paradoxalement la construction par des acteurs politiques et militants bosniens d’une figure du détenu de camp comme témoin par excellence de la nature de la guerre. Or en déplaçant le regard vers l’échelle locale, on constate les limites de la politisation des récits de la détention. En effet, le devoir de témoignage assigné aux individus y rentre en concurrence avec des normes de civilité retravaillées au quotidien. Loin de l’image d’une « guerre des mémoires » ethnonationale, cette thèse donne à voir, dans les interactions locales, l’évitement du politique et la discrétion des « témoins ». Elle invite ainsi à prendre en compte les régulations sociales locales dans une sortie de conflit que l’étude des entreprises nationalistes et des interventions internationales de construction de la paix ne suffit pas à élucider.

  • Louise Bollache, Mobilisations écologistes dans (et contre) le Grand Paris : une ethnographie des collectifs en lutte à Gonesse, Romainville et La Courneuve, thèse soutenue en 2022 à Paris 1 sous la direction de Anne-Catherine Wagner et Fabrice Ripoll, membres du jury : Julian Mischi (Rapp.), Stéphanie Dechézelles et Stéphane Tonnelat  

    La thèse consiste en une enquête ethnographique de trois groupes militants défendant des lieux partiellement naturels dans le nord-est de la banlieue parisienne. Il s'agit de saisir comment un système local d'acteurs vient se positionner au prisme d'un conflit d'aménagement : des militants « contre » qui le refusent ou le négocient, des habitants plutôt favorables, des acteurs publics et privés qui le défendent et l'amendent au fur et à mesure du déroulement du conflit. Cette configuration met en exergue différents rapports situés à l'écologie, qui sont avant tout des rapports de classe, dans un contexte sociogéographique de rénovation de la banlieue et de gentrification dans le cadre du Grand Paris. La thèse contribue à l'étude de l'évolution des modes d'action des militants écologistes dans une nouvelle époque du problème public : la question climatique est particulièrement marquée, depuis le milieu des années 2010 par l'idée d'urgence et de dépassement. Elle documente le développement de modes d'actions liés à la dimension spatiale des lieux, au-delà du phénomène du développement des zones à défendre. La dimension spatiale prend tour à tour le visage de réappropriations symboliques de ces lieux via des récits, de formes d'occupations douces, ou de stratégies territoriales dans le cas d'occupations plus soutenues. Enfin, ce travail permet d'éclaircir l'espace de la cause climatique, notamment son pôle le plus radical, constitué de militants chez lesquels l'inertie des réponses gouvernementales ou plus localisées ont suscité une trajectoire de durcissement, les guidant vers une vision plus structurelle des enjeux et parfois, vers des registres d'action plus directs.

    Helen Ha, Alimentation carnée et ordre institutionnel : une étude de la mise en problème de la consommation de viande dans la France contemporaine, thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Anne-Cécile Douillet, membres du jury : Jean-Noël Jouzel (Rapp.), Thomas Alam et Sylvie Tissot    

    La consommation de viande occupe une place centrale dans les pratiques alimentaires occidentales et croît de façon substantielle dans les pays dits « en développement ». Depuis une dizaine d’années en France, elle fait cependant l’objet de différentes controverses et accusations, au sein de divers espaces et de la part d’acteurs variés. Notre thèse de sociologie politique étudie la dimension sociale, cognitive et normative des luttes définitionnelles qui ont cours, au sein de l’espace public ainsi que dans les arcanes des institutions étatiques, autour de la conservation/subversion d’une pratique ordinaire, la consommation de viande. Elle analyse, autrement dit, la construction de l’alimentation carnée comme problème public. Notre recherche propose plus particulièrement d’interroger le fonctionnement des administrations et la fabrique de l’action publique, considérant que ces processus génèrent et légitiment une réalité publique parmi d’autres réalités sociales au sujet de la consommation de viande. Elle rend précisément compte du rôle des autorités publiques dans la (re)production d’un ordre institutionnel carné, en se demandant de quelle manière celui-ci s’est construit et imposé et surtout comment il résiste aujourd’hui en France, face à l’action des entrepreneurs de problème engagés dans la remise en cause de la consommation de viande. Saisir et observer ces moments de lutte permet de faire état de la force de l’ordre institué, sans pour autant nier tout changement en matière d’alimentation carnée au sein de la société, même si celui-ci intervient à la marge.

