Pierre-Yves Baudot

Professeur
Sociologie, démographie.
Université Paris Dauphine

Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales
  • THESE

    Événement et institution : les funérailles des présidents de la République en France (1877-1996), soutenue en 2005 à Paris 1 

  • Pierre-Yves Baudot, Emmanuelle Fillion (dir.), Le handicap, cause politique, Presses universitaires de France - Humensis et La vie des idées, 2021, La vie des idées, 108 p.   

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard (dir.), L'État des droits: Politique des droits et pratiques des institutions, Presses de Sciences Po et Cairn, 2015, Collection académique ( Gouvernances ), 256 p.    

    Droit au logement, droits des malades, égalité des droits et des chances, participation et citoyenneté des personnes handicapées, droit à un revenu minimum, etc. La référence aux droits subjectifs n'a cessé de gagner en importance dans la production législative, en France comme dans d'autres pays occidentaux. L'État peut-il garantir la réalité de ces nouveaux droits reconnus aux individus ? De quelles capacités les acteurs publics disposent-ils pour les mettre en oeuvre ? Comment les revendications en termes de droits contribuent-elles à transformer les modalités d'intervention étatiques et à déplacer les frontières de l'action publique ? L'ouvrage enquête sur cet « État des droits », à partir de différents cas nationaux, en Belgique, au Canada, en France et en Suède et dans divers secteurs de l'action publique – handicap, discriminations, santé, logement, politiques scolaires. Il montre comment des institutions étatiques, par leurs pratiques quotidiennes, font ou défont les droits des individus. Il prête une attention particulière aux nouvelles organisations (Ombudsman, maisons départementales des personnes handicapées, Halde) qui, hors de l'arène judiciaire, participent de cette politique des droits via des dispositifs de médiation, d'accès aux droits ou d'attribution des droits. Une exploration fi ne des pratiques des droits dans l'action publique, enrichie des apports du droit, de la sociologie et de la science politique

    Pierre-Yves Baudot (dir.), Open et big data, Caisse nationale des allocations familiales, 2015, 121 p. 

    Pierre-Yves Baudot, Thomas Ribémont (dir.), Science politique, 2e éd., Sup'Foucher, 2013, LMD ( Fiches ), 223 p. 

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard, Vincent-Arnaud Chappe, Thomas Ribémont (dir.), La fabrique d'une légalité administrative, Mission de recherche droit et justice, 2011, 383 p. 

    Pierre-Yves Baudot, Thomas Ribémont (dir.), Science politique, Sup'Foucher, 2010, LMD ( Fiches ), 223 p. 

    Pierre-Yves Baudot, Olivier Rozenberg (dir.), Violence des échanges en milieu parlementaire, Éditions Pepper et l'Harmattan, 2010, 187 p. 

  • Pierre-Yves Baudot, « Les associations du social peuvent-elles faire pression ? », Les groupes d'intérêt en France, 2023, pp. 407-426 

    Pierre-Yves Baudot, « Pour une sociologie politique du numérique », Gouverner par les données ? Pour une sociologie politique du numérique, 2023, pp. 249-260 

    Pierre-Yves Baudot, « Les politiques du handicap », Politiques sociales : l'état des savoirs, 2022, pp. 97-114 

    Pierre-Yves Baudot, « Handicap », Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, la démocratie et la citoyenneté, 2022 

    Pierre-Yves Baudot, Marie-Victoire Bouquet, « L’enjeu et le mouvement. Comment les acteurs du handicap ont structuré l’organisation d’En Marche ! », L'entreprise Macron, 2019, pp. 65-78 

    Pierre-Yves Baudot, « Action publique et droits fondamentaux. Des droits comme principe aux droits comme pratiques », Choisir et agir pour autrui? Controverse autour de la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, 2018, pp. 255-260 

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard, « Une sociologie de l'État par les droits. », L’Etat des droits. Politique et droits et pratiques des institutions., Presses de Sciences Po, 2015, pp. 11-58 

    Pierre-Yves Baudot, « La force d'un lieu commun : le "Président-Soliveau" », in Sommier I., Crettiez X., (dir.) (dir.), Les dimensions émotionnelles du politique. Parcours de traverses avec Philippe Braud, Presses Universitaires de Rennes, 2012, pp. 51-82 

  • Pierre-Yves Baudot, « La dé-démocratisation des élections. Race et handicap dans les politiques électorales aux Etats-Unis », Critique Internationale, 2023, n°98 

    Pierre-Yves Baudot, « Comment meurt un droit ? La Loi Elan et la fin de l’accessibilité du bâti », Droit et société, 2023, n°113 

    Pierre-Yves Baudot, Marion Clerc, Amélie Carrier, Aude Lebrun, Mathilde Guellier [et alii], « L’intimité des sociologues »: Retour réflexif sur une enquête collective sur des proches, Genèses. Sciences sociales et histoire, 2023, n°2, pp. 130-145 

    Pierre-Yves Baudot, Marie-Victoire Bouquet, « Expérience biographique du handicap et participation électorale. Les effets croisés de l’âge, du temps et du handicap sur le vote des personnes handicapées (France, 2017) », Alter: European Journal of Disability Research / Revue européenne de recherche sur le handicap, 2022, n°3 

    Pierre-Yves Baudot, Marie-Victoire Bouquet, « Voter pour soi. Le vote dans le travail biographique d’électrices et d’électeurs handicapés », Politix, 2022, n°139 

    Pierre-Yves Baudot, Anouk Martin, Aude Lebrun, Marion Clerc, Amélie Carrier [et alii], « Le confinement de l’intérieur. Appropriations genrées de l'espace domestique », Revue des politiques sociales et familiales, 2021, n°4, pp. 107-117 

    Pierre-Yves Baudot, Marie-Victoire Bouquet, Céline Braconnier, Ghislain Gabalda, « Les politiques publiques façonnent-elles les listes électorales ? Le cas des personnes handicapées en 2017 », Revue Française de Science Politique, 2020, n°6 

    Pierre-Yves Baudot, « Layering Rights: The Case of Disability Policies in France (2006-2016) », Social Policy and Society, 2018, n°1 

    Pierre-Yves Baudot, « Le handicap comme catégorie administrative : Instrumentation de l’action publique et délimitation d’une population », Revue française des affaires sociales, 2016, n°4 

    Pierre-Yves Baudot, « La donnée et le système : Comment socialiser un instrument d’action publique ? Le cas du système d’information partagé-personnes handicapées (2006-2014) », Gouvernement & action publique, 2015, n°2 

    Pierre-Yves Baudot, Guillaume Marrel, Magali Nonjon, « Encore une révolution informatique ? Open et big data dans les organisations administratives », Informations sociales, 2015, n°191 

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard, « Entre mobilisations et institutions : les politiques des droits dans l'action publique. », Gouvernement & action publique, 2014, n°4, pp. 9-33   

