Philippe Raynaud

Professeur
Science politique.
Université Paris Panthéon-Assas

Institut Michel Villey pour la Culture Juridique et la Philosophie du Droit
  • THESE

    Comprehension et politique dans l'oeuvre de max weber, soutenue en 1987 à Reims sous la direction de Miguel Abensour 

  • Philippe Raynaud, Victor Hugo: la révolution romantique de la liberté, Gallimard, 2024, Des Hommes qui ont fait la France, 116 p.    

    Aucun poète, aucun écrivain n'a autant contribué à faire la France. L'œuvre de Victor Hugo exprime les espérances, les mutations et les divisions du siècle. Le talent éclatant de sa jeunesse coïncide avec un royalisme ardent mais finalement superficiel. C'est au moment de la « bataille d'Hernani » qu'il trouve définitivement sa voie en affirmant l'unité indissoluble du mouvement romantique et de la cause du progrès politique. Quand éclate la révolution de 1848, il est déjà la parfaite incarnation du grand écrivain national, auteur admiré de Notre-Dame de Paris, de Ruy Blas, des Voix intérieures… C'est aussi un notable littéraire, académicien et homme politique reconnu dont la proximité avec Louis-Philippe ne contredit pas les inclinations progressistes. C'est sous la IIe République que sa philosophie politique acquiert ses traits définitifs : elle est libérale, démocratique, humanitaire et sociale. Après le coup d'État du 2 décembre 1851, le choix de l'exil donne à son engagement républicain une portée légendaire et une autorité morale sans égale. Ce sont les années de ses plus grands chefs-d'œuvre, Les Contemplations, La Légende des siècles, Les Misérables surtout, « un livre-monde », écrit Philippe Raynaud, où se mêlent les idées et les passions qui travaillent l'esprit national : la religion, la question sociale, les rapports tumultueux entre la révolution et la démocratie. Revenu en France, Victor Hugo sera la conscience critique de la IIIe République, qui le reconnaîtra comme le grand poète de la France, jusqu'à l'apothéose de ses funérailles nationales.

    Philippe Raynaud (dir.), De la démocratie en Amérique, Flammarion et Cairn, 2023, G.F., 302 p.  

    « J'avoue que dans l'Amérique j'ai vu plus que l'Amérique ; j'y ai cherché une image de la démocratie elle-même, de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions. » La gloire de Tocqueville n'est pas seulement celle d'un analyste politique exceptionnel ; c'est aussi, depuis la redécouverte de son œuvre, celle d'un philosophe politique qui serait en même temps un classique de la sociologie, et qui pourrait aider à comprendre les problèmes qui se posent constamment dans les démocraties modernes. L'égalité des conditions, l'individualisme, le « despotisme » démocratique, les relations entre maîtres et serviteurs, l'esprit de liberté et l'esprit de religion, autant de notions qui dessinent aujourd'hui encore les contours d'une philosophie de la démocratie

    Philippe Raynaud, Le juge et le philosophe: Essais sur le nouvel âge du droit, Armand Colin et Cyberlibris, 2022, 320 p.    

    Sommes-nous entrés dans un nouvel âge du droit ? L'échec des idéologies qui ont endeuillé le XXe siècle en niant le droit, ou en l'instrumentalisant au service de la violence (de classe, de race, d'État), a conduit à la reconnaissance de la valeur absolue des droits de l'homme et de l'État de droit. Ce tournant a eu des effets profonds et durables, mais il fait apparaître de nouveaux défis. Dans l'ordre interne, le progrès du droit semble incontestable, mais le sentiment de l'impuissance du politique n'a sans doute jamais été aussi fort ; quant au système international, l'idée d'un effacement des logiques de puissance devant le règne du droit est fortement remise en question par les nouveaux conflits. Quelle place occupera le droit dans la démocratie au XXIe siècle ? Pour Philippe Raynaud, il ne s'agit pas d'opposer le droit à la politique, mais plutôt d'étudier les relations complexes qui les unissent. Il examine la pensée des auteurs anciens (Platon, Aristote), modernes (Hobbes, Kant) ou contemporains (Kelsen, Dworkin, Habermas), tout en proposant une analyse éclairante des controverses actuelles, en Europe et aux États-Unis, sur l'indépendance et le pouvoir des juges, la repentance et la mémoire ou encore l'émergence de nouveaux droits. Cette nouvelle édition a été augmentée d'une importante contribution sur la question du scepticisme comme fondement de la démocratie.

    Philippe Raynaud, La laïcité: Histoire d'une singularité française, Cairn et Gallimard, 2021, L'esprit de la cité 

    Philippe Raynaud, Max Weber et les dilemmes de la raison moderne, Cairn et Presses Universitaires de France, 2020, Recherches politiques 

    Philippe Raynaud, La laïcité: Histoire d'une singularité française, Gallimard, 2019, L'esprit de la cité, 242 p.   

    Philippe Raynaud, Arnaud Sorosina (dir.), De la démocratie en Amérique, Maury impr. et Flammarion, 2019, GF, 272 p.    

    "Du voyage en Amérique qu'il effectue au début des années 1830, Tocqueville tire ce qui deviendra, dans la riche littérature politique du XIXe siècle, l'une des œuvres les plus lues et les plus commentées. Car l'étude des institutions de la jeune république américaine lui inspire une véritable philosophie de la démocratie, toujours nuancée et souvent visionnaire. Comment accorder l'égalité et la liberté, exigence centrale pour un régime démocratique ? Quels sont les effets pervers de ce système politique et les moyens de s'en prémunir ? Les réponses de Tocqueville à ces questions essentielles n'ont cessé de nourrir les réflexions des générations ultérieures, jusqu'à trouver leurs prolongements dans les débats citoyens d'aujourd'hui."

    Philippe Raynaud, L'esprit de la V: L'histoire, le régime, le système, Cairn et Éditions Perrin, 2019, Synthèses Historiques 

    Philippe Raynaud, Emmanuel Macron : une révolution bien tempérée, Desclée de Browers, 2018, 200 p.   

    Philippe Raynaud, L'esprit de la Ve République: L'histoire, le régime, le système, Éditions Perrin, 2017, 288 p.   

    Philippe Raynaud, François Furet, Antoine Liniers, Terrorisme et démocratie, Cairn et Fayard, 2016, Fondation Saint-Simon 

    Philippe Raynaud, Michel Foucault: philosophie, histoire, politique et littérature,, 2016, 15 p. 

    Philippe Raynaud (dir.), Opuscules sur l'histoire, Flammarion, 2014, GF, 245 p. 

    Philippe Raynaud, Alain Blondiaux, Jean-Michel Helvig, Jean-Pierre Le Goff, Pascal Perrineau [et alii], Où va notre démocratie ?, Éditions de la Bibliothèque publique d’information et OpenEdition, 2014 

    Philippe Raynaud (dir.), De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s'y rallier Des réactions politiques Des effets de la Terreur , Flammarion, 2013, Champs ( Classiques ), 206 p. 

    Philippe Raynaud, La politesse des Lumières: les lois, les moeurs, les manières, Gallimard, 2013, L'Esprit de la cité, 294 p.  

    Les Lumières n'ont pas inventé la civilité ni la politesse, mais elles leur ont donné une portée morale et philosophique radicalement nouvelle. En célébrant la civilité, elles expriment une confiance nouvelle dans la nature humaine. Mais ces promesses recouvrent une sourde inquiétude : les formes les plus raffinées de la civilité peuvent aussi dissimuler le mensonge et favoriser la domination. Au XVIIIe siècle, c'est la France qui incarne avec éclat cette figure ambivalente d'une civilité brillante mais pour certains hypocrite, voire immorale, que l'on appelle la politesse. Montesquieu, Voltaire, Hume, Rousseau, Kant, Madame de Staël : tous voient dans la politesse française la fine fleur de la civilité moderne, s'interrogent sur la valeur de ce qu'on commence alors à appeler civilisation. C'est cette "conversation" que Philippe Raynaud restitue dans toute sa richesse. Il rappelle l'affinité native des manières françaises avec la monarchie absolue, que tout oppose à la simplicité des moeurs de la libre Angleterre. Il retrace la longue complicité, à la ville comme à la Cour, entre la civilité et le "règne des femmes". Il rend sensible la relation intime des lois, des moeurs et des manières. Le temps des salons est passé et ne reviendra pas, mais les questions politiques et morales qu'il avait mises à jour demeurent encore les nôtres.

    Philippe Raynaud (dir.), L'Humaine condition, Gallimard, 2012, Quarto, 1049 p. 

    Philippe Raynaud, Claude Habib (dir.), Malaise dans la civilité ?, Perrin, 2012, Collection tempus, 202 p.   

    Philippe Raynaud, Gil Delannoi, Pascal Hintermeyer, Pierre-André Taguieff (dir.), Julien Freund: La dynamique des conflits, Berg International Éditeurs, 2011, Dissonances, 314 p. 

    Philippe Raynaud, L'extrême gauche plurielle: entre démocratie radicale et révolution, Perrin, 2010, Collection Tempus, 272 p. 

    Philippe Raynaud (dir.), De la démocratie en Amérique, GF Flammarion, 2010, G.F., 302 p. 

    Philippe Raynaud (dir.), De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s'y rallier Des réactions politiques Des effets de la Terreur , Flammarion, 2009, Champs ( Classiques ), 188 p.   

    Philippe Raynaud, Trois révolutions de la liberté: Angleterre, Amérique, France, Presses universitaires de France, 2009, Léviathan, 386 p. 

    Philippe Raynaud, Le juge et le philosophe: essais sur le nouvel âge du droit, Armand Colin, 2008, Le temps des idées, 288 p. 

    Philippe Raynaud, Pierre C Bellanger, Jamil Dakhlia, Bénédicte Delorme-Montini, Christian Delporte [et alii], Penser la société des médias, Gallimard, 2006, 192 p. 

    Philippe Raynaud, L'extrême gauche plurielle: entre démocratie radicale et révolution, Autrement, 2006, Collection CEVIPOF-Autrement, 201 p. 

    Philippe Raynaud, Stéphane Rials (dir.), Dictionnaire de philosophie politique, 3e éd., Presses universitaires de France, 2003, Quadrige ( Dicos poche ), 892 p. 

    Philippe Raynaud, Mona Ozouf, Alain Finkielkraut, Les aveux du roman, Tricorne et France culture, 2002, Répliques, 63 p. 

    Philippe Raynaud, Patrick Brantlinger, Yves Darcourt Lézat (dir.), Le multiculturalisme en quête d'universalité ?, Editions Sapientia, 2002, 131 p. 

    Philippe Raynaud, Élisabeth Zoller (dir.), Le droit dans la culture américaine: [actes d'un colloque organisé par le Centre de droit américain de l'Université Panthéon-Assas (Paris II), le 16 mars 2001], Éd. Panthéon-Assas et diff. LGDJ, 2001, Droit comparé, 177 p.   

    Philippe Raynaud (dir.), Philosophie politique, PUF, 1999, 156 p. 

    Philippe Raynaud, Les nouvelles radicalités, Fondation Saint-Simon, 1999, Notes de la Fondation Saint-Simon, 49 p. 

    Philippe Raynaud (dir.), Philosophie ancienne, PUF, 1999, 142 p. 

    Philippe Raynaud, Philippe Raynaud, Stéphane Rials, Stéphane Rials (dir.), Dictionnaire de philosophie politique, 2e éd., Presses universitaires de France, 1998, 776 p.   

    Philippe Raynaud, Max Weber et les dilemmes de la raison moderne, Presses universitaires de France, 1996, Quadrige, 217 p.   

    Philippe Raynaud, La démocratie saisie par le droit, Fondation Saint-Simon, 1995, Notes de la Fondation Saint-Simon, 36 p. 

    Philippe Raynaud, Régis Debray, Marc Fumaroli, Yan Thomas, Alain Guéry [et alii], Dictature de l'image?, Gallimard, 1993, 192 p. 

    Philippe Raynaud, Stéphane Rials (dir.), Une prudence moderne ?, Presses universitaires de France, 1992, Politique d'aujourd'hui, 154 p.   

    Philippe Raynaud, Louis Dumont, Tzvetan Todorov, Mary Douglas, Vincent Descombes [et alii], Philosophie et anthropologie: [Séminaire tenu à Paris, au Centre Georges-Pompidou], Centre Georges Pompidou, 1992, Espace international philosophie, 190 p.   

    Philippe Raynaud (dir.), Opuscules sur l'histoire, GF Flammarion, 1990, GF, 245 p.   

    Philippe Raynaud, Paul Thibaud, La fin de l'école républicaine, Calmann-Lévy, 1990, Liberté de l'esprit, 228 p.   