    Jean Le Goff, Militer au sein du mouvement Alternatiba : de l'angoisse à la mobilisation climatique, thèse soutenue en 2020 à Université Paris Cité sous la direction de Florence Giust-Desprairies, membres du jury : Florence Rudolf (Rapp.), Geoffrey Pleyers  

    Les affects d'angoisse sont une dimension fondamentale mais en partie méconnue de l'expérience des personnes engagées sur la question climatique. La thèse se propose d'étudier, à partir du mouvement écologiste Alternatiba, comment la pensée et l'action politique sur ce sujet sont en lien avec des modes de traitement de l'angoisse. Le rapport à l'angoisse est considéré sous un triple prisme psychique, social et politique. S'inscrivant dans une approche clinique en sciences sociales, ce travail place l'expérience du sujet au centre de l'attention, dans ses dimensions manifeste et sous-jacente, tout en prenant en compte l'implication affective du chercheur. Plusieurs thématiques de l'engagement sont successivement abordées. Les conceptions de la responsabilité, individuelle ou collective, massive ou proportionnée, sont analysées au regard de l'étayage social que rencontrent - ou pas - les impulsions constructives du sujet. Cet étayage social est assuré de diverses manières par « l'alternative », dans sa signification instituante, préfigurative et utopique. Le rapport à la confrontation met également en jeu des angoisses, dont le traitement permet d'élucider les dynamiques conflictualisantes et déconflictualisantes. Les dispositifs de sensibilisation employés, et les représentations du « non-convaincu » qui les sous-tendent reposent sur deux régimes psycho-sociaux de traitement des angoisses : un régime de polarisation et un régime d'intégration, qui sont explicités. Enfin, les modes de fonctionnement internes au mouvement sont abordés sous l'angle des idéaux qu'ils mobilisent, et du rapport des individus et des collectifs à ces idéaux.

    Lucas Guffanti, Pleurer les morts, gueuler la mort : disposer des défunts "indigents", thèse soutenue en 2016 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Sophie Duchesne, membres du jury : Dominique Memmi (Rapp.), Camille Hamidi et Richard Charles Keller  

    Cette thèse revient sur les moyens de la prise en charge publique et par les associations de défunts dits ‘indigents’. Si la littérature sur ce sujet insistait grandement sur la catégorie des personnes de la rue et sur les idées de délaissement et de sacrifice, ce travail met en avant les différentes facettes, parfois conflictuelles, de l’intérêt public porté à ces morts. Cette recherche est principalement l’aboutissement d’une ethnographie menée auprès de l’association parisienne du Collectif les Morts de la Rue. Cette association dénonce depuis 2001 les conditions de vie et de morts des personnes de la rue et s’occupe, depuis 2003, des cérémonies funéraires pour tous les corps non-réclamés de la ville de Paris. L’enquête revient sur les motivations des deux groupes de bénévoles coexistant au sein de la même association, l’un se concentrant sur l’activisme en faveur des personnes de la rue (‘gueuler’) et l’autre sur les rituels des défunts non-réclamés, quelle que soit leur origine sociale (‘pleurer’). Ces deux groupes créent des communautés symboliques de morts et de vivants à travers des cérémonies, émotions et rituels. L’insistance du groupe des fondateurs sur l’activisme en faveur des vivants de la rue est parfois en contradiction avec l’implication plus générale de certains bénévoles pour tous les défunts non-réclamés. La thèse revient sur leur cohabitation au sein de la même association et montre comment des références communes à la fraternité humaine et à l’universalité de la mort ne suffisent pas à couvrir des motifs d’engagements divergents.

