Benjamin Boudou

Professeur
Science politique.
Faculté de Droit et de Science politique

Institut du Droit Public et de la Science Politique
  • THESE

    Théorie politique de l'hospitalité : les relations de pouvoir aux frontières des communautés politiques, soutenue en 2013 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Astrid von Busekist et Astrid von Busekist, membres du jury : Seyla Benhabib (Rapp.), Frédérique Matonti (Rapp.), Marie-Laure Basilien-Gainche, Seyla Benhabib, Frédérique Matonti et Frédéric Gros  

  • , Un monde commun: les savoirs des sciences humaines et sociales, CNRS éditions et OpenEdition, 2023, Hors collection  

    Philosophie, sociologie, anthropologie, études littéraires, linguistique, histoire, géographie, psychologie, musicologie, esthétique, histoire de l’art, économie, sciences politiques, droit, archéologie… : les disciplines couvertes par les sciences humaines et sociales sont vastes et variées. À toutes incombent d’analyser, comprendre, décrire le monde et la façon dont les hommes, les femmes et plus largement le vivant l’ont habité, l’habitent et l’habiteront. Toutes partagent une réflexion sur un sujet rendu majeur par la crise environnementale, les bouleversements numériques, les inégalités sociales et les conflits : comment faire « monde commun », pour reprendre la formule de Hannah Arendt ? L’ouvrage propose une centaine de contributions portant sur des questions contemporaines, qui font écho aux objectifs de développement durable identifiés par l’Organisation des Nations unies (la réduction de la pauvreté, des inégalités éducatives, la protection de la planète, etc.) et explorent la manière dont la recherche actuelle en sciences humaines et sociales y répond. Méthodes, hypothèses et théorisations, mesures et approches ethnographiques, analyses et exégèses constituent autant d’outils permettant aux lecteurs de penser, d’habiter, de réparer ou de transformer nos univers communs. Un ouvrage richement illustré qui incarne une communauté de recherche dans toute sa diversité.

    Benjamin Boudou (dir.), Actualités de Claude Lefort, SciencesPo. Les presses, 2023, 126 p.  

    Claude Lefort (1924-2010) a produit une oeuvre inclassable qui témoigne de son expérience singulière face aux bouleversements politiques et théoriques de la seconde moitié du 20e siècle. Au croisement de la philosophie et des sciences sociales, il invite ses lecteurs à réinventer, à recontextualiser et même à déplacer plusieurs des problématiques essentielles de la théorie politique moderne. Ce dossier explore ainsi les actualités des réflexions de Claude Lefort, depuis sa conceptualisation originale du totalitarisme et son interprétation d'un classique de l'humanisme comme La Boétie, jusqu'aux questionnements contemporains sur les revendications de droits, l'invention démocratique à l'épreuve de l'anthropocène, ou la constitution matérielle de la démocratie. Un texte inédit donne par ailleurs à entendre une des dernières interventions de Claude Lefort, ultime invitation à penser la fragilité et la fécondité des démocraties.

    Benjamin Boudou (dir.), Lawfare: le droit en procès, SciencesPo, les presses, 2022, 151 p.  

    Le droit, perçu dans l'ordre international comme un outil au service de la paix par la Charte des Nations unies, est-il devenu une arme parmi d’autres? Son utilisation à des fins stratégiques, désignée par l’anglicisme lawfare, contraction de law et warfare, est encore peu abordée scientifiquement et ne fait pas consensus. Le mot désigne une instrumentalisation du droit dans un rapport conflictuel. L’étude de son utilisation démontre que ses promoteurs poursuivent des buts variés, tantôt qualifier une utilisation stratégique des ormes, tantôt légitimer des pratiques militaires à la licéité discutée. Notion ancienne, le lawfare se transforme aujourd’hui et change d’échelle. Son emploi suit l’évolution des structures juridiques internationales et des critères de légitimité des conflits. Le droit devient ainsi un élément de l’équation politique au même titre que d’autres intérêts. Ce numéro thématique de Raisons politiques se propose d’éclairer les enjeux de définitions du lawfare et d’identifier ses ambiguïtés sémantiques. Conjuguant les regards du droit et de la théorie politique, les contributions interrogent les potentialités d’une politique étatique assumée de lawfare, en s’appuyant sur des cas d’études nationaux donnés par Israël, les États-Unis et la République populaire de Chine.