    Philippe Raynaud (dir.), De la forme du gouvernement actuel de la France ..., Champs, 1988 

    Philippe Raynaud, Max Weber et les dilemmes de la raison moderne, Presses universitaires de France, 1987, Recherches politiques, 217 p.   

    Philippe Raynaud, LES PROTHESES DENTAIRES MIXTES, LES COURONNES SUPPORT DE CROCHET,, 1986, 142 p. 

    Philippe Raynaud, François Furet, Antoine Liniers, Terrorisme et démocratie, Fayard, 1985, 226 p.   

    Philippe Raynaud, Les origines intellectuelles du terrorisme, Fondation Saint-Simon, 1983, Notes de la Fondation Saint-Simon (Dossier), 83 p. 

    Philippe Raynaud, Recherche sur le texte et l'avant-texte: édition critique et genèse de "Diegopolis" de Y. Buin (1975),, 1976 

  • Philippe Raynaud, « Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre », Ouvrage collectif sous la direction de Pascal Perrineau, Le vote clivé. Les élections présidentielle et législatives d’avril et juin 2022, PUG - Presses Universitaire de Grenoble, 2022   

    Philippe Raynaud, « Introduction », Ouvrage collectif sous la direction de Deborah Furet, L'Abécédaire de François Furet, Éditions de l'Observatoire, 2022, pp. 15-30   

    Philippe Raynaud, « Libéralisme et républicanisme en France et aux États-Unis », Ouvrage collectif sous la direction de Denis Maillard, Gilles Clavreul, Jean-François Dunyach et Nathalie Wolff, Laurent Bouvet, portrait d'un intellectuel engagé, Éditions de l'Observation, 2022   

    Philippe Raynaud, « John Stuart Mill et la question de l’institution de la liberté », Article du colloque "Les équivoques de l’institution : normes, individu et pouvoir" organisé par l'Institut Michel Villey, Université Paris II - Panthéon-Assas le 31 mai et 1er juin 2018., Les Équivoques de l’institution Normes, individu et pouvoir, Classiques Garnier, 2021   

    Philippe Raynaud, « Préface. »: Poésie et philosophie, Ouvrage de Allan Bloom, avec la collaboration de Harry V. Jaffa, La pensée politique de Shakespeare, Armand Colin, 2021, pp. 5-23   

    Philippe Raynaud, « Réflexions sur la question populiste », Ouvrage collectif sous la direction de Piero Ignazi et Dominique Reynié, La vie politique. Pour Pascal Perrineau, Presses de Sciences Po, 2021   

    Philippe Raynaud, Ph Raynaud, St Rials, Jean-Marc Ferry, « La subjectivité », in PUF (dir.), Dictionnaire de philosophie politique, 1996 

    Philippe Raynaud, Ph Raynaud, St Rials, Jean-Marc Ferry, « La rationalisation habermassienne de la prudence », in PUF (dir.), Une Prudence moderne ?, 1992 

  • Philippe Raynaud, Gil Delannoi, Alain Policar, Pierre-André Taguieff, Paul Thibaud, « Quand l'Europe renie son passé »: Sur le retrait de la citation de Périclès des traités constitutionnels européens, Commentaire, Commentaire SA, 2004, n°107 

    Philippe Raynaud, « L'emploi public est tiré par la fonction publique territoriale », Institut national de la statistique et des études économiques, Paris : Institut national de la statistique et des études économiques et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2003, pp. 75-92    

    L’emploi public est tiré par la fonction publique territoriale Entre 1980 et 2001, l’emploi public a augmenté presque deux fois plus vite que l’emploi total (23 % contre 13 %). Cette forte croissance repose en majeure partie sur la fonction publique territoriale (FPT) (+ 38 %) et dans une moindre mesure sur la fonction publique hospitalière (FPH) (+ 28 %), alors que la fonction publique de l’État (FPE) augmentait à un rythme voisin de celui de la population active (+ 15 %). Sur cette période, l’emploi des non-titulaires a reculé dans la FPT, celle des trois fonctions publiques qui compte le plus d’agents de cette catégorie (un sur cinq fin 2001). En revanche, il a progressé dans les hôpitaux, compensant ainsi le développement du temps partiel chez les titulaires. La FPE reste de loin le plus gros employeur public: elle représente plus d’un emploi public sur deux, dont neuf sur dix relèvent des ministères, les autres dépendant d’établissements publics nationaux à caractère administratif (EPA). L’Éducation nationale emploie un agent de l’État sur deux et représente deux tiers de la croissance des effectifs de l’État. Les transferts de mission des ministères à des EPA se traduisent au contraire par une diminution des effectifs de certains d’entre eux (Affaires étrangères, Équipement). La croissance relativement mesurée de la FPE s'est accompagnée d'une progression de la part des emplois de catégorie A de plus en plus fréquemment tenus par des femmes. Cette féminisation accrue des emplois explique en partie la progression du temps partiel. Celle-ci est également liée au vieillissement des effectifs, plus accentué que dans le secteur privé et dans les deux autres fonctions publiques, et au développement des cessations progressives d’activité qui en est résulté.

    Philippe Raynaud, Sylvain Bourmeau, Dominique Cardon, Jean-Philippe Heurtin, « La gloire, c'est la galère », Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1988, pp. 55-71    

    Bourmeau Sylvain, Cardon Dominique, Heurtin Jean-Philippe. "La gloire, c'est la galère". In: Politix, vol. 1, n°1, Hiver 1988. Mobilisations étudiantes, automne 1986. pp. 55-71.

    Philippe Raynaud, « Léon Duguit et le droit naturel », Revue d'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique, Société pour l'histoire des facultés de droit et de la culture juridique, du monde des juristes et du livre juridique (SHFD) |2008-....], 1987 

    Philippe Raynaud, Érik Neveu, La chouette de Minerve sous la lumière des sunlights ? A propos de "68-86. Itinéraires de l'individualisme", Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1988, pp. 32-34    

    Neveu Erik. La chouette de Minerve sous la lumière des sunlights ? A propos de "68-86. Itinéraires de l'individualisme". In: Politix, vol. 1, n°1, Hiver 1988. Mobilisations étudiantes, automne 1986. pp. 32-34.

    Philippe Raynaud, Annie Collovald, Goffman (E.), Façons de parler, Editions de Minuit, 1987, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1988, pp. 89-91    

    Collovald Annie. Goffman (E.), Façons de parler, Editions de Minuit, 1987. In: Politix, vol. 1, n°1, Hiver 1988. Mobilisations étudiantes, automne 1986. pp. 89-91.

  • Philippe Raynaud, « Liberté, République, Démocratie », le 27 juin 2024  

    Colloque en l'honneur du professeur Philippe Raynaud, organisé par le Centre Thucydide, Université Paris Panthéon-Assas sous la direction scientifique de Jean-Vincent Holeindre, Centre Thucydide et François Saint-Bonnet, Institut Michel-Villey

    Philippe Raynaud, « La laïcité : histoire d'une singularité française », le 25 novembre 2019  

    Organisée par la faculté de droit, Université Lyon 3

    Philippe Raynaud, « L’enseignement du droit au lycée et ses liens avec l’enseignement de la philosophie », le 12 octobre 2019  

    Organisé par l’APPEP, Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public

    Philippe Raynaud, « Séminaire de philosophie du droit », le 06 septembre 2019  

    Séminaire du Groupe de recherche en philosophie du droit de Lyon (DroitPhil), organisé avec la SFPJ par François Chénedé, (Louis Josserand), Isabelle Delpla (IRPhiL), Pascale Deumier (Louis Josserand), Charles Girard (IRPhiL) et David Mongoin (EDPL)

    Philippe Raynaud, « Les équivoques de l’institution : normes, individu et pouvoir », le 31 mai 2018 

    Philippe Raynaud, « Achever Clausewitz, 10 ans après », le 27 mars 2018  

    Journée d’étude organisée par le Centre Thucydide, l’Association Recherches Mimétiques et l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole militaire

    Philippe Raynaud, « Le Procès des droits de l’homme. Généalogie du scepticisme démocratique », le 23 janvier 2018  

    Organisée par l’Institut Michel Villey autour du livre de Justine Lacroix, Université libre de Bruxelles et Jean-Yves Pranchère, Université libre de Bruxelles.

    Philippe Raynaud, « Penser la politique par gros temps. Raymond Aron au XXIe siècle », le 22 juin 2017  

    Colloque organisé par le CESPRA, l’IRSEM et la Société des Amis de Raymond Aron.

    Philippe Raynaud, « Conversations autour du « Traité des rapports entre ordres juridiques » », le 11 mai 2017  

    Organisé sous la direction scientifique de Baptiste Bonnet, Professeur à l’Université Jean Monnet, Doyen de la Faculté de droit de Saint-Etienne, CERCRID, Directeur scientifique du Traité des rapports entre ordres juridiques

    Philippe Raynaud, « L'esprit de la Ve République », le 05 mai 2017  

    Organisée par le CECP

    Philippe Raynaud, « Considérations morales sur le "cas" Bernard Faÿe / Les jeux en ligne, la loi et la morale », le 29 janvier 2010 

  • Philippe Raynaud, 8. Quelle science du politique ? (suite) 

    Philippe Raynaud, 2 - Comment penser les conflits ? 

    Philippe Raynaud, Table-ronde 1 - Religion, laïcité, fondamentalismes 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Julien Naccache, Les fondements théoriques de la philosophie juridique de F. A. Hayek : les équivoques de la Nomocratie, thèse soutenue en 2021 à Paris 2 en co-direction avec Olivier Beaud, membres du jury : Bernard Quiriny (Rapp.), Vincent Valentin (Rapp.), Gilles Campagnolo  

    Les incursions de Friedrich Hayek dans les domaines de la philosophie du droit et de la philosophie politique sont restées célèbres par la critique radicale du constructivisme dont elles ont cherché à rendre compte, au bénéfice d’une théorisation ambitieuse du concept d’ordre spontané. Moyennant une lecture critique de certains grands esprits de la pensée occidentale, le constructivisme (notamment dans son versant juridique que serait positivisme) y est alors accusé de faire le lit du totalitarisme, tandis qu’une série de penseurs de « tradition évolutionniste » auraient offert une voie vers le type de liberté dont à Hayek se fit le promoteur. L’ambition de cette thèse est de déconstruire ce récit. En montrant que le Prix Nobel a non seulement procédé à des lectures biaisées d’auteurs lui servant de faire-valoir, mais aussi en démontrant en quoi cela eut des répercussions importantes sur ses propres prescriptions juridico-politiques, nous nous proposerons d’évaluer ce qui constitue selon nous le cœur de sa pensée : l’inopérance de nos protestations morales les plus viscérales, aux fins de gestion d’un ordre de coopération étendu. Nous tenterons de montrer par-là que cette idée est en réalité jumelle plus que rivale de l’approche machiavélienne de la coordination sociale ; toutes deux trouvant leur source dans une singularité qu’offre le christianisme. Partant, nous nous proposons d’offrir une alternative aux grands récits d’interprétation du « néolibéralisme ».

    Kevin Bouchard, Aux origines conceptuelles du constitutionnalisme de common law contemporain : l'influence de la conception classique de la common law sur la théorie juridique de Wilfrid Waluchow, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 en co-direction avec Bjarne Melkevik, membres du jury : Denis Baranger, Céline Roynier, Maxime Saint-Hilaire et Patrick Taillon  

    Ce travail propose une interprétation d’ensemble de la théorie du droit et de la théorie du contrôle judiciaire de constitutionnalité des lois de l’auteur canadien contemporain Wilfrid Waluchow, à partir d’une étude de la manière dont elles s’inspirent de la conception classique de la common law. La partie préliminaire présente de façon synthétique la conception classique de la common law et la critique que lui adresse Thomas Hobbes, pour montrer comment elles font apparaître, dès les origines de la modernité, deux façons opposées de concevoir le droit, qui sous-tendent la pensée contemporaine. La première partie étudie le rapport que les conceptions du droit des inspirateurs plus immédiats de Wilfrid Waluchow entretiennent avec la conception classique de la common law. Elle explique comment H. L. A. Hart contribue à rapprocher le positivisme juridique de la vision coutumière des common lawyers à l’aide de la notion de règles secondaires et comment Ronald Dworkin associe plutôt l’approche de la common law à une méthode d’interprétation centrée sur la dimension argumentative du droit. La deuxième partie examine le positivisme juridique inclusif de Wilfrid Waluchow et la théorie de common law du contrôle judiciaire qu’il élabore à partir de celui-ci et elle montre comment l’effort de l’auteur canadien pour conjuguer dans sa pensée les influences des conceptions du droit de Hart et de Dworkin, à l’aide en particulier de la notion de moralité constitutionnelle, l’amène à développer une vision qui possède des affinités importantes avec la conception classique de la common law.

