Thomas Aguilera

Maître de conférences
Science politique.
Sciences Po Rennes

Arènes
  • THESE

    Gouverner les illégalismes urbains : les politiques publiques face aux squats et aux bidonvilles dans les régions de Paris et de Madrid, soutenue en 2015 à Paris Institut détudes politiques sous la direction de Patrick Le Galès, membres du jury : Marisol García (Rapp.), Jacques de Maillard (Rapp.), Pierre Lascoumes, Marisol García, Jacques de Maillard et Cécile Péchu   

  • Thomas Aguilera, Francesca Artioli, Lorenzo Barrault-Stella, Emmanuelle Hellier, Romain Pasquier (dir.), Les cartes de l’action publique. Pouvoirs, territoires, résistances: pouvoirs, territoires, résistances, Presses universitaires du Septentrion et OpenEdition, 2021, Paradoxa, 378 p.  

    Les cartes sont au cœur de l'action publique et des dynamiques qui la façonnent. Instruments de réforme politique et territoriale, supports de représentation des problèmes publics, vecteurs de conflits et de mobilisations citoyennes, elles constituent un objet central pour les sciences sociales. Cet ouvrage pluridisciplinaire interroge les usages politiques des cartes, à travers une perspective multiniveaux et par la confrontation entre différents secteurs (politiques de la ville, gestion de l'eau, éducation, aménagement, santé et réforme administrative). À partir d'enquêtes approfondies et originales, les chapitres montrent que les cartes de l'action publique contribuent à la constitution, à la représentation et à la légitimation d'autorités politiques et de territoires, participent de la construction négociée ou conflictuelle des problèmes publics, et constituent des vecteurs de changement de l'action publique tout autant qu'elles en sont des miroirs.

    Thomas Aguilera, Marc Rouzeau (dir.), Le gouvernement des solidarités: enjeux socio-politiques et territoires d'action, Berger-Levrault, 2020, Au fil du débat, 289 p.  

    Crise financière de 2008,«crise migratoire», mouvements des Gilets Jaunes en France, épidémie de covid-19 : les solidarités sont régulièrement mises à l'épreuve et réactivées sous le registre de la crise. Derrière ces épisodes marquants, depuis les années 1980, les mécanismes de solidarité subissent des transformations continues et en profondeur. D'un côté, le chômage structurel, le vieillissement des populations et le creusement des inégalités socio-économiques et territoriales engendrent le retour de l'insécurité sociale. D'un autre côté, les gouvernements engagent des réformes touchant au coeur de l'État social tout en menant une succession de réformes territoriales modifiant le paysage politique de la solidarité. La résurgence de la question sociale interroge alors le devenir des politiques sociales et fait douter des capacités redistributives et protectrices de l'État, au point que l'on peut se demander si l'idée mime d'une fabrique publique de la solidarité n'est pas en train de se déliter. La puissance publique est-elle encore en mesure d'organiser la solidarité? Assiste-t-on a une actualisation ou à un renversement des conceptions relatives à la gestion de la question sociale ? Sous l'effet des processus d'européanisation, de décentralisation, de recentralisation et de fusion, comment rendre compte des renoncements ou des recompositions qui seraient à l'oeuvre ? En réunissant des enquêtes empiriques inédites sur des terrains français, belges et québécois, cet ouvrage collectif apporte une contribution à la littérature centrée sur les différents régimes d'État-providence, en retravaillant la question du gouvernement des solidarités au croisement des territoires infranationaux, des secteurs d'action et des acteurs positionnés à des échelles multiples.

    Thomas Aguilera, Florence Bouillon, Martin Lamotte (dir.), L' expulsion: une expérience contemporaine ?, Presses universitaires de France, 2018, 285 p. 

    Thomas Aguilera, Gouverner les illégalismes urbains: les politiques publiques face aux squats et aux bidonvilles dans les régions de Paris et de Madrid, Dalloz, 2017, Nouvelle bibliothèque de thèses ( Science politique ), 722 p.  