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard, « L'autonomie de l'équilibriste : contribution à une sociologie de la production institutionnelle des droits », Gouvernement & action publique, 2014, n°4, pp. 83-113   

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard, « Politiques des droits », Gouvernement & action publique, 2014 

    Pierre-Yves Baudot, « Le vote à l'épreuve informatique : Savoirs pratiques et savoirs de régulation dans l'informatisation de la procédure électorale (France, 1960-1990) », Revue d'Anthropologie des Connaissances, 2014, n°3 

    Pierre-Yves Baudot, « Figures de l’État local. Une approche relationnelle des politiques du handicap », 2013  

    Trois voix sur 21 Les services déconcentrés de l’État représentent trois voix sur 21 au sein des Commissions des droits et de l’autonomie de la personne handicapée (cdaph) qui décident de l’attribution des droits et des prestations aux personnes handicapées. Ces commissions ont été instituées au sein des Maisons Départementales des Personnes Handicapées (mdph) placées sous la tutelle du Président du Conseil général. Avant la loi du 11 février 2005, les politiques du handicap étaient mises en ...

    Pierre-Yves Baudot, Céline Borelle, Anne Revillard, « Politiques du handicap », Terrains et Travaux : Revue de Sciences Sociales, 2013, p. 100 

    Pierre-Yves Baudot, Céline Borelle, Anne Revillard, « Droits ou quotas ? L’American with disabilities act (ADA) comme modèle des droits des personnes handicapées », Terrains et Travaux : Revue de Sciences Sociales, 2013, n°23, pp. 127-158   

    Pierre-Yves Baudot, Céline Borelle, Anne Revillard, « Politiques du handicap »: Introduction, Terrains et Travaux : Revue de Sciences Sociales, 2013, n°23, pp. 5-15   

    Pierre-Yves Baudot, Céline Borelle, Anne Revillard, « Le voyage des droits »: Introduction à la traduction de “Rights or quotas”, Terrains et Travaux : Revue de Sciences Sociales, 2013, n°23, pp. 113-125   

    Pierre-Yves Baudot, « Les crédits de la gloire. Coût et financement des cérémonies funèbres présidentielles en France (1877-1996) », 2012  

    Le 2 février 1895, le sénateur républicain Delpech, ancien prisonnier de la guerre de 1870-1871, s’émeut que le Maréchal Canrobert, bonapartiste convaincu et défait à Metz avec Bazaine, puisse se voir reconnaître des funérailles nationales. C’est la personnalité du défunt qui est en cause, non le coût de la cérémonie (un crédit de 20 000 francs est demandé). La reconnaissance nationale ne se marchande pas : « Messieurs, qu’un jour, un soldat français vienne déposer en France, après avoir sauv...

    Pierre-Yves Baudot, L. Ould-Ferhat, « L'administration à l'épreuve du savoir », Sociologies pratiques, 2012, n°24, pp. 1-7 

    Pierre-Yves Baudot, « Coût et financement des funérailles d'État en France (1877-1996) », Histoire & Mesure, 2012, pp. 59-96 

    Pierre-Yves Baudot, Olivier Rozenberg, « Désordres parlementaires », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2011, n°83, pp. 2-5 

    Pierre-Yves Baudot, Olivier Rozenberg, « Désordres parlementaires », Genèses. Sciences sociales et histoire, 2011, n°83, p. 176   

    Pierre-Yves Baudot, Olivier Rozenberg, « Introduction : Lasses d'Elias : des assemblées dé-pacifiées ? », Parlement, Revue d'histoire politique, 2011, n°14, pp. 6-17 

    Pierre-Yves Baudot, Olivier Rozenberg, « Violence des échanges en milieu parlementaire », Parlement, Revue d'histoire politique, 2011, n°14, p. 194 

    Pierre-Yves Baudot, Olivier Rozenberg, « Entretien avec Claude Azéma, directeur du service du compte rendu intégral à l'Assemblée nationale », Parlement, Revue d'histoire politique, 2010, n°14, pp. 133-145 

  • Pierre-Yves Baudot, Estelle Aragona, Magali Robelet, Communauté 360 : contribution sur l’admission en établissements et services médico-sociaux pour personnes en situation de handicap, 2021 

    Pierre-Yves Baudot, Estelle Aragona, Magali Robelet, L’admission en établissement spécialisé : flux de populations, parcours individuels et réseaux d’établissements., 2019 

    Pierre-Yves Baudot, Les MDPH : un guichet unique à entrées multiples. Rapport final, 2013   

  • Pierre-Yves Baudot, « Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales », le 16 mai 2024  

    Journée d'études organisée par le CRESPPA-CSU, CNRS

    Pierre-Yves Baudot, « Les « sciences » électorales. Expertises, dispositifs et circulations des savoirs sur les élections », le 28 mars 2024  

    Colloque organisé par le CURAP, Université de Picardie sous la direction scientifique de Clément Desrumaux et Sébastien Vignon, en collaboration avec Triangle et l’ANR VERELECT

    Pierre-Yves Baudot, Amélie Carrier, Marion Clerc, « Comment nous sommes-nous confiné⋅es ? Les processus horizontaux de la conformation », Congrès de l'association française de science politique, Grenoble, le 01 juillet 2024 

    Pierre-Yves Baudot, « Alternance politique, continuité administrative ? », le 18 septembre 2023  

    Colloque organisé par Kévin Bernard, Tanguy Levoyer et Raphaëlle Sors et co-financé par l'Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales (IRISSO, Université Paris-Dauphine, PSL) et l'Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS, Ecole des hautes études en sciences sociales, EHESS)

    Pierre-Yves Baudot, « L'espace public comme entre-soi valide. Le handicap face à la condition d'accessibilité », Politiques de l'interaction. Relire Goffman sous l'angle du politique, Paris, le 01 novembre 2022 

    Pierre-Yves Baudot, « Le vote en contexte(s) », le 23 septembre 2021  

    Organisé par l'Université Paris Dauphine -PSL

    Pierre-Yves Baudot, « Variations autour du « handicap » », le 28 novembre 2018  

    Séminaire CAtégorisation NAturalisation STIGmatisation, organisé par Josepha Dirringer et Laurent Rousvoal

    Pierre-Yves Baudot, « Etre protégé(e), jugé(e) et puni(e) », le 28 juin 2018  

    Organisé par Dysolab et l’Observatoire des profilages

    Pierre-Yves Baudot, « Sociologie d'une entreprise politique émergente : Emmanuel Macron et le macronisme », le 11 janvier 2018  

    Organisé par le CERAPS, Université Lille 2 et le CESSP, Université Paris 1 sous la responsabilité scientifique de Bernard Dolez, CESSP, Julien Fretel, CESSP, Rémi Lefebvre, CERAPS et Pierre Mathiot, CERAPS

