Au cours des quinze dernières années, le contentieux administratif de la commande publique a connu un puissant mouvement de refondation reposant au premier chef sur l'émergence du recours en contestation de la validité du contrat dont la sophistication et la richesse n'ont pas encore été pleinement mesurées. L'évolution d'un recours ou l'ajout d'une nouvelle possibilité d'action ne sont pas sans conséquence sur les recours existants et donc, notamment sur les divers recours en réparation. En outre, lorsqu'il s'agit de paralyser une procédure de passation ou d'anéantir un contrat, le juge administratif mène une politique jurisprudentielle restrictive qu'il s'agisse d'intérêt à agir, d'opérance des moyens ou encore des conséquences concrètes qui seront attachées à une éventuelle illégalité. En pratique, l'action en réparation apparait bien souvent comme une solution moins aléatoire. Il est temps de mesurer l'impact des évolutions du contentieux des contrats administratifs sur cette action spécifique, d'autant que si elle est parfois utilisée à la place ou en la combinant avec d'autres recours, l'action en réparation conserve son utilité première pour agir sur des terrains variés de responsabilité pour faute (quasi délictuelle, contractuelle ou quasi contractuelle), ou sans faute. La thèse se propose d'étudier, de manière systématique, tous les recours ouverts devant le juge administratif et tendant à la réparation d'un préjudice né à l'occasion de la passation ou de l'exécution d'un marché public, qu'il soit subi par un tiers ou par l'une des parties au contrat. Leur diversité imposera un travail important de classement des différents recours en proposant un ou plusieurs critères de structuration et de présentation du contentieux de la réparation. Dans ce but, la thèse devra notamment mobiliser des qualifications de droit des contrats (par ex. les notions d'enrichissement injustifié ou de préjudice indemnisable) mais aussi de contentieux administratif (par ex. la prescription quadriennale des dettes publiques, l'obligation de chiffrage, etc.) et étudier leur combinaison et/ou leur singularité. Fondamentalement, l'objectif premier de cette approche systémique des recours applicables en matière de marchés publics est double : il s'agit d'abord de révéler l'action en réparation afin d'en dégager les caractéristiques principales (il pourrait être utile de l'étudier de l'intérieur en termes de compétence et de recevabilité, mais aussi de l'extérieur, dans son articulation avec les autres recours qu'ils concernent le contentieux de la passation ou de l'exécution du contrat) ; ensuite, il s'agit d'apporter une meilleure connaissance de la notion même de réparation, en lien avec la diversité des préjudices réparables, avec leur qualification (nature, consistance), mais également avec la forme et la quantification de cette réparation. Le deuxième objectif de la thèse consistera à mettre en perspective l'action en réparation avec les caractéristiques générales du contentieux des contrats administratifs, afin de déterminer la manière dont elle évolue et par exemple si elle s'inscrit, et dans quelle mesure, dans le mouvement de subjectivisation de ce contentieux. Par un effet miroir, l'action en réparation devrait ainsi permettre de mieux faire apparaître les singularités du contentieux des contrats administratifs, de mieux les expliquer, et ainsi de mieux les comprendre. Enfin, troisième objectif, l'étude devra s'intéresser à l'ambivalence des marchés publics pour déterminer l'éventuel impact sur l'action en réparation de leur nature contractuelle (conception commutative, économique et contractuelle) mais aussi de leur dimension publique (conception institutionnelle, organique et administrative). La thèse pourra ainsi contribuer à une meilleure connaissance de l'essence même des marchés publics et, plus largement, des contrats administratifs.