    En questionnant la capacité des acteurs publics à gouverner les squats et les bidonvilles qui persistent dans les régions de Paris et de Madrid, l'ouvrage explique les mécanismes du gouvernement différentiel des illégalismes de logement des années 1960 à nos jours. La recherche montre que les squats et les bidonvilles sont gouvernés, mais de façon discontinue et par des politiques aux formes diverses. Elle démontre que l'ingouvernabilité est construite par les acteurs publics pour justifier le couplage d'une « inaction publique » que l'auteur conçoit comme stratégique (et non défaillante) et de politiques de l'exception. L'ingouvernabilité constitue ainsi à la fois un répertoire discursif justifiant le retrait de l'action publique et un mode de gouvernance qui entretient les politiques de l'urgence, policières et humanitaires, et autorise les bricolages partiels et ponctuels. Mais lorsque les acteurs publics y trouvent des intérêts pour se positionner comme leaders de la gouvernance métropolitaine multiniveaux, des politiques publiques autonomes peuvent s'institutionnaliser autour d'administrations, d'instruments et de budgets propres. Dans tous les cas, les politiques sélectionnent et contraignent des bénéficiaires qui sont relogés ou dont l'habitat est temporairement légalisé, tout en refoulant des victimes, expulsées de lieurs lieux de vie sans proposition de relogement. Les politiques produisent autant d'illégalité qu'elles n'en résorbent. Derrière ces invariants, notamment issus des effets propres des instruments, la thèse identifie quatre variables clés pour expliquer la diversité des effets de l'instrumentation des politiques : les niveaux d'institutionnalisation, les logiques sectorielles, les échelles d'action et le comportement des cibles qui contribuent à la conception des instruments, en neutralisent les contraintes et en détournent les ressources. L'ouvrage explicite alors les conditions dans lesquelles des protestataires peuvent faire changer l'action publique

    Thomas Aguilera, Gouverner les illégalismes urbains: les politiques publiques face aux squats et aux bidonvilles dans les régions de Paris et de Madrid, Dalloz, 2017, Nouvelle Bibliothèque de Thèses  

    Présentation de l'éditeur : "En questionnant la capacité des acteurs publics à gouverner les squats et les bidonvilles qui persistent dans les régions de Paris et de Madrid, l’ouvrage explique les mécanismes du gouvernement différentiel des illégalismes de logement des années 1960 à nos jours. La recherche montre que les squats et les bidonvilles sont gouvernés, mais de façon discontinue et par des politiques aux formes diverses. Elle démontre que l’ingouvernabilité est construite par les acteurs publics pour justifier le couplage d’une « inaction publique » que l’auteur conçoit comme stratégique (et non défaillante) et de politiques de l’exception. L’ingouvernabilité constitue ainsi à la fois un répertoire discursif justifiant le retrait de l’action publique et un mode de gouvernance qui entretient les politiques de l’urgence, policières et humanitaires, et autorise les bricolages partiels et ponctuels. Mais lorsque les acteurs publics y trouvent des intérêts pour se positionner comme leaders de la gouvernance métropolitaine multiniveaux, des politiques publiques autonomes peuvent s’institutionnaliser autour d’administrations, d’instruments et de budgets propres. Dans tous les cas, les politiques sélectionnent et contraignent des bénéficiaires qui sont relogés ou dont l’habitat est temporairement légalisé, tout en refoulant des victimes, expulsées de lieurs lieux de vie sans proposition de relogement. Les politiques produisent autant d’illégalité qu’elles n’en résorbent. Derrière ces invariants, notamment issus des effets propres des instruments, la thèse identifie quatre variables clés pour expliquer la diversité des effets de l’instrumentation des politiques : les niveaux d’institutionnalisation, les logiques sectorielles, les échelles d’action et le comportement des cibles qui contribuent à la conception des instruments, en neutralisent les contraintes et en détournent les ressources. L’ouvrage explicite alors les conditions dans lesquelles des protestataires peuvent faire changer l’action publique"

  • Thomas Aguilera, Francesca Artioli, Lorenzo Barrault-Stella, Emmanuelle Hellier, Romain Pasquier, « Introduction : Pour une approche pluridisciplinaire des usages politiques des cartes », in Thomas Aguilera, Francesca Artioli, Lorenzo Barrault-Stella, Emmanuelle Hellier, Romain Pasquier (dir.), Les cartes de l'action publique.Pouvoirs, territoires, résistances, Presses universitaires du Septentrion, 2021, pp. 9-38   

    Thomas Aguilera, Francesca Artioli, Claire Colomb, « Les villes contre Airbnb ? Locations meublées de courte durée, plateformes numériques et gouvernance urbaine », Gouverner la ville numérique, 2019, pp. 27-45   