    André-Charles Puma, Les deux corps du juge et le syndrome du dispositif : étude sur les causes de l'incomplétude normative, sa portée juridictionnelle et ses autres conséquences en droit continental français contemporain, thèse soutenue en 2018 à Paris 2, membres du jury : Gil Delannoi (Rapp.), Tanguy Pasquiet-Briand  

    L’État de droit peut se définir comme un système institutionnel dans lequel la puissance publique est soumise au droit. Cette notion, a été redéfinie au début du vingtième siècle par Hans Kelsen comme : « un État dans lequel les normes juridiques sont hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s’en trouve limitée ». Un tel système qui pose la soumission des patients à la règle, présuppose outre la légitimité de ses agents, la traduction objective de la normativité qui en est issue. Pour autant il appert de l’observation des dispositifs qui en résultent, des anomalies structurelles et fonctionnelles dont les effets cliniques constitutifs d’un syndrome, pointent les dysfonctionnements d’un espace juridictionnel essentiellement abandonné aux individualités. En conséquence, les interactions entre les agents et les patients (justiciables, défendeurs, demandeurs) ne sauraient être dissociées de l’analyse de ces manifestations spécifiques au droit continental, notamment français contemporain. C’est donc, après avoir procédé à l’identification du syndrome et à l’analyse du « concept dispositif », fait le constat d’un paradoxe régulatoire constant et relevé les signes cliniques des affections, que nous en avons déduis les vecteurs. Toutefois, le constat qui en est résulté conduisait, soit à considérer le phénomène inéluctable et à l’intégrer, soit à en rechercher les causes originelles et les voies susceptibles d’en atténuer les effets. Par suite, c’est à l’aune d’un paradigme constant, propre au droit continental, qu’après avoir relevé les effets et identifié les causes des affections ainsi révélées par le syndrome du dispositif, que nous avons imaginé le concept de résidualisme. Partant, après en avoir aperçu tant les fondements que la stratégie, nous en avons recherché les premières pistes susceptibles d’en réduire la portée et de conduire à l’élaboration d’un dispositif « assisté », visant tant à obtenir l’adhésion effective des agents et des patients, qu’à décharger le juge d’une responsabilité normative qui n’est pas la sienne.

    Pape Moussa Beye, Libéralisme et exception : l'état de droit et le système onusien de sécurité collective à l'épreuve du jihadisme international, thèse soutenue en 2016 à Paris 2, membres du jury : Jean-Vincent Holeindre, Jean-Claude Monod et François Saint-Bonnet  

    Évènement exceptionnel, les attentats du 11 septembre ont marqué l'entrée de la politique mondiale dans l'ère de la crise du jihadisme international. Si l'apparition de la menace jihadiste est antérieure à 2001, l'attaque qaidiste perpétrée à l'encontre des États-Unis a en effet représenté un saut qualitatif d'envergure, en ce qu'elle a été synonyme d'agression commise par des acteurs privés aucœur de l'hyperpuissance d'après-Guerre froide, et en ce qu'elle a constitué le point de départ d'un essor considérable du péril jihadiste. De la destruction du World Trade Center aux attentats du 13 novembre, en passant par le rapt des lycéennes de Chibok ou l'érection de l'État islamique, le jihadisme en est ainsi arrivé à représenter un défi protéiforme et véritablement global. Ciblesprivilégiées des forces jihadistes, les démocraties libérales occidentales ont dès lors répondu à ce challenge en s'engageant dans une « guerre contre le terrorisme » aux facettes multiples (interventions armées, mesures antiterroristes, etc.). Si plusieurs intellectuels d'extrême gauche, inscrits dans une perspective de critique du libéralisme politique, ont considéré, en s'inspirant de la réflexion de Carl Schmitt, que les États occidentaux contemporains sont plongés dans un étatd'exception permanent, dont la lutte contre le jihadisme a constitué soit le déclencheur, soit le révélateur, nous estimons pour notre part, que cette thèse ne permet tout simplement pas de se faire une idée exacte des retombées juridico-politiques de l'anti-jihadisme post-11 septembre. D'où la nécessité de la discuter en procédant à l'étude approfondie des éléments contextuels et principiels auxquels elle renvoie.

    Pierre Rigoulot, Une critique du totalitarisme. Méthode et enjeux, thèse soutenue en 2015 à Paris 2, membres du jury : Bernard Bruneteau, Gil Delannoi, Philippe de Lara et Gérard Grunberg  

    Quatre ouvrages sont retenus dans le cadre de cette thèse sur travaux. Le Siècle des Camps s’interroge sur les raisons qui font du siècle précédent la période de l’histoire connaissant la plus grande extension de systèmes concentrationnaires. Il propose une typologie des camps liée à la fonction qu’ils exercent dans les différents systèmes politiques. Corée du Nord, Etat voyou examine la genèse d’un Etat dont on affirme souvent qu’il est la forme la plus achevée du totalitarisme. Cette affirmation est endossée ici, avec des nuances qui tiennent à un fonctionnement sectaire et à une idiosyncrasie idéologique spécifique. Coucher de Soleil sur La Havane propose une histoire de la formation volontariste d’un Etat au fonctionnement totalitaire, de ses rapports avec le monde extérieur et des illusions qu’il a suscitées. Georges Albertini, biographie d’un socialiste pacifiste des années 1930 devenu Collaborateur tout en se revendiquant de la gauche et de la révolution oblige à s’interroger sur les rapports entre certaines acceptions du socialisme avec le nazisme. Ces travaux renvoient tous en effet à des réalités totalitaires et à quelques-uns des problèmes que pose l’utilisation du concept de totalitarisme en science politique. Ils sont aussi l’occasion d’une réflexion sur les rapports entre une oeuvre conçue par leur auteur comme « militante » et l’objectivité exigible de tout effort d’acquisition de connaissances. L’engagement éthique et politique préalable n’a-t-il pas valeur heuristique ? Il détermine une approche qui privilégie l’attention au sort des individus et aux droits humains – ce que précisément refusent de prendre en compte les idéologies ou les institutions totalitaires.

    Johan Said, La liberté négative et la liberté positive , thèse en cours depuis 2014  

    La distinction d'Isaiah Berlin entre la liberté négative et la liberté positive a marqué de son empreinte la philosophie politique. A.Swift et Q.Skinner considèrent à ce titre l'essai «Two concepts of liberty» comme étant le plus important de la philosophie politique anglo-saxonne. Pourtant, la forme duale de la liberté politique, telle que décrite par le penseur russe, a suscité de nombreux débats. Tout d'abord, on a reproché à la liberté négative de ne pas être une liberté politique dans la mesure où elle entraîne inévitablement, selon H.Arendt, un désenchantement politique. Au surplus, la zone de non ingérence est délicate à délimiter. La liberté positive ne serait pas pour C.B.Macpherson une véritable liberté politique car elle a eu des répercussions dramatiques dans l'histoire. Des difficultés résultent aussi à la dichotomie entre les contenus négatif et positif de la liberté. G.MacCallum insiste sur l'idée suivant laquelle il ressortirait un contenu négatif dans la liberté positive et un contenu positif dans la liberté négative. Ainsi, F.Hudon soutient que dans la pensée éminemment négative de J.Locke se trouve un germe positif. A contrario, E.Nelson remarque que les philosophes hégéliens empruntent le paradigme de la liberté positive tout en revendiquant la nécessité dite négative d'absence d'entraves. Enfin, la pensée de Berlin pourrait être fragilisée par l'émergence progressive d'une troisième forme de liberté. Il s'agirait d'une liberté médiane, au-delà du négatif et du positif. Assistons-nous à un tournant dans la façon de concevoir la liberté politique ?

    Johan Said, Entre Mars et Mercure , thèse soutenue en 2014 à Université ParisPanthéonAssas  

    Le projet propose de traiter la manière dont l’Union européenne envisage le conflit et construit sa réflexion sur la défense. Il s’agit de comprendre comment le projet européen absorbe la question de la guerre et tente de domestiquer la violence. La première partie vise à retracer une généalogie de la guerre en Europe. C’est à l’aune de cette évolution de la guerre que nous appréhendons le projet de construction européenne. Dans une seconde partie, nous tentons d’illustrer à travers trois cas comment cette question de la guerre, au cœur de l’enjeu d’une Europe politique, se traduit concrètement pour les Européens : le terrorisme, la menace russe et la Somalie comme exemple d’opération extérieure de l’UE. A l’appui de ces trois cas d’étude nous constatons que la construction européenne souffre de l’absence d’une réflexion sur la guerre. Malgré les tentatives dans les années cinquante puis à la suite du traité de Maastricht de construire une pensée englobant les enjeux de défense, le dilemme géostratégique et le rapport à l’altérité qui en découle n’ont pas été surmontés. Nous pensons que ces difficultés ne peuvent se résoudre qu’en se constituant en une politie : régler le différend par la justice à l’intérieur de son espace et la possibilité de faire la guerre et la paix à l’extérieur de celui-ci. C’est la condition pour que l’Europe puisse continuer à participer à l’histoire et à ne pas en être spectatrice.

    Ralph Matar, Néolibéralisme et liberté dans la culture contemporaine, thèse en cours depuis 2014  

    Pour les modernes, ce que l'Homme est en tant qu'Homme c'est la liberté. C'est cette dernière qui fait que les hommes soient égaux et frères. Notre époque contemporaine célèbre, plus fort que jamais, la liberté de façon à faire de l'Homme lui-même le créateur de son destin. Libre donc par essence, l'individu néolibéral serait préservé de tout risque d'aliénation. Pourtant, la réalité s'avère différente. D'une manière générale, le néolibéralisme, tel qu'il est conçu par exemple dans le modèle américain, présente une double innovation : les néolibéraux effectuent une généralisation du modèle-marché, l'instituant comme outil pour décoder les relations sociales et les conduites individuelles dans leur ensemble, ensuite ils déploient la notion de marché pour critiquer l'inefficacité des politiques publiques. La liberté est donc perçue dans l'expérience d'un marché unique, qui sans la nier ou la limiter, l'amplifie à travers une concurrence étendue à tous les domaines de la vie. Cette logique concurrentielle concrétise pour ainsi dire la conception de Hobbes quant à la nature humaine. Une logique qui puise ses racines dans la toute-puissance idée de la liberté. Néanmoins, il importe de noter qu'il existe une histoire des courants néolibéraux, qui fait apparaître entre eux des zones de recouvrements et de divergences. Certains auteurs, comme Foucault, ont tenté principalement de rendre compte des éléments composites qui ont contribué à la naissance d'un gouvernement néolibéral. Nous nous attacherons à y dégager ses origines, tout en distinguant entre ses différents courants, afin de soulever les problématiques inhérentes à la question de la liberté dans la culture contemporaine.

    Sarah Fakhry, Shakespeare et le droit, thèse en cours depuis 2014  

    Certaines des pièces de Shakespeare mettent en scène des procès dans le cadre desquels se posent des questions juridiques qui demeurent actuelles. La rhétorique judiciaire ou le va-et-vient de l'argumentation entre les différents acteurs sont particulièrement intéressants à analyser d'un point de vue juridique. Cette rhétorique est-elle conforme au droit positif ou est-ele uniquement un moyen théâtral pour Shakespeare? La portée de la question est large car si la rhétorique judiciaire de Shakespeare est conforme au droit positif, il y a lieu de se pencher sur les réponses incertaines et insatisfaisantes données par la loi, Shakespeare ayant bien mis l'accent sur l'insuffisance de la loi à réaliser son but, à savoir, celui d'organiser et de bien gérer la vie des gens.

    Mélody Mock, Le coup d'Etat moderne, formation ajuridique d'un nouvel ordre juridique, thèse soutenue en 2012 à Paris 2, membres du jury : Guy Carcassonne, Emmanuel Cherrier, Gil Delannoi, Philippe Lauvaux et François Saint-Bonnet  

    Comment une prise de pouvoir par la force peut-elle donner naissance à un ordre juridique stable? Peu étudié par les juristes, le coup d’Etat moderne n’est pas seulement un procédé permettant l’accession au pouvoir, il est également l’un des modes d’enclenchement du pouvoir constituant originaire, moment de rupture et de reconstruction constitutionnelles. Cette notion se trouve être au croisement de la science politique, de la philosophie du droit, et de l’histoire. Permettant l’instauration d’une nouvelle constitution, le coup d’Etat moderne est une prise de pouvoir soudaine par un petit groupe d'hommes appartenant à l’appareil de l’Etat et utilisant la force. En se fondant sur différents évènements historiques majeurs, comme les coups de Bonaparte, Lénine, Pinochet, etc., il paraît nécessaire de définir ce concept, le distinguant de la révolution. Il est possible d’établir une classification des différents types de coups, selon leurs protagonistes et leur impact sur l’ordre juridique : coup d’Etat révolutionnaire, coup d’Etat classique, coup d’Etat moderne, putsch, et pronunciamiento. Il se dégage alors les techniques de préparation, de mise en oeuvre, et de maintien du coup qui touchent à la fois aux sphères politique et juridique.

