Yves Sintomer

Professeur
Science politique.
Département de science politique

Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris - Cresppa
  • Yves Sintomer, Luc Rouban, Bruno Cautrès, Démocratie: crise ou renouveau ?, La documentation Française, 2021, 155 p. 

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, La démocratie participative: Histoire et généalogie, Cairn et La Découverte, 2020, Recherches  

    Aujourd'hui, la démocratie participative s'institutionnalise dans la durée, faisant apparaître de nouveaux acteurs, de nouvelles légitimités, de nouveaux objets dans l'implication de « citoyens ordinaires » à la prise de décision publique. Cependant, si l'idée de participation est au moins aussi ancienne que l'histoire des démocraties modernes, l'étude de sa dimension diachronique restait à faire. D'où l'intérêt de cet ouvrage réunissant les contributions des meilleurs spécialistes, qui proposent, dans une perspective comparative, un regard historique organisé en trois temps. La première partie interroge la généalogie des catégories utilisées par les acteurs et par les observateurs. La deuxième met en regard la France et les États-Unis, dans une période charnière de réformes progressistes - la fin XIXe et le début du XXe siècle -, qui voit se mettre en place les premiers éléments de l'État-providence et s'expérimenter de nouvelles formes de participation. Enfin, la troisième partie retrace les relations qui se nouent entre les sciences ou l'université et le reste de la société, et la façon dont la question de la participation citoyenne a été posée dans ce contexte. Une réflexion sur le temps long débouchant sur des propositions politiques et normatives pour les débats du présent

    Yves Sintomer, Carsten Herzberg, Anja Röcke, Les budgets participatifs en Europe: Des services publics au service du public, Cairn et La Découverte, 2020, Recherches  

    Vingt ans après la chute du mur de Berlin, la dynamique européenne est menacée par les replis nationaux et la démocratie représentative n'est plus susceptible de faire face à elle seule aux défis nouveaux, ni apte à mobiliser les énergies et la confiance des citoyens. Inventé à Porto Alegre, au Brésil, le budget participatif, qui consiste à associer des citoyens non élus à l'allocation des finances publiques, s'est répandu très rapidement dans le reste du monde. Il est désormais préconisé aussi bien par le mouvement altermondialiste que par la Banque mondiale et des partis de tout bord. S'agit-il d'une mode passagère ou d'un mouvement de fond amené à bouleverser les pratiques administratives et politiques ? Cet ouvrage constitue la synthèse de la première recherche comparative menée à partir de la centaine de budgets participatifs existant en Europe. La première partie explique l'émergence des budgets participatifs et prend la mesure de leur diversité. La deuxième analyse dans le détail une vingtaine d'expériences, soulignant particularités et traits communs. La troisième partie s'interroge de façon transversale sur les effets, les dynamiques et les enjeux de ces démarches. Elle analyse comment les différents modèles de participation s'articulent aux mutations à l'œuvre dans le domaine social, dans l'action publique et dans le système politique. Pour que les services publics puissent s'affirmer face aux logiques marchandes, ils doivent se mettre véritablement au service du public. C'est pourquoi le couplage de la modernisation et de la participation représente un enjeu crucial

    Yves Sintomer, Liliane Rabatel (dir.), Sortition and democracy: history, tools, theories, Imprint Academic, 2020, Sortition and public policy, 515 p.  

    After two centuries during which it had nearly disappeared in Western countries, sortition is used again as a method of selecting people who could speak for, and in certain cases decide for, all the citizenry. What is the meaning of this comeback? To answer this question, this book offers a historical analysis. It brings together a number of the best specialists on political sortition from antiquity to contemporary experiments, in Europe but also in the Ancient Middle East and in imperial China. With a transdisciplinary perspective, this volume demonstrates that sortition has been a crucial device in political history; that the instruments and places where sortition was practised matter for the understanding of the social and political logics at stake; and that these logics have been quite different, random selection being sometimes an instrument of radical democracy and in other contexts a tool for solving conflicts among elites. Will sortition in politics helps to democratize democracy in the twenty-first century? --

    Yves Sintomer, Samuel Hayat, Corinne Péneau (dir.), La représentation avant le gouvernement représentatif, Presses universitaires de Rennes, 2020, Histoire, 366 p. 

    Yves Sintomer, Samuel Hayat, Corinne Péneau (dir.), La représentation-incarnation, Presses de Sciences Po, 2018, 197 p. 

    Yves Sintomer, Anja Röcke, Carsten Herzberg, Participatory Budgeting in Europe: democracy and public governance, Ashgate Publishing, 2016, 251 p. 

    Yves Sintomer, La démocratie impossible ?: Politique et modernité chez Weber et Habermas, Cairn et La Découverte, 2016, Armillaire  

    Dans les sociétés modernes, rationalité et démocratie seraient-elles incompatibles ? C'est ce que soutient le grand théoricien de la modernité, Max Weber. Pour le fondateur de la sociologie allemande, le peuple ne peut que subir la domination des élites. Tout au plus les citoyens peuvent-ils désigner les individus d'exception qui seront des chefs véritables. L'approche élitiste de Weber constitue ainsi un formidable défi pour tous ceux qui sont attachés à la perspective démocratique. Dans ce livre ambitieux, Yves Sintomer entend montrer que la théorie de Jürgen Habermas peut constituer un point d'appui pour répondre à ce défi : les citoyens des sociétés modernes sont capables de produire un ordre démocratique stable à travers leurs discussions sur l'espace public. Habermas s'efforce de redonner toute sa place à l'idée d'une solidarité et d'une démocratie venues d'en bas, que l'argent ou le pouvoir bureaucratique ne sauraient remplacer sans provoquer une crise du lien social. Sa notion d'État de droit démocratique et social dépasse libéralisme et républicanisme et démontre que droits de l'homme et souveraineté populaire s'impliquent mutuellement. En mettant l'accent sur les procédures qui structurent la discussion publique, Habermas fait de la démocratie un idéal, partiellement incarné aujourd'hui, qui constitue la ligne d'horizon de la modernité. Habermas apporte-t-il une réponse convaincante au défi wébérien ? Son approche est-elle suffisamment réaliste, en particulier face à la question des inégalités sociales, politiques et culturelles ? À la lumière d'une analyse critique de l'œuvre des deux théoriciens, Yves Sintomer s'efforce d'éclairer les controverses actuelles sur la crise de l'État social et de l'État-nation, le multiculturalisme, la parité, le droit à l'avortement ou la désobéissance civile

    Yves Sintomer, Emmanuel Renault (dir.), Où en est la théorie critique ?, Cairn et La Découverte, 2016, Recherches  

    Au début des années trente, des auteurs comme Horkheimer, Marcuse, Adorno et Benjamin formèrent le projet d'une théorie critique qui fut nommé par la suite École de Francfort. Ce projet consistait initialement à articuler une philosophie sociale inspirée par le marxisme et les différentes sciences sociales. Dans les décennies qui suivirent, il conduisit à l'élaboration d'une sociologie critique et d'une psychologie sociale de la domination, puis il s'étendit à la théorie de l'art, à la critique de la culture et de la modernité. Où en est la théorie critique ? Quel rapport entretient-elle avec son projet initial ? Dans quelles voies est-elle actuellement engagée ? À quels objets peut-elle encore être appliquée ? Quels enseignements la philosophie politique et les sciences sociales contemporaines peuvent-elles en tirer ? Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en réunissant deux types de contribution : plusieurs articles écrits par des représentants actuels de la théorie critique (J. Habermas, A. Honneth, N. Fraser, S. Benhabib), et une série de textes qui reflètent la réception récente de l'École de Francfort en France. Ces différentes contributions dressent un panorama des orientations actuelles de la théorie critique et des différents débats auxquels elle est confrontée. Elles appellent ainsi un programme de recherche interdisciplinaire fécond, un projet théorique et politique à poursuivre ou à renouveler.

    Yves Sintomer, Petite histoire de l'expérimentation démocratique: Tirage au sort et politique d’Athènes à nos jours, Cairn et La Découverte, 2016, Poche / Essais  

    Alors que l'idéal démocratique progresse dans le monde, les « vieilles démocraties » sont en crise. Les partis semblent de plus en plus incapables de fédérer les énergies civiques. Des expériences qui réintroduisent le tirage au sort en politique se multiplient à l'échelle internationale. Les critiques déplorent une dérive « populiste »  : leurs réactions ne témoignent-elles pas plutôt d'une certaine peur de la démocratie ? Le tirage au sort a une longue histoire politique. Il constitue l'une des dimensions, trop souvent oubliée, du gouvernement du peuple. Inventé avec la démocratie à Athènes, longtemps consubstantiel à la tradition républicaine, pourquoi a-t-il été réservé aux jurys d'assises après les révolutions française et américaine ? Pourquoi fait-il son retour aujourd'hui, et quelle peut être sa légitimité dans le monde contemporain ? À quelles conditions peut-il contribuer à rénover la démocratie, à la rendre plus participative et plus délibérative ? Les mini-publics tirés au sort peuvent-ils s'articuler aux mouvements sociaux ? Une comparaison historique fait-elle sens ? Yves Sintomer montre dans ce livre incisif que des logiques politiques nouvelles sont en train d'émerger. La démocratie des modernes, qui se pensait seulement à travers l'élection, laisse la place à des dynamiques plus complexes. Si la politique retrouvait sa crédibilité, ne pourrait-elle pas regagner du poids face aux forces du marché et aux pesanteurs bureaucratiques ? Face à un statu quo intenable, plus que jamais, il devient urgent d'expérimenter

    Yves Sintomer, Stephen Coleman, Anna Przybylska (dir.), Deliberation and Democracy, Peter Lang GmbH, Internationaler Verlag der Wissenschaften, 2016, Warsaw Studies in Politics and Society  

    As our experience regarding the practice of deliberation grows, the position from which we evaluate it, and the criteria of this evaluation, change. This book presents a synthesis of recent research that has brought detailed and robust results. Its first section concerns contemporary challenges and new approaches to the public sphere. The second focuses on the Deliberative Poll as a specific deliberative technique and compares findings emanating from this practice in various political and cultural contexts. The third section addresses the challenge of determining what constitutes deliberative quality. Finally, the last section discusses democratic deliberation and deliberative democracy as they relate to the complex challenges of contemporary politics

    Yves Sintomer, Yves Sintomer, Stephen Coleman, Stephen Coleman, Anna Przybylska, Anna Przybylska (dir.), Deliberation and Democracy: innovative processes and institutions, Peter Lang, 2015, Warsaw studies in politics and society, 313 p. 

    Yves Sintomer (dir.), La domination, La Découverte, 2015, La Découverte-poche ( Sciences humaines et sociales ), 427 p. 

    Yves Sintomer, Éric Fassin, Urmila Goel, Mara Viveros (dir.), Les langages de l'intersectionnalité, Presses de Sciences Po, 2015, 128 p. 

    Yves Sintomer, Julien Talpin (dir.), La démocratie participative au-delà de la proximité: le Poitou-Charentes et l'échelle régionale, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2015  

    La démocratie participative s'est beaucoup développée depuis quelques décennies. Or, les recherches se concentrent sur des expériences locales, principalement municipales. D'autres initiatives tentent pourtant de dépasser la proximité et d'influer plus profondément sur le système politique. L'échelon régional est de ce point de vue particulièrement novateur. Le Poitou-Charentes, en particulier, apparaît comme un laboratoire démocratique particulièrement inventif. Il permet de creuser des questions centrales : comment garantir à une telle échelle la participation du plus grand nombre, et notamment des exclus du système politique représentatif ? La démocratie participative est-elle condamnée à rester cantonnée à l'échelle micro-locale, la « grande politique » relevant des professionnels de la politique ? La tension entre taille et démocratie, toujours invoquée mais rarement étudiée, se trouve au coeur de ce livre. Plusieurs cas sont passés au crible. En Poitou-Charentes tout d'abord, le Budget Participatif des Lycées (l'une des expériences les plus radicales à ce jour en Europe, tant par le nombre de participants impliqué que par les enjeux financiers en discussion) et les dispositifs impliquant le tirage au sort (un moyen potentiel de faire émerger un public régional). D'autres dynamiques régionales sont étudiées dans une perspective comparative, en France, en Andalousie, en Toscane et dans la région Lazio. Enfin, les difficultés du passage du régional au national sont abordées à travers la campagne présidentielle de Ségolène Royal en 2007

    Yves Sintomer, Joan Font, Donatella Porta (dir.), Participatory Democracy in Southern Europe. Causes, Characteristics and Consequences, Rowman and Littlefield, 2014 

    Yves Sintomer, Joan Font, Donatella Della Porta (dir.), Participatory democracy in Southern Europe: causes, characteristics and consequences, Rowman & Littlefield International, 2014, 247 p. 

    Yves Sintomer, Alain Blondiaux, Jean-Michel Helvig, Jean-Pierre Le Goff, Pascal Perrineau [et alii], Où va notre démocratie ?, Éditions de la Bibliothèque publique d’information et OpenEdition, 2014  

    Nul ne songerait en Occident à contester la démocratie pour instituer une autre forme de régime : dans son principe, la démocratie est aujourd'hui indiscutable et triomphante. Et pourtant au nom de ce principe même, on reproche à son fonctionnement de n'être pas assez « démocratique ». Le système représentatif est en crise, comme en témoignent la dépolitisation croissante des citoyens, la montée de l'abstention, la défiance envers le discours politique, le sentiment d'éloignement vis à vis des institutions. Notre monde change : le rôle croissant de l'économie y réduit l'influence du politique, la société civile s'autonomise et se fragmente en une somme d'individus défendant leurs intérêts particuliers, le sens du collectif tend à se perdre, les affrontements traditionnels qui fondaient les identifications partisanes se diluent, la séparation s'efface entre sphère publique et sphère privée. Au cœur de ces mutations, la démocratie fait l'objet de revendications croissantes : protection individuelle, reconnaissance de droits nouveaux, participation plus directe à la décision politiques, prise en charge des questions économiques, sociales, sociétales... Face à ces transformations, à ces remises en cause, où va notre démocratie ? Comment se répartissent les rôles entre société civile et institutions politiques ? Quel impact ont les médias, les sondages, l'opinion ? Une nouvelle citoyenneté doit-elle être imaginée, rééquilibrant représentation et participation ? La démocratie peut-elle se bâtir dans le cadre européen ?

    Yves Sintomer, Nancy Fraser, Clémentine Autain, Sandra Laugier, Elsa Dorlin [et alii], Le féminisme en mouvements: [vidéo tournée lors de la table ronde autour du livre Le Féminisme en mouvements de Nancy Fraser à la Fondation Calouste Gulbenkian, le 18 février 2013], ESCoM, 2013, [Colloques en ligne] 

    Yves Sintomer, Samuel Hayat (dir.), La représentation politique, Presses de Sciences Po, 2013, 180 p. 

    Yves Sintomer (dir.), La domination, La Découverte, 2013, Politique et sociétés, 426 p.  

    "Près d'un siècle après sa publication en allemand, La Domination est enfin disponible en traduction française, sur la base de l'édition critique de référence. Il s'agit d'une pièce fondamentale de la sociologie politique de Max Weber. Ces manuscrits, rédigés avant la Première Guerre mondiale, sont fascinants par leur érudition et leur inventivité conceptuelle. C'est en les rédigeant que Weber forge des notions qui restent aujourd'hui encore des références incontournables pour toute sociologie politique : les trois modes de domination légitime, le passage de la domination des notables à la domination des partis de masse, l'opposition groupe de statut (Stand)/classe (Klasse), le patrimonialisme, la hiérocratie, la domination charismatique et le charisme de fonction n'en sont que les exemples les plus célèbres. Weber se lance dans une sociologie historique comparative qui préfigure l'histoire globale. Brossant un tableau impressionnant par son ampleur de vue, l'auteur construit les idéaux-types des différents régimes de domination pour mettre le monde occidental moderne en perspective : les dominations bureaucratique, patrimoniale, féodale et charismatique sont ainsi passées en revue. Il étudie aussi les relations entre domination spirituelle et domination temporelle. Cette sociologie historique place le projecteur "par en haut", adoptant le point de vue des dominants et de leur appareil de domination. Elle jette une lumière sans fard sur la réalité des rapports sociaux et pose en retour une série de défis : comment penser l'action des dominés ? Comment articuler le rôle de savant et celui de politique? Comment bâtir des idéaux-types de la politique qui dépassent radicalement l'eurocentrisme ?" -- [4e de couverture]

    Yves Sintomer, Rudolf Traub-Merz, Junhua Zhang, Carsten Herzberg (dir.), Participatory budgeting in Asia and Europe: key challenges of participation, Palgrace Macmillan, 2012, 269 p. 

    Yves Sintomer, Carsten Herzberg, Heinz Kleger (dir.), Hoffnung auf eine neue Demokratie: Bürgerhaushalte in Lateinamerika und Europa, Campus, 2012, Studien zur Demokratieforschung, 331 p. 

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué (dir.), La démocratie participative: histoire et généalogie, Editions la Découverte, 2011, Recherches, 288 p.  

    La 4e de couv. indique : "Aujourd'hui, la démocratie participative s'institutionnalise dans la durée, faisant apparaître de nouveaux acteurs, de nouvelles légitimités, de nouveaux objets dans l'implication de « citoyens ordinaires » à la prise de décision publique. Cependant, si l'idée de participation est au moins aussi ancienne que l'histoire des démocraties modernes, l'étude de sa dimension diachronique restait à faire. D'où l'intérêt de cet ouvrage réunissant les contributions des meilleurs spécialistes, qui proposent, dans une perspective comparative, un regard historique organisé en trois temps. La première partie interroge la généalogie des catégories utilisées par les acteurs et par les observateurs. La deuxième met en regard la France et les États-Unis, dans une période charnière de réformes progressistes - la fin du XIXe et le début du XXe siècle -, qui voit se mettre en place les premiers éléments de l'État-providence et s'expérimenter de nouvelles formes de participation. Enfin, la troisième partie retrace les relations qui se nouent entre les sciences ou l'université et le reste de la société, et la façon dont la question de la participation citoyenne a été posée dans ce contexte. Une réflexion sur le temps long débouchant sur des propositions politiques et normatives pour les débats du présent."

