Christophe Traïni (dir.), Émotions et expertises: les modes de coordination des actions collectives, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, 204 p.
Longtemps considérée iconoclaste, ou réservée à la seule psychologie, la prise en compte des émotions est en passe de devenir l'un des mots d'ordre les plus pressants de l'étude des phénomènes politiques. Alors même que cette avancée est précieuse pour la connaissance, la prudence commande pourtant de ne pas envisager l'émotion comme une variable explicative suffisante en soi. À l'encontre de tout réductionnisme, cet ouvrage prend le parti de traiter la mise à l'épreuve des émotions et la formulation d'expertise comme deux modes alternatifs de coordination des actions collectives. À la question des propriétés respectives de ces deux régimes de coordination, s'ajoutent celles de la nature variable de leurs relations, des dispositions propres aux protagonistes qui s'en emparent, ou bien encore des effets équivoques exercés sur les configurations au sein desquelles ils sont activés. En pensant ensemble émotions et expertises, cet ouvrage contribue ainsi à renouveler des questionnements anciens, et trop souvent disjoints, en ce qui concerne des objets d'études telles les mobilisations protestataires, les organisations partisanes, l'élaboration des politiques publiques, les procédures dédiées à la consultation des citoyens ou bien encore la gestion des passés politiques conflictuels. Les études rassemblées décloisonnent les approches, les domaines d'études et les disciplines. Elles offrent une mise en perspective comparative qui s'appuie aussi bien sur des cas contrastés que sur divers contextes nationaux (France, Inde, Israël, Italie, Pérou, territoires palestiniens, Turquie)
Christophe Traïni, Fabien Carrié (dir.), S'engager pour les animaux, PUF, 2019, La vie des idées, 108 p.
La 4e de couverture indique que : " Quels sont les ressorts émotionnels, intellectuels et théoriques de l'engagement en faveur des animaux ? Mise en lumière par des scandales sanitaires récents et par la montée en puissance d’associations se réclamant de l’antispécisme et du droit des animaux, la « question animale » a pris ces dernières années en France une importance inédite. Cette problématique est portée dans l’espace public par un ensemble de groupes et d’acteurs qui entendent représenter politiquement les intérêts des animaux à ne pas souffrir au sein des dispositifs d’exploitation. Quels sont les ressorts émotionnels, intellectuels et théoriques de cet engagement ? Le mouvement « animaliste » contemporain constitue-t-il une nouveauté et quelles sont les conditions historiques de son émergence ? En quoi son influence croissante change-t-elle nos perceptions des rapports légitimes entre humains et non-humains ? Quels sont les enjeux et les futurs possibles de cette entreprise singulière de représentation politique ?...."
Christophe Traïni, Martina Avanza, Stéphanie Dechézelles (dir.), Ethnographie politique et comparative des émotions, De Boeckd, 2019, 186 p.
Christophe Traïni, Loïc Blondiaux (dir.), La démocratie des émotions. Dispositifs participatifs et gouvernabilité des affects: dispositifs participatifs et gouvernabilité des affects, Cairn et Presses de Sciences Po, 2018, Domaine Gouvernances, 245 p.
En Inde, le jan sunwai orchestre des règlements de comptes entre fonctionnaires et victimes de l'administration devant un public qui rit, applaudit ou hue. À Grenoble et à Charleroi, les Parlons-en invitent les sans-abris à discuter de leurs difficultés avec leurs concitoyens. Au Chili, la Table de consensus offre aux peuples indigènes spoliés la possibilité de s'épancher auprès des agents du gouvernement… Les pratiques de démocratie participative qui se multiplient à travers le monde afin d'associer les citoyens à la décision sont de hauts lieux d'expression des émotions. Curieusement, la science politique s'est peu intéressée à cette dimension, la considérant comme résiduelle. Pour combler cette lacune, les auteurs ont choisi de révéler son rôle essentiel au sein des conseils de quartier, dialogues citoyens et autres jurys d'assises, ainsi que les interactions constantes entre affects et rationalité. Les cas empiriques qu'ils présentent montrent également que, proscrites ou prescrites selon les effets politiques escomptés, les émotions sont fortement normées dans ces nouvelles arènes de la démocratie, qui doivent bien plus à la volonté des experts de l'ingénierie participative qu'aux élans affectifs spontanés
Christophe Traïni (dir.), Émotions politiques, Presses de Sciences Po, 2017, 130 p.