    Laurent Gayard, La N. R. F. , thèse soutenue en 2012 à Paris EHESS  

    Ce travail de recherche au croisement de l'histoire, des sciences politiques et de la littérature a pour objectif de montrer de quelle manière la NRF peut être considée comme une institution et un lieu de renouvellement des élites si l'on considère son évolution sur un temps long, de 1908 à 1968. À travers de l'histoire de la revue au cours de soixante ans, cette thèse met à l'épreuve la validité des concepts de génération, de milieu et de sociabilités intellectuelles en montrant de quelle manière la première génération des fondateurs, dans un contexte marqué par le recul du fait religieux et l'avènement de la modernité issue des bouleversements des XVIIIe et XIXe , élabore une nouvelle conception romanesque fondée à la fois sur un classicisme renouvelée et sur la volonté de promovoir l'introspection psychologique à travers le renouveau romanesque. L'étude cherche à montrer ensuite de quelle manière la NRF, à travers les soubresauts et les tragédies du XXe siècle, intègre de nouvelles générations d'auteurs, tout en s'opposant parfois violemment à elles. À travers ces oppositions, nous percevons notamment l'envahissement de plus en plus marqué du champ littéraire par la politique et l'idéologie. Le projet des créateurs de la NRF de promouvoir une littérature dégagée des considérations politiques et partisanes se trouve lui-même de plus en plus sérieusement remis en question au cours de l'entre-deux guerres jusqu'à être nié sous la direction de Pierre Drieu la Rochelle au cours de l'occupation. La NNRF qui renaît en 1953 choisit de revenir au classicisme esthétisant des débuts sans toutefois retrouver la place qu'elle occupait avant la guerre.

    Caroline Tixier, L'émergence du concept de "solidarisme". Sous Léon Bourgeois, la Chambre des Députés comme enceinte doctrinale inspiratrice de la création de la Société des Nations., thèse en cours depuis 2011  

    Le travail de recherche envisagé vise, au travers d'une analyse empirico-déductive, à démontrer la portée et la profondeur théorique de l'impact du solidarisme français dans la création conceptuelle de la Société des Nations. En tant que paradigme majeur de la Troisième République, le solidarisme sous Léon Bourgeois incarne la pierre angulaire d'une solidarité internationale synchrétique. Philosophie des Lumières, positivisme comtien, darwinisme social et républicanisme façonnent, dans les travées de la Chambre des Députés, une nouvelle vision éthico-politique. Profondément marqué par la notion de "solidarité internationale" développée par Henri Marion et par l'ultime loi de réciprocité, le solidarisme demeure l'héritier d'une tradition républicaine cosmopolitique kantienne. Communauté humaine universelle pacifiée et défense de l'Etat républicain deviennent toutes deux consubstantielles à la naissance du Bien commun incarné par les Etats. L'histoire de la SDN n'est pas l'oeuvre unique de la tentative wilsonienne mais plutôt l'aboutissement des travaux solidaristes antérieurs. L'objet de cette recherche tend à mettre en évidence la naissance à la fois idéaliste et pragmatique d'une diplomatie multilatérale parlementaire française intégrée dans une véritable vision normative du droit. Les premiers linéaments de la SDN, révélant un enchevêtrement entre réalisme classique, libéralisme et prémices transnationalistes, sont ainsi l'oeuvre d'une nouvelle religion morale séculière portée par la Troisième République.

    Julie Ferron, La modernité à l'épreuve de la construction européenne, thèse soutenue en 2010 à Paris 2  

    La modernité est l'âge cosmopolitique, sécularisation de l'Esprit du christianisme. Or, l'Europe semble incapable de se distinguer de l'Occident globalisant qu'elle a rendu possible. L'universel moderne est en effet en voie de réalisation, de San Francisco à Vladivostok, en attendant le reste du monde. Voire en l'espérant puisque l'Un ne serait qu'un impératif de la raison juridique, enté sur un acte philosophique d'espérance. Ces réflexions pré-constitutionnelles permettront alors de dissocier la construction européenne de l'Europe. L'Europe post-moderne sera une hypostase, modalité parmi d'autres, de l'universel moderne. Simplement, la souverainteté n'a pas (encore?) disparu. Ses éléments se sont dissociés en cette néo-féodalité. L'auctoritas, visible dans le dialogue des juges, correspondra à une "rule of law" européenne participant d'une "rule of law" mondiale. Quant à la "potestas" et à l'"imperium", penser le gouvernement en temps ordinaire demandera de connaître les temps exceptionnels. En termes théoriques, c'est la séparation des pouvoirs de l'entendement entre la prévisibilité du droit et les mystères de l'Histoire. En termes constitutionnels, c'est la loi qui anticipe sa propre suspension pour assurer, si nécessaire, le salut de la République. Pour l'instant, l'Union reste une alliance défensive fondée sur une clause de solidarité mutuelle entre Etats et advenir en tant qu'entité politique exigera qu'elle pense ses frontières, visibles et invisibles. Dès lors, il n'existe pas une réponse mais des questions, l'observateur étant condamné à la multiplicité des scenarii.

    Helena Wyn de Pouzilhac, L'Union européenne , thèse soutenue en 2008 à Paris 2  

    Dans cette étude, la notion de patriotisme est théorisée comme un système d'attitudes relatives à l'identification à une communauté. La dimension cognitive joue un rôle central : sans une évaluation positive des idées véhiculées par la communauté, le développement d'une identification, et des dispositions patriotiques à l'égard de la communauté est peu probable. Il nous semble que le patriotisme suppose trois comportements : la confiance en la communauté, la volonté de participer à la vie politique, et celle d'avoir un comportement solidaire à l'égard de la communauté. Afin de déterminer s'il existe un patriotisme européen par référence à ces dimensions, nous avons étudié ce que représente l'appartenance européenne pour l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l'Espagne, la Suède et la Pologne. Les deux facteurs explicatifs des taux variables d'identification à l'Union européenne sont (I) une compatibilité entre les éléments consitutionnels et les systèmes de gouvernance des niveaux européens et nationaux et (II) une identité nationale ouverte à l'européanisation. Toutefois, l'étude montre que le sentiment d'identification ne peut se renforcer que si l'appartenance européenne est perçue comme un bénéfice économique. Les principaux obstacles à la posibilité de caractériser un patriotisme européen sont la faible participation des Européens dans la politique européenne et le manque de solidarité à l'égard de l'UE. Concernant les perspectives de développement d'un patriotisme européen à l'avenir, la mise en oeuvre de politiques en matière d'environnement, d'immigration et de terrorisme est susceptible de renforcer la perception de l'utilité de l'appartenance européenne.

    Christophe Premat, La pratique du référendum local en France et en Allemagne , thèse soutenue en 2008 à Bordeaux 4 sous la direction de Pierre Sadran  

    Il s'agit d'analyser la transformation des systèmes représentatifs locaux dans le temps à travers la perturbation provoquée par le recours aux référendums locaux. En nous fondant sur une comparaison entre la France et l'Allemagne, nous distinguons la manière dont les référendums consultatifs et décisionnels offrent aux citoyens des occasions de participer aux affaires locales. L'objectif de ce travail est d'étudier les effets de l'institutionnalisation du référendum sur les systèmes politiques locaux.

    François Charbonneau, « Une part égale de liberté , thèse soutenue en 2007 à Paris EHESS  

    La présente thèse s'intéresse à un paradoxe dans la pensée comme dans l'action politiques des révolutionnaires américains entre 1765 et 1776. Les Américains font de la tentative du Parlement anglais de taxer les colonies un enjeu constitutionnel, c'est-à-dire, pour eux, de liberté politique. Cette crise offre l'occasion aux Américains de définir ce qu'est la liberté et d'en penser les conditions de possibilité. Pour eux, comme pour l'ensemble de la pensée politique anglo-saxonne, la liberté sera définie comme absence de dépendance. Il serait ainsi inadmissible que les Américains acceptent d'être placés en situation de dépendance envers la volonté incontrôlée des parlementaires anglais. Paradoxalement, l'on retrouve chez les Américains un désir constamment répété que se poursuive la dépendance américaine envers la Grande-Bretagne et ses institutions. La volonté de demeurer dépendants de l'Empire britannique sera si importante que l'on attendra plus d'une année après le début de la guerre avant de déclarer l'indépendance. A partir de ces constats, cette thèse procède à une relecture de la crise impériale entre 1765 et 1776 comme un échec dans la tentative américaine de concilier liberté et dépendance. Délaissant les lieux communs interprétatifs qui n'offrent souvent que des raisons circonstanciées de « l'attentisme » des Américains, la présente thèse cherche à démontrer que le patriotisme anglais dont sont imbus les Américains constitue la clé permettant de comprendre ce paradoxe. La pensée politique qui les informe les convainc que le patriotisme est la première des vertus politiques, et leurs actions contre le parlement sont modelées par cette compréhension corporelle du politique. Dans ce combat pour la liberté par lequel les Américains cherchent à se montrer plus Anglais que les Anglais s'affirmera une conviction que l'on couchera bientôt dans les Constitutions étatiques (1775-1780), que seule une égale liberté de tous les hommes est compatible avec la liberté politique.

    Laurent Berthet, Contribution à une étude critique de la démocratie politique , thèse soutenue en 2006 à Paris EHESS  

    De la Révolution de Février 1848 à l'installation puis la pérennisation de la troisième République, la France vécut un moment fondamental de son histoire par la multiplicité des expériences politiques, par le tragique d'évènements à la source de maintes réflexions philosophiques, par le questionnement et la remise en cause quasi permanents de la forme constitutionnel du pays. En lien avec cette riche actualité, une approche critique de la démocratie va s'élaborer et se retrouver chez une dizaine d'auteurs, dont Ernest Renan mais Hyppolite Taine, Gustave Flaubert, Arthur Gobineau. Ceux-ci ne cesseront de prendre pour cible première le Peuple, l'Egalité, le Suffrage universel. S'attelant à désacraliser la démocratie, à démythifier la Révolution française, adoptant un discours scientiste, ces «renaniens» proposeront une forme singulière d'antidémocratisme tout au long d'un parcours intellectuel qui s'achèvera dans la résignation de la victoire définitive de la République démocratique.

    Olivier Chopin, La raison d'Etat et la démocratie , thèse soutenue en 2005 à Paris EHESS  

    L'expérience de la raison d'Etat bouleverse la morale démocratique en réinvestissant la relation obscure qui lie la violence et le droit, notamment à travers l'usage du secret. La raison d'Etat, considérée comme ontologiquement étrangère à la démocratie, constitue-t-elle une menace ou un remède pour la survie même des régimes démocratiques? A tout le moins renvoie-t-elle à leur double fragilité essentielle : fragilité face aux dangers qui les menacent, et fragilité face aux remèdes dont ils se dotent. La thèse analyse spécifiquement le contrôle des services de renseignement de trois pays, la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, et montre que l'opposition de principe entre la raison d'Etat et la démocratie s'atténue dans les faits en une tension pratique qui n'est pas en elle-même réductible. Enfin l'étude de la réaction américaine au 11 septembre 2001 aborde la question de savoir si les démocraties peuvent, sans se perdre, se défendre et révéler leur force en cas de nécessité.

