Présentation de l'éditeur
Un mérite essentiel de l'esprit des Lumières ? Avoir promu et fortifié la haute idée d'une unité du genre humain. Tous les traités, tous les manuels, tous ceux qui forgent l'opinion en réitèrent l'affirmation avec un tel ensemble et un tel enthousiasme, qu'il est probable qu'ils y croient.
Étrange phénomène : la réalité est très différente. L'esprit de libre examen, dont également sont crédités avec ferveur les "philosophes" ceux-ci l'ont appliqué, parmi d'autres objets de quelque conséquence, à la notion même de l'humanité, qu'ils en sont venus à nier comme essence au nom du progrès. Il en résulte, sous leur plume, au moins à titre de tendance très appuyée, une dilution du genre humain dans l'animalité, dilution d'autant plus séduisante à leurs yeux qu'elle bat en brèche, comme dépassée scientifiquement, la conception biblique de l'homme.
Les retombées n'en sont pas minces. L'humanité, dans le propos des "philosophes" devient friable. Lorsque ceux-ci vont jusqu'au bout des conséquences de leurs principes, des éboulements s'en suivent, qui sont spectaculaires : ce sont des pans entiers de la famille humaine qui se trouvent dissociés de l'humanité pleine, qui sont "bestialisés" ou sous-humanisés, ou exposés à l'être. Pierre-André Taguieff avait pu l'écrire : le siècle des Lumières est bien celui, effectivement, "de la construction intellectuelle du "sous-homme" ". Vont en faire les frais des minorités. très majoritaires : les ethnies exotiques, le sexe féminin, le peuple en général.
Cet effondrement de l'image de l'homme appellera des suites. Il pèsera sur toute l'anthropologie du XIXè siècle. Au bout du compte, en procéderont un peu plus tard des hécatombes qu'il est curieux, voire incongru, de n'imputer tout au contraire qu'à la noirceur de prétendues et irnprobables "anti-Lumières".
Selon une méthode qui a fait ses preuves, l'auteur cite massivement les documents d'époque, pèse prudemment ses analyses, et ne s'autorise aucun schématisme interprétatif.
Xavier Martin, historien des idées politiques et du droit, est professeur émérite des Universités. Ses travaux sur l'anthropologie révolutionnaire remettent parfois en cause de façon très inattendue la saisie historique de la vision de l'homme au siècle des Lumières.
Du même auteur chez le même éditeur:
- S'approprier l'homme. Un thème obsessionnel de la Révolution (1760-1800), 2013, 112 p., 14€.
- Trente années d'étonnement. Péripéties d'une randonnée intellectuelle, 2010, 160 p., 16€.
- Retour sur un itinéraire. Du Code Napoléon au siècle des Lumières, 2010, 336 p., index, biblio., 25€.
- La France abîmée. Essai historique sur un sentiment révolutionnaire, 2009, 264 p., index, biblio., 21€.
- Régénérer l'espèce humaine. Utopie médicale et Lumières, 2008, 384 p., index, biblio., 27,5€
- Voltaire méconnu. Aspects cachés de l'humanisme des Lumières, 2007 ((2e éd.), 352 p., index, biblio., 26€
- Mythologie du Code Napoléon. Aux soubassements de la France moderne, 2003, 512 p., index, biblio., 34€.
- Nature humaine et Révolution française. Du Siècle des Lumières au Code Napoléon, 2002 (2e éd. rev.), 304 pages, index, bibliographie 26€.
- L'homme des droits de l'homme et sa compagne. Sur le quotient intellectuel et affectif du «bon sauvage», 2001, 288 p., index, biblio., 24€.
- Sur les droits de l'homme et la Vendée, 1995, 96 p., index, 12€