    Pierre-Yves Baudot, Anne Revillard, « Campaigning within the campaign: the French disability rights movement in the 2012 elections », Séminaire EHESS Mobilisations et identités collectives dans le champ du handicap et de la santé, Paris, le 10 décembre 2013 

    Pierre-Yves Baudot, « Sciences de gouvernement. Circulation(s), traduction(s, réception(s) », le 16 décembre 2010 

  • Pierre-Yves Baudot, Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales 

PublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Adèle Merle, S'appauvrir à vie , thèse en cours depuis 2024 en co-direction avec Pierre-Yves Baudot  

    Cette thèse propose d'étudier les différentes dimensions de l'appauvrissement engendré par le handicap. Si la congruence entre handicap et pauvreté a récemment été soulignée, elle demeure peu documentée. Les dynamiques d'appauvrissement et les arrangements mis en place pour y faire face seront étudiés à partir des trajectoires sociales, des positions de classe et des espérances pour l'avenir telles qu'elles sont retravaillées par le handicap. Cette recherche entend contribuer à la réflexion sur la mesure de la pauvreté et ses effets sur l'ancrage en contexte des personnes handicapées ainsi que les effets des politiques publiques sur la protection. L'extension de l'analyse de la pauvreté, au-delà de ses dimensions monétaires, à des formes objectives, subjectives et relationnelles, contribue à l'analyse de l'articulation entre position objective et représentation subjective. La thèse questionnera l'effet des politiques publiques sur la sécurisation des trajectoires, la projection et les dynamiques de pauvreté des personnes handicapées. Cette recherche mobilise conjointement les sociologies du handicap, de la pauvreté, la sociologie politique de l'action publique et celle des classes sociales. Cette recherche permettra de quantifier les coûts et dynamiques de pauvreté liés au handicap de façon quantitative et qualitative. Elle propose aussi de mener une ethnographie du handicap à l'échelle territoriale, pour saisir les dynamiques d'appauvrissement, d'ancrage et de protection à l'aune des politiques publiques et des classes sociales territorialisées. Enfin, une ethnographie au sein d'un espace où les espérances sont en train d'être retravaillées, un centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle, permettra de contribuer à la compréhension du retravail des espérances engendré par le handicap.

    Estelle Aragona, À la recherche de l'admission : sociologie politique de l'appariement en établissements spécialisés pour personnes en situation de handicap, thèse soutenue en 2022 à Amiens en co-direction avec Pierre-Yves Baudot  

    L'approche par instruments d'action publique (Lascoumes et Le Galès, 2005) a été choisie pour étudier le processus d'appariement des personnes handicapées et des places en établissements (Simioni et Steiner, 2022) à l'œuvre dans le monde de la production des droits (Baudot et Revillard, 2014). La thèse a pu montrer en quoi faire matcher des personnes handicapées et des places en établissements médico-sociaux repose sur une longue chaîne d'intermédiaires. En effet, l'activité d'appariement concerne un ensemble d'acteurs et implique des relations et des outils pour évaluer des situations individuelles, produire du jugement, formuler des décisions, négocier des ressources, répondre à des injonctions, rendre compte de pratiques, etc. La recherche a consisté à comprendre l'enchevêtrement des instruments d'appariement utilisés, de façons variées, par les acteurs locaux, ainsi que les effets de cet enchevêtrement sur la configuration locale, sur le rapport local-national et sur les ressortissants. Le principal résultat de la thèse consiste à affirmer que les instruments reproduisent les inégalités d'accès aux accompagnements spécialisés. Ils ne règlent pas le problème, en dépit des raisonnement politiques et des choix techniques à leurs origines. Cette reproduction des inégalités est d'abord liée au fait que l'appariement est une question de circulation d'informations. Si les instruments de gestion des listes d'attente sont des supports de renseignement d'informations, ces dernières ne traduisent pas nécessairement les pratiques d'admission des établissements. Ces instruments participent à rendre visibles les réussites de l'appariement au travers des admissions prévues (les cas priorisés) et les admissions réalisées, plutôt qu'à alerter sur les personnes en attente de places. Les pratiques de priorisation des cas se généralisent pour bon nombre d'établissements, du fait des catégorisations internes et externes (établissements, associations, réseaux d'établissements) et venant des autorités publiques pour distribuer les précieuses places. La priorisation via les instruments continue de faire une "sélection-exclusion" (Simioni et Steiner, 2022), elle n'introduit pas d'équité dans l'accès aux établissements. De plus, la catégorisation des cas par les établissements et par les acteurs impliqués dans les dispositifs d'appariement est fondée sur l'interprétation des situations. Ainsi, s'il existe des régularités dans les façons de produire du jugement (définition des situations critiques, jurisprudence interne des établissements), les priorités sont aussi accordées en fonction des ressources profanes et professionnelles dont disposent les personnes handicapées et leurs familles, qui dépendent de leurs capitaux sociaux, économiques et culturels

    Claire Elazzaoui, Le vieillissement LGBT comme problème public émergent, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Pierre-Yves Baudot  

    Cette thèse propose d'interroger le vieillissement LGBT comme un problème public perpétuellement émergent, c'est-à-dire dont les multiples occurrences (nombreuses et variées dans le temps et l'espace) semblent être cantonnées à un degré embryonnaire de publicisation. Cette réflexion se déplie en trois axes principaux. Premièrement, une remise en question la conception de l'émergence comme d'une phase ou séquence intermédiaire de la vie d'un problème, unique et amorçant une publicisation accrue. Deuxièmement, la question des conditions de possibilité de la constitution d'une mémoire du problème, ce dont l'absence aujourd'hui permet aux porteurs actuels de ce dernier de se dire et penser les premiers. Enfin, les recompositions de l'espace (notamment associatif, mais pas exclusivement) autour de ce problème, principalement autour des dynamiques de concentration des acteurs autour d'un ou deux pôles associatifs, et d'appropriation du problème par ces derniers.

    Louise Pasquiers, Usages et enjeux des outils de quantification au coeur des politiques d'accessibilité. Une comparaison France-Allemagne des services publics de l'emploi, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Pierre-Yves Baudot  

    Ce projet de thèse vise à étudier la façon les services publics de l'emploi français et allemands conçoivent et mettent en œuvre des politiques d'accessibilité liées à une meilleure prise en compte du handicap sur le marché du travail. La recherche porte plus spécifiquement sur la diffusion organisationnelle de dispositifs et d'une culture de l'« inclusion » pour les personnes en situation de handicap et sur le recours à des outils innovants de quantification des leviers et freins de l'accès à l'emploi, permettant d'évaluer l'efficacité des politiques mises en œuvre par les organisations intermédiaires du marché du travail.

