Présentation
Cette monographie l’atteste : la question de l’État est loin d’être épuisée. Elle tend au contraire à se renouveler, à travers notamment l’affirmation de l’« État intégré », un type d’État qui procède de la qualité de membre de l’Union européenne.
Trop longtemps minorée, la dimension étatique de l’intégration européenne s’avère particulièrement aiguë. La notion d’État intégré suggère ainsi l’existence d’un type d’État dont la spécificité résulte de son lien d’appartenance à l’Union européenne. L’analyse de sa nature, de son statut et de son identité enrichit à la fois la théorie générale de l’État et la théorie de l’intégration.
D'un côté, les États membres ne sont pas extérieurs à l’Union : ils sont de l’Union et dans l’Union. De l’autre, l’Union est elle-même intégrée dans les États membres, comme en témoigne – au sein des ordres étatiques – l’émergence de « droits nationaux de l’intégration européenne ». Cependant, la dynamique d’approfondissement ne neutralise pas les formes de résistance exprimées par des États et/ou nations, au nom d’une souveraineté et/ou d’une identité ancrée(s) dans leurs constitutions.
Si l’État intégré n’est pas n’importe quel État, il ne correspond pas pour autant à une catégorie « monolithique ». Il n’y a pas un mode unique d’appartenance, de participation et d’intégration des États à l’Union. En cela la « différenciation » entre les membres étatiques de l’Union traduit une réalité prégnante : tous les États membres ne partagent pas une volonté et une capacité d’intégration identiques.