    Thomas Aguilera, Alan Smart, « Squatting, North, South and Turnabout: A Dialogue Comparing Illegal Housing Research », Public Goods versus Economic Interests: Global Perspectives on the History of Squatting, Routledge, 2017 

    Thomas Aguilera, « Racialization of informal settlements, de-politicization of squatting and everyday resistances in French slums », in Pierpaolo Mudu, Sutapa Chattopadhyay (dir.), Migration, Squatting and Radical Autonomy, Routledge, 2017 

    Thomas Aguilera, « Normalisation et régularisation des bidonvilles : comment expliquer la mise de côté des interventions in situ en Europe ? Une comparaison Paris-Madrid », in Agnès Deboulet (dir.), Repenser les quartiers précaires, Agence française de développement, 2016   

    Thomas Aguilera, « Normalizing and regularizing slums: what explains the sidelining of onsite interventions in Europe? Comparing Paris and Madrid », Rethinking Precarious Neighborhoods, Agence française de développement, 2016   

    Thomas Aguilera, « The French Housing Movement : Squatting as a Mode of Action among other Tools », The Squatters’ Movement in Europe. Commons and Autonomy as Alternatives to Capitalism, Pluto Press, 2014 

    Thomas Aguilera, « Innover par les instruments ? Le cas du gouvernement des squats à Paris », in Charlotte Halpern, Pierre Lascoumes, Patrick Le Galès (dir.), L'Instrumentation de l'action publique, Presses de Sciences Po, 2014 

    Thomas Aguilera, « Configurations of squats in Paris and the Ile-de-France Region: diversity of goals and resources », Squatting in Europe: radical spaces, urban struggles, Minor Compositions, 2012 

  • Thomas Aguilera, Tom Chevalier, « Les méthodes mixtes pour la science politique. Apports, limites et propositions de stratégies de recherche », Revue Française de Science Politique, Presses de Sciences Po, 2021, n°3 

    Thomas Aguilera, Francesca Artioli, « Explaining the diversity of policy responses to platform-mediated short-term rentals in European cities: A comparison of Barcelona, Paris and Milan », Environment and Planning A, SAGE Publications, 2021, n°7   

    Thomas Aguilera, Claire Colomb, Francesca Artioli, « Gobernanza urbana y retos de la regulación del alquiler vacacional y de las plataformas digitales en las grandes ciudades europeas », Papers. Regió Metropolitana de Barcelona, Institut d'Estudis Regionals i Metropolitans de Barcelona (IERMB), 2019   

    Thomas Aguilera, « Gouvernance urbaine et critique dans les métropoles européennes : une posture méthodologique pour étudier les effets des mouvements sociaux sur les politiques publiques », ENS Editions, 2018  

    Introduction Les métropoles constituent le point d’ancrage du capitalisme mondialisé mais aussi des contestations. On y occupe des places (Taibo, 2013 ; Ramadan, 2013 ; Brown et al., 2017), on y squatte des espaces vacants (SQEK, 2013), on s’oppose à des politiques de rénovation urbaine (Novy, Colomb, 2012) ou à des projets d’aménagement jugés comme inutiles (Subra, 2016), on y milite pour obtenir des droits (Nicholls, Uitermark, 2017). Mais on y invente aussi des alternatives au capitalisme ...

    Thomas Aguilera, T. Aguilera, F. Bouillon, M. Lamotte, « Politiques de l'expulsion; Acteurs, enjeux, effets », L'Année Sociologique, Presses Universitaires de France, 2018, n°1, pp. 11-38 

    Thomas Aguilera, Tommaso Vitale, « Baraccopoli europee: Le responsabilità delle politiche pubbliche », Aggiornamenti sociali, Fondazione culturale San Fedele, 2016, n°2   

    Thomas Aguilera, Tommaso Vitale, « Les bidonvilles en Europe : une production politique », Revue Projet, Centre de recherche et d'action sociales (C.E.R.A.S ), 2015, n°348, pp. 68-75   

    Thomas Aguilera, « Beyond the Emergence of Social Movements and Political Opportunity Structures. Studying the Consequences of Protests on Public Policies », Sociologica, Il Mulino, 2015 

    Thomas Aguilera, « Les villes face aux Roms des bidonvilles. Retour sur deux expériences militantes », Métropolitiques, La Fabrique Edition, 2014, pp. 1-6   

    Thomas Aguilera, « L’(in)action publique face aux squats discrets à Paris et à Madrid », Métropoles, ENS Editions, 2014, n°14  

    Je souhaite remercier Mathieu Zagrodzki, Clara Sinou et le bureau de l’AORIF à Paris, puis Pedro Navarrete, Elizabeth Lorenzi et Miguel Martinez à Madrid, pour leur aide cruciale et amicale dans la réalisation du travail de terrain. Je remercie également les relecteurs et correcteurs de la revue pour leurs commentaires. Introduction Le problème actuel du logement en Europe a trois visages : un besoin non satisfait par les politiques d’offre géographiquement et qualitativement inadaptées ou i...