    Yves Sintomer, Julien Talpin (dir.), Démocratie délibérative, Presses de Sciences Pô, 2011, 195 p. 

    Yves Sintomer, Julien Talpin (dir.), La démocratie participative au-delà de la proximité: le Poitou-Charentes et l'échelle régionale, Presses universitaires de Rennes, 2011, Res publica, 183 p.   

    Yves Sintomer, Petite histoire de l'expérimentation démocratique: tirage au sort et politique d'Athènes à nos jours, la Découverte, 2011, La découverte-poche ( Essais ), 291 p.   

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, Amélie Flamand, Héloïse Nez (dir.), La démocratie participative inachevée: Genèse, adaptations et diffusions, Y. Michel et Adels-Revue "Territoires", 2010, Société civile, 238 p. 

    Yves Sintomer, Der Bürgerhaushalt in Europa – eine realistische Utopie?: Zwischen partizipativer Demokratie, Verwaltungsmodernisierung und sozialer Gerechtigkeit, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2010, Bürgergesellschaft und Demokratie  

    Es gibt eine Wahlverwandtschaft von Partizipation und Verwaltungsmodernisierung – dies ist die zentrale These des Buches, die anhand einer systematisch-vergleichenden Studie zum Bürgerhaushalt in Europa vorgestellt wird. Bürgerhaushalte gehören zu den innovativsten Verfahren der Bürgerpartizipation heute und haben sich während der letzten Jahre in mehreren europäischen Ländern entwickelt. In diesem Buch werden die Verfahrensweise und Ergebnisse der Bürgerhaushalte in Europa vorgestellt sowie eine Typologie der partizipativen Demokratie allgemein. Darüber hinaus gibt das Buch Einblick in die Parallelen und Differenzen lokalpolitischer Systeme und der (lokalen) Demokratie in Europa heute

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, Henri Rey, Gestion de proximité et démocratie participative, Cairn et La Découverte, 2010, Recherches  

    Les discours sur la « démocratie de proximité » ou la « démocratie participative » ont le vent en poupe. Dans un contexte de remise en question du rôle de l’État, la participation des habitants constituerait un facteur favorisant à la fois une nouvelle légitimité politique et une modernisation de la gestion publique locale. C’est ainsi que se développent depuis plusieurs années des dispositifs qui entendent améliorer la gestion de proximité en s’appuyant sur la participation citoyenne. Ces expériences appellent des réflexions plus théoriques sur la démocratie et les politiques publiques. Dans quelle mesure une activité citoyenne peut-elle se conjuguer avec une réforme de la gestion urbaine ? Quelles sont les conditions d’une véritable démocratie participative ? Comment l’institutionnalisation de la participation s’articule-t-elle aux tendances plus globales d’évolution des sociétés contemporaines ? Cet ouvrage collectif s’efforce de répondre à ces questions en donnant une vision d’ensemble des dispositifs adoptés et des politiques menées, dans une perspective comparative internationale. Des conseils de quartier français aux jurys citoyens en Allemagne et en Espagne, de l’usage du référendum en Suisse aux empowerment zones en Amérique du Nord, en passant par les budgets participatifs d’Amérique latine et les politiques participatives de gestion de l’eau en Afrique australe, les différentes contributions analysent les modalités des transformations de l’action publique locale et, par là, des institutions et pratiques de la démocratie

    Yves Sintomer, Hans-Peter Müller (dir.), Pierre Bourdieu, théorie et pratique: [perspectives franco-allemandes], Cairn et La Découverte, 2010, Recherches  

    Pierre Bourdieu a profondément influencé le champ académique et politique tout en servant de référence à de nouvelles générations de militants et de chercheurs : son œuvre constitue un apport incontournable dans les sciences sociales et son action dans l’espace public lui a permis d’incarner une nouvelle figure de l’intellectuel. Loin des anathèmes et des hommages pieux, cet ouvrage aborde l’œuvre du sociologue dans une perspective critique : parce que sa pensée a toujours été en évolution, ce serait la trahir que de la figer, dans le respect ou dans le rejet. Les contributions rassemblées dans ce volume visent à analyser les apports de cette œuvre et les tensions qui la caractérisent. Elles ont été rassemblées dans une optique résolument interdisciplinaire et sont l’œuvre de sociologues, de philosophes et d’historiens. Le croisement des regards français et allemand permet bien davantage qu’une histoire de la ré-ception de Pierre Bourdieu des deux côtés du Rhin. Le champ académique et l’espace public sont différemment structurés en France et en Allemagne et si ce décalage peut être source de méconnaissance, il a aussi permis des inspirations originales. En organisant le dialogue, le présent recueil entend renouveler la lecture d’un auteur déjà largement commenté.

    Yves Sintomer (dir.), La démocratie participative, La Documentation française, 2009, 102 p. 

    Yves Sintomer (dir.), Actualité de l'humanisme civique, Presses de Sciences Po, 2009, 167 p. 

    Yves Sintomer, Carsten Herzberg, Anja Röcke, Les budgets participatifs en Europe: des services publics au service du public, la Découverte, 2008, Recherches, 354 p. 

    Yves Sintomer, Le pouvoir au peuple: jurys citoyens, tirage au sort et démocratie participative, la Découverte, 2007, Cahiers libres, 176 p. 

    Yves Sintomer, Florence Haegel, Henri Rey (dir.), La xénophobie en banlieue: effets et expressions, Numilog, 2007, Logiques politiques 

    Yves Sintomer, Hans-Peter Müller (dir.), Pierre Bourdieu, théorie et pratique: perspectives franco-allemandes, La Découverte, 2006, 269 p. 

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, Henri Rey (dir.), Gestion de proximité et démocratie participative : une perspective comparative, Éditions La Découverte, 2005, Recherches, 314 p. 

    Yves Sintomer, Marion Gret, Porto Alegre: l'espoir d'une autre démocratie, Éditions la Découverte, 2005, Sur le vif, 136 p. 

    Yves Sintomer, Alma Lévy, Lila Lévy, Véronique Giraud, Des filles comme les autres: au-delà du foulard, La découverte, 2004, Cahiers libres, 195 p. 

    Yves Sintomer, Emmanuel Renault (dir.), Où en est la théorie critique ?, la Découverte, 2003, Collection "Recherches", 280 p. 

    Yves Sintomer, Marion Gret, Porto Alegre: l'espoir d'une autre démocratie, La Découverte, 2002, Sur le vif, 134 p. 

    Yves Sintomer, Loïc Blondiaux (dir.), Démocratie et délibération, Hermès Science publications, 2002, 237 p. 

    Yves Sintomer, La démocratie impossible: politique et modernité chez Weber et Habermas, Éd. la Découverte, 1999, Armillaire, 403 p.   

    Yves Sintomer, Philippe Corcuff (dir.), Crise de la politique et nouveaux militants, La Découverte, 1999, Mouvements ( Sociétés, politique, culture ), 191 p. 

    Yves Sintomer (dir.), Solitude de Machiavel: et autres textes, Presses universitaires de France, 1998, Actuel Marx confrontation, 324 p.   

    Yves Sintomer, Didier Le Saout (dir.), Les démocraties modernes à l'épreuve, l'Harmattan, 1997, Logiques sociales, 350 p.   

  • Yves Sintomer, « « Représenter sans représentants ? La critique libertaire de la représentation dans les mouvements sociaux contemporains » », La représentation politique et ses critiques in P. Brunet, M. Albertone (dir.),, 2024   

    Yves Sintomer, « Postface : Participation, délibération et représentation dans la théorie démocratique », Dispositifs de la démocratie. Entre participation, délibération et représentation, 2022   

    Yves Sintomer, « Postface. Voter dans l'Antiquité : un regard depuis le XXIème siècle », Voter dans l'Antiquité : Un regard depuis le XXIème siècle, 2019   

    Yves Sintomer, Joan Font, Donatella Della Porta, Eloísa Pino, « The National and Regional Contexts of Participatory Experiences », in Font, Joan and della Porta, Donatella and Sintomer, Yves (dir.), Local Participation in Southern Europe : Causes and Consequences, Rowman backslash& Littlefield, 2014, pp. 21--36 

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, « Introduction : la démocratie participative : un nouveau paradigme de l’action publique ? », in Henri Rey, Marie-Hélène Bacqué, Yves Sintomer, Henri Rey (dir.), Gestion de proximité et démocratie participative : une perspective comparative, Éditions La Découverte, 2005, pp. 9-46 

  • Yves Sintomer, postface à Émile Durkheim, Sociologie politique, PUF, 2020, 478 p. 

  • Yves Sintomer, « De la république : la méthode, le mot et le concept vus du XXIe siècle », Astérion, 2023   

    Yves Sintomer, « De la république : la méthode, le mot et le concept vus du XXIe siècle », 2023  

    Loin de concerner seulement les historiens de la Rome classique ou même, de façon plus large, toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire des idées politiques, l’ouvrage magistral de Claudia Moatti sur la res publicane peut qu’inspirer les chercheurs de toutes disciplines travaillant sur le politique. C’est ce que nous souhaiterions montrer dans la perspective qui est la nôtre, celle d’une sociologie historique et comparative. Pour ce faire, nous procéderons en deux temps. Le premier...

    Yves Sintomer, Nabila Abbas, « Three contemporary imaginaries of sortition : Deliberative, Antipolitical, and Radically democratic. », Common Knowledge, 2022 

    Yves Sintomer, « Pour une théorie politique plurielle et cosmopolite. », Raisons politiques, 2022 

    Yves Sintomer, « Towards a plural and cosmopolitan political theory », Raisons politiques, 2021 

    Yves Sintomer, Virginie Dutoya, « Defining women’s representation : Debates around gender quotas in India and France », Politics and gouvernance, 2019, n°3, p. 124   

    Yves Sintomer, « Deliberative Polls and the Systemic Democratization of Democracy. », The Good Society, 2018 

    Yves Sintomer, « From deliberative to radical democracy ? Sortition and politics in the twenty-first century. », Politics and Society, 2018 

    Yves Sintomer, « Le populisme de Podemos. », Mouvements : des idées et des luttes, 2018 

    Yves Sintomer, Ernesto Ganuza, Héloïse Nez, Irène Jami, « Oui, on peut concilier démocratie radicale et gestion efficace », Mouvements : des idées et des luttes, 2018 

    Yves Sintomer, « La science politique et l’innovation gouvernementale. À propos d’un texte de Yu Keping », 2017  

    Une croyance curieuse s’est instaurée depuis quelques décennies dans une bonne partie de la science politique et de la sociologie françaises. Le propre des « bonnes » sciences sociales serait de se tenir à distance des acteurs, de s’isoler dans la tour d’ivoire de « la » science et de défendre bec et ongles l’indépendance de celle-ci face aux influences dégradantes des puissances politiques, sociales et économiques. Il faudrait aussi s’abstenir de jugement de valeur en différenciant radicalem...

    Yves Sintomer, « Les futurs de la démocratie au xxie siècle », Raison publique , 2016, n° ° 20, pp. 175-191   

    Yves Sintomer, Giovanni Allegretti, Carsten Herzberg, Anja Röcke, « Transnational Models of Citizen Participation : The Case of Participatory Budgeting », World and China Affairs, 2016 

    Yves Sintomer, « Les fractures de la gauche de 1995 à 2015 », Esprit , 2015, n° Décembre, pp. 77-91    

    Faire retour sur les grèves de 1995 à l’occasion de la réforme de la Sécurité sociale, sur le débat de 2005 autour de la Constitution européenne et sur les révoltes des banlieues de 2005 permet d’analyser les divisions de la gauche en France et son incapacité à s’opposer à la droitisation de la société.

    Yves Sintomer, Jérémie Gauthier, « Les types purs de la domination légitime dans l’œuvre de Max Weber : le sens d’une trilogie », Sociologie, 2014, n°3, pp. 319-333 

    Yves Sintomer, Jérémie Gauthier, « Les types purs de la domination légitime », 2014  

    «  Le fait qu’aucun des trois idéaux‑types dont nous allons immédiatement discuter ne se présente historiquement à l’état “pur” ne peut empêcher la fixation conceptuelle la plus pure possible.  » Max Weber, Économie et société Dans le second semestre de l’année 1917, alors que la première guerre mondiale s’enlise et que Weber reprend son travail interrompu sur Wirtschaft und Gesellschaft (Économie et société), il hésite un moment sur la typologie de la domination qu’il convient de proposer. A...

    Yves Sintomer, Paula Diehl, Samuel Hayat, « Introduction », 2014  

    Un diagnostic du temps présent met en évidence un paradoxe : le mot de démocratie est devenu internationalement un synonyme de « bon régime », et le modèle du gouvernement représentatif fondé sur l’élection libre et la compétition des partis n’a jamais été aussi répandu dans la planète. Cependant, la légitimité des représentants élus tend à décroître dans les « vieilles » démocraties tandis que dans les pays qui instaurent une démocratie libérale après la chute d’un régime autoritaire ou d’un...

    Yves Sintomer, Paula Diehl, Samuel Hayat, « Einleitung », 2014  

    Eine Diagnose unserer Gegenwart offenbart eine Paradoxie: Das Wort »Demokratie« ist international zu einem Synonym für ein »gutes politisches System« geworden, und noch nie war das Modell der aus freien Wahlen und Parteienkonkurrenz hervorgehenden repräsentativen Regierung weltweit so verbreitet wie heute. Andererseits büßen die gewählten Volksvertreter in den »alten« Demokratien tendenziell immer mehr an Legitimität ein, während sich in Ländern, die nach dem Sturz eines autoritären Regimes o...

    Yves Sintomer, Paula Diehl, Samuel Hayat, « Introduction au dossier La représentation politique / Die politische Repräsentation », Trivium, 2014 

    Yves Sintomer, « La République de Florence (12e-16e siécle) : Enjeux historiques et politiques », Revue française de science politique , 2014, n° 64, pp. 1055-1081    

    Les communes médiévales et renaissantes ont réinventé le politique, entendu au sens d’un débat public sur les choses de la cité appuyé sur des procédures électives et délibératives permettant aux citoyens une participation politique institutionnalisée. La Commune de Florence occupe une place centrale dans cette évolution, mais ce moment important de l’histoire occidentale reste largement méconnu chez les auteurs francophones, et tout particulièrement chez les politistes. Cet article introduit le numéro de la Revue française de science politique sur l’histoire politique de Florence, centré sur les procédures institutionnelles permettant de prendre des décisions et de choisir les magistrats. Il en souligne certains des principaux enjeux pour les recherches sur le politique, bien au-delà des spécialistes de l’histoire florentine.

    Yves Sintomer, « Formes électorales et conception de la communauté dans les communes italiennes (12e-14e siècle) », Revue française de science politique , 2014, n° 64, pp. 1083-1107    

    L’article livre une synthèse de l’évolution des formes électorales et de la conception de la communauté dans les communes italiennes du 12e au 14e siècle. Celles-ci firent preuve d’une étonnante inventivité politique. Elles multiplièrent les « votes de compromis » à plusieurs échelons, furent avec l’Église l’un des foyers de l’introduction du vote majoritaire et, à partir du 13e siècle, eurent massivement recours au tirage au sort. Dans cette dynamique s’entrecroisaient des conflits sociaux, des débats procéduraux et une conception normative qui pensait les modes de scrutin en fonction de l’objectif de désignation des candidats les plus impartiaux, les plus justes et les plus utiles pour l’harmonie communale – une logique fort différente des élections dans les démocraties modernes.

    Yves Sintomer, « Les pratiques institutionnelles de la République Florentine : Du regime del Popolo de 1282 à la réforme électorale de 1328 », Revue française de science politique , 2014, n° 64, pp. 1109-1121    

    La réforme de 1328, qui modifia les modalités d’élection aux offices qui composaient le sommet de l’exécutif citadin, représenta un moment majeur de l’histoire politico-institutionnelle florentine. Après avoir décrit de façon synthétique le fonctionnement institutionnel de la cité, l’article parcourt l’évolution des pratiques électorales à partir de l’introduction de la magistrature du priorat des Arts (1282) qui, en un temps relativement bref, s’imposa comme le pivot du gouvernement. L’analyse d’une telle évolution permet de comprendre comment la réforme, qui ouvrit pourtant un nouveau cours de la pratique politique florentine, fut de fait l’assemblage sous une forme inédite d’éléments déjà présents dans la tradition institutionnelle locale, et vint ainsi parachever un long processus d’expérimentation politique, enchaînement de moments clairement identifiés.

    Yves Sintomer, « Les types purs de la domination légitime : forces et limites d'une trilogie », Sociologie , 2014, n° 5, pp. 319-333    

    L’édition critique allemande de l’œuvre de Weber et les traductions françaises récentes de certains de ses textes fondamentaux offrent l’occasion d’un nouvel éclairage sur les types purs de la domination légitime. Cet article revient sur la genèse des trois idéaux‑types et s’interroge ensuite sur la question de la trilogie. Il montre que d’autres choix étaient en théorie possibles, insistant notamment sur la domination féodale ou sur la légitimation de la domination par les produits qu’elle offre aux dominés, ce qui permet en retour de mieux saisir la spécificité de la conceptualisation wébérienne. L’idée évoquée et vite abandonnée par Weber d’un quatrième mode, démocratique, de domination légitime, est symptomatique de la difficulté du sociologue à conceptualiser et à analyser concrètement la démocratie ou les résistances des subalternes. Ces réflexions incitent à penser un idéal‑type pur de la démocratie ou de la démocratisation, qui devrait être mobilisé aux côtés des modes purs de la domination légitime pour penser les dynamiques sociopolitiques empiriques.