    Hippolyte Regnault, Médicaments, genre, et inégalités sociales de santé. Interroger le sexe de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) du VIH, thèse en cours depuis 2022 en co-direction avec Pierre-Yves Baudot  

    L'extension de l'usage de la prophylaxie préexposition (PrEP) s'est imposée ces dernières années comme une priorité des acteurs et actrices de la lutte contre le VIH/sida. Ce projet de thèse propose d'étudier la fabrique des politiques d'inclusion des minorités de genre au paradigme biomédical de la prévention du VIH en France hexagonale comme celle d'une configuration de gouvernement structurée par – et structurant – des inégalités sociales de santé spécifiques. Il s'intéresse aux mécanismes de production de l'efficacité de la PrEP comme à ceux d'un instrument d'action publique. Il propose dans ce cadre de problématiser la relation entre l'efficacité politique de l'instrument et celle, biomédicale, des médicaments sur lesquels il s'appuie. En effet, d'un point de vue biomédical, la PrEP varie en efficacité au regard de ce qu'on pourrait appeler son “sexe”, ou le fonctionnement sexué des médicaments qui la matérialisent. En 2024, près de dix ans après qu'ait été démontrée l'efficacité d'un traitement intermittent pour les hommes cis homosexuels, les femmes cis et les personnes trans sont encore restreintes à l'utilisation continue et journalière du médicament, et ce sur le fondement de connaissances biomédicales postulant un sexe binaire, univoque, et facteur d'(in)efficacité du traitement. Si ces connaissances ne font pas l'objet d'un consensus pharmacologique clair – ni sur ce qu'est le sexe, ses métriques, ses logiques d'interaction avec le médicament, son impact sur l'efficacité du traitement – elles s'en donnent toutefois l'apparence tant elles circulent au sein de la configuration, y compris parmi les communautés scientifiques, et tant elles semblent déterminer les scenarii de l'action publique préventive, autour, notamment, de la promesse industrielle de l'arrivée de nouvelles molécules à longue durée d'action. Incomplet, incertain, le savoir/ignorance qui caractérise le sexe de la PrEP est pourtant peu remis en question : il semble l'instituer comme naturel, et avec lui, la configuration de gouvernement. Ce projet de thèse entend donc croiser trois perspectives de recherche encore peu articulées dans les sciences sociales françaises : l'analyse instrumentale de l'action publique ; le renouvellement de l'approche biographique de l'étude des médicaments pharmaceutiques ; la critique féministe de la construction du sexe par la technique et les sciences. Il interroge les mécanismes permettant le gouvernement d'une configuration sur la base d'un instrument dont l'efficacité technique varie en robustesse, notamment au prisme du sexe. Dans cette perspective, ce projet de thèse s'intéresse dans chacun des espaces de production de l'efficacité du médicament 1) aux modes de participation des chercheur·euse·s, industriel·le·s, agences publiques, représentant·e·s d'associations de lutte contre le VIH/sida, professionnel·le·s de santé et usager·ères, 2) à la manière dont le sexe, en tant qu'objet de régime de savoirs, transforme la configuration et lui permet de se pérenniser, 3) à l'actualisation du sexe, du genre et de la sexualité en tant que systèmes de normes et de classifications. Autrement dit, on ne s'intéressera pas tant à déterminer ce qu'est le sexe de la PrEP, mais plutôt à documenter ce qu'il fait : le travail politique qu'il réalise pour les acteurs et actrices dominantes de la configuration, et les inégalités sociales de santé qu'il structure. La recherche s'appuie sur divers matériaux et terrains : un large corpus de sources écrites (articles scientifiques, rapports institutionnels, transcriptions de débats sur la règlementation, communiqués de presse) ; l'ethnographie d'un projet de recherche sur la santé sexuelle de femmes travailleuses du sexe immigrées à Marseille, une enquête par entretiens auprès de professionnel·le·s de santé, d'usager·ère·s, d'acteur·ices clé du développement des recherches scientifiques sur la PrEP en France ; l'observation de créneaux de consultation médicale.

    Frédéric Ballière, L'Entre-mondes de l'aide aux déboutés : une reconfiguration de l'assistance aux marges de l'État, thèse soutenue en 2021 à Amiens sous la direction de Pierre-Yves Baudot  

    Au croisement d'une sociologie des migrations et de l'action publique, cette thèse analyse les recompositions de l'assistance en direction d'une population exilée, déboutée du droit d'asile. L'enquête repose sur une ethnographie multi-située dans les mondes militant, professionnel et communautaire et combine une observation des pratiques d'assistance et des entretiens biographiques avec les exilés et les intervenants. Elle met en exergue la façon dont l'illégalité du séjour contraint l'expérience des acteurs concernés. Tout d'abord, elle s'intéresse à la manière dont l'absence de papiers détermine le rapport à l'action publique des personnes déboutés elles-mêmes. Elle explore ensuite les implications d'une action sociale qui associe logiques humanitaires et répressives. Enfin, elle met en évidence les limites d'une action militante qui coopère avec les services de l'État. Au-delà, en se tenant au plus près de l'expérience des acteurs concernés, les résultats de cette recherche révèle l'existence d'une forme de protection sociale locale qui se déploie dans l'ombre des institutions tout en mobilisant en partie les ressources et les intervenants. Cet espace intermédiaire, qualifié d'"Entre-mondes de l'aide aux déboutés" voit émerger une action collective qui permet aux acteurs de prolonger, dans les marges, leur intervention en direction des exilés sans titre de séjour. À partir de l'agencement de logiques discrétionnaires, d'un accès résiduel à certaines ressources de l'action publique et de répertoires d'action militant ou communautaire, elle rend possible le maintien sur le territoire de cette population sans droit au séjour, tout comme la pérennisation de l'engagement de ceux qui leur viennent en aide. Au terme de ce travail, se dessine alors un ultime filet de rattrapage de l'État social, qui se déploie dans une relative autonomie vis-à-vis des services de l'État tout en prolongeant son action. Ces résultats invitent alors à reconsidérer le rapport à l'action publique des exilés sans droit au séjour ainsi que les formes de l'engagement militant et/ou professionnel

    Aude Lebrun, La légitimité des concernés , thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Pierre-Yves Baudot  

