Présentation de l'éditeur
C'est un mot qui passe pour intraduisible et qui renvoie aux traits distinctifs de notre histoire nationale. Les origines de la laïcité remontent aux guerres de Religion, où la puissance royale commence à s'émanciper de l'autorité de l'Église. C'est de cette crise originelle que part ce livre.
L'Édit de Nantes impliquait qu'on pouvait être bon Français sans être catholique. C'est cette brèche que Louis XIV va tenter de refermer avec la Révocation. Mais la monarchie absolue tire sa légitimité moins de ses fondements religieux que de sa rationalité administrative et de son pouvoir civilisateur. Avec la Révolution, la France cesse d'être un royaume catholique pour emprunter la voie qui mène à l'État laïque, dégagé de toute conception théologique.
Le conflit entre France catholique et France républicaine se poursuivra au XIXe siècle, où la IIIe République s'engage dans une laïcité militante, avant d'aboutir à la loi de 1905. Il prendra d'autres formes pour s'épuiser en 1984 avec la tentative avortée d'intégrer l'école privée catholique dans l'enseignement public.
Cependant, depuis les années 1960, l'évolution des mœurs érodait progressivement le consensus moral qui unissait croyants et incroyants, pour déboucher sur les controverses autour du «mariage pour tous» et de la procréation médicalement assistée.
À ces dissensions s'est ajouté un nouveau défi, l'émergence d'une religion, l'islam, qui pose à la laïcité des problèmes inédits et introduit au sein même de l'opinion laïque des divisions profondes.