    Thomas Aguilera, Florence Bouillon, « Le squat, un droit à la ville en actes », Mouvements : des idées et des luttes, La découverte, 2013, n°74   

    Thomas Aguilera, « Gouverner les illégalismes : Les politiques urbaines face aux squats à Paris », Gouvernement & action publique, Presses de sciences po, 2012, n°3   

    Thomas Aguilera, « DAL et Jeudi noir : deux usages du squat dans la lutte contre le mal-logement », Métropolitiques, Métropolitiques, 2012, pp. 1-4   

    Thomas Aguilera, « Cuando la margen se convierte en el centro de la ciudad », La Ciudad Verde, , 2012 

    Thomas Aguilera, « Les squats, entre contestation et résistance », Métropolitiques, Métropolitiques, 2011, pp. 1-4   

  • Thomas Aguilera, Struggling within illegality against housing crisis in Paris, 2011   

    Thomas Aguilera, Réguler et policer les squats à Paris. Politiques publiques et construction de l'ordre, 2010   

  • Thomas Aguilera, « Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales », le 16 mai 2024  

    Journée d'études organisée par le CRESPPA-CSU, CNRS

    Thomas Aguilera, « Quels territoires et quelles régulations pour gouverner les solidarités ? », le 24 janvier 2019  

    Ce colloque scientifique est organisé dans le cadre de la Chaire Territoires et Mutations de l’Action Publique (TMAP) de Sciences Po Rennes

    Thomas Aguilera, « Démocratie locale, décentralisation et gouvernance multi-niveaux », le 03 juillet 2017  

    Organisée par Sciences Po Rennes, avec le labo Arènes/CRAPE (UMR6051), l’Institut de la Gouvernance territoriale et décentralisation et la revue Pouvoirs locaux, l’Assoc° Française de Science Politique et l’Assoc° Internationale de Science Politique

    Thomas Aguilera, « Le squat, droit à la ville en actes. La subversion des squats discrets », Présentation du numéro 74 de la revue Mouvements "La ville brûle-t-elle ?", Shakirail, le 18 octobre 2013 

    Thomas Aguilera, « Shedding Light on the Shade. The Governable Dark Side of the City », EUI of Florence Summer Conference, Florence Italy (IT), le 02 juillet 2013 

    Thomas Aguilera, « La gestion publique ambigüe des bidonvilles : un éclairage par les politiques urbaines et les modes de gouvernance », La Fabrique du projet stéphanois. Contribution de la recherche, Saint Etienne, le 30 mai 2013 

    Thomas Aguilera, « Le squat, nouvelle institution culturelle », L'institutionnalisation du squat par la culture, Sciences Po / Association ‘Noise, le bruit de la ville', Paris, le 19 mars 2013 

    Thomas Aguilera, « Shedding Light on the Shade », Governing Paris and Mexico, Sciences Po, Paris, le 27 février 2013 

    Thomas Aguilera, « Modes de gouvernance des bidonvilles en Ile-de-France : une action publique soit répressive, soit fragmentée », Governing the Metropolis. Powers and Territories. New Directions for Research, Mairie de Paris, le 28 novembre 2012 

    Thomas Aguilera, « Slums and Public Policies in Paris and Madrid », Un Habitat World Urban Forum, Naples Italy (IT), le 04 septembre 2012 

    Thomas Aguilera, « The Hypothesis of Ungovernability of Societies. A Critical Response from the example of Urban Policies facing squats and slums in Paris and Madrid », IPSA Annual Conference, Madrid Spain (ES), le 08 juillet 2012 

    Thomas Aguilera, « Le squat, une alternative à l’hébergement ? », L’hébergement d’urgence, un devoir d’assistance, Conférence ISIC – Paris Descartes, Paris, le 13 juin 2012 