    Yves Sintomer, Jean Boutier, « La République de Florence (12e-16e siècle): Enjeux historiques et politiques », Revue Française de Science Politique, 2014, n°6, pp. 1055-1199 

    Yves Sintomer, Paula Diehl, Samuel Hayat, « La représentation politique, dossier de la revue Trivium », Trivium, 2014 

    Yves Sintomer, Jean Boutier, « Florence (1200-1530) : la réinvention de la politique, dossier de la Revue française de science politique [dossier thématique] », Revue Française de Science Politique, 2014, n°6 

    Yves Sintomer, « Repenser la représentation politique », Raisons politiques , 2013, n° ° 50, pp. 5-11   

    Yves Sintomer, « Les sens de la représentation politique : usages et mésusages d'une notion », Raisons politiques , 2013, n° ° 50, pp. 13-34    

    RésuméContre la tentation de proposer une définition de l’essence de la représentation, il s’agit de dégager différentes notions en partant des mots utilisés par les acteurs et en les soumettant à un processus d’abstraction. La prise de distance avec la trompeuse familiarité du mot, appuyée sur les travaux historiens, vise en retour à donner des instruments pour penser les transformations du présent au-delà de la représentation-mandat. Quatre couples conceptuels sont ainsi proposés : représentation symbolique vs. représentation juridico-politique, présentification d’un absent vs. exhibition d’une présence, représentation- mandat vs. représentation-incarnation, et représentation-distinction vs. représentation descriptive. Ils renvoient à des logiques idéal-typiques qu’il convient de distinguer analytiquement, même si elles peuvent et doivent être articulées pour comprendre les événements ou les dispositifs concrets.

    Yves Sintomer, « Le concept de représentation : un problème allemand ? », Raisons politiques , 2013, n° ° 50, pp. 79-96    

    RésuméLa signification de la catégorie de représentation politique est fortement controversée. En particulier, là où les théoriciens anglo-saxons la lient intrinsèquement à l’élection, une certaine tradition allemande, séculaire mais dont la période de Weimar a sans doute représenté l’apogée, oppose la simple représentation-mandat ( die Vertretung) et ce qui serait l’essence de la représentation politique ( die Repräsentation). Dans cette perspective, cette essence repose sur un rapport existentiel par lequel le représentant rend présent une réalité supérieure absente, comme le Peuple, sans être juridiquement lié aux électeurs empiriques. Le représentant incarne l’unité du groupe en offrant une représentation publique du tout à travers sa personne. Cette tradition allemande, illustrée notamment par Carl Schmitt, a indéniablement des dimensions réactionnaires. Cependant, elle permet aussi de voir certains éléments que ne perçoivent pas les traditions libérales, comme le lien entre représentation et domination ou la multiplicité des sens de la représentation. C’est cette multiplicité qu’une histoire conceptuelle de la représentation doit mettre à jour.

    Yves Sintomer, « La dimension affective de la démocratie : Réflexions sur la relation de la délibération et de la symbolicité », Raisons politiques , 2013, n° ° 50, pp. 97-114    

    RésuméLes sentiments et les émotions n’ont semble-t-il rien à faire dans la délibération. Dans les conceptions de la démocratie délibérative inspirées par Habermas, seule compte la dimension cognitive de la rationalité. Ce rétrécissement est problématique. Si toute communauté et donc aussi toute forme de démocratie repose sur la représentation symbolique de ses valeurs (Eric Voegelin, Siegfried Landshut, Carl Schmitt), cette présence symbolique est toujours à la fois cognitive et affective, car les symboles sont toujours doublement connotés. Dans de telles conditions, perd-on la rationalité de la délibération ? Cette conclusion serait fâcheuse, mais elle ne semble pas obligatoire. Il s’agit bien plutôt de déterminer d’une nouvelle manière – plus réaliste – la délibération et sa rationalité, en prenant en compte sa symbolicité.

    Yves Sintomer, « Émile Durkheim, entre républicanisme et démocratie délibérative », 2011  

    « Un peuple est d’autant plus démocratique que la délibération, que la réflexion, que l’esprit critique jouent un rôle plus considérable dans la marche des affaires publiques » Émile Durkheim, Leçons de sociologie « Authentic democracy can be said to exist to the degree that reflective preferences influence collective outcomes » John S. Dryzek, Deliberative Democracy and Beyond Introduction Interroger la façon dont Émile Durkheim conceptualisait la démocratie il y a un siècle conduit à un par...

    Yves Sintomer, « Délibération et participation : affinité élective ou concepts en tension ? », Participations , 2011, n° ° 1, pp. 239-276    

    RésuméLes notions de délibération et de participation peuvent sembler complémentaires. Pourtant, elles sont en même temps dans un rapport de tension. Participation du grand public et délibération de qualité ont souvent été opposées. Comment rendre compte de ce paradoxe ? L’article étudie tout d’abord la façon dont les républiques antiques et modernes ont posé le rapport entre délibération et participation, en insistant plus particulièrement sur Durkheim, symbole d’un certain paternalisme républicain. Il retrace ensuite comment l’émergence d’une théorie de l’espace public chez Habermas puis dans les sciences humaines et sociales a constitué une rupture démocratique par rapport à cette tradition, l’enjeu étant cependant de forger une conception réaliste de l’espace public. La troisième partie explore les théories de la démocratie délibérative, marquées par une tension entre les approches centrées sur la délibération de mini-publics et celles qui placent la focale sur la participation du grand public. En conclusion sont explorées les relations entre les notions de délibération, de participation et de représentation.

    Yves Sintomer, « La démocratie délibérative face au défi du pouvoir », Raisons politiques , 2011, n° °42, pp. 5-13   

    Yves Sintomer, « Tirage au sort et politique : de l'autogouvernement républicain à la démocratie délibérative », Raisons politiques , 2011, n° °42, pp. 159-186    

    RésuméQuelles étaient les fonctions de l'usage politique du tirage au sort dans la République de Florence, et quels liens entretenait-il avec la délibération ? Pourquoi cette procédure est-elle de nouveau utilisée depuis quelques décennies dans de nombreux dispositifs délibératifs ? L'invention de l'échantillon représentatif marque une rupture entre les usages anciens et modernes du tirage au sort. Celui-ci, tout en conservant sa fonction d'impartialité, soutient désormais une logique de démocratie délibérative centrée sur des mini-publics contrefactuels, et non plus une logique d'autogouvernement républicain où chaque citoyen est tour à tour gouvernant et gouverné. Cette comparaison historique permet de mieux comprendre les expériences actuelles de démocratie délibérative et certains des défis auxquels elles sont confrontées.

    Yves Sintomer, « Saberes dos cidadãos e saber político », 2010  

    Nos processos participativos contemporâneos, expressões como “saber do cidadão”, “saber comum” ou “saber do utilizador” são, hoje em dia, usadas em excesso pelos responsáveis políticos e associativos, assim como por instituições (por exemplo, fundações, universidades, centros de estudos). Neste artigo, pretendemos esclarecer de forma analítica o que estas expressões contemplam, analisar os desafios políticos deste apoio reivindicado por uma forma específica de saber e questionar qual a contri...

    Yves Sintomer, « De Leonardo Bruni à Francesco Guicciardini : actualité de l'humanisme civique ? », Raisons politiques , 2010, n° ° 36, pp. 5-23    

    RésuméL'enjeu du dossier est d'abord de combler un vide de la recherche francophone, qui ne s'était jusqu'ici que peu penchée sur Leonardo Bruni ou l'humanisme civique et qui continue de sous-estimer l'importance de Francesco Guicciardini. Les thèses séminales de Hans Baron ont pour une large part été infirmées, mais elles restent stimulantes : si les textes de Bruni sont loin de refléter la réalité de l'ordre politique florentin, ils n'en sont pas moins porteurs d'un idéal civique qui systématise et reformule le républicanisme. La réinvention de la politique qui avait commencé un siècle plus tôt dans la cité toscane put ainsi avoir un impact considérable sur le développement de la pensée politique moderne. L'examen des textes montre cependant qu'il existe plusieurs républicanismes, qui s'opposent notamment sur la question sociale et sur l'alternative autogouvernement vs. gouvernement représentatif.

    Yves Sintomer, « L'impératif délibératif », Rue Descartes , 2009, n° ° 63, pp. 28-38   

    Yves Sintomer, Loïc Blondiaux, « L'impératif délibératif », Rue Descartes, 2009, pp. 28-38 

    Yves Sintomer, « Du savoir d'usage au métier de citoyen ? », Raisons politiques , 2008, n° ° 31, pp. 115-133    

    RésuméDans les démarches participatives contemporaines, des expressions comme « savoir citoyen », « savoir ordinaire » ou « savoir d'usage » sont utilisées de façon inflationniste. L'article clarifie analytiquement ce que recouvrent ces expressions en étudiant successivement trois ensembles épistémiques mobilisables dans les dynamiques de participation : la raison ordinaire, l'expertise citoyenne et le savoir politique. Il interroge les enjeux politiques de cet appui revendiqué sur ces formes spécifiques de savoir, et contribue à renouveler l'opposition classique entre théories élitistes et théories « participationnistes » de la démocratie. Si la résorption du savoir des professionnels de la politique dans un savoir politique plus générique est improbable, l'appui sur les savoirs citoyens n'est-il pas susceptible de contribuer à redynamiser la politique dans son ensemble ?

    Yves Sintomer, « Le paysage idéologique de la parité », Travail, genre et sociétés , 2007, n° º 18, pp. 147-152   

    Yves Sintomer, « Éditorial », Espaces et sociétés , 2006, n° 123, pp. 7-19   

    Yves Sintomer, « Philippe, écorché vif et passionné », 2005, p. 43    

    Sintomer Yves. Philippe, écorché vif et passionné. In: Hommes et Migrations, n°1257, Septembre-octobre 2005. Trajectoire d'un intellectuel engagé. Hommage à Philippe Dewitte. p. 43.

    Yves Sintomer, Loïc Blondiaux, « L'impératif délibératif », 2002, pp. 17-35    

    L'impératif délibératif Loïc Blondiaux, Yves Sintomer Un changement idéologique accompagne les transformations actuelles des pratiques politiques dans les démocraties contemporaines. Il passe par la valorisation de certaines notions : la discussion, le débat, la concertation, la consultation, la participation, le partenariat, la gouvernance. Deux phénomènes sont à l'œuvre. Dans la sphère de l'action politique se multiplient les dispositifs qui visent à intégrer une pluralité d'acteurs et à mettre la décision en débat. Dans la sphère académique la référence à la démocratie délibérative connaît aujourd'hui un succès croissant, en particulier dans le monde anglo-saxon. Existe-t-il un lien entre ces deux mouvements ? Assiste-t-on, avec la montée de cet impératif délibératif, à l'émergence d'un nouvel idéal de gouvernement ? Quelles sont les effets réels induits par la multiplication des dispositifs de participation et des procédures de délibération sur les acteurs, les mobilisations et les décisions collectives ? Cet article tente de répondre à ces différentes questions.

    Yves Sintomer, « Droit à l’avortement, propriété de soi et droit à la vie privée », Les Temps Modernes , 2001, n° ° 615-616, pp. 206-239   

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, « Affiliations et désaffiliations en banlieue. Réflexions à partir des exemples de Saint-Denis et d'Aubervilliers », 2001, pp. 217-249    

    La notion de désaffiliation mise en avant par Robert Castel est ici mise à l'épreuve d'un terrain spécifique, l'ancienne banlieue rouge. Mieux que celles d'exclusion ou de relégation, l'idée de désaffiliation permet d'y analyser l'impact de la précarisation de la société salariale. Cependant, du fait de son acception durkheimienne, cette notion sous-estime les contradictions auxquelles l'intégration sociale se heurte en permanence et met peu en lumière les contre-affiliations, importantes dans ces milieux populaires. La notion d'anomie qui lui semble logiquement liée rend mal compte des durs conflits de normes qui s'expriment dans les « incivilités ». Aujourd'hui, la désaffiliation politique et identitaire à la ville ouvrière renforce les effets de la désaffiliation à la société salariale. Les processus de réaffiliation, qui touchent d'un côté les couches moyennes du salariat, notamment à travers la démarche participative, de l'autre une sous-culture juvénile qui se reconnaît dans le rap, sont hétérogènes et inachevés et n'indiquent aucune ligne claire pour l'avenir.

    Yves Sintomer, Marie-Hélène Bacqué, « Gestion de proximité et démocratie participative », 2001, pp. 148-155    

    En France, la dynamique locale de la politique de la ville est poussée par l'Etat ; aux États-Unis, le mouvement communautaire crée ses propres institutions de lutte contre la pauvreté ; au Brésil, le budget participatif de la ville de Porto Alegre constitue une école de démocratie. Malgré la différence des contextes, des acteurs et des processus, ces expériences de démocratie participative défient l'idée de démocratie de proximité.

    Yves Sintomer, « Autour du livre de Pierre Bourdieu La domination masculine », Travail, genre et sociétés , 1999, n° ° 1, pp. 208-213   

    Yves Sintomer, « Sociologie de l'espace public et corporatisme de l'universel », 1998, pp. 7-19    

    Yves Sintomer, The Socioloy of Public Space and the Corporatism of the Universal A sociological conception of the public sphere bas to rest on Habermas's tbeory in that it shows how ordinary citizens may develop apolitical reflexivity. This reflexivity is both cognitive and normative and has its own constraints. However, in order to be realistic, any sociological perspective bas to criticize Habermasian idealism and to understand that social structures and domination relationships are present in every interaction, including those that take place in the public sphere. The force of argumentation is not some anthropological transcendence but relies on contingent social and political devices. The question is whether theses devices can be understood with reference to the notion of the "corporatism of the universal", and whether any political définition of the universal implies the articulation of cognitive and normative dimensions.

    Yves Sintomer, Claus Offe, Didier Le Saout, « Bien-être, Nation, République : Quelques aspects de la voie allemande du socialisme au capitalisme », 1995, pp. 107-120    

    Claus Offe, Wellbeing, Nation, Republic : Aspects of the "German Way" in the Transition from Socialism to Capitalism Social integration can occur in three different functional modes : the politico-constitutional, the cultural-national and the economic. Eastern Germany has represented a relatively pure form of the third ideal type. Its disintegration is more the result of an historical accident provoked by largely external causes than that of a political decision to change (or of an exhausting of its mode of politico-economic development). Beyond short term political calculations, unification with West Germany must also be understood in terms of economic categories. However, economic integration is quite fragile. It is for this reason that East Germany required a repressive governing structure. And it is for this reason that political elites today have recourse to an instrumentalized nationalism that will create as many problems as it resolves.

    Yves Sintomer, « Pouvoir et autorité chez Hannah Arendt », 1994, pp. 117-131    

    Yves Sintomer, Power and Authority in Arendt's Work Hannah Arendt conceived of power as the ability to act in concert, rather than as power over other human beings. This fundamental human capability has to be combined with authority, which allows the stability of political order through unquestioning recognition instead of persuasion. However, the relation between these two notions is a problematic one. Since tradition has lost its motivational force in the modern world, what can support the supremacy of authority overpower, if both theology and natural law are rejected ? The notions of foundation or constitution are probably not sufficient to provide an acceptable basis for the idea of a republican political authority which transcends the power of the people.

    Yves Sintomer, J. Habermas, L'intégration républicaine, Association des étudiants en science politique de Paris 1, Paris : Association des étudiants en science politique de Paris 1 et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1999, pp. 173-177    

    Sintomer Yves. J. Habermas, L'intégration républicaine. In: Politix, vol. 12, n°46, Deuxième trimestre 1999. La santé à l'économie, sous la direction de Patrick Hassenteufel. pp. 173-177.

  • Yves Sintomer, Louis Althusser, Politique et histoire de Machiavel à Marx. Cours à l’École normale supérieure 1955-1972. Texte établi, annoté et présenté par François Matheron, Louvain : Société Philosophique de Louvain et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 2009, pp. 542-544    

    Sintomer Yves. Louis Althusser, Politique et histoire de Machiavel à Marx. Cours à l’École normale supérieure 1955-1972. Texte établi, annoté et présenté par François Matheron. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, tome 107, n°3, 2009. pp. 542-544.

    Yves Sintomer, Dick Howard, Pour une critique du jugement politique (comment repolitiser le jeu démocratique), Paris, Cerf, 1998, Editions L'Harmattan, 5-7, rue de L'École-Polytechnique 75005 Paris : Editions L'Harmattan et PERSÉE : Université de Lyon, CNRS & ENS de Lyon, 1998, pp. 134-135    

    Sintomer Yves. Dick Howard, Pour une critique du jugement politique (comment repolitiser le jeu démocratique), Paris, Cerf, 1998. In: L'Homme et la société, N. 130, 1998. Illusion identitaire et histoire. pp. 134-135.

  • Yves Sintomer, « Dominatio. Formes et modalités de la gouvernementalité médiévale », le 27 janvier 2022  

    Organisé par Antoine Destemberg pour le CREHS, Université d'Artois

    Yves Sintomer, « Les perspectives de la démocratie face aux transformations du capitalisme », le 29 octobre 2014 

    Yves Sintomer, « Univ. Lausanne Interface Sciences-Société, CHIPI, colloq. internat. "Les futurs de la démocratie", Lausanne, 23-24 févr. 2012 », le 24 février 2012 

  • Yves Sintomer, Le féminisme en mouvements 

Actualités Publications ENCADREMENT DOCTORAL
  • Samantha Lozano Medécigo, La représentation politique dans la gouvernance urbaine des quartiers multiculturels: les cas de Santa María Tepepan, Mexico, et de la Goutte d'Or, Paris, thèse soutenue en 2023 en co-direction avec Lucía Alvarez Enríquez, membres du jury : Denis Merklen (Rapp.), Héloïse Nez (Rapp.)    

