Présentation de l’éditeur
Dans la tradition historique française, le lobbying a toujours été perçu avec suspicion. Il est une menace pour l’intérêt général et une entrave à la démocratie. Dans une conception rousseauiste du système politique, il ne peut y avoir d’intermédiaires entre le « grand » intérêt général et les petits intérêts particuliers. Le lobbying serait une source de confusion entre les intérêts. Cette vision du lobbying a vécu. L’intérêt général est désormais davantage conçu comme le résultat d’un arbitrage entre les intérêts publics et privés. Faire du lobbying, c’est certes défendre des intérêts catégoriels mais c’est surtout apporter aux producteurs de la norme juridique une expertise précieuse dans un monde de plus en plus complexe. Ce rôle officiel des lobbies est aujourd’hui reconnu comme en atteste la place accordée aux représentants d’intérêts auprès des institutions européennes, mais surtout auprès des instances dirigeantes françaises (Assemblée nationale et Sénat). Le rôle des lobbies est un fait établi qu’on ne saurait nier. Faisant état de cette place accordée aux lobbies, cette étude se propose ensuite et surtout d’apprécier leur légitimité. Peuvent-ils être des acteurs à part entière du processus démocratique ?
Peut-on réellement parler aujourd’hui d’un lobbying responsable ou cela relève-t-il de la simple rhétorique ? Les réponses sont variables selon l’angle de vue. C’est la raison pour laquelle cette étude se propose au moyen d’une approche pluridisciplinaire (sociologie, représentants de la société civile, juristes, lobbyistes...) d’analyser ce phénomène afin de déterminer si le lobbying responsable relève de l’info ou de l’intox !
Cet ouvrage s’adresse aussi bien au monde universitaire (enseignants-chercheurs et étudiants) qu’aux membres de la société civile (professionnels du droit, citoyens, entreprises, politiques, lobbyistes...).
Mustapha Mekki est Professeur à l’Université Paris XIII, Directeur de l’IRDA.
Pierre-Yves Monjal est Agrégé des Facultés de droit, Professeur de droit public à l’Université François-Rabelais de Tours, Chaire Jean-Monnet, Co-directeur de l’IRJI François-Rabelais (Institut de recherche juridique interdisciplinaire de Tours).
Actes du colloque du Sénat du 28 avril 2014