Vanessa Codaccioni

Maître de conférences
Science politique.
Département de science politique

Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris - Cresppa
  • THESE

    Punir les opposants : une sociologie historique des "procès politiques" : les interactions répressives entre le PCF et l'État (1947-1962), soutenue en 2011 à Paris 1 sous la direction de Frédérique Matonti 

  • Vanessa Codaccioni, Les détecteurs de mensonge: recherche d'aveux et traque de la vérité, Textuel, 2024, Petite encyclopédie critique, 148 p. 

    Vanessa Codaccioni, Justice d'exception: l'État face aux crimes politiques et terroristes, CNRS éditions, 2024, Biblis, 397 p.  

    Qu’ont en commun des activistes de l’OAS, des espions soviétiques, des gauchistes de Mai 68 et de la Gauche prolétarienne, des autonomistes corses, basques et bretons ou des membres d’Action directe ? D’avoir été jugés par la Cour de sûreté de l’État, une juridiction d’exception créée par le général de Gaulle à la fin de la guerre d’Algérie et supprimée par François Mitterrand en 1981. Réservant à des milliers de militants un traitement radical et spécifique (gardes à vue prolongées, arrestations de nuit, jugement par des militaires ou examens psychiatriques), elle illustre une tradition française de justice politique. Or, ces dispositions contre les «ennemis intérieurs» ne disparaissent pas avec la cour au début des années 1980 : elles sont au contraire peu à peu réintégrées dans l’arsenal sécuritaire pour constituer le socle de la lutte antiterroriste. De la répression de l’OAS au jugement des «malfaiteurs terroristes» par une justice dérogatoire au droit commun aujourd’hui, ce livre retrace toute la généalogie de l’antiterrorisme sous la Ve République. Il engage aussi une réflexion plus générale sur les frontières ténues entre justice ordinaire et justice politique, ainsi que sur l’utilisation de dispositifs d’exception en régime démocratique.

    Vanessa Codaccioni, La société de vigilance: auto-surveillance, délation et haines sécuritaires, Textuel, 2021, Petite encyclopédie critique, 158 p. 

    Vanessa Codaccioni, Répression: l'État face aux contestations politiques, Textuel, 2019, Petite encyclopédie critique, 90 p.  

    La 4e de couverture indique : "Il ne se passe pas un seul jour sans que des militants ne soient confrontés à la répression. Violences policières, arrestations, gardes-à-vue et procès rythment aujourd'hui la vie politique et judiciaire. Aucune forme d'indignation politique n'y échappe : des gilets jaunes aux zadistes en passant par les écologistes, les militants solidaires, les féministes, les lycéens ou celles et ceux qui participent à des manifestations de rue, toutes et tous peuvent être confrontés à la police ou à la justice. Pour les acteurs de la répression, ce sont des « casseurs », des « délinquants » ou des « terroristes » qui sont visés. Il s'agit d'un déni stratégique dont l'objectif est d'invisibiliser le caractère politique de cette violence d'État et de nier que ce sont pour leurs idées ou leurs actions que des militantes ou militants sont arrêtés, inculpés ou jugés. En analysant les mécanismes contemporains de la répression, Vanessa Codaccioni dénonce la criminalisation de la contestation politique. Étudiant finement ses principaux dispositifs, elle éclaire l'une de ses logiques majeures : la dépolitisation de l'activisme par son assimilation au terrorisme ou à la criminalité de droit commun."

    Vanessa Codaccioni, La légitime défense. Homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières: homicides sécuritaires, crimes racistes et violences policières, CNRS Éditions, 2018, 250 p.  