    Dans ce travail, nous nous intéressons à la dimension informelle, relationnelle et conflictuelle de la « représentation politique » au-delà de sa compréhension dans un cadre limité par la sphère électorale, l'échelle nationale, un objet gouvernemental et un fonctionnement institutionnalisé. Notre thèse se fonde sur l'étude empirique d'agents qui cherchent à représenter les intérêts et les demandes des « originarios » du village autochtone de Santa María Tepepan, à Mexico, et des « habitants » du quartier populaire de la Goutte d'Or, à Paris. La conception constructiviste de la représentation politique nous permet de mettre en perspective deux approches analytiques. D'une part, notre travail se focalise sur les mécanismes d'action publique qui interviennent dans la formation des « acteurs » de la gouvernance urbaine, en se référant principalement aux politiques qui envisagent la promotion de la participation citoyenne. D'autre part, nous étudions les pratiques concrètes de représentation que ces acteurs réalisent, en dehors du cadre électoral, pour articuler des croyances, des intérêts et des revendications hétérogènes qui permettent aux groupes sociaux de se présenter comme « légitimes » dans l'espace public local. Dans un contexte où la fonction de gouverner est partagée par un nombre croissant d'acteurs, comprendre comment ceux-ci construisent leur représentation des « habitants de la ville » fait donc partie des réflexions construites tout au long de cet ouvrage. Nous nous demandons dans quelle mesure ils participent à l'évolution de la vision de la démocratie, traditionnellement basée sur la représentation élective, et du rôle de la citoyenneté dans la vie politique.

    Dimitri Courant, Le nouvel esprit du tirage au sort : principes démocratiques et représentation politique des mini-publics délibératifs, thèse soutenue en 2022 à Paris 8 en co-direction avec Jean-Philippe Leresche, membres du jury : Laurence Bherer (Rapp.), Min Reuchamps (Rapp.), Yannis Papadopoulos  

    Le retour du tirage au sort en politique est désormais un phénomène social mondial, alimenté par de nombreux travaux académiques, revendications militantes et expérimentations démocratiques. Les mini-publics délibératifs regroupent des citoyens tirés au sort qui auditionnent des experts et débattent pour faire des recommandations de politiques publiques. Pourquoi le tirage au sort est-il mis en avant à la fois par des élites modérées pro-élection et par des activistes souhaitant une démocratie radicale ? Quelle dynamique politique les usages contemporains du tirage au sort favorisent-ils, un renforcement oligarchique ou bien démocratique ? Cette thèse réalise une analyse comparative basée sur des enquêtes qualitatives portant sur : les assemblées citoyennes irlandaises (Irlande), la Convention Citoyenne pour le Climat, le Grand Débat National, et le groupe citoyen du CESE (France). Quatre axes sont étudiés : la genèse des mini-publics, leurs fonctionnements, leurs effets et légitimités, ainsi que leurs institutionnalisations. Un nouvel esprit du tirage au sort reposant sur la « légitimité-humilité » pourrait expliquer les soutiens paradoxaux dont la sortition bénéficie. Les critiques de l’élection soutiennent le tirage au sort car la légitimité-humilité peut contribuer à la non-domination des représentés. Cependant, les partisans du gouvernement représentatif voient dans la légitimité faible des mini-publics consultatifs le moyen d’intégrer la critique sans menacer les fondements du système élitiste. Toutefois, la légitimité-humilité est potentiellement menacée par une revendication klérocratique affirmant la souveraineté de l’assemblée tirée au sort.

    Paul Sanders, 21st Century Commons , thèse soutenue en 2022 à Paris 8, membres du jury : Estelle Ferrarese (Rapp.), Mikhaïl Xifaras (Rapp.), Paula Cossart et Mélanie Dulong de Rosnay  

    Toute tentative d'appréciation du concept des communs du XXIe siècle est inondée d'une pléthore de revendications souvent très hétérogènes, sans outil évident pour les décrire, ni méthode pour un comparatif structuré. La première partie de la thèse cherche donc de construire une méthodologie appropriée pour entreprendre un tel exercice. Elle conclut que des descriptions harmonisées des communs devraient se concentrer sur cinq dimensions clés ; tandis que les comparaisons structurées peuvent être mieux faites en déterminant la position de chaque commun, relative à un concept-racine sur une échelle de généralité. La deuxième partie de la thèse cherche à utiliser ces outils afin de cartographier le paysage des différentes réclamations des communs. Afin d'être gérable, l'étude est limitée à 20 communs, sélectionnés afin d'inclure la plus grande variété possible de types de commun et de revendiquant. La dernière section présente les conclusions de la partie 2. Parmi celles-ci, la plus importante était qu'il n'y avait aucune caractéristique identifiable commune à toutes les réclamations des communs. Les communs globaux et de l’Internet ont formé des clusters, mais l'étude suggère qu'il existe de solides arguments pour les nommer biens communs plutôt que communs. De nombreuses revendications étant assez récentes, la question se pose de l'existence ou non d'un mouvement des communs. Après avoir étudié les preuves, la thèse conclut qu'un déclin d'intérêt semble possible, bien que cela nécessite d'être confirmé par des recherches supplémentaires. La thèse conclut en suggérant que ses découvertes pourraient constituer un élément constitutif d'une théorie plus générale des communs.

    Gabriel Gay-Para, Enquête sur le caractère aristocratique des élections, thèse en cours depuis 2021 en co-direction avec Patrick Savidan  

    L’idée selon laquelle, dans une démocratie, le peuple, à défaut d’exercer le pouvoir, doit voter pour élire ceux qui l’exerceront à sa place, et en son nom, s’impose aujourd’hui comme une évidence. Le lien entre la démocratie et les élections est si fort que nous finissons par les assimiler. Toute démocratie serait électorale. Inversement, toute élection – organisée dans de bonnes conditions, sans fraude ni trucage – serait démocratique. Ces deux affirmations, aussi banales soient-elles, sont pourtant problématiques. Si la démocratie désigne étymologiquement le pouvoir du peuple, rien ne la relie, à première vue, à l’élection en tant que procédure de désignation des gouvernants. Non sans paradoxe, pour nous, qui avons tendance à considérer les élections comme l’institution démocratique par excellence, de l’Antiquité grecque jusqu’aux révolutions américaine et française, l’idée dominante est que l’élection est une procédure, non pas démocratique, mais aristocratique. L’objectif de la thèse est d’interroger, à nouveaux frais, le « caractère aristocratique » de l’élection. Ce caractère est-il intrinsèque ou extrinsèque ? Est-il universel et nécessaire, car inhérent à la nature même de l’élection ? Ou est-il plutôt contingent, et propre à un contexte historique particulier ?

    Rongxin Li, A Conceptual Reappraisal of Chinese Deliberative Democracy (Xieshang Minzhu 协商民主), thèse soutenue en 2021 à Paris 8, membres du jury : Demin Duan (Rapp.), Youxing Lang, Emilie Frenkiel et Alice Le Goff  

    Il s’agit d’une thèse de doctorat en trois parties composées de cinq chapitres. La première partie comprend le premier chapitre sur la démocratie délibérative en Occident, et la deuxième partie comprend les deuxièmes, troisièmes et quatrièmes chapitres avec une nouvelle révision conceptuelle et une réévaluation du concept chinois de démocratie délibérative (xieshang minzhu 协商民主) et son institutionnalisation. La troisième partie comprend le cinquième chapitre avec un passage du concept idéal à l’exploration empirique à travers des études de cas.Pour commencer, le premier chapitre présente et revisite plus précisément la démocratie délibérative en Occident. Ce concept de démocratie délibérative et de gouvernance vise une reconstruction démocratique dynamique via des interactions dialogiques motivantes entre citoyens égaux. Cette approche centrée sur le discours met un nouvel accent sur la « volonté du peuple » de donner à la démocratie contemporaine de nouvelles significations. Dans ce chapitre, nous exposons les différences entre la délibération démocratique, la démocratie représentative et la démocratie participative. La critique de la théorie de la démocratie délibérative blâme principalement sa conception irréaliste et son incompatibilité avec les réalités pratiques. Les efforts ultérieurs d’un virage systémique vers la démocratie délibérative offrent une réponse précieuse.

    Maxime Mellina, Le Sort ou la Raison : persistance et disparition du tirage au sort en Suisse (1798-1831), thèse soutenue en 2021 à Paris 8 en co-direction avec Biancamaria Fontana, membres du jury : Silvia Arlettaz (Rapp.), Antoine Chollet et Hélène Landemore  

    L’usage du tirage au sort en politique est aujourd’hui souvent associé à une pratique de la démocratie et semble s’opposer à l’élection. Pourtant, le tirage au sort est une technique historiquement très liée aux républiques aristocratiques où il était utilisé pour son impartialité dans des procédures complexes le mêlant constamment à l’élection et à des restrictions de la citoyenneté. Cette thèse exhume les expériences suisses du tirage au sort, jusqu’ici inconnues. Celles-ci sont variées et tardives et représentent un terrain propice pour tenter de comprendre la disparition de la sélection aléatoire à la charnière des 18e et du 19e siècles. Face au tirage au sort « aveugle » (blinde Loos), les révolutions modernes sacrent les idées héritées du siècle des Lumières et de la raison éclairée. Elles couronnent une philosophie politique et sociale à l’opposé de tout ce qui est invisible, incontrôlable et irrationnel. Ce changement permet de comprendre les fondements idéels des nouvelles institutions libérales-républicaines qui s’imposent à ce moment et avec lesquels le tirage au sort n’est plus compatible. Ceux-ci valorisent le mérite, la volonté et le choix, le pluralisme des intérêts et une toute nouvelle forme de la représentation-mandat. Cette réflexion, fondée sur l’examen de sources primaires, apporte ainsi de nouveaux éléments à l’énigme de la disparition du tirage au sort et, par effet miroir, à l’analyse de sa réapparition dans nos systèmes contemporains toujours marqués par ces imaginaires.

    Hugo Bonin, Du régime mixte à la « vraie démocratie » : une histoire conceptuelle du mot democracy en Grande-Bretagne, 1770-1920, thèse soutenue en 2020 à Paris 8 en co-direction avec Francis Dupuis-Déri, membres du jury : Joanna Innes (Rapp.), Hélène Landemore (Rapp.), Pierre Rosanvallon  

    Vilipendé à travers l’Occident, associé au désordre et à la foule, le mot democracy devient, au cours du 19e siècle, un synonyme de bon gouvernement. Combinant histoire conceptuelle, humanités numériques et théorie politique, cette thèse retrace les usages britanniques de ce terme. Pour ce faire, différentes sources (débats parlementaires, traités politiques, ouvrages de référence, presse périodique) et outils méthodologiques sont mobilisés. L’analyse se concentre sur quatre moments clefs, correspondant à des crises politiques internes et externes de la Grande-Bretagne, marqués par un emploi intensif du vocabulaire démocratique. En examinant les principaux sens dénotatifs et connotatifs de democracy en Grande-Bretagne de 1770 à 1920, cette thèse met en relief une transition : celle d’un imaginaire politique britannique structuré par la théorie du gouvernement mixte à un régime parlementaire considéré comme démocratique.Cette thèse permet de souligner l’appropriation tardive de democracy par les forces politiques britanniques, à contraster avec les cas français et étatsuniens, qui adoptent l’étiquette démocratique beaucoup plus tôt. Elle démontre également la persistance d’une opposition conceptuelle forte entre régime mixte et democracy, puis entre cette dernière et le gouvernement parlementaire. Elle atteste du monopole conservateur sur le vocabulaire démocratique durant la période étudiée, tout en signalant la dichotomie oubliée entre people et democracy au même moment. Ces résultats permettent de remettre en cause la lecture téléologique de la démocratisation britannique opportunément amenée par plusieurs approches tant historiques que théoriques de cette question.

    Romain Gallart, L'important n'est pas seulement de participer : sociologie de la fabrique de la participation populaire dans les métropoles de Recife (Brésil) et Grenoble (France), thèse soutenue en 2019 à Paris 10 en co-direction avec Marie-Hélène Bacqué, membres du jury : Didier Desponds (Rapp.), Marion Carrel (Rapp.), Agnès Deboulet et Paul Cary    

    Cette thèse s’attache à comprendre pourquoi des dispositifs participatifs mis en place dans les quartiers populaires existent encore aujourd’hui, en dépit de leur inefficacité attestée. Elle interroge les processus de fabrication et de mise en œuvre de l’impératif participatif à partir de l’étude de deux cas paradigmatiques : les métropoles de Grenoble (France) et Recife (Brésil). Ce travail contribue à la conceptualisation des transformations des gouvernements contemporains. L’histoire croisée de la politique de la ville grenobloise et du programme de régularisation des zones spéciales d’intérêt social recifense, puis les ethnographies comparées des gouvernances de projets de requalification urbaine dans ces territoires, éclairent les évolutions auxquelles sont sujettes les systèmes démocratiques aux situations urbaines, sociales, politiques et culturelles contrastées. À Recife, la démocratie participative s’éteint progressivement à la faveur d’un modèle managérial de participation, dépolitisé et moins structuré. Dans l’agglomération grenobloise, malgré un discours sur la modernisation de l’action publique et la formalisation des procédures participative, la démocratie locale reste ancrée à la proximité. En caractérisant les méthodes de mobilisation des participants, les conditions de leurs représentation et délibération, et leur inscription dans la gouvernance urbaine, la démonstration éclaire la coexistence de logiques politiques, techniques, et sociales parfois antagonistes et concurrentes. L’enquête en immersion, comme coordinateur de démarches d’associations des habitants dans des projets urbains, contribue à la compréhension des mécanismes formalisés ou non, publics ou non, guidant l’implantation des dispositifs participatifs dans nos sociétés contemporaines.

    Nabila Abbas, Das Imaginäre und die Revolution : die Imaginäre des tunesischen Revolutionsprozesses, thèse soutenue en 2019 à Paris 8 en co-direction avec Regina Kreide, membres du jury : Catherine Colliot-Thélène (Rapp.), Leyla Dakhli (Rapp.), Jörn Ahrens et Andreas Langenohl  

    Mon approche de la révolution tunisienne se concentre sur les imaginaires des acteurs tunisiens qui ont contribué à la chute du régime de Ben Ali : Quels imaginaires politiques ont-ils ? Quelles critiques formulent-ils à l’égard de ce régime ? À quelles idées, normes, valeurs font-ils référence dans leurs critiques ? J’examine les imaginaires de différents acteurs : défenseurs des droits humains, syndicalistes, féministes, citoyens, jeunes, chômeurs, cyberactivistes et islamistes. J’identifie d'abord les imaginaires qui ont contribué à l’érosion de l’ancien régime (imaginaires critiques), avant d'analyser les imaginaires figurant la construction d’une « nouvelle Tunisie » (imaginaires constructifs). Pour penser le concept d’imaginaire je m’appuie sur la pensée du philosophe Cornelius Castoriadis qui attire l’attention sur la force de l’imagination conçue comme une puissance permettant l'émergence de représentations sociales. J’en ai déduit deux hypothèses fondamentales pour mon travail. Premièrement : les imaginaires révolutionnaires des acteurs sociaux s’opposent et contredisent les récits d’État. Partant de l’idée de Foucault selon laquelle le pouvoir produit et s'exerce également à travers des discours qui se traduisent en vérités sociales, j’affirme que les imaginaires révolutionnaires en remettant en cause les récits d’États contredisent également la légitimité du régime de Ben Ali. Et deuxièmement : les processus révolutionnaires sont des processus conflictuels dans lesquels les acteurs sociaux négocient les valeurs et les institutions de la société à construire. L’imagination et les imaginaires occupent un rôle primordial dans cette négociation.

    Eliana Galindo Betancourt, Penser l’offre publique de participation en Bolivie : analyse de l'émergence et des transformations de la décentralisation participative (1994-2013), thèse soutenue en 2018 à Paris 8, membres du jury : Denis Merklen (Rapp.), Catherine Neveu (Rapp.), Pablo Stefanoni, Sophie Jacquot et Marie-Hélène Sa Vilas Boas  

    Cette thèse porte sur la construction intellectuelle qui irrigue la loi de Participationpopulaire adoptée en Bolivie en 1994. A partir de cet objet, elle analyse les logiques et lesraisonnements ayant dicté l’adoption d’une approche démocratique et participative face auxdysfonctionnements de l’action publique territoriale et à l’intégration précaire de lapopulation indigène et paysanne. Elle se propose d’offrir un éclairage sur le processusd’élaboration de la loi et sur l’agencement particulier des dispositifs participatifs proposés.Elle vise aussi à comprendre les effets de la participation sur les formes d’organisation desacteurs sociaux et, de manière plus générale, sur la démocratie en Bolivie. Pour cela, elles’appuie sur un programme d’entretiens avec divers acteurs ayant participé à différentesétapes de la conception et de la mise en oeuvre de la loi. L’étude des récits des opérateurs, desconcepteurs et des décideurs de la loi permet ainsi de révéler qu’au-delà des enjeux électorauxet de légitimation politique, les valeurs et les idées à propos de l’inclusion et du pluralismeont pesé dans la définition du cadre cognitif et normatif de la loi. La pertinence de ce dernierest testée à l’égard de l’acceptation et de l’appropriation des normes et des dispositifs par lesacteurs sociaux.