    Miguel Karm, L'Europe à l'économie du politique , thèse soutenue en 2005 à Paris 2  

    La " rénovation libérale " lancée par Walter Lippmann (The Good Society, 1937-1938) et le " Colloque Lippmann " (août 1938) organisé à Paris par Louis Rougier, fédère des économistes occidentaux et français dans une idéologie de mobilisation contre le collectivisme. En réaction à la politisation des sujets économiques, elle rallie des réformistes (néo-capitalistes, planistes, chrétiens, socialistes) à une " troisième voie " qui prophétise la paix par une Common law mondiale. Ce libéralisme institutionnaliste et constructif promeut de nouveaux paradigmes pratiques (Amérique, Suisse, petits pays intégrés dans la division du travail, gouvernements technocratiques autoritaires. . . ) et théoriques (" interventions ", transition au libre-échange, régulation, " planisme juridique ", fédéralisme et " communauté " internationale [F. Hayek, W. Röpke et l'ordo-libéralisme]). Après 1945, ses acteurs (Jacques Rueff, Robert Marjolin, Paul Van Zeeland. . . ), et successeurs (comme Maurice Allais) contribuent à la reconstruction de l'Europe. Ils inspirent les mouvements pro-Européens, les projets d'union douanière et d'intégration, les équipes autour de Jean Monnet, imprègnent les fédéralistes, la démocratie chrétienne et les technocrates. Ils théorisent la téléologie libérale du " marché commun institutionnel " (1950-1960). Ce premier néo-libéralisme fait rupture avec la matrice politique moderne (indépendance de l'Etat-nation autonome, souveraineté de la République et démocratie gouvernante), et prône une gouvernance économique despotique par des élites non-politiques. Il appelle une critique des idéologies qui concerne la science politique et la philosophie politique

    Guillaume Beliart, Le pouvoir exécutif et la fédération dans la construction de la République américaine, thèse soutenue en 2005 à Paris 2  

    Le Xe amendement de la Constitution des Etats-Unis d'Amérique reconnaît aux états fédérés des "pouvoirs réservés" dont l'exercice ne peut leur être disputé par le gouvernement de l'Union. Dans les termes de la théorie de la souveraineté, le principe de la "souveraineté partagée" est un solécisme et une entrave à la manifestation de la volonté du peuple américain. Le Président semble, en revanche, devoir être le principal bénéficiaire d'une mise en oeuvre plus directe de la souveraineté du peuple. Et pourtant, l'accès progressif de l'exécutif à la prééminence, dans le jeu des institutions américaines, n'a pas impliqué l'effacement de la forme fédérale. Le fédéralisme ne tarit pas la source de l'énergie de l'exécutif. Un retour à la construction de la République américaine sera donc l'occasion d'une redécouverte, dans "Le Fédéraliste" d'Alexander Hamilton, John Jay et James Madison, d'une théorie du pouvoir exécutif dont les catégories permettent d'envisager que le partage de la souveraineté renforce l'énergie de l'exécutif.

    Alexandra Hyard, Le Whiggism de Dugald Stewart , thèse soutenue en 2004 à Paris EHESS  

    "L'objet de cette thèse est d'étudier la pensée politique de Dugald Stewart (1753-1828). Ce professeur de philosophie morale de l'université d'Edimbourg développe une vision politique de la société commerçante, qui s'inspire, à la fois, de la monarchie anglaise et de la monarchie rationnelle des "économistes" français. Sa réflexion politique s'articule à ses idées d'économie politique, qui sont elles-mêmes empreintes des systèmes d'Adam Smith et de Quesnay. Cette synthèse des conceptions politiques de la société commerçante est réexaminée par ses élèves, qui, au début du XIXè siècle, contribuent le plus à la célèbre Edimburgh Review : Sydney Smith, Francis Jeffrey, Francis Horner, Henry Brougham et James Mill. Ils donnent une issue pratique au projet politique de leur maître, puisqu'ils recommandent d'appliquer des réformes modérées, issues des principes de l'économie politique, à la constitution britannique afin que celle-ci puisse s'adapter à la société commerçante en mutation. "

    Emmanuel Buraux, Programmes et aspects idéologiques du fascisme français , thèse soutenue en 2004 à Paris 2 

    Jacques Goguen, Pour une sociologie politique des mouvements de jeunes, thèse soutenue en 2003 à Paris 1  

    Nous avançons l'hypothèse que les mouvements de jeunes autonomes sont des formations sociales compensatoires, les manifestations d'un désir de reconnaissance qui tendent à apparaître, une fois certaines conditions de possibilité données, dans les moments où la jeunesse et particulièrement dans la partie de la jeunesse qui voit décliner son niveau d'intégration fonctionnelle dans la société moderne ; ils se développent dans les sociétés et aux moments où les rôles et les statuts sociaux de la jeunesse sont dépréciés. L'explosion des mouvements juvéniles de sous-culture et de contre-culture depuis 1945 est à donc mettre au même plan que la succession des mouvements de jeunes qui ont rythmé l'histoire occidentale depuis deux siècles : c'est la réponse au défaut d'intégration sociale de la jeunesse dans la modernité (avec la subordination sociale que cela a impliqué), qui a conduit à la consécration des jeunes comme acteurs sociaux et politiques, comme sujets de l'histoire, après 1968.

    Emeric Travers, Benjamin Constant et la question des principes dans leur relation à l'histoire, thèse soutenue en 2002 à Paris 2 

    Sébastien de La Touanne, Théorie politique et philosophie du droit chez Julien Freund, thèse soutenue en 2002 à Paris 2  

    Philosophe et sociologue, Julien Freund s'est attaché à élucider les ambigui͏̈té et les paradoxes de la politique. Son approche phénoménologique de cette activité humaine fondamentale est plus " réaliste " qu' " idéaliste ", dans la mesure où il cherche à décrire le phénomène politique tel qu'il est dans la réalité humaine et non tel qu'il voudrait qu'il soit idéalement. Dans cette perspective, il a recherché ce qui caractérise l'activité politique en propre, c'est à dire ce qui la distingue des autres essences ou activités humaines. Cette passion pour la politique l'a naturellement amené à s'intéresser à la question du droit, tant il est vrai qu'il est difficile de dissocier ces deux notions. Le droit et la politique s'intègrent dans une vision conflictuelle de la société, qui repose sur l'idée que les diverses activités humaines connaissent des tensions plus ou moins permanentes. Ainsi en est-il particulièrement des rapports entre la morale et la politique. Entre ces deux essences subsiste une tension permanente et irréductible, qui peut parfois prendre la forme d'un conflit. C'est au centre de ce rapport conflictuel que se situe le droit. En effet, grâce au droit, il s'établit une constante interaction entre le politique, la morale, l'économie et la religion. Car le droit n'est pas lui-même une essence originelle, il est un des nœuds des corrélations et des échanges dialectiques entre les essences. Julien Freund le définira d'ailleurs comme " la dialectique entre le politique et l'éthique ". Par ses références philosophiques ou sociologiques - les influences les plus marquantes sont celles de Aron, de Weber, de Schmitt et de Pareto -, par ses choix méthodologiques ou simplement par sa volonté de marquer une distance entre l'être et le devoir être, il est possible de situer Julien Freund dans la lignée de l'école machiavélienne. L'auteur de L'essence du politique atténue toutefois le machiavélisme parfois doctrinal de ses prédécesseurs, par son originalité et la modération qu'il apporte au relativisme et à un certain a-moralisme qui guette les penseurs machiavéliens. L'importance qu'il reconnaît au phénomène juridique dans l'organisation et la stabilité de l'unité politique l'éloigne aussi de tout volontarisme et de tout décisionnisme. Pour ces raisons, Julien Freund pourrait être qualifié, pour reprendre les termes de Raymond Aron, de " machiavélien modéré ".

    Marie-Anne Batail-Bailhache, Politique et droit chez Madame de Staël et Benjamin Constant, thèse soutenue en 2000 à Paris EHESS 

    Jean-Luc Yacine, La question sociale chez Saint-Simon (Claude Henri de Rouvroy, comte de), thèse soutenue en 2000 à Lille 2  

    Des le depart de son oeuvre, saint-simon decide de faire de la > sa principale question politique. Avec lui on passe de la question du systeme politique a la meilleure maniere d' > socialement la societe. Son oeuvre ecrite s'etablit autour de cette pensee qui est aussi le concept qui en fonde l'unite. Forme par le siecle des lumieres, il est convaincu que pour sortir la societe des soubresauts de la revolution il faut la > systematiquement. Son etude scientifique de l'homme et de la societe s'inspire du determinisme mecanique de la conception newtonienne et de l'optimisme de la philosophie progressiste des lumieres dont il espere reveler les modalites inexorables du changement historique. Cette philosophie positive doit faire acceder a la realite un systeme de politique positive entierement consacre au bien etre de l'humanite, dont la realisation la plus evidente s'incarne dans le travail de l'homme sur la nature, au benefice de tous. Cette nouvelle organisation sociale, tout entiere favorable a

    Emmanuel Cherrier, 18 brumaire et 2 decembre , thèse soutenue en 1999 à Lille 2  

    Le coup d'etat est l'appropriation illegale du pouvoir politique detenu par un etat moderne, au moyen de l'usage ou de la menace de la contrainte, par l'action et dans l'interet d'un groupe restreint beneficiant de la neutralisation ou de la complicite (passive ou active) des forces chargees de faire respecter la legalite. Il semble donc incompatible avec la souverainete dont l'ordre legal est l'emanation. Cependant, bonaparte, le 18 brumaire an viii, et son neveu louis-napoleon le 2 decembre 1851, ont recherche l'approbation legitimatrice du souverain. Exploitant par la propagande les difficultes d'une situation incertaine, ils renforcerent leur legitimite personnelle qui, a travers le principe de l'identification des masses au sauveur, aboutit a la non mobilisation des foules, conditiondu coup d'etat. Celui-ci ne rencontra guere d'opposition, et le succes du plebiscite effectua sa legitimation, mais au moyen d'une reinterpretation des evenements qui pose la question de la legitimite a long terme d'un regime issu d'un coup d'etat.

    Yves Couture, Philosophie politique et modernité , thèse soutenue en 1998 à Paris 1  

    La modernité pose un double défi à la philosophie politique. Il lui faut d'abord cerner la nature et les possibilités d'un monde inédit. Mais cela exige une réflexion théorique capable à la fois de mettre à distance le fait moderne et de tenir compte de ce qu'il révèle de la nature de l'homme. À cette fin, la philosophie politique semble pouvoir s'appuyer sur les médiations anciennes et modernes que lui fournit sa propre tradition. Mais pour Léo Strauss, qui joua un rôle capital dans son renouveau au XXe siècle, seule la médiation classique serait valable. La pensée ancienne conservait une vue de la totalité par sa conscience des deux grandes solutions possibles du problème politique, et son choix de la solution hiérarchique, reflet de la hiérarchie affirmée par la vie philosophique, préservait l'horizon de sens permettant de juger adéquatement le réel. En abaissant les critères du juste, ou en les définissant d'un point de vue unilatéral, la pensée moderne aurait à l'inverse favorisé l'épuisement ultérieur de la philosophie politique. Mais la critique de Strauss est elle-même unilatérale, ne tenant compte ni de la vérité des conceptions modernes de la liberté et de l’égalité, ni de la tension persistante, dans une part de la pensée moderne, entre les deux perspectives fondamentales sur le politique. Notre objectif est précisément de montrer la valeur de l'œuvre de Tocqueville, et de la tradition dont elle constitue l'aboutissement, pour penser la nature et les conditions de la philosophie politique. Dans ce but, nous considérons d'abord le maintien des enjeux constitutifs de la philosophie politique dans l'œuvre de ses principaux interlocuteurs : Pascal, Montesquieu, Rousseau, Constant et Guizot. Nous tachons ensuite de retrouver la complexité propre à sa réflexion en la replaçant face à l'énigme première de la différence moderne, puis en montrant sa réappropriation, dès la 1ere démocratie, de la pluralité des perspectives héritée de la pensée antérieure.

    Alfred Steinhauer, Le "parti" physiocratique et la formation de l'opinion publique dans la France pré-révolutionnaire (1756-1776), thèse soutenue en 1997 à Paris 1  

    Cette thèse constitue une hypothèse expliquant certains éléments structurels de la crise "idéologique" de l'ancien régime. Elle vise plus précisément à reconsidérer l'influence du groupe des physiocrates dans la révision de l'ancien ordre politique, et leur contribution dans l'élaboration des idées qui ont préparé l'avènement de la révolution. La démonstration se place à deux niveaux : d'un côté une présentation analytique du discours du groupe, de l'autre le positionnement de celui-ci par rapport à son contexte historique. Dans le premier nous évoquons les influences théoriques qui lient la physiocratie aux lumières. La seconde présente en parallèle le contexte historique, et l'évolution de ce discours face à l'opinion publique éclairée du siècle pendant les 20 ans de sa prépondérance. Cette présentation nous permet de dégager à propos de la physiocratie une continuité entre théorie et pratique politique, propre de tout discours idéologique. Nous en avons déduit l'existence d'un "parti" physiocratique, une base sociale qui s'identifie au discours libéral et légaliste du groupe. L'analyse se focalise sur le débat entre les physiocrates et les philosophes dans le contexte mouvemente de la guerre des blés. Nous présentons ainsi la maturation d'un projet politique, ses échecs successifs en 1770 et en 1776, et la persistance de son impact dans la littérature politique prérévolutionnaire.