    La 4e de couverture indique : "La légitime défense est au coeur de l'actualité politique et judiciaire : multiplication du nombre de femmes battues qui tirent sur leur mari ou leur compagnon violent, mobilisations pour soutenir des commerçants qui ont tué des voleurs, et, plus récemment, facilitation de l'usage des armes par la police dans le cadre du renforcement de la lutte antiterroriste. Si la légitime défense fascine et fait débat - est-elle un permis de tuer ou l'arme du faible ? -, elle a aussi ses partisans radicaux : des militants pro-armes réclamant un "droit de tirer" et un "droit de tuer" ceux qui représenteraient un danger pour eux-mêmes et pour la société. Parallèlement à l'étude de leurs mobilisations, Vanessa Codaccioni se penche sur les grandes affaires de légitime défense depuis la fin des années soixante-dix. Elle montre qu'il s'agit le plus souvent d'homicides sécuritaires, de crimes racistes ou de violences policières, et analyse la manière dont leurs auteurs tentent d'échapper à la justice, notamment par un renversement des figures du coupable et de la victime. Par l'étude socio-historique des homicides "défensifs" et des usages sécuritaires des armes, ce livre explore la manière la plus radicale de se faire justice. Il interroge plus généralement les liens entre politiques du "faire mourir", pouvoir de mort et atteintes au droit à la vie dans les régimes démocratiques."

    Vanessa Codaccioni, Justice d'exception. L'État face aux crimes politiques et terroristes: l'État face aux crimes politiques et terroristes, CNRS Editions, 2015, 316 p. 

    Vanessa Codaccioni, Deborah Puccio-Den, Violaine Roussel (dir.), Des usages politiques de la forme procès: Dossier, L.G.D.J.-Lextenso, 2015, 224 p. 

    Vanessa Codaccioni, Punir les opposants: PCF et procès politiques, 1947-1962, CNRS éditions, 2013, Culture & société, 423 p. 

  • Vanessa Codaccioni, « « La justice a étouffé le mouvement des Gilets jaunes. » », in Emmanuelle Reungoat, François Buton (dir.), Idées reçues sur les Gilets jaunes : un marqueur des luttes sociales contemporaines, Le Cavalier Bleu, 2024, pp. 179-186   

    Vanessa Codaccioni, « L'antiterrorisme français. Un régime d'exception débarrassé des infractions politiques », in Olivier Cahn (dir.), Terrorisme et infraction politiques, Mare & Martin, 2021     

    Vanessa Codaccioni, « Penser la diversité des expériences communistes de la guerre d'Algérie », in Bouaziz, Moula and Kadri, Aïssa and Quemeneur, Tramor (dir.), La guerre d'Algérie revisitée : nouvelles générations, nouveaux regard, Karthala, 2015, pp. 295-306 

  • Vanessa Codaccioni, Marie Rebeyrolle, David Puaud, « Répressions d’état, politiques sécuritaires et stratégies de résistance », 2021  

    En sciences humaines et sociales, les thématiques de la répression et des violences d’État restent majoritairement une affaire d’hommes. Qu’est-ce qui t’a amenée à investir ce terrain de recherche ? Ces thématiques sont effectivement appropriées par les collègues masculins, et très peu de femmes travaillent sur ces questions de la répression ou des violences d’État. Il existe néanmoins des travaux de chercheuses en sociologie ou en science politique, comme ceux d’Hélène Combes (2020 : 463-464...

    Vanessa Codaccioni, « States of exception and their targets: Racialized groups, activists and the civilian population », Comparative Studies of South Asia, Africa and the Middle East, 2020, n°2, pp. 230-236   

    Vanessa Codaccioni, « La justice dans le débat démocratique - La place de l'autorité judiciaire dans l'antiterrorisme : Des juridictions politiques à l'avènement d'une justice d'exception policière et administrative », Les Cahiers de la justice, 2016, n°03, p. 549   

    Vanessa Codaccioni, « Compte rendu de : “J. Bérard, La Justice en procès. Les mouvements de contestation face au système pénal (1968-1983), Presses de Sciences Po, 2013, 296 p.” », Annales. Histoire, Sciences sociales, 2016, n°3, pp. 784-786 

    Vanessa Codaccioni, Deborah Puccio Den, Violaine Roussel, « Des usages politiques de la forme procès », Droit et Société : Revue internationale de théorie du droit et de sociologie juridique, 2015, n°89, p. 222 