    Chloé Santoro, La Nouvelle Athènes. Sur la possibilité d'une rencontre entre la cité ancienne et les aspirations démocratiques contemporaines, thèse en cours depuis 2018 en co-direction avec Arnaud Macé  

    Cette thèse vise à réinterroger les fondements théoriques et l'architecture institutionnelle de nos démocraties contemporaines, à la lumière de ce que les récents progrès de l'historiographie nous apprennent sur les pratiques démocratiques des Anciens. L'Athènes classique, en particulier, a fait l'objet ces dernières années d'approches novatrices intégrant les outils des sciences politiques et sociales contemporaines, qui ont permis de reconsidérer certains aspects de ce régime démocratique unique en son genre. Son usage politique du tirage au sort ou certains procédés de brassage de la population civique, notamment, semblent lui avoir permis de développer des collectifs dotés de capacités épistémiques, affectives et décisionnelles remarquables. Ce travail a pour objectif de récolter les bénéfices théoriques et pratiques de ce renouveau des études anciennes, en le mettant en dialogue avec trois champs de la recherche contemporaine : premièrement, certains développements récents de théorie politique, dont les courants néo-républicains, la pensée politique féministe, et les théories de la démocratie délibérative et de la démocratie radicale ; deuxièmement, l'éventail d'expérimentations démocratiques menées depuis une trentaine d'années, dont il s'agira d'évaluer de manière systématique la « qualité » des dispositifs délibératifs au regard de la référence athénienne ; troisièmement, les dynamiques de groupe et les formes de coopération observés et théorisés par la psychopathologie du travail, en particulier du point de vue des mécanismes de la reconnaissance et de l'intelligence collective. Ce travail de synthèse devrait permettre de dégager des pistes concrètes dans le cadre d'une réhabilitation contemporaine de l'idéal démocratique athénien d'auto-gouvernement.

    Elodie Ros, Le Réseau de l’Économie Alternative et Solidaire (REAS) : pratique militante, forme d'engagement et projet politique dans le mouvement de l'économie solidaire en France (1990-2000), thèse soutenue en 2017 à Paris 8, membres du jury : Jacques Archimbaud, Marie-Hélène Bacqué, Jean-Marie Donegani et Hélène Hatzfeld  

    Ce travail est le produit d'une recherche empirique sur le réseau pour une économiealternative (REAS) et ses militants. Il interroge les origines de son projet à partir des parcoursantérieurs de ses militants. De 1990 à 1998, Le REAS a tenté de fédérer les initiativesd'économie solidaire afin de faire émerger son projet politique dans le débat public.Il s'est agit de savoir si ce projet et son militantisme étaient le fruit d'une simple reconversiond'un habitus militant d'origine chrétienne ou bien celui d'une interaction entre différentestraditions militantes.L'enquête a permis la reconstitution des parcours antérieurs des militants du REAS à partir del'analyse d'archives et de la revue éditée par le réseau mais surtout d'une soixantained'entretiens avec les acteurs du REAS. Elle a montré que chacune des trois classes d'âge demilitants (les moins de 35 ans, les 35-45 ans et les plus de 45 ans) a incarné une dynamique deparcours militantes distinctes. Les plus âgés apportent la dimension chrétienne de gauche, legroupe intermédiaire apporte la politisation de cette première dimension et le groupe desjeunes apporte la préoccupation quotidienne et l’ancrage local. Le projet politique du REAS etson militantisme peuvent alors se définir comme une affinité élective entre trois élémentsdistincts au départ. Si l’on peut y retrouver les grandes de lignes de l’influence chacune destrois dynamiques militantes, le projet du REAS ne se définit ainsi que dans leur combinaison.Cependant, l'affinité élective ne se produit en théorie entre deux éléments. La démonstrationd’une affinité élective à trois éléments semble inédite et mériterait d’être spécifiquementinterrogée.

    Clément Barbier, Les métamorphoses du traitement spatial de la question sociale : approche croisée de deux grands projets de renouvellement urbain dans les agglomérations de Lille et de Hambourg, thèse soutenue en 2015 à Paris 8 sous la direction de Dieter Läpple, membres du jury : Carsten Keller (Rapp.), Fabien Desage et Suzanne Frank  

    Inscrite dans une démarche constructiviste, cette recherche socio-historique porte sur la genèse des projets de l'Union, aux confins des communes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos et de l'Internationale Bauaustellung (IBA) Hamburg, sur l'île de Wilhelmsburg. Pour ce faire, elle recourt à des matériaux ethnographiques (observation de réunions, entretiens approfondis) et aux archives des différentes instances publiques engagées dans les projets étudiés de 1990 à 2014. Cette étude porte d'une part sur les réseaux de réformateurs contribuant à la construction des catégories de «  quartier défavorisé  » (benachteiligter Stadtteil) et d'«  attractivité métropolitaine  » (internationale Ausstrahlung). Prenant en compte le contexte économique des agglomérations de Lille et Hambourg et les circulations transnationales et infranationales qui ont contribué à nourrir ce processus de catégorisation, ce travail met au jour que la spatialisation des problèmes sociaux et son articulation à la catégorie d'«  attractivité métropolitaine  », participent d'une même dynamique d'occultation progressive de la question sociale. Cette démonstration illustre d'autre part les mécanismes de production du consensus mis en place une fois ces alternatives politiques écartées. En refaçonnant le concept de «  mythe d'action publique  », ce travail dégage quatre systèmes de justifications de l'étude en situation de l'instrumentation de l'IBA et de l'Union et des arènes de négociations qu'ils instaurent  : attractivité, excellence, bonne gouvernance et justice spatiale. Ils constituent un outil d'analyse privilégié pour l'étude des contradictions sous-jacentes à ces deux grands projets de renouvellement urbain.

    Thomas Posado, Les reconfigurations du syndicalisme dans le Venezuela d’Hugo Chávez : une réincorporation ambiguë ?, thèse soutenue en 2015 à Paris 8, membres du jury : Olivier Compagnon (Rapp.), Emilio Horacio Taddei, Andréia Galvão et Sophie Béroud  

    Cette thèse étudie la reconstitution du lien entre l’État et le mouvement syndical au Venezuela entre 1999 et 2015. Paradoxalement, la radicalisation rhétorique de Chávez est concomitante à des pratiques plus conservatrices, on analyse la contention d’une situation révolutionnaire devenue thermidorienne. Le mouvement syndical, acteur marginalisé au cours de la période, apparaît comme un prisme pour appréhender ces transformations. Souvent utilisé pour caractériser le gouvernement Chávez, le populisme, même affranchi de ses deux principaux écueils, un « dénigrement des masses » et un flou définitionnel, même conscrit à l’aire latino-américaine, nous paraît trop imprécis. Cette étude de cas permet une actualisation du concept d’incorporation de David et Ruth Berins Collier à l’époque post-néolibérale dont le Venezuela s’inscrit dans la variante privilégiant la mobilisation au contrôle. Le champ syndical, dont l’organisation est contrôlée par l’adoption d’une nouvelle loi du travail, est marqué par un haut niveau de politisation. Nous montrons les spécificités de la seconde vague d’incorporation : constituée sur une base territoriale plus que corporatiste, avec le secteur informel plutôt que la paysannerie comme classe populaire non inscrite dans des rapports de production salariés. L’étude des trajectoires des membres des comités exécutifs des trois centrales successivement majoritaires et de quelques récits biographiques permet de mieux comprendre le renouvellement puis l’institutionnalisation des directions syndicales. Nous achevons ce travail en nous intéressant au Bolívar, région du sud-est du pays, reflet des tensions entre le chavisme et le mouvement ouvrier.

    Kolja Lindner, Die Hegemoniekämpfe in Frankreich : laizismus, politische Repräsentation und Sarkozysmus, thèse soutenue en 2015 à Paris 8 sous la direction de Siegfried Mielke, membres du jury : Pascale Laborier (Rapp.), Sabine von Oppeln et Klaus Roth  

    De nombreuses analyses du « sarkozysme » ont souligné l’importance de la communica-tion politique pour appréhender sa spécificité. Ces analyses insistent sur le charisme de certains acteurs pour la compréhension des constellations politiques. Mon travail propose une approche différente et cherche à explorer le sarkozysme dans un contexte sociopolitique plus large. Je pose la question de savoir comment, dans un contexte de crise, la droite sous N. Sarkozy a pu organiser de nouvelles formes de consentement au pouvoir et quels ont été les développements que ces aspirations ont connu. Pour ceci, je m’appuie sur le concept d’hégémonie, débattu en théorie politique. Avec deux études de cas, qui traitent respectivement de la question de la laïcité et de la représentation politique, je cherche à comprendre l’intervention politique de la droite à des fins hégémoniques. Ces deux champs forment des vecteurs centraux du républica-nisme français et sont hautement contradictoires, raison pour laquelle je propose des contextua-lisations historico-théoriques détaillées.Mon intérêt pour la question que pose ce travail date de 2007, quand le sarkozysme a connu son plein essor. A l’époque, on a pu poser la question d’un « thatchérisme à la française » (Stathis Kouvélakis). C’est la raison pour laquelle j’ai d’abord inscrit mon travail dans la conti-nuité des premières Cultural Studies et leur analyse du thatchérisme. Je comptais entreprendre une analyse de la restructuration des institutions qui prenne en compte la question de l’hégémonie et de la coercition et me concentrer sur les transformations des appartenances col-lectives et sur la désorganisation de l’opposition politique et sociale. Toutefois, l’hégémonie est un objet dynamique, ou mieux : un rapport mouvant. Ainsi se révélait pendant ma recherche l’échec de l’ambition hégémonique en question. En même temps que se confirmait mon hypo-thèse que l’action politique du sarkozysme était liée à des crises et transformations importantes. Il a donc fallu trouver une empirie permettant de démontrer, plus qu’initialement prévu, un développement.

    Freddy Mukoyi Lokonga, Rendre le pouvoir au peuple, de la démocratie participative à la stabilité politique en Afrique , thèse soutenue en 2013 à Paris 8  

    Pour remédier à l’instabilité politique endémique de la République démocratique du Congo, notre étude de recherche propose l’instauration de la démocratie participative. Cependant, l’efficacité de celle-ci dépend des facteurs contextuels. En l’occurrence, s’agissant de la République démocratique du Congo, notre étude suggère que l’on tienne compte, notamment de l’impératif d’un cadre institutionnel favorable, du capital social, du défi de l’hétérogénéité ethnique et de la forte dépendance extérieure de ce pays. Pour mener à bien ce travail, plusieurs approches sont mises à contribution, à savoir l’histoire immédiate, le néo-institutionnalisme, la sociologie électorale et l’analyse documentaire.

    Mila Ivanovic, La démocratie participative dans le Venezuela chaviste , thèse soutenue en 2012 à Paris 8  

    Après douze ans d’existence, la « Révolution bolivarienne » qui voit le jour en 1999 avec la victoire de Hugo Chavez aux élections présidentielles semble poser de nouvelles bases à l’édification d’un système démocratique tourné vers le plus grand nombre à travers l’avènement d’une « démocratie participative et protagonique ». Cette thèse se fonde sur sept années d’observations et d’analyse du processus politique toujours en cours au Venezuela, autour d’une appréciation empirique des structures et dispositifs de la participation populaire, communautaire et militante. En étant tout particulièrement attentif au chemin parcouru par la gauche non parlementaire dans l’évolution progressive du discours participatif dans ce pays, l’entreprise principale de cette thèse est ethnographique. On tente de délimiter les contours des différentes variantes du projet bolivarien de refondation institutionnelle, à travers la pluralité des courants et des pratiques qui le composent, pour rendre compte d’une stabilisation relative du mouvement social se définissant dans l’écriture diachronique d’une « culture politique participative » et la conformation progressive d’une « société mobilisée ». Par ailleurs, il s’agit de comprendre les effets d’un tel programme politique sur les pratiques sociocommunautaires et militantes d’une population historiquement reléguée à l’état d’observateur passif ou de clientèle loyale aux partis, composantes essentielles du système politique démocratique vénézuélien de la seconde moitié du 20ème siècle. Notre propos s’insère aussi dans un dialogue critique sur les modalités d’appréciation de cette situation et les outils que la science politique, la sociologie et la philosophie politique offrent pour décrypter la scène vénézuélienne. Enfin, notre analyse est alimentée par l’expérience singulière d’accompagnement d’un processus politique qui semble faire écho au renouveau politique et épistémologique du débat sur la démocratie en ce début de siècle et dont le Venezuela est une de ses manifestations.

    Patrick Hinnou, Négocier la démocratie au quotidien , thèse soutenue en 2012 à Paris 8 en co-direction avec Thomas Faist  

    À partir du département du Mono (Lokossa et Houéyogbé), avec une vue relationnelle sur l´arène nationale, l´étude empirique porte sur les mécanismes de négociation de la démocratie entre élites politiques, forces sociales et citoyens ordinaires au Bénin. Se voulant une sociologie politique et du développement, elle marie approche sociologique et approche historique pour cerner les spécificités locales d´appropriation de la démocratie. L´analyse des interfaces entre les stratégies individuelles, les modes opératoires des leaders politiques et les dynamiques des groupes sociaux organisés révèle la sur-appropriation du multipartisme, la crise de légitimité des partis, les causes sociales de la domination masculine de la politique, les logiques enchâssées du vote, l´hyper-fragilisation de la gouvernance locale et la recette made in Benin contre une société civile attrape-tout. Examinant au plus près les interactions autour du pouvoir, des avantages du pouvoir et les initiatives de participation citoyenne, l´auteur jette un regard nouveau sur la politique par le bas et valide sa théorie de co-négociation pluridimensionnelle de l´engagement politique. Certes ce travail permet d´observer la rentabilisation et la prise en otage de la démocratie par ses acteurs. Mais il montre aussi comment ceux-ci définissent le contenu à donner à la démocratie pour qu´elle se vive et se mette en mouvement. Autant les formes que prend cette appropriation de la démocratie ont révélé les tâtonnements desdits acteurs, leurs efforts et déceptions, autant elles sont porteuses de leurs espoirs pour une vie politique communautaire au sein des communes de Lokossa et Houéyogbé, voire au niveau national.

    Héloïse Nez, Les savoirs citoyens dans l'urbanisme participatif , thèse soutenue en 2010 à Paris 8 en co-direction avec Joan Villarroya i Font et Marie-Hélène Bacqué  

    Cette thèse porte sur les savoirs citoyens dans l’urbanisme participatif. Elle interroge la pertinence de cette catégorie d’analyse, qui est également un principe d’action, pour étudier les dispositifs participatifs qui se multiplient depuis deux décennies dans des contextes variés en Europe. A partir d’un cadre théorique à la croisée des sociologies urbaine, des sciences et politique, une enquête ethnographique comparative est menée à Paris et à Cordoue (Espagne). L’analyse suit le parcours des savoirs citoyens, depuis leur formation et leur mobilisation jusqu’à leur intégration et leur impact sur la décision, en passant par leurs interactions avec les savoirs d’autres acteurs. La distinction de différents types de savoirs est utile pour la recherche comme pour l’action, car elle rend légitime la participation des citoyens, en qualifiant leur apport dans l’action publique locale. L’étude des interactions entre acteurs met en avant une dialectique entre conflits de légitimité et de pouvoir d’une part, et effets d’apprentissage d’autre part. Si la démocratie participative permet une ouverture du cercle des savoirs dans l’urbanisme et un déplacement des frontières entre savoirs experts et profanes, des hiérarchies se réintroduisent au sein de la sphère citoyenne à mesure que les participants les plus actifs se professionnalisent. C’est pourtant cette professionnalisation qui permet aux citoyens d’avoir un impact sur les grandes transformations urbaines, en combinant des logiques de savoir et de pouvoir. L’intégration des savoirs citoyens dans la décision améliore la gestion locale et impulse l’innovation urbaine, mais repose la question de la justice sociale dans la ville.

    André Rubião Resendea, A "universidade participativa", thèse soutenue en 2010 à Paris 8 en co-direction avec Leonardo Avritzer  

    Depuis le Moyen Age, l’université subit diverses altérations dues à une relation complexe entre l’enseignement, la recherche et l’ensemble de la dynamique sociale. Si le modèle humboldtien privilégiait la connaissance pure et systématique, la multiversity américaine, elle, a apportée une nouvelle conception d’université, en contextualisant la connaissance et en multipliant ses formes d’actuation. Il y a encore les partisans de l’éducation libérale, inspiré de Newman, qui défendent une université tournée vers la culture générale, et la tradition latino-américaine, idéalisée par le mouvement de Córdoba, qui appuie l’idée d’une université engagée dans la lutte pour la justice sociale. Ayant comme base de réflexion ces modèles historiques d'université, ce travail interroge l'université contemporaine, qui vit une crise d'identité, divisée entre des idées antagoniques en relation à sa forme institutionnelle. Faisant alors une large analyse – surtout épistémologique, économique et politique – ce travail identifie trois idéaux-types d'université qui luttent pour la définition de l’institution : les modèles « utilitaire », « autonomiste » et « participatif ». Montrer la dynamique qui implique ces idéaux-types et questionner à propos des possibilités de s'adopter un point de vue « participatif » sont les principaux objectifs de ce travail, conjointement avec l'analyse du Programme Pôles de Citoyenneté, initiative de l'Universidade Federal de Minas Gerais, travaillant avec l'enseignement, la recherche et l’ensemble de la société, qui apparaît comme étude de cas, en s’élargissant la réflexion autour de quel modèle institutionnel doit être privilégiée dans ce début du XXIe siècle.