    Jean-François Niort, Homo civilis, repères pour une histoire politique du code civil, thèse soutenue en 1995 à Paris 1  

    A travers trois époques privilégiées de son histoire, mises en contexte politique, idéologique et juridique : l'époque de sa création, celle de son centenaire et celle de la deuxieme tentative de révision générale (1945-1965), on a cherché à mettre en lumière la dimension politique du code civil français et de ses interprétations, notamment chez les juristes.

    Stephen Launay, Raymond Aron et les antinomies de l'action politique, thèse soutenue en 1994 à Lille 2  

    Cherchant a se connaitre lui-meme en connaissant le monde, reconnaissant la vanite des propheties, l'historicite de la pensee et de l'action politiques, r. Aron developpe une antinomie politique sur toirs plan: 1) sur le plan philosophique il etudie la pluralite des interpretations, insiste sur l'implication de l'observateur dans le processus d'objectivation et pose l'antinomie generale de l'acceptation ou du refus du monde; 2) rejetant le positivisme durkheimien et historique, aron applique sa raison polemique aux ideologie et developpe une sociologie politique des regimes industriels en centrant son analyse sur l'antinomie de la democratie et du totalitarisme; 3) enfin il accorde une place a part aux relations internationales qu'il etudie a partir du phenomenequerre et du scheme interetatique, illustrant ainsi l'antinomie du permanent et de l'inedit (passions politiques et techniques modernes notamment). Primat d'interet politique, diversite et solidarite des domaines abordes et attention au conflit forment l'originalite de la phenomenologie d'aron.

    DENIS LECOQ, Integration europeenne et enseignement superieur francais , thèse soutenue en 1994 à Lille 2  

    Au-dela d'une etude privilegiant les effets des programmes "erasmus" ou "comett", la these met en avant des influences europeennes multiples, influences qui s'expriment au travers des politiques regionales ou de volontes de promouvoir des systemes d'enseignement ouvert, et qui entrainent des mutations radicales du systeme d'enseignement superieur francais.

  • Thibaut Dauphin, Le comparatisme politique dans l'oeuvre de Voltaire, thèse soutenue en 2020 à Bordeaux sous la direction de Patrick Troude-Chastenet, membres du jury : Maria Laura Lanzillo (Rapp.), Christophe Miqueu et Myrtille Méricam-Bourdet  

    Ni la science politique, ni l’histoire du comparatisme ne se sont jamais véritablement saisies de l’œuvre politique de Voltaire. Or l’examen des textes, attentif au contexte du siècle où ils sont produits, peut permettre de dégager une nouvelle perspective sur sa dimension politique et comparative. Égrenées dans de très nombreux ouvrages, souvent dans des opuscules qui ont cessé de nous être familiers, les théories de l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations rivalisent et discutent avec celles de l’Esprit des lois et du Contrat social, mais sont aujourd’hui négligées. L’esprit de l’œuvre voltairienne est animé par une philosophie de l’action qui nourrit un examen rigoureux, quoiqu’obscurci par la lancinante question religieuse, des principaux faits politiques de l’histoire. Ce comparatisme historique, à peu près inédit par son ambition et ses dimensions, participe à l’édification d’une philosophie de l’histoire – la première du genre – qui constitue la grille de lecture voltairienne du politique. Sous les auspices de la comparaison, le corps de l’œuvre dessine alors les contours d’un « bon gouvernement » éclairé par la raison et la religion naturelle d’une part, et réglé par les droits naturels et la suprématie de la loi d’autre part. Inspiré des États de l’Europe et de l’Asie et mêlant les trois formes classiques de régime, ce modèle mixte matérialise le système politique de Voltaire.

    Frederic Cohen, La question du meilleur régime politique à l'epreuve des relations internationales dans la pensée de Raymond Aron., thèse soutenue en 2018 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Pierre Manent, membres du jury : Monique Castillo, Jean-Vincent Holeindre et Jean-Claude Monod  

    Cette thèse cherche à comprendre pourquoi Aron juge essentiel d’étudier la question du meilleur régime politique à l’épreuve des relations internationales. Il s’agit de s’interroger sur l’ampleur et le sens politique de ce que Raymond Aron appelle le drame humain, en précisant la nature de la distinction entre l’intérieur et l’extérieur, entre la politique domestique et les affaires étrangères qu’il juge essentiel, tout en examinant les rapports complexes qui se nouent entre ces deux domaines de la vie politique. Nous tâchons d’éclairer la signification que revêt aux yeux d’Aron la primauté de la politique dans l’organisation des choses humaines, alors que pourtant l’organisation politique des sociétés modernes lui apparaît essentiellement indéterminée. Ceci nous amène à nous interroger sur la conception aronienne singulière de la démocratie et du libéralisme, au regard des tensions fondamentales de la vie politique entre les réquisits du bon gouvernement et les contraintes du jeu international. L’étude des antinomies de l’action politique, nous conduit à revenir sur les principaux débats entre réalistes et idéalistes au sujet du problème de la guerre et de la paix, qu’Aron examine à travers ses réflexions sur le « problème machiavélien » et « le « problème kantien ». Il s’agit de préciser le sens de la prudence politique selon Aron, en s’interrogeant sur les limites inhérentes à la recherche du meilleur ordre politique qui soit et en tenant compte du défi que représente la menace thermonucléaire.

    Sophie Marcotte Chénard, La philosophie politique et I'histoire , thèse soutenue en 2016 à Paris EHESS sous la direction de Pierre Manent  

    Dans cette thèse, nous examinons les enjeux épistémologiques, philosophiques et politique du concept d'historicisme à partir d'une étude des œuvres du philosophe politique allemand émigré aux États-Unis Léo Strauss, et du penseur politique, philosophe et sociologue français Raymond Aron. Que signifie, pour l'un et pour l'autre, la «crise de l'historicisme » (1870-1930) et quels sont ses effets sur la conception des fondements et des tâches de la philosophie politique ? Nous entendons parcourir le champ ouvert par cette interrogation à partir d'une étude comparative des interprétations de l'historicisme développées par les deux auteurs. En établissant un dialogue entre les philosophies politiques de Strauss et d'Aron et en comparant leur traitement respectif des mêmes thèmes - la naissance de l'École historique allemande et l'émergence de l'épistémologie de la connaissance historique, la crise de l'historicisme et le problème du relativisme historique, la relation entre historicisme et interprétation, la pensée de Max Weber et la question des jugements de valeur, le statut de l'histoire politique chez Thucydide, -, nous procédons à une évaluation des arguments avancés par l'un et l'autre pour répondre aux défis théoriques et pratiques posés par l'historicisme. Ce faisant, nous tentons d'éclairer la façon dont les deux auteurs redéfinissent l'exercice de la rationalité et conçoivent la tension entre l'universalité des normes morales et politiques et la singularité de l'expérience historique.

    Élodie Djordjevic, Rationalité et normativité : Hegel et la question du jugement politique, thèse soutenue en 2014 à Paris 1 sous la direction de Jean-François Kervégan, membres du jury : Catherine Colliot-Thélène (Rapp.), Denis Baranger (Rapp.), Olivier Tinland  

    Partant d'une interprétation de la conception hégélienne de l'action et de la normativité par sa confrontation avec des développements de la pensée contemporaine de l'action, du droit et des institutions qui lui semblent - à bien des égards - opposés, cette étude porte sur le jugement politique en tant qu'il met en jeu, de manière problématique, le rapport entre rationalité et normativité. Il s'agit de déterminer les conditions d'un véritable jugement politique, d'une évaluation qui peut se prévaloir légitimement du qualificatif de politique - par distinction, tout à la fois du jugement moral et du jugement technique. Après une analyse de la conception hégélienne de l'action et de ses évaluations qui permet de déceler une acception non exclusivement morale du devoir-être (I), il s'agit d'expliciter la normativité à l'œuvre dans la théorie hégélienne de l'esprit objectif à partir de l'analyse des rapports du droit à l'histoire et à la rationalité et de la mise au jour d'une conception hégélienne du sens pratique (Il), La constitution du sujet pratique dans son rapport aux institutions conduit à concevoir le social et le politique comme des modalités distinctes du pratique, conception à partir de laquelle peut être dégagée, au sein du pratique, une normativité spécifiquement politique (III), Enfin, après avoir explicité la manière dont peuvent être dégagées, chez Hegel, tant une rationalité pratique qu'une normativité philosophique, la dernière partie, conclusive, s'efforce de tirer le bilan des thèses ainsi mises au jour, et de dégager ce que sont la fécondité et les limites de la position hégélienne pour l'élaboration d'une théorie du jugement politique (IV),

    Adrien Louis, Le phénomène politique dans l’oeuvre de Leo Strauss, thèse soutenue en 2013 à Paris Est sous la direction de Monique Castillo et Pierre Manent, membres du jury : Daniel Tanguay (Rapp.), Thierry Ménissier (Rapp.)    

    Leo Strauss nous dispose de bien des manières à attendre de son œuvre une philosophie politique forte et originale. Il nous y dispose en premier lieu par sa critique vigoureuse de la sociologie et de l’historicisme, et par sa défense non moins vigoureuse de la philosophie et de la possibilité de la philosophie politique. Il nous y dispose par-dessus tout par la manière dont il rend compte, dans ses introductions notamment, de l’impulsion de sa recherche : constatant une crise sans précédent dans les sociétés libérales et dans le rationalisme moderne constitutif de ces sociétés, Strauss nous invite à retrouver chez les Anciens une compréhension adéquate des phénomènes politiques, et un rationalisme qui soit pour ainsi dire fidèle à la condition politique de l’homme. D’un autre côté pourtant, son œuvre nous semble toujours nous dérober cette élucidation des choses politiques. Strauss ne dit en particulier rien des régimes, des partis, des guerres, des nations qui animèrent si violemment la politique moderne. Il ne semble considérer cette dernière qu’aux lumières de sa pointe nihiliste ou relativiste d’un côté, et de son origine dans les projets des premiers philosophes modernes – Machiavel, Hobbes, Spinoza. Et lorsqu’il revient aux Anciens, il nous livre des commentaires si pointus et si attentifs de leurs œuvres, qu’il décourage toute tentative d’en extraire des considérations plus générales. Il est vrai qu’il nous livre également des exposés généraux sur la philosophie politique classique, qu’il caractérise notamment par ces deux traits : sa fidélité à la perspective citoyenne sur les choses politiques, et l’attention centrale qu’elle porte à la question du régime. Mais comment se fait-il que le philosophe qui ne nous dise quasiment rien des régimes dans la politique moderne nous intéresse par ailleurs par-dessus tout à la question des régimes ? N’est-ce pas que son portrait paradoxal de la modernité, loin d’être dû à un oubli du politique, est en fait la contrepartie d’une réflexion sur la politique ? N’a-t-il pas pensé que la modernité se caractérisait précisément par un éloignement toujours plus décidé de la condition politique de l’homme ? Dans ce cas, en dépit de notre perplexité, il doit bel et bien y avoir une compréhension straussienne des choses politiques, que l’on doit pouvoir extraire de son œuvre. Quelle est cette compréhension et comment devons-nous en juger ? Telles sont les questions de cette thèse, qui se déploie en deux grandes parties : I. L’analyse straussienne de la politique moderne II. Le phénomène politique dans la philosophie politique classique. Nous avons ainsi soumis l’œuvre de Leo Strauss à un questionnement sur la nature des choses politiques, en trouvant chez d’autres auteurs tels Claude Lefort, Eric Voegelin, Aurel Kolnai et Pierre Manent, de quoi nourrir ce questionnement et mettre en perspective l’approche de Strauss.

    Jacques Carbou, La critique sociale de Raymond Ruyer, thèse soutenue en 2012 à Paris 3 sous la direction de Stephen Launay, membres du jury : Frédéric Lambert, Christian Bachelier et Paulette Choné  

    La critique sociale de Raymond Ruyer (1902-1987) fait partie de son œuvre , surtout connue par les ouvrages de philosophie des sciences et la réflexion sur la biologie dont Georges Canguilhem avait souligné l’originalité dès 1947. Nous montrons que la critique sociale existe dès la thèse complémentaire de 1930, "L’Humanité de l’avenir d’après Cournot" se poursuit avec la réflexion sur l’utopie. L’articulation de la critique sociale avec la philosophie unie à la science que propose Ruyer se trouve dans les valeurs et l’axiologie originale qu’il développe dès 1948. Ce serait une erreur, selon nous, de négliger la critique sociale de Ruyer et nous présentons ici, pour la première fois, une vue d’ensemble des idées de Ruyer sur les sociétés humaines et leur avenir.