    Vanessa Codaccioni, Déborah Puccio-Den, Violaine Roussel, « Les bonnes formes du procès à l'épreuve des mobilisations politiques », Droit et Société : Revue internationale de théorie du droit et de sociologie juridique, 2015, n°89, pp. 9-15 

    Vanessa Codaccioni, « Justice populaire et mimétisme judiciaire. Les maoïstes dans et hors la cour de sûreté de l'État », Droit et Société : Revue internationale de théorie du droit et de sociologie juridique, 2015, n°89, pp. 17-33 

    Vanessa Codaccioni, « Expériences répressives et (dé)radicalisation militante », 2013  

    Dans l’enquête réalisée pour ma thèse de doctorat sur les « procès politiques » communistes pendant le conflit indochinois et la guerre d’Algérie , la répression est apparue comme un élément central du discours communiste, tous les membres du PCF interrogés – une cinquantaine – ayant souligné la véritable « hystérie » anticommuniste des agents de l’État et en particulier de la police, décrite comme brutale, agressive, et qui « tapait facilement  ». Si certains d’entre eux avaient été précisém...

    Vanessa Codaccioni, Nicolas Maisetti, Florent Pouponneau, « Les façades institutionnelles : ce que montrent les apparences des institutions », Sociétés contemporaines, 2012, n°4, pp. 5-15   

  • Vanessa Codaccioni, Julien Talpin, Antonio Delfini, Marie-Hélène Bacqué, Romain Badouard [et alii], Une citoyenneté réprimée. 100 cas de restrictions des libertés associatives, 12 pistes pour mieux les protéger, 2020, 49 p.   

  • Vanessa Codaccioni, « Quel avenir pour le jury criminel ? », le 04 octobre 2023  

    Colloque organisé par le CRJ de l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis sous la direction de Benjamin Fiorini, Maitre de conférences à l’université Paris 8

    Vanessa Codaccioni, « Les pouvoirs parlementaires et politiques en temps de crise et d’exception », le 21 septembre 2022  

    Organisé par la section française de la CIHAE et le Comité d’histoire parlementaire et politique (CHPP), avec la Société française d’histoire politique, le laboratoire POLEN (Pouvoirs, lettres, normes) Université d’Orléans, le CEMMC – Université de Bordeaux Montaigne et le CMMC – Université de Nice Côte d’Azur

    Vanessa Codaccioni, « Procès politiques : tremplin ou tribune pour l'opposition ? », le 25 novembre 2021  

    Organisé par le laboratoire POLEN-CEPOC (Université d’Orléans) et le CHPP (Comité d’histoire parlementaire et politique), avec le soutien du Cercle Jean Zay et du CERCIL

    Vanessa Codaccioni, Charif Elalaoui, Christèle Dondeyne, Raphaël Challier, « Conférence semi-plénière : Les "Gilets jaunes" : enquêtes de terrain et enjeux théoriques », 9ème Congrès de l’AFS : Changer ?, Lille, le 06 juillet 2021   

    Vanessa Codaccioni, « Le Conseil d’Etat et les libertés : remise en perspective historique », le 09 décembre 2020  

    Séminaire alternatif virtuel co-organisé par Paul Cassia, Stéphanie Hennette-Vauchez, Olga Mamoudy et Serge Slama

    Vanessa Codaccioni, « La routinisation de l'état d'urgence ? », le 27 mai 2019  

    Organisé par la section LDH de l’EHESS, l’ISP - Université Paris Nanterre/CNRS et la section LDH de l'Université Paris Nanterre

    Vanessa Codaccioni, « Etat d'urgence : quand l'exception devient la règle ? », le 25 janvier 2018  

    Conférence-débat organisée par le Département de science politique de la Faculté de droit et de science politique, Université de Montpellier

    Vanessa Codaccioni, « Surveiller et punir : relectures, usages, actualisations », le 17 janvier 2018  

    Séminaire de relecture de « surveiller et punir » de Foucault

    Vanessa Codaccioni, « Pour une histoire publique de la justice », le 14 décembre 2017  

    Pour ouvrir une réflexion collective au croisement des humanités numériques et de l’histoire de la justice