    Anne-Florence Louzé, Peuple et pouvoir dans le Venezuela de Hugo Chávez , thèse soutenue en 2009 à Paris 8  

    La grave crise dans laquelle était plongée la société vénézuélienne dès le milieu des années 1980 s’est traduite depuis dix ans par une évolution profonde de son paysage institutionnel et de ses rapports de forces internes. En arrivant au pouvoir, Chávez a commencé par changer non seulement les mécanismes électoraux et étatiques, mais la logique tout entière de l’espace politique, en imposant de nouvelles formes d’auto-organisation locale pour garantir l’hégémonie de sa base. Les majorités pauvres du pays, qui se trouvaient historiquement exclues de l’action politique, ont été incorporées à celle-ci en tant que sujets. Un des objectifs majeurs de la politique intérieure vénézuélienne est la participation effective des citoyens à la gestion de leurs affaires. La popularité de Hugo Chávez repose essentiellement sur l’appui des couches défavorisées de la population, qui semblent être les bénéficiaires des réformes entreprises, et d’un large éventail de programmes sociaux financé par la manne pétrolière. Si la question de la participation est un enjeu très actuel pour la plupart des démocraties, les formes qu’elle prend au Venezuela sont nouvelles et singulières. Le Venezuela, pays aux nombreuses ressources et potentialités, proclame son identité socialiste et révolutionnaire, et s’engage résolument dans la « voie de la participation ». Cette politique est marquée par une forte tension entre une volonté affichée de mettre en place les modalités d’une participation effective et la tentation de maintenir un contrôle centralisé des processus de décision. Les réformes sociétales s’enracineront-t-elles durablement ? Et de quelle démocratie s’agira-t-il ? Le régime vénézuélien constitue-t-il une alternative aux dérives et insuffisances de la démocratie représentative, inventée en son temps comme une sorte de procédé permettant de filtrer la souveraineté populaire ?

    Cécile Cuny, Appropriation de l'espace et prise de parole , thèse soutenue en 2009 à Paris 8 en co-direction avec Klaus Eder  

    Cette thèse porte sur la participation des habitants, considérée comme un discours sur la ville et une action politique. À partir de cet objet, elle analyse le lien entre les dynamiques sociales d'appropriation de l'espace et l'engagement politique. Elle s'appuie sur une enquête de terrain menée dans le quartier nord de Marzahn, un grand ensemble de Berlin-Est. L'étude de ce cas montre que la participation politique est indissociable de la représentation politique. À la fin des années 1990, la différenciation socio-spatiale des grands ensembles de Berlin-Est s'affine avec la privatisation d'une partie du parc immobilier. Parallèlement à ces transformations, la participation des habitants devient un instrument central des politiques de rénovation urbaine menées dans ce secteur bien qu'elle soit conçue sur un mode plus individuel et moins protestataire que par le passé. Les groupes sociaux qui cohabitent à Marzahn Nord se caractérisent par des usages socialement différenciés de leur quartier qui produisent des attaches sociales et familières à l'environnement urbain. Lorsque ces attaches sont menacées par des usages concurrents de l'espace, elles constituent des enjeux potentiels d'action dont le débouché politique n'est cependant pas systématique. Pour participer, il faut en effet prendre la parole dans un espace public, c'est-à-dire manifester un bien commun aux yeux d'autrui. La participation politique suppose ainsi une opération de représentation. Celle-ci est défaillante lorsque la composition sociale du public admis à s'exprimer est trop homogène et lorsque les espaces publics disposent d'un ancrage institutionnel trop faible.

    Gaël Villeneuve, Faire parler le public , thèse soutenue en 2008 à Paris 8 en co-direction avec Philippe Marlière  

    J'éprouve dans ma thèse l'hypothèse selon laquelle les "discussions publiques médiatisées" mettent en scène des émotions que les personnes invitées à débattre suscitent et jouent, instaurant ainsi un lien de familiarité entre le spectateur et le fait politique débattu. Je choisis pour objet d'étude les émissions "Le Grand Jury", "Mots Croisés", les pages "Débats" du "Monde" et l'émission britannique "Question Time". Je débute par une réflexion théorique sur mes principales démarches de "terrain" : l'ethnographie des coulisses des débats et l'analyse du sens des discours et des interactions sur le plateau. S'ensuit un bref rappel historique, nourri de sources secondaires, liant l'histoire des débats français et anglais. Cette mise en perspective m'amène à décrire l'organisation actuelle de ces débats, tels que je les ai suivis au cours de mon ethnographie. Une première section décrit "l'organisation des rencontres", comment les salariés des débats accueillent les invités, l'autre décrit le "déroulement des interactions" : comment les participants externes évoluent dans ces débats. Je termine par une interprétation des discours tenus dans les trois terrains français. L'attention est portée sur la manière dont sont grandis les intervenants au cours des émeutes de 2005, et sur le sens des échanges qui y ont lieu. L'ensemble de ces réflexions m'amène à conclure que les débats politiques dans les médias construisent un espace d'échange hybride, entre fidélité aux enjeux politiques et exigence de plaire.

    Annabelle Houdret, Konflikte um Wasser in Marokko , thèse soutenue en 2008 à Paris 8 en co-direction avec Jochen Hippler  

    L'objectif essentiel de ce travail est de comprendre, à l'exemple du Maroc, comment différents facteurs politiques, sociaux, économiques influencent l'émergence et le déroulement des conflits autour de l'eau. Sur la base d'une évaluation de trois approches théoriques existantes (la sécurité environnementale, les théories de la gestion des biens communs, et la recherche sur les conflits), nous développons une approche d'analyse propre à la problématique des conflits autour de l'eau au sein des Etats. Après une analyse des dimensions sécuritaires de la pénurie de la ressource, nous identifions les défis majeurs pour la région du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord. A travers une analyse des structures politiques et socio-économiques du Maroc, nous identifions de potentielles causes structurelles de conflits dans ce pays. L'étude de cas dans la zone du Souss nous permet ensuite d'analyser, à l'aide d'un travail de terrain extensif, l'impact des processus écologiques et socioéconomiques sur l'émergence des conflits d'eau. Nous démontrons qu'un profond décrochement entre petites et grandes exploitations agricoles a eu lieu dans les dix dernières années et qui s’accentue encore aujourd'hui. Nous révélons également qu'un projet de partenariat public-privé pour l'irrigation accentue ces processus et contribue à l'émergence des conflits autour de l'eau. Par ailleurs, nous évaluons le succès de différents types médiateurs dans ces conflits. Finalement, sur la base de ces données, nous évaluons le potentiel de conflits présent et à venir dans cette région. Sur la base de ces résultats, nous analysons les tendances majeures au Maroc concernant la valeur politique de l'allocation de l'eau ainsi que changement des relations entre la société marocaine, le gouvernement et la maison royale. Finalement, nous proposons des possibilités d'une transformation et d'une prévention des conflits autour de l'eau s'adressant à la coopération au développement et aux politiques nationales.

    Carsten Herzberg, Der Bürgerhaushalt in Europa , thèse soutenue en 2008 à Paris 8 en co-direction avec Heinz Kleger  

    Ce travail de recherche, "Le Budget participatif en Europe – Les communes européennes sur le chemin de la "Solidarkommune" ? ", s'intéresse à la réponse que la commune apporte à la mondialisation. Précisément, il se demande dans quelle mesure la participation des citoyens peut constituer un instrument permettant au système politique et administratif local de mieux relever les défis de la mondialisation. L'hypothèse centrale de ce travail est que les projets de démocratie locale n'ont jusqu'à présent pas réussi à venir à bout des nouveaux défis. Le besoin d'un nouveau concept d'orientation (Leitbild) se fait donc sentir. Nous qualifierons ce concept de " commune solidaire" (Solidarkommune) qui, pour lui donner une première définition, repose sur l'articulation d'une modernisation administrative orientée vers le citoyen, d'une justice sociale et d'une responsabilité écologique réalisées au moyen de la participation, dans le but de contribuer à délester le système politique et administratif. Dans les quatre parties de ce travail, nous nous demanderons si ce concept d'orientation est concevable, et dans quelles conditions, au prisme de la recherche des logiques de la mondialisation (première partie), d'une analyse des modèles existants de démocratie locale (deuxième partie), d'une étude des projets participatifs en Allemagne (troisième partie) et dans d'autres pays (quatrième partie). De cette façon, la définition du nouveau concept d'orientation se concrétise un peu plus dans chaque partie jusqu'à ce que nous disposions, pour la conclusion, d'une définition approfondie, qui propose non seulement un cadre théorique mais aussi les principes d'une participation efficace.

    Narcisa Beatrice Verri Whitaker, Os sem-teto do centro de São Paulo , thèse soutenue en 2008 à Paris 8 en co-direction avec Ricardo Antunes  

    Ce travail concerne les champs d’action des mouvements sociaux, les composants et le rôle des acteurs. Il existe trois compartiments à partir desquels nous avons l’intention d’ouvrir un nouveau front de connaissances sur un secteur du mouvement pour le logement à Sao Paulo pendant le gouvernement du PT entre 2001 et 2004, moment intermédiaire entre la phase de restructuration de la production capitaliste dans le pays, mise en place par un gouvernement néolibéral, et sa consolidation par un gouvernement se revendiquant de gauche : le premier sur le terrain institutionnel, le second dans le domaine politique, et le troisième dans le champ catégoriel. Ces trois champs impliquant des questions propres à d’autres mouvements présentant des problèmes dont les causes endogènes ou exogènes ne sont jamais exhaustives, entrevoyant des perspectives non encore aperçues, sont développés dans la tentative de trouver des réponses aux phénomènes communs à l’ensemble des métropoles comme Sao Paulo. L’observation empirique des mouvements pour le logement amène à des constatations relatives à la dynamique des mouvements vis-à-vis des politiques publiques et des partis, à leur condition, qui est d’appartenir à un domaine catégoriel, d’être composés principalement de femmes et de migrants, et d’exister grâce aux théologiens de la libération. Certaines de ces constatations sont admises depuis quelque temps par les chercheurs et les théoriciens des mouvements sociaux, d’autres sont niées ou rejetées, mais aucune d’entre elles ne prend pas en compte le caractère d’interdépendance entre les trois compartiments cités ci-dessus. Une analyse plus approfondie montre que les mouvements qui luttent pour des problèmes spécifiques, même s’ils sont conscients des problèmes de l’ensemble de la société, tendent à rester isolés, marginalisés s’ils ne parviennent pas à créer la nécessaire constitution des relations de force dans des conditions déterminées, une d’entre elles étant l’indépendance de l’appareil d’Etat, qui paradoxalement se trouve compromise depuis quelques années au Brésil.

    Ermal Hasimja, Les défis de la représentation politique en Albanie, thèse soutenue en 2006 à Paris 8  

    Le but de ce travail est de définir les défis de la représentation politique en Albanie. L’analyse passe cependant par une critique théorique des modèles explicatifs actuels de la représentation. Contrairement à ces modèles fondés sur l’idée de la représentation des intérêts, opinions, perspectives sociales ou simplement de personnes, je développe une conception de la représentation pensée comme la décision des citoyens de choisir par le vote un projet politique composé d’un programme et de ses ressources humaines. A partir de cette conception j’analyse les problèmes de la formation des projets politiques : ambiguïté des programmes, aliénation du débat politique, la déviation du choix par le clientélisme et le rôle négatif de la production de la légitimité politique par les institutions internationales.

    Dino Costantini, Per l'anamnesi di una malattia europea , thèse soutenue en 2006 à Paris 8 en co-direction avec Barbara Henry  

    La particularité de la tradition politique française voudrait se résumer dans sa vocation à l'universel. L'analyse du discours colonial des années '30 met en lumière le rôle décisif joué par la référence à cette vocation - et au concept de civilisation (occidentale) - dans la légitimation du colonialisme français. Cette légitimation s'appuie sur les idées complémentaires de mission civilisatrice et de mise en valeur, idées qui renvoient à la primauté française et occidentale dans la complexe taxonomie de cultures qui composerait le globe. La réponse postcoloniale - A. Césaire, A. Memmi et F. Fanon - montre par son rejet des valeurs occidentales comment, face aux colonisés, l'universalisme a pu devenir l'instrument de l'extension d'un racisme culturaliste dont la critique est préalable à la réactivation des conditions de possibilité d'un universalisme à la mesure du monde voire à une pleine décolonisation de la théorie politique française et occidentale.

    Frédéric Thomas, Etude des affinités électives entre Marx et Rimbaud et de leur développement historique au sein du surréalisme belge et français de l'entre-deux-guerres, thèse soutenue en 2004 à Paris 8  

    Les surréalistes ont affirmé : « « Transformer le monde » a dit Marx ; « changer la vie » a dit Rimbaud : ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un ». L’ambition de cette thèse, basée sur le surréalisme français et belge pendant l’entre-deux-guerres et, surtout, sur trois surréalistes – Nougé, Breton et Péret -, est de démontrer que le rapprochement entre ces deux noms se justifie et témoigne des affinités électives entre Marx et Rimbaud au cœur de la dynamique surréaliste. J’étudie le développement du surréalisme jusqu’au moment du saut politique où, pour la première fois, les noms de Marx et de Rimbaud se rencontrent. Ensuite, j’analyse les affinités entre les deux hommes, et leur intensification au sein du surréalisme. Par après, j’étudie la mise en œuvre de ces affinités à travers la tentative de dépasser l’art, la politique et les relations entre les deux. Enfin, j’aborde l’héritage laissé par le surréalisme en essayant de dégager quelques pistes de réflexions.

  • David Hamou, « Un pied dans l'institution, mille pieds dans la rue » : commun, municipalisme et mouvements sociaux pour le droit au logement à Barcelone (2015-2019), thèse soutenue en 2023 à Paris 10 sous la direction de Stéphane Dufoix, membres du jury : Héloïse Nez (Rapp.), Irene Sabaté Muriel (Rapp.), Paula Cossart et Christian Laval    

    En Espagne, un cycle politique s’est ouvert en 2011, avec les occupations des places publiques qui dénonçaient les conséquences du néolibéralisme et les limites de la démocratie représentative. De nouveaux mouvements sociaux voient alors le jour, revendiquant le droit au logement, les communs urbains, et la démocratisation de la sphère publique. En 2015, des plateformes citoyennes issues de ces mobilisations remportent les élections municipales dans de nombreuses villes, dont Barcelone. Le municipalisme de Barcelone en Commun (Barcelona en Comú) ne vise pas uniquement à prendre le pouvoir, mais à transformer les institutions de l’intérieur, en les soumettant à la participation réelle des citoyens. Si cette ambition s’est heurtée à l’inertie et la structure hiérarchique de la mairie, le municipalisme a aussi été le laboratoire d’une réarticulation entre institutions publiques et mouvements protestataires. Cette thèse de sociologie porte sur la lutte pour le droit au logement à Barcelone, l’expérience d’anciens activistes au sein du gouvernement municipal, et les interactions entre ces deux dynamiques. Elle se fonde sur une enquête qualitative de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca (Plateforme des personnes affectées par l’hypothèque, PAH) et de sa lutte contre les expulsions immobilières et le surendettement. Ce mouvement social promeut une auto-institution des droits sociaux qui fait émerger de nouvelles synergies conflictuelles entre le commun et le public. L’enjeu est de « communaliser » la municipalité, en instituant des formes d’intervention directe des plus précaires dans les affaires publiques. L'horizon démocratique du municipalisme consiste alors à renforcer cet autogouvernement collectif, à la fois dans et hors des institutions publiques.

    Lucie Lerbet, Autonomie, conflit, complexité , thèse soutenue en 2023 à Lyon 2 sous la direction de Guillaume Faburel et Gilles Pollet, membres du jury : Sophie Laligant (Rapp.), Pascal Nicolas-Le Strat (Rapp.), Valérie Jousseaume et Isabelle Hajek  

    Cette thèse étudie les imaginaires qui (s’)instituent (par) les expériences d’habiter vécues au sein de la dite alternative écologique en milieux ruraux. Cette nébuleuse est éprouvée à travers deux cas, complémentaires parce que contrastés. Le premier cas, la Vallée Longue, située dans les Cévennes, lieu rural emblématique du retour à la terre, a vu naitre ces dernières années un collectif informel de réflexion autour des enjeux localisés de l’écologie et de la transmission de savoirs situés. Le deuxième cas, la communauté de l’Arche de Saint-Antoine, située en Isère, dans un village calme mais plus proche des centres urbains, est depuis une trentaine d’années un lieu de vie et de formation orienté vers la spiritualité et la non-violence. Une catégorisation des significations imaginaires de cet habiter émerge de l’analyse d’entretiens menés auprès d’habitant·e·s de la Vallée Longue, autour d’un triptyque : résister, prendre soin et instituer. L’intention de cohérence, la volonté d’harmonie et l’exemplarité envisagée sont traversées par des tensions, individuelles et collectives. Par une démarche de recherche subjective et incarnée d’élucidation des imaginaires enchevêtrés dans les expériences ordinaires, sur la base d’une immersion au sein de l’Arche relatée dans un carnet de terrain, cette catégorisation est remaniée et épaissie.Faisant dialoguer les entretiens des habitant·e·s des deux terrains, une mise en miroir finale met en évidence leurs résonances et leurs tensions qui laissent entrevoir la généricité d’un rapport au monde en émergence dans ces expériences d’habiter – autour du temps, des autres et du sol. Ce travail dessine ainsi les lignes imaginaires d’une autonomie en projet dans et par l’habiter, avec pour horizon des écologies dès lors revisitées.

    Margot Verdier, La perspective de l’autonomie : la critique radicale de la représentation et la formation du commun dans l'expérience de l'occupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, thèse soutenue en 2018 à Paris 10 sous la direction de Stéphane Dufoix, membres du jury : Patrick Cingolani (Rapp.), Geoffrey Pleyers (Rapp.), Florence Bouillon et Geneviève Pruvost    

    Le mouvement d’occupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes milite depuis 2009 aux côtés des associations citoyennes et des paysan-ne-s en lutte pour la préservation du bocage menacé par la construction d’un aéroport international. L’organisation sociale de la « Zone d’Autonomie Définitive » repose sur le refus de la séparation du domaine légitime de la délibération, une critique radicale de la représentation qui se prolonge dans une perspective d’émancipation. Cette thèse de sociologie politique explore les effets de la perspective de l’autonomie sur la formation de l’« être-en-commun » des occupant-e-s qui se manifeste dans les formes qu’ils.elles donnent à leurs processus de socialisation, à leurs échanges économiques et cognitifs, à leurs procédures de décision, aux rapports de pouvoir qui les distinguent et à leurs pratiques de justice. Elle s’appuie sur une enquête ethnographique d’un an (2013-2014) qui m’a permis de confronter les représentations et les pratiques des occupant-e-s à une analyse théorique des modalités de matérialisation d’autres possibles. En réintroduisant une activité de sens dans la théorie des formes sociales que la sociologie des réseaux sociaux emprunte à Georg Simmel, cette thèse souhaite contribuer aux efforts opérés par la science sociale anarchiste pour déconstruire le « préjugé gouvernemental », la croyance en la nécessité d’un ordre et d’une direction. A travers l’étude des controverses qui animent la vie quotidienne des occupant-e-s, j’insiste ainsi sur l’irréductibilité d’un ensemble de tensions qui façonnent une vie sociale fondée non pas contre la différenciation individuelle, mais contre la logique d’intégration qui l’empêche.