    Thomas Aguilera, « Como los actores públicos gobiernan los asentamientos ilegales ? Los casos de Paris y Madrid », Seminario Permanente de GISMAT -Grupo de Investigación en Sociedad, Medio Ambiente y territorio- del Departamento de Sociología II, Universidad Complutense de Madrid, Madrid Spain (ES), le 31 mai 2012 

    Thomas Aguilera, « ‘¿Cuál es el objetivo de tu trabajo?’ Investigación académica, activismo y problemas éticos. Un trabajo metodológico entre Paris y Madrid », Séminaire du CSIC, Madrid Spain (ES), le 11 avril 2012 

    Thomas Aguilera, « Squatters are urban planners! Configurations of squats in Paris and Madrid and their impacts on policies », Annual Meeting of the American Association of Geographers in New York, New York United States (US), le 24 février 2012 

  • Thomas Aguilera, Politiques du logement : l’alerte des sciences sociales 

ActualitésPublicationsENCADREMENT DOCTORAL
  • Adrien Mével, Des polices uniformes ? : une comparaison de la participation des polices municipales à la production locale de l'ordre dans trois grandes villes françaises, thèse soutenue en 2024 à Université de Rennes 2023, membres du jury : Émilie Curinier-Biland (Rapp.), Anne-Cécile Douillet (Rapp.), Jacques de Maillard, François Bonnet et Audrey Freyermuth  

    L’essor des polices municipales en France est particulièrement visible dans les grandes villes, où ces services prennent maintenant une place importante en matière de sécurité publique. Cette croissance pose deux questions centrales : la municipalisation de la production de l’ordre génère-t-elle une différenciation entre territoires urbains, ou s’accompagne-t-elle d’une standardisation de ces services de police ré-émergents ? Et les polices municipales reproduisent-elles le modèle de la police nationale, ou incarnent-t-elles une voie spécifique ? Pour répondre à ces questions, la thèse mobilise un cadre d’analyse au croisement des sociologies de l’action publique, de la police, et des groupes professionnels. Le matériau empirique est issu d’une enquête menée dans trois grandes villes françaises entre 2018 et 2023. La thèse démontre deux grands résultats. Premièrement, l’analyse comparative permet d’invalider l’idée d’une standardisation des polices municipales : si celles-ci suivent bien des trajectoires communes, les temporalités et les modalités de leur développement sont différentes, ce qui limite la convergence, et peut même réintroduire des formes de divergence entre les services étudiés. Deuxièmement, l’isomorphisme des polices municipales vers la police nationale est limité : bien que les agents municipaux se revendiquent de plus en plus comme policiers, des modes contrastés d’investissement du métier cohabitent ; de plus, les jeux de distinction entre policiers déplacent les lignes de démarcation plutôt qu’ils ne les effacent. La thèse conclut en proposant une typologie des polices municipales de grandes villes pour de futures recherches.

    Mathias Seguin, « Changer le monde ! » La conversion des travailleurs sociaux à l’approche centrée sur le rétablissement dans le secteur de l’hébergement social à Paris, thèse soutenue en 2023 à Université de Rennes 2023 sous la direction de Claude Martin, membres du jury : Isabelle Astier (Rapp.), Patrick Hassenteufel (Rapp.), Bertrand Ravon, Clémence Ledoux et Nicolas Marquis  

    Généralement qualifié par ses adeptes de révolution sociale, le modèle du rétablissement circule en France depuis les années 2010. Parent proche du développement personnel, prescrivant la recherche prioritaire du bien-être aux patients souffrants de troubles psychiques, il s’est diffusé et hybridé pour s’implanter au sein du secteur de l’action sociale. Cette thèse montre comment ce modèle, fondé sur un rejet des formes institutionnelles de la relation d’aide et concourant à l’effritement des ressources discrétionnaires d’autonomie professionnelle, a paradoxalement été saisi et approprié par un segment du groupe professionnel des travailleurs sociaux. À partir d’une enquête ethnographique de quatre années au sein d’un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale parisien, cette thèse démontre que si le rétablissement a été réceptionné par les travailleurs sociaux - au point de revendiquer une nouvelle identité professionnelle – c’est moins en raison des idées qu’il véhicule que du fait de sa logique sociale de circulation, constituée à la manière d’une carrière sociale de conversion religieuse. Dans le contexte d’un secteur d’action publique en proie à une crise d’utilité et de légitimité, le modèle du rétablissement s’illustre par la structuration d’une communauté interprofessionnelle imbriquée, centrée sur la croyance en la capacité salvatrice de sa mise en pratique, accordant à ses membres de nouvelles formes de ressources, valorisées et valorisantes, en marge de celles octroyées par leur appartenance institutionnelle et professionnelle.