    Cette thèse de science politique analyse les évolutions des relations entre les associations, les mouvements sociaux et les pouvoirs publics dans l'élaboration des politiques publiques du handicap depuis la loi du 11 février 2005. Elle part de l'hypothèse selon laquelle les rôles et les pratiques ont été redéfinis dans les processus de décision politique par la volonté croissante de faire participer des « personnes concernées ». Cette expression, lorsqu'elle est utilisée par les pouvoirs publics, désigne une nouvelle catégorie de consultation. Des matériaux ont été récoltés sur trois terrains différents : un premier auprès de collectifs se réclamant de l'antivalidisme, un second composé d'associations de plaidoyer (gestionnaires et non-gestionnaires d'établissements) et un dernier réalisé auprès d'acteurs politico-administratifs : au sein des secrétariats d'Etat et du comité interministériel au handicap. Ces terrains d'enquête ont été étudiés par le biais d'entretiens biographiques, d'observations, d'archives et de données récoltées sur Twitter. L'analyse de ces données mettra en perspective l'évolution des carrières, des relations et des répertoires d'action des groupes et des participants de l'espace de la cause du handicap depuis près de 20 ans. Ce travail permettra de saisir les différentes utilisations de l'expression « personnes concernées », en fonction des espaces dans lesquels elle est formulée. Être reconnu comme concerné confère une légitimité pour participer aux processus de consultation des pouvoirs publics dans le secteur du handicap. Ainsi, la légitimité des familles et des professionnels du secteur à exercer des missions de représentation est parfois remise en cause par des militants, au prétexte qu'ils ne sont pas considérés comme concernés. De même, la participation de personnes handicapées est parfois questionnée, cette fois non pour leur rapport au concernement, mais leurs capacités personnelles à représenter un groupe et les moyens matériels et humains mis à leur disposition. La valorisation de ce nouveau critère de légitimité, le concernement, suit les orientations politiques promues depuis la loi 2005 : « l'inclusion », « l'autonomie » et la plus grande participation des personnes concernées. Son usage créé alors des controverses analysées dans le cadre de ce travail doctoral : d'abord, comment sont définies les frontières de la catégorie « personnes concernées » dans ces démarches consultatives ? Ensuite, comment font les acteurs pour garder une place dans l'espace et prouver leur appartenance à cette catégorie ? Et enfin, quels moyens sont effectivement donnés aux personnes handicapées pour qu'elles puissent participer aux processus consultatifs ?

  • Valérie Icard, Gouverner la prison.De la normalisation à la rationalisation de la gestion carcérale : une mise en perspective entre la France et l'Espagne, thèse soutenue en 2022 à université ParisSaclay co-présidée avec Pierre-Yves Baudot  

    Dans cette thèse, nous proposons d’analyser les politiques contemporaines de réforme de la prison ,à partir d'une approche de sociologie politique et de sociologie carcérale. À l'appui d’enquêtes sociologiques dans quatre établissements pénitentiaires en France et en Espagne, est étudié le processus de « normalisation carcérale » dont l'objectif est de rapprocher la vie en détention de celle à l'extérieur. Trois modalités de normalisation retiennent l’attention : la transformation de la relation entre personnes détenues et personnel de surveillance (notamment via la sécurité dynamique), l'amélioration des conditions matérielles de détention et la responsabilisation des personnes incarcérées(notamment promue dans un nouveau régime de détention, les modules de respect). Nous souhaitons comprendre comment la normalisation carcérale et les objectifs sécuritaires et disciplinaires s'articulent dans les réformes contemporaines. L’ambition de cette thèse est de démontrer que le processus de normalisation constitue un levier de rationalisation de la gestion carcérale, en explicitant les reconfigurations des logiques professionnelles, organisationnelles et institutionnelles à l’œuvre. Proposant une sociologie politique des réformes carcérales dans deux cadres nationaux différents, la thèse s'organise autour de trois grands axes de questionnements. Nous analysons tout d’abord les différentes configurations d’action publique dans l'impulsion et les appropriations des politiques de normalisation carcérale. Ensuite, nous en observons les conséquences organisationnelles et professionnelles au sein des établissements. Plus spécifiquement, il s’agit d’examiner, en France et en Espagne, l'influence des politiques de normalisation sur l'évolution des pratiques du personnel de surveillance, les ressorts de son autorité et la relation qu'il entretient avec les personnes détenues. Enfin, à partir de l’analyse de la différenciation des régimes de détention et de l’introduction d’un objectif de responsabilisation, sont étudiées les transformations des modalités de production de l’ordre et d’assujettissement des personnes détenues. Nous mettons ainsi en évidence les reconfigurations contemporaines des modalités de gouvernement de la prison contemporaine, en analysant les transformations de l’autorité du personnel de surveillance, le traitement différentiel des personnes détenues et le recours à des stratégies incitatives et d’activation. Dans cette perspective, l’enjeu analytique de notre thèse consiste à expliciter ce que l'on entend parla rationalisation de l’action publique carcérale, en soulignant la sophistication du pouvoir institutionnel dans la production de l’ordre carcéral.

    Fanny Jaffrès, Le travail protégé à l’ère de l’inclusion : analyse comparée (France – Suède) de l'action publique pour l'emploi et le travail des personnes handicapées, thèse soutenue en 2021 à Paris 8 co-présidée avec Pierre-Yves Baudot  

    Cette thèse s’intéresse aux institutions de travail protégé à l’aune de la promotion de l’inclusion des personnes handicapées en milieu ordinaire. Cumulant différentes méthodes d’enquête (entretiens, observations, recueil et analyse de documentation officielle), elle adopte une approche transversale mettant en lumière l’interdépendance des différents niveaux d’action publique et mobilise une comparaison avec la Suède pour éclairer le cas français par contraste. L’analyse des modalités concrètes de la mise en œuvre du modèle inclusif vis-à-vis des personnes handicapées les plus éloignées du marché du travail nuance l’opposition entre inclusion en milieu ordinaire et institutions spécialisées. Elle montre que les différents modèles de politiques se cumulent plus qu’ils ne se substituent les uns aux autres. La France comme la Suède, pourtant présentée comme un modèle en matière d’inclusion, conservent ainsi un large secteur de travail protégé. En Suède, l’appropriation de l’objectif d’inclusion par l’ensemble des acteurs de l’insertion professionnelle a conduit à une large diffusion des méthodes d’emploi accompagné de sorte que même les bénéficiaires de dispositifs spécifiques travaillent en milieu ordinaire. En France, l’objectif a essentiellement été réapproprié par le secteur du handicap qui a créé de nouveaux dispositifs dédiés, aboutissant indirectement à un renforcement des spécialisations des acteurs. Dans un contexte où les exigences du marché du travail s’accroissent, la thèse met en évidence les apports des dispositifs spécialisés accompagnant vers le milieu ordinaire et/ou proposant une offre alternative d’activité professionnelle.