    Aliénor Ballangé, L’invention de Bruxelles , thèse soutenue en 2018 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Frédéric Gros et Étienne Tassin, membres du jury : Justine Lacroix (Rapp.), Sabine Saurugger (Rapp.), Étienne Balibar  

    Notre recherche, qui articule un objet de science politique, un traitement historique et une problématisation philosophique, vise à déterminer si la démocratie communautaire s’est construite sur une intégration par le peuple ou pour le peuple. De l’entre-deux-guerres jusqu’au traité de Lisbonne, nous avons étudié les discours des théoriciens et des praticiens de la construction européenne afin de préciser le rapport de l’Europe politique à son ou ses peuples. Ce rapport obéit-il à une dynamique ascendante – le peuple comme acteur de l’intégration post-nationale – ou à une dynamique descendante – le peuple comme bénéficiaire de l’intégration post-nationale ? La première partie de notre recherche se concentre sur la « pré-histoire » du projet d’unification continentale et sur la naissance de la Communauté européenne. Alors que l’intégration ne repose encore sur aucun « peuple européen » constituant, une théorie de la démocratie communautaire commence à affleurer dans le discours des trois généalogies communaliste, fédéraliste et technocratique. La deuxième partie de notre travail aborde la transition entre la Communauté européenne et l’Union européenne et la manière dont elle s’est accompagnée d’un approfondissement paradoxal de l’idée démocratique malgré le peuple. La troisième partie de notre enquête aborde le changement de paradigme politique qui accompagne l’échec du projet de traité constitutionnel et la ratification du Traité de Lisbonne. Dans quelle mesure cette période de crise ouvre-t-elle la voie d’une forme ambiguë de démocratie contre le peuple ?

    Jessica Brandler-Weinreb, Participation politisation et rapports de genre : changement social en milieu populaire (Venezuela, 2002-2012), thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Denis Merklen, membres du jury : David Garibay, Bérengère Marques-Pereira et Polymnia Zagefka  

    Cette thèse porte sur le rapport des femmes au politique, étudié à travers le prisme de la participation locale des classes populaires. Au Venezuela, sous les gouvernements Chávez, la volonté étatique de favoriser la participation locale et de lutter contre les inégalités de genre, croise et rend visible des dynamiques et des trajectoires individuelles d’acteurs ordinaires, qui sont en majorité des femmes. La politique bolivarienne de la participation se réalise à partir de l’expérience quotidienne et des relations interpersonnelles. Les structures étatiques locales que sont les Conseils Locaux de Planification Publique et les Conseils Communaux articulent ainsi espace public et espace privé. Dans ce pays matrifocal, la pratique de cette politique territorialisée permet aux femmes des classes populaires de transformer leur autorité en une ressource politique qui est désormais reconnue et institutionnalisée. Ce processus modifie le rapport à soi, à la famille, à la communauté, mais aussi au pouvoir institué, allant jusqu’à transformer les rapports gouvernants-gouvernés. Fruit de sept années de recherche et de près de deux ans de terrain, cette thèse allie les techniques classiques de l’enquête sociologique à de nouveaux outils révélant l’importance du tournant affectif induit par l’expérience participative dans la vie des enquêtés.

    Ingrid Kofler, "Heimat Südtirol" : la cohabitation des germanophones et des italophones dans le département de Bolzane (Italie), thèse soutenue en 2015 à Sorbonne Paris Cité sous la direction de Jan Spurk et Roberto Cipriani, membres du jury : Max Haller (Rapp.)  

    Cette étude aspire à expliquer les raisons de la cohabitation - basée sur une différentiation linguistique - entre les germanophones et les italophones qui constituent la population du département du Haut-Adige/Tyrol du Sud (situé dans l'extrémité nord-orientale de l'Italie). Ce territoire, qui appartenait, historiquement, au Tyrol autrichien, a été annexé à l'Italie en 1918, raison pour laquelle il est constitué de deux tiers de germanophones qui ont toutefois réussi à maintenir leurs spécificités (notamment linguistique et culturelle) grâce à une large autonomie administrative et juridique, obtenue en 1972 après bien des vicissitudes faites de vexations et de luttes revendicatives. Cette autonomie a instauré un système social basé sur la séparation, institutionnellement orchestrée et idéologiquement alimentée par le monde politique et médiatique, des deux groupes linguistiques. Cela a engendré, chez les habitants italophones, un fort « malaise » identitaire. En partant du présupposé que le « modèle sud-tyrolien » - dont la genèse et la mise en pratique font l'objet d'explicitations - n´est pas remis en question dans la mesure ou il est désormais devenu une « seconde nature ». La question qui est au centre de cette recherche consiste à se demander pourquoi cette réalité binaire, fondée sur une distinction « ethnique », se maintient dans le temps malgré une ambition déclarée d'interculturalité et de bilinguisme. Cette étude, axée sur l'immersion dans la quotidienneté de la population, nous porte à interroger la quotidienneté et la subjectivité des individus : il s´agit d´accéder à leurs visions du monde grâce à l'analyse de leur imaginaire social, de leurs mémoires collectives, de leur définition de l´autre et des identités sud-tyroliennes. Ainsi, si la langue et les institutions freinent le contact entre les deux groupes, la dynamique de reproduction de la séparation est intériorisée et par conséquent pratiquée par les individus. De fait, la Heimat - concept propre au monde germanophone qui a fini par s'imposer largement au sein de ce travail - participe en tant que « monde-de-la-vie » à cette séparation vécue dont la remise en question saperait les fondements mêmes de ce vivre ensemble spécifique qui va désormais de soi. Malgré la « dimension utopique » qu'elle renferme (Bloch), il semble difficile, au vu du fatalisme de la population qui s'en remet aux générations à venir, de se soustraire à cette « Heimat Südtirol » qui ne laisse que peu de place à l'idée d'un avenir autre capable de dépasser la séparation.

    Nicolas Baya-Laffite, Gouverner par la promesse du développement durable , thèse soutenue en 2015 à Paris EHESS sous la direction de Dominique Pestre  

    Qu'implique-t-il de gouverner l'installation d'industries polluantes dans les pays en développement à l'aune du concept de développement durable ? Pour répondre à cette question, la thèse retrace, dans une approche STS, une histoire du gouvernement de la mondialisation de l'industrie papetière depuis les années 1980. L'enquête s'axe sur les instruments visant à réaliser la promesse du développement durable, notamment l'évaluation d'impact environnemental et les meilleures techniques disponibles. Misant sur le récit comme méthodologie adaptée à l'analyse de l'action collective, la thèse suit les trajectoires des controverses autour des technologies de fabrication de la pâte à papier et leurs impacts sur l'environnement des usines depuis leurs origines en Europe et aux États-Unis jusqu'aux rives du fleuve Uruguay. L'affaire des usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay dans les années 2000 offre l'occasion d'étudier la confluence conflictuelle de trajectoires plus vastes : celle de mondialisation de l'industrie papetière, celle du développement forestier de l'Uruguay, celle des conflits entre l'Uruguay et l'Argentine autour du bon gouvernement du fleuve Uruguay et celle de l'approche de la Cour internationale de justice à la résolution du différend environnemental. Ainsi, partant de cette récente affaire d'une richesse rare, la thèse offre une analyse originale, axée sur les contraintes structurelles, des luttes qui se déploient dans un vaste nombre d'arènes locales, nationales, internationales et transnationales, autour des projets controversés et à l'aune de ce signifiant politique vide qu'est le développent durable et que l'on cherche à donner substance.

    Célia Gissinger-Bosse, Vers une conversion démocratique : analyse du dispositif de parole de la cour d'assises, thèse soutenue en 2012 à Strasbourg sous la direction de Philippe Breton, membres du jury : Emmanuelle Danblon (Rapp.), Benoît Frydman (Rapp.), Estelle Ferrarese (Rapp.), Christophe Deleu    

    Notre thèse se propose d’analyser l’expérience des jurés populaires en cour d’assises. À partir d’entretiens réalisés avec d’anciens jurés ainsi que des Présidents d’assises et d’observations de procès d’assises, nous souhaitons montrer que l’expérience du jugement déstabilise les certitudes des jurés. Le changement qui se produit chez ces jurés est analysé à partir de la notion de conversion démocratique. Cette analogie doit nous permettre d’expliquer le processus qui se met en place chez les jurés tout au long de leur expérience. Notre thèse analyse donc un dispositif de parole à portée démocratique. Sont ainsi étudiés le rituel de la procédure, la construction de l’intime conviction et le rôle du président dans la formation du jugement. Ces éléments, mis en parallèle avec l’expérience des jurés, permettent d’identifier les différentes étapes de leur conversion. La construction de leur intime conviction, analysée comme une véritable faculté de juger, est au cœur du processus de conversion démocratique. L’expérience du jugement s’avère donc être aussi importante pour les jurés que nous avons rencontré, que pour la démocratie elle-même.

    Hélène Balazard, Quand la société civile s’organise : L'expérience démocratique de London Citizens, thèse soutenue en 2012 à Lyon 2 sous la direction de Didier Chabanet, membres du jury : Marie-Hélène Bacqué (Rapp.), Loïc Blondiaux, Florence Faucher-King et Tom Wakeford  

    Trois jours avant les élections nationales de 2010 au Royaume-Uni, l’association London Citizens réunit les trois principaux prétendants à la fonction de Premier Ministre. Parmi les 2 200 personnes présentes dans la salle, certaines défilent sur scène et confrontent les candidats à des revendications (portant sur le salaire minimum, les droits des immigrés, les logements abordables et l’accès au crédit), tout en les enjoignant à reconnaître et à promouvoir le rôle de la « société civile » dans la gouvernance londonienne. À la pointe de ce combat, London Citizens représente un très large éventail d’organisations - congrégations religieuses, établissements scolaires, syndicats et autres associations - qui cherchent collectivement à faire entendre leur voix en interpellant les responsables politiques, mais également les acteurs économiques, bousculant ainsi les règles du jeu politique traditionnel. Construite sur le modèle du Broad-Based Community Organizing initié par Saul Alinsky dans les années 1940 à Chicago, London Citizens cherche à mobiliser un très grand nombre de communautés et d’habitants de Londres. Encadrés par des « organisateurs », les différents membres se rencontrent régulièrement et mènent ensemble des actions collectives sur des territoires et des sujets variés. « Démocratique » sous bien des aspects, l’action de London Citizens est aussi ambigüe au regard de sa conception de l’émancipation citoyenne et des changements sociaux visés. C’est une approche pragmatique de la citoyenneté et de la démocratie qui est alors mise en avant.

    Sébastien Roman, Conflit civil et imaginaire social : une approche néo-machiavélienne de la démocratie par l'espace public dissensuel, thèse soutenue en 2011 à Lyon École normale supérieure sous la direction de Michel Senellart, membres du jury : Stéphane Haber (Rapp.), Gérald Sfez (Rapp.), Myriam Revault d'Allonnes  

    Le point de départ des travaux entrepris est la définition lefortienne de la démocratie par opposition au totalitarisme. Le totalitarisme est l’institution d’une société organique, une et homogène, dans laquelle aucune division sociale, aucun désaccord avec l’idéologie véhiculée par le parti ne sont possibles. La spécificité de la démocratie, a contrario, est de s’enrichir de la désintrication du pouvoir, du droit, et du savoir. Les citoyens, dotés de droits fondamentaux, sont juges de la légitimité du pouvoir établi. Leurs désaccords ainsi que l’antagonisme entre les classes sociales nourrissent l’exercice d’un commun litigieux. De là, une question fondamentale : une telle définition de la démocratie est-elle historiquement datée, ou continue-t-elle d’être pertinente aujourd’hui ? Doit-on encore concevoir la démocratie, pour la rendre authentique, par le conflit civil érigé en principe politique, ou faut-il l’envisager de manière consensualiste au lendemain de son opposition avec le totalitarisme ? Claude Lefort s’inspirait de Machiavel pour dépasser les limites du marxisme et repenser la démocratie par la valorisation du conflit civil, indissociable de la figure de l’imaginaire social. La thèse ici soutenue adopte différemment une perspective néo-machiavélienne. Elle revient à proposer un espace public dissensuel à partir du modèle machiavélien de l’entente dans le conflit, par confrontation avec l’espace public habermassien et d’autres conceptions du tort et du conflit dans les démocraties contemporaines. Comment concevoir aujourd’hui les figures du conflit civil et de l’imaginaire social, en s’inspirant paradoxalement de Machiavel pour interroger la démocratie ?

  • Özge Zeyno Derman, Creative Performativity in Post-2010 Social Movements : A Transnational Comparative Analysis of Occupy Wall Street and Gezi Movement, thèse soutenue en 2023 à Paris EHESS sous la direction de Esteban Buch, membres du jury : Robin Erica Wagner-Pacifici (Rapp.), Nilüfer Göle, Vincent Duclert et Fatma Müge Göçek  

    Cette thèse examine la performativité créative dans Occupy Wall Street à New York (2011) et le Mouvement de Gezi à Istanbul (2013). Elle analyse les façons dont les actions performatives et créatives et les pratiques artistiques ont opéré dans la mise en œuvre du politique au sein de ces mouvements. En considérant la performativité créative au cœur de la transformation sociale et politique, elle explore les trois dimensions dans lesquelles elles sont apparues dans le contexte de l'OWS et du Mouvement de Gezi : spatiale, temporelle et corporelle. La dimension spatiale s'appuie sur l'occupation à long terme de l'espace physique et s'étend à la mise en œuvre des espaces vécus, cartographiques, sonores, imaginatifs, non-marchandisés et liminaux. Elle s'intéresse donc à la manière dont les artistes/activistes/participants et leurs actions créatives ont mis en scène l'espace relationnel et dont l'environnement social a été produit par des compositions spatiales. L'idée de cartographie semble incorporer la rationalisation visuelle et imaginative des espaces vécus. La dimension temporelle fait référence aux formes dans lesquelles les éléments temporels et leurs combinaisons sont apparus dans l'espace et le temps de l'action. Sur la base de diverses contradictions temporelles au sein de ces mouvements, la recherche explore dans quelle mesure la performativité créative a fonctionné au sein d'OWS et du Mouvement de Gezi. D'une part, il s'agit des rythmes multiples, des arythmes et des polyrythmes de l'espace urbain, des actions et des corps ; d'autre part, il s'agit de l'idée d'une temporalité événementielle pour comprendre l'impact transformateur. La dimension corporelle aborde d'abord les actes corporels dans l'environnement matériel et les manières dont les corps individuels et assemblés agissent dans l'espace public pour comprendre les multiples dimensions des actions corporelles dans ces mouvements qui ont généré des transformations à travers le temps et l'espace. Elle étudie la constitution et l'apparition du "nous" et de la subjectivité collective des corps agissants ainsi que ses formes improvisées et chorégraphiées qui réapproprient l'espace-temps de la politique. Enfin, elle illustre les gestes d'(in)vulnérabilité des corps désobéissants à travers le pouvoir de la pluralité humaine. La méthodologie adoptée dans cette recherche relève d'un processus qualitatif s'appuyant sur une étude de cas comparative. Elle implique des méthodes ethnographiques telles que la participation observatrice et les entretiens semi-structurés, ainsi que des recherches archivistiques comprenant des documents, des manuscrits, des objets, des sons, toutes sortes de documents audiovisuels, et des sources publiées telles que les archives de journaux. En plus des archives traditionnelles, cette recherche fait appel notamment à l'ethnographie numérique et occasionnellement à l'ethnographie par hashtag.

    Jérôme Ravenet, Le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère - De quelle philosophie le rêve chinois du grand renouveau de la nation chinoise est-il le nom ?, thèse soutenue en 2022 à Paris 10 sous la direction de Emmanuel Renault, membres du jury : Claude Gautier (Rapp.), Franck Fischbach, Stéphane Feuillas et Barbara Stiegler  

    La République Populaire de Chine est fondée par Mao Zedong en 1949. Elle s’efforce de réaliser à l’horizon 2049, le rêve chinois d’un grand renouveau de la nation chinoise dont nous tentons l’interprétation. La doctrine constitutionnelle de Xi Jinping fait rayonner, dans son nouveau récit historique, un marxisme sinisé combinant les influences du libre-échangisme avec un retour des penseurs de la Chine impériale et pré-impériale. Nous mobiliserons essentiellement les ressources de la philosophie classique européenne et de la pensée traditionnelle chinoise, pour essayer de comprendre le concept d’une puissance attachée à la souveraineté du peuple sous la direction du Parti, et les raisons de son efficacité dans la durée, ce qui suppose de définir le modèle démocratique spécifique du socialisme à la chinoise de la nouvelle ère qui lui sert de structure. Nous ne devrons cesser de nous dépayser pour tenter de comprendre son fonctionnement, à travers son état de droit spécifique, sa philosophie de l’économie et de l’écologie. Nous essaierons enfin de cerner le sens des défis, malentendus ou accusations récurrentes de despotisme, dictature ou totalitarisme, auxquelles la doctrine Xi se propose de répondre en vue d’atteindre les objectifs de centenaire qu’elle s’est fixée, gagner la confiance de ses partenaires et réaliser dans un monde multipolaire, le projet universaliste à la chinoise d’une Communauté de destin pour l’humanité. Défrichant un domaine d’étude encore en construction, nous avons simplement posé les bases d’une propédeutique à destination des publics non-chinois.