    Fabien Meslet, Gouverner localement les conduites pour lutter contre la précarité énergétique : genèse et modalités de mise en oeuvre de deux dispositifs d'accompagnement aux "éco-gestes" à Nantes, thèse soutenue en 2023 à Université de Rennes 2023 sous la direction de Claude Martin, membres du jury : Philippe Hamman (Rapp.), Nadine Roudil (Rapp.), Valérie Sala Pala, Renaud Hourcade, Pascale Dietrich-Ragon et Jean-Pierre Le Bourhis  

    La thèse porte sur une des modalités d’intervention dominante en France dans la lutte contre la précarité énergétique : la sensibilisation aux économies d’énergie. En s’appuyant sur une enquête qualitative menée à Nantes entre 2019 et 2023, basée sur des observations participantes, des entretiens semi-directifs et un traitement d’archives, elle analyse la construction puis le développement de deux dispositifs locaux d’accompagnement à la maîtrise de l’énergie à destination des classes populaires urbaines, à partir du début des années 2010. Cette recherche montre le rôle joué par une coalition discursive dans la construction et la légitimation d’une réponse comportementale au problème « précarité énergétique ». La coalition participe activement à la circulation et à la stabilisation d’une représentation individualisante de la précarité énergétique, axée autour de la figure du sur-consommateur d’énergie et de figures satellitaires comme le « mauvais » gestionnaire, qui rend acceptable et nécessaire une intervention sur les comportements des populations précaires. Cette thèse éclaire également la façon dont les agents-prescripteurs nantais mandatés par l’institution municipale transmettent concrètement les normes institutionnelles de la consommation d’énergie domestique à des populations dans le cadre d’une interaction en face-à-face. Celles et ceux qui sont chargés de relayer des “éco-gestes” investissent différemment leur rôle de prescripteur. Nous proposons quatre idéaux types d’agents-prescripteurs (confident, enseignant, militant et gestionnaire) resitués dans l’espace des dispositions sociales et des trajectoires de socialisation. La thèse montre enfin pourquoi et comment ces street-level bureaucrats ont progressivement transformé et contesté les instruments de gouvernement des conduites, sur la base d’une mise à distance de l’approche normative et comportementale initialement constitutive de ces interventions.

  • Louise Hombert, Des « villes-refuge » ? Émergence et institutionnalisation de politiques municipales de réception des exilé⋅es : Les cas de Paris et Barcelone, thèse soutenue en 2022 à Ecole doctorale SDOSE Paris sous la direction de Emmanuel Henry, membres du jury : Gilles Pinson (Rapp.), Marion Carrel (Rapp.), Thomas Lacroix et Yasmine Bouagga  

    Fondée sur une enquête ethnographique réalisée entre 2017 et 2021 à Paris et Barcelone, cette thèse a pour objet la manière dont ces municipalités se sont positionnées face au problème public de la « crise des réfugiés » à partir de 2015 et questionne le processus d’élaboration et d’institutionnalisation des politiques municipales de réception des personnes exilées qu’elles ont mises en œuvre, en interaction avec trois types d’acteurs : le monde associatif et des mouvements de la société civile ; d’autres « villes-refuges » ; et enfin l’État. À l’intersection entre l’analyse de l’action publique, la sociologie urbaine, la sociologie de l’immigration et celle des mobilisations collectives, ce travail s'appuie sur un ensemble varié de matériaux : entretiens semi-directifs, observations participantes, revue de presse, littérature grise produite par les administrations et les associations, supports graphiques. La thèse interroge tout d'abord la construction d’un cadre politique légitimant un nouveau rôle des municipalités dans le gouvernement de l'asile et de l'immigration. Elle montre ensuite l’intégration des municipalités au sein des réseaux d’acteurs locaux du champ de “l'accueil" des personnes migrantes, avant de questionner l’élaboration d’une nouvelle ligne d’action publique municipale spécifique qui prend en charge cet enjeu et se déploie au-là de l’échelle locale. Ce travail montre ainsi la formation d’un domaine de politique municipale à partir d’une question relativement inédite et hors du champ des compétences directes des villes et met en lumière les tensions et les enjeux de construction, de légitimation et d’institutionnalisation constitutifs d’une action publique qualifiée d’interstitielle.