Christophe Traïni, Johanna Siméant, Johanna Siméant-Germanos, Bodies in Protest. Hunger strikes and Angry music: hunger strikes and angry music, Amsterdam university press, 2016, Protest and social movements, 180 p.
Christophe Traïni, The animal rights struggle, Amsterdam University Press, 2016, Protest and social movements, 206 p.
Présentation de l'éditeur : "Since the early nineteenth century, numerous campaigns have denounced the mistreatment of animals. This book compares the British and French histories of the animal-protection movement to retrace its origins and assess its impact up to the present day. As Christophe Traïni shows, the struggle for animal rights—inextricably linked to the rise of philanthropy and established long before the birth of the ecology movement—developed out of several important social and political processes, including changes in sensibilities and socially approved emotions, new definitions of what constitutes legitimate violence, and the influence of religious beliefs."
Christophe Traïni, La cause animale (1820-1980): Essai de sociologie historique (1820-1980), Cairn et Presses Universitaires de France, 2015, Hors collection, 233 p.
Souvent rabattue sur des stéréotypes réducteurs, la protection animale constitue une cause militante des plus anciennes et complexes. Du début du XIXe siècle jusqu'à nos jours, de multiples entrepreneurs de morale s'indignent du traitement que les hommes réservent aux bêtes et se mobilisent afin de corriger la brutalité de leurs contemporains. D'abord préoccupée par la cruauté à l'égard du bétail, ce n'est qu'à l'issue de longues péripéties que la protection animale s'étend aux animaux de compagnie et, bien plus tardivement encore, aux espèces sauvages et à leurs milieux naturels. En s'appuyant sur une comparaison franco-britannique, cet ouvrage retrace les inflexions successives à l'origine des multiples facettes qui caractérisent, aujourd'hui encore, la protection animale. Indissociables des évolutions de la philanthropie, bien antérieures à l'apparition des mots d'ordre de l'écologie, les mobilisations collectives en faveur du sort des animaux éclairent plusieurs processus cruciaux de notre histoire sociopolitique : évolution des sensibilités et des émotions socialement valorisées définition de la violence légitime constitution des normes visant à réformer les mœurs rivalité des élites se réclamant de diverses formes d'autorité influence des religions sur les engagements militants effets des discriminations de genre
Christophe Traïni, Émotions... Mobilisation !, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Académique
Les émotions sont au cœur de la mobilisation collective : compassion pour les victimes, colère à l'égard des tyrans, admiration des héros, enthousiasme d'agir ensemble, etc. L'objectif est ici d'analyser ces « phénomènes » qui permettent aux militants de sensibiliser le public à leur cause. Modes d’action des intermittents du spectacle ou d’Emmaüs, exaspération des victimes du sida, enthousiasme pour le Téléthon, dénonciation de la double peine, protestation contre la corrida, enrôlement des mères de famille en faveur du parti communiste ou encore attachement du public à la défense du patrimoine historique, la diversité des causes et des registres d’émotion ne manque pas. Mais qu’est-ce qui fait courir les militants et les motive ainsi à payer de leur temps et de leur argent ? Que doit leur engagement à leur histoire ? Comment les convictions les plus profondes et les calculs stratégiques se mêlent, se complètent ou s’opposent ? Que nous apprennent les cas italiens, marocains ou argentins sur le poids des contextes historiques et nationaux ? L’attention accordée aux émotions éclaire d’un jour nouveau les questions classiques de l’étude des mobilisations collectives
Christophe Traïni, La musique en colère, Cairn et Presses de Sciences Po, 2012, Contester
Hymnes nationalistes ou révolutionnaires, musiques folks irlandaises, basques ou kabyles, mouvement pour les droits civiques des Noirs rythmé par le gospel, chants pacifistes, aucune révolte, aucune mobilisation sociale ne semble avoir pu se passer de pratiques musicales. Cet ouvrage analyse les propriétés qui font de la musique un puissant auxiliaire des mobilisations collectives. Au fil des chapitres, des leaders politiques utilisant des armes musicales croisent des artistes qui embrassent des causes militantes, à l'image de Béranger, Joan Baez, les Zebda, Bob Geldof ou des groupes britanniques de la Red Wedge ou de Rock Against Racism. Pour finir, l'auteur rend compte des divers usages sociaux de la musique, et de sa capacité à osciller entre protestation subversive et résignation plus ou moins conformiste
Christophe Traïni (dir.), Émotions... Mobilisation !, Sciences Po, les Presses, 2009, Sciencespo ( Sociétés en mouvement ), 300 p.