    Coline Salaris, Mobilisations en souffrance , thèse soutenue en 2015 à Bordeaux sous la direction de Antoine Roger  

    Se présenter comme victime et se mobiliser en tant que telle dans l'espace public neva pas de soi, même pour les membres d'une association de victimes. Il s'agit d'unlong processus d'intériorisation et de reformulation identitaires consistant à donner dusens à une expérience de souffrance ; une pathologie ou un deuil. Pour les membresd'un collectif de victimes se mobilisant dans le cadre d'un problème de santé publique,il s'agit aussi d'un processus d'ordre collectif consistant à construire un groupesuffisamment cohérent pour imposer des griefs a priori personnels, comme problèmepublic de santé.C'est de ces multiples processus, à la fois individuels et collectifs, entre intimeet public que se propose d'analyser cette thèse. En nous appuyant sur une enquêtecomparative entre l'affaire du Distilbène et la mobilisation de travailleurs agricolesvictimes des pesticides - qui croise 77 entretiens semi-directifs et une quinzained'observations ethnographiques des temps qui articulent ces mobilisations -, nousnous sommes demandée comment des individus dispersés et blessés parviennentprogressivement et collectivement à s'imposer comme des acteurs d'action publique,et plus précisément des acteurs de la santé publique.

    Yauheni Kryzhanouski, Contester par la musique sous régime autoritaire : rock et politisation en Biélorussie, thèse soutenue en 2015 à Strasbourg sous la direction de Vincent Dubois, membres du jury : Alain Blum (Rapp.), Françoise Daucé et Laurent Jeanpierre    

    Cette thèse examine la politisation dans un régime autoritaire à travers l’étude de deux mouvements rock contestataires en Biélorussie. Le rock « national » s’est constitué en tant que mouvement artistique dans les années 1980 autour de la production de la musique contemporaine d’inspiration occidentale chantée en langue biélorusse et de la promotion d’une vision hétérodoxe de l’« identité nationale ». Le tournant autoritaire des années 1995-1996 a provoqué la repolitisation contestataire de ce mouvement artistique. Les acteurs du rock « national » continuent de revendiquer le statut « underground » tout en aspirant à la professionnalisation dans le cadre du système de production commercial. C’est aussi au milieu des années 1990 qu’un autre mouvement contestataire se constitue – le rock anarcho-punk DIY imprégné des conventions du modèle Do it yourself internationalisé. Ce mouvement proche des groupements anarchistes prône l’amateurisme, la production artistique restreinte et le radicalisme des prises de position. Sur l’exemple de ces deux mouvements artistiques, la thèse étudie les logiques de politisation et les modes de contestation.

    Coline Salaris, Mobilisations en souffrance, thèse soutenue en 2015 sous la direction de Antoine Roger, membres du jury : Emmanuel Henry (Rapp.), Nicolas Dodier    

    Se présenter comme victime et se mobiliser en tant que telle dans l'espace public neva pas de soi, même pour les membres d'une association de victimes. Il s'agit d'unlong processus d'intériorisation et de reformulation identitaires consistant à donner dusens à une expérience de souffrance ; une pathologie ou un deuil. Pour les membresd'un collectif de victimes se mobilisant dans le cadre d'un problème de santé publique,il s'agit aussi d'un processus d'ordre collectif consistant à construire un groupesuffisamment cohérent pour imposer des griefs a priori personnels, comme problèmepublic de santé.C'est de ces multiples processus, à la fois individuels et collectifs, entre intimeet public que se propose d'analyser cette thèse. En nous appuyant sur une enquêtecomparative entre l'affaire du Distilbène et la mobilisation de travailleurs agricolesvictimes des pesticides - qui croise 77 entretiens semi-directifs et une quinzained'observations ethnographiques des temps qui articulent ces mobilisations -, nousnous sommes demandée comment des individus dispersés et blessés parviennentprogressivement et collectivement à s'imposer comme des acteurs d'action publique,et plus précisément des acteurs de la santé publique.