    Vanessa Codaccioni, « Terrorisme et infraction politique », le 16 novembre 2017  

    Journée d’étude organisée sous la direction de Julie Alix et Olivier Cahn

    Vanessa Codaccioni, « État d’urgence : usages contemporains et évolution des normes », le 26 octobre 2017  

    Organisé par Pierre Crétois, Sophiapol et Caroline Guibet Lafaye, Centre Émile Durkheim

    Vanessa Codaccioni, « De la dictature à l’état d’exception », le 16 octobre 2017  

    Organisé par Marie Goupy, MCF, ICP, Directrice de programme au Collège International de philosophie, et Yann Rivière, Directeur d’études à l’EHESS, avec le soutien de l'IEA de Paris, du Collège International de philosophie et de l'EHESS

    Vanessa Codaccioni, « Procédure ordinaire, procédure extraordinaire », le 23 juin 2017  

    Organisé par l’Association française des jeunes historiens du droit (AFJHD), (Rachel Guillas, Kouroch Bellis, Benoît Alix, Alexandre Mimouni), en partenariat avec l’Association des historiens du droit de l’Ouest

    Vanessa Codaccioni, « Les ressorts de l'extraordinaire. Police et justice dans la fabrique de l'exception », le 30 mars 2017  

    Colloque organisé par le CTHDIP

    Vanessa Codaccioni, « Le droit politique d’exception, pratique nationale et sources internationales », le 08 décembre 2016  

    Autour de l’état d’urgence français

  • Vanessa Codaccioni, 3ème session 

    Vanessa Codaccioni, Rendez-Vous de Pouchet - annonce du 11-04-2016 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Malika Danoy, Des États-Unis à la Corne de l’Afrique : le programme de « restitutions extraordinaires » ou l'expansion d'un pouvoir chasseur dans la lutte antiterroriste, thèse soutenue en 2021 à Paris 8 en co-direction avec Bertrand Guillarme, membres du jury : Wanda Mastor (Rapp.), Karine Parrot (Rapp.), Philippe Bonditti et Didier Bigo  

    A la suite des attentats du 11 septembre 2001 et dans le cadre du volet clandestin de la « guerre contre la terreur », les États-Unis développent un programme secret du nom de « programme de restitutions extraordinaires » dont l’objectif est la capture, le transfert par avion et la détention de suspects de terrorisme dans des prisons hors du territoire américain, disséminées à l’échelle internationale. Dans notre thèse, qui constitue la première étude approfondie du programme de restitutions en langue française, nous analysons l’économie mondialisée de la répression qui le sous-tend. Elle se caractérise par une dynamique expansionniste qui, entre 2002 et 2008, organise un vaste réseau répressifs articulé autour de points fixes : les centres de détention, reliés entre eux par les flux des vols de restitutions quadrillant la quasi-totalité du globe. Par la suite, la logique expansionniste du programme de restitutions le conduit, à partir de 2007, à s’exporter vers de nouveaux terrains dans la Corne de l’Afrique où, les acteurs locaux au nom de la lutte antiterroriste régionale, intègrent dans leur répertoire répressif la pratique des restitutions et en renouvellent l’usage. L’étude de la pratique américaine et africaine des restitutions nous permet ainsi de saisir ce dispositif répressif dans sa globalité et de mettre en avant la rationalité hautement cynégétique qui se trouve au fondement de la lutte antiterroriste.

  • Anthony Pregnolato, Rébellions urbaines et mobilisations contre les violences policières dans la région parisienne (2005-2018), thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Pascale Laborier et Abdellali Hajjat, membres du jury : Fabien Jobard (Rapp.), Andrea Rea et Myriam Aït-Aoudia    