Christophe Traïni, La musique en colère, Presses de Sciences Po, 2008, Contester, 122 p.
Christophe Traïni (dir.), Vote en PACA: les élections 2002 en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Éditions Karthala, 2004, 194 p.
Christophe Traïni, Les braconniers de la République: les conflits autour des représentations de la Nature et la politique, Presses universitaires de France, 2003, Politique d'aujourd'hui, 209 p.
Christophe Traïni, L'engagement apolitique: une étude comparative de cas français et italiens, Atelier national de reproduction des thèses, Université Lille 3, 1999, Lille-thèses
Christophe Traïni, Pour une perspective anthropologique du sacré contemporain, 1992, 131 p.
Christophe Traïni, Contribution de Jean Baudrillard aux théories de sciences humaines, 1991
Christophe Traïni, « Les protecteurs des animaux et le droit. Refoulement ou formalisation des émotions ?
», Droit et société , 2014, n° ° 87, pp. 465-482
Cet article interroge la diversité des rapports au droit qui se nouent au cours des processus d’engagement en faveur de la protection animale. Ce faisant, il relève les diverses manières dont le droit se combine aussi bien aux modes d’action que les protecteurs des animaux privilégient afin de défendre leur cause qu’aux sensibilités préalables à leur engagement. Loin d’apparaître dénué de tout ressort affectif, le recours au droit implique une formalisation des émotions grâce à laquelle les griefs des militants apparaissent plus aisément légitimes au sein de l’espace public. Ainsi, la juridicisation des griefs favorise grandement l’accès des protecteurs des animaux aux sphères politico-administratives.
Christophe Traïni, « Entre dégoût et indignation morale : Sociogenèse d'une pratique militante », Revue française de science politique , 2012, n° 62, pp. 559-581
RésuméCet article vise à montrer dans quelle mesure la conversion à l’alimentation végétarienne constitue une matière empirique des plus pertinentes pour la sociologie du militantisme et des mobilisations collectives. Il s’appuie notamment sur 39 entretiens menés auprès de militants de la cause animale qui refusent de consommer de la viande ou d’autres produits tirés de l’exploitation des animaux. Ce matériel empirique permet de préciser les catégories d’analyse indispensables pour prendre en compte les dimensions affectives des engagements militants. La perspective s’applique à décrire au mieux les multiples dimensions complémentaires du travail et des carrières militantes.