    Amina Boubia, Les nouvelles formes de production du politique dans le monde arabe à l'exemple des festivals de musique au Maroc : culture et politique en contexte autoritaire, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Pierre Filiu et Dietmar Hüser, membres du jury : Mark LeVine (Rapp.), Sabine Russ  

    Les festivals de musique s'étant constitués progressivement depuis le milieu des années 1990 en un véritable phénomène de société au Maroc, cette thèse analyse, dans une perspective comparatiste, en quoi ces événements artistico-culturels et festifs favorisent des formes nouvelles, non-conventionnelles, de production du politique dans le monde arabe entre contestation et relégitimation de l'ordre établi. D'une part, les festivals de musique, appréhendés par le biais d'une analyse culturelle de l'action collective et des mouvements sociaux, révèlent un espace politique alternatif au potentiel initial fortement subversif, à l’origine d’une Nayda post-islamiste. D'autre part, les différents processus de récupération et de cooptation, directes et indirectes, dans lesquels entrent peu à peu ces événements, illustrent les ressorts de la domination et d'une politique culturelle autoritaire exercées par le makhzen. Enfin, cette politisation multiple, que permet l'ambivalence de l'artistico-culturel et du politique, est exacerbée dans le contexte du Mouvement du 20 février et du Printemps arabe entre radicalisation et saturation de la dynamique festivalière.

    Mathilde Arrigoni, Se mobiliser en situation autoritaire : une comparaison des contestations théâtrales argentine et chilienne (1973-1990), thèse soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Olivier Dabène, membres du jury : Graciela Ducatenzeiler et Guy Hermet  

    En Argentine, pendant le Proceso de Reorganización Nacional, une mobilisation voit le jour en 1981, Teatro Abierto : elle durera jusqu’en 1986. Au Chili, sous le régime de Pinochet, des foyers de protestation théâtraux essaiment à Santiago, sans que la profession théâtrale ne parvienne ni à s’unir ni à gagner en visibilité. Cette thèse interroge les notions de résistance et de mobilisation en cherchant à résoudre ce paradoxe de départ : pourquoi et comment une profession artistique parvient-elle à se mobiliser dans une situation autoritaire a priori plus fermée qu'une autre? Outre les caractéristiques historiques, macro, méso et micro-sociologiques des deux milieux professionnels considérés, on s’aperçoit que la nature de la répression (structurelle ou individuelle) et ses effets sont une variable cruciale pour comprendre les dynamiques d’engagement. A l’aide d’une enquête qualitative de neuf mois conjuguant entretiens, récits de vie, observations participantes et travail sur archives, nous démontrons que la répression à l’oeuvre sous le Proceso entraîne une économie affective spécifique chez les membres de Teatro Abierto, qui explique en partie le passage à la mobilisation. Les artistes effectuent une double conversion émotionnelle, pour, d’une part, passer du sentiment d’humiliation au sentiment d’indignation, et, d’autre part, réhabiliter dans l’espace public grâce à des outils théâtraux précis les émotions euphoriques et ludiques que le régime avait censurées. A terme, la mobilisation permet aux acteurs de reconstruire une estime de soi défaillante, gagner en capital symbolique et politique, et autorise les spectateurs à militer et à vivre par procuration.

  • Amélie Blom, La violence d’Etat en partage : le Pakistan et la privatisation de la guerre au Cachemire (1947-2007), thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Christophe Jaffrelot, membres du jury : Mounia Bennani-Chraïbi (Rapp.), Denis Matringe (Rapp.), Ali Usman Qasmi  

    Cette thèse plaide pour une approche contextualisée de la violence jihadiste à partir d’une étude des mouvements politico-religieux menant une lutte armée au Cachemire mais basés au Pakistan. Elle questionne les conditions spécifiques au contexte historique, politique et social qui expliquent cette forme de radicalisation politique. La démonstration déploie un large spectre, tant au niveau de la durée que des champs d’étude et des focales de l’analyse. La première hypothèse, méthodologique, est que seule une démarche croisant la sociologie historique de l’Etat et la sociologie politique de l’engagement peut rendre intelligible la complexité du processus. Les mouvements jihadistes sont alors réinscrits dans le temps long d’une pratique, la « privatisation de la violence extérieure autorisée », dont cette thèse démontre qu’elle est une propriété structurante de la trajectoire de l’Etat pakistanais depuis 1947. La seconde hypothèse, développée à partir d’une analyse du point de vue de l’armée, des milices et des recrues, souligne la dimension équivoque des relations entre ces acteurs. Ainsi, le rapport entre le secteur militarisé régulier et le secteur milicien oscille entre convergences idéologiques, transaction collusive et conflit. Les liens des combattants avec les groupes armés ne sont pas plus stables. L’absence de transitivité entre les différents temps de la radicalisation suggère qu’à chaque étape, les idéaux et émotions mobilisés par les entrepreneurs de violence et ceux qui mobilisent les recrues peuvent entrer en collision. D’où l’intérêt de croiser approche processuelle de l’engagement et études sur les émotions dans l’analyses de la radicalisation jihadiste.