    Hugo Castignani, Guerres justes et guerres préventives, thèse soutenue en 2009 à Paris 4 sous la direction de Alain Boyer, membres du jury : Ariel Colonomos et Serge Audier    

    Notre travail a pour objectif principal de circonscrire avec netteté le concept de guerre préventive: l’histoire de sa constitution comme discours spécifique ; les différentes tentatives d’en offrir une définition précise et effective ; et ses effets sur l’ensemble de la théorie de la guerre juste et du droit international. Nous tenterons d’en donner une vue synthétique, tout en rapprochant éventuellement des éléments appartenant à des domaines non purement philosophiques. Il en résultera une histoire des concepts, des pratiques et des institutions liées à la guerre préventive.Avec la pensée de Thucydide comme point de départ historique et méthodologique, notre recherche vise à repérer des principes permanents régissant la pratique de la guerre préventive. D’un côté, nous relèverons les occurrences de ce concept dans le corpus de la philosophie politique, ce qui justifie le choix des auteurs et des textes ici retenus, de Thucydide et Cicéron à Fichte, Clausewitz, Hegel, ou Thomas Schelling, en passant par saint Augustin, saint Thomas, Vitoria, Bodin, Gentili, Grotius, Pufendorf ou Vattel. Nous montrerons en particulier pourquoi ce concept est inséparable des querelles du machiavélisme et de l’antimachiavélisme, en consacrant un chapitre à des auteurs tels que Machiavel, Francis Bacon, Gentillet, Frédéric II, Richelieu, Naudé et Botero.D’un autre côté, nous analyserons l’histoire des guerres préventives à la recherche d’une logique interne identifiable dans la plupart des conflagrations majeures de l’histoire. Ce fil directeur de la logique préventive nous amènera alors à réexaminer la théorie de la guerre juste, et des notions telles que l’impérialisme ou l’agression.

    Yann Basset, Les transformations du populismes en Amérique Latine. Réflexions à partir des cas argentin, bolivien et péruvien, thèse soutenue en 2009 à Paris 3 sous la direction de Jean-Michel Blanquer, membres du jury : Isidoro Cheresky, Olivier Compagnon et Hubert Gourdon    

    Depuis les années 1990, la notion de populisme a connu un renouveau d'intérêt en Amérique latine pour caractériser de nouveaux phénomènes politiques tels que le menemisme en Argentine, le palenquisme et l'ucésisme en Bolivie et le fujimorisme au Pérou. Ces nouveaux usages invitent à réexplorer le concept de populisme dans cette région. Ce travail argument en faveur d'une nouvelle définition du populisme sur la base du discours politique. Il y est analysé comme un discours politique fondé sur la volonté du peuple de manière absolue et exclusive, et au-delà, comme un principe de légitimation que le populisme emprunte à l'idée démocratique de souveraineté populaire, tout en en minimisant l'héritage libéral qui se traduit dans le constitutionalisme.

  • Anne Lancien, La Ligue de l’enseignement : mutations d'une institution d'éducation populaire (1958-2018), thèse soutenue en 2019 à Paris Sciences et Lettres ComUE sous la direction de Philippe Portier, membres du jury : Guillaume Courty (Rapp.), Jean-Louis Laville, Jean Baubérot et Bleuwenn Lechaux  

    La Ligue de l’enseignement, mouvement laïque et républicain d’éducation populaire, est l’une des principales confédérations associatives de France. Par l’analyse de celle-ci, nous souhaitons mettre en lumière les mutations opérées par les organisations de masses et les structures porteuses de sens face à l’incertitude caractéristique de nos sociétés de la modernité avancée. Trois axes structurent ce travail. Le premier porte sur la transformation des stratégies institutionnelles de la Ligue de l’enseignement. Il présente les évolutions opérées par l’organisation pour répondre aux mutations du champ politique, intégrant un soutien oscillant au socialisme et la transformation de ses rapports à la puissance publique. Il porte également sur les ajustements de la politique éducative du mouvement, face à la dépolitisation de l’éducation populaire et à la sécularisation de la question scolaire. Le deuxième axe concerne la refondation des principes doctrinaux, conséquence de la difficulté de défendre un socle axiologique fondé sur la laïcité au sein d’une société sécularisée. Cette partie évoque l’ouverture doctrinale de l’organisation, sa réponse aux nouvelles revendications identitaires, l’instauration d’une laïcité dite « plurielle ». Le troisième axe développe enfin la reconfiguration des pratiques militantes, entre rationalisation organisationnelle, rénovation de la politique communicationnelle et expertise militante. Ce travail constitue ainsi une illustration de l’adaptabilité de la société civile organisée face aux nombreuses mutations induites de la modernité avancée, de même qu’une démonstration du rôle central que peut jouer l’associatif dans la restructuration de celle-ci.

    Bernard Quiriny, La démocratie dans l'oeuvre de Cornélius Castoriadis, thèse soutenue en 2005 à Dijon sous la direction de Claude Courvoisier  

    Politique, philosophie, psychanalyse : la pensée de Cornelius Castoriadis échappe par sa pluridisciplinarité aux classifications traditionnelles. Un thème confère une cohérence à son parcours : celui de la démocratie. Cette thèse se propose de mettre en évidence la permanence de l'idée démocratique dans la pensée de Castoriadis et d'étudier la manière dont évolue sa conception de la démocratie. Restituant au terme son sens radical, Castoriadis envisage d'abord la démocratie comme autogouvernement du peuple ; étendant cette exigence à l'institution sociale dans sa globalité, il l'envisage aussi comme auto-institution de la société. Ce double mouvement de restauration et d'extension du concept s'accompagne d'une relecture des notions centrales de la philosophie politique ; il permet également de rendre sa clarté au concept de démocratie, aujourd'hui particulièrement équivoque.

    Jean-Louis Benoît, Tocqueville moraliste, thèse soutenue en 2002 à Caen sous la direction de Gérard Gengembre  

    Instruire la démocratie, ranimer [. . . ] ses croyances, purifier ses mœurs, régler ses mouvements, substituer [. . . ] la science des affaires à son inexpérience, la connaissance de ses vrais intérêts à ses aveugles instincts, adapter son gouvernement aux temps et aux lieux ; le modifier selon les circonstances et les hommes : tel est le premier devoir imposé de nos jours à ceux qui dirigent la société. Il faut une science politique nouvelle à un monde nouveau. "Dès l'introduction de la première Démocratie, Tocqueville donne à son œuvre une perspective et une finalité morales. L'ensemble de son œuvre confirme que ses textes comme son action font de lui l'un de nos grands moralistes, moraliste et politique, moraliste du politique. Son admiration va d'abord au renversement des valeurs opéré par le christianisme originel puis à l'humanisme de la renaissance et à l'universalisme des Lumières qui, pour lui, reprennent les valeurs de l'évangile. Assuré qu'il n'existe qu'une seule humanité, il lutte pour l'abolition de l'esclavage, dénonce le génocide des Indiens et le racialisme gobinien.

  • Pierre-William Fregonese, De cendres et de braises : la stratégie culturelle de la France au XXIe siècle, thèse soutenue en 2018 à Paris 2 sous la direction de Pascale Martin-Bidou et Jean-Vincent Holeindre, membres du jury : Michel Hastings (Rapp.), Olivier Forcade (Rapp.), Beatrice Heuser  

    La stratégie culturelle est une composante essentielle de la stratégie globale de puissance d'un Etat au XXIe siècle. La France, puissance culturelle historique dotée d'un réseau diplomatique fort, structurant son action culturelle extérieure, voit une concurrence émerger sur la scène internationale. Pour garder son statut, elle défend la diversité culturelle, démarche complémentaire de celle d'exception culturelle, en conservant les acteurs traditionnels de l'influence. Or, dans une époque du tout numérique et de l'immédiateté, et de l'essor des acteurs privés, les codes de l'influence sont renouvelés, remettant en question la pertinence d'une action culturelle extérieure principalement publique.

    Jérôme Couillerot, Un régime de la liberté : la démocratie dans l'œuvre de Claude Lefort, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Olivier Beaud, membres du jury : Justine Lacroix (Rapp.), Bernard Quiriny (Rapp.), Carlos-Miguel Herrera  

    Claude Lefort est un penseur majeur du totalitarisme soviétique et un théoricien original de la démocratie ; mais cette pense��e souffre d’être encore trop peu étudiée, et surtout peu comprise dans son articulation générale. Ce travail se propose de remédier à cette carence, et s’efforce, au travers d’une reconstruction des dimensions fondamentales de l’œuvre, de restituer à la pensée de l’auteur sa cohérence interne. Nous postulons ici que cette cohérence se dévoile à bien vouloir identifier le projet central de Claude Lefort, qui fut de penser les conditions de possibilité de la liberté politique, et partant, la démocratie comme un régime de la liberté. Un tel projet, d’abord envisagé dans le cadre de la théorie marxiste, va progressivement être réévalué à l’aide de la philosophie de Maurice Merleau-Ponty, pour aboutir à une récusation des acceptions traditionnelles – telles que comprises en droit public – des notions de pouvoir et de liberté. Il s’agit alors pour Lefort de permettre la liberté politique, c’est ce que s’efforce de montrer la première partie. Il faut ensuite tirer les conséquences logiques d’une telle récusation. Elle amène à reconsidérer en profondeur la nature des deux termes : le pouvoir gagne une dimension « symbolique », et les libertés se pensent comme indissociablement individuelles et collectives. Cette construction se veut une manière spécifique d’organiser la liberté politique, c’est ce que s’emploie à révéler la seconde partie.

    Zeynep Savasçin, De la publicité kantienne a l'éthicité hégélienne. Raison et vie des normes, thèse soutenue en 2017 à Paris EHESS sous la direction de Marcel Gauchet, membres du jury : Tülin Bumin, Jean-François Kervégan et Lisa Moses Leff  

    Cette recherche se donne la tâche de s’interroger sur une certaine continuité entre la philosophie morale de Kant et la philosophie politique de Hegel qu’on peut découvrir au delà de la rupture indéniable qui oppose le dualisme kantien et le savoir absolu hégélien. Cette interrogation qui revient sur l’évolution qu’ont connue leurs pensées jusqu’à ce qu’elles culminent toutes les deux dans une philosophie du droit, s’élabore autour d’une tentative de lire chacun des deux philosophes à la lumière du principe qui dirige en effet la pensée de l’autre. La première partie examine le devenir de la philosophie kantienne, traversé par le problème d’unité du mécanisme de la nature et de la liberté humaine. Dans cette partie, il s’agit de découvrir la réponse ultime de Kant à ce problème dans le déploiement du droit dans sa normativité et d’examiner en quel sens le dualisme du départ est dépassé dans le principe de la « publicité » médiatisant le droit et la politique. Dans la seconde partie, le devenir de la pensée hégélienne se trouve examiné à travers une étude du développement de la critique hégélienne de Kant. Il s’agit de montrer comment une réévaluation progressive du moment kantien et une évolution dans la conception de l’éthicité s’entrecroisent dans ce devenir. L’interrogation centrale de cette partie se porte sur les différentes étapes de l’Aufhebung du moment kantien, et, parallèlement, sur la possibilité de découvrir chez Hegel la prise en compte d’une distance entre le rationnel et le réel, qui révèle la normativité à l’œuvre dans le mouvement du concept. Cette recherche s’emploie enfin à reposer la question d’une continuité entre ces deux philosophes, se limitant à une confrontation entre la publicité kantienne et l’éthicité hégélienne, et s’attachant à examiner l’aptitude de ces deux manières de penser la réalisation de la liberté, à répondre au défi que chacune représente pour l’autre.

    Grégory Bligh, Les bases philosophiques du positivisme juridique de H.L.A. Hart, thèse soutenue en 2016 à Paris 2 sous la direction de Olivier Beaud, membres du jury : David Mongoin (Rapp.), Bruno Gnassounou (Rapp.), Véronique Champeil-Desplats et Jean-François Kervégan  

    Cette thèse cherche à reconstituer les bases philosophiques de la pensée juridique de H.L.A. Hart (1907-1992), figure majeure du positivisme juridique anglo-saxon au XXe siècle, et professeur de jurisprudence à l'université d'Oxford de 1952 à 1968. Ses travaux demeurent largement méconnus en France.Dégager les sources philosophiques du « positivisme analytique » de Hart permettra, premièrement, de reconstruire le dialogue entre le juriste d'Oxford et certaines figures importantes de la théorie du droit continentale. Hart oppose d’importantes critiques à certaines formes continentales de positivisme juridique, comme le normativisme de Hans Kelsen ou le réalisme scandinave d'Alf Ross. Cependant, cette thèse montrera également qu'il est possible d'établir des rapprochements étroits entre la pensée de Hart et celle du juriste francophone Chaïm Perelman. L'étude des bases philosophiques de la pensée juridique de Hart offre ainsi des points de contact intéressants entre ces différentes cultures juridiques.Deuxièmement, cette thèse cherche à faire ressortir l'influence déterminante de la philosophie du langage ordinaire qui se développa à Oxford au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Notre propos s'appuiera notamment sur un « premier corpus » de textes philosophiques publiés avant son accession à la chaire de jurisprudence en 1952, ainsi que sur les travaux préparatoires à son ouvrage The Concept of Law (1961). Nous défendons l'idée que ses prises de position philosophiques se retrouvent dans sa réflexion juridique et permettent de comprendre la cohérence de son œuvre, ainsi que la forme d'empirisme juridique qui sous-tend sa conception de la notion de Constitution.