Christophe Traïni, « Les émotions de la cause animale : Histoires affectives et travail militant », Politix , 2011, n° ° 93, pp. 69-92
RésuméLe concept de dispositif de sensibilisation vise à assurer l’ancrage empirique de l’étude des supports matériels, des agencements d’objets, des mises en scène que les militants déploient afin de susciter des réactions affectives qui prédisposent ceux qui les éprouvent à s’engager ou à soutenir la cause défendue. En ce qui concerne la cause animale, l’analyse historique et idéal-typique permet d’expliciter dans quelle mesure ces dispositifs peuvent alimenter des registres émotionnels bien distincts. Le premier relève d’une logique « démopédique » qui exalte les visées pédagogiques des précepteurs de la cause animale, le second d’une logique de « l’attendrissement » qui porte des secouristes à remédier à la souffrance immédiate des bêtes dignes d’affection, le troisième d’une logique du « dévoilement » qui conduit des justiciers à dénoncer les activités effroyables qui se trament à l’abri du regard du public. La valorisation de l’un ou l’autre de ces registres émotionnels ne peut être exclusivement envisagée comme le résultat de calculs stratégiques. L’article examine dans quelle mesure les émotions valorisées par les militants prolongent des sensibilités forgées tout au long de leur propre histoire affective. Ce faisant, il s’agit de déjouer les visions réductrices du militantisme et des mobilisations qui résultent des présupposés utilitaristes et stratégiques du modèle dit du processus politique.
Christophe Traïni, « Des sentiments aux émotions (et vice-versa) : Comment devient-on militant de la cause animale ? », Revue française de science politique , 2010, n° 60, pp. 335-358
RésuméLa réintroduction des émotions dans l’analyse des mobilisations collectives requiert de nombreuses précautions méthodologiques. En tout premier lieu, les termes empruntés au langage commun doivent être redéfinis de manière contrôlée. Dans cette optique, les apports récents des neurosciences permettent notamment de bien distinguer « sentiments » et « émotions ». Par ailleurs, des concepts sténographiques, tels ceux de choc moral et de dispositif de sensibilisation, s’avèrent indispensables afin d’assurer l’ancrage empirique de l’enquête. Enfin, l’attention prêtée aux émotions doit viser avant tout la décomposition analytique des différentes opérations qui caractérisent le travail militant. L’article s’appuie sur des observations relevées auprès des militants de la cause animale.
Christophe Traïni, « L'appropriation du rap et du reggae », 2005, pp. 109-126
Cet article s'applique à rendre compte des processus qui ont conduit de jeunes musiciens italiens et français à se présenter comme les porte-parole de causes fortement centrées sur l'histoire des configurations locales au sein desquelles ils sont nés. L'analyse relève toutefois dans quelle mesure ces vocations militantes résultent de processus d'identification à la musique rap ou reggae. C'est ainsi la tentative d'appropriation de ces modèles transnationaux à l'origine jamaïcains et new- yorkais qui favorise la promotion de dialectes régionaux ou bien encore d'un « fil rouge de la mémoire communiste ».
Christophe Traïni, « Territoires de chasse », Ethnologie française , 2004, n° 34, pp. 41-48
RésuméLe rapport aux territoires de chasse est étroitement lié à la manière dont le chasseur valorise sa pratique. L’article décrit comment ce territoire peut être conçu comme lieu d’évasion, unité d’une gestion rationnelle de la chasse, ou comme patrimoine.
Christophe Traïni, « Aficionados et opposants à la tauromachie. Les formes plurielles de la civilisation », 2003, pp. 103-125
Aficionados et opposants à la tauromachie. Les formes plurielles de la civilisation
Christophe Traïni
L'opposition à la tauromachie espagnole constitue incontestablement un cas emblématique des engagements visant à édifier la cause animale. A partir de la théorie de Norbert Elias relative aux processus de civilisation, l'auteur s'efforce de mettre en exergue les économies émotionnelles qui sous-tendent aussi bien la passion des aficionados que les dénonciations virulentes des opposants à la corrida. La vocation comparative que le sociologue allemand a toujours attribuée à sa théorie est rappelée ici avec force afin de rendre intelligible les incompréhensions qui peuvent résulter de différentes modalités d'investissement des valeurs de la civilisation. Cette perspective permet, plus particulièrement, d'expliciter pourquoi et comment le taureau se voit attribué des vertus et un statut des plus divergents.