    Ce travail étudie un espace des mobilisations contre les violences policières constitué de familles de victimes, de militant·es et de collectifs qui prennent pour objet de lutte – exclusive ou non – les violences policières à travers une diversité de modes d’action. Il articule une sociologie de l’action collective, de la police, de la justice, de la domination et des discriminations raciales, et repose sur une enquête par observations ethnographiques, entretiens et travail d’archives. En interrogeant le passage de « l’émeute » à l’action non-violente, la thèse montre comment l’expérience des violences policières et des rébellions urbaines constitue des instances de politisation. Elle interroge l’usage du droit par les familles de victimes et les processus de (dé)légitimation de l’usage de la force publique. En mettant en lumière l’improbabilité de la reconnaissance publique et institutionnelle des violences policières, l’enquête montre que même lorsque la condamnation advient, le fait d’assurer la fonction policière atténue la sanction pénale. Elle analyse aussi comment l’expérience de ces procédures judiciaires participe à la politisation et à l’engagement en tant que et au nom des familles de victimes qui contribuent, avec des miliant·es, à la construction d’une cause. Essentiellement inscrite dans l’histoire des luttes de l’immigration post-coloniale et des quartiers populaires, la cause contre les violences policières se généralise au sein des anarchistes, de la gauche radicale et d’une partie de la gauche durant la décennie 2010. L’étude des alliances et conflits a permis de mettre en évidence les luttes de (re)définition de la cause, de son « autonomie » et de sa représentation politique, à l’intersection des catégories de classe, de race et de territoire.

    Théophile Lavault, La fabrique de l’étranger intérieur : généalogie d'une gouvernementalité coloniale, thèse soutenue en 2019 à Paris 1 sous la direction de Judith Revel, membres du jury : Guillaume Le Blanc (Rapp.), Magali Bessone et Frédéric Gros  

    Cette thèse vise à constituer la généalogie d’appareils coloniaux de capture et de gouvernement de l’altérité depuis la conquête de l’Algérie jusqu’aux formes contemporaines de contrôle de l’immigration. On y suit les conditions d’élaboration et de réagencements successifs du pouvoir militaro-pastoral exercé par les« officiers sociaux » de l’armée coloniale en Algérie, au Maroc, mais aussi en métropole. Ce travail s’inscrit dans une volonté de poursuivre sur d’autres terrains le projet foucaldien d’une histoire des gouvernementalités. Sont interrogés les mécanismes à l’œuvre dans la fabrique d’une figure inhérente à la construction de notre modernité politique : celle de l’étranger intérieur. Une figure qui, par son historicité propre, invite à penser, au-delà de la frontière du national et de l’étranger, les modes de sujétion des « populations autres ». De « l’indigène » au « musulman », du « Français musulman d’Algérie » au « travailleur immigré », tout un foyer d’énonciation de l’altérité se laisse voir dans les archives et permet de tracer la généalogie coloniale d’un pouvoir qui vise, au-delà de la normalisation des corps et des comportements, à transformer les psychés des sujets gouvernés, à élaborer une psychopolitique.

    Guillaume Neveu, Surveiller et ficher. La veille sur l'ordre national de l'entre-deux-guerres à travers les archives de renseignement politique de la Seine-Inférieure (76), thèse soutenue en 2018 à Normandie sous la direction de Michalis Lianos, membres du jury : Alexander Neumann (Rapp.), Yannick Marec et Jean-Luc Nahel  

    La prolifération contemporaine des techniques de surveillance tend à affirmer l’idée répandue que la nécessité institutionnelle de cumuler du savoir sur les populations serait un phénomène contemporain, ce que le recourt à la démarche socio-historique permet de déconstruire. La recherche menée dans les fonds préfectoraux des Archives Départementales de la Seine-Maritime, complétée par la consultation du « fonds de Moscou » a permis d’inscrire cette recherche au sein d’une étape constructiviste de l’analyse des sociétés de surveillance. Le corpus constitué majoritairement des fichiers de la police spéciale durant l’entre-deux-guerres interroge l’interdépendance entre la notion foucaldienne d’espace de sécurité et celle d’espace public, ou plutôt d’espaces publics. Résultat d’une forme de gouvernement de l’opinion, la veille proactive des espaces publics se développant en marge de l’espace public bourgeois était une nécessité afin de maintenir l’ordre républicain en cas de conflits entre ces espaces – comme ce fut le cas entre les militants des ligues d’extrême droite et de ceux qui se sont ralliés derrière la bannière de l’antifascisme. Un aspect de cette démarche est la régulation d’une parole prolétarienne, instrumentalisée par les acteurs principaux des institutions communistes et syndicales. Des individus suivis en fonction de leur influence sur les masses, de leurs actes, discours et propagandes dont la résultante en termes de jugement policier se fait en fonction de la préservation de la communauté nationale, par la désignation d’un ennemi de l’intérieur, étranger au sein du corps social et susceptible de propager une parole illégitime au sein de la population.