    Julie Varlet, L’orientation scolaire en Institut-Medico-Educatif, les traductions professionnelles des politiques publiques de "l'inclusion scolaire", thèse soutenue en 2020 à Artois présidée par Pierre-Yves Baudot  

    L'inclusion scolaire dans les politiques publiques françaises et internationales apparaît au début des années 2000. La dernière loi du 26 juillet 2019 invite les professionnels à placer l'usager, ici l’enfant et sa famille, au cœur du projet. Dans ce cadre, une convention CIFRE a été signée avec l'un des principaux acteurs du département du Pas-de-Calais das le champ de la prise en charge des enfants en situation de handicap avec le questionnement suivant : que produisent les principes de l'inclusion en milieu spécialisé dans la construction d'une orientation scolaire ? L'état de l'art permet d'identifier un processus de construction comme étant lié aux effets : 1- du "Nouveau Management Public" sur les pratiques et représentations professionnelles, 2- des politiques publiques sur la place et la participation accrue de l'usager s'inscrivant dans le cadre "des relations de services", 3- de ces différentes politiques publiques sur l'identité professionnelle et la culture professionnelle liées aux pratiques dites "inclusives". Ce questionnement interroge les logiques et représentations professionnelles d'un point de vue microsociologique, à partir des discours professionnels perçus lors d'entretien et pendant les réunions dédiées à l'orientation scolaire des enfants en IME. Le caractère du terme "inclusion" polysémique, polyphonique et multiculturel, contribue à des traductions différenciées de ce principe par les professionnels. Ce sont ces traductions qui sont au cœur de cette thèse, ce qu'elles doivent aux effets des politiques publiques et ce qu'elles produisent en termes d’orientation scolaire.

  • Delphine Raccurt, Le "moment APB", un moment sans histoire ? : le jeu discret des outils d'admission post-baccalauréat dans les politiques d'accès à l'université (années 1960-années 2010), thèse soutenue en 2023 à Paris 1, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Rapp.)  

    La thèse propose de retracer la carrière de l’outil Admission Post-Bac (APB) utilisé entre 2009 et 2017 pour traiter les vœux des bacheliers candidats à une formation post-baccalauréat. Située au croisement de la sociologie de l’action publique, de l’enseignement supérieur, des techniques et des controverses, la thèse exploite divers matériaux : entretiens individuels et collectifs, corpus de presse, analyse de la littérature grise et des rapports publics. La thèse rend compte des dynamiques ayant suscité l’intérêt, la critique et le rejet à l’égard d’APB en analysant les trajectoires empruntées au cours de son existence. Comment analyser la discrète introduction d’APB et sa brusque politisation lorsque la gestion par l’État de l’accès à l’enseignement supérieur est mise en débat ? Comment sa « courte » carrière peut-elle être réinscrite dans les transformations à l’œuvre au sein de l’institution universitaire ? Dans un premier temps, la thèse revient sur le parcours de la « sélection » dans les séquences réformatrices de l’enseignement supérieur, entre les années 1960 et 1980, et montre comment, par un processus de verrouillage politique, le « tabou » de la sélection à l’entrée de l’université s’est progressivement solidifié. Dans l’espace laissé vacant par les dispositions de la loi Savary de 1984, le libre accès à l’université s’est rendu propice à l’expérimentation de nouveaux instruments d’organisation des admissions post-baccalauréat. La focalisation de la thèse sur les entreprises balbutiantes d’harmonisation des procédures montre qu’APB trouve ses origines dans l’institutionnalisation de nouveaux savoirs de gouvernement et la diffusion d’une norme coordinatrice auprès des acteurs intéressés. Pour appréhender le fonctionnement d’APB, la thèse se concentre sur la délégation des admissions post-baccalauréat à des modèles algorithmiques venus de la théorie économique, appliqués d’abord à l’univers « sélectif » puis « non-sélectif » de l’enseignement supérieur. Dans un second temps, la thèse examine les trajectoires empruntées par APB lorsque son cœur algorithmique est mis à l’épreuve par les tensions post-baccalauréat : elle interroge les fissurations introduites dans sa capacité d’agrégation malgré des possibilités d’ajustement soigneusement entretenues par ses « propriétaires » au sein du ministère de tutelle. Le « moment APB » que la thèse prend pour objet se clôture par un processus de mise en politique au cours duquel la condamnation du gouvernement algorithmique des admissions post-baccalauréat se mêle à une réouverture des « possibles » en matière de sélection à l’université.

    Aymeric Mongy, L'autisme, un handicap contre la protection sociale : les usages réformateurs d'un problème-outil, thèse soutenue en 2021 à Université de Lille 20182021, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Rapp.)    

    Depuis plus de quarante ans, la littérature en science politique s’intéresse aux processus de bureaucratisation conduisant à mobiliser dans la fabrique de l’action publique des savoirs et techniques issus du New Public Management (NPM) (Bezes et al., 2011), jusqu’à parfois dresser le constat englobant d’une « bureaucratisation néolibérale » du monde (Hibou, 2013). Ces conceptions mécanistes du transfert de techniques de gouvernement entre secteur public et privé renseignent finalement peu les conditions de leur encastrement social, c’est-à-dire les opérations politiques, symboliques et techniques par lesquelles des groupes sociaux légitiment le recours au NPM ; l’action de sa base sociale en somme. A partir d’une analyse du cas de la construction du problème de l’autisme en France, la présente thèse entend porter sur ce point un éclairage en mettant au jour la manière dont les mobilisations des mouvements associatifs parentaux de l’autisme ont contribué à motiver l’emploi par l’État de techniques et de formats organisationnels issus du management de la santé, renforçant par-là les capacités administratives de contrôle sur l’organisation et les contenus de l’offre de soins psychiatrique et médicosociale. En effet, à partir des années 2010 les « stratégies scandaleuses » (Offerlé, 1998) des organisations parentales conduisent à publiquement mettre à l’index l’archaïsme de modèles de prise en charge ségrégués car trop peu tournés vers l’école, inefficace car trop peu informés des avancées des neurosciences. Mêlant droit à l’inclusion sociale des personnes et accès aux soins dans le secteur libéral, les revendications de ces groupes d’intérêts font se croiser la « trajectoire de réformes » (Bezes, Palier, 2018) de l’autisme et celle d’un autre problème : celui du mode de gouvernement des secteurs du handicap et de la santé mentale. Ce deuxième enjeu est marqué par un retour en force de l’État qui, depuis le début des années 1990, recourt de plus en plus à différentes technologies – agences, appels d’offre, contrats, plateformes, recommandations de bonnes pratiques, forfaits, etc. – en vue de construire un « système » intégré de santé. Leur emploi est tendu vers l’accroissement du rendement des structures de soins sanitaires et des établissements médicosociaux, invités à se spécialiser dans des prises en charge « lourdes » et « complexes » pour renvoyer une partie de leurs publics vers le droit commun. Qu’on l’appelle « virage ambulatoire » ou « tournant inclusif », ce transfert des activités de prise en charge vers le « milieu ordinaire » – rarement sinon jamais interrogé en tant que foyer d’oppression ou facteur d’inégalités – compte pour beaucoup dans la sollicitation de la médecine libérale, censée absorber les demandes de prestations dont sont ainsi déchargées les milieux spécialisés. Sur la base de matériaux divers – sources écrites, entretiens observations et enquête ethnographique conduite en particulier dans le département du Pas-de-Calais – notre recherche montre comment, en cherchant à conformer le processus de production des soins à leurs conceptions des « bonnes pratiques », ces associations ont nourri ce programme. Elle rend également compte de comment la rationalisation logistique des soins induit un délitement des « propriétés sociales » (Castel, 1999) distribuées par les secteurs qu’elle travaille, ce au détriment de leurs publics socialement les plus précaires.

