Présentation de l'éditeur
" Casimir, le constipé " ; " Moi, je ne dis pas Pétain, mais putain ", " Général rebelle, bradeur de l'Empire, paranoïaque à délire intermittent " : ces diverses apostrophes adressées au chef de l'Etat furent poursuivies par le Parquet et leurs divers auteurs – citoyens ou journalistes – condamnés par les juridictions pénales. Délit méconnu, le délit de presse a protégé le président de la République en France de 1875 à 2013 et a souvent été présenté comme un délit d'opinion. Or, cet ouvrage entend réfuter ce lieu commun en se fondant sur une étude des procès à partir de documents d'archives. Il met notamment à jour l'épisode méconnu des paroles publiques injurieuses adressées par l'homme de la rue au maréchal Pétain et la sévérité des sanctions pénales. Il retrace la lutte judiciaire menée par le général de Gaulle à partir de 1959 contre les opposants d'extrême droite, " ennemis " du régime. Il permet, en étudiant cette face cachée de la République – la République injuriée –, de révéler la permanence d'une guerre civile larvée dans l'histoire politique française contemporaine.
Sommaire
Première Partie – La IIIe République : Déclin de la présidence et de l’offense
Chapitre 1 – La consécration de l’offense au président de la République : la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse
Chapitre 2 – Une présidence de combat : Mac-Mahon et la mobilisation du délit d’offense
Chapitre 3 – Quatre procès et un enterrement : 1881-1940
Deuxième Partie – Vichy : Dictature et pouvoir personnel
Chapitre 4 – L’offense comme revers du culte du Chef
Chapitre 5 – L’État policier en action : la répression de l’offense comme ressource politique
Chapitre 6 – Justice ordinaire ? Non, une justice politique
Chapitre 7 – Quand une poursuite pour offense mène une famille à Auschwitz
Chapitre 8 – La « résistance civile » de certains magistrats sous Vichy
Troisième partie – Retour au libéralisme et lutte sur deux fronts sous la IVe République
Chapitre 9 – Les offenses sous la IVe République : quand Vincent Auriol se défend contre l’extrême-droite et les communistes
Quatrième partie – La République gaullienne ou l’offense réactivée
Introduction : Les offenses sous la Ve République
Chapitre 10 – La dignité de l’Etat et le présidentialisme actif : le tournant de 1960
Chapitre 11 – Quand la « critique acerbe » de la politique présidentielle mène en correctionnelle
Chapitre 12 – Parole pamphlétaire et délit d’offense
Chapitre 13 – Quand les caricaturistes d’extrême-droite ne font pas rire le pouvoir
Chapitre 14 – Excursus : la relaxe de Jean-Marie Le Pen en 1963 ou une énigme non résolue
Chapitre 15 – Poursuivre ou ne pas poursuivre ? Un choix politique
Chapitre 16 – L’Élysée supervise la question des offenses
Chapitre 17 – Tentative de rébellion des juges, rapidement jugulée (1964-1965)
Cinquième partie – Épilogue (1969-2018)
Conclusion générale