  • Renata Mustafina, Against impossible odds : defensive legal mobilization in russian protest-related prosecutions (2012-2017), thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Gilles Favarel-Garrigues, membres du jury : Kathryn Hendley (Rapp.), Liora Israël (Rapp.), Sida Liu et Lauren McCarthy  

    Cette thèse interroge les poursuites politiques en Russie d’avant guerre (2012-2017). Elle les approche « par le bas » en s’intéressant aux formes de résistance par le droit à la répression et à l’inventivité des acteurs qui disposent d’une petite marge de manœuvre dans un contexte hautement répressif. La question de recherche qui guide cette thèse est la suivante : à quoi ressemble la résistance par le droit et la défense juridique dans un contexte où un verdict de culpabilité est presque certain ? Fondé sur une enquête qualitative auprès des intermédiaires du droit, des défenseurs professionnels et non professionnels ainsi que des prévenus (entretiens, ethnographie, analyse de documents), ce travail étudie le traitement judiciaire des manifestants après les grandes protestations d’opposition en 2011-2012 et en 2017. Suivant les manifestants depuis les rues jusqu'au tribunal, la thèse découvre un système répressif à deux volets qui s’appuie sur les infractions « administratives » et sur la chaîne pénale pour punir les manifestants. L’analyse des acteurs de la défense, situés au croisement de l’écologie de l’activisme des droits de l’homme et celle de la profession juridique, fait apparaître une lutte autour de ce qui constitue une « bonne » défense, les stratégies de politisation cédant le terrain au modèle de défense technico-juridique. La fascination des acteurs pour le droit -constamment manipulé mais permettant d’obtenir parfois une peine plus légère - participe à la montée de l’expertise juridique dans le domaine des droits de l’homme. Cela conduit in fine à la normalisation de la répression étatique qui tend à se réduire aux batailles techniques dans le prétoire.

    Corentin Lahu, La solidarité comme arme : le Secours rouge international, une organisation de défense face à la répression du mouvement communiste (1918-1934), thèse soutenue en 2022 à Bourgogne FrancheComté sous la direction de Jean Vigreux, membres du jury : Antony Todorov (Rapp.), Stéfanie Prezioso (Rapp.), Marco Di Maggio  

    Aux lendemains de la Première Guerre mondiale, une importante vague anticommuniste et répressive déferle sur le continent européen, après l’écrasement des tentatives d’exporter depuis la Russie le souffle révolutionnaire bolchevique. Dans ce contexte, l’Internationale communiste fonde, lors de son 4e congrès en 1922, le Secours rouge international (SRI), une organisation auxiliaire spécifiquement chargée de l’aide aux militants révolutionnaires victimes de la répression. Sa section française, qui voit le jour l’année suivante, organise le soutien matériel, moral et judiciaire aux inculpés et aux prisonniers, tout en portant sur le terrain politique le combat en faveur de l’amnistie. Le SRI est aussi l’un des principaux acteurs de la mise en application concrète d’un internationalisme prolétarien et révolutionnaire. Il est l’organisateur de grandes campagnes transnationales de solidarité qui, de la dénonciation dans les années 1920 de la terreur blanche dans les Balkans à la mobilisation populaire en faveur de l’Espagne républicaine en 1936, rythment l’entre-deux-guerres. Ardent défenseur du droit d’asile, il participe aussi à l’accueil des réfugiés politiques, des premiers antifascistes italiens aux victimes du nazisme en Allemagne. Son intervention dans les territoires périphériques sous administration coloniale, en appui aux milieux indépendantistes et révolutionnaires, ne fait que renforcer la défiance dont le SRI fait l’objet auprès des autorités. Marqué par les inflexions stratégiques du Komintern, le Secours rouge exerce aussi une fonction sociale de premier plan. Il participe à la socialisation militante et sert de vecteur de diffusion de l’influence communiste dans la société. Organisation majeure de la galaxie communiste, le Secours rouge deviendra en 1936, face aux enjeux du Front populaire, le Secours populaire de France (ancêtre du Secours populaire français actuel).