    Tanguy Pasquiet-Briand, La réception de la Constitution anglaise en France au XIXème siècle. Une étude du droit politique français, thèse soutenue en 2015 à Paris 2 sous la direction de Philippe Lauvaux, membres du jury : Jacky Hummel (Rapp.), Alain Laquièze (Rapp.), Cécile Guérin-Bargues  

    Le modèle réformiste de la Constitution de l’Angleterre a intellectuellement dominé la France du XIXe siècle. Synthèse des aspirations françaises visant la stabilité politique, cette représentation mêle un historicisme de l’accomplissement libéral du gouvernement représentatif et une adhésion à la légitimation coutumière de l’innovation. Elle procède d’un jeu de projections contradictoires sur la Constitution anglaise. D’une part, les libéraux romantiques identifient dans ses institutions, les conditions propres à préserver l’individu des abus du pouvoir et à permettre le développement de la démocratie. D’autre part, les traditionalistes perçoivent dans la continuité historique de l’Angleterre, les bienfaits structurants de la hiérarchie sociale et de la liberté aristocratique. Plus particulièrement, les Doctrinaires décèlent, dans la morphologie civilisationnelle de l’Angleterre, une société déployant la liberté dans l’ordre. C’est dans le parlementarisme, produit historique de l’évolution institutionnelle anglaise, que la doctrine politique finit par identifier le régime politique susceptible de clore les tensions révolutionnaires françaises. Pensé comme une matrice libératrice des énergies individuelles et conservatrice de l’ordre politique et social, il dépossède le chef de l’Etat de son pouvoir personnel, dans la mesure où il le rend irresponsable. En outre, il consacre le règne de l’opinion publique par la prédominance de la chambre élective et par la reconnaissance de la responsabilité politique des ministres. Enfin, il encadre l’action politique par les usages historiques hérités de la monarchie représentative. Fondé sur un projet politique, le parlementarisme français donne corps à une philosophie prudentielle du droit constitutionnel. Celle-ci conçoit la constitution comme un cadre institutionnel au sein duquel l’agir politique doit pouvoir adapter la société à son stade de développement historique. Le laconisme des Lois constitutionnelles de la Troisième République témoigne de l’enracinement de ce réformisme constitutionnel. Plus qu’un compromis politique de circonstances, il cristallise en effet une politique constitutionnelle libérale et conservatrice. Ce travail entend montrer qu’elle résulte de la modélisation française de la Constitution anglaise au XIXe siècle.

    Sidney Floss, Les critiques de la notion de souveraineté en Droit et Sciences Politiques : l'évolution sématique des concepts source de confusion, thèse soutenue en 2015 à Rennes 1 sous la direction de Jean Baudouin, membres du jury : Dario Battistella (Rapp.), Johann Michel (Rapp.), Bernard Bruneteau et Stéphane Pierré-Caps  

    Cette thèse s’interroge sur les raisons de la crise actuelle de la notion de souveraineté. La plupart des critiques affirment dénoncer la souveraineté dans sa conception classique telle que formulée par Hobbes et Bodin. Il s’agira alors de montrer que ces critiques manquent leur objet. Elles ne concernent pas la souveraineté de Hobbes ou Bodin mais une reconstruction de celle-ci. La thèse soutenue est que les évolutions paradigmatiques au sein des différentes disciplines ayant à traiter de la souveraineté ont profondément modifié son sens, de même que le sens des termes la définissant. Les concepts de pouvoir, d’État, de droit, ont été transformés en fonction de l’évolution des États et des préoccupations de chercheurs appartenant à des champs différents. Ce travail s’attachera à préciser la diversité de sens accordée aux différentes notions pour ensuite montrer que les critiques actuelles de la souveraineté transposent leurs propres définitions aux termes utilisés par Bodin et Hobbes. Il apparaîtra alors qu’en reprenant la souveraineté dans son sens originel, il est impossible de la considérer comme limitée.

    Emilie Himeur, Une autre théorie critique : l'histoire intellectuelle de la revue Nord-américaine Telos 1968-2001, thèse soutenue en 2014 à Bordeaux sous la direction de Patrick Troude-Chastenet, membres du jury : Slobodan Milacic et Philippe Portier  

    Notre thèse d’analyse des idées politiques retrace l’histoire intellectuelle de larevue de pensée critique étasunienne Telos de 1968 à 2001. A travers notre travail denarration critique, nous cherchons à comprendre, au sens wébérien, l’évolution idéologiquesignificative de la publication-organisation, qui est passée en moins de trente ans d’unpositionnement néo-marxiste affilié à la Nouvelle gauche américaine à un populisme prochede la Nouvelle droite européenne. Notre hypothèse de travail est que le rapport que Telosentretient avec la Théorie critique de l’Ecole de Francfort est déterminant pour comprendreson évolution et écrire son histoire. Nous défendons ici la thèse que Telos constitue unorgane dissident de « théorie critique nord-américaine » (Mooney, Calhoun) qui s’exprimesous la forme d’un « traditionalisme critique » qui tient lieu de synthèse entre différentesbranches de théorie critique contemporaine. En tant que synthèse, la théorie telosiennedépasse l'héritage de la vieille Théorie critique francfortoise, dans un double rapportd’intégration et de négation. In fine, Telos produit sa propre critique, une autre théoriecritique.

    Mélanie Roussel, Du "bon régime", thèse soutenue en 2014 à Paris 2 sous la direction de Stéphane Rials, membres du jury : Éric Desmons (Rapp.), Carlos-Miguel Herrera (Rapp.)  

    Réfléchir sur le « bon régime », c’est s’interroger sur l’organisation politique qui convienne à la nature imparfaite de l’homme. Cette nature, combinée avec la contingence dans laquelle l’action humaine se déploie, rend illusoires les tentatives de constructions théoriques et absolument parfaites. Le « bon régime », c’est un régime juste, modéré, orienté vers le bien commun. Mais c’est surtout un régime adapté à la communauté qu’il a pour vocation d’organiser. Le pragmatisme et la « prudence » sont nécessaires pour dégager la constitution qui convient à la communauté politique. La composition sociologique de celle-ci, son histoire, ses moeurs et ses traditions déterminent pour une large part les solutions constitutionnelles qui peuvent être mises en oeuvre. Le « régime » s’insère dans un « système » qui le détermine en partie. Le régime mixte est pendant longtemps apparu comme la forme institutionnelle adaptée à la réalisation du bon régime puisqu’il permet la juste représentation des divers intérêts en présence et l’adhésion du plus grand nombre. Son apparente disparition à l’époque moderne et contemporaine est trompeuse, car ses caractéristiques principales, notamment la modération et l’équilibre, évoluent et se transforment pour s’adapter aux nouvelles réalités. Le constitutionnalisme moderne, par son attachement aux mécanismes de distribution des pouvoirs censés garantir l’équilibre et la modération du pouvoir en est l’illustration parfaite. Mais c’est surtout la persistance paradoxale de diverses formes d’hétéronomies – sociologique, morale, naturelle – qui montre que les modernes et les contemporains n’ont pas rompu de manière définitive avec le « bon régime », si cher aux anciens.

    Tristan Pouthier, Droit naturel et droits individuels en France au dix-neuvième siècle, thèse soutenue en 2013 à Paris 2 sous la direction de Denis Baranger, membres du jury : Jean-Yves Chérot (Rapp.), Bruno Daugeron (Rapp.), Frédéric Audren et Jean-Jacques Bienvenu  

    Les droits individuels consacrés en France par les déclarations des droits de la période révolutionnaire ont engendré tout au long du XIXe siècle un corps de droit positif destiné à organiser leur exercice légal. La doctrine de droit public a fourni à cette époque, par le biais des ouvrages, des revues et de l’enseignement, un important effort de théorisation de ce corps de droit inédit. Or il est frappant de constater le peu de souvenirs qui ont été conservés aujourd’hui de cet effort théorique. Les divers discours sur les droits individuels qui ont émaillé la période révolutionnaire nous demeurent en réalité bien mieux connus que la doctrine du siècle suivant : la pensée contemporaine reste par exemple en terrain connu lorsqu’elle démêle au sein des discours de la fin du XVIIIe siècle les influences croisées de Locke, de l’École moderne du droit naturel ou de l’Encyclopédie. En revanche, la réflexion menée par la doctrine publiciste du XIXe siècle sur les droits individuels est tombée dans l’oubli parce qu’elle nous est devenue culturellement étrangère. Le cadre intellectuel et moral au sein duquel la théorie des droits individuels a pu être élaborée à cette époque s’est en effet désagrégé définitivement au tournant des XIXe et XXe siècles, pour laisser la place à une domination sans partage du positivisme juridique. Le but de la présente thèse est de rouvrir l’accès à un moment bien déterminé de la réflexion française sur les droits individuels, en replaçant le travail mené par la doctrine publiciste du XIXe siècle dans le cadre de la culture juridique de l’époque. Elle adopte à cette fin une perspective large incluant l’apport,d’une part, de l’histoire de la philosophie, et, d’autre part, de l’histoire de la doctrine juridique et de l’enseignement du droit. La théorie publiciste des droits individuels au XIXe siècle ne devient en effet pleinement intelligible que mise en rapport avec la doctrine très particulière du droit naturel qui a dominé durant un siècle dans l’université française, et qui a profondément imprégné la culture juridique du temps.

    Apostolos Vlachogiannis, Les juges de la Cour Suprême des Etats-Unis et la notion de constitution vivante, thèse soutenue en 2011 à Paris 2 sous la direction de Olivier Beaud, membres du jury : Gwénaële Calvès (Rapp.), Michel Troper (Rapp.), Pierre Birnbaum et Armel Le Divellec  

    Les juges de la Cour Suprême des États-Unis et la notion de constitution vivante.Une constitution écrite peut-elle évoluer au cours du temps et s’adapter aux besoins et aux valeurs évolutives de la société, sans pour autant être révisée formellement ? Et si oui, qu’en est-il du texte constitutionnel ? Devant ces interrogations, la notion de constitution vivante vise à résoudre le paradoxe du changement matériel de la Constitution sans modification du texte. Elle est sans aucun doute un topos – qui ne manque pas de susciter des critiques,notamment celle de la théorie dite « originaliste » - de la pensée constitutionnelle américaine, un concept mobilisé, en l’occurrence, pour justifier la cause de la réforme juridique et sociale. Elle a été développée,durant le XXe siècle, principalement par des juges de la Cour Suprême américaine qui ont fourni une approche stimulante et fertile de la nature de la Constitution. La notion de constitution vivante exprime donc une conception évolutive de la Loi suprême, qui saurait, par sa flexibilité et sa fonctionnalité,s’adapter au changement de circonstances. Dans ce cadre, elle a été instrumentalisée afin de surmonter la rigidité de la procédure de révision formelle prescrite par l’article V de la Constitution. Cette notion est dès lors porteuse de la tension entre la permanence du texte et l’évolution du droit constitutionnel positif. Pour justifier ce décalage entre la forme et le fond, les juges défenseurs de la constitution vivante ont toujours traité le texte comme un « document vivant », qui doit être lu à la lumière des valeurs évolutives et des idéaux partagés par le peuple américain.

    Frédéric Morgan, Prendre la constitution au sérieux : leo Strauss et ses disciples interprètes du régime américain, thèse soutenue en 2010 à Paris 4 sous la direction de Alain Renaut, membres du jury : Jean-Marie Donegani    

    La philosophie politique de Leo Strauss a inspiré aux États-Unis des disciples bien au-delà des départements de philosophie. En créant une communauté de conversation, les « straussiens » ont insufflé à l’étude et à l’activité politique un style de pensée irréductible aux sensibilités libérale et conservatrice contemporaines, bien qu'ils aient principalement choisi de dialoguer avec le conservatisme politique naissant. Le conservatisme lincolnien qu’ils ont adopté en est une version modérée par le rationalisme du premier constitutionalisme américain et trouve son origine dans la réhabilitation polémique de la science politique aristotélicienne. En effet, cette science politique les a conduit à interpréter le constitutionalisme à la lumière des principes des pères fondateurs de la République américaine.