    Nathalie Plouchard, En "Rave" et contre tout ? Dimensions festives et oppositionnelles du monde des free parties, thèse soutenue en 2017 à Paris EHESS sous la direction de Nicolas Dodier, membres du jury : Dominique Pasquier, Antoine Hennion et Marie Jauffret-Roustide  

    Au carrefour de la sociologie de la culture et de la sociologie de la déviance, ce travail porte sur les dimensions festives et oppositionnelles du monde des free parties, qui s’articule autour de manifestations techno clandestines et marginales. A partir d’une enquête ethnographique, il s’agit d’examiner une pratique culturelle et musicale mais aussi de saisir la variété des expressions oppositionnelles que les jeunes engagés dans ce monde y déploient. A la suite d’un travail de clarification théorique, cette recherche s’inspire de la notion de contre-culture, dans laquelle l’idée de conflictualité est centrale. Cet outil conceptuel permet d’explorer diverses facettes de l’univers free, controversé et encore largement méconnu, et notamment sa composante « contre ». On peut ainsi montrer que, si le monde free est loin d’être réductible à ses dimensions oppositionnelles, celles-ci peuvent donner un relief particulier à la fête – et réciproquement. La pertinence du croisement entre l’objet « free parties » et l’outil conceptuel « contre-cultures » est due en partie à la double déviance, sociale et légale, qui caractérise les fêtes techno étudiées. Les différents aspects oppositionnels mis en évidence dans ce monde juvénile, ainsi que la distinction entre non-conformité et contestation qui en émane, permettent d’analyser le rapport entre déviance, illégalité, conflictualité/illégalité à la lumière du cas des free parties.

    Cécile Boëx, La contestation médiatisée par le monde de l'Art en contexte autoritaire : l'expérience cinématographique en Syrie au sein de l'Organisme général du cinéma (1964-2010), thèse soutenue en 2011 à AixMarseille 3 sous la direction de Élizabeth Picard, membres du jury : Baudouin Dupret (Rapp.), Lisa Wedeen (Rapp.), Lilian Mathieu et Réjane Hamus-Vallée  

    Notre recherche interroge les modalités selon lesquelles une pratique artistique peut constituer un vecteur de contestation en contexte autoritaire. Elle se situe à l’intersection de deux aires de questionnement. D’une part, elle examine les multiples rapports qu’un monde de l’art peut entretenir avec un monde politique, éclairant les enjeux politiques qui traversent un champ cinématographique fortement dépendant de l’État, ainsi que les pratiques contestataires spécifiques qui y ont court. D’autre part, elle explore des formes de contestation qui se déploient à la marge d’un espace politique verrouillé, mettant au jour certains mécanismes de l’autoritarisme observés dans les négociations, arrangements et conflits entre acteurs du monde cinématographique et acteurs de l’appareil bureaucratique et étatique. Dans un premier temps, nous montrons comment les relations sociales qui se tissent autour de l’organisation et du fonctionnement de la production cinématographique polarisent et réfractent certaines pratiques et enjeux spécifiques au champ politique tout en les reformulant. Nous plaçons ensuite l’analyse au cœur des films afin de repérer et de décrire, à partir des différents procédés propres au langage cinématographique, des thématiques, des catégories et des objets qui relèvent du politique, sur lesquels les cinéastes posent un regard critique, alors même que l’expression d’une opinion contestataire dans l’espace public s’avère problématique