    Clément Beunas, La construction de la lutte contre la radicalisation en France : préconisations et déclinaisons d'une nouvelle prérogative d'État (2009-2019), thèse soutenue en 2022 à Université de Lille 2022 sous la direction de Dietmar Loch et Grégory Salle, membres du jury : Evelyne Baillergeau (Rapp.), Laurent Bonelli (Rapp.), Gilles Chantraine    

    À la suite des attentats perpétrés en France au cours des années 2010, la notion de « radicalisation » s’est imposée comme un nouveau lieu commun en matière de lutte contre le terrorisme. Elle a suscité une foisonnante littérature académique, d’intenses débats médiatiques, de multiples déclarations politiques et un important travail parlementaire, en même temps qu’elle a été déclinée sous la forme de politiques publiques déployées sur l’ensemble du territoire national. Pourtant, malgré un intense travail discursif et scriptural, la radicalisation peine à être appréhendée sur des bases stables et partagées. Comment construit-on un ensemble de préconisations politiques et médiatiques à partir d’une notion dénuée de toute définition consensuelle ? Et que se passe-t-il lorsque, de préconisations, la lutte contre la radicalisation se transforme en routines professionnelles ? Pour répondre à ces questions, ce travail s’appuie sur une méthode combinant une analyse des discours publics et une enquête de terrain menée à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). En étudiant, à l’aide de quatre corpus de discours publics, les recommandations émises dans les champs politique et médiatique, il revient sur les modalités d’apparition de cette prérogative, restitue les modes de prise en charge et les publics ciblés par ces ambitions. En analysant la déclinaison de la lutte contre la radicalisation à la PJJ au moyen d’entretiens et d’observations, il relève les tensions, les paradoxes et les bouleversements professionnels engendrés par l’apparition de ce nouveau mot d’ordre.

    Guillaume Guidon, De la défense révolutionnaire. Une lecture transversale des années 1970 italiennes à travers le prisme du Soccorso Rosso (1969-1980), thèse soutenue en 2017 à Université Grenoble Alpes ComUE sous la direction de Marie-Anne Matard-Bonucci, membres du jury : Frédéric Attal (Rapp.), Olivier Forlin et Monica Galfré  

    Au cours des années 1970, l’Italie fut confrontée à une violence politique et sociale d’intensité particulière. Pendant cette période, le monde de la justice fut exposé à plus d’un titre. Non seulement magistrats et avocats furent impliqués dans les procédures judiciaires visant les protagonistes de la violence mais leur action fut également au cœur de controverses, les uns étant accusés d’être au service d’un État autoritaire ou répressif quand les autres étaient mis en cause pour d’éventuelles complicités avec les militants incriminés. Dans le même temps, de nombreux groupes de la gauche révolutionnaire décidèrent d'occuper le soutien de l'anti-répression et du soutien aux prisonniers politiques. Parmi ces organismes politiques, le Soccorso Rosso s'est imposé comme le principal, de par sa longévité, sa présence diffuse sur le territoire italien et l'implication de différents univers et couches sociales en son sein. De l'engagement d'intellectuels et de nombreux "avocats-militants" à la politisation des procès, en passant par les problématiques d'une lutte contre la prison ou d'une solidarité avec les détenus issus de la lutte armée, la trajectoire du Soccorso Rosso nous permet de traverser cette décennie d'une histoire encore en chantier afin de relire la période à travers la question de la répression pour comprendre la nature et la signification de la crise que connut l’Italie au cours de ces années.