    Sophie Dessein, Des travailleuses et travailleurs associatifs au coeur de la modernisation de l'Etat : le cas du service public de l'emploi pour les chômeurs en situation de handicap, thèse soutenue en 2020 à Paris 1, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Rapp.)  

    Cette thèse étudie la manière dont l’État se reconfigure à travers le secteur associatif. Elle prend appui sur une étude de cas, celui du service public de l’emploi « Cap Emploi » destiné aux chômeurs en situation de handicap, créé en 2005 et déployé par des associations. Tirant partie de plusieurs méthodes (observations par monographies et par immersion dans trois Cap Emploi, entretiens, statistiques ethnographiques, travail documentaire), l’intérêt de cette thèse est d’étudier les pratiques professionnelles selon trois dimensions : l’organisation du travail, les propriétés des usagers et les caractéristiques des travailleurs. Une première partie de la thèse porte sur la « mise en gestion » progressive de ces associations dans le cadre de leur contractualisation avec l’État et à l’aune du référentiel du New public management. Une deuxième partie fait état de la difficile conciliation entre volonté de personnalisation des politiques sociales du handicap et logique gestionnaire qui sous-tend l’activité Cap Emploi. On y étudie le processus de catégorisation et de tri des chômeurs montrant un phénomène d’« éviction » et de « mise en flux » à l’égard des personnes souffrant de handicap psychique. Enfin, la troisième partie de la thèse est consacrée à l’étude de ces travailleuses et travailleurs associatifs en tant que « nouveaux visages du service public ». On y approfondie leur rapport au travail et à l’emploi, au regard d’une analyse en termes de trajectoire et de genre. On étudie notamment leur ajustement ou désajustement à la tension entre deux logiques de travail, relationnelle et gestionnaire, inhérentes au métier de conseiller lorsqu’il est exercé dans ce type de structure hybride.

    Alexandra Struk Kachani, La construction des politiques de l'autisme : concurrence des acteurs et arbitrage de l'Etat, thèse soutenue en 2017 à Bordeaux, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Rapp.)  

    Cette thèse interroge les processus de construction de la réalité́ à l’oeuvre lors de l’émergence duproblème politique de l’autisme. Un mécanisme largement bottom-up s’est imposé, sousl’impulsion déterminante de « coalitions de causes » (notamment celle des associations deparents) qui ont opéré un véritable travail de capacitation et d’expertisation pour s’approprier destravaux de recherche, contester la légitimité du pouvoir médical, revendiquer des droits auprès despouvoirs publics en utilisant différentes armes, médiatiques, et judiciaires principalement.Expliquer pourquoi l’autisme est devenu un problème politique au milieu des années 1990 jusqu’àêtre reconnu « grande cause nationale » en 2012 suppose d’analyser, sur un temps long, lesprocessus qui changent le statut de l’autisme (d’un problème familial d’abord, social ensuite,politique enfin) et en définissent les traitements publics possibles.

    Luc Sigalo Santos, L'administration des vocations, ou la spécialisation d'une action publique généraliste. : enquête sur le traitement du chômage artistique en France., thèse soutenue en 2016 à Paris 8, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Rapp.)  

    Cette thèse analyse le traitement public du chômage artistique en France. Elle prend pour objet deux dispositifs publics spécialisés, qui visent le « retour à l’emploi » d’artistes demandeurs d’emploi et/ou allocataires du RSA : l’un relève de la politique nationale de l’emploi (ANPE puis Pôle emploi spectacle), l’autre de la politique sociale départementale (RMI puis RSA artiste). L’enquête, socio-historique et ethnographique, a été conduite à Paris et en Gironde entre 2010 et 2014. Elle a permis de récolter un matériau diversifié, composé d’archives administratives, d’entretiens et d’observations, à tous les niveaux de l’action publique – ministères et élus locaux, experts et partenaires institutionnels, cadres territoriaux, street-level bureaucrats et usagers. La spécialisation sectorielle d’une action publique généraliste accentue les tensions relatives à l’organisation institutionnelle, à la formalisation des rôles professionnels et au traitement ordinaire des usagers. D’un côté, les agents de l’administration des vocations tentent d’adapter des usagers suspectés d’onirisme à la « réalité » du marché de l’emploi. De l’autre côté, ils s’efforcent eux-mêmes de se conformer au fonctionnement d’un domaine d’activités peu porté vers l’intermédiation publique. L’incongruité du rapprochement entre logique bureaucratique standardisée et impératif artistique de singularisation permet de renouveler l’analyse de l’individualisation d’un traitement de masse, caractéristique structurante de la régulation politique des rapports sociaux.

  • Marie Assaf, « Food, flowers, and filth ». Recomposer le marché de l’emploi réservé aux personnes handicapées ? : le cas des nonprofits de la côte est étatsunienne., thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Exam.)  

    Cette thèse s’intéresse à l’expérience de mise au travail des personnes ayant des handicaps intellectuels et cognitifs (Intellectual and Developmental Disabilities ou IDD) aux États-Unis, une expérience marginale puisque le handicap sert de curseur entre l’économie du travail et du besoin. Afin de saisir la définition de l’employabilité de cette catégorie de population, nous nous sommes penchée sur le travail proposé par des acteurs de « l’État délégué » : des nonprofits, associations à but non lucratif, spécialisées dans l’intégration sur le marché de l’emploi ordinaire des personnes ayant des IDD. Acteurs méconnus de ce processus, elles constituent pourtant des relais essentiels, tant d’information, que de formation au cadre normatif du marché de l’emploi ordinaire. Plus précisément, nous analysons un modèle récent, celui de « l’emploi personnalisé » (customized employment). Issu des réformes de l’État social (welfare state) des années 1990 et de l’influence d’un puissant mouvement en faveur de l’indépendance des personnes handicapées, conduit par la population concernée elle-même dès les années 1960, ce modèle propose d’aborder l’emploi à partir des souhaits et besoins des individus handicapés afin de trouver un environnement qui correspond à leur projet professionnel (dans la continuité des dynamiques de transformation du welfare en workfare). La délégation de l’action publique auprès du tiers secteur est ancrée dans l’histoire des États-Unis, et en particulier dans le cadre de politiques sociales. Par ailleurs, le milieu associatif a historiquement eu une place majeure dans la prise en charge des personnes handicapées, ainsi il n’est pas étonnant de voir des institutions pareilles émerger afin de répondre au défi de l’intégration de populations marginalisées. L’analyse « par le bas », à partir de ces acteurs permet de démêler les fils qui forment l’employabilité des individus. Cette étude de cas fait le pari de prendre au sérieux les services de mise à l’emploi et de voir ce qui se passe au niveau de l’interaction entre les agents et les personnes handicapées. Seul ce type d’enquête d’ethnographie, en rupture avec l’approche traditionnelle des politiques publiques, permet de comprendre comment est façonnée, pensée et défiée, l’employabilité d’individus qui ne sont pas destinés à travailler. Ainsi, nous démontrons à travers trois parties, que l’employabilité des personnes ayant des IDD ne peut être comprise en-dehors d’un cadre d’analyse historique et politique croisant différentes échelles. Suite à cette démonstration précise, à la fois de nos méthodes, de nos défis, et des structures, en somme, les clés de lectures nécessaires du sujet dans les deux premières parties, nous exposons la trajectoire des acteurs dans la dernière. Nous y déplions les nouveaux modèles de l’employabilité sur le terrain effectué, à New-York et Boston particulièrement, au regard des interactions entre les personnes handicapées et les agents. Le travail de ces derniers illustre les défis et la spécificité du cas handicapé. Donner un visage à ceux qui forgent l’employabilité des individus handicapés permet de comprendre les grandes variations qui demeurent dans la proposition de services à une catégorie de la population déjà fortement marginalisée.