    Arthur Guichoux, La démocratie à l'épreuve des places : sociologie des rassemblements 15M, Gezi, Nuit debout, thèse soutenue en 2021 à Université Paris Cité sous la direction de Federico Tarragoni, membres du jury : Michel Kokoreff (Rapp.), Réjane Sénac, Antoine Chollet et Christine Guionnet  

    Pour qui refuse de réduire la démocratie au gouvernement représentatif, les mouvements d'occupation de places constituent un gisement précieux d'expériences. Cette thèse interroge la signification des rassemblements 15M (Barcelone), Gezi (Istanbul), Nuit debout (Paris) afin de mettre en relief leurs dimensions démocratiques. A l'articulation de la théorie de la démocratie et de la sociologie des mouvements sociaux, elle se structure en cinq chapitres. Le premier délimite les enjeux d'une comparaison entre trois terrains évanescents tandis que le second pose le cadre théorique à partir du concept de démocratie sauvage grâce à sa capacité d'analyse du désordre. Il s'agit ensuite de déterminer ce qui transforme ces rassemblements publics en événements médiatiques et collectifs en interrogeant la manière dont les protagonistes se réapproprient l'espace public. Le quatrième chapitre esquisse une généalogie comparée des « mouvements de places » en Espagne, en Turquie et en France et propose de les analyser comme une phase de cristallisation temporaire de l'espace des mouvements sociaux. Il reste alors à interroger la signification politique des « Places » comme espaces de participation et de représentation. Ce qui s'y joue relève donc moins d'une volonté d'autogouvernement qu'un refus collectif des gouvernés constitutif de l'expérience démocratique. Cette thèse vise donc à question l'opposition entre spontanéité et organisation, représentation et participation, ordre et désordre en tant que ce dernier ne constitue pas l'autre mais une des manifestations du politique.

    Lionel Cordier, Crise démocratique et mutations contemporaines de la représentation politique : l'exemple islandais (2008-2017), thèse soutenue en 2020 à Lyon sous la direction de Nathalie Dompnier et Irma Erlingsdotir, membres du jury : Nathalie Blanc-Noël (Rapp.), Yohann Aucante  

    Cette thèse entend préciser le concept de crise démocratique à travers l'exemple de la crise politique qu'a traversé l'Islande après 2008. Elle interroge dans un premier temps l'idée d'une exceptionnalité islandaise ainsi que les représentations du pays à l'international à travers le concept de boréalisme. Elle revient ensuite sur les conséquences et les responsabilités politiques de la crise financière et économique de 2008 ainsi que sur le processus participatif de réécriture de la constitution organisé après-coup en expliquant les raisons de son échec. Elle dégage les éléments permettant une comparaison internationale tels que les liens entre les manifestations insulaires de 2008-2009 et les mobilisations globales de 2010-2011, l'apparition du parti pirate dans le contexte des mutations partisanes du monde occidental, ainsi que l'évolution du rapport du public islandais à la représentation politique.

    Raphaëlle Bats, De la participation à la mobilisation collective : la bibliothèque à la recherche de sa vocation démocratique, thèse soutenue en 2019 à Université Paris Cité sous la direction de Denis Merklen et Étienne Tassin, membres du jury : Marie D. Martel (Rapp.), Catherine Neveu, Julia Bonaccorsi et Guillaume Le Blanc  

    Résumé[Insérez votre résumé en français ici. 1700 caractères recommandés, 4000 maximum, espaces compris]Le développement des pratiques participatives dans les institutions publiques reflète aussi bien une tendance des citoyens des démocraties du 21ème siècle à ne pas vouloir se satisfaire de la représentation qu'une tendance des représentants à vouloir regagner en légitimité par des politiques de proximité. L'institutionnalisation de la participation tend alors à la réduire soit à de simples développements d'outils et de procédures, soit à des espaces ou des projets pré et très délimités. Entre inutilité et instrumentalisation, la participation interroge la possibilité pour une institution d'être un lieu dans lequel ou par lequel les citoyens peuvent gagner un pouvoir d'agir, non pas seulement en démocratie mais sur la démocratie. Cette thèse étudie cette question à travers le cas des bibliothèques municipales. L'étude des intentions des bibliothécaires dans le développement de ces pratiques et la contextualisation de ces intentions par rapport à des crises que traversent la société comme les bibliothèques permet de comprendre l'accroissement de ces pratiques.L'étude des limites de ces pratiques participatives vis-à-vis de ces intentions par rapport à des enjeux en termes d'action politique des citoyens permet de questionner les effets de la participation et le rôle politique de la bibliothèque. Et enfin, l'étude des transformations du métier de bibliothécaire, abouties ou en cours, ouvre des perspectives sur le rapport de l'émancipation à l'expérience, à la prescription et au témoignage, pour penser les acteurs des politiques culturelles aussi bien dans l'espace que dans le temps. A travers cette étude se dessine une bibliothèque capable de faire un lien entre institution et événement, au sens de Merleau-Ponty, et renouveler dans chaque expérience de la participation des moments et des espaces d'égalité et de liberté, pour une mobilisation collective des citoyens dans la transformation de la démocratie.

    Eric Rouby, « Une voix et un écho » : Analyse des interactions entre le Tea Party et le système politique américain (2009-2013), thèse soutenue en 2018 à Bordeaux sous la direction de Patrick Troude-Chastenet, membres du jury : Frédérick Gagnon (Rapp.), François Vergniolle de Chantal et Dario Battistella  

    Début 2009, alors que les Etats-Unis étaient au coeur de la crise économique la plusimportante depuis plus de soixante-quinze ans, Barack Obama prenait place à la Maison-Blanche etmettait en place ses premières mesures sous le mot d’ordre « Hope and Change ». L’opposition à sonaction s’est alors rapidement cristallisée autour du mouvement Tea Party. Le premier objectif de cetravail de thèse consiste à expliquer le succès remporté par ce mouvement, en soulignant le rôle dequatre facteurs issue de la « structure des opportunités politiques » : l’ouverture du système partisanaux challengers, la stabilité des alignements politiques, l’existence de forces relais et, enfin, lastructure du conflit. Ces éléments constitutifs nous donnent aussi les clés nécessaires pour comprendrecomment et sous quelle forme s’est construite l’idéologie du mouvement. Dans un second temps, ilsera question d’analyser les effets du mouvement Tea Party sur son environnement politique. Nouschercherons à comprendre dans quelle mesure et selon quels mécanismes ce mouvement est parvenu àinfluencer le système politique américain dans un contexte marqué, depuis les années soixante-dix, parune polarisation de la politique américaine. Pour cela, nous aurons recours à l’étude comparée desdiscours produits par le Tea Party, le Parti républicain et le Parti démocrate.

    Yohan Dubigeon, La démocratie des conseils : aux origines modernes de l'autogouvernement, thèse soutenue en 2014 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Jean-Marie Donegani, membres du jury : Martin Breaugh (Rapp.), Philippe Corcuff  

    Au travers de l’apparition de communes, de comités, de conseils ou d’assemblées révolutionnaires, le tournant du XIXe et du XXe siècle charrie des expériences démocratiques qui, au-delà de leur importance pour le mouvement ouvrier, élaborent des composantes de la théorie démocratique moderne aussi riches que sous-évaluées. En se positionnant en extériorité vis-à-vis de l’Etat, ces expériences politiques participent d’une définition moderne de la démocratie radicale, envisagée comme autogouvernement ou démocratie par en bas. D’un point de vue strictement politique, la démocratie des conseils invente un certain nombre de principes qui, par l’accroissement de la dimension horizontale et la limitation de la dimension verticale de la démocratie, font sens vers la déprofessionnalisation de l’activité politique et la mise en cause de la relation dirigeant / exécutant. La compréhension stratégique de ces mouvements permet également de saisir des dynamiques communes. En articulant les tâches de destruction des structures politiques existantes, et de construction de rapports sociaux nouveaux, la démocratie des conseils réarticule la temporalité de transformation sociale, dans un équilibre instable entre brèche insurrectionnelle et institutionnalisation à long terme. Bien qu’occultés du paradigme socialiste, les courants conseillistes accompagnant ces mouvements élaborent des pratiques et théories de la transformation démocratique originales. Entre critique du substitutisme léniniste et méfiance envers le spontanéisme politique, ces théories restent d’une grande actualité pour qui s’intéresse aujourd’hui aux stratégies de transformation sociale et démocratique.

  • Salima Nait Ahmed, Le féminin dans les écrits de Theodor W. Adorno : une critique de l'aliénation à l'épreuve du genre, thèse soutenue en 2021 à Amiens sous la direction de Estelle Ferrarese, membres du jury : Stéphane Haber (Rapp.), Géraldine Muhlmann (Rapp.), Sonia Dayan-Herzbrun  

    Avec comme point de départ l'hypothèse de la pertinence toujours vivace de l'œuvre de Theodor W. Adorno, la thèse propose une critique et une actualisation féministes de la réflexion du philosophe sur l'aliénation des femmes. Dans un premier moment, on exhume les questions de genre à l'Institut für Sozialforschung (IfS) pour éclairer le paradoxe suivant : alors que ces questions donnaient lieu à des recherches florissantes au début de l'histoire de l'Institut, elles connaissent une éclipse surprenante, précisément à partir de l'intégration officielle d'Adorno à l'IfS en 1938, alors même que sa réflexion sur l'aliénation liée au genre semble être la plus radicalement critique.On interroge l'évolution du traitement des questions de genre depuis l'héritage du dernier Marx jusqu'à Adorno, en passant par la période importante du passage d'Erich Fromm à l'Institut. Une seconde partie du travail est consacrée à l'interprétation critique des figures de la féminité dans l'œuvre d'Adorno. Le fil conducteur de la dialectique adornienne entre histoire et nature [Naturgeschichte] permet de surmonter leur apparence de figures totalement aliénées, y compris contre l'intention initiale d'Adorno, pour les considérer dans leur historicité, en dépassant de façon matérialiste l'alternative binaire entre essentialisme et constructivisme, sans conclure à une féminité qui serait "déjà là". Enfin, on montre que le potentiel féministe de la pensée adornienne se trouve dans le corpus le moins explicitement féministe. La Dialectique négative (1966) peut ainsi offrir les ressources conceptuelles d'une pensée à la fois anticapitaliste et féministe de l'aliénation, capable d'opérer une synthèse entre les nouvelles théories de l'aliénation et la critique proprement féministe de l'aliénation et de la réification

    Ada Reichhart, L'émancipation par la coopération au travail : une analyse critique des Sociétés coopératives et participatives (Scop), thèse soutenue en 2019 à Amiens sous la direction de Estelle Ferrarese, membres du jury : Sylvaine Bulle (Rapp.), Alexander Neumann (Rapp.), Sandra Laugier et Sophie Béroud  

    Ce travail sociologique propose de confronter le concept d'émancipation avec l'étude empirique qualitative du processus d'association volontaire de travailleurs, en vue de fonder une organisation démocratique du travail, sous la forme de Société Coopérative et Participative (Scop). S'inscrivant dans la Théorie Critique, il explore dans quelle mesure et sous quelle(s) forme(s) l'expérience coopérative au travail, fondée sur un double principe de redistribution à la fois politique ("un homme, une voix") et économique (partage égalitaire des résultats générés), pose les conditions d'une émancipation des travailleurs. Partant d'une définition de l'émancipation comme un processus d'appropriation du monde ouvrant le champ à la construction d'un nouveau rapport au monde, il propose d'appréhender la Scop comme une "forme de vie" au travail permettant aux travailleurs, à travers ses principes structurant relevant de la démocratie que sont la participation et la coopération, de déployer un ensemble de pratiques d'appropriation du monde. Souhaitant nous détacher d'une conception instrumentale de la Scop, cette approche conduit à renouveler le paradigme de la participation tel qu'habituellement associé à la Scop, en s'appuyant sur les représentations, discours et expériences vécues des salariés. Il interroge également les limites internes que présentent les mécanismes coopératifs au travail -leurs manquements au principe de participation démocratique des travailleurs- ainsi que les obstacles extérieurs que constitue notamment le temps, dont l'accélération bouleverse les impératifs liés aux pratiques participatives

    Colin Robineau, La politisation en terrain militant « radical » : ethnographie d'un squat d'activités de l'Est Parisien, thèse soutenue en 2017 à Paris 2 sous la direction de Valérie Devillard, membres du jury : Fabien Granjon, Tristan Mattelart, Gérard Mauger et Geneviève Pruvost  

    Basée sur une observation participante de deux ans au sein de La Kuizine, un squat d’activités de l’est parisien ouvert par des militants marxistes et/ou anarchistes, la thèse se présente comme une contribution à l’étude du renouveau des entreprises critiques et des pratiques contestataires et apporte une pierre empirique de plus à la connaissance des espaces publics d’aujourd’hui. Accordant une large place au matériau ethnographique, la recherche s’inscrit dans une perspective empruntant à la fois à la tradition interactionniste de la troisième Ecole de Chicago et à la sociologie bourdieusienne afin d’éclairer les mécanismes de domination (re)produits au sein de La Kuizine et les « possibles latéraux » qui y sont expérimentés. En effet, le collectif militant à l’origine de l’initiative avait pour objectif d’en faire un lieu de « solidarité de classe » en y organisant divers ateliers (en particulier des repas à prix libre) à destination des travailleurs et habitants du quartier et en privilégiant l’autogestion comme modus operandi de la décision collective. L’analyse de cet espace – indissociablement physique, social et communicationnel – se situe donc au carrefour de plusieurs disciplines : la science politique, la sociologie, l’anthropologie et les sciences de l’information et de la communication. Ce faisant, la thèse interroge de manière transversale des objets variés : la fabrique sociale de l’engagement radical, le rapport aux champs politique et médiatique d’un micro-espace contestataire, les processus de socialisation politique ainsi que les conditions de possibilité de la critique ordinaire de l’ordre social.

    Federico Tarragoni, « Il faut faire le peuple ! » : sociologie d'un populisme « par le bas » dans les conseils de barrio en Amérique latine contemporaine (Venezuela et Bolivie), thèse soutenue en 2012 à Paris 10 sous la direction de Patrick Cingolani, membres du jury : Loïc Blondiaux (Rapp.), Étienne Tassin (Rapp.), Christian Laval et Frédérique Langue    

    Le Venezuela d’H. Chávez et la Bolivie d’E. Morales sont les nouvelles terres d’élection du populisme et de la démocratie participative. Si ces deux formes politiques ont tendance à s’y hybrider et à témoigner d’un certain nombre d’affinités électives, les analystes ne se penchent jamais sur les expériences sociales spécifiques auxquelles elles donnent lieu. À travers une ethnographie des pratiques participatives dans des comités de décentralisation des politiques publiques situés dans les barrios - Conseils communaux vénézuéliens et Juntas vecinales boliviennes - cette thèse se propose de problématiser la relation entre pouvoir populiste et politique populaire. Son but est celui d’étudier le champ de pertinence d’un concept largement discrédité dans les sciences sociales, le populisme, à l’aune des politiques du peuple qu’il produit chez les exclus. À la confluence de sociologie des rapports ordinaires au politique et d’histoire « from below », notre thèse propose ainsi une nouvelle conceptualisation du populisme à l’aune des régimes d’identité, d’action et de rupture qu’il ouvre chez les dominés, et qui tournent autour du peuple comme opérateur.

    Florence Brisset-Foucault, Prendre la parole en Ouganda , thèse soutenue en 2011 à Paris 1 sous la direction de Jacques Gerstlé  

    Une approche combinant ethnographie, sociologie et histoire des phénomènes de discussion et de prise de parole permet de mieux comprendre les formes de la citoyenneté, les registres de la critique et, au final, l'exercice du pouvoir. En prenant l'exemple de discussions en assemblée diffusées en direct à la radio en Ouganda, les ebimeeza, cette thèse se veut une opportunité de reposer la question de «l'espace public» en la confrontant à une démarche de sociologie historique du politique et en posant la question des modalités de son transfert dans un cadre extra-européen. Prendre l'Ouganda comme cadre de cette étude s'avère particulièrement heuristique du fait de la nature spécifique du régime du Mouvement de résistance nationale (NRM) en place depuis 1986. A travers une série de « compromis hégémoniques » avec différentes forces politiques, les élites du régime ont mis en place un système politique original, la « démocratie du Mouvement » caractérisé par la diminution drastique de l'activité des partis politiques, la mise en place de dispositifs participatifs au sein desquels la prise de parole populaire se voyait attribuer un rôle souverain au niveau local et la réduction des institutions précoloniales, notamment le puissant royaume du Buganda, à un rôle «culturel». En partant de l'exemple des ebimeeza, cette thèse propose de décrypter la manière dont les élites du NRM ont tenté de façonner la parole médiatique et imaginé un «espace public bifide», caractérisé par une séparation entre la parole des élites éduquées et urbanisées et celle des classes populaires rurales. Si, dans un mélange de coercition et de compromis notamment avec les journalistes, l'ambition hégémonique du régime a relativement bien réussi, les ebimeeza sont aussi le creuset de modèles spécifiques «d'espaces publics», notamment d'un «espace public royaliste», lui-même un observatoire des débats internes au royaume du Buganda et de sa tentative de redéfinir sa place et sa nature sous hégémonie.

    Judith Ferrando y Puig, Le citoyen, le politique et l'expert à l'épreuve des dispositifs participatifs , thèse soutenue en 2007 à Paris 5 sous la direction de Dominique Desjeux