Cette thèse vise à analyser dans la contemporanéité (1980-2013) la trajectoire du catholicisme, dans le sillage de la microhistoire, par l’étude de ses acteurs, de ses territoires et de ses communautés, des modes de gouvernement ecclésial. Nous mettrons en lumière le paradoxe du tissu de l’Eglise locale qui se dilate et se morcelle, mais aussi se contracte et se polarise, obligeant l’Ordinaire, dans son gouvernement, à penser un changement de paradigme : passer du défi de la proximité à celui de l’unité, compte tenu de la pluralité des communautés et des territoires associés. Nous étudierons, pour appuyer nos analyses, les diocèses de Rennes, Autun et Fréjus-Toulon. Un glissement de la logique d’enclos à la dynamique de pôles centralisateurs sera appréhendé, parfois en tensions, par les acteurs d’Eglise, à la lumière de quatre enjeux structurant l’argumentation : le « biotope » (rural/urbain), la diversité communautaire, le militantisme et la question de l’identité (statuts des clercs, coresponsabilité, modalités de l’évangélisation, communautarisme…).L’histoire et la géographie sociale permettront de renouveler les problématiques de l’appartenance spatiale et religieuse en partant d’interrogations sur le territoire selon des indicateurs précis : réseaux de fidèles et des militants, apport des nouvelles communautés (effectifs, choix pastoraux, gouvernement), options épiscopales en faveur de tel territoire ou tel groupe ecclésial… Pour l’historien, l’espace peut être considéré comme un outil heuristique, dans lequel des changements d’échelle se sont imposés dans le temps court. En délimitant nos recherches (1980-2013), nous voulons nous attarder à l’intérieur d’espaces qui ne possèdent plus la relative homogénéité que l’histoire leur prêtait avant le XXème siècle.Nos recherches s’inscrivent dans une structure en trois parties. La première partie se veut avant tout contextuelle, à la lumière de la postmodernité et de la sécularisation qui modifient les modes d’appartenance à une religion déclarée par beaucoup en soins palliatifs. Nous analyserons les liens étroits entre le catholicisme et ses modes d’insertion territoriale (rural/urbain) à partir de nos diocèses de référence. Nous présenterons les dé/recompositions des formes de militantisme dans le diocèse de Rennes, terreau d’Action catholique de plus en plus stérile et laissant la place à une militance familialiste très urbaine.La seconde partie de la thèse abordera les enjeux de la gouvernance ecclésiale dans les trois diocèses d’étude. Nous étudierons, dans le temps court, l’évolution du « munus regendi » des évêques et des prêtres avec le croisement des générations, avec le principe de coresponsabilité et le développement différencié selon les diocèses du diaconat permanent et des laïcs en mission ecclésiale. Nous développerons tout particulièrement le cas toulonnais pour lequel peu d’études approfondies ont été réalisées.Enfin, la troisième partie mettra l’accent sur la problématique du développement croissant d’un catholicisme attestataire polarisé en quête de visibilité. Nous analyserons la genèse du Renouveau et sa trajectoire dans le diocèse de Rennes. Nous nous pencherons particulièrement sur la communauté de l’Emmanuel, sur sa promotion de la nouvelle évangélisation et l’intégralisme de ses modes pastoraux. Ensuite, fort d’une certaine fécondité sacerdotale et d’un dialogue chaotique avec Rome (Motu proprio en 1988 et 2007), la galaxie traditionaliste très hétéroclite reste le cadre de mutations contemporaines que nous étudierons dans les diocèses de Rennes et d’Autun. Enfin, nous changerons d’échelle en nous focalisant sur la ville-sanctuaire de Paray-le-Monial, pôle militant et laboratoire incubateur d’un « nouveau catholicisme », sur l’articulation entre les différents territoires (ville, sanctuaire, paroisse) et les acteurs en place.