    Pierre-Antoine Chauvin, L’administration de l’attente : politiques et trajectoires de relogement des familles sans domicile à Paris, thèse soutenue en 2020 à Paris 10, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Exam.)    

    Une forme d’(in)action publique a pris fin dans la nuit du 14-15 avril 2005. L’incendie meurtrier de l’hôtel Paris-Opéra plaça au cœur de l’agenda politique la question du mal-logement jusque-là invisibilisée. Cette thèse montre qu’il est la conséquence de mutations qu'a connues le logement populaire parisien depuis les années 1970. Cet événement verra la consécration d’une nouvelle catégorie d’action publique (le « marchand de sommeil »), la mise en sommeil de la responsabilité de certains acteurs publics et l’ouverture d’une « fenêtre d’opportunité » favorable à l’instauration de deux dispositifs gestionnaires (le DALO et le logement temporaire dans le parc privé).Ce travail de recherche examine également la manière dont les administrations modèlent les aspirations et les trajectoires des classes populaires. Pour ce faire, elle s’appuie sur une base de données longitudinales construite à partir du fichier parisien des demandeurs.euses de logement et de 410 dossiers personnels collectés au sein des archives municipales. Cette démarche a permis la reconstitution, sur une période de six ans, des trajectoires résidentielles d’une cohorte de 696 familles hébergées à l’hôtel, à Paris, en 2009. L’analyse statistique associée à 41 entretiens biographiques rend visible les effets agrégés du travail de priorisation accompli par les agent.e.s situé.e.s au guichet et la transformation inégalitaire des chances d’accès au logement social. Elle montre que l’administration de l’attente ne se réduit pas à une simple gestion de la pénurie mais revêt la forme d’une coproduction institutionnelle des délais et d’une lutte entre différents acteurs (bailleurs sociaux, élu.e.s locaux.ales, associations, etc.) pour transformer les principes de re-distribution légitime d’un bien rare.

    Thomas Bertrand, Quantifier et évaluer l'action publique décentralisée : les cas du Fonds Social Européen et du Conseil régional de Picardie, thèse soutenue en 2018 à Amiens, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Exam.)  

    Consacrée aux rapports profanes à l'"évaluation" chiffrée de l'action publique territoriale, cette thèse analyse les cas du Fonds Social Européen (FSE) et du Conseil régional de Picardie (CRP) et combine entretiens, statistiques, archives et observations. Quatre questions structurent la démonstration. Le cas du FSE permet de démontrer que le droit est une condition de possibilité et d'inefficacité de la quantification. S'il contribue à déterminer l'existence et les caractéristiques de l'infrastructure statistique du CRP, le droit rend également possible le jeu avec les chiffres. Les rapports entre droit et statistique peuvent adopter une relation dialectique, qui voit la quantification être utilisée comme instrument d'exploitation du flou juridique. La performativité des formes statistiques résulte de la correspondance plus ou moins étroite entre leurs propriétés techniques, institutionnelles et symboliques et celles de leur environnement d'introduction. Le cas du CRP révèle un découplage entre l'acclimatation d'outils statistiques et évaluatifs et leur performativité. Ce sont les mêmes conditions ayant contribué à leur implantation qui ont restreint leur efficacité.Si elle comporte des aspects novateurs, la "nouvelle quantification publique" ne se distingue guère d'autres formes statistiques si l'on examine par exemple ses registres de légitimation. On montre la réversibilité de l'"évaluation", à la fois ressource et contrainte pour des groupes d'acteurs pris dans des rivalités institutionnelles. Le déroulement d’une "évaluation" peut être analysé comme la retraduction de divergences concernant des enjeux sociaux extérieurs à la procédure évaluative

    Marine Bourgeois, Tris et sélections des populations dans le logement social : une ethnographie comparée de trois villes françaises, thèse soutenue en 2017 à Paris Institut détudes politiques, membres du jury : Pierre-Yves Baudot (Exam.)  

    À partir du cas des attributions de logements sociaux, cette thèse s’intéresse aux questions de tri et de sélection dans l’action publique. Elle analyse la manière dont sont choisis les futurs locataires HLM et dont se construisent les discriminations dans l’accès au logement social. Elle éclaire l’émergence de critères d’attribution contraires au droit et explique leur récurrence au niveau local. L’enquête s’appuie sur une ethnographie comparée de trois agglomérations françaises et six organismes HLM. Elle repose sur des observations directes, des entretiens auprès de professionnels du logement social, des analyses documentaires et statistiques. Ses résultats soulignent d’abord la faiblesse du pouvoir normatif de l’État et discutent l’hypothèse d’une ruse de la mise en œuvre. En examinant les conditions d’élaboration des règles au niveau méso, la thèse identifie ensuite plusieurs régimes de tri des ménages en fonction des caractéristiques du contexte local et des modalités d’association entre élus, bailleurs et acteurs économiques. L’étude des pratiques professionnelles précise, enfin, les paramètres qui influencent les modalités de catégorisation des usagers au guichet. Elle montre que l’attribution des logements n’est discrétionnaire et discriminatoire que dans certaines configurations spécifiques, en fonction des marges de manœuvre dont dispose le bailleur, de l’état du patrimoine social et des comportements des street-level bureaucrats. Les régularités constatées dans la mise en œuvre sont finalement expliquées par le poids des contraintes institutionnelles et la culture professionnelle des agents de terrain.