    Benjamin Boudou (dir.), Injustices structurelles globales, SciencesPo, les presses, 2022, 133 p.  

    Les théories de l'injustice structurelle ont suscité un intérêt grandissant chez les philosophes et les théoriciens politiques. Fortement inspirées par les travaux de la politiste Iris Marion Young, ces théories cherchent à rendre compte des injustices produites par des processus sociaux plutôt que par des actions individuelles. Elles nous invitent à concevoir une responsabilité prospective de faire cesser l'injustice, plutôt qu'une responsabilité rétrospective fondée sur l'identification des torts commis par des agents. Pour réfléchir à ce nouveau régime de responsabilité, les articles de ce numéro approfondissent la réflexion entamée par Iris Marion Young en l'appliquant notamment aux enjeux migratoires, à la crise environnementale et à la lutte contre l'exclusion et les inégalités socio-économiques mondiales. Ils examinent quelques problèmes conceptuels, thématisent le rôle de l'action individuelle dans la production d'injustices structurelles, les mécanismes d'évitement des responsabilités et l'implication des victimes dans la lutte contre ces injustices.

    Benjamin Boudou, Yves Couture, Marc Chevrier, Stéphane Vibert, Pauline Colonna d'Istria [et alii], Démocratie et modernité: la pensée politique française contemporaine, Presses universitaires de Rennes et OpenEdition, 2019, Res publica (Online) 

    Benjamin Boudou, Le dilemme des frontières: éthique et politique de l'immigration, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales et OpenEdition, 2019 

    Benjamin Boudou, Le dilemme des frontières, 2018 

    Benjamin Boudou, Le dilemme des frontières: éthique et politique de l'immigration, Éditions EHESS, 2018, Cas de figure, 263 p. 

    Benjamin Boudou, Politique de l'hospitalité. Une généalogie conceptuelle: une généalogie conceptuelle, CNRS éditions, 2017, 247 p.  

    L’hospitalité est une pratique en apparence simple et universellement partagée. Il serait donc tentant d’en fournir une définition générique : l’hospitalité est l’institution qui règle l’interaction entre un accueillant (chez lui) et un accueilli (nouveau venu), consistant en un processus de familiarisation réciproque (faire connaissance, entretenir une relation, etc.). Elle a comme fonctions la dispensation de bienfaits, l’amorçage de la socialité, l’identification de l’étranger, ou l’intégration temporaire de l’invité. L’hospitalité ne saurait néanmoins être réduite à une vertu privée. Elle est au contraire une pratique politique : elle institue des règles, des frontières, et des dispositifs d’intégration ou d’exclusion. Cet ouvrage expose les différentes formes qu’elle a pu revêtir, des sociétés traditionnelles à nos jours en explicitant les relations de pouvoir qui se jouent dans le langage vertueux de l’hospitalité. Une telle généalogie permet de retrouver les moments et les lieux clés qui ont façonné ce concept en le transformant, le déplaçant et le recomposant selon sa fonction politique. Cet ouvrage, tout en répondant à une actualité brûlante et souvent tragique ouvre à une réflexion distanciée mais active afin de démocratiser les frontières

    Benjamin Boudou, Catherine Larrère, Victor Petit, Varia, SciencesPo Les Presses, 2016, 147 p. 

    Benjamin Boudou, Astrid von Busekist, Théorie politique de l'hospitalité: les relations de pouvoir aux frontières des communautés politiques,, 2013, 399 p.  

    Dans cette thèse, l’auteur cherche à répondre à la question suivante : pourquoi, dans quelles conditions, et avec quelles conséquences, l’hospitalité devient-elle un concept politique ? Cette thèse met au jour les façons dont différentes traditions politiques ont fait appel à ce concept pour déterminer comment la communauté politique doit se lier aux étrangers. L’hospitalité sert ainsi un double objectif : elle permet de préciser le statut des étrangers, et elle justifie l’équilibre pratiqué entre l’inclusion et l’exclusion aux frontières. L’hospitalité apparaît donc à la fois comme une solution historique particulière au problème de la légitimation des frontières des communautés politiques, et comme un outil de problématisation des relations qui s’instaurent entre les communautés et les étrangers. Émergent ainsi différents foyers de problématisation du concept. Dans une démarche d’abord généalogique, on peut ainsi distinguer la relation rituelle qui permet de canaliser l’étrangeté du nouveau venu, la relation réciproque qui rend possible un contrat avec les citoyens, la relation sociale qui fait de l’hospitalité un devoir de protéger les faibles, la relation juridique qui reconnaît des sujets de droit et la relation d’obligation formulée par l’hospitalité des philosophes du droit naturel. Dans un second temps, l’auteur procède à une reconstruction du concept pour notre modernité, en analysant la relation éthique formulée par une hospitalité inconditionnelle, une relation politique sans hospitalité avancée par la théorie politique post-rawlsienne, et la relation démocratique qui fait de la non-domination le but poursuivi par la justice migratoire.

    Benjamin Boudou, L'hospitalité politique: la Cité et l'Étranger, 2008, 109 p. 

  • Benjamin Boudou, « La tâche des humanités politiques », in Vrin (dir.), Où va la philosophie française ?, 2024  

    Benjamin Boudou, « Hospitality in sanctuary cities », The Routledge Handbook of Philosophy of the City, 2019  

    Benjamin Boudou, Astrid von Busekist, « Language Proficiency and Migration: An Argument Against Testing », in Michele Gazzola, Torsten Templin, Bengt-Arne Wickström (dir.), Language Policy and Linguistic Justice. Economic, Philosophical and Sociolinguistic Approaches, Springer, 2018  

    Benjamin Boudou, « Étranger: la constitution progressive d’une catégorie juridique et statistique », Penser les mots, dire la migration, Academia, 2018, pp. 91-97 

    Benjamin Boudou, « Manger (avec) l’étranger : politique de la commensalité », Ecrits et discours culinaires, L'Harmattan, 2016 

    Benjamin Boudou, « La crise de la vérité comme condition démocratique », Démocratie et modernité: La pensée politique française contemporaine, Presses Universitaires de Rennes, 2015, pp. 17-31 

  • Benjamin Boudou, « Heroic citizenship », Citizenship Studies, Taylor & Francis (Routledge), 2024, pp. 1-21  

    Benjamin Boudou, « Représenter les non-citoyens : Une proposition pour l'inclusion de tous les intérêts affectés », Critical Review of International Social and Political Philosophy, Taylor & Francis (Routledge), 2023, n°5  

    Benjamin Boudou, Marcus Carlsen Häggrot, « Electoral representation revisited », Critical Review of International Social and Political Philosophy, Taylor & Francis (Routledge), 2023, n°5 

    Benjamin Boudou, « Beyond the Welcoming Rhetoric: Hospitality as a principle of care for the displaced », Essays in Philosophy, Pacific University, 2021, n°1  

    Benjamin Boudou, Patrick Le Galès, Camille Noûs, Astrid von Busekist, « Démocraties urbaines », Raisons politiques, Presses de Sciences Po, 2020, n°79 

    Benjamin Boudou, « This is the new normal. Une critique de la norme d’endurance », Esquisse(s), Editions du Félin, 2020, n°16, pp. 85-89 

    Benjamin Boudou, « De la visite à la représentation : poursuivre le projet cosmopolitique », Lignes, Editions Lignes, 2019, n°3 

    Benjamin Boudou, Régis Guyon, « L’hospitalité ne doit donc pas être (seulement) comprise comme un accueil chez soi, comme une relation inégalitaire entre un·e accueillant·e et un·e accueilli·e », Lyon : Institut français de l'éducation et PERSÉE : CNRS & ENS de Lyon, 2019, pp. 22-25   

    Boudou Benjamin,Guyon Régis. « L’hospitalité ne doit donc pas être (seulement) comprise comme un accueil chez soi, comme une relation inégalitaire entre un·e accueillant·e et un·e accueilli·e ». In: Diversité, n°196, 2019. L’hospitalité #2. pp. 22-25.

    Benjamin Boudou, « La durée des frontières », Revue Esprit, Editions Esprit, 2018, n°7  

    Benjamin Boudou, « The wager of political hospitality », Hospitality & Society, , 2015, n°2 

    Benjamin Boudou, « Ennemis, hôtes et étrangers. Enquête sur les identités politiques grecque et romaine », Mots: les langages du politique, ENS Éditions (Lyon), 2013, n°101  

    Il existe un ancien problème en apparence banal, une argutie de linguistes et d’historiens qui n’intéresse que les antiquisants, ayant au mieux nourri une prose philosophique bavarde : le mot « étranger » a fini, en latin, par désigner l’« ennemi ». Sa formulation la plus simple apparaît chez Cicéron (1974, I-12) : La tristesse de la réalité a été atténuée par la douceur du terme, en ceci que fut appelé hostis, celui qui à proprement parler était perduellis [ennemi]. On nommait hostis en effe...

  • Benjamin Boudou, « Hospitality », Handbook of the Anthropocene, Springer International Publishing, 2023 

    Benjamin Boudou, « Borders », Handbook of the Anthropocene, Springer International Publishing, 2023 

    Benjamin Boudou, « Amitié », Passions sociales, Presses Universitaires de France, 2019, pp. 24-27 

    Benjamin Boudou, « Charité », Passions sociales, Presses Universitaires de France, 2019, pp. 93-96 

    Benjamin Boudou, « Hospitalité », Passions sociales, Presses Universitaires de France, 2019 

    Benjamin Boudou, « Xénophobie », Passions sociales, Presses Universitaires de France, 2019 

    Benjamin Boudou, « Seyla Benhabib », Dictionnaire des inégalités et de la justice sociale, PUF, 2018, pp. 66-70 

    Benjamin Boudou, « Nationalisme méthodologique », Dictionnaire encyclopédique de l'Etat, Berger-Levrault, 2014 

    Benjamin Boudou, « Etrangers (politique) », Dictionnaire encyclopédique de l'Etat, 2014 

  • Benjamin Boudou, Minority politics, 2024  

  • Benjamin Boudou, « Numérique inclusif et responsable : enjeux locaux et internationaux », le 16 janvier 2025  

    Journée d'étude organisée par l'IODE, Faculté de droit et de science politique, Université de Rennes dans le cadre du réseau PILAC et du master Affaires internationales au local (M2 AFIL) sous la direction scientifique de Sandrine Turgis et Benjamin Boudou

    Benjamin Boudou, « Les interactions entre souveraineté, migrations, frontières : les apports de la pensée politique », le 17 novembre 2023  

    Séminaire organisé dans le cadre du projet de recherche MOEBIUS - Sovereignty ordering migrations inside European borders. Uses v. ethics, Projet IUF de Marie-Laure Basilien-Gainche, Professeure à l'Université Jean Moulin, membre senior de l'Institut universitaire de France (Chaire fondamentale).

    Benjamin Boudou, « Migrants, migrations : des mots pour faire le droit », le 17 avril 2023  

    Organisé par le CHAD, UFR DSP, Université Paris Nanterre et le CNRS sous la direction de Soazick Kerneis et Gilduin Davy.

    Benjamin Boudou, « Penser l'international au local : articulations et contradictions », le 09 novembre 2022  

    Organisée par l'IODE, Université de Rennes sous la direction scientifique de Sandrine Turgis, Maître de conférences en droit public, Université de Rennes 1 (IODE UMR CNRS 6262) et Claire Visier, Maître de conférences HDR en science politique (ARENES UMR CNRS 6051)

    Benjamin Boudou, « Political Theory », le 20 juin 2013 

    Benjamin Boudou, « Face au conflit des valeurs, quelle démocratie ? », le 20 septembre 2012 

  • Benjamin Boudou, “Crise” migratoire ? Crise sanitaire ? Quelle crise ? 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Mohammad Vaferi, L'imaginaire de l'hospitalité à l'horizon de la politique tragique : reconfiguration cosmopolitique, thèse soutenue en 2022 à Université Paris Cité sous la direction de Marie Cuillerai, membres du jury : Patrice Vermeren (Rapp.), Claudia Gutiérrez (Rapp.), Nicolas Poirier et Martine Leibovici   

    L'hospitalité est une notion souvent prise entre politique et éthique ; est-il son destin fatal ? Dans cette thèse l'auteur s'emploie à donner à l'hospitalité une définition à la fois politique et éthique. À partir de cette préoccupation, elle peut se donner à penser comme un laboratoire dans lequel un nombre de concepts se croisent, se distinguent et se reconfigurent. Comment et dans quel imaginaire est imaginée l'hospitalité dans les sociétés occidentales contemporaines ? Quel est le rapport entre la globalisation économique et l'hospitalité ? Cette réflexion place la pratique de l'hospitalité au coeur d'une potentielle force de changement politique. En deuxième temps, la question de la responsabilité dans une phénoménologie radicalisée par l'éthique se situe comme base de possibilité d'une nouvelle subjectivation, capable de donner une autre définition de l'éthique dans une approche responsive. Ensuite, une réflexion de la notion de l'étranger est à l'oeuvre également pour que la condition cosmopolitique de l'hospitalité se réalise. En dernier lieu, l'auteur propose une interprétation de la politique comme tragique pour ouvrir les champs du possible pour une pratique de l'hospitalité centrifuge.

  • Raphaël Morisset, L'illibéralisme, aboutissement ou lendemain du néolibéralisme ? : une enquête sur le concept d'illibéralisme, thèse soutenue en 2024 à Bordeaux sous la direction de Patrick Troude-Chastenet et Frédérique Rueda, membres du jury : Marlène Laruelle (Rapp.), Rafaël Cos et Luca Tomini   

    Notre thèse vise à interroger la pertinence d’une notion – l’illibéralisme – qui fait l’objet d’appropriations contradictoires et rivales. Pour ce faire, ce travail de recherche prend la forme d’une enquête, qui vise à évaluer de manière critique les usages de la notion, et à proposer une nouvelle approche pour appréhender un phénomène illibéral aux contours mouvants. Afin de rendre intelligible l’existence de contradictions et de malentendus dans la conceptualisation de l’illibéralisme du fait de la nature « essentiellement contestée » du libéralisme, cette thèse mobilise les outils théoriques de la théorie politique « wittgensteinienne » d’ Hanna Pitkin et Michael Freeden. La mobilisation de ce cadre conceptuel permet de défendre l’emploi du concept d’illibéralisme comme idéologie, afin de décrire la continuité entre la remise en question du libéralisme initiée par la révolution conservatrice (et néolibérale) des années 1970-1980 et les assauts contemporains contre les différents composants d’un libéralisme « progressiste ».

    Tilman Turpin, Un passé présent ? : Mutations et transformations de la place du national-socialisme, du IIIe Reich et de l'Holocauste dans la mémoire collective et l'identité allemande de 1945 à 2000, thèse soutenue en 2023 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Astrid von Busekist, membres du jury : Étienne François (Rapp.), Jakob Vogel   

    Le passé et la mémoire, on le sait, sont centraux pour un collectif mais leur lecture et interprétation ne font généralement pas l’unanimité. Déterminer le passé collectivement (« qu’est-ce qui s’est passé ? ») et le lire (« comment ça s’est passé ? ») font débat. Que faire alors lorsque le passé débattu a placé en-dehors de l’humanité ceux à qui il appartient ? Comment lui donner une place centrale alors qu’il constitue une « rupture civilisationnelle » (Jürgen Habermas) ? Passé et mémoire sont constitutifs d’une identité commune, d’un « nous » collectif, ils permettent de déterminer de quoi on fait partie. Qui est Allemand ? Voilà la question qui fut posée lors de la Leitkulturdebatte en 2000-2001, 10 ans après la chute du Mur et 55 ans après la chute du Troisième Reich. Ce débat est le point de départ de l’interrogation autour de quatre foyers de cristallisation d’une identité allemande normative :- la centralité de l’Holocauste à un moment où les discours publics évoquent un « retour à la normalité » ; - la présence de la période 1933-1945 comme référence et point pivotal dans le présent allemand alors que les derniers témoins disparaissent et que la deuxième rupture, celle de la chute du Mur, date désormais de plus de 30 ans. ;- la fièvre nationale de 2006, dite « marée noir-rouge-or », lors du Mondial de foot alors qu’il était entendu, depuis la Querelle des historiens, que l’Allemagne vivait à l’ère « postnationaliste » ; - la substitution du droit du sang par un « droit mémoriel », ce que Dan Diner appelle le « paradoxe ethnique ». Il s’agira de mettre en évidence la manière dont le national-socialisme, l’Holocauste et le travail de mémoire sont devenus constitutifs de l’identité allemande contemporaine, comment est advenue une communauté mémorielle exclusive et de retracer l’évolution de ce processus à travers les débats publics entre 1945 et 2000.En m’appuyant sur l’approche herméneutique d’Ernst Cassirer, sa philosophie des formes son utilisation de la scientia intuitiva, j’interroge en trois temps historiques (1945-1949, 1949-1989, 1990-2000) les mutations du triangle histoire – mémoire – identité qui auront conduit des premières analyses et interrogations en 1945 de la « catastrophe allemande » (Friedrich Meinecke) à la reconstruction intellectuelle et matérielle d’une identité nationale après 1990.D’abord, l’analyse de « l’interrègne de Nuremberg », dans l’après-guerre immédiat, et des premières approches d’un passé plus que présent. Des premières réflexions sur la « catastrophe allemande » (Friedrich Meinecke) et un nouveau départ (« heure zéro »), la logique s’est alors rapidement tournée vers l’idée d’une innocence collective. Ensuite, le questionnement de la place du passé dans le présent des deux États allemands nés en 1949, la RFA et la RDA, mettant en évidence deux approches fondamentalement différentes et opposées du travail de mémoire et de la place à accorder au passé dans le présent. Enfin la « République de Berlin » qui est devenue le nouveau cadre politique, mémoriel et identitaire, unissant les deux fils identico-mémoriels en un nouveau récit après 1990. Récit ardemment débattu tant au niveau de ses contenus que de sa forme, notamment au sujet de l’architecture à reconstruire de la nouvelle-ancienne capitale allemande.Mon travail montre que, au final, le passé reste l’élément central et dominant dans la construction identitaire allemande, et ce alors que l’impératif du souvenir s’est progressivement transformé en un marqueur d’appartenance à la communauté nationale, excluant ceux qui ne font pas partie du passé et de la mémoire (« n’est allemand que celui qui peut se souvenir ») et même si la génération des témoins n’est (presque) plus et bien que le processus de « normalisation » rend désormais possible la montée en puissance d’une extrême droite qui souhaite s’